Quand on lit Molière aujourd’hui, ce n’est plus des femmes savantes qu’on rit, c’est du bonhomme Chrysale. […] Par le titre qu’elle avait choisi, madame de Girardin s’était condamnée à un dénouement qui fit pendant avec celui de Molière, et elle n’a pas reculé devant cette difficulté. […] On ne reconnaît ni Molière ni Corneille sous ces travestissements immondes.
Dumas l’affirme à peu près dans la préface de l’Etrangère : « Donnez-vous la peine d’étudier attentivement Corneille, Molière et Racine, vous reconnaîtrez bien vite que leurs premières pièces, au point de vue du métier, sont aussi bien construites que les dernières, quelquefois mieux. […] Qu’étaient-ce que les tragédies de Corneille et de Racine, que les comédies de Molière, sinon des morceaux d’analyse dialogués et dramatisés ?
Rousseau, qui reprochait à Molière d’avoir rendu la vertu ridicule, aurait estimé pareillement que Flaubert, en Charles Bovary, ridiculisait la bonté. […] La psychologie professionnelle intervient ici, et le pharmacien de Flaubert vaut les médecins de Molière et les hommes de loi de Balzac.
Quand le grand siècle commença, la littérature agonisait dans les mièvreries de l’hôtel de Rambouillet ; Corneille alla faire ses provisions en Espagne, et Molière fit de même en Italie. […] Enfant, son esprit fut formé par des émigrés, MM. de Montfort, Rousselot, Xavier de Maistre ; son père savait par cœur Molière, son oncle mourut en lisant Béranger. […] Et pourtant Molière est son maître. […] » Enfin le sentiment du ridicule serait mieux nommé chez le Russe le sentiment du drôle ; il est purement national ; je veux dire qu’il s’exerce sur la tournure extérieure et sur des travers locaux, plus que sur la tournure de l’esprit ; ce n’est pas le ridicule humain de Molière.
Ce sont des caractères généraux, au même titre, d’une façon aussi absolue que l’Avare de Molière ou la Phèdre de Racine. […] C’est d’ailleurs, sur un plan que je reconnais plus élevé, ce qui fait aussi que les Annamites se pressent aux représentations des comédies de Molière, transposées dans leur langue, alors qu’ils ne songent pas à traduire celles de Henri Bataille ; au xviie siècle les conceptions qu’avaient les Français de la famille, des hiérarchies sociales étaient assez proches de celles que gardent ces Orientaux.
Je loue ceux qui conservent les éditions originales de nos classiques, de Molière, de La Fontaine, de Racine, dans leur maison illustrée par de si nobles richesses. […] Signoret jouent Cervantes et Aristophane, et je compte bien qu’elles joueront aussi Shakespeare, Calderon, Piaule et Molière, les marionnettes anglaises ne jouaient-elles pas la tragédie de Jules César, au temps de la reine Elisabeth ? […] Il me sert aussi beaucoup pour l’intelligence de Corneille et de Molière, car personne ne le surpasse en culture classique.
Il est obligé d’écouter plus qu’il ne le voudrait ces sortes de gens que Molière appelait des « fâcheux » et que nous désignons d’un nom moins élégant. […] Corneille, Molière, Alain Lesagef, M. […] J’entends d’ici le rire de Molière, les tirades bourgeoises de Chrysale, et Paul de Kock, et Labiche, et Gandillot… Ces femmes voilées sont peut-être trop savantes en l’art de se mettre martel en tête, et j’avoue que leur peintre attitré exagère la maigreur de leurs profils émaciés, se complaît en leurs chloroses, subtilise les analyses infinitésimales où elles se consument, catalogue trop minutieusement les cierges, les images, les fleurs, les chapelets où se plaisent leurs petites âmes dévotes et tremblotantes.
Et d’abord certaines similitudes entre les deux auteurs devancent et expliquent les similitudes que nous allons constater entre les deux ouvrages en laissant, bien entendu, le premier rang à l’œuvre parfaite, sans tache, éternellement jeune qui place Le Sage à côté de La Bruyère avec plus de simplicité que lui, et immédiatement au-dessous de Molière avec autant de verve, mais moins de profondeur. […] Il est, sans doute, de ceux qui croient que Juvénal ni Molière n’ont diminué le nombre des vices et des travers qu’ils ont flagellés, et que le moyen le plus direct d’honorer la vertu, c’est de la représenter, et non de ridiculiser le vice. […] Que reste-t-il des auteurs où Molière a puisé son bien ?
C’est ce que fait l’humanité civilisée et c’est ce qu’elle fera toujours, en se moquant des pédagogues scientifiques, qui ont à peu près la mentalité d’un médecin de Molière.
Le « Poil-de-Carotte, tu fermeras les poules tous les soirs » est égal en vérité burlesque aux mots les plus fameux des comédies célèbres, et il en est à la fois le Cyrano et le Molière, et cette galère ne lui sera pas volée.
La prose de Molière est toute pleine de vers.