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1816. (1925) Proses datées

Ce fut à l’une de ces promenades que Mallarmé découvrit sur le lac un monsieur strictement vêtu de noir, qui, seul dans une barque, ramait gravement, le chef orné d’un luisant chapeau de haute forme, pour se simuler, disait Mallarmé, la cheminée d’un imaginaire bateau à vapeur et se conformer au progrès moderne. […] Sous les visages fardés, il découvrait les tares secrètes et, sous l’éclat des chairs, la jointure du squelette. […] … D’ailleurs, ce n’est pas pour lui que nous sommes venus dans ce galetas, mais pour la scène qui se dresse au fond, la scène d’un théâtre minuscule, avec sa rampe et ses chandelles, son rideau à demi baissé, qui laisse voir une sorte de décor fait de fragments dépareillés sur l’un desquels on découvre encore un fourneau avec des cornues et des alambics.

1817. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Dans le Au lecteur que Molière a écrit au sujet de cette petite pièce il y a un mot bien digne de considération : « … On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre », Cela intimide ; car ces personnes sont rares. […] , Et j’ai de vos vertus vu fleurir l’espérance ; Mes regards observaient en vous des qualités Où je reconnaissais le sang dont vous sortez ; J’y découvrais un fonds d’esprit et de lumière ; Je vous trouvais bien fait, l’air grand et l’âme fière ; Votre cœur, votre adresse, éclataient chaque jour : Mais je m’inquiétais de ne voir point d’amour, Et puisque les langueurs d’une plaie invincible Nous montrent que votre âme à ses traits est sensible, Je triomphe, et mon cœur, d’allégresse rempli, Vous regarde à présent comme un prince accompli. […] S’il marche par la ville et qu’il découvre de loin un homme devant qui il est nécessaire qu’il soit dévot, les yeux baissés, la démarche lente et modeste, l’air recueilli, lui sont familiers : il joue son rôle. […] Onuphre n’est pas dévot, mais il veut être cru tel, et, par une parfaite quoique fausse imitation de la piété, ménager sourdement ses intérêts : aussi ne se joue-t-il pas à la ligne directe, et il ne s’insinue jamais dans une famille où se trouvent tout à la fois une fille à pourvoir et un fils à établir ; il y a là des droits trop forts et trop inviolables ; on ne les traverse point sans faire de l’éclat, et il l’appréhende, sans qu’une pareille entreprise vienne aux oreilles du prince, à qui il dérobe sa marche par la crainte qu’il a d’être découvert et de paraître ce qu’il est. […] De même encore ce qui pourrait surprendre quand il a vu Tartuffe les bras tendus pour embrasser Elmire, c’est qu’il soit convaincu, c’est que ses yeux soient dessillés, c’est qu’avec trois mots Tartuffe ne le remette pas au pas et dans son erreur, La première fois que vous avez lu Tartuffe vous vous y attendiez, et vous étiez à peu près sûrs que Tartuffe allait dire : « Mon dessein » était droit et sans qu’on s’en émeuve On peut entendre assez qu’il n’était qu’une épreuve Par où le ciel voulait qu’on se pût assurer Des vertus de Madame et les bien admirer, Ou découvrir un fond de cœur qui fût moins sage ; Et peut-être on eut tort, traversant mon ouvrage, D’empêcher sûrement que l’on sût jamais rien Et d’ôter toute preuve ou du mal ou du bien.

1818. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Elisabeth ayant découvert Amy Robsart dans le château, Varney, avec décision, déclare qu’Amy est sa femme, à lui Varney ; et Leicester, qui est là, après quelques protestations vite rétorquées par Varney, finit, moitié peur, moitié ambition, par le laisser dire. […] Le théâtre est tout entier à l’étude de mœurs, et, tant au Gymnase qu’à la Comédie-Française, « le vieux spectateur » des légendes peut crier : « Courage, Messieurs, voilà la bonne comédie. » Dumas, parti de l’étude du demi-monde, longtemps côtoya au moins ce domaine qu’il avait découvert en ce sens qu’il en avait fait une province de la littérature ; puis, peu à peu, s’attacha plus souvent à l’étude des questions sociales qu’à celle des mœurs proprement dites, restant dans la grande tradition française encore en cela ; car il n’y a guère de grande comédie de Molière qui ne soit une pièce à thèse. […] On les découvre au bout de dix ou vingt ans, quand une nouvelle génération a paru. […] Elle partie, Mme Aubier survient, trouve le petit sac, Touvre, découvre une lettre de son mari (vous pensez bien que déjà elle a des soupçons), la lit, y relève une foule de baisers, de caresses et de tutoiements : « Elle est ta maîtresse ! 

