Quoiqu’il ait maintenant largement dépassé la cinquantaine, il n’a presque rien produit ; le peu que l’on connaît de lui est, en outre, au sentiment de ses admirateurs les plus déterminés, chose indifférente ; et néanmoins il passe pour un très grand poète, et sa complète stérilité, l’absence absolue de toute œuvre qu’il pourrait montrer et qui témoignerait de ses facultés poétiques, sont précisément prônées comme son plus grand mérite et comme la preuve la plus frappante de son importance intellectuelle. […] Même pour les gens, cet homme qui n’imprimait pas de livres d’art personnel et que tous pourtant désignaient : « un poète », devint comme la symbolique figure du poète, en effet, qui cherche le plus possible à s’approcher de l’Absolu… Par son silence il a signifié que… il ne pouvait réaliser l’œuvre d’art encore inouïe qu’il veut accomplir.
Mais, au contraire, l’aimable auteur de Télémaque et surtout de ces Lettres de direction, si peu connues, si dignes d’être lues, relues, et méditées, sous la plume de qui les expressions les plus flatteuses et, si j’ose dire, les plus caressantes, naissent d’elles-mêmes, regardez-y de près : c’est le grand seigneur le plus net sur les privilèges de sa naissance, le haut prélat le plus absolu sur les prérogatives de sa dignité, le philosophe le plus obstinément entêté de son sens personnel, enfin le dominateur le plus entier, le plus autoritaire, le plus tyrannique des consciences et des cœurs. […] En attendant, tel il est dans cette phrase que nous venons de citer, tel il nous apparaît dans cette controverse du quiétisme : décisif et absolu. […] remarquez-le, car ni le libraire, ni même peut-être Mme Denis ne sont dans la confidence de la machine ; il agit seul ; et sauf La Morlière, auquel il a bien fallu toucher au moins deux mots de la nécessité du plus absolu secret, il tient tout seul tous les fils de cette amusante intrigue.
. — Ainsi notre esprit touche juste en visant mal, et ce que nous disons par erreur de nos sensations s’applique avec une exactitude presque absolue et presque constante à l’ébranlement nerveux qui leur est lié.
Tout vit en paix, en joie, en amitié, en amour dans cette heureuse famille, lorsque Orgon, en allant à l’église, est séduit par les grimaces de Tartuffe, le héros de la pièce, qui simule la sainteté, et finit par s’introduire dans la famille et y prendre un empire absolu.
” » Mercredi 23 décembre Le malheur de n’avoir pas les nerfs assez bien portants, pour traiter la vie avec le mépris qu’on a pour une charge, pour une blague, pour une mauvaise plaisanterie, et de considérer les embêtements qui ne sont pas des pertes de gens aimés, ou même des révolutions absolues de votre position sociale, — de les considérer comme de bénins coups de pied au cul, qu’on recevrait dans une pantomime sur un théâtre des Funambules de société.
Jeudi 30 avril Daudet soutenait, ce soir, que tout ce que Bourget et les autres ont écrit sur Baudelaire, étaient d’absolues contrevérités.
Toutefois, pour moi la cause de l’insuccès n’est pas due à cela, elle est en ceci : c’est que le dramatique de l’acte, au milieu de détails d’une vérité absolue, ne s’appuie pas sur la vérité d’un être.
Si haut que nous remontions dans l’histoire des peuples, nous ne rencontrons point de littérature féconde, indépendante d’une prospérité matérielle parfaite, d’une autonomie politique absolue. […] On dirait difficilement de certains personnages de Tourgueneff et de Dostoïewsky qu’ils sont bons ou mauvais, quel est leur défaut ou leur qualité dominante ; on n’y trouve pas de types qui soient une personnification absolue ; ils n’en sont plus à cette littérature élémentaire, qui consiste à présenter les gens avec un défaut, ou une vertu persistant toujours, sans détente, sans contrastes, sans brusques démentis.
Comme on le voit, c’est la nature prise sur le fait, et ceux qui ont assisté à cette première visite, devenue si fréquente, d’un ministre à l’Opéra, constateront la justesse absolue d’observation. […] se disait-il ; si telle chose est impossible, je passerai à une autre, et si elle est mauvaise, le résultat me l’apprendra. » L’exercice du pouvoir absolu aidant, cette illusion de jouer à pile ou face avec les événements devint une monomanie, et le fatalisme tranquille et patient prit toutes les apparences d’une force et d’une habileté. […] » En tout cas, si nous admettons qu’on détruise nos préjugés et qu’on sape nos erreurs, c’est à la condition qu’on nous les remplacera par des vérités absolues, sans quoi nous faisons un marché de dupes, et nous avons encore moins avec le néant qu’avec le mirage qui nous trompait, il est vrai, mais qui nous soutenait durant le chemin.
On n’est pas heureux pour avoir l’absolu nécessaire ; mais on est très-malheureux de ne l’avoir pas. […] Arbitre absolu de la vie et de la mort chez toutes les nations, le sort et des peuples et des individus fut déposé dans mes mains. […] S’il est éternel, voilà donc un être absolu et indépendant de la puissance des dieux ; s’il ne l’est pas, il a été créé.
On voit, par l’article de la Gazette publié dès le 17 mai, combien on cherchait à envenimer les faits et à engager Louis XIV dans la voie de l’intolérance et de l’interdiction absolue et définitive. […] Malherbe consultait sa servante, même sur ses vers ; et Voltaire se soumettait aussi à la juridiction de sa bonne Barbara, ou, comme il l’appelait, « Baba », « dans le moment même, a dit lady Morgan, où il exerçait un empire absolu sur les opinions de la moitié de l’Europe littéraire… Baba et La Forêt appartiennent autant à la postérité que les génies illustres qu’elles avaient l’honneur de servir ». […] Rousseau a dit : « Si Molière a consulté sa servante, c’est sans doute sur Le Médecin malgré lui, sur les saillies de Nicole, et la querelle de Sosie et de Cléanthis ; mais, à moins que la servante de Molière ne fût une personne fort extraordinaire, je parierais bien que ce grand homme ne la consultait pas sur Le Misanthrope, ni sur Le Tartuffe, ni sur la belle scène d’Alcmène et d’Amphitryon. » Il n’y avait rien que de très judicieux dans cette distinction ; mais Cailhava, beaucoup plus absolu, s’écrie : « Je demande si la bonne La Forêt n’aurait pas senti tout le piquant des conseils dont Célimène paye ceux d’Arsinoé ?