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295. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Frédéric Mistral, nouvellement découvert, et dont le nom, beau comme un surnom, convient si bien à un poète de son pays, un homme né et resté dans la société qu’il chante, ayant le bonheur d’avoir les mœurs de ses héros et d’être un de ces poètes complets, dont la vie et l’imagination s’accordent, comme le fut Burns, le jaugeur. […] Les Lettrés qui demandent des langues toutes venues et complètes, pour que le Génie puisse fructueusement cohabiter avec elles, se rendent-ils bien compte de ce qui constitue une langue et de ce qui fait un patois ?

296. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 543

Malgré les attaques de ses Adversaires, on peut dire que cet Ouvrage est le plus méthodique, le plus utile, & le plus complet qui ait encore paru sur cette matiere ; il seroit beaucoup meilleur, si le style en étoit plus correct, plus égal, & moins diffus.

297. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 488

Le meilleur Traité & le plus complet que nous ayons dans notre Langue sur la Spiritualité & l’Immortalité de l’Ame, est le fruit du travail de ce Religieux.

298. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Mais ce succès populaire ne le satisfait pas : il veut s’élever, par un drame musical plus complet et plus tragique, jusqu’à ce point culminant de l’art où l’artiste, indifférent au jugement de la foule, parvient à se satisfaire lui-même : le succès dans l’élite, la popularité du petit nombre, voilà la popularité du génie. […] Je ne puis jamais penser sans jubilation et sans orgueil que ma seule persévérance et mon énergie furent en grande partie la cause à laquelle l’Europe et le monde durent la révélation complète des merveilleuses compositions musicales de cet incomparable génie. […] Après avoir ainsi traité tous les genres et parlé toutes les langues dans les œuvres diverses, Mozart se résume dans un effort suprême et nous donne, avec la partition de Don Juan, la plus complète expression de son génie. […] Chaque art y était d’autant plus complet qu’il était plus isolé et plus lui-même. […] Est-ce que la musique n’est pas une langue complète, une langue aussi expressive, une langue aussi génératrice d’idées, de passions, de sentiments, de fini et d’infini que la langue des mots ?

299. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Comme l’eau qui, chauffée à cent degrés, n’est plus capable d’augmentation calorique et ne peut s’élever plus haut, la pensée humaine atteint dans certains hommes sa complète intensité. […] C’est complet. […] Ajoutez à cela une merveilleuse intuition des faits intimes de l’esprit et une philosophie inépuisable en aspects qui semble posséder une carte nouvelle et complète du cœur humain. […] La sagesse est dans Homère et dans Job ; la raison, telle qu’elle doit être pour vaincre les préjugés, c’est-à-dire complète et armée en guerre, ne sera que dans Voltaire. […] L’un complète l’autre.

300. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Il est résulté de cette association une biographie complète du poète et même, comme on le dit aujourd’hui, une monographie de sa famille, et une édition qui se compose en partie d’une réimpression d’Œuvres choisies et en partie d’une impression toute nouvelle d’Œuvres posthumes. […] J’ai emprunté la plupart des détails qu’on vient de lire, et même des idées, à sa notice fort complète. […] Le Brun, le plus complet des modernes en ce genre, en a résumé, au reste, toute la théorie dans l’épigramme suivante : Le seul bon mot ne fait une épigramme ; Il faut encore savoir la façonner.

301. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Mais, pour que la trame soit complète, que de fils tendus dans tous les sens ! […] Ce tribut inévitable payé, elle est complète dans son genre. […] Dans un complet et très judicieux essai sur la princesse des Ursins (inséré dans la Revue des deux mondes du 15 septembre 1859), M. de Carné ne va pas tout à fait si loin ; il s’applique à réduire le rôle diplomatique que la princesse aurait joué dans le monde romain en ces années ; il n’y voit qu’une action purement officieuse et réclame contre l’induction de M. 

302. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Quoique le récit de Mme Lenormant soit net et spirituel, j’eusse préféré pourtant les lettres mêmes de Mme de Staël toutes seules, mises dans l’ordre des dates et complètes. […] Croit-on mettre la charité à couvert en ajoutant d’un air contenu : « Le secret de ses convictions intimes est resté entre Dieu et lui. » Non, c’était le cas de citer, si l’on voulait être complet, une autre lettre très explicite de Schlegel, qui ne saurait se séparer de la précédente, une lettre fort belle qu’il adressa plus de vingt-cinq ans après (le 13 août 1838) à la duchesse de Broglie qui ne cessait de le presser sur l’article de la foi, et dans laquelle il expose ses variations de sentiments, ses aspirations, sa crise morale et sa solution philosophique, ou, comme il le dit poétiquement, « ses erreurs d’Ulysse et son Ithaque ». […] M’appliquant, dans ces esquisses, à être aussi complet que possible, du moins par tout ce que j’y rapproche et que j’y rassemble, je veux indiquer encore une lettre écrite à Mme Sophie Gay par le marquis de Custine au sortit d’une soirée passée chez Mme de Staël dans son salon de Paris ; cette lettre est datée du 8 mars 1814, à deux heures du matin.

303. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Et je prendrai tout d’abord pour exemple cette Anthologie même qui paraît aujourd’hui traduite au complet : il y a certes du mélange dans ce nombre si considérable d’épigrammes ; mais, en général, et à n’en prendre que la meilleure partie, tous les érudits gens de goût en ont fait leur régal ; Grotius les a traduites, d’après le recueil de Planude, en vers latins élégants ; les poètes de tout pays s’en sont inspirés, et souvent une seule goutte de cette liqueur exquise, tombée dans leur coupe, a suffi pour aiguiser le breuvage. […] Egger : il les traite avec curiosité, netteté, et au complet, sans rien négliger, même d’accessoire et qui s’y rattache de plus ou moins près. […] Voici le titre complet : Du Progrès intellectuel dans l’Humanité ; Supériorité des Arts modernes sur les Arts anciens : — Poésie, — Sculpture, — Peinture, — Musique — par M. 

304. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Jésus-Christ est annoncé, il est attendu : il paraît que Le Dieu selon la Bible se complète, se corrige, s’attendrit, s’abaisse, s’humanise, se civilise, si j’ose dire, se met à la portée de tous les hommes et de toutes les races par le Dieu selon l’Évangile. […] Mais ce qui frappe au premier coup d’œil et ce dont ce laboratoire est l’emblème, c’est qu’à côté d’une chose sue il en est une autre ignorée encore et indéchiffrée, c’est le manque de complet, un effort multiple, incessant, une étude sans trêve et sans terme, et où la vie se consumera. […] Je suis plus complètement libéral que vous ne me faites, car je veux la complète liberté civile pour tous, la même pour mes adversaires que pour moi-même.

305. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Je lis, à ce propos, dans un ouvrage inédit, le passage suivant, qui revient à ma pensée et la complète : « Lamartine, assure-t-on, aime peu et n’estime guère André Chénier : cela se conçoit. […] Il nous introduit au boudoir de Glycère ; et la belle Amélie, et Rose à la danse nonchalante, et Julie au rire étincelant, arrivent à la fête ; l’orgie est complète et durera jusqu’au matin. […] Tous deux, complets en eux-mêmes et en leur lieu, nous laissent aujourd’hui quelque chose à désirer.

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