Hilde comprend quand il s’identifie a la région supérieure, et nous transpose le chant céleste émané de son corps vibrant au vent des astres. […] Peut-être la foule comprend-elle mieux ces corps que l’Idée. […] L’acteur « se fait la tête », et devrait tout le corps, du personnage. […] La rampe éclaire l’acteur selon l’hypoténuse d’un triangle rectangle dont son corps est l’un des côtés de l’angle droit. […] Et nous avons dit aussi qu’il faudrait que l’acteur se fît le corps du rôle.
L’animal est un corps organisé qui se nourrit, se reproduit, sent et se meut, et non ce quelque chose informe et trouble qui oscille entre des formes de vertébré, d’articulé ou de mollusque, et ne sort de son inachèvement que pour prendre la couleur, la grandeur, la structure d’un individu. […] Elle se manifeste sur les lèvres par les mots d’épanouissement, de bonheur, de volupté noble ; en même temps, la vue intérieure a saisi quelque image correspondante, une fleur qui s’ouvre, un visage qui sourit, un corps penché qui s’abandonne, un accord riche et plein d’instruments doux, une caresse d’air parfumé dans une campagne ; voilà des comparaisons et métaphores expressives, c’est-à-dire des représentations sensibles, des souvenirs particuliers, des résurrections de sensations, toutes analogues à celles que je viens d’éprouver, du même ton et du même tour. […] Au dedans, cette œuvre est une image plus ou moins vague, celle d’une ligne élancée, puis épanouie ; au dehors, elle est l’attitude et le geste imitatif du corps ; dans le langage primitif, chez les peuples enfants, à l’origine de la parole, elle est une autre imitation poétique et figurative, dont nous retrouvons çà et là des fragments ; aujourd’hui, elle est un simple mot appris, pure notation, reste desséché du petit drame symbolique et de la mimique vivante par laquelle les premiers inventeurs, véritables artistes, traduisaient leurs impressions. […] À cet égard, le langage des enfants est aussi instructif pour le psychologue que les états embryonnaires du corps organisé pour le naturaliste. […] Si j’ai remarqué suffisamment cette structure intérieure, à l’aspect du squelette blanc, comme à l’aspect du corps vivant vêtu de son poil, je prononcerai sans me tromper le mot chat.
Exceptons pourtant quelques coups de pinceau de Descartes dans ce petit Traité des passions (1649), où il fait voir ce qui se passe au fond de l’homme, considéré comme corps, quand il est sous l’empire des passions. […] Descartes décrit, et le plus souvent imagine arbitrairement les effets physiques des passions ; Buffon décrit les attitudes qu’elles font prendre à l’homme ; il montre les mouvements de l’âme dans la pantomime du corps. […] Le corps en est souvent l’occasion, il est vrai, et c’est ce qui fait dire à saint Paul : « Qui me délivrera de ce corps de mort ? […] Leurs alvéoles ne sont, selon lui, qu’un effet de la forme de leurs corps et de ce qu’il appelle la compression. […] « L’un a la colère noble, le courage magnanime, le naturel sensible ; il méprise les insultes ; il pardonne à de petits ennemis des libertés offensantes ; l’autre, trop long de corps, trop bas sur ses jambes, n’a que les caractères de la basse méchanceté et de la cruauté insatiable. » Une science plus exacte les a reconnus tous les deux également capables d’attachement et de reconnaissance.
L’idée générale guide la pensée dans l’invention du détail particulier, par lequel elle s’exprime et prendra corps. […] Au contraire, nos classiques, n’apercevant dans les passions qu’ils représentent que des mouvements de l’âme, se soucient peu des corps qui enferment ces âmes et des milieux où s’agitent ces corps.
Je prends trop sur moi pour que l’esprit et le corps n’y succombent pas, peut-être tous les deux. » Vous avez l’explication de cette mélancolie dans un mouvement de jalousie dont ne se défend pas l’amour le plus chaste. […] Âme vivante n’en avait connaissance ; on la voulut donner aussi mystérieusement qu’elle avait été fait briquée, Le tailleur de madame de Montespan lui apporta l’habit qu’elle lui avait ordonné ; il en avait fait le corps sur des mesures ridicules. […] On essaie le corps, il est à peindre ; le roi arrive.
« Le Scorpion, traînant son corps immense, montre un cœur brillant, étend ses serres entr’ouvertes & replie sa queue armée d’un double aiguillon. Le Centaure, composé ambigu du corps d’un cheval & de membres humains, bande avec effort un arc Thessalien, & lance ses fleches. Le Capricorne orageux, le front couvert de neige, & le corps engourdi par les frimas, se traîne & devance à peine le triste Verseau.
Ne sortons pas de là, messieurs, ne nous embarquons pas, Gouvernement et corps politique, dans des questions de libre arbitre et de liberté métaphysique. […] Corps politique, ne nous engageons point dans ces sortes de conflits qui mènent à des représailles. […] Tout ceci est assez important, messieurs, pour que vous en soyez complètement informés, car nous sommes ici au corps du délit et au nœud de la dénonciation. […] Je sais tout ce que méritent de respect les choses antiques et les institutions séculaires : mais c’est lorsque, ayant conscience elles-mêmes de leur antiquité et, pour tout dire, de leur vieillesse, elles s’abstiennent de violence, d’un rigorisme intempestif et d’une attaque corps à corps contre ce qui est jeune, moderne, et qui grandit. […] Tantôt ce sont des accusations, — et non pas des moins âpres ni des moins envenimées, — émanées du corps même de Episcopat, que dis-je ?
