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716. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

J’ajouterai, sans grand espoir de voir mon vœu exaucé, avec la conviction toutefois d’être dans le vrai : Rien ne détendrait la situation morale, rien n’apaiserait, ne désarmerait l’animosité et l’hostilité des esprits comme une pareille tolérance publiquement observée et pratiquée par tous et envers tous. […] Sans donc aller jusqu’à nier qu’il y ait telle ou telle opinion, conviction ou croyance, qui puisse ajouter quelque chose dans les âmes à la sanction morale des prescriptions légales, je maintiens que le meilleur et le plus sûr principe et fondement de la légitimité des lois qui régissent les sociétés humaines est encore et sera toujours dans leur nécessité, dans leur utilité même. […] Milton, dans son Paradis perdu, nous représente les anges déchus, dont Satan est le chef, les Esprits rebelles et précipités dans l’abîme, qui se livrent encore dans leurs tristes loisirs à leurs anciens goûts favoris ; et quelques-uns d’entre eux et des plus distingués, dit le poète, « assis à l’écart sur une colline solitaire, s’entretiennent en discours infinis de pensées élevées et subtiles, ils raisonnent à perte de vue de providence, prescience, volonté et destin : destin fixé, volonté libre, prescience absolue, et ils ne trouvent point d’issue, ajoute le poëte, perdus qu’ils sont dans ces tortueux dédales. » N’imitons pas ces anges sublimes et déchus. […] Permettez-moi de reprendre et d’ajouter… Le parti clérical ! […] Leverrier, se levant, a ajouté : « et contre la liberté  ».

717. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il en eut de si étranges dans la nuit du 10 novembre 1619, qu’au dire du même Baillet, si Descartes n’avait déclaré qu’il ne buvait pas de vin, on eût pu croire qu’avant de se coucher il en avait fait excès, « d’autant plus, ajoute naïvement le biographe, que le soir était la veille de Saint-Martin20. » Après quelques années passées soit dans des voyages, où il étudiait les mœurs, et par la vue de leur diversité et de leurs contradictions, se fortifiait dans son dessein de chercher la vérité en lui-même, soit à la guerre, où il s’appliquait tout à la fois à étudier les passions que développe la vie des camps, et les lois mécaniques qui font mouvoir les machines de guerre ; après quelque séjour à Paris, où il cacha si bien sa retraite que ses amis même ne l’y découvrirent qu’au bout de deux ans, il se fixa en Hollande, comme le pays qui entreprenait le moins sur sa liberté, et dont le climat, selon ses expressions, lui envoyait le moins de vapeurs. […] Ajoutez-y tant de vues profondes sur la vie, tant d’idées tirées du monde extérieur, des usages, des mœurs, pour appeler notre mémoire et notre imagination à l’aide de notre esprit, et qui sont comme le connu dont se sert Descartes pour rechercher l’inconnu. […] Toutefois l’emploi discret que fait Descartes des vérités d’expérience, pour nous rendre plus sensibles les vérités métaphysiques, et nous aider à monter le degré quand il est trop haut, répand sur ses écrits je ne sais quel agrément qui ajoutait à leur influence littéraire. […] Il y avoue que, s’il a choisi le livre de Sénèque pour le proposer comme un entretien qui pourrait être agréable à cette princesse, « il a eu seulement égard à la réputation de l’auteur et à la dignité de la matière, sans penser à la façon dont il la traite, laquelle ayant depuis été considérée, ajoute-t-il, je ne la trouve pas assez exacte pour être suivie25. » Ailleurs il dit : « Pendant que Sénèque s’étudie ici à orner son élocution, il n’est pas toujours assez exact dans l’expression de sa pensée26. » Et plus loin : « Il use de beaucoup de mots superflus. » Et encore, parlant de diverses définitions que donne Sénèque du souverain bien : « Leur diversité, dit-il, fait paraître que Sénèque n’a pas clairement entendu ce qu’il voulait dire : car, d’autant mieux on conçoit une chose, d’autant plus est-on déterminé à ne l’exprimer qu’en une seule façon27. » Ce jugement admirable est une critique indirecte de Montaigne, et accuse en général la façon de penser du seizième siècle, où l’on goûtait si fort cette inexactitude de Sénèque. […] Ajoutez-y une grâce particulière, une certaine facilité à faire toutes ces choses si excellentes : voilà le charme des personnes naturelles ; c’est l’impression même qui résulte de ce que toute chose en elles est conforme à la raison.

718. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Wagner a écrit quelque part qu’on pouvait juger Tristan d’après les lois les plus rigoureuses qui découlent de ses affirmations théoriques, — tant il est sûr de les avoir suivies d’instinct, — mais il avoue qu’il s’était, en composant, affranchi de toute idée spéculative et qu’il sentait même, à mesure qu’il avançait dans son œuvre, combien son essor faisait éclater les formules de son système écrit. « Il n’y a pas, ajoute-t-il avec quelque nuance de regret, de félicité supérieure à cette parfaite spontanéité de l’artiste dans la création, et je l’ai connue en composant mon Tristan. » Il en fut de même, à ce qu’on peut croire, quand il termina l’Anneau du Nibelung, interrompu pour Tristan, et quand il écrivit les Maîtres Chanteurs et Parsifal. […]   Gasperinibi continue en disant que Wagner, dans Tristan et Iseult a réagi contre cette tendance funeste des écoles italienne et française, lesquelles absorbent volontiers le tout au profit des divers éléments constitutifs et se préoccupent moins de faire vivre une œuvre que d’animer les parties accessoires. « Ce faisant, ajoute-t-il, il a vigoureusement tourné les esprits du côté d’une réforme urgente et montré la vraie route à suivre. […] Voilà en quelque sorte « le pivot sur lequel tourne toute la pièce », comme dans Richard Coeur-de-Lion, un Leitmotiv de l’Orient ; même, si l’on veut, à bien des points de vue le seul exemple d’une ébauche systématique et logique du véritable Motif-conducteur avant Wagner et, ajoutons-le, une réelle inspiration de génie84. […] J’ajoute, a titre de renseignement, que l’orchestre, sous la direction de M.  […] Stuart Merrill   A la liste des drames wagnériens que les artistes de la troupe allemande doivent interpréter cet hiver au Métropolitain, il faut ajouter Tristan et Isolde.

719. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Une seconde bougie ajoutée à une première produit une quantité de lumière plus forte, et voilà tout. […] C’est donc dans un triple état sensible, auquel il faut ajouter encore le sentiment continu et total de l’existence, la cœnesthésie, qu’il faut chercher la « matière » du sentiment de différence. Encore n’est-ce là que le côté sensitif et réceptif, auquel nous avons dû ajouter le côté réactif, restitutif et moteur, car, en passant de la lumière à l’obscurité, nous réagissons, nous résistons nous-mêmes à l’état nouveau qui vient brusquement nous tirer de l’état ancien ; nous répondons à l’action du dehors par la réaction intellectuelle et motrice. […] Spencer dit « qu’une conscience sans changement est une absence de conscience » ; soit, mais il oublie d’ajouter qu’une conscience sans quelque continuité, sans quelque identité, est encore bien plus une absence de conscience. […] « Savoir, c’est pouvoir », disait profondément Aristote ; ajoutons que pouvoir, c’est toujours mouvoir.

720. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Parmi ses plus importantes observations, j’en citerai une seule : c’est que dans une gousse de Crinum capense, fécondé par le C. revolutum, chaque ovule produisit une plante, « ce que je n’ai jamais vu, ajoute-t-il, dans le cas d’une fécondation naturelle. » De sorte que nous avons ici une fécondité parfaite, ou même plus parfaite qu’à l’ordinaire dans un premier croisement entre deux espèces distinctes. […] Mais ce degré supérieur de variabilité chez les métis n’a rien de très surprenant, car les parents des métis sont des variétés, et pour la plupart des variétés domestiques, très peu d’expériences ayant pu être tentées sur des variétés naturelles ; or, ceci implique, dans la plupart des cas, qu’il y a eu dans les deux lignes d’ancêtres des variations récentes ; il faut donc tout naturellement s’attendre à ce que cette variabilité continue de se manifester, et à ce qu’elle s’augmente encore de ce que le croisement a pu y ajouter. […] Quelques auteurs ont ajouté beaucoup d’importance au fait, supposé vrai, que les animaux métis seulement naissaient très semblables à l’un ou l’autre de leurs parents ; mais on peut démontrer qu’il en est quelquefois de même des hybrides, quoique pourtant moins fréquemment, je l’avoue. […] La troisième édition anglaise ajoute que le Ph. versicolor a donné des croisements avec le Ph. colchicus, et que « ces trois espèces de faisans se sont mélangés dans les bois de l’Angleterre. » (Trad.) […] Paragraphe ajouté par l’auteur depuis la troisième édition anglaise et inséré déjà dans la seconde édition allemande.

721. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « [Préface] »

On a ajouté et retranché.

722. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Et c’est ici que surgit un nouvel élan, un nouveau jaillissement oratoire : « La triste expérience du passé ne devait-elle pas ajouter à nos craintes ? […] « Que lui importent des listes de vulgaires suffrages, toujours d’avance assurés au pouvoir, toujours n’enfermant aucune réserve généreuse, et qui n’ajouteront rien à ses droits véritables ? […] Cet écrit sur le consulat à vie est nécessaire pour juger tout Camille… » J’ajouterai que ce même écrit est nécessaire aussi dans une histoire politique du consulat pour qu’il n’y ait pas lacune ; il y manquerait, si l’on ne l’y faisait entrer comme une ombre au tableau. […] Tenons-nous-en donc à la lettre suivante de Mme de Staël, écrite sous le coup même de l’émotion, et qui n’est pas sans ajouter quelques traits bien caractéristiques à ce qu’elle a écrit ailleurs et à ce qu’on savait déjà : « Ce 1er novembre (1810), Coppet. […] Dans cette triple carrière et en ces trois grandes conjonctures, Camille Jordan fut fidèle à ses principes et à lui-même ; mais sous la Restauration il avait toute sa maturité, son autorité croissait de jour en jour, son éloquence dans un corps usé avait grandi, et le poids de chacune de ses paroles, auquel s’ajoutaient tous les titres du passé et l’honneur d’une belle vie, était considérable.

723. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Vers le matin, il commence sa toilette, qu’il interrompt à chaque minute pour corriger une ligne, modifier une expression, ajouter une idée qui doit assurer le succès de son entreprise. […] Elle était née en Bretagne, d’une simple famille de paysans, dont elle était chérie, et qui l’aurait rendue heureuse, si elle n’avait eu la faiblesse d’ajouter foi à l’amour d’un gentilhomme de son voisinage, qui lui avait promis de l’épouser. […] Écoutez-la: Les devoirs de la maternité ajoutaient encore au bonheur de leur société. […] Elle ajouta: « Je voulais aller me noyer ; mais sachant que vous demeuriez ici, j’ai dit: Puisqu’il y a encore de bons blancs dans ce pays, il ne faut pas encore mourir. » Virginie, tout émue, lui répondit: « Rassurez-vous, infortunée créature ! […] Leurs besoins et leur ignorance ajoutaient encore à leur félicité.

724. (1914) Une année de critique

Cela n’ajoute rien, il me semble, à l’œuvre, qu’un élément de comique facile, et lui ôte de son unité. […] Et j’ajouterai : quelques poésies délicieuses. […] On pourra ajouter que Lorrain, s’il eut passagèrement une influence haïssable, n’a point de postérité. […] Les images alors se juxtaposent sans se compléter, sans que chacune ajoute beaucoup à la précédente. […] La statue de marbre parle et dit à l’apprenti : « Ne t’avise pas d’ajouter un atome à la matière dont je suis faite.

725. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

J’ajouterai encore ici une remarque, à propos de l’allusion : c’est que nous avons en notre langue un grand nombre de chansons, dont le sens litéral, sous une aparence de simplicité, est rempli d’allusions obscènes. […] La périphrase ne fait que tenir la place d’un mot ou d’une expression, au fond elle ne dit pas davantage ; au lieu que la paraphrase ajoute d’autres pensées, elle explique, elle develope. […] Je vais ajouter encore ici quelques exemples de cette figure, pour la faire mieux conoitre. […] J’ajouterai un passage de Sénèque, qui est un comentaire encore plus clair de ces paroles de Térence. […] On a la liberté d’ajouter ou de retrancher ce qui est nécessaire au dessein qu’on se propose ; mais on doit conserver autant de mots qu’il est nécessaire pour rapeler le souvenir de l’original dont on emprunte les paroles.

726. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

J’ajoute que ce qu’elle dit nous est moins nouveau que la façon dont elle le dit. […] » Et elle ajoute ingénument : « Ah ! […] Mais j’ajoute qu’elle n’est digne quede cela. […] Car il faut ajouter tout de suite que M.  […] Je n’y vois rien à ajouter, sinon que M. 

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