C’est ainsi que l’étude des statues antiques a longtemps exercé les meilleurs artistes, et que se sont formées les belles écoles des Michel-Ange et des Raphaël. […] Tous les ouvrages nécessitent un ordre auquel il faut se soumettre pour leur donner une juste régularité : le seul aspect du premier portique et des entrées latérales d’un bâtiment fait apercevoir aux connaisseurs son genre et ses appartenances : tout ce qui contrarie ce jugement y paraît hors d’œuvre dans le plan de l’artiste : un discours préliminaire est de même le vestibule par où l’on doit passer aux distributions du reste de l’ouvrage : tout ce qui excède l’espace où l’on en a jeté les fondements, tout ce qui s’interrompt et n’y tient pas, sort des règles qu’on a dû se faire, pour construire un ensemble qui se puisse juger d’un coup d’œil.
Il était dit que le peuple qui avait donné tant de héros et tant de saints, innombrables, tant de citoyens et tant de chrétiens, tant de justes, tant de martyrs, Et l’onde aux plis infranchissables, tant de poètes et tant d’artistes, tant d’inventeurs, (tant de savants), et qui infatigablement en donnerait, en devait donner, en allait donner infatigablement tant d’autres, une sève infatigable, une race montante et remontante infatigable, tant de guerriers et de victimes serait celle aussi, tant de penseurs et de philosophes ; le plus grand poète tragique : le plus grand penseur ; le plus grand philosophe, (pour ne point parler du siècle présent) ; serait aussi celui qui à quarante siècles de distance, hors de son temps, hors de son lieu ; hors de son propos ; à quarante siècles d’écart, à trente et quarante siècles de retard donnerait un des plus grands poètes païens qu’il y ait jamais eu dans le monde créé. […] Il faut du courage, et beaucoup de barbarie, et de la décision, et prendre sur soi, et se faire à soi-même un rude refoulement, et être résolu à se faire, à se donner à soi-même une bien triste opinion de soi-même pour couper ici, pour ainsi rompre aussi arbitrairement cette scène la plus liée qu’il y ait au théâtre, s’il est permis de parler ici de théâtre ; (et pourquoi n’en parlerions- nous pas, si ce fut l’art de Corneille, et s’il est vrai qu’un grand artiste, un grand écrivain ne méprise pas, ne néglige pas les conditions, organiques, et le métier de son art, mais leur donne au contraire la plus grande considération) ; d’une liaison intérieure tout à fait indissoluble.
Mais André Chénier, en sa fréquentation méditée, et jusqu’en sa plus libre et sa plus charmante allure, a du studieux à la fois et de l’étrange ; il sait ce qu’il fait, et il le veut ; son effort d’artiste se marque même dans son triomphe.
Il se prête à toutes les fantaisies de l’artiste et du poète.
Je sais bien que le catholicisme de salon, qui est une si odieuse chose, en procède aussi ; je sais que le Génie du christianisme a introduit jusque dans la chaire chrétienne le ton romantique, le ton dégagé, le ton artiste, et d’autres mauvais tons : mais tout cela est noyé dans le grand et durable bienfait du livre. […] Un prince qui n’aurait dans la tête que deux ou trois idées communes, mais utiles, serait un souverain plus convenable à une nation qu’un aventurier extraordinaire, enfantant sans cesse de nouveaux plans… Et enfin il tirait obligeamment, de la personne physique de Louis XVIII, tout ce qu’un très grand artiste en pouvait tirer.
Des talents énergiques et brillants ont trouvé moyen d’y introduire de la lumière et presque parfois du charme ; mais, si je l’osais dire, ce charme, cette lumière même, lorsqu’elle est si tranchée, ne sont-ils pas un peu comme une création de l’artiste ou du philosophe, et jusqu’à un certain point un léger mensonge, en allant s’appliquer à des âges si cruels et si désespérés ?
L’imagination des poètes, ainsi que celle des artistes, aimait à parcourir les ruines d’Athènes, et cherchait l’inspiration autour des tombeaux d’Homère et de Sophocle.
Mercredi 28 décembre La triste vie dans ce déménagement, où l’œil n’a plus la jouissance de tout ce qu’il aimait, où tout ce qui était suspendu aux murs a été décroché, à cause des ébranlements du canon, où les dessins désencadrés sont dans les cartons, où les cadres, avec leurs réjouissantes sculptures et leurs éclairs de vieil or, sont cachés dans des enveloppes de sales journaux, où les livres, ficelés en paquets, sont étalés à terre, où la pièce d’artiste que l’on habite, présente l’aspect d’un arrière-fond d’épicerie.
L’artiste n’a fait qu’ébranler, dans le spectateur, la faculté de concevoir et de sentir ; elle s’empare du mouvement qu’elle a reçu, le suit dans sa propre direction, l’accélère par ses propres forces, et crée ainsi elle-même le plaisir dont elle jouit.
Très cultivé, très artiste, aussi familier avec le monde des lettres qu’avec le monde des affaires, l’un des fondateurs, avec Desjardins, de l’Union pour l’Action morale, puis pour la Vérité, président des Conseils d’Administration des Chemins de fer de l’État, des Mines de la Sarre, du Bureau International du Travail, engagé de tout son être dans les œuvres de rapprochement international, également écouté des intellectuels, des industriels, des ouvriers et des politiques, Fontaine a figuré pour nous, pendant dix ans, l’idée même de ce que pourrait être dans l’Europe d’aujourd’hui un saint-simonisme purifié, continué, rajeuni, un industrialisme éclairé, social, rationnel, bienfaisant.
Muséum d’Histoire naturelle Cours de Physiologie générale Leçon d’ouverture1 Sommaire : Inauguration de la physiologie générale au Muséum — Raisons du transfert de ma chaire de la Sorbonne au Jardin des plantes. — La physiologie devient aujourd’hui une science autonome qui se sépare de l’anatomie. — Elle est une science expérimentale. — Définition du domaine de la physiologie générale. — Initiation de la France. — Développement de la physiologie dans les pays voisins. — Les installations de laboratoires. — Ce n’est pas tout : il faut surtout une bonne méthode et une saine critique expérimentale.