L’Interesse, par la complication de l’intrigue et par le caractère des personnages, formait un excellent canevas pour la commedia dell’arte. […] Ce qui est certain, c’est que Molière diversifia ensuite le costume autant que le caractère du rôle : il devait faire paraître encore Sganarelle dans cinq comédies, à savoir : L’École des maris, Le Mariage forcé, Le Festin de Pierre, L’Amour médecin et Le Médecin malgré lui ; nous le montrer successivement tuteur d’Isabelle, futur époux de Dorimène, valet de Dom Juan, père de Lucinde, fagotier. […] Mais de même que, dans toutes ces diverses situations, Sganarelle conserve quelque trait de son caractère et de sa physionomie, il est probable qu’il gardait toujours dans son costume quelque chose qui rappelait le type originel, tant la tradition avait de puissance dans ce domaine où l’on serait tenté de croire que la fantaisie était souveraine absolue.
L’histoire des lettres françaises doit être sévère pour ce poète dont le caractère gâta le talent, et dont la vie offre, entre autres scandales, celui d’un auteur de poésies sacrées qui n’a tout son talent que dans l’épigramme licencieuse. […] Prenons la maîtresse pièce du poème épique, les caractères. […] Aimer ses amis, c’est le trait qui achève le caractère de l’homme de bien.
Bourget pour avoir tendu à dénaturer ainsi le caractère du roman, il serait injuste néanmoins de ne pas lui savoir tenir compte de cette circonstance, qu’il a su faire qu’on en prit son parti, à son égard, non sans plaisir ; sans compter qu’il n’aurait pas trouvé différemment l’occasion de ces formules, dont on doit dire que le nombre est grand, parmi elles, qui pourrait servir à un recueil de pensées détachées d’une saveur unique. […] Et, d’autre part, si le droit reste en quelque sorte acquis à la critique d’incriminer une évolution dans un genre bien délimité, quand il doit en résulter pour celui-ci une inadmissible altération de caractère, il n’y a pas moins loin d’une telle mesure générale au radicalisme littéraire, qui voudrait aller jusqu’à imposer une casuistique rigoureuse aux formes génériques de l’expression. […] Bourget un être particulier, il suffirait d’observer, pour s’en convaincre, que, doué d’un tempérament contemplatif, il n’a été agissant que par entraînement et sous la tyrannie d’un inachèvement fatal de caractère.
Madame Gros fait à ce sujet une réflexion que nous recommandons à ceux qui s’occupent, dans la philosophie de l’histoire, du chapitre important : « Comment le brigand devient gendarme. » « En général, dit madame Gros, ils se communiquent leurs qualités nouvelles, au besoin par des voies de fait, en faveur du bon ordre. » Walch est évidemment un des naufragés dont le sauvetage a laissé le plus profond souvenir dans le cœur de madame Gros, « Il avait quinze ans ; carrure, tournure, visage, crinière, regard, caractère, le tout représentant à merveille le lion du désert dans sa force sauvage. » Quatre années l’avaient à peine apprivoisé, lorsqu’un jour une dame vient à l’école avec une rose rouge jetée coquettement sur un chapeau de velours noir. — Voyez, Mesdames, comme il faut peu de chose pour ramener l’homme à la vertu ! […] Toujours vêtue de deuil, le visage pâle et amaigri par la tristesse, mademoiselle Gagny représente admirablement parmi nous la dignité, la résignation qui ont porté si haut devant leurs sœurs de France le caractère des femmes d’Alsace-Lorraine. […] Sa conduite exemplaire, sa bonne tenue, sa modestie, son caractère enjoué et sérieux à la fois la firent chérir. » Elle arriva à une position qu’elle envisagea comme de l’aisance.
. — Caractère archaïque de son génie. — Style monumental de ses tragédies. — La religion d’Eschyle. — Son langage et ses images. […] La variété des situations, l’animation de la scène, le développement des caractères, les surprises de l’intérêt, la complication des péripéties lui restent volontairement inconnues. […] Ce qui donne encore à la tragédie d’Eschyle sa physionomie étonnante, c’est le caractère de sa religion plus profonde et plus mystérieuse que celle de son temps.
