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40. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Celui qui croit ne se rend pas compte de sa croyance et il ne tient pas outre mesure à se rendre compte de sa croyance. La question ne se pose pas pour lui en ces termes tranchants : croire ou ne pas croire. On se contente de croire à demi : on croit une chose sans en être bien sûr et on y croit parce qu’on a intérêt à y croire, parce que cela est commode, parce que d’autres y croient, parce qu’il ne serait pas convenable de ne pas y croire. […] Le cas du menteur qui finit par croire à son propre mensonge n’est pas rare. […] Mais, bien entendu, il l’admet sans l’admettre ; il y croit sans y croire.

41. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

N’ayons pas l’injustice de croire qu’il ait voulu nous en imposer. […] Elle ne croit pas avoir raison contre tout le monde. […] Le croirait-on ? […] Je crois que j’ai défini la comédie, et nécessairement j’ai dit une sottise. […] Croyez-vous, M. 

42. (1887) La banqueroute du naturalisme

Zola ne fera jamais cette comparaison ni nulle autre, parce que lui-même ne s’intéresse pas assez aux histoires qu’il nous raconte, aux personnages qu’il prétend peindre, à cette réalité dont il se croit néanmoins l’interprète. […] Ils ont cru que l’égalité des hommes dans la souffrance et dans la mort donnait à tous un droit égal à l’attention de tous. […] Et s’ils n’ont pas reculé devant la peinture de la laideur et de la vulgarité, c’est qu’ils ont cru que l’on avait inventé l’art pour nous en consoler, en les anoblissant. […] Je veux bien croire, — et la preuve que je le crois, c’est que je parle encore de M.  […] Si ses admirateurs n’ont peut-être pas réussi à faire encore de lui le « grand romancier » qu’il croit être, c’est bien eux qui ont fait de M. 

43. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Je ne le crois pas. […] Taine le croit. […] Nous ne croyons à rien, cela nous mène à croire à tout. […] Je crois que M.  […] On l’a cru.

44. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Les superficiels auront peine à le croire. […] Il ne croit pas, comme ces imbéciles, avoir inventé la nature. Il ne croit pas qu’une puanteur dans laquelle on ne peut pas rester puisse être jamais une École. […] Richepin, ce fort contempteur, ce formidable gouailleur de La Chanson des gueux, l’athée Richepin, qui ne croit à rien, qui ne croit pas à la puissance divine de N. […] Jésus-Christ immolé pour le salut du monde, finit par croire à la puissance divine d’un Bas-Bleu qui se sacrifie au plus inepte et au plus ignominieux polisson !

45. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Il a cela de particulier et de singulièrement honorable d’y avoir cru toujours, avant et pendant, et même aux plus désespérés moments ; d’y avoir cru avec calme et avec une fermeté sans fougue. […] Mais avait-il raison d’y croire ? […] Mais le corps français est peu considérable ; pendant toute la campagne de 1780, M. de Rochambeau croit devoir rester à Rhode-Island. […] N’en voilà-t-il pas plus qu’il ne fallait pour croire encore au vieux défaut national, à la légèreté ? […] à Dieu ne plaise que je me permette d’y croire !

46. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

L’école positiviste, par exemple, croit qu’il n’y a pas lieu de les poser, parce que nous n’avons aucun moyen de les résoudre. […] Jouffroy, l’homme croit par instinct et doute par raison. […] Il n’est pas de ceux qui croient que la religion ne doit satisfaire que le cœur. […] Dans tous les temps, on a cru à la réversibilité du dévouement, et souvent des victimes innocentes se sont offertes pour sauver les coupables. […] La croyance au surnaturel est universelle : quand on la croit éteinte dans l’esprit des hommes, elle reparaît sous une autre forme.

47. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

Nous ne croyons plus à l’aristocratie, c’est-à-dire aux privilèges de la naissance et nous avons raison. Nous ne croyons plus que le fils d’un Turenne ou d’un Luxembourg soit nécessairement — de sang — un héros, au lieu d’un crevé, comme on dit, qu’il peut très bien être, dans cette société morte. […] soufflet que se donne de ses propres mains le vieux monde renouvelé qui se croit rajeuni ! […] Et notez que je ne blâme nullement cette ambition, que je crois fatale à l’esprit humain, d’inventer des aristocraties… impossibles ; je me contente de l’affirmer. […] — ce que je croirais.

48. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il faut le croire, puisque M.  […] Je le crois, je crois l’avoir constaté ; je puis me tromper. […] Je ne crois guère. Croyez-vous ? […] Seulement, de l’un on ne la croit pas, et de l’autre on la croit.

49. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

J’ai cru m’apercevoir que le phénomène de la pensée ne s’opérait pas de la même manière dans tous les hommes de cet âge, et cela me suffit, la supposition que je fais devant ensuite être remplacée par ce que je crois être la vérité, ou même par tout autre système que mes lecteurs voudraient lui substituer. […] Il est permis de croire que cette classe, devenue ainsi la plus nombreuse, finira par être seule. […] Il en est résulté néanmoins un grand trouble dans les esprits ; c’est celui que nous avons cru devoir peindre comme tous les autres symptômes de l’époque actuelle. […] Vous croyez que les partisans des idées nouvelles ont brisé cet antique palladium, et vous ne concevez pas comment il pourra être remplacé. […] Ils croient que la parole a eu une mission qui maintenant est accomplie.

50. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

D’après cette signification, est libre penseur quiconque ne croit à rien, et moins l’on croit, plus on est réputé capable de penser librement. […] Il se trouve encore des esprits qui, même dans l’ordre de la foi, voudraient que l’État intervînt pour fixer ce qu’il faut croire et ce qu’il est permis de ne pas croire. […] Je vais plus loin : non-seulement dans la pratique, mais dans la spéculation même, je crois qu’il faut faire une large part au sentiment. […] Ils se croient assez éclairés pour les gérer eux-mêmes, c’est-à-dire pour juger de ce qui convient et de ce qui ne convient pas à leurs intérêts. […] Telle est par exemple la situation de ceux qui croient à de fausses religions.

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