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2141. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

On lui voudrait un peu de ce sentiment qu’il simulait lorsqu’à un Arabe qui lui demandait pourquoi il était venu de si loin, il répondait : « Pour voir la terre et admirer les œuvres de Dieu. » Volney monte au sommet du Liban, d’où il jouit du spectacle des hautes montagnes : « Là, de toutes parts, dit-il, s’étend un horizon sans bornes ; là, par un temps clair, la vue s’égare et sur le désert qui confine au golfe Persique, et sur la mer qui baigne l’Europe : l’âme croit embrasser le monde. » Du haut de cette cime témoin de tant de grandes choses, et d’où l’esprit se porte en un clin d’œil d’Antioche à Jérusalem, quelles vont être ses pensées ?

2142. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

. — N’ayant eu pour le soutenir ni l’affection, ni les conseils de sa mère ; mal surveillé, mal dirigé par un père trop faible qui, toujours en admiration devant son fils, lui passait tous ses caprices, excusait toutes ses fantaisies, à dix-huit ans B… était sceptique et frondeur, ne croyant ni à Dieu ni à diable. — Il était homme à ne reculer devant rien, à n’être arrêté par aucun scrupule. — Aveuglé par son amour paternel, C… ne suivit pas les progrès incessants du mal, cette gangrène morale qui s’empare du cerveau d’abord pour descendre ensuite au cœur. — Il faut que jeunesse se passe. » Voilà le genre.

2143. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Qu’est-ce à son tour que la métaphysique, qui paraît d’abord un exercice solitaire de la pensée, la réalisation de l’idéal érigé en Dieu par Aristote, — la pensée suspendant tout à ses propres lois et se repliant sur soi dans la pensée de la pensée ?

2144. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Il n’y a plus à chercher s’il y a un Dieu, s’il y a une âme, s’il y a une vie future ; l’instinct du genre humain a résolu ces grands problèmes : il n’y a plus qu’à préserver ces solutions des atteintes de l’esprit d’examen, qui n’est jamais que l’esprit de doute et de ruine.

2145. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Car toute chose étant Dieu demande une grande ferveur.

2146. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Dieu l’humiliait, mais il lui revenait par la tendresse, et voilà le secret de son scepticisme, à cet orgueilleux qui avait l’âme tendre !

2147. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement, c’est-à-dire d’un adorateur du Dieu personnel de la croix, le spiritualisme de la Philosophie avec sa Providence sans visage pouvait jamais constituer un titre de gloire à quelqu’un !

2148. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Il se trouva immédiatement après lui un prélat éloquent et respectable, qui donna aux préceptes de raison et de liberté l’autorité de la parole de Dieu, et qui leur imposa pour bornes la religion et la soumission aux lois. […] Rousseau, au milieu de sa vie impure, se croyait le plus vertueux des hommes ; il voulait se présenter devant le tribunal de Dieu ses livres à la main, et pensait qu’on trouverait dans leurs pages de quoi compenser toutes ses fautes. […] On est aussi surpris de le voir remonter d’abord, par un essor sublime, jusqu’à la connaissance de Dieu, et puis partir de là pour rejeter les religions positives et les cultes. […] Pascal lui reprocha d’avoir fait tout son possible pour se passer de Dieu dans son système, sans songer qu’un tel génie ne pouvait rendre un plus éclatant hommage à la Divinité, et à toutes les idées morales, qui ne peuvent se rattacher qu’à cette première source. […] On s’était lassé de vouloir aller plus haut ; les esprits avaient pris un autre cours ; on était parvenu à se passer de Dieu, ou du moins il était écarté de tous les travaux des philosophes ; ceux qui abordaient la grande question penchaient à n’admette qu’une seule nature, la nature physique.

2149. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Au contraire du moine qui trouve Dieu dans sa cellule, le poète ne rencontre dans sa chambre que de l’ennui vide à remâcher, l’hallucination maintenant amplifiée des bruits qui montent. […] Tu es un Dieu qui ne feint d’oublier sa toute essence qu’afin d’en réaliser le rayonnement. […] Écrire, déjà, n’est-ce point s’ériger en absolu, et, pour légitimer son existence, construire un monde autour de soi, comme s’hypostasie un Dieu alexandrin, « s’arroger, en vertu d’un doute, quelque devoir de tout recréer, avec des réminiscences, pour avérer qu’on est bien là où on doit être107 » ? […] De même, dans l’intellectualisme qui fournit au philosophe sa morale professionnelle, tout se définit et s’étage selon l’intelligence, pour l’économiste selon l’utilité, pour l’âme religieuse selon Dieu.

2150. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Dieu me fasse réussir avec le même bonheur au concours d’agrégation !  […] Cherchons donc, cherchons toujours : c’est l’art et c’est la vie ; et grâce à Dieu, les joies de l’effort, si sévères qu’elles soient bien souvent, valent mieux que les joies passagères et stériles du succès. » Quelle digne et loyale nature !

2151. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Mais quel triste sujet de gaieté, grand Dieu ! […] Car je pourrais citer dans ses farces un certain nombre de facéties où, Dieu merci !

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