Nous l’avertirons que ce n’est pas assez de savoir coudre les lambeaux étrangers à son Ouvrage, & dont on reconnoît d’abord la friperie ; de pousser de grandes exclamations sur le mérite de Voltaire ; d’avoir été admis à compulser les Archives du Mercure ; de nous reprocher habilement d’avoir omis quantité d’Ouvrages qui étoient sous presse, & qu’il ne nous étoit pas possible de connoître.
Les Gens de Lettres, tant Nationaux qu’Etrangers, s’y rendoient avec empressement.
C’est pourquoi, quand ensuite nous réfléchissons sur elles, nous cessons de nous les attribuer ; elles se sont aliénées, détachées de nous, jusqu’à nous paraître étrangères à nous. […] Au contraire, nos sensations de couleur nous semblent situées au-delà, à la surface de corps étrangers au nôtre, au-delà du cercle délimité et constant où nous nous enfermons. Rien d’étonnant, si nous cessons de les considérer comme nôtres et si nous finissons par les considérer comme un quelque chose étranger à nous. […] Dans ce cas, notre sensation elle-même nous apparaît comme un au-delà ; partant, l’objet auquel nous l’attribuons et que, sous le nom de couleur, elle semble revêtir, s’oppose comme un dehors plus ou moins éloigné à notre moi et à son enceinte. — Des sensations projetées en apparence au-delà de la surface nerveuse où nous situons notre personne, logées en un point déterminé de cet au-delà, détachées de nous par cette projection, constituées à part comme des événements étrangers à nous, érigées en qualités permanentes par la continuité et l’uniformité de leur répétition, érigées en qualités d’un corps solide par la possibilité présumée, à l’endroit où nous les situons, d’une sensation de contact et de résistance : tels sont les fantômes visuels, effectivement internes, qui, lorsque nous ouvrons les yeux, nous semblent des objets externes, et l’on comprend maintenant sans peine pourquoi, étant composés de la sorte, ils nous apparaissent non seulement comme autres que nous, mais comme situés hors de nous. […] Même remarque à propos des sensations que nous projetons au-delà de notre enceinte sensible et que nous considérons comme des événements étrangers à nous, par exemple les sons, ou comme des qualités d’objets étrangers à nous, par exemple les couleurs. — Sans doute, c’est à tort que tel son qui est une sensation de mes centres acoustiques me semble flotter là-bas et là-haut, à vingt pas sur ma droite ; mais à ce son régulier ou irrégulier correspond, élément pour élément, une vibration de l’air qui se propage à partir de cette hauteur, de cette distance et dans cette direction. — Sans doute encore, c’est à tort que des raies blanches et bleues, qui sont des sensations de mes centres optiques, me semblent étendues sur le papier qui tapisse ma chambre ; mais à ces raies de couleur correspondent, élément pour élément, des différences de structure dans la surface du papier, et, par suite, des différences d’aptitude pour absorber ou renvoyer les divers rayons lumineux.
Cette crise, née de raisons intimes, est accélérée par l’introduction d’idées étrangères, venues surtout d’Angleterre et déjà un peu d’Allemagne. […] Ainsi qu’elle le fait pour toutes ses renaissances, la France s’ouvre aux idées étrangères ; elles lui viennent de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Italie ; la France les accepte d’abord pêle-mêle, comme au xvie siècle, puis elle fait un choix, elle se les assimile et leur donne enfin leur valeur universelle. […] Je n’en cite que quelques-uns, d’après un critère spécial : Nietzsche, Ibsen, deux étrangers dont l’influence (si diverse !) […] On a dit, je le sais, que la France se ferme aux idées étrangères ; cela est exact, ou faux, selon les époques ; quand elle a tout donné, qu’elle paraît épuisée, elle s’ouvre à l’étranger ; puis elle semble s’isoler ; c’est que, mère toujours féconde, elle voue ses soins au fils qu’elle enverra, tel Yvain ou Lancelot, à travers la forêt magique des préjugés, à la recherche du vrai idéal. — L’exclusivisme est à de certains moments une nécessité de la concentration. […] Par contre, cela est certain, il n’est pas lyrique ; il ne l’est que sous une influence étrangère ou par exception ; le plus souvent, il prend pour du lyrisme ce qui est éloquence, ou vision poétique, ou simplement esprit.
