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146. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Par le symbole le poète se recherche dans la vie ; il subjective les images au lieu d’objectiver en elles une pensée, — son but n’est autre que lui-même ; s’il examine les choses c’est pour en découvrir la synthèse, pour en recueillir les divers éléments idéaux, c’est-à-dire, — puisque nous ne connaissons des choses que leurs rapports avec nous-même, — les éléments les plus intimes de son moi qui s’y trouvent contenus. […] Mais une certaine indigence de mots et d’images se découvre à des prosaïsmes, à des expressions trop approximatives, qui étonnent et détonnent ; ou bien, à maintes places, un adjectif, un nom, un verbe qui ne sont plus de la langue chantée, ou qui ramènent trop près de nous. […] Qui donc, avant ces dix années l’a découvert en France33 ? […] Fontainas et sans doute d’autres hommes, sincères et artistes, qui subirent d’abord l’influence du Parnasse et se découvrirent ensuite.

147. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Il est aisé de distinguer dans l’œuvre de Flaubert un Bovarysme sentimental dont Mme Bovary et Frédéric Moreau sont, avec des différences d’intensité, les prototypes, un Bovarysme intellectuel dont le même Frédéric Moreau nous présente le cas sous son aspect le plus général, un Bovarysme de la volonté que l’on découvrirait à l’analyse chez Deslauriers. […] Chez tous on découvre un principe de suggestion qui les détermine, à la façon des hypnotisés, à se concevoir différents d’eux-mêmes. […] Dambreuse, le riche banquier orléaniste, découvre qu’il a toujours été républicain. […] À entrevoir les résultats de la science, ils croient en posséder les secrets ; à se promener dans la partie du domaine de la connaissance qui a clé aménagée pour l’intelligence vulgaire ils se croient aptes à s’engager dans ses taillis les plus inextricables et à découvrir des routes nouvelles ; à manier et à posséder tine monnaie qui procure les choses, ils croient, que cette monnaie est frappée à leur effigie et qu’ils ont eux-mêmes le pouvoir d’émettre des pièces d’or nouvelles.

148. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

On y découvrirait pourtant quelques notes avant-courrières d’un lointain printemps, par exemple : Je suis seul, mécontent, au sein de la nature ; Quand tout chante l’amour, à mes sens moins émus Tout est muet, et l’onde, et l’ombre, et la verdure ; Avec le monde, hélas ! […] C’était le moment où de toutes parts on découvrait la Suisse intérieure et pittoresque. […] Par un de ces accidents de chaleur qui ont lieu quelquefois jusqu’au milieu des glaces et des neiges les plus élevées, tout d’un coup les voyageurs sont surpris d’arriver à un endroit entièrement découvert de neiges : Rien de plus délicieux dans la nature que le gazon que nous foulions ; à peine abandonné par les neiges, il était déjà émaillé d’une innombrable quantité de fleurs dont les couleurs étaient d’une vivacité que les fleurs de la plaine n’atteignent jamais, et qui répandaient l’odeur la plus suave.

149. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

L’éditeur se piquait d’avoir découvert un Joseph de Maistre tout à fait inconnu avant lui ; il le libéralisait le plus qu’il pouvait, et le montrait surtout très national, antipathique à l’Autriche. […] Jamais je n’ai pu découvrir un seul signe de révolte contre Bonaparte : « Il est trop ambitieux, ou ambitionnairc, comme disait un soldat ; s’il veut que nous nous battions, il faut bien qu’il nous nourrisse. » Voilà ce que j’ai pu connaître de plus fort ; mais jamais un mot ni un geste contre sa souveraineté. […] Ou je suis fort trompé, ou cette expérience découvrirait une grande vérité.

150. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Le moraliste ne regarde pas si elle est utile ou nuisible, bien ou mal conduite, liée à cet événement ou à cet autre, produite en ce lieu, à ce moment, à cette occasion, par cette personne, mais si elle est juste ou injuste ; il écarte ce cortège obscur de caractères accessoires et découvre dans la foule le droit, qui s’y cachait confondu. […] Tout, dès lors, est varié, mobile, intéressant, animé ; chacun des mots qu’on touche en parcourant la fable soulève une foule de pensées incertaines et fugitives, comme chaque pierre qu’on déplace en suivant un chemin découvre une multitude d’êtres, de figures et de couleurs. […] Non, car la vue primitive ne découvre pas cette expression complexe et personnelle qui distingue un caractère de tous les autres.

151. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Assurément, jamais Paris n’a été fouillé, décrit, découvert, examiné dans ses détails et repris dans ses ensembles, analysé et synthétisé comme en ce beau livre, par le peintre Cyprien Tibaille et le littérateur André Jayant. […] Mais il est un point qu’il a découvert : l’influence du pessimisme sur le goût artistique. […] Aussi, le pessimiste a-t-il plus de chances que l’optimiste de découvrir et d’apprécier les choses exquises, pourvu, qu’elles n’aient pas éveillé une admiration trop générale, qui offusque sa misanthropie.

152. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Par elle, l’esprit découvre une planète que les sens n’ont jamais vue ; par elle, il explique une langue qu’aucun homme ne comprenait plus ; il déchiffre des caractères mystérieux dont le secret était perdu ; il pénètre bien au-delà des époques historiques, et, en l’absence de tout témoignage direct, jusqu’aux origines de la civilisation indo-européenne ; il calcule enfin ce qui paraît échapper à toute prise, le hasard et l’infini. […] On sait que c’est en laissant tomber par terre un minéral, qui se brisa, que l’abbé Haüy découvrit la propriété du clivage chez les minéraux, d’où il déduisit toutes les lois de la cristallographie. […] « Une théorie établie sur vingt faits, dit-il, doit servir à en expliquer trente, et conduit à découvrir les dix autres ; mais presque toujours elle se modifie ou succombe devant dix faits nouveaux ajoutés à ces derniers25. » De là la nécessité du doute scientifique, qu’il ne faut pas confondre avec le scepticisme ; celui-ci doute de la science elle-même, le premier ne doute que des conceptions arbitraires de notre esprit.

153. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Qu’on prenne le genre qu’on voudra, discours, histoires, romans, comédies, on verra qu’il y a peu d’œuvres qui réussissent, encore moins qui durent à travers les siècles, sans une bonne économie : et pour peu qu’on ait de curiosité, on découvrira dans la multitude innombrable des écrits oubliés, pour peu qu’on ait d’attention, on notera dans le passage incessant des écrits qui ne naissent que pour mourir, plus d’une œuvre que les plus hautes qualités, que des morceaux admirables, des beautés singulières, semblaient adresser à l’immortalité. […] En effet, comme l’invention consiste alors à découvrir des rapports inaperçus, à créer des liaisons nouvelles d’idées et de sentiments, elle est inséparable de l’ordre, et ne pourra se réaliser et s’exprimer que par lui.

154. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

… J’ai cherché en vain le nom de l’imbécile qui découvrit, l’autre année, cette appellation… Les littératures sont d’essence novatrice. […] Il venait de découvrir Stéphane Mallarmé.

155. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

Rien ne s’invente, tout se découvre. Mallarmé l’a découvert et en a tiré une application nouvelle.

156. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Un jeune homme qui a du génie, découvre dans ces ouvrages des beautez et des graces, dont il avoit déja une idée confuse, mises dans toute la perfection dont elles sont susceptibles. […] Ses yeux à peine entr’ouverts la découvrent déja.

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