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201. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

L’acte du poète est intérieur à son chant ; le but de son chant n’est pas l’acte, mais son chant même. […] la beauté, but premier, risquera fort de s’effacer bientôt pour eux, devant les clartés éclatantes de la réalité et de la vérité ! […] Mais aucun des deux n’est préoccupé avant tout de ce qui fait pour moi le but de l’Art, à savoir : la beauté.

202. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

La méthode que pratiqua Sainte-Beuve et le but qu’il poursuivit sont indiqués suffisamment dans un article sur Chateaubriand jugé par un ami intime, dans le tome III des Nouveaux Lundis. […] En termes plus brefs, l’esthopsychologie n’a pas pour but de fixer le mérite des œuvres d’art et des moyens généraux par lesquels elles sont produites ; c’est là la tâche de l’esthétique pure et de la critique littéraire. Elle n’a pas pour objet d’envisager l’œuvre d’art dans son essence, son but, son évolution, en elle-même ; mais uniquement au point de vue des relations qui unissent ses particularités à certaines particularités psychologiques et sociales, comme révélatrice de certaines âmes ; l’esthopsychologie est la science de l’œuvre d’art en tant que signe.

203. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Quand on voit des choses si nouvelles, on est donc en droit de se demander quel but le P.  […] Est-ce réellement et sans arrière-pensée un but de fidélité historique et de docte impartialité ? […] Qu’on ouvre où l’on voudra les pages passionnées et souvent irritées qu’il nous donne pour une histoire, et qui ne sont qu’une plaidoirie, et on doutera malgré soi du but purement et uniquement historique de l’auteur.

204. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Fontenelle, d’Alembert, De Boze, Fréret, Vicq-d’Azyr et Condorcet, ont davantage approché dans leurs Éloges du but tel que je l’entends. […] Bien qu’écrits dans le but d’être rassemblés, ces morceaux qui ont paru successivement, gardent trace, en plus d’un endroit, de circonstances et de dispositions qui se sont modifiées et ils offrent ainsi de légers désaccords.

205. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

Mme de Staël risque celle-ci : « Tout ce qui concerne l’exercice de la pensée dans les écrits, les sciences physiques exceptées » ; et Schlegel : « Tous les arts et toutes les sciences, ainsi que toutes les créations et toutes les productions qui ont pour objet la vie et l’homme lui-même, mais qui, sans avoir aucun acte extérieur pour but, n’agissent que par la pensée et le langage et ne se manifestent qu’à l’aide de la parole et de l’écriture. » Cette définition encyclopédique est peut-être juste, mais, si elle définit quelque chose, elle exprime que la littérature embrasse tout ce qui s’écrit, car où serait la démarcation ? […] L’homme qui rédige sa pensée, qui use du moyen de publicité dit écriture, ne peut avoir pour but que : 1º le beau : il cherche à faire œuvre d’artiste ; 2º le vrai : il cherche à faire œuvre de savant ; 3º l’agréable (et l’utile, qui est l’agréable en expectative), et il fait œuvre d’industriel.

206. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

Nulle révolution, en effet, n’est encore sortie de ces dîners, vaillamment fondés dans un but d’excitation à la révolte contre la bêtise contemporaine, et pour ressusciter, dans sa jolie gloire, ce qu’on appelait autrefois l’esprit français. […] Mais enfin, nous le demandons, ces dîners, entrepris dans un but un peu coquet, peut-être un peu fat, de dévouement à l’esprit français, ont-ils abouti… littérairement ?

207. (1891) Esquisses contemporaines

Là est leur but, que là aussi soit leur excuse. […] Toutes ces fourmis poursuivant des buts particuliers vous font sourire. […] Le Jésus des paraboles lui eût enseigné la nature, sa signification, son but et sa réalité. […] Car le but des lignes suivantes est de chercher une solution au problème que la vie d’Edmond Scherer place devant la pensée chrétienne, ou, si l’on veut, de tenter dans un but apologétique ce qu’a fait M.  […] et, si elle avance, vers quel but gravite-t-elle ?

208. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Les programmes de 1902, dont il s’agit, ont été conçus dans le but de préparer le petit Français « à la vie moderne ». […] Le but n’est-il pas idéal et supérieur à toute « politique » ? […] Le but que vous poursuivez est idéal et supérieur à la politique, oui. […] Il me semble incroyable qu’on puisse songer sérieusement à entraver par des objections de politique un but aussi nécessaire, aussi national. […] Toute une année, j’ai entendu l’un d’eux donner ainsi le signal de la fin du cours : « Rangez vos affaires. » Un autre de ces dignes agrégés allait même jusqu’à user familièrement de cette locution bouffonne : « Dans le but de ».

209. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Cette modification avait pour but — sans rien changer à l’esprit général et à l’organisation pratique de l’Association — de donner à l’Association un caractère légal qui lui permît d’établir ensuite une « Fondation-Wagner » et de recevoir des legs. […] Levi et Mottl se sont faits les fidèles ouvriers de cette terrible besogne, et, à force de soins, sont arrivés à ce simple et unique but, faire entendre la partition du maître ; aussi quelle merveille, quand monte de cet orchestre, le grand, le seul personnage du drame, l’essence profonde et totale de la pensée wagnérienne. […] Le but de ces lignes est, simplement, de faire un peu mieux connaître Parsifal, en rassemblant les données historiques et critiques précises qui se rapportent à ce drame, et qui sont propres à en éclairer la signification. […] Ainsi, vous vous voyez — peut-être pour la première fois de votre vie d’artistes, — appelés à vouer vos forces à un but idéal d’art, c’est-à-dire à montrer au public allemand ce dont l’Allemand est capable en son art, et en même temps à montrer aux étrangers, desquels nous avons vécu jusqu’à présent, une chose qu’ils ne pourront pas imiter. […] Bulthaupt) ; but et fin (M. 

210. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Georges Servières vient de nous donner des documents qui permettent de se rendre compte du mouvement wagnérien ; quoi qu’aucune critique n’ait présidé au classement des matériaux et que ce livre eût besoin d’être refait avec la préoccupation de grouper les différents mouvements des esprits sous quelques influences générales, on peut dès à présent tirer de la lecture de ce catalogue chronologique cette conclusion que, pas plus chez les défenseurs de Wagner que chez ses ennemis, il n’y a eu aucun effort sérieux pour comprendre son œuvre et le but qu’il poursuivait. […] Dans la lettre intitulée « Zukunftsmusik » n (tome VII, p. 125), qu’il adressait à un ami de France, Wagner expose comment il fut amené à concevoir l’œuvre qu’il devait réaliser ensuite. « L’artiste, dit-il, se voit parfois forcé d’employer, pour exprimer ses idées, un organe destiné, dès l’origine, à des buts différents du sien. […] Alors sera atteint le but que Wagner disait à Berlioz, lequel n’y a rien compris : « Mon but était de montrer la possibilité de produire une œuvre d’art, dans laquelle ce que l’esprit humain peut concevoir de plus profond et de plus élevé fût accessible à l’intelligence la plus ordinaire, sans qu’il fut besoin de la réflexion ni des explications de la critique et c’est cet essai que j’intitulai l’œuvre d’art de l’avenir. […] Cette condition est manifestement cherchée, et le but est parfaitement atteint, comme chacun a pu en faire l’expérience.

211. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Le but dernier de la connaissance est l’adaptation, et nous appelons vérité l’adaptation précise. […] On s’étonnera peut-être d’apprendre que saint Thomas d’Aquin, Duns Scott, Telesio, Vanini ne sont point nommés ; mais si l’on se rappelle que le but de l’auteur est surtout critique et dogmatique, on en sera moins surpris. […] Fonder la méthode déductive sur la base de la conscience : tel fut son but. […] Elle est morte et devait mourir, car elle n’avait ni but, ni vraie méthode. […] La phrénologie ou crânioscopie avait ce but ; elle assignait chaque partie de la masse cérébrale, comme siège, à une faculté particulière.

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