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521. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

L’historien n’a appuyé ni son regard, ni son jugement, sur ce Roi des ribauds, empoisonnant sa femme de ses maladies de débauche, jaloux de Bayard, foi mentie à Madrid, qui finit par s’allier avec le Turc contre la civilisation chrétienne, et, pour tout cela, il ne lui applique placidement que la phrase bonne fille de Tavannes : « Les dames plus que les ans lui causèrent la mort. […] Par amour de l’Église, il aurait violé l’unité de l’Église, troublé la hiérarchie chrétienne, et compromis, lui si croyant, jusqu’à la pureté de sa foi ! […] Mais la foi religieuse, la hiérarchie, l’unité de la société chrétienne, la prépondérance de la Papauté, le principe même du pouvoir sur la terre, toutes ces choses immenses alors et attaquées pour la première fois, que peut être ceci pour un esprit de ce moment du siècle, qui écrit après la Révolution française et qui l’a à son coude toujours ? […] C’est que, tel coup joué, et même tous les coups joués par Philippe II dans la politique de son temps, ont été mal joués ; — car il a perdu la partie, car le Catholicisme, la Papauté, le monde chrétien organisé pendant tant de siècles, sont maintenant perdus, et ce n’est plus avec ces sublimes enjeux qu’on recommencerait la partie ! […] C’est tout ce qui restait de l’antique foi chrétienne, de l’enthousiaste amour de Dieu épousé par le cœur ardent du Moyen Âge, demeuré fidèle jusqu’au grand Adultère de la Renaissance, dont le xvie  siècle fut un des bâtards.

522. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

C’est de la maternité aussi grossièrement, aussi païennement entendue, que ce poète, qui fut chrétien, qui a été élevé par une mère chrétienne, qui doit avoir, puisqu’il est poète, l’instinct du beau pour vibrer aux grandes et belles choses et à la maternité chrétienne telle qu’on la trouve souvent dans l’Histoire, c’est de cette espèce de maternité physiologique, incomplète et basse, qu’il a cru pouvoir faire sortir une palpitante et idéale tragédie ! […] En fait de mères chrétiennes, on y trouve, par exemple, Blanche de Cas-tille, — une sainte qui n’était pas qu’une femelle, qui avait mieux qu’un flair, et dont le fils, le roi saint Loys, n’était pas un petit ! […] En Bretagne, les mendiants ne sont point panthéistes, mais chrétiens ; ils ne s’agenouillent point devant les paysages, mais devant les calvaires.

523. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Le mysticisme chrétien, même si on le prend chez des esprits supérieurs, chez un Fénelon par exemple, en arrive toujours à l’abdication de la personne humaine. […] Voilà où en vient à ses derniers jours, sous l’inspiration évidente de la théologie chrétienne, un esprit qui a consumé sa vie à retrouver et à dégager la personnalité et la liberté humaines. […] Il faut donc que la pente soit irrésistible, puisque la méthode psychologique elle-même n’a pu arrêter le philosophe chrétien. […] C’est ce qu’a fait et fera le chrétien protestant, pour lequel les écritures ne sont qu’un texte toujours ouvert aux interprétations de la science et de la morale ; c’est ce que fait encore, quoique avec moins de liberté, le chrétien catholique soumis à l’autorité de l’Église.

524. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 252

Il a encore un mérite qui le distingue bien avantageusement de ses Confreres : plus occupé de la Morale chrétienne, que du Dogme & de la Controverse, il ne s'est jamais permis, contre le Pape & l'Eglise, aucune de ces déclamations puériles & indécentes, dont les Temples Protestans ont si souvent retenti.

525. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 273

Ses Sermons, imprimés plusieurs fois en six volumes in-12, ne le placent pas, à la vérité, parmi les Prédicateurs du premier ordre, mais fort au dessus de tous les Orateurs Chrétiens de nos jours.

526. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

En effet, la conscience est une lumière ; un moraliste est un psychologue ; la casuistique chrétienne est une sorte d’histoire naturelle de l’âme. […] Elle réprimande Lovelace quand il jure1063 ; une bonne chrétienne doit protester contre le scandale. […] Monsieur Square et monsieur Thwackum, vos tirades sur la vertu philosophique ou la vertu chrétienne sont des exercices de parole utiles pour digérer au dessert. […] Il est chrétien de cœur et de conscience, de raisonnement et de pratique. […] Non qu’il les déchaîne ; ce rude bourgeois dogmatique et chrétien manie plus vigoureusement qu’aucun de ses confrères le gros gourdin de la morale.

527. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Dans un monde encore chrétien, une culture païenne a fait de lui, comme des Italiens de la Renaissance, un pur païen ; et d’autres l’ont donc été avant lui, ou en même temps que lui, mais personne avec plus d’ampleur, de verve, — et de lyrisme même. […] Nous le comptons, avec raison, pour l’un de nos grands écrivains, et l’Institution chrétienne est un des beaux livres du xvie  siècle. […] C’est également ce que pensa Ronsard, heurté, choqué, blessé dans tous ses instincts d’art par ce sombre puritanisme ; et je me trompais tout à l’heure en disant que l’Institution chrétienne ne diffère d’aucun livre plus que du roman de Rabelais : elle diffère pour le moins autant des Sonnets à Cassandre, de l’Ode à l’Hospital et de l’Hymne de l’Or. […] Cette morale ne sera donc ni la morale chrétienne du détachement et du sacrifice, ni même la morale stoïcienne de l’effort : ce sera une morale « mondaine ». […] 3º Les Œuvres. — Les Trois Vérités contre les athées, idolâtres, juifs, hérétiques et schismatiques, Bordeaux, 1593 ; — Discours chrétiens de la Divinité, Création, Rédemption, Bordeaux ; — Traité de la sagesse, Bordeaux, 1601.

528. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 218-219

On jugera toujours par ses Vies des Solitaires d’Orient, ses Lettres spirituelles, la Comédienne convertie, la parfaite Religieuse, la Vierge chrétienne, &c. en un mot par tous ses Ouvrages, qu’il eût été capable de donner plus d’exactitude & plus de perfection à son style, s’il se fût autant occupé de sa réputation littéraire, que du désir de faire servir sa pieuse industrie à inspirer l’horreur du vice, l’amour de la Religion & de la vertu.

529. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Idéologues, Attiques et Chrétiens. […] Les Chrétiens. […] Chrétien convaincu, il s’était fait initier dans la franc-maçonnerie. […] si Byron était chrétien ! […] Bien, plus vaguement religieux que précisément chrétien, Lamartine a cependant atteint ici le point suprême de la poésie chrétienne, il l’a atteint devant la Croix et par la Croix.

530. (1929) La société des grands esprits

Et l’on voit naturellement des chrétiens. […] Observez, d’autre part, comme celui-ci méprise la notion d’unité divine — lui, si chrétien et si bon anglican ! […] Le merveilleux chrétien l’en fournissait suffisamment. […] Mais la seule qui l’explique est la religion chrétienne, par le péché originel. […] Tels sont pour Pascal les deux dogmes essentiels et tout le fonds chrétien.

531. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Desjardins que ce que j’appellerai les chrétiens sans mysticisme et sans théologie, les chrétiens qui ne croient pas à la divinité du Christ et qui ne sont pas très sûrs de la Divinité elle-même, les chrétiens qui ne voient dans le christianisme que la plus belle morale qui ait jamais existé et qui peut-être soit possible. […] Il veut surtout montrer qu’elle a été, plus ou moins nette, dans l’esprit de très grands personnages chrétiens. […] À ce point de vue encore il trouve des ancêtres, et particulièrement des ancêtres chrétiens, à Darwin et à H.  […] Comme auteur, chrétien élégant ; comme homme, chrétien docile, humble, soumis, je ne dis pas parfait chrétien ; mais chrétien vrai, selon la foi et par les œuvres. […] C’était, dans le sens absolu du mot, une âme chrétienne.

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