C’est qu’il faut être un grand coloriste, un grand dessinateur, un grand paysagiste, un savant et délicat imitateur de la nature ; avoir une prodigieuse variété de ressource dans l’imagination ; inventer une infinité d’accidents particuliers, de petites actions, exceller dans les détails, posséder toutes les qualités d’un grand peintre et cela dans un haut degré, pour contrebalancer la froideur, la monotonie et le dégoût de ces longues files parallèles de soldats ; de ces corps de troupes oblongs ou carrés, et la symétrie de notre tactique. Le temps des mêlées, des avantages de l’adresse et de la force de corps, et des grands tableaux de bataille est passé ; à moins qu’on ne fasse d’imagination, ou qu’on ne remonte aux siècles d’Alexandre et de Caesar.
Désirer la possession d’un corps afin d’en tirer, pour soi, d’agréables secousses nerveuses… quoi de commun entre cela — et aimer ? […] Aimer, c’est se donner plus que vouloir prendre ou retenir ; c’est se donner avec son cœur, son esprit et son âme : et ce don ne se peut faire qu’à une autre âme, à un autre esprit, à un autre cœur, dont un corps gracieux et désirable n’est, après tout, que l’enveloppe et le signe. […] Au fond, Michelet conçoit l’amour comme Platon, comme les poètes des Chansons de chevalerie, comme d’Urfé (à cela près que d’Urfé, par un scrupule renchéri touchant la possession physique, ne veut considérer l’amour qu’avant le mariage), comme Corneille enfin, et Pascal lui-même. « À mesure qu’on a plus d’esprit, dit Pascal, les passions sont plus grandes, parce que les passions n’étant que des sentiments et des pensées qui appartiennent purement à l’esprit, quoiqu’ils soient occasionnés par le corps, il est visible qu’elles ne sont plus que l’esprit même et qu’ainsi elles remplissent toute sa capacité. » Pareillement Michelet : « L’amour est chose cérébrale. […] — Car il la faut ainsi, molle et incertaine, pas encore formée de corps ni d’esprit, pour que l’homme la puisse pétrir et créer entière et que, la créant, il soit à son tour renouvelé et achevé par elle. […] » Il pose cet axiome qu’« il n’y a point de vieille femme », et le développe en un chapitre dont le sommaire tout seul est déjà bien joli : « … Le visage vieillit bien avant le corps. — L’ampleur des formes est favorable à l’expression de la bonté. — Une génération qui n’aimerait que la première jeunesse et ne serait pas policée par le commerce des dames resterait grossière. — Une femme qui aime et qui est bonne peut, à tout âge, donner le bonheur, douer le jeune homme. » Il vous apparaîtra de nouveau, si vous pesez les mots de cette dernière phrase et si vous en cherchez le commentaire dans le texte du chapitre, que le naturisme de Michelet n’est pas précisément le naturisme de Molière.
Il alla rejoindre à ce titre un corps d’armée de trente mille hommes, que M. de Saint-Germain commandait en Allemagne. Son corps d’armée fut battu. […] Si je te touche seulement du bout du doigt, tout mon corps frémit de plaisir. […] Nous aperçûmes alors, à travers le brouillard, le corps et les vergues d’un grand vaisseau. […] Nous y descendîmes ; et un des premiers objets que j’aperçus sur le rivage fut le corps de Virginie.
Il n'est pas possible de se retirer de la chaîne des événemens, de la chaîne des devoirs, de la chaîne des idées, de la chaîne des corps, de la chaîne des temps, de la chaîne des êtres…. […] . l'art de faire mouvoir tous ces vastes corps, d'établir un concert & une harmonie de mouvement entre cent mille bras, de combiner tous les ressorts qui doivent concourir ensemble, de calculer l'activité des forces & le temps de l'exécution *. […] Dans l'Eloge du Chancelier Daguesseau, après avoir dit, en parlant des Loix qui furent faites pour le Peuple, lorsque nos Rois l'eurent délivré de la tyrannie des Nobles, que cette nouvelle partie de la législation choquoit les principes ou les abus de la législation féodale, qui, à son tour, réagissoit contre elle, que les nouveaux droits des Peuples se heurtoient contre les droits usurpés par les Nobles, que les Loix n'offroient qu'un édifice informe & monstrueux que l'on prendroit pour un amas de ruines entassées au hasard ; il poursuit en ajoutant, que cet immortel Chancelier crut qu'au lieu de renverser tout à coup ce grand corps, il valoit mieux l'ébranler peu à peu ou le réparer insensiblement sur un plan uniforme & combiné dans toutes ses parties. […] Cependant on a vu couronner, on a vu applaudir un pareil galimatias ; on a vu le Corps Philosophique s'empresser d'en adopter l'Auteur ; on a vu les Coryphées qui y président, nous retracer la Scene plaisante où le Médecin de M.