Les arts plastiques sont des arts où la beauté seule de l’exécution est le but. […] Il faut qu’il ait un but en dehors de lui. Quel sera ce but ? […] Ce n’est donc pas littéralement un but qu’il faut recommander à l’artiste de poursuivre, c’est un but qu’il faut souhaiter que l’artiste atteigne sans l’avoir formellement poursuivi. […] Les arts plastiques pourront n’avoir aucun but extérieur à eux.
Celui des Mois a d'ailleurs d'autres défauts ; on y rencontre des longueurs, des Vers parasites, sans harmonie, hérissés de mots barbares ; il est plein d'incorrections, de césures bizarres, d'enjambemens forcés ; le plan en est vague, le but indéterminé, la marche inégale & par bonds, le style sec & décousu.
La célébrité pendant la vie est un but honnête, & le plus digne prix des bons Ouvrages. […] Elle a pour titre, Problême Littéraire, & pour but, de prouver que les meilleurs Morceaux des Trois Siecles sont de la façon d’un Vicaire de Paroisse, nommé Martin, mort il y a environ deux ans, avec lequel j’ai été long-temps lié de l’amitié la plus étroite. […] Le but de son imputation étant sans doute de m’humilier, il est de son intérêt de la fortifier au moins de l’autorité d’un Homme de bien. […] Cette Brochure, sans doute oubliée, avoit pour titre, Problême Littéraire, & pour but de prouver que les Articles les moins foibles des Trois Siecles sont de la façon d'un Vicaire de Paroisse, mort fou il y a trois ans, & qui n'a pas laissé seulement un Prône digne d'être imprimé. […] Son but étoit de la porter à solliciter des ordres contre ma liberté, sous prétexte que les hommes que je décriois étoient des hommes de génie & la gloire du Génie François.
Il y a encore des poètes, mais la poésie se meurt ; elle languit dans l’ingénieuse et stérile industrie du vers orné, ciselé et vide, ou dans l’exubérante fécondité de la description sans autre but et sans autre objet qu’elle-même, dans la mignardise de petits tableaux de genre où elle se tourmente à faire de la grâce, ou dans l’exaltation factice de passions imitées plutôt que ressenties. […] Ce cri ne marque pas seulement une étape franchie, une arrivée triomphante à un but : il porte le pressentiment de nouvelles luttes contre l’inconnu. […] Tout vivant n’a qu’un but : persévérer à vivre ; Même à travers ses maux, il y trouve plaisir ; Esclave de ce but qu’il n’eut point à choisir, Il voue entièrement sa force à le poursuivre. […] Semble aspirer au but que leur montre son geste, Et par son attitude altière leur atteste L’effort colossal des aînés : L’homme, en levant un front que le soleil éclaire, Rend par là témoignage au labeur séculaire Des races qu’il prime aujourd’hui ; Et son globe natal ne peut lui faire honte.
Schlegel, lui rappelle d’avance le but nécessaire de l’art, et assigne la beauté pour limite à l’émotion. […] « L’art trop humain, trop réel reste en deçà de son but. […] Il fallait oser dire : Non, le but de l’art n’est pas de reproduire la nature ; car Daguerre serait le premier des peintres ; c’est d’émouvoir l’âme en l’agrandissant. Si l’émotion qui ennoblit est le but, n’acceptez que ce qui la sert, repoussez ce qui l’entrave. […] « Si l’on accorde à l’art la haute mission de représenter le vrai dans une image sensible, il ne faut pas soutenir qu’il n’a pas son but en lui-même, etc. » Hegel, Esth.
Avec les talens qu'il paroît avoir, il eût pu choisir un autre genre que celui auquel il s'est attaché ; mais enfin ses petits Romans, connus sous le nom de Nouvelles, ont un but honnête ; la morale y est mise en action avec intelligence, avec sensibilité, & c'en est assez pour le justifier d'y avoir consacré son temps.
Il a pour titre : Les Gasconismes corrigés ; & pour but, de redresser les Habitans d’au delà de la Loire, sur une infinité d’expressions & de tournures vicieuses qu’ils emploient, sans se douter qu’elles le soient.
Tel est le titre modeste d’un Ouvrage profond & très-bien discuté, dont le but est de faire connoître le nombre & la qualité des sons, & les diverses articulations qui sont en usage dans notre Langue ; aussi bien que leurs relations avec les signes qu’on emploie pour les représenter sur le papier.
