… » lui répond alors le captif, et saisissant vivement sa lyre, il entonne un chant où il lui promet de toujours vanter ses attraits, mais où il ajoute qu’il est altéré du désir » de revoir les Cieux », et la verdure des prés … d’entendre le ramage des oiseaux, et « les cloches des églises … » Ce chant d’une énergie mâle, reproduit la mélodie de l’ouverture ; les paroles qui s’y appliquent sont à la louange de Vénus.
Mais nous ne nous doutions pas qu’aux travaux historiques et critiques signalés par nous en passant, contre la grosse balourdise des crimes des Borgia, il allait s’en ajouter un autre, définitif, sur le chef de la hideuse famille, sur le serpent générateur de toute cette nichée de serpents… Nous ne nous doutions pas qu’un livre sur Alexandre VI48 achèverait d’un dernier coup le monstre postiche devant lequel les imbécilles et les hypocrites vertueux se sont indignés ou ont tremblé depuis trois siècles avec une émotion si comédienne ou si dupe, et qu’il serait solennellement envoyé à Victor Hugo pour refaire son éducation sur cette question des Borgia, et lui montrer qu’il est plus honteux pour le génie que pour personne d’être, à ce point-là, mystifié.
Il faudrait commencer par définir la laideur, puis chercher ce que le comique y ajoute : or, la laideur n’est pas beaucoup plus facile à analyser que la beauté.
Ajoutons maintenant que ce piège est souvent aussi une métaphore ou une comparaison dont on retourne contre lui la matérialité.
Joignez à cela un caractère fier, si fier, que plus tard, dans le monde, parmi les grands, « la crainte de tout ce qui pouvait approcher de la bassesse et de la servilité rendait ses façons presque tranchantes et rudes. » Ajoutez enfin la conscience de son mérite. « Pauvre inconnu que j’étais, j’avais une opinion presque aussi haute de moi-même et de mes ouvrages que je l’ai à présent que le public a décidé en leur faveur1148. » Rien d’étonnant si l’on trouve à chaque pas dans sa poésie les réclamations amères d’un plébéien opprimé et révolté. […] Ajoutons qu’il y a des dames et même de jeunes demoiselles, qu’il faut arranger la représentation de manière à ne point choquer leur morale sévère et leurs sentiments délicats, les faire pleurer décemment, ne point mettre en scène des passions trop fortes, qu’elles ne comprendraient pas ; tout au contraire choisir des héroïnes qui leur ressemblent, attendrissantes toujours, mais surtout correctes ; de jeunes gentlemen, comme Évandale, Morton, Ivanhoe, parfaitement élevés, tendres et graves, même un peu mélancoliques (c’est la dernière mode) et dignes de les conduire à l’autel.
Une telle indifférence pour les faits sociaux de notre époque nous fait aujourd’hui sourire ; j’ajouterai même qu’elle nous paraît odieuse. […] Était-il nécessaire, vraiment, d’ajouter à sa royauté véritable, authentique et absolue, une illusoire principauté ?
Pour conclure, j’ajouterai qu’ayant été insulté le premier, je me fâchai et que, çà et là, dans des notices et des articulets, je traitai assez vertement quelques-uns de mes insulteurs ou leurs amis. […] François Lattard rappelle la phrase de Villiers : « Il faut écrire pour le monde entier », et il ajoute : « Que ceux qui portent le Verbe le fassent flamboyer comme une torche justicière sur les côtés pourrissants de notre état social, qu’ils donnent leur effort constant à indiquer la blessure et le remède pour la guérir. […] Mais on s’étonne de voir l’auteur de Sartor Resartus approuver Foutriquet de Transnonain et ajouter : « Nous avons conclu que Michelet pourrait bien être un peu puéril. » Carlyle, en écrivant ces lignes, ne se doutait pas que Taine le baptiserait un jour « le Michelet anglais ».
« Il faut de plus, ajoute-t-il, que le nouveau prince vienne résider dans ses nouvelles conquêtes, et que les conquérants parlent la même langue que les conquis.
Sans avoir le souffle poétique que le xixe siècle a su ajouter à ces grandes vérités, Système, j’en suis sûr, vit très haut et très loin.
« Dieu veuille, ajoute le naïf et laborieux traducteur, que je ne me sois pas bercé d’une vaine espérance ; et puisse l’estime de quelques amis sincères et passionnés des lettres me compenser ma peine !
Le Prince de Vendôme & le Chevalier de Bouillon enchérissoient sur eux tous ; on accabloit le pauvre auteur : Je leur dis, ajoute M. de V., Messieurs, vous avez tous raison, vous jugez en connoissance de cause ; quelle différence du style de la Motte à celui de la Fontaine !