1819. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Et à lire jusqu’au bout on découvre une chose qui est bien à l’honneur de Bayle : c’est que tous ces défauts que je viens d’indiquer diminuent et s’effacent presque à mesure que Bayle avance. […] Fontenelle lit tout, comprend tout, ne découvre rien, ne généralise rien, et fait des rapports qui sont excellents. […] Elle convenait à ses goûts aussi, à son besoin d’être en vue sans être jamais trop à découvert. […] Voyez-vous l’auteur du xixe  siècle, qui, cent cinquante ans après Le Sage du reste, découvre ce monde-là, et ose l’exposer au jour. […] Mais la morale sociale est le fond même de ce livre et si l’on y peut découvrir comment les meilleures volontés sont au risque de demeurer impuissantes dans une constitution politique mal conçue, ce qui est vrai, et bien important ; encore plus y trouvera-t-on comment les meilleurs agencements sociaux restent, faute de grandes forces morales, des ressorts sans moteur et des cadres vides.

1820. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Quoi qu’il en soit, ceux qui desirent faire quelque progrès dans l’étude des langues, doivent donner une attention singuliere aux formations des mots ; c’est le seul moyen d’en connoître la juste valeur, de découvrir l’analogie philosophique des termes, de penétrer jusqu’à la métaphysique des langues, & d’en démêler le caractere & le génie ; connoissances bien plus solides & bien plus précieuses que le stérile avantage d’en posséder le pur matériel, même d’une maniere imperturbable. […] Ces deux especes sont comprises dans la définition que j’ai donnée d’abord ; & je vais bientôt les rendre sensibles par des exemples ; mais en y appliquant les principes qu’il convient de suivre pour en pénétrer le sens, & pour y découvrir, s’il est possible, les caracteres du génie propre de la langue qui les a introduits.

1821. (1881) Le roman expérimental

On découvre qu’il y a des lois fixes, grâce à l’analyse ; on se rend maître des phénomènes. […] Claude Bernard disait lui-même “Le physiologiste n’est pas un homme du monde, c’est un savant, c’est un homme absorbé par une idée scientifique qu’il poursuit ; il n’entend plus les cris des animaux, il ne voit plus le sang qui coule, il ne voit que son idée et n’aperçoit que des organises qui lui cachent des problèmes qu’il veut découvrir. […] On ne vous demande pas d’écrire d’une certaine façon, de copier tel maître ; on vous demande de chercher et de classer votre part de documents humains, de découvrir votre coin de vérité, grâce à la méthode. […] Dans la misère de ma jeunesse, j’habitais des greniers de faubourg, d’où l’on découvrait Paris entier. […] Jeoffrin le découvrit.

1822. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Andrea, qui voulait son évêché, alla tout découvrir au pape, qui m’envoya saisir sur-le-champ, et me fit mettre dans une prison séparée.

1823. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Tout à coup, à force de recherches, dans un dictionnaire ou dans la mémoire d’un ami nous le découvrons, ce mot unique : le papillon se laisse prendre, — mais quoi ?

1824. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Je cherchai donc, à mon tour, à l’aide des données communes, et sans inventer ce que je ne pouvais découvrir, à retracer en quelques pages cette existence dont une ambition constamment déçue fait l’unité, à exposer et à étudier ces œuvres dont l’épanchement d’un cœur blessé fait la principale grandeur, et je soumets maintenant cet essai, avec une juste défiance, à ce petit nombre de personnes qui me récompensent amplement de mon travail en voulant bien me juger.

1825. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

. — Il découvre le second motif dans le trait essentiel du caractère allemand, lequel est le penchant prononcé pour la critiqué, tandis que l’amour de l’action est plus marqué dans les races latines. « En règle générale, c’est l’Allemagne qui pense, et la France qui réalise la pensée allemande. » — Enfin, M. de Letamendiau a la conviction que chaque race humaine produit des grands hommes de deux catégories opposées : les uns sont la quintessence de leur race, les autres en sont la contradiction absolue.

1826. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

La Vertu et la Joie ont été séparées : on a même gagé des philosophes pour découvrir entre elles des différences.

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