On ne saurait dire non plus que cette retraite, qui prive les listes semestrielles de la faculté des plus beaux noms qui les décoraient, soit « un malheur public pour la jeunesse des Écoles » qui n’entendra plus désormais ces voix éloquentes ; car il y a vingt-deux ans que ces illustres maîtres avaient cessé de professer, et qu’ils ne remplissaient plus leurs chaires que par leurs lieutenants. […] Mais, si disposés que nous soyons à saluer et à honorer ce qui cesse, n’oublions jamais cette loi supérieure des choses : pas un individu n’est essentiel ici-bas, pas une génération n’est indispensable ; la nature est féconde, et après les pertes les plus senties, et les plus irréparables ce semble, tout reprend bientôt et tout recommence. […] Aujourd’hui, s’ils ont cessé d’être professeurs titulaires, eux qui depuis longtemps n’étaient qu’honoraires en effet, ces trois hommes célèbres sont loin d’avoir renoncé aux lettres et aux travaux de l’esprit, et c’est ici, sous cette forme nouvelle, que j’aime à leur rendre hommage et à signaler tout ce qu’ils produisent, tout ce qu’on peut attendre d’eux encore. […] Guizot, depuis deux ans, n’a cessé, indépendamment de ses écrits historiques, de recueillir et de publier, en les revoyant, d’anciens morceaux très distingués15, qui vont former toute une bibliothèque morale et littéraire : Méditations et études morales ; — Études sur les beaux-arts en général ; — Shakespeare et son temps ; — Corneille et son temps.
Les démocrates modernes parlent sans cesse de la foi démocratique, de la religion démocratique. […] De plus, les lois y sont instables : on les change sans cesse, sans attendre même qu’elles aient produit leur effet ; les gouvernants n’y sont pas toujours les plus éclairés, ni même parfaitement honnêtes, parce qu’ils sont souvent besoigneux. […] Avec l’égalité, les manières perdent, il est vrai, de leur politesse ; la délicatesse, la distinction s’efface : en revanche les hommes se connaissent mieux, puisqu’ils sont sans cesse mêlés les uns aux autres. […] Quant aux inconvénients et aux vices de ces institutions, Tocqueville en signale un grand nombre, tels que l’instabilité des lois, l’infériorité de mérite dans les gouvernants, l’abus de l’uniformité, l’excès de la passion du bien-être ; mais le mal décisif et générateur, celui qui produit ou envenime tous les autres, et contre lequel les États démocratiques doivent sans cesse lutter, c’est la tendance à la tyrannie.
« Sîfrit attendit avec impatience que les chants eussent cessé. […] Ainsi cessez de pleurer. […] « — Certes, je ne les cesserai point, répondit la femme du roi. […] Tu cesseras de tenir ces discours que j’ai entendus de ta bouche. […] « On fit cesser partout les tournois.
Il prend plaisir à confronter sans cesse ses héros comme on rapproche deux silex pour voir quelles étincelles en jailliront. […] Constructeur à tout moment des caractères, le dialogue se substitue à l’analyse, mais pour faire son travail ; et en même temps il rend sans cesse une sonorité de réplique. […] Intelligence entraînée certes — et qui veille avec soin à sans cesse se maintenir telle —, mais plus encore dispose ; que l’appel du moment trouve invariablement à son poste et dont jamais cependant la réponse n’outrepasse. […] Oui, alors peut-être cesse-t-on d’être un homme, mais si à ce prix l’on redevient soi-même ? […] Rivière était l’un d’entre eux ; et c’est à cause de cela même qu’il lui fallait sans cesse mettre en avant son orgueil, le majorer, le démesurer151.
Si la propriété du langage est si fortement recommandée, c’est que par définition, et généralement, le mot propre est celui qui montre le mieux l’objet : là où il cesse de faire son office, où même il voile l’objet qu’il devrait montrer, au nom de cette même loi de propriété, il doit être repoussé : il cesse d’être, dans la circonstance, l’expression vraiment propre de l’objet.
