Son véritable héros ce n’est pas tel ou tel écrivain, ce n’est pas Boileau, Racine ou Bossuet, c’est ce qu’il appelle l’esprit français, qu’il représente comme un type, Platon dirait comme une idée à laquelle participent plus ou moins tous nos grands écrivains, et dont ils sont les diverses expressions. […] Cette philosophie, nous l’avons vu, serait la nôtre, s’il ne s’y mêlait pas deux points de vue de nature opposée et presque contradictoire : l’un, vraiment philosophique, qui ramène le beau à la part de généralité et de raison que contiennent les ouvrages d’esprit : l’autre, que je me permets d’appeler peu philosophique, et qui mesure la beauté et la vérité des écrits au degré de leur conformité avec les opinions moyennes, qui composent ce qu’on appelle à tort ou à raison le sens commun. […] Son doute hyperbolique, comme il l’appelle, et qui porte sur les principes mêmes de la connaissance, est un doute extravagant, dont on ne peut plus se débarrasser, quelque effort qu’on fasse : semblable à ce balai enchanté qu’un novice magicien avait dressé à porter de l’eau, mais qu’il ne put désensorceler, et qui finit par l’inonder. […] Ce n’est pas seulement sur deux points particuliers que Bossuet me paraît s’être trompé : c’est sur tout un ensemble de faits qui, dans la politique, dans la science, dans la conscience, se sont produits à partir du xve siècle, et qui, espérons-le, sont appelés à conquérir le monde.
Au premier aspect, cette machine est grande, imposante, appelle, arrête, elle pourrait inspirer la terreur ensemble et la pitié. […] Je ne sais ce qu’ils entendent par une manière de faire lourde, qu’ils appellent allemande ; faciuntne nimis intelligendo, … etc. . […] Si cette ligne, que j’appellerai ligne de liaison, se plie, se replie, se tortille, se tourmente, si ses circonvolutions sont petites, multipliées, rectilinéaires, anguleuses, la composition sera louche, obscure ; l’œil irrégulièrement promené, égaré dans un labyrinthe, saisira difficilement la liaison. […] En effet son style et son pinceau ne sont qu’à lui ; il ne veut s’endetter qu’à Raphaël, le Guide, le Titien, le Dominiquin, Le Sueur, le Poussin, gens riches que nous lui permettrons d’interroger, de consulter, d’appeler à son secours, mais non de voler. […] Je ne les ai point vus, mais allez à saint-Roch ; et quoi qu’ait pu faire Doyen, je gage que son tableau, après vous avoir appelé par une bonne couleur générale, vous repoussera toujours par la discordance.
Je m’imagine que s’il revenait au monde, lui, le superbe de son esprit, il regarderait comme une impertinence envers sa mémoire cette manière d’agir, littéraire ou commerciale, avec ses œuvres, — si on peut appeler de ce nom d’œuvres les improvisations d’un homme qui, en produisant, a si peu travaillé ! En effet, pour qui veut parler avec cette propriété qu’il aimait et qu’il appelait la probité de la langue française, les ouvrages de Rivarol ne sont pas des œuvres. […] il n’en eut jamais un second, — de pure munificence divine, l’homme le plus admirablement doué du xviiie siècle, de ce temps qui fourmillait de gens d’esprit, et dans lequel planaient ces trois hommes qu’il est convenu d’appeler des génies jusqu’à nouvel ordre, Voltaire, Buffon et Montesquieu. […] Mais que, dans ce redoutable Sagittaire il y eût un historien, et précisément l’historien qui frappa tant Burke, la première fois qu’il le lut, que du coup il l’appela : « tacite », c’est là, n’est-il pas vrai ? […] Il avait l’acuité de ceux que j’ai appelés un jour : les Prophètes du passé.
Il a même quelque chose de sauvage, et nous ne pouvons guère nous l’approprier que par un effort d’esprit à reculons, dont le résultat s’appelle pastiche. […] J’appellerai désormais le grotesque comique absolu, comme antithèse au comique ordinaire, que j’appellerai comique significatif. […] Il a toujours bien distingué le comique ordinaire du comique qu’il appelle comique innocent. […] Ce personnage un change de temps en temps de personnalité, et, sous le nom de Giglio Fava, il se déclare l’ennemi du prince assyrien Cornelio Chiapperi ; et quand il est prince assyrien, il déverse le plus profond et le plus royal mépris sur son rival auprès de la princesse, sur un misérable histrion qui s’appelle, à ce qu’on dit, Giglio Fava.
C’est bien Eschyle qu’on peut appeler le prophète du polythéisme, l’homme doué d’une seconde vue, sublime, énergique, terrible, et, avec les événements et les hommes de l’histoire, faisant apparaître les visions de son âme. […] C’est là que, spectacle majestueux, desservi par tous les talents à la fois, spectacle pathétique, répondant à toutes les passions du cœur et épuisant toutes les misères de la vie, et aussi spectacle rare, extraordinaire, elle appelait, à quelques grands jours seulement, un effort de génie toujours nouveau, et, dans le peuple, une ardeur d’admiration que la satiété n’émoussait pas. […] Tant de motifs, le silence de Quintilien, comme celui d’Horace, ou plutôt le silence de toute l’antiquité, hormis Suidas, ne confirment-ils pas l’opinion si vraisemblable que le génie dorien de Pindare ne fut pas appelé à cette gloire nouvelle du théâtre, ouverte dans Athènes, et qu’il trouva plus près de lui, à Delphes, à Olympie, la seule inspiration qui, sur des tons variés, domina son génie ? […] Ailleurs même il l’appelle « cet inintelligible et boursouflé Thébain, auquel M. de Chabanon veut bien prêter, en le traduisant, de l’ordre et de la clarté », au lieu de faire de son chef quelque tragédie nouvelle, ou quelque opéra. […] Ses odes ne paraîtront plus, comme on les appelait, de pompeuses digressions sur des sujets stériles.
