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332. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Nous n’essaierons pas ici d’aborder ces mystères d’avenir dans toute leur vague étendue, nous y reviendrons souvent par quelques points ; aujourd’hui, nous bornant à ce qui concerne le mouvement littéraire et poétique proprement dit, nous tâcherons de montrer dans quel sens nous concevons le changement inévitable que l’art va subir et pour lequel il est mûr. […] En reproduisant cet article au milieu du volume à l’endroit où la continuité de vues et de système cesse ou du moins fléchit, nous voulons indiquer de quelle manière nous concevions alors la transformation de l’école romantique et critique de la Restauration : mais les programmes en divers genres ont eu tort.

333. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Parfois, on est tenté de croire que, voyant dans sa propre mort un moyen de fonder son royaume, il conçut de propos délibéré le dessein de se faire tuer 889. […] Les traits Matth., X, 38 ; XVI, 24 ; Marc, VIII, 34 ; Luc, XIV, 27, ne peuvent avoir été conçus qu’après la mort de Jésus.

334. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Ils y sont hideux, nus, tremblants, à moitié dévorés par eux-mêmes, comme on les conçoit dans l’enfer. […] C’est un de ces matérialistes raffinés et ambitieux qui ne conçoivent guère qu’une perfection matérielle, — et qui savent parfois la réaliser ; mais par l’inspiration il est bien plus profond que son école, et il est descendu si avant dans la sensation, dont cette école ne sort jamais, qu’il a fini par s’y trouver seul, comme un lion d’originalité.

335. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

Naissance, éducation, mœurs ; principes ou qui tiennent au caractère ou qui le combattent ; concours de plusieurs grands hommes qui se développent en se choquant ; grands hommes isolés et qui semblent jetés hors des routes de la nature dans des temps de faiblesse et de langueur ; lutte d’un grand caractère contre les mœurs avilies d’un peuple qui tombe ; développement rapide d’un peuple naissant à qui un homme de génie imprime sa force ; mouvement donné à des nations par les lois, par les conquêtes, par l’éloquence ; grandes vertus toujours plus rares que les talents, les unes impétueuses et fortes, les autres calmes et raisonnées ; desseins, tantôt conçus profondément et mûris par les années, tantôt inspirés, conçus, exécutés presque à la fois, et avec cette vigueur qui renverse tout, parce qu’elle ne donne le temps de rien prévoir ; enfin des vies éclatantes, dès morts illustres et presque toujours violentes ; car, par une loi inévitable, l’action de ces hommes qui remuent tout, produit une résistance égale dans ce qui les entoure ; ils pèsent sur l’univers, et l’univers sur eux ; et derrière la gloire est presque toujours caché l’exil, le fer ou le poison : tel est à peu près le tableau que nous offre Plutarque.

336. (1891) Esquisses contemporaines

Nous ne saurions, on le conçoit, suivre l’écrivain dans le développement de sa pensée, ni reprendre après lui les points qu’il traite. […] L’Angleterre, l’Allemagne, la Russie surtout, voyaient surgir une pléiade d’écrivains nationaux dont plusieurs étaient hors pair et conçurent des chefs-d’œuvre. […] On peut être habile à pénétrer des âmes que l’on eût été incapable de concevoir. […] Et ne pourrait-on pas concevoir une issue différente au conflit dans lequel sont engagées l’ancienne et la nouvelle théologie ? […] Il est impossible, on le conçoit, de résumer une conversation qui a tous les caractères d’une causerie et qui s’achemine à travers mille méandres.

337. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jhouney, Alber (1860-1926) »

Là, il s’est accoutumé de bonne heure, comme l’homme de Spinoza, à ne rien concevoir si ce n’est sous forme de l’éternité.

338. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

On peut néanmoins concevoir d’autres excitants d’une vraie charité, d’un sincère amour des hommes. […] Je m’étais arrangé une vie égoïste et commode, telle que je n’en concevais pas de meilleure… Je m’étais peut-être trompé… » Il supplie donc Lia d’être sa femme ; et Lia le veut bien. […] En dépit des poètes, des romanciers et des dramaturges, je n’ai jamais clairement conçu pourquoi l’amour jouissait, entre toutes les passions humaines, d’un privilège honorifique, ni comment il confère, à ceux qui en sont possédés, une supériorité morale, ni en quoi c’est une façon plus relevée et plus estimable que les autres d’aller fatalement à son plaisir. […] Il arrive enfin que, sous la monarchie de Juillet, et grâce au régime censitaire, le nom de bourgeois s’applique réellement à une classe distincte du reste de la nation ; et, comme cette classe se montre en effet égoïste, cupide et pusillanime, on conçoit assez la défaveur croissante du mot dont elle est étiquetée. Cette défaveur se conçoit moins et ne paraît plus guère fondée en raison depuis le suffrage universel, et surtout après vingt années de République démocratique.

339. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Leur dessein subsiste d’avoir voulu créer une poésie amplement représentative du réel conçu comme une idée22, et d’avoir essayé de dégager en toute chose l’âme des choses, c’est-à-dire la réalité fondamentale, ou si l’on aime les termes barbares, le substratum. […] Cette âme, cet Absolu, cette Réalité, qu’il les considère, suivant sa religion, comme Dieu personnel ou comme Conscience universelle, il s’efforce en tout cas, requis par l’Au-delà, de les imaginer, de les concevoir, de les appréhender derrière les formes illusoires de la nature visuelle. […] Or, plus profondément que tout autre, l’esthétique symboliste me semble plonger ses racines dans les contrées luxuriantes de la vie et puiser dans la vie même, telle que la science et la philosophie la conçoivent, la raison d’un essor éternellement jeune. […] Le mot ne peut se concevoir l’esclave ou le substitut de l’idée. […] À la lumière de ces généralités, que j’ai la fatuité de tenir pour intéressantes, parce que, suivant les solutions apportées au problème de la connaissance, non seulement l’esthétique, mais encore la psychologie et toutes les sciences morales prennent des positions différentes, — j’ai conçu cet Essai sur le Symbolisme.

340. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Note relative à l’article Villehardouin. » p. 527

En admettant même que cette perfection fût chose très fugitive et seulement approximative, que ce ne fût en quelque sorte qu’une velléité de perfection, il suffit qu’elle se rencontre ou se conçoive en cette période de Philippe Auguste à saint Louis pour que l’expression de jargonner ne soit plus à sa place et qu’il la faille retirer comme une injustice et une impertinence des époques modernes postérieures.

341. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 65-66

L’ingénu M. de Coulanges nous apprend encore qu’il a fait plus de dix mille vers en sa vie, & qu’à l’exception de quatre mille, qui composent son Recueil, tous les autres ont été la proie des flammes : « Sacrifice affreux, sans doute, pour un pere, s’écrie-t-il, de livrer ainsi au feu des enfans conçus avec tant de peine, & si tendrement aimés.

342. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 64-65

Ce Livre n’est pas tout-à-fait à la portée de la Jeunesse qu’on instruit dans les Colléges ; mais tout homme, accoutumé à concevoir & à réfléchir, y puisera de quoi s’instruire ; le Grammairien comme le Poëte, l’Orateur comme le Logicien, l’Historien comme le Philosophe.

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