Soit directement, soit dorénavant par les Romains, cette âme légère, cette étincelle (car il ne faut pas plus qu’une étincelle), cet atome igné et subtil de civilisation n’a cessé d’agir aux époques décisives pour donner la vie et le signal à des floraisons inattendues, à des renaissances. […] L’antiquité chrétienne, littérairement imparfaite, moralement supérieure, n’avait cessé d’être en ces siècles un véhicule actif et un trésor. […] alors l’équilibre entre les talents et le milieu, entre les esprits et le régime social, se trouverait rétabli ; on se retrouverait à l’unisson ; la lutte, la maladie morale cesseraient, et la littérature d’elle-même redeviendrait classique par les grandes lignes et par le fond (c’est l’essentiel) ; — non pas qu’on aurait plus de talent, plus de science, mais on aurait plus d’ordre, d’harmonie, de proportion, un noble but, et des moyens plus simples et plus de courage pour y arriver. […] Pour maintenir la tradition, il ne suffit point toutefois de la bien rattacher à ses monuments les plus élevés et les plus augustes ; il convient de la vérifier, de la contrôler sans cesse sur les points les plus rapprochés, de la rajeunir même, et de la tenir dans un rapport perpétuel avec ce qui est vivant. […] Il s’y remue sans cesse quelque chose à vue d’œil ; il s’y perce, comme dans nos vieilles villes, de longues et nouvelles perspectives qui changent les aspects les plus connus.
À de certains jours il laisse tomber sa plume d’anecdotier, dégoûté qu’il est de cette chasse ingrate : « Il y a plus d’un an », écrivait-il en juillet 1726 au président Bouhier, « que mes anecdotes ont cessé ; le goût m’en a passé, et je ne sais s’il reviendra. » Il ne lui revint que faiblement. […] Si on recueillait un a un ces premiers jugements de Marais sur Voltaire, il y aurait sans cesse à corriger ; il n’est pas sûr dans son pronostic ; il tâtonne. […] Mlle Le Couvreur tombe évanouie ; on la secourt ; la querelle cesse. […] Sénèques et Lucains du temps, apprenez à écrire et à penser dans ce poëme merveilleux qui fait la gloire de notre nation et votre honte. » Mais il se refuse bientôt à suivre le poète dans cette universalité de talents et d’emplois qu’il affecte ; « Il veut être à la fois poète épique, tragique, comique, satirique et, par-dessus cela, historien, et c’est trop. » Marais a cette idée mesquine et fausse, que j’ai vue à bien des esprits, d’ailleurs sensés et fins, en présence des poètes : « Il va, dit-il, épuiser son génie, et bientôt il n’y aura plus rien dans son sac » ; comme si le génie ou le talent naissant était un sac, et comme s’il n’était pas bien plutôt une source féconde qui s’entretient et qui se renouvelle sans cesse en se versant. […] Nous nous souvenons d’avoir vu quelque chose de tel, nous autres romantiques, dans la guerre contre les vieux classiques qui se disaient pourtant libéraux et qui en référaient sans cesse à l’autorité.
Elle continuait de vivre en présence de ces chères âmes absentes et disparues ; elle les invoquait sans cesse. […] Laisse faire le temps et Dieu, et ne cesse pas d’aimer ta triste sœur. » « (8 mars 1847)… Tu vois, mon ami, que je t’écris seulement aujourd’hui pour te dire d’attendre, et que je n’ai pas voulu retarder ma lettre jusqu’au moment où je pourrai y joindre un envoi d’argent. […] Martin (du Nord), ni ne cesserai de prier pour lui. […] Après soixante ans d’existence comme au premier jour, elle vit en présence des êtres chers qui entouraient et protégeaient son enfance, et dont elle n’a cessé de faire les témoins invisibles, les juges et les surveillants de sa vie : « (23 septembre 1847)… Tu réalises le pressentiment que j’ai toujours eu qu’un jour, du fond de ton humble malheur, tu entoureras ton nom de considération et d’estime. […] On consacre tous les jours de longues pages aux hommes soi-disant de puissance et d’action qui, bien souvent gouvernés eux-mêmes, passent pour avoir gouverné le monde, à ceux qui ont traité et souvent trafiqué des nations : pourquoi regarderait-on à quelques pages de plus ou de moins, quand il s’agit de ces êtres d’élite qui ont habité et véritablement régné dans la sphère spirituelle, dans le monde du cœur, et qui n’ont cessé toute leur vie de cultiver et de cueillir la fleur des meilleurs sentiments ; êtres innocents et brisés, mais qui parlent par leurs blessures et qui apprennent ou rappellent de douces choses, — ou des choses amères, exprimées avec douceur, — aux hommes leurs semblables ?