Accoutumé de bonne heure à l’étude et à la méditation, possédant parfaitement la langue du pays, animé par un but fixe et une ambition réglée, jeune et peut-être plus avancé qu’un autre à mon âge, riche d’ailleurs, très-riche pour ce pays-là, voilà bien des Avantages. […] Mais il a un but, et il y va assez simplement ; c’est ce qui m’y attache. […] Cette conversation est si forte et si soutenue, que je demanderai bientôt une autre chambre, s’ils ne se taisent… Heaven knows I do not envy their pleasures, but I wish they would leave… 135. […] Il était temps, on le voit, que la politique vînt jeter quelque variété et quelque ressource, susciter un but, même factice, à travers ces misères obscures où il se consumait. […] Je ne comprends ni le but, ni l’architecte, ni le peintre, ni les figures de cette lanterne magique dont j’ai l’honneur de faire partie.
Mais, n’avons-nous pas depuis tantôt vingt ans, un art qui renie systématiquement l’Idéal, qui fait de la description matérielle son but immédiat, remplace l’étude de l’âme par la sensation, se racornit dans le détail et l’anecdote, s’inébrie de platitude et de vulgarité ? […] Oui, ils sont les dignes fils de ce grand et noble poète tant bafoué et calomnié de son vivant, et si mal connu encore à cette heure ; de ce pur artiste qui écrivait : « … La poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’elle-même ; elle ne peut pas en avoir d’autre et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème. » Et, en remontant jusqu’aux premières années du siècle, on trouverait un autre ancêtre, Alfred de Vigny, l’auteur de Moïse, de La Colère de Samson, de La Maison du berger et de ce délicieux mystère où … les rêves pieux et les saintes louanges, Et tous les anges purs et tous les grands archanges… chantent sur leurs harpes d’or la naissance d’Éloa, cette ange charmante née d’une larme de Jésus. […] * * * Ennemie de l’enseignement, de la déclamation, de la fausse sensibilité, de la description objective, la poésie symboliste cherche : à vêtir l’Idée d’une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l’Idée, demeurerait sujette. […] Par moments, des volontés individuelles se manifestent ; elles s’attirent, s’agglomèrent, se généralisent pour un but qui, atteint ou manqué, les disperse en leurs éléments primitifs. — Tantôt de mythiques phantasmes évoqués, depuis l’antique Démogorgôn jusques à Bélial, depuis les Kabires jusques aux Nigromans, apparaissent fastueusement atournés sur le roc de Caliban ou par la forêt de Titania aux modes mixolydiens des barbitons et des octocordes.
Il faudrait aussi admettre que Wagner fût allé à l’encontre de ses propres théories : « Dans le drame c’est par le sentiment que nous percevons… un sujet dramatique qui ferait appel tour à tour à l’intelligence et au sentiment serait un sujet sans cohésion, brouillé… le drame n’a qu’un seul but, agir sur le sentiment (IV, 97, 246, 253)… dorénavant deux chemins seulement s’ouvrent à la poésie ; ou bien elle peut quitter son domaine pour celui de l’abstraction, devenir philosophie, ou bien elle se confondra avec la musique… le langage de la musique ne peut être interprété selon les lois de la musique (VII, 150)… etc. » On pourrait m’objecter que dans ce cas spécial Wagner a oublié ces théories si clairement énoncées, si nous ne trouvions, dans ses propres œuvres, une preuve concluante du danger qu’il y a à vouloir voir des intentions philosophiques là où il n’y a qu’une œuvre d’art. […] Qu’on me permette, pour terminer, de citer cette phrase de Schopenhauer : « Il est aussi indigne que sot de vouloir expliquer les poèmes… en les réduisant à être l’expression d’une vérité abstraite, et en prétendant que la démonstration de cette vérité était leur but. » Dans un prochain article, je montrerai quelles sont les circonstances qui ont plus spécialement influencé Wagner pour la création de Tristan et Isolde 7. […] Lohengrin est un chevalier errant qui passe par hasard à Anvers, en Brabant, vers le onzième siècle, au moment où la fille d’un prince de ce pays, qui passe pour mort, est accusée d’avoir fait disparaître son jeune frère dans le but d’obtenir l’héritage du trône en faveur d’un amant inconnu. […] C’était le but, au moyen-âge, de toutes les expéditions aventureuses, comme à l’époque des anciens, la Toison d’or et aujourd’hui la Californie.