On conçoit qu’ils ne se résignent point à reconnaître une vérité qui déprécierait leurs œuvres et qu’ils ne puissent donner raison à une théorie qui leur donne tort. […] Mais ne leur dites pas qu’on peut écrire autrement ; ils ne peuvent sortir d’eux-mêmes et ne conçoivent d’autre style que leur propre style.
L’esprit humain ne vient-il pas de traverser, sans en éprouver aucun retardement, tout le despotisme de Bonaparte, c’est-à-dire le despotisme le mieux conçu et le plus savant qui ait jamais existé, puisqu’il était décoré de la gloire militaire, toujours si séduisante pour les hommes, et qu’il avait forgé ses chaînes avec le secours de tous les arts et de toutes les industries d’une civilisation avancée ? […] Quoique le plus souvent plusieurs idées soient conçues en même temps, et dussent marcher de front, cependant l’imperfection de nos organes et des moyens qui nous ont été donnés pour exprimer ces idées nous oblige à ne les produire que successivement.
« Car, comme dit Hamlet, il y a plus de choses sous le ciel, Mercutio, que n’en conçoit votre philosophie. » Mais d’autre part, c’est ici proprement le domaine des suppositions invérifiables, des chimères et des ombres vaines.
Ou bien, quand l’œuvre est d’importance et qu’on veut « élever ses vues », on s’efforce de la situer historiquement dans une série de productions écrites ; ou bien, on recherche quel moment elle marque dans le développement, la dégénérescence ou la transformation d’un genre les genres littéraires étant considérés comme un je ne sais quoi de vivant et d’organique, qui existerait indépendamment des œuvres particulières et des cerveaux où elles ont été conçues… Cette critique-là, qui n’est qu’une idéologie, exclut presque entièrement la volupté qui naît du contact plein, naïf, et comme abandonné, avec l’œuvre d’art.
Sa philosophie, c’est-à-dire sa manière de concevoir la vie et d’expliquer ce monde, ne doit rien non plus aux étrangers.
Il n’y a point d’objet sans sujet, de monde sans une pensée qui le conçoit ; les idées qui semblent me venir du dehors, c’est moi qui les forme, et, comme le disait Kant, ce n’est pas la pensée qui se conforme aux choses, ce sont les choses qui se conforment à la pensée.
En idéalisant l’hypothèse on irait jusqu’à imaginer une vie humaine devenue entièrement automatique où la conscience n’apparaîtrait jamais et que l’on ne conçoit, à vrai dire, soustraite au néant, que par l’acte de perception consciente que l’on fait en l’imaginant.
Il oscille et hésite ; il est des heures où les dernières ondes de son sang, les regards profonds de celle qui passe dans sa vie, lui font pressentir l’éclosion d’une forte et douloureuse passion ; puis ce qui tressaille en lui s’apaise, il se dissèque, il analyse en lui les derniers frémissements de son âme et la voit se calmer sous son introspection ; puis des paroles ordinaires de Cécile N…, un geste disgracieux le repoussent et, se souvenant de l’ancienne théorie de Schopenhauer sur l’amour, il pénètre à cette vue profonde et clairement conçue que c’est l’hostilité et non l’attrait qui règne entre les sexes.
On a de la peine à concevoir comment un homme du génie du Camoëns n’en a pas su tirer un plus grand parti.
On ne conçoit pas que ces choeurs pussent être autre chose qu’une cohue.
Il a conçu son livre comme une épopée, dont chaque satire serait un chant qui en varierait et en rappellerait l’unité.