Mlle de Scudéry, « qui était de très bonne mine » et d’assez grand air, n’avait aucune beauté : « C’est une grande personne maigre et noire, et qui a le visage fort long », nous dit Tallemant. […] En effet, toutes ces grandes réprimandes qu’on leur fait dans leur première jeunesse, de n’être pas assez propres, de ne s’habiller point d’assez bon air et de n’étudier pas assez les leçons que leurs maîtres à danser et à chanter leur donnent, ne prouvent-elles pas ce que je dis ? […] Ce sont là, assurément, de curieuses recherches et des remarques ingénieuses qui n’ont, dans le cas présent, que le défaut de vouloir paraître plus grandes et plus importantes par le résultat qu’elles ne le sont, et que l’on goûterait si elles n’étaient données que comme assez imprévues et piquantes, et d’un air moins victorieux.
L’effet que le cardinal Maury fit sur le comte de Maistre répondit peu sans doute à l’attente de ce dernier, et il fut frappé de rencontrer, chez un personnage aussi célèbre et aussi hautement considéré en politique, un si grand nombre de propositions hasardées, irréfléchies, de ces paroles en l’air et de ces légèretés robustes qui retombent de tout leur poids sur celui qui les dit. […] Une des meilleures épigrammes du poète Le Brun est contre l’abbé Maury ; elle a cela de piquant, qu’elle a, d’un bout à l’autre, un faux air d’éloge ou d’apologie, et que c’est le lecteur seul qui, en contredisant à chaque vers, est comme forcé de faire lui-même l’épigramme ; le satirique, dans ce cas, a besoin de compter sur la complicité de tout le monde : L’abbé Maury n’a point l’air impudent ; L’abbé Maury n’a point le ton pédant ; L’abbé Maury n’est point homme d’intrigue ; L’abbé Maury n’aime l’or ni la brigue ; L’abbé Maury n’est point un envieux ; L’abbé Maury n’est point un ennuyeux ; L’abbé Maury n’est cauteleux ni traître ; L’abbé Maury n’est point un mauvais prêtre ; L’abbé Maury du mal n’a jamais ri : Dieu soit en aide au bon abbé Maury !
Je continue mon chemin, je quitte à regret le musicien, parce que j’aime la musique, et que celui-ci a un air d’enthousiasme qui attache. […] L’action, le mouvement, l’air empressé de la vieille, me l’auraient peut-être appris, mais cela n’y est pas. […] Cette paix aurait tout aussi bien fait de rester où elle était que de s’en venir d’un air aussi maussade, aussi dépourvue de grâce qu’elle l’est dans ce plat tableau, soit dit en passant et par apostille.
Sans ses ennemis politiques, sans ces papes qu’il osait damner, ne croyant pas que ce fût assez de les insulter et de les maudire, Dante, ce Juvénal du Moyen Age, ce pamphlétaire plus grand que Tacite, auquel des critiques qui ressemblent un peu aux petits garçons de Florence ont voulu donner l’air inspiré d’un prophète revenant de l’autre monde, tandis qu’il est un homme du temps, se possédant fort bien, au contraire, et tenant d’une main très-froide son stylet de feu, Dante n’aurait jamais songé à enfoncer son profond regard, fait pour juger les hommes et leur commander, dans cette conception de l’enfer, dont la vision pour lui se mêle à d’autres rêves et qu’il a faussée au profit de ses haines et sous le coup de ses douleurs. […] Les chaudes vapeurs sulfurines Par votre bouche et vos narines Racorniront dans vos poitrines Vos durs poumons altérée d’air, Et l’ardent foyer de la fièvre Gercera votre noire lèvre, Que de toute humidité sèvre La lourde touffeur de l’enfer. […] de vers frémissants, impondérables et lumineux, comme un nid qui palpiterait caché dans le fourré, traversé d’air bleu, du plus étincelant des feuillages !
L’air pur et excitant, exaltant, légèrement grisant d’une ivresse limpide ; cet air-là, quand on l’a une fois respiré, devient un besoin de volupté, et la privation en est une souffrance. […] Des cheveux morts du malade une odeur fade semblait se répandre qui pénétrait l’air de la chambre. — Et puis, quoi encore ? […] Jules Legras et lui donne comme un petit air dénudé. […] On est impénétrable sous des airs évaporés beaucoup plus que sous le facies impassible. […] Une jolie main vous fait signe, du haut d’un balcon, de vous apprêter à recevoir un bouquet : vous vous avancez, les yeux en l’air, les bras en l’air, le jarret tendu.
C’est un air de flûte qu’ils permettent qu’on leur joue. […] Tout cela ne pose plus sur rien c’est une construction de langue bâtie en l’air. […] Or, pendant que je parlais, le journaliste devenait grave, prenait un air désappointé et ennuyé. […] Ces romanciers prennent le style qui est dans l’air. […] Personne ne s’était avisé d’analyser l’air, parce que l’air était banal ; Gay-Lussac l’analysa et fonda la chimie moderne.
. — Tout, pour toi, dans ce monde est ténèbres, hasard : Un grand principe aveugle, un mouvement sans cause Anime tour à tour et détruit chaque chose ; Par tous les éléments, sous les eaux, dans les airs, Chaque être en tue un autre : ainsi vit l’Univers ; Et dans ce grand chaos, bien plus chaos lui-même, L’homme, insondable sphinx, ajoute son problème, Crime et misère, en lui, qui se donnent la main ; La douleur ici-bas, et point de lendemain. — Oh !
Il me fait l’effet de ces coursiers indomptés qu’on embarque et qui, une fois en l’air, sont les plus apprivoisés du monde.
On entend la romance de la Grande Duchesse, l’air des « Soldats de plomb » : Le grenadier était bel homme Il provenait de Nuremberg ; La princesse arrivait de Rome Et sortait du chemin de fer.
On désireroit seulement qu’il eût supprimé certaines réflexions un peu trop philosophiques, quelques censures trop ameres ; qu’il eût évité tout air de complaisance, en détaillant les abus de l’autorité dans quelques Papes, les désordres de l’Eglise dans une partie de ses Ministres, les égaremens du fanatisme & de la superstition.
Les années passées, le Salon avait, s’il m’en souvient, un air sombre, terne et grisâtre.