Voici les réponses que nous avons reçues : Jules Bertaut 1º Ce qui manque le plus à une époque très productive comme la nôtre, c’est moins un Sainte-Beuve qu’un Faguet, moins un grand écrivain capable de juger le passé avec toutes ses finesses et de le reconstituer dans tous ses détails qu’un esprit très clair, toujours averti et sans préjugé de confession religieuse ou d’opinions politiques, qui débrouille sans cesse le chaos du présent. […] D’autres enfin, qui seraient consciencieux, sincères et ne demanderaient qu’à prendre leur travail au sérieux, sont gênés sans cesse par l’attitude du directeur qui gouverne l’organe où ils écrivent. Non seulement notre époque ne favoriserait pas le labeur d’un Sainte-Beuve, mais elle le contrarierait sans cesse. […] Aujourd’hui ce sont les principes qui sont en question, et la critique est sans cesse obligée de se poser des problèmes de vérité, de bienfaisance, d’opportunité : elle doit devenir, bon gré mal gré, morale et politique. […] Mais quand ce philosophe ajoute : « Aujourd’hui ce sont les principes qui sont en question, et la critique est sans cesse obligée de se poser des problèmes de vérité, de bienfaisance, d’opportunité : elle doit devenir, bon gré mal gré, morale et politique », plus d’un, sans doute, fronce les sourcils ou lève les bras au ciel.
Pour moi, qui n’admire Montesquieu que pour les lumières que j’en reçois, là où ce grand esprit pose la question en me laissant la charge de la résoudre, je cesse de l’admirer. […] Par tous les chefs-d’œuvre en tous genres le lecteur est sans cesse ramené sur lui-même. […] Avoir sans cesse en vue le public, ne penser à soi qu’après tous les autres, composer, c’est-à-dire s’ajuster à l’esprit d’autrui, sacrifier des idées, ranger celles qu’on choisit, ménager les transitions, non de rhétorique, mais de logique, voilà l’art au dix-septième siècle, et l’art ainsi appliqué est du dévouement. […] Depuis lors, cette action bienfaisante de l’Esprit des lois n’a pas cessé. […] Evêques, moines, en commerce continuel de méditation et d’extase avec le mystère, est-ce qu’ils cessent pour cela de communiquer avec le monde ?
On assure qu’il ne cessa de concourir incognito pour les prix de poésie de l’Académie française jusqu’à l’époque où il en fut. […] On aurait dit qu’il se chicanait sans cesse, qu’il était en altercation avec je ne sais qui du dedans. […] De plus, il trouvait à l’Abbaye-au-Bois tout ce luxe, ce superflu de l’esprit, chose si nécessaire, et en même temps le lien souverain d’affection qui le ramenait sans cesse et qui donnait une limite à ses écarts. […] J’étais dans une complète illusion, née de celle du cher malade avec lequel je n’avais cessé de correspondre que lors des accidents du mois de janvier, et alors une lettre de M. […] J’arrivais ainsi lundi de la semaine dernière à Marseille, quand un journal m’a appris que l’avant-veille il avait cessé de vivre. — J’ai d’abord été comme fou de douleur et de stupeur.