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620. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Quand de si peu de mots la France avoit l’usage C’étoit être savant que d’avoir du langage Rien ne se peut former et polir à la fois ; Il faut beaucoup de mots pour en faire le choix. […] Après Ronsard, qui avait dû remuer beaucoup de mots, Desportes vint faire un choix, dégager la langue poétique de ce pêle-mêle de toutes les langues, donner des règles enfin, sinon la règle même du langage, comme Desyveteaux l’en loue. […] Par vices, je n’entends pas ces violents excès, ces fautes grossières qui sautent aux yeux de tous, comme il en échappe tant à Ronsard parmi beaucoup de choses d’une franche verve et de bon aloi.

621. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Dans tous les deux je remarque un jugement plus ferme et plus sûr qu’étendu ; un esprit net et droit plutôt que vaste ; trop peu de cette sensibilité qui vient d‘une âme que les passions ont remuée, mais beaucoup de facilité à prendre feu sur les ouvrages de l’esprit. […] Soit esprit de corps, soit que le jeune feuillant n’eût été que le prête-nom de sa jalousie, il répondit à l’Apologie par des lettres qui, parmi beaucoup de critiques passionnées ou puériles, exprimaient les vrais principes et donnaient les vraies raisons du refroidissement qui suivit le premier enthousiasme pour les écrits de Balzac. […] On pourrait reconnaître, dans la Relation à Ménandre, de grands traits de mélancolie, que Pascal semble avoir recueillis et placés en meilleur lieu ; dans la fameuse lettre sur Rome, et dans beaucoup de pensées de religion, la hardiesse et la pompe solide de Bossuet ; dans Aristippe et le Prince, des portraits que La Bruyère n’a fait que retourner.

622. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

L’École écossaise228 est sommairement traitée : quoique sa psychologie contienne beaucoup de choses qu’on y peut étudier, elle est entièrement morte comme doctrine. […] « Certes, s’il avait considéré réellement la pensée comme une sécrétion, l’erreur eût été monstrueuse et les clameurs élevées contre lui auraient été justifiables. » Mais la vérité c’est qu’il n’a eu, comme beaucoup de biologistes et psychologistes, que des idées obscures sur la fonction231. […] On connaissait beaucoup de faits comme ceux-ci : un mal de dent qui disparait quand on entre chez le dentiste ; prendre de l’eau en s’imaginant que c’est de l’émétique, et vomir, etc.

623. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

On en trouverait cinq, on en trouverait six, on en trouverait davantage, mais il ne faut pas multiplier les espèces, comme disaient nos pères avec beaucoup de raison, en philosophie ; il ne faut pas non plus multiplier les classifications ; et je crois qu’il suffit, pour la clarté, de partager les fables de La Fontaine en quatre catégories. […] Il y a beaucoup de fables qui sont ainsi, où le caractère des animaux disparaît à cause du caractère particulier que La Fontaine leur attribue, parce qu’il songe à un homme et non pas à un animal  Et puis ailleurs il y a des fables — assez nombreuses aussi — zoologiques encore, où l’animal est bien peint pour lui-même, selon la physionomie que La Fontaine a découverte en lui, a cru voir en lui ; et c’est là le vrai La Fontaine ; j’exagère, le La Fontaine le plus intéressant, parce que c’est le La Fontaine qui fait faire un pas et un très grand pas à la fable en en faisant non pas seulement une peinture de l’humanité sous différents masques, mais une peinture de l’humanité inférieure, si vous me permettez le mot, une peinture de l’animalité, avec les traits véritablement caractéristiques et utiles à connaître qu’elle peut avoir. […] » D’abord tous les défauts que La Fontaine déclare avoir attribués aux animaux sont plutôt des défauts d’hommes, vous le voyez : j’ai mis là dans mes fables beaucoup de tyrans de trompés, de cruels, Mainte imprudente pécore, Force sots, force flatteurs.

624. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

En somme, ce qu’on peut dire des deux volumes de voyages de Fromentin, c’est qu’ils sont d’une exacte vision ; modernes par le procédé de style ; qu’ils renferment quelques belles pages, mais aussi beaucoup de passages et de chapitres même où la distinction de la forme cache mal l’absence de mouvement, de vie et de large humanité. […] Lorsqu’on achève de le lire, et surtout de le relire, l’impression qui domine, c’est, avec beaucoup de sympathie pour l’auteur et d’admiration pour le livre, une sorte d’indignation contre ceux qui, en 1862, n’ont pas compris et n’ont pas aimé Dominique. […] La justification de la peinture d’imagination, l’affranchissement du peintre qui peut se dégager du modèle, et qui n’est pas esclave de la nature, mais son maître, tout est là… ou du moins beaucoup de choses… Mais il faut que je vous quitte, Fromentin, maître !

625. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

On compte même parmi les Romanciers de cette capitale du monde, beaucoup de ses principaux personnages : des Préteurs, des Pro-Consuls, des Consuls, & même des Empereurs. […] Il fit, tout à la fois, preuve de beaucoup de jugement & de beaucoup de génie.

626. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Mêlés par le commerce, le partage de la milice, le service public des princes, à toute la vie du peuple conquérant, ils adoptèrent des idées, des systèmes de philosophie qu’ils exposèrent à leur tour dans la langue nouvelle dont ils se servaient pour l’exercice même de leur culte : ainsi, beaucoup de leurs croyances durent se répandre autour d’eux et se communiquer au dehors. […] Bien auparavant, Homère avait réfléchi dans ses vers ce même feu d’Orient ; et l’analogie de beaucoup de ses images avec celles de l’Ancien Testament est plus orientale que directement hébraïque. […] « Nous lisons, dit-il encore, chez Théocrite155, une très élégante idylle sur les noces de Ménélas et d’Hélène, où vous trouverez beaucoup de choses venues des mœurs antiques dans celles des Grecs.

627. (1842) Discours sur l’esprit positif

Quelque imparfaite que doive maintenant sembler une telle manière de philosopher, il importe beaucoup de rattacher indissolublement l’état présent de l’esprit humain à l’ensemble de ses états antérieurs, en reconnaissant convenablement qu’elle dût être longtemps aussi indispensable qu’inévitable. […] Il importe beaucoup de sentir que, sous tous les aspects essentiels, le véritable esprit philosophique consiste surtout dans l’extension systématique du simple bon sens à toutes les spéculations vraiment accessibles. […] Cette nécessité est maintenant reconnue, du moins empiriquement, quant à l’esprit métaphysique proprement dit, qui n’a jamais pu aboutir, en morale, à aucune autre théorie effective que le désastreux système de l’égoïsme, si usité aujourd’hui, malgré beaucoup de déclamations contraires : même les sectes ontologiques qui ont sérieusement protesté contre une semblable aberration n’y ont finalement substitué que de vagues ou incohérentes notions, incapables d’efficacité pratique. […] Les divers observateurs qui peuvent s’affranchir, même momentanément, du tourbillon journalier s’accordent maintenant à déplorer, et certes avec beaucoup de raison, l’anarchique influence qu’exercent, de nos jours, les sophistes et les rhéteurs. […] Sur cette appréciation générale de l’esprit et de la marche propres à la méthode positive, on peut étudier, avec beaucoup de fruit, le précieux ouvrage intitulé : A system of logic, ratiocinative and inductive, récemment publié à Londres (chez John Parker, West Strand, 1843), par mon éminent ami, M. 

628. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Flaubert, qui composait à merveille une phrase, une page, un chapitre, avait beaucoup de peine à ordonner un volume. […] Dans ce Jules, il y a beaucoup de Flaubert lui-même. […] Descharmes et Dumesnil ont fait beaucoup de petites découvertes qui ont leur prix. […] André Pératé a suivi la version italienne : sa traduction relevée de termes et de tours archaïques a beaucoup de charme et d’ingénuité un peu voulue. […] Beaucoup de beaux livres, depuis Paul et Virginie, sont des produits coloniaux, comme le café, le coton et la canne à sucre.

629. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

» Il parut s’amuser beaucoup de cette bagatelle. […] As-tu beaucoup de bains retenus ? […] dont j’avais beaucoup de peine à me dégager respectueusement. […] Nos feux furent bientôt entourés des feux de beaucoup de traîneurs qui vinrent s’y réunir. […] Il avait pris sept canons dans la redoute ; mais son beau régiment avait perdu beaucoup de monde.

630. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

Les lecteurs tout à fait contemporains de l’écrivain de Souvenirs aiment à refeuilleter avec lui au hasard quelques années de leur vie ; ceux qui sont venus plus tard, s’ils ont l’esprit curieux, ouvert, un peu oisif, pas trop échauffé à sa propre destinée, apprennent beaucoup de détails à ces causeries familières et devinent toute une société légèrement antérieure, au sein de laquelle ils s’imaginent volontiers avoir vécu.

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