Suivent quelques autres traits que je relève comme tenant au ton de l’homme et au caractère : Vous avez l’âme bonne à l’égard de Dieu, et vous êtes pieux sans être fort dévot. […] Nous touchons ici à l’un des traits essentiels du caractère de Huet, et qui explique toute sa nature, nature forte, persistante et puissante, bien que trop indifférente et impassible. […] Quand il fut revêtu d’un caractère sacré, il s’attacha à disposer sa vie dans un parfait accord avec ses nouveaux devoirs.
Mais il en est arrivé comme l’avait prédit son ami Caraccioli, lequel disait que l’abbé resterait deux mois dans ce pays, qu’il n’y aurait à parler que pour lui, qu’il ne permettrait pas à un Anglais de placer une syllabe, et qu’à son retour il donnerait le caractère de la nation et pour tout le reste de sa vie, comme s’il n’avait connu et étudié que cela. […] À l’occasion d’une exposition au Louvre et de je ne sais quelle critique qu’on en avait faite : Je remarque, dit-il, que le caractère dominant des Français perce toujours. […] répondrai-je dans la même forme et avec le même appareil, si vous ouvrez les Mémoires de l’abbé Morellet (Paris, 1821, 2 vol. in-8º), à la page 131 et suiv. du tome I, vous lisez précisément tout au long et en très gros caractères le conte même que j’ai cité.
Ce caractère d’Antoine est faible, disparate, et n’est pas suffisamment posé ni expliqué. […] Je ne vais pas suivre la pièce dans la composition ni dans les caractères. […] … à son caractère ?
Son père, Gaston, duc d’Orléans, doué de mille qualités de l’esprit, et de pas une de celles qui tiennent au cœur et au caractère, était l’âme de toutes les intrigues politiques dirigées contre Richelieu, et compromettait sans cesse des serviteurs et des amis, qu’ensuite il abandonnait. […] La prison avait fait sortir tous les défauts de caractère et de cœur qu’il avait su cacher dans ses beaux jours. […] Ce qui manque à sa vie, à son caractère comme à son esprit, c’est le goût, c’est la grâce, c’est la justesse, ce qui devait précisément marquer la belle époque de Louis XIV.
Sa conclusion, qu’elle ne donne encore qu’avec réserve (car en telle matière qui touche la diversité des esprits, il ne saurait y avoir de loi universelle), sa conclusion, dis-je, est qu’en demandant plus de savoir aux femmes qu’elles n’en ont, elle ne veut pourtant jamais qu’elles agissent ni qu’elles parlent en savantes : Je veux donc bien qu’on puisse dire d’une personne de mon sexe qu’elle sait cent choses dont elle ne se vante pas, qu’elle a l’esprit fort éclairé, qu’elle connaît finement les beaux ouvrages, qu’elle parle bien, qu’elle écrit juste et qu’elle sait le monde ; mais je ne veux pas qu’on puisse dire d’elle : C’est une femme savante ; car ces deux caractères sont si différents, qu’ils ne se ressemblent même point. […] De plus, presque tous les personnages qui figuraient dans les romans de Mlle de Scudéry étaient des vivants et des contemporains dont on savait les noms, dont on reconnaissait les portraits et les caractères, depuis le Grand Cyrus dans lequel on voulait voir le Grand Condé, jusqu’à Doralise qui était Mlle Robineau. […] Vous ne sauriez croire, dit Tallemant, combien les dames sont aises d’être dans ses romans, ou, pour mieux dire, qu’on y voie leurs portraits ; car il n’y faut chercher que le caractère des personnes, leurs actions n’y sont point du tout.
Mais ces rapports, que je ne fais qu’indiquer, se dessineront mieux par une étude précise des deux caractères ; aujourd’hui je veux simplement montrer ce qu’étaient au juste Mme de Lambert et son monde. […] Il est certain qu’elle a bien fait la moitié de nos académiciens actuels. » Cette influence des salons sur l’Académie française, et l’importance que reprend cette compagnie, sont un des caractères propres qui signalent l’avènement du xviiie siècle. […] Fontenelle en fut de très bonne heure ; son influence croissante, combinée à celle de La Motte et des autres amis de Mme de Lambert, contribua à donner à l’Académie française quelque chose de ce caractère philosophique qui allait y devenir très sensible durant le xviiie siècle, et y relever ce que le rôle grammatical ou purement littéraire aurait eu désormais d’insuffisant.