Le romancier à la manière anglaise, et c’est la bonne, — le roman est la meilleure gloire de l’Angleterre, — le romancier de la vie familiale et des mœurs intimes, avec de la profondeur sous la bonhomie, de l’attendrissement sous la gaîté, il y a telles pages, comme un Paysage disparu et le Vieux salon, de ces Propos littéraires et pittoresques, que je vous donne et que vous prendrez pour des chapitres exquis — mon Dieu !
Mais ceux qui se représentent les Anglais comme des hommes d’un caractère froid, se laissent tout à·fait tromper par la réserve de leurs manières. Le caractère anglais est en général très actif et même très impétueux ; leur admirable Constitution qui développe au plus haut degré les facultés morales peut seule suffire à leur besoin d’agir et de penser : la monotonie de l’existence ne leur convient point, quoiqu’ils s’y astreignent souvent. […] Aucune nation n’aime à se hasarder autant que les Anglais, et d’un bout du monde à l’autre, de la chute du Rhin aux cataractes du Nil, si quelque chose de singulier et de dangereux a été tenté ; c’est par un Anglais. […] Ce dernier obtint d’Édouard VI fils de Henry VIII de l’appeler au trône par son testament en 1553 au détriment de Marie et d’Élisabeth ; la première avait pour mère Catherine d’Arragon, et l’intolérance de son catholicisme la faisait redouter des protestants anglais ; la naissance de la fille d’Anne de Boleyn pouvait être attaquée.
Une fois l’instinct acquis, si faible qu’il pût être d’abord, et moins prononcé même que chez les Fourmis sanguines anglaises, qui reçoivent moins de services de leurs esclaves que la variété suisse de même nom, la sélection naturelle peut avoir suffi à l’accroître et à le modifier, toujours dans l’hypothèse que chaque modification ait été avantageuse à l’espèce, jusqu’à ce qu’il se soit enfin produit une variété de Fourmis aussi entièrement dépendante du travail de ses esclaves que l’est aujourd’hui le Polyergue roussâtre. […] La moyenne de douze observations faites sur les côtés des hexagones et près des bords du rayon a donné 1/1000000, 1/100000000 ou 1/1000000000 de pouce anglais, tandis que, d’après vingt et une observations, les faces rhomboïdales de la base des cellules auraient une épaisseur de 1/229 de pouce, c’est-à-dire supérieure à celle des cloisons latérales dans la proportion de 3 à 2. […] Smith a constaté qu’il existe entre les neutres des diverses espèces de Fourmis anglaises de surprenantes différences, soit sous le rapport de la taille, soit sous celui de la couleur, et que les types les plus tranchés sont quelquefois parfaitement reliés les uns aux autres par des individus de caractères intermédiaires choisis dans le même nid. […] Ainsi, il nous devient aisé de comprendre pourquoi le Merle de l’Amérique du Sud bâtit son nid avec de la boue, de la même manière que notre Merle anglais ; pourquoi les Calaos mâles de l’Afrique et de l’Inde ont, les uns comme les autres, l’habitude de murer leurs familles dans le creux d’un arbre en ne laissant dans la maçonnerie qu’une étroite ouverture à travers laquelle ils donnent la pâture à la mère et à ses petits ; pourquoi les Roitelets ou Troglodytes mâles de l’Amérique du Nord bâtissent des « nids de coqs » où ils perchent comme les mâles de nos Roitelets communs, d’espèce bien distincte, habitude qu’on n’a constatée chez aucun autre oiseau connu. […] Dans la 3e édition anglaise on lisait ici : « D’autre part, les jeunes poulets « ont perdu, entièrement par habitude, la crainte des chiens et des chats qui, on n’en peut douter, était originairement instinctive dans leur espèce, comme on la voit encore si évidemment instinctive chez les jeunes Faisans, lors même qu’ils sont couvés par une poule domestique. » Ce paragraphe a déjà été modifié dans les deux premières éditions françaises et dans la première édition allemande.
CharIton Bastian, reprend la parole, et M. de Varigny vient de traduire de l’anglais son curieux plaidoyer. […] Dans le monde scientifique anglais, les opinions sont partagées ; dans le nôtre, l’opinion est unanime. De même que les Anglais seront les derniers darwinistes, les Français seront les derniers pasteuriens. […] Le savant anglais, s’il a raison, n’apporte que du vieux-neuf. […] Elle était d’origine anglaise et d’essence chrétienne.
