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408. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

C’est ce qui eut lieu en France au sortir des atrocités de la Terreur. […] On peut dire que la gaieté en France n’eut son plein accent et tout son écho que lorsqu’il y fut revenu. […] Il y aurait une jolie histoire à esquisser, celle de la gaieté en France. […] Mais c’est au lendemain de la Terreur qu’il se fit une véritable restauration de la gaieté en France. […] Cette gracieuse chanson était comme le chant du cygne de la gaieté en France.

409. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

« Un caractère particulier de la France, et surtout de Paris, écrivait, en 1817, Joseph de Maistre, c’est le besoin et l’art de célébrer. » Depuis 1817, grâce à la politique, le besoin est devenu plus grand, et l’art moins délicat. […] Alfred de Musset, aussi original que ses deux aînés, est plus dans la tradition classique, qui est l’originalité même de la France. […] En revanche, ils liront et goûteront plus d’une pièce que nous n’avons point chantée, où la poésie politique fait place à la poésie personnelle, où de belles strophes parlent à l’homme de tous les temps de la vie de tous les jours, à la France de sa gloire militaire et du grand homme qui lui en a le plus donné. […] Elle s’est fait un idéal de l’esprit humain dans les livres ; elle s’en est fait un du génie particulier de la France, un autre de sa langue ; elle met chaque auteur et chaque livre en regard de ce triple idéal. […] Ainsi il faut me taire sur ces écrits d’État, si ce mot m’est permis, bulletins de victoire, notes politiques, discours aux grands corps de l’État, par lesquels la France du dix-neuvième siècle a parlé au monde avec un si grand retentissement.

410. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Rousseau fut un des premiers écrivains en France qui écrivirent avec l’âme. […] Rousseau pousse l’exigence du parvenu jusqu’à vouloir dîner, malgré son ambassadeur, avec les têtes couronnées qui passent à Venise et qui invitent à leur table l’ambassadeur de France. […] Rousseau affecte de narguer son chef, reste à Venise malgré lui, emprunte à toutes mains pour payer son retour en France, et revient victime de son orgueil. […] La France devient sa complice, et les fondements de l’ordre social sont ébranlés comme par un tremblement de logique dans la tête des hommes et dans le cœur des femmes. […] L’ivresse monta à la tête de la France et surtout des femmes ; son nom courut avec ses notes sur toutes les lèvres.

411. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Histoire littéraire de la France. […] Durant les années de sa retraite au Mans, le docte religieux avait successivement publié les huit premiers volumes de son Histoire littéraire de la France (1733-1748) : le 9e, qui était de lui encore, ne parut qu’après sa mort, en 1750. […] Les infatigables et pesants Bénédictins vont donner, en dix volumes in-folio, que je ne lirai point, l’Histoire littéraire de la France. […] Le Moyen Âge en France eut ses tableaux gracieux, d’une tendresse un peu enfantine, comme dans le roman d’Aucassin et Nicolette : en prose et dans un ordre plus sérieux, les récits du sire de Joinville éveillent le même sentiment de fraîcheur et d’enfance. […] Le xiiie  siècle, en France, fut « un grand siècle littéraire », dit un de nos auteurs, que je crois être M. 

412. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Il y eut depuis, sur la liste des Quarante, plus d’un personnage revêtu de cette éminente dignité militaire, les maréchaux de Richelieu, d’Estrées, de Belle-Isle, de Beauvau ; mais il fut le premier maréchal de France qui, en possession du bâton, eut cette idée gracieuse sous Louis XIV de vouloir être de l’Académie. […] Cet homme, qui à vingt et un ans était colonel et si en vue auprès des chefs, ne devint maréchal de France qu’à près de cinquante. […] Ayant obtenu la commission de porter à l’empereur un compliment de condoléance sur la mort de l’impératrice sa mère, il se rendit à Vienne, y fut reçu agréablement, se mit au fait des intrigues de cour et de cabinet, se hâta d’en informer le roi, et travailla dès lors, par tous moyens auprès de l’électeur de Bavière à le détacher de l’empereur, dont il s’était fait le général, et à le ramener vers la France où sa sœur était dauphine. […] Cependant Villars s’attachait de plus en plus à l’électeur de Bavière ; il eut ordre de le suivre à Munich, et put prendre auprès de lui la qualité d’envoyé extraordinaire de la Cour de France : il alarma par ses progrès celle de Vienne, qui envoya, pour le contrecarrer, ses meilleurs hommes d’État, de ceux qu’il aura plus tard à combattre comme généraux. […] De retour à Munich, il n’y put toutefois conjurer l’ascendant des ministres de l’empire ; dans la nouvelle ligue qui se nouait, l’électeur dut se déclarer, en attendant mieux, contre la France, et Villars, pour s’en revenir (1688), eut à traverser en toute hâte des pays ennemis, des populations irritées.

413. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Mais la France, depuis les ébranlements de la Révolution et de l’Empire, a semblé acquérir, du côté de l’imagination et du penchant au merveilleux, une faculté nouvelle. […] En France même, plus d’un vieux matelot ou d’une vieille paysanne a là-dessus son récit que les jeunes écoutent et croient. […] Quinet, c’est qu’en 1814 et en 1815 la France n’ait pas eu ainsi sa levée, ses soldats-poëtes. […] Or, le poëte guerrier que la France n’a pas eu alors, ce teutonique gaulois à opposer aux Uhland et aux Kœrner, c’est M. […] Ce qui peut diminuer peut-être l’étonnement, du moins en ce qui nous concerne, c’est qu’à l’exemple de la grande majorité de la France nous n’avons si vivement épousé le second Empire que parce qu’il s’annonçait dès son début comme devant différer notablement du premier.

414. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

« Il m’importait cependant, dit Horace, de voir les troupes et surtout un camp. » Pour cela, le consul de France, M.  […] Horace revint vite à sa manière, à ses travaux, à la célébration des hauts faits et des exploits qui, en France, ne sont inféodés à aucun régime. […] Il faisait un voyage pédestre en France, en Auvergne, avec M. de Pontécoulant, le pair de France. […] France, tant que tu resteras France, un pays distinct et une patrie, ne répudie jamais tes enfants sincères, les plus naturels, les plus légitimes ; ne te laisse pas aller à en décourager la race en la dédaignant. […] Qu’il ne vienne jamais ce temps présagé par de tristes prophètes, où l’on chercherait vainement des talents français en France.

415. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

On peut railler l’Académie en France : elle n’a pas cessé d’être populaire en Europe. […] et le premier Corps littéraire de la France appréhendera-t-il de se compromettre en intervenant dans une dispute qui intéresse toute la littérature française ? […] Le sujet de poésie proposé par l’Académie pour 1831 était la Gloire littéraire de la France. […] Dans une France, même démocratique, comme elle tend de plus en plus à le devenir, l’Académie française mérite de garder son rang et peut avoir son influence utile. […] Ambroise Rendu et l’Université de France, par Eugène Rendu (1861).

416. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Rentré en France, il se laissa marier avec une fille riche, qui fut plus tard une bonne et courageuse femme, toute dévouée au grand homme sans illusion et sans effacement : mais d’abord les événements les séparèrent. […] Bonaparte le vit, et voulut en décorer la France qu’il reconstruisait : Chateaubriand se prêta au bien qu’un autre grand homme lui voulait ; il se laissa nommer premier secrétaire à l’ambassade de Rome, puis ministre dans le Valais. […] Chateaubriand n’a pas mal compris la France et l’Europe de son temps. […] Voici les principaux faits : 1814, De Buonaparte et des Bourbons, brochure écrite à la fin de la campagne de France, avant l’abdication ; 1815, il suit Louis XVIII à Gand, et il est ministre de l’intérieur par intérim : la seconde Restauration le fait pair de France ; 1816, il publie la Monarchie selon la Charte, dont l’édition fut saisie, après quoi l’auteur fut rayé de la liste des ministres d’Etat et sa pension supprimée (elle lui fut rétablie en 1821) ; 1818, il fonde le Conservateur ; 1821, il devient ambassadeur à Berlin, puis à Londres ; 1802, il représente la France au Congrès de Vérone ; 1823, ministre des affaires étrangères, il fait décider la guerre d’Espagne ; 1825, il est renvoyé du ministère ; 1828, sous le ministère Chabrol et Martignac, il va en ambassade à Rome, et donne sa démission au ministère Polignac. Il donne sa démission de pair de France en 1830.

417. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Édouard Fleury »

de ces confesseurs de la foi livrés aux bêtes de la Révolution française ; mais il a aussi, chose plus méritoire, la vue très nette de ce que la France — la France terrienne, la France politique, — doit à ce clergé qu’elle a traité en 1792 avec une si cruelle ingratitude.

418. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Le divorce, pour une nation catholique comme le fut la France, n’est pas une question. […] Seulement, pour nous qui ne voulons pas la discuter et qui savons l’histoire ; pour nous qui avons appris, en la lisant, où se trouve la politique pour les peuples, demandons-nous si la France, à cette heure, était assez chrétienne, assez historique, assez politique pour repousser cette question du divorce, qui, de ce qu’elle est posée comme elle l’est, devait incontestablement triompher ! […] Qu’ils se taisent donc et dévorent leur mépris, mais qu’ils comprennent enfin qu’où il n’y a plus de religion d’État, il n’y a plus d’indissolubilité religieuse possible ; et puisque nous n’avons su la défendre, cette religion d’État qui fit la force morale et la gloire de la France, ce n’est pas sans elle que nous sauverons le mariage chrétien. Coupe dure à avaler, je le sais bien, dans laquelle la France va boire ses fautes ! […] On lui a fait crédit, avec une facilité généreuse, de toutes les facultés qu’il n’a pas, et il a été reconnu comme l’homme d’esprit d’une époque, qu’il vaut encore mieux être en France que d’être un homme de génie.

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