C’était l’Imitation de Jésus-Christ : « Je n’avais encore aucune idée religieuse… Et voilà que dans ces pages j’aperçois tout à coup, au bout de ce triste monde, la délivrance de la mort, l’autre vie et l’espérance. […] Ses cours se composaient de vastes aperçus sur l’histoire universelle où il esquissait en traits rapides et vigoureux la physionomie de chaque civilisation et de chaque époque, et d’études de détail sur quelques points spéciaux, par lesquelles il initiait ses élèves aux recherches d’érudition et aux règles de la critique. […] Il en sortit des œuvres d’une rare éloquence, pleines d’aperçus ingénieux et profonds ; son génie ne perdit rien de son éclat et de sa puissance, mais la sérénité et l’équilibre de son esprit furent troublés. Les onze derniers volumes de son Histoire de France sont moins une histoire complète et suivie qu’une série d’aperçus tantôt brillants, tantôt profonds sur les xvie , xviie et xviiie siècles.
Car, en plusieurs occasions, et au lendemain même de la fondation de son Académie, Richelieu s’était bien aperçu, — par l’affaire de Corneille et de la critique du Cid, — qu’il ne gouvernerait pas les gens de lettres comme il faisait ses « intendants ». […] Que ce caractère s’aperçoive d’abord, et, presque sans métaphore, qu’il saute aux yeux dans un sermon de Bossuet ou de Bourdaloue, dans un chapitre de Malebranche ou dans une Satire de Boileau, rien de plus naturel, si même ce n’est un peu de naïveté que d’en faire ici la remarque. […] C’est ce que voit enfin celui qu’on appelle encore en ce temps-là le grand Arnauld. « Plus je me souviens d’être chrétien, écrit l’un, plus je me sens éloigné des idées qu’il (Malebranche) nous présente » ; et le second, à son tour : « Plus j’avance dans ce travail (c’était également une Réfutation du Traité de la nature et de la grâce), plus je suis touché des renversements que ces imaginations métaphysiques font dans la religion. » Mais vous avez mis bien du temps à vous en apercevoir, ô grand docteur ! […] C’est le livre d’un réformateur, et quoique d’ailleurs l’idéal aristocratique de l’archevêque de Cambrai soit tout entier dans le passé, nous le savons bien aujourd’hui, mais personne alors ne s’en aperçoit.
Mais, laissant de côté ce que nous n’apercevons pas très nettement, regardons chez nous en France, là où nous savons les choses de près et où nous en pouvons juger à coup sûr.
« Des bièvres, le long de la grève, rongeaient de la saulaie l’écorce amère ; là-bas, à travers le cristal du calme continuel, vous apercevez les brunes loutres, errantes dans les profondeurs bleues, à la pêche des beaux poissons argentés.
Le grand homme inconnu écrit ou pérore dans son coin du monde ; pendant qu’il vit on fait peu d’attention à lui ; on ne le regarde que comme une curiosité littéraire ; ses volumes s’entassent sans beaucoup de bruit les uns sur les autres ; quelques esprits éminents et cosmopolites s’aperçoivent seuls qu’il y a quelque part on ne sait quelle voix qui rend des oracles dans la solitude.
Soit que ces oiseaux familiers eussent de la joie de revoir leur maître, soit qu’en s’élevant très haut dans les airs ils eussent aperçu, avant les serviteurs, les armes inusitées des nombreux soldats d’Antoine répandus dans les campagnes, et se glissant comme des assassins vers les jardins de Cicéron, ils s’agitaient comme par un instinct caché.
Mais, ajoutai-je, on doit peut-être pardonner au poète d’employer un artifice difficile à apercevoir, quand par là il arrive à des effets auxquels il n’aurait pu atteindre en suivant la route simple et naturelle.
Il y eut des contemporains qui s’en aperçurent, et qui se doutèrent de l’illusion.
On avait peur d’être aperçu de cet œil pénétrant, qui regardait entre ses paupières à demi fermées.
Les résultats de la critique ne se prouvent pas, ils s’aperçoivent ; ils exigent pour être compris un long exercice et toute une culture de finesse.
En quoi l’humanité est-elle plus avancée, si sept ou huit personnes ont aperçu la haute raison des choses ?