Jeudi 16 mars Hier Doré est venu s’asseoir à côté de moi, dans le salon de la princesse, et m’a dit sans préambule : « Vous verrez, nous finirons par épouser deux vieilles Anglaises ! […] Mon cabman, en passant comme le vent, jeta aux curieux deux mots anglais signifiant : « Retournez-le ! » Oui, cela voulait dire : « Mettez-le sur le dos, sans cela il se noiera. » Ce « retournez-le », voyez-vous, c’est toute la miséricorde d’un Anglais pour son semblable. […] Le maître d’anglais, lui, était un petit prêtre irlandais, un abbé poupin, auquel nous nous amusions à faire sauter des chaises, sa soutane retroussée et tenue d’une main devant lui.
Dès le commencement, avec les Bardes anglais et les Critiques écossais ; il blessa les meilleurs écrivains… Loin de reculer, dans son ouvrage suivant il continue son opposition et ses blâmes, il touche l’État et l’Église. […] Le livre d’Eckermann est la meilleure biographie de Gœthe : celle de l’Anglais Lewes pour les faits, celle d’Eckermann pour le portrait du dedans et la physionomie.
Un critique très-distingué de ce temps l’a fait déjà : Camille Selden (un pseudonyme et une femme) a donné dans un volume qui se publie en ce moment45 une analyse exacte et forte de trois femmes, à peu près contemporaines : — une Française catholique, Eugénie de Guérin précisément ; — une Anglaise et protestante, Charlotte Brontë, auteur du beau et douloureux roman de Jane Eyre ; — une Allemande et juive convertie, la célèbre Rahel de Berlin, Mme de Varnhagen. […] Notre âme s’étend sur ce qu’elle voit ; elle change comme les horizons, elle en prend la forme… » C’est joli et gracieux sans doute, remarque le critique anglais ; mais quelle différence avec le pinceau de Maurice peignant la nature en traits profonds, trouvés et neufs, disant au retour d’une course où il a vu les rives de la Loire, Chambord, Blois, Amboise, Chenonceaux, les villes des deux bords, Orléans, Tours, Saumur, Nantes et l’Océan grondant au bout : « De là je suis rentré dans l’intérieur des terres jusqu’à Bourges et Nevers, pays des grands bois, où les bruits d’une vaste étendue et continus abondent aussi. » Et ailleurs il parle de ce beau torrent de rumeurs que roule la cime agitée des forêts.
Il est vrai qu’il reproche au « darwinisme anglais 8 » je ne sais quelle « odeur de petites gens, misérablement à l’étroit ». […] Ici, c’est moi qui souligne le mot : anglais.
Il est clair, pour tous ceux qui ont des yeux, que sans les Anglais, la raison et la philosophie seraient encore dans l’enfance la plus méprisable en France, et que leurs vrais fondateurs parmi nous, Montesquieu et Voltaire, ont été les écoliers et les sectateurs des philosophes et des grands hommes d’Angleterre. […] Le français, l’italien, l’anglais, l’allemand sont aujourd’hui quatre langues presque essentielles à l’homme qui a joui d’une éducation libérale.
Les Anglais ont assez bien traduit quelques tragédies de Racine ; je doute qu’ils traduisissent avec le même succès les fables de La Fontaine, l’ouvrage peut-être le plus original que la langue française ait produit ; l’Aminte, pastorale pleine de ces détails de galanterie, et de ces riens agréables que la langue italienne est si propre à rendre, et qu’il faut lui laisser ; enfin les Lettres de madame de Sévigné, si frivoles pour le fond, et si séduisantes par la négligence même du style. […] On a demandé si les poètes pouvaient être traduits en vers surtout dans notre langue, qui n’admet point, comme l’italien et l’anglais, les vers non rimes, et qui ne permet rien ni au traducteur ni au poète ?
On cite encore aujourd’hui ses remerciements et ses discours en vers, et son discours de la mollesse ; et cette fameuse épître, où, selon un poète anglais, un peu de mauvaise humeur, il fit deux cents vers pour chanter que Louis n’avait pas passé le Rhin. […] Mais pour bien juger ce prince, il ne faut consulter ni les éloges même qui, adressés par des sujets à des rois, sont de même valeur que les compliments de société, entre les particuliers ; ni les cris des protestants, à qui peut-être il n’avait vendu que trop cher le droit de le haïr ; ni les papiers des Anglais, qui le redoutèrent trop pour consentir à l’estimer ; il faut consulter l’histoire et les faits.