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544. (1884) La légende du Parnasse contemporain

» et les morceaux de haut goût où il suffit de s’écrier : « L’âme est immortelle » ou « Le chien est l’ami de l’homme » pour être considéré comme un penseur. […] Intimidés, nous le considérions sans oser faire un pas. […] Mais entendons-nous : du ciel considéré au point de vue industriel et sérieux. […] Le poète considéra les sucreries, les considéra longtemps. […] Cela est tout à fait exact, si l’on considère la chose dans son ensemble ; pas tout à fait, si l’on se place à un point de vue plus strict.

545. (1900) La culture des idées

Quand ils cessèrent de considérer la femme comme uniquement génératrice, ce fut le commencement du règne des courtisanes. […] Jeanne d’Arc était considérée à la fois par ses amis et par ses ennemis comme en possession d’un pouvoir surnaturel. […] Mais comment en est-on arrivé à considérer comme un péril toute réelle innovation en art ou en littérature ? […] Comme Platon est supérieur, aux deux livres VIII et IX de cette même République, où il considère l’histoire pour en tirer une philosophie ! […] “Non, seulement dans le pays vieux-gaulois du Rhin, que je considère comme français, bien que, ajouta-t-il, pour moi il n’y ait pas de frontières.”

546. (1924) Critiques et romanciers

On retrouve ici trace des opinions plébiscitaires qu’un partisan du régime impérial considère comme le droit et le salut. […] France ne considère pas que le procès de Lemaître et le sien se puissent réunir ou confondre : « M.  […] Plusieurs — et celle de Boileau qui n’a pas entendu Ronsard — peuvent aussi être considérées comme les signes d’une époque et de son goût différent du nôtre. […] Il prétendait établir que tout le mal venait de ce discrédit où il considérait que l’intelligence était tombée. […] Ou bien ils considèrent que l’histoire est la série continue de faits qui sont effets et causes.

547. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Qu’il considère cette politique altière et aveugle, qui, devant de forces accumulées par la nature et la fortune, n’a su tirer que la stérilité et la mort. […] Il a cessé de considérer la vertu comme un fruit de l’instinct libre, et d’allier les délicatesses de l’âme à la santé du corps. […] Afin de s’en assurer, que nos adversaires considèrent le changement profond qui s’est opéré depuis cinquante ans dans la situation et dans le caractère de nos principales classes. […] Pour s’en convaincre il suffit de considérer les raisons qui décident l’Angleterre à intervenir et les raisons qui peuvent engager la Prusse à ne pas repousser cette intervention. […] Considérez tour à tour ces deux forces dans les œuvres d’art qui les rendent visibles.

548. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Or à considérer la pièce ainsi, il n’y a pas d’action ; car Titus est exactement le même depuis le commencement jusqu’à la fin. […] Mais attachons-nous surtout à Titus, considéré par M.  […] Michaut le considère comme tel, parce que du commencement à la fin de la pièce, Titus veut la même chose, renvoyer Bérénice. […] Domitian est très affligé ; mais ne considère pas la partie comme perdue. […] On peut même le considérer comme un des premiers manifestes romantiques.

549. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

Et à ce propos si quelqu’un s’étonnait que, malgré la dignité académique qui nous a été conférée depuis, nous persistions dans cette voie pratique, nous donnerons une fois pour toutes une explication très-nette et très-franche : en ambitionnant et en obtenant cette dignité, la plus honorable à laquelle puisse aspirer un homme de lettres, nous n’avons jamais considéré qu’elle dût nous empêcher d’être ce que nous étions devant, ni de faire à très-peu près les mêmes choses que nous nous sommes de tout temps permises.

550. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 34-39

Quand les affaires publiques font le fil de l’Histoire, il est toujours suivi : quand les Rois n’y sont considérés qu’autant qu’ils ont servi à les faire changer, on les y fait entrer avec bien plus d’agrément, que lorsqu’on se met en tête de ne parler des affaires que selon qu’elles servent à relever ou diminuer la gloire des Rois.

551. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — II »

Ce qui était méprisé à cause d’elle doit être remis en honneur ou considéré tout au moins d’un regard non prévenu.

552. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Ses archives sont enterrées ; il faut pour les dégager des recherches dont il n’est pas capable ; elles subsistent pourtant, et aujourd’hui l’histoire les remet en lumière  Quand on le considère de près, on trouve que, comme la science, il a pour source une longue accumulation d’expériences : les hommes, après une multitude de tâtonnements et d’essais, ont fini par éprouver que telle façon de vivre ou de penser était la seule accommodée à leur situation, la plus praticable de toutes, la plus bienfaisante, et le régime ou dogme qui aujourd’hui nous semble une convention arbitraire a d’abord été un expédient avéré de salut public. […] Considérez-la, non pas en général et d’après une notion vague, mais sur le vif, à sa naissance, dans les textes, en prenant pour exemple une de celles qui maintenant règnent sur le monde, christianisme, brahmanisme, loi de Mahomet ou de Bouddha. […] On refuse d’admettre que la raison et la tradition puissent ensemble et d’accord défendre la même citadelle ; dès que l’une entre, il faut que l’autre sorte ; désormais un préjugé s’est établi contre le préjugé  À la vérité, Voltaire « le patriarche » ne veut pas se départir de son Dieu rémunérateur et vengeur395 ; tolérons en lui ce reste de superstition en souvenir de ses grands services ; mais considérons en hommes le fantôme qu’il regarde avec des yeux d’enfant. […] Regardons en bas sur la terre ; considérons l’homme lui-même, tel qu’il est aux yeux du naturaliste, c’est-à-dire le corps organisé, l’animal sensible, avec ses besoins, ses appétits et ses instincts.

553. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

L’effroi augmente quand on considère comment cet homme dispose sa vie pour ce grand dessein, et par quelle suite de méditations il trouve enfin un point d’appui, une première vérité évidente, pour y bâtir ses croyances. […] Il y avoue que, s’il a choisi le livre de Sénèque pour le proposer comme un entretien qui pourrait être agréable à cette princesse, « il a eu seulement égard à la réputation de l’auteur et à la dignité de la matière, sans penser à la façon dont il la traite, laquelle ayant depuis été considérée, ajoute-t-il, je ne la trouve pas assez exacte pour être suivie25. » Ailleurs il dit : « Pendant que Sénèque s’étudie ici à orner son élocution, il n’est pas toujours assez exact dans l’expression de sa pensée26. » Et plus loin : « Il use de beaucoup de mots superflus. » Et encore, parlant de diverses définitions que donne Sénèque du souverain bien : « Leur diversité, dit-il, fait paraître que Sénèque n’a pas clairement entendu ce qu’il voulait dire : car, d’autant mieux on conçoit une chose, d’autant plus est-on déterminé à ne l’exprimer qu’en une seule façon27. » Ce jugement admirable est une critique indirecte de Montaigne, et accuse en général la façon de penser du seizième siècle, où l’on goûtait si fort cette inexactitude de Sénèque. […] Cet idéal de l’éloquence, considérée comme l’art de persuader la vérité, le conduisait à Cicéron. […] Il craignait beaucoup plus la réputation qu’il ne la souhaitait, estimant qu’elle diminue toujours quelque chose de la liberté et du loisir de ceux qui l’acquièrent ; deux choses qu’il considérait comme les deux plus précieux avantages de sa retraite.

554. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

L’une des deux sociétés étant plus grande, plus forte, représentant une systématisation plus large, peut être considérée comme devant être le centre directeur de la conduite. […] § 10 En tant qu’un mensonge est une déviation, nous pouvons considérer comme déviations les mensonges secondaires dont la morale s’entoure. […] L’amour maternel, le patriotisme, bien des tendances qui sont considérées comme des vertus absolues en soi, conseillent journellement des crimes ou des vilenies. […] La morale s’est détachée de la vie, elle a été considérée comme une chose à part, existant en soi et pour soi, à qui personne n’a de comptes à demander, et avec qui on ne discute pas.

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