L’unique différence, c’est qu’autrefois le cuisinier français était un cuisinier grec, qui s’appelait Aristote ; tandis qu’aujourd’hui, M. […] Il est un petit nombre d’œuvres qui, dans l’histoire universelle de l’art, ont obtenu des hommes un long et général assentiment ; on les appelle classiques 315. […] Au grand scandale de Gorgias et de son disciple Polus, il décide qu’elle n’est ni l’un ni l’autre, et l’appelle une espèce de routine 321. […] Corneille appelle la Poétique un divin traité (Préface du Cid) et il en dit tant qu’on est tenté de prendre cette expression à la lettre. […] La propédeutique de tous les beaux-arts ne semble pas consister dans des préceptes, mais dans la culture des facultés de l’esprit par ces connaissances préparatoires qu’on appelle humaniora.
. — La rose a une certaine odeur, autre que celle du lis et que celle de la violette ; cela signifie qu’elle peut provoquer en moi, et en tout autre être construit comme moi, une certaine sensation agréable, distincte des autres sensations d’odeur, et que nous appelons l’odeur de rose. — Le sucre a une certaine saveur ; cela signifie pareillement qu’il peut provoquer en moi, et en tout autre être semblable à moi, telle sensation spéciale de saveur que nous appelons la saveur sucrée. — Il en est de même évidemment pour les couleurs et pour les sons. […] Quand je contracte un de mes muscles, j’ai une de ces sensations qu’on nomme musculaires, et je puis la considérer à deux points de vue. — En premier lieu, la sensation que j’ai est plus ou moins forte ; elle est extrême, si l’effort va jusqu’au déboîtement du muscle ; sa limite est la douleur qu’on appelle crampe ; son caractère est l’intensité plus ou moins grande, et à ce titre je puis comparer ma sensation à d’autres sensations du même muscle plus ou moins intenses. […] Le fait intérieur qui correspond à la distance extérieure de six pouces est une impression engendrée par le raccourcissement progressif du muscle, c’est-à-dire une vraie sensation musculaire ; c’est l’impression produite par un effort musculaire d’une certaine durée ; une plus grande distance appellerait un effort d’une durée plus longue… » — « Or, quand on a le moyen de distinguer la longueur ou distance en une direction, on a le moyen de distinguer l’étendue en une direction quelconque, qu’il s’agisse de longueur, de largeur ou de hauteur, la perception ayant exactement le même caractère. […] Ces nécessités, posées à part et considérées isolément, sont ce que nous appelons des forces32. […] Il appelait solide ce qui provoque en lui la sensation de résistance ; il appelle maintenant solide ce qui provoque l’arrêt d’un corps quelconque en mouvement.
Voltaire appelait la métaphysique le roman de l’esprit ; Voltaire avait raison. […] Elle subit et elle exerce une pression ou impression universelle de toutes les choses et sur toutes les choses avec lesquelles elle est en communication par ses organes matériels, distincts, mais immergés dans l’océan des êtres appelés intellectuels. […] Depuis Jean Goujon en France et Canova en Italie, nous sommes à cet égard dans ce qu’on appelle une renaissance de la sculpture. […] On le voit renaître peu à peu pendant les dix premiers siècles, quand on visite l’Orient dans ce qu’on appelle la peinture byzantine. […] Il remboursait ses protecteurs de Neuchâtel ; il soutenait son humble famille de la Chaux-de-Fonds ; il appelait à Rome, auprès de lui, son jeune frère Aurèle Robert, devenu son élève, son émule et son graveur.
Schiller avait divisé sa pièce en trois pièces, ce qu’on appelle une trilogie en littérature. […] Il appelle Schiller à Weimar, le présente au duc, le loge au château, le traite en frère. […] Sa taille était élevée et pour ainsi dire trop coulante pour l’appeler élancée. […] Le prince de Talleyrand fut en France dans ces derniers temps le Goethe de la politique ; Goethe fut le prince de Talleyrand de l’Allemagne en littérature ; tous les deux très supérieurs au vulgaire, très dédaigneux des événements, peu soucieux de ces doctrines soi-disant immuables que les partis appellent des principes et que l’histoire appelle des circonstances. […] L’homme est sorti par l’ignorance d’un état plus parfait qu’on a appelé un Éden, il y rentrera par la science.
On l’appelait poète, lettré, homme grécisé, philosophe spéculatif, noyé dans la contemplation des choses inutiles. […] On les appelle des Cicérons et des Démosthènes : ils ne sont que des musiciens de phrases. […] Seulement Mirabeau n’eut jamais ces accents religieux de Cicéron qui sont la divinité de l’éloquence ; il en appela à la raison, jamais aux dieux de la patrie, dans ses harangues. […] Les étrangers l’appelèrent le père des alliés de Rome et des tributaires. […] Ces harangues, appelées les Philippiques, par allusion aux harangues de Démosthène contre Philippe de Macédoine, furent l’arrêt de mort de Cicéron.
C’est cette femme qu’il appelle, dans ses lettres, l’Iris messagère. […] Leur caractère intime appelle naturellement l’indulgence. […] Le sien s’appelle Tranquille, le mien s’appelle Moi-même. […] Il a été mis par une belle femme qu’il ne connaît pas : on dit qu’elle demeure aux Quatre-Nations, au bout du pont des Arts ; elle s’appelle la Gloire. […] « Et l’on appelle vivre cette rotation machinale, ce perpétuel retour des mêmes choses !