Parce que l’artiste était étrangère ? […] À l’étranger, je crois que nous n’irons pas bien vite, peut-être pourtant un de ces jours ; maman a dit dans une semaine. […] Je t’apporterai de l’étranger un porte-fusil, ou mieux, écris-moi ce qu’il faut t’apporter ? […] Écris-moi absolument qu’est-ce qu’il faut t’apporter de l’étranger ; si nous ne partons pas, je t’écrirai encore. […] Une des peintres étrangers cités.
Mais Dieu vit l’iniquité des cours, et il dit au soldat étranger : Je briserai le glaive dans ta main, et tu ne détruiras point le peuple de saint Louis.
Appeler des étrangers pour former une académie de savants, c’est négliger la culture de sa terre et acheter des grains chez ses voisins.
Il est donc juste de dire que si la Restauration coïncide avec la victoire de l’étranger, elle s’accomplit contre lui. […] C’est là qu’il eût été équitable de dénoncer l’ingérance de l’étranger. […] Elle accueille pourtant beaucoup d’étrangers. […] Ceux qui la menaient, à la différence d’aujourd’hui, étaient exempts de toute influence étrangère. […] Un autre étranger, de langue française celui-là, M.
Une littérature, un art étrangers inondent de leurs productions cette terre nouvelle. […] L’apport étranger ne le dénature pas, à proprement dire, si, par-delà, son intime originalité subsiste. […] Lorsqu’on se résigne à « vivre d’une vie étrangère », à « n’être plus qu’un des membres d’un corps étranger », au moment même où cette vie se dissout, où ce corps se décompose, comment subsisteraient la force ethnique et la pureté d’énergie que l’on doit à la nature et à la race ? […] Pour le Français de sang pur et que n’ont pas « corrompu » les contacts étrangers, Paris est, sans nul contredit possible, le centre moral et intellectuel du globe. […] Rempli d’une confiance illimitée en sa propre supériorité, aussi indiscutable à ses yeux qu’un dogme, les idées étrangères n’ont pas prise sur son être intérieur.
Mais certes ils ne sont point des hommes de sentiment ; et rien ne leur est plus étranger que ces dispositions à la mélancolie dont les entretient Mme de Staël, ou que la poésie du christianisme, si même on ne doit dire qu’elles les trouvent : les unes, résolument hostiles, et l’autre contre-fanatisés. […] Quelle comparaison du haut relief et de la vigueur de coloris du Buonaparte d’Hugo, ou de la mélancolie voluptueuse du Lac, au prosaïsme déclamatoire d’une « Messénienne » : sur le besoin de s’unir après le départ des étrangers ? […] D’autres symptômes, aussi bien, présageaient une révolution de la littérature, et, au premier rang, le goût non pas certes nouveau, mais raisonné désormais, dont on commençait à s’éprendre pour les littératures étrangères. […] Guerre au classicisme, liberté, vérité dans l’art, couleur locale, imitation des littératures étrangères, tous ces autres noms, en effet, dont on a fait tant de bruit, n’ont servi que de couverture ou de déguisement à l’étalage du moi. […] 1º Par l’intermédiaire d’Émile Montégut ; — qui fait du roman anglais et du roman américain, dans la Revue des Deux Mondes, 1851-1858, — une étude plus approfondie qu’aucun auteur étranger ne l’a faite, en aucun temps, d’une littérature étrangère ; — une sorte de « réalisme » à la fois sentimental et caricatural ; — se révèle aux lecteurs français. — Dickens et Thackeray en sont les principaux représentants ; — et David Copperfield, ou La Foire aux vanités deviennent presque aussi populaires en France qu’en Angleterre, — lorsque Taine a eu tracé de Thackeray et de Dickens, — les très beaux portraits que l’on sait.
Aussi bien cette valeur y est étrangère. […] Personne ne resta plus étranger que lui aux jeux du dilettantisme et de la virtuosité. […] Sommes-nous étrangers d’ailleurs aux émotions qui ont suscité ces ardeurs religieuses ? […] Elle lui apparaissait comme un pays presque étranger. […] On compterait ceux de ses récits qui n’évoquent pas autour des personnages quelque décor d’un pays étranger.