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1924. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Faut-il se demander d’où vient lui-même ce besoin chez le Français de se battre contre le voisin, s’il a un couvre-chef d’une autre couleur que la nôtre ; et même ce besoin de n’adopter une autre couleur que la sienne que pour pouvoir se battre contre lui ? […] Il prit, naturellement, la couleur de l’esprit et de la complexion de chacun d’eux1. […] Après les congréganistes on poursuivra les prêtres séculiers ; après les prêtres séculiers, les laïques croyants, tenus pour « jésuites de robe courte » ; après les jésuites de robe courte, tout père de famille qui aura trouvé ou cherché le moyen de faire donner à son fils une éducation autre qu’antireligieuse et athée ; après ceux-ci, les pères de famille qui auront donné eux-mêmes à leurs enfants une éducation de couleur désagréable au gouvernement.

1925. (1923) Au service de la déesse

Denys d’Halicarnasse et Diodore de Sicile ne recourent plus à Némésis que pour donner « une couleur antique et un air de noblesse » à leurs récits. […] Je ne sais pas si elle était blonde ou brune, si elle avait les yeux bleus ou noirs ; et nous ne savons pas la couleur des cheveux et des yeux de Manon que des Grieux aima ; ce renseignement nous est inutile. […] Son tableau de cette folie a de la couleur, de la vivacité, un relief étonnant. […] Claudel, si le cœur lui en dit, ne balance pas d’appeler un cheval un « chevau » ; et, s’il a dessein de peindre la couleur « vitreuse » ou « vitrifiée » de la mer sous le soleil, il appelle la mer « le profond vitre ».

1926. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Les opinions exprimées dans ce recueil étaient en général classiques, mais modérées, ouvertes, conciliantes ; elles avaient une couleur de centre droit littéraire.

1927. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Il sait faire aussi de bonnes caricatures ; ses portraits ne sont pas toujours ressemblants ; il les charge parfois assez pour leur donner une couleur poétique.

1928. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

S’il est un morceau, dans les deux pièces de début de Racine, qui révèle son génie, c’est ce couplet d’Antigone, où, malgré quelque uniformité dans le tour, et un certain manque de couleur poétique, on reconnaît, à la douceur et à la grâce des vers, ce cœur auquel toutes les passions humaines semblent avoir dit leur secret : Je m’en souviens, Hémon, et je vous fais justice ; C’est moi que vous serviez en servant Polynice : Il m’était cher alors comme il l’est aujourd’hui, Et je prenais pour moi ce qu’on faisait pour lui.

1929. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Elles seules peuvent s’offenser de voir les vives couleurs de l’antiquité païenne s’éteindre sous le pinceau languissant ou timide d’un prélat chrétien.

1930. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Le peintre qui rend sa splendeur obscurcie n’est pas moins admirable que celui dont les couleurs chaudes enluminent une toile aristocratique  La grande Virginie, le Louchon d’Augustine, Mes-Bottes, Bibi-la-Grillade, tous ont un caractère, une spécialité, pour ainsi dire ; mais ils ne semblent là que pour diriger les divers degrés de l’échelle que descend Coupeau, entraînant Gervaise dans sa chute.

1931. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Il voit des oiseaux analogues : leur ramage est presque semblable, leurs nids sont presque construits de la même manière, leurs œufs sont de la même couleur ; et cependant ce sont des espèces différentes.

1932. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Mais surtout il faut considérer que le mysticisme pur est une essence rare, qu’on le rencontre le plus souvent à l’état de dilution, qu’il n’en communique pas moins alors à la masse à laquelle il se mêle sa couleur et son parfum, et qu’on doit le laisser avec elle, pratiquement inséparable d’elle, si l’on veut le prendre agissant, puisque c’est ainsi qu’il a fini par s’imposer au monde.

1933. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Mais à l’instant que Cinna va frapper, son sang refroidi permet à la réflexion de lui retracer et les bienfaits d’Auguste et l’affreux salaire dont il s’apprête à les payer : cet acte de scélératesse, qu’une imagination ardente lui peignait des couleurs de l’héroïsme, lui paraît alors ce qu’il est en effet, la plus lâche des trahisons, le plus vil des assassinats, le plus odieux des crimes. […] « Il est bien difficile de donner à des héros et à des faits de pure invention un caractère et une couleur qui leur soit propre et particulière. […] Il cite les anciens comiques où l’on voit de jeunes fous, après bien des espiègleries, bien des escroqueries, jouir à la fin de l’objet de leurs désirs ; cet argument est assez faible, mais en voici un terrible : pour détourner du vice, il n’est pas nécessaire de punir le vicieux au dénouement ; il suffit de peindre le vice de ses couleurs naturelles : ce portrait fidèle est plus efficace que toutes les corrections du théâtre, pour inspirer aux hommes l’amour de la vertu.

1934. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Toujours mêmes couleurs éparses, mêmes complaintes égarées, même affreuse catastrophe. » La principale part d’invention dans cet écrit consiste à supposer que son auteur inconnu s’est tué d’un coup de lime au cœur. […] L’infirmité d’Olivier, la couleur d’Ourika, la naissance d’Édouard ne sont que des preuves d’ordres divers à l’appui de cette proposition désolante. […] Cette vie posthume et cette mort anticipée sont peintes avec les couleurs les plus sombres qui puissent s’offrir à une imagination affolée.

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