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36. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

La critique doit reconnaître que le beau, tout absolu qu’il est en lui-même, a nécessairement des formes diverses et changeantes, que la vérité idéale, pour devenir vivante et vraiment belle, doit se teindre et s’empreindre de l’individualité des écrivains, que, si une certaine raison est le fond des œuvres belles, l’imagination avec ses mille couleurs en est l’inséparable ornement. […] Toute œuvre littéraire vraiment belle doit avoir pour fond « certaines vérités générales exprimées dans un langage parfait ». Ce qui touche tout le monde, ce qui touche éternellement, ce qui est vrai partout et toujours, voilà le beau. […] Qu’y a-t-il en effet de beau dans le Faust de Goethe par exemple ? […] Par une substitution insensible de termes, la raison, loi suprême du vrai et du beau, devient peu à peu, pour M. 

37. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

C’est un beau pays qui tourne l’âme vers la joie et pousse l’homme à considérer la vie comme une fête. […] Et Chéréphon renchérissant : « Son visage est bien beau, n’est-ce pas, Socrate ? […] Homère avait cité Achille et Nérée comme les plus beaux des Grecs assemblés contre Troie ; Hérodote nomme Callicrate le Spartiate comme le plus beau des Grecs armés contre Mardonius. […] On choisissait les plus beaux vieillards à Athènes pour porter les rameaux aux Panathénées les plus beaux hommes à Elis pour porter les offrandes à la déesse. […] La belle humeur, la joie de vivre, sont les choses grecques par excellence.

38. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

dit-elle, qu’Alexandre est donc beau !  […] Soulary a beau s’en moquer : il lui manque absolument. […] Au reste, il a bien tort de creuser un tel abîme entre le joli et le beau ; car le joli n’est déjà pas si laid, et c’est peut-être le beau dans le tout petit, à moins que ce ne soit la coquetterie du tout petit dans le beau. […] Et elle l’appelle « bel ange » et « époux enjoué ». […] Il y en a de gracieuses, de singulières et de belles.

39. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Lord Byron écrivait à son éditeur Murray : « Vous dites qu’il y a une moitié du Don Juan très belle : vous vous trompez, car s’il était vrai, ce serait le plus beau poème qui existât. […] La très belle partie de Namouna, celle où le poète se déclare avec une pleine puissance, est au chant deuxième. […] Pourtant le poète a beau faire, il a beau vouloir nous composer un don Juan unique, contradictoire et vivant, presque innocent dans ses crimes ; ce candide corrupteur n’existe pas. […] la fleur de l’Éden, pourquoi l’as-tu fanée, Insouciante enfant, belle Ève aux blonds cheveux ? […] Tout ce qui est beau de Milton est hors de pair ; on y sent l’habitude tranquille des hautes régions et la continuité dans la puissance.

40. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

« Pendant l’année que je restai avec lui, mes progrès furent si rapides, et je fis de si beaux ouvrages, que je voulus me mettre en état d’en faire encore de plus beaux. […] C’était le plus beau et le plus honnête enfant que l’on pût voir. […] Il avait une sœur nommée Faustine, aussi belle que lui. […] Diego, il se nommait ainsi, s’écria en se voyant si beau : Oh Dieu ! […] Belle Angeline !

41. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

Sa poésie a un assez beau busc, ou buste, si vous voulez. C'est comme la dame elle-même. — La trouvez-vous belle ? […] Quand l’auteur retarde d’un jour, les belles dames et les femmes de chambre sont en émoi, et M. […] Les provinces mordent surtout à belles dents et avec un sureroît de candeur. […] Mais comment s’accoutumer à entendre une élève de ce beau siècle et de ce beau lieu dire de ces mots comme impressionner, animation, etc. ?

42. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Il n’y a rien de trop beau pour elle ! […] » On persévère, on rime de plus belle. […] Tes belles périodes ! […] Être applaudi, la belle affaire ! […] Beau sujet d’élégies et de drames vraiment !

43. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Belle » p. 127

Belle l’archange Michel, vainqueur des anges rebelles. tableau de 9 pieds de haut, sur 6 pieds de large. […] L’artiste Belle n’était pas bastant pour une composition de cette nature, qui demande de la verve, de la chaleur, de l’imagination, de la poésie. Belle, peintre de batailles célestes, rival de Milton ! […] L’artiste ou le comité académique en excluant du sallon la composition de Belle a fait sagement, il y avait déjà un assez bon nombre de mauvais tableaux sans celui-là. Ceux qui ont été assez bêtes pour aller demander à Belle un morceau de cette importance seront vraisemblablement assez bêtes pour admirer sa besogne ; laissons-les s’extasier en paix, ils sont heureux, peut-être plus heureux devant le barbouillage de Belle, que vous et moi devant le chef-d’œuvre du Guide et du Titien. — C’est un mauvais rôle que celui d’ouvrir les yeux à un amant sur les défauts de sa maîtresse ; jouissons plutôt du ridicule de son ivresse.

44. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

où est l’enthousiasme créateur du beau ? où est le beau ? […] Or qu’est-ce que le beau ? […] Le beau, en un mot, c’est le rêve de l’artiste achevant par l’imagination l’œuvre de Dieu. […] Le beau est la vertu dans l’art.

45. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Voilà bien le jugement d’une femme, mais d’une femme délicate, éprise des beaux sentiments, non d’une Ninon. […] si j’estois en ce beau sein ravie… ! […] et belle, et naïve, et du monde étonnée ! […] Monfalcon en tête de la belle et rare édition des Œuvres de la belle Cordière (1853), il est dit à l’occasion d’une des dernières pages qu’on vient de lire : « M. […] La belle Cordière eut des ennemis et des brocardeurs jusqu’au sein de son triomphe ; qui en peut douter ?

46. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

L’époque, en tant que nouvelle et que moderne, n’avait rien produit encore de grand et de vraiment beau ; je parle de ce beau et de ce nouveau qui est propre à chaque époque et qui la marque d’un cachet à elle. […]beau début. […] Privilège d’une belle âme pure restée jeune ! […] L’exécution ne se soutient pas également dans toute la durée ; mais quel beau motif, quel belle musique, quel bel air, si les paroles manquent quelquefois ! Nous avons là, au reste, le plus beau de Corneille.

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