Artiste, il a traité le document du jour avec un soin tout particulier, éclairant les faits, posant les personnages en quelques traits d’une rapidité sûre, fixant les notes significatives des milieux.
Il y a là trop de dédain de la règle étroite, trop d’indépendance à se plier au joug religieusement accepté par les vrais artistes.
Mais avant tout, livre pensé par un très probe artiste, conçu par un écrivain de race et d’un fier talent ; brodé de toute une adorable fantaisie.
Théodore de Banville Votre volume, Premières poésies, a été pour moi un ravissement et aussi une très heureuse surprise, car c’est la première fois depuis très longtemps que se révèle un poète véritablement artiste et sachant son métier.
Le Paralytique qui est secouru par ses enfants et que le peintre a appelé le Fruit de la bonne éducation est un tableau de mœurs où l’on voit que ce genre fournira des compositions capables de faire honneur aux talents et aux sentiments de l’artiste.
Chardin et Vernet voient leurs ouvrages à douze ans du moment où ils peignent, et ceux qui les jugent ont aussi peu de raison que ces jeunes artistes qui s’en vont copier servilement à Rome des tableaux faits il y a cent cinquante ans ; ne soupçonnant pas l’altération que le temps a faite à la couleur, ils ne soupçonnent pas davantage qu’ils ne verraient pas les morceaux des Carraches tels qu’ils les ont sous les yeux, s’ils avaient été sur le chevalet des Carraches tels qu’ils les voient.
Viollet-Le-Duc, par cette série de travaux neufs, exacts, scrupuleux, incontestables, que je ne fais en ce moment qu’effleurer, est parvenu à s’acquérir l’opposition et presque l’inimitié des savants artistes et architectes qui se sont partagé, pour les cultiver, d’autres domaines de l’art. […] C’est ainsi que ce bon et digne homme, très classique, très entiché d’un beau de convention et fort médiocre en tant qu’artiste, a cependant réussi à former un artiste excellent et ne lui ressemblant en rien.
Or, ce que le statuaire ferait s’il le pouvait, le critique biographe, qui a sous la main toute la vie et tous les instants de son auteur, doit à plus forte raison le faire ; il doit réaliser par son analyse sagace et pénétrante ce que l’artiste figurerait divinement sous forme de symbole. […] Il n’était ni adroit, ni habile aux détails, avait le jugement peu délicat, le goût peu sûr, le tact assez obtus, et se rendait mal compte de ses procédés d’artiste ; il se piquait pourtant d’y entendre finesse, et de ne pas tout dire. […] Mais il n’avait pas le génie assez artiste pour étendre au drame entier cette configuration concentrique qu’il a réalisée par places ; et, d’autre part, sa fantaisie n’était pas assez libre et alerte pour se créer une forme mouvante, diffuse, ondoyante et multiple, mais non moins réelle, non moins belle que l’autre, et comme nous l’admirons dans quelques pièces de Shakspeare, comme les Schlegel l’admirent dans Calderon.
S’abrutir à d’interminables parties de manille ou de billard est chose courante, admise et très excusable, mais faire œuvre d’artiste, c’est se perdre irrémédiablement. […] Il la taquina si bien, cette oreille, ce nom d’un artiste suprême, de qui j’ai dit, d’ailleurs, qu’il considérait la clarté comme une grâce secondaire, qu’une assez plaisante confusion commença de régner. […] Place aux artistes !
Même quand il s’abandonne à sa nervosité d’artiste raffiné, à son préciosisme et à son ironie, son style conserve la simplicité, la force, la recherche du mot et du tour des phrases usuelles, l’élan lyrique fortement rythmé de la chanson vulgaire. […] Que l’on réfléchisse que Heine n’était pas un philosophe chez qui domine la faculté raisonnante, mais un artiste nerveux, irritable et fantasque, qui avait passé sa vie à ciseler des souffrances à demi imaginaires dans de jolies chansons moitié mélancoliques, moitié railleuses, qu’à ce constant exercice de sa sensibilité, celle-ci s’était hypertrophiée et affinée, que sa volonté était plus vaniteuse que forte ; — Henri Heine, comme beaucoup d’autres, se mit à refaire en sens inverse l’évolution religieuse de sa vie. […] Ses derniers livres sont écrits par un artiste, dont le corps inférieur seul se décompose.
Quand il n’y a ni beautés, ni défauts dans une œuvre, qu’au lieu de médiocre, elle est nulle, quand l’artiste n’a pas su lutter avec les difficultés de son sujet et qu’il a été accablé et anéanti par elles, la critique refait à sa manière… elle devient inventive, elle crée15… » Notre époque, où manquent trop les esprits d’ensemble, dans le mépris où l’on tient les idées générales, nous donne, chaque jour, une définition nouvelle de la critique. […] Journalistes Tout le monde fait du journalisme, peu ou prou, et malgré les justes récriminations des artistes, il se fait encore beaucoup de critique dans les journaux. […] Un artiste bien doué ne doit souffrir que pendant la gestation.