/ 1986
1911. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Il est donc parfaitement établi qu’on ne peut être, en même temps, franc-maçon et catholique. […] Le Grand Orient affilie régulièrement les Loges d’adoption, c’est-à-dire celles des Franches-Maçonnes, établies en dehors de celles des hommes ; il les fait passer sous l’obédience du duc ; il leur donne pour Grande-Maîtresse sa sœur, la duchesse de Bourbon5. […] S’il existait un moyen de s’établir et de s’installer, comme un roi dépossédé, sans sujets ni royaume, sur le trône glacial et solitaire de l’indifférence complète !

1912. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

. — Varron, dans son traité de l’Agriculture, cite un ouvrage d’Ératosthènes, perdu pour nous, dans lequel celui-ci cherchait à établir que le caractère de l’homme et de la nation, et la forme du gouvernement, dépendent de la distance plus ou moins grande du soleil. […] Montaigne descendait d’une des familles anglaises établies en Guyenne à la suite des guerres entre l’Angleterre et la France. […] » Gustave Planche a donc très bien dit : « Pascal, après avoir défendu la raison contre le probabilisme et la dévotion aisée, s’est retourné contre la raison ; de telle sorte que son testament, c’est-à-dire le recueil de ses Pensées, est une protestation contre les Provinciales, qui ont établi la gloire de son nom. » Et quelle est l’explication d’un si étrange phénomène ?

1913. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

C’était un très surprenant soliloquiste, toujours en train de faire son odelette, mais ne la faisant pas avec l’affectueux souci d’établir un courant. […] Son style, dont la complexité ingénieuse n’est pas exempte d’obscurité, se débarrasse du moins de ces catalogues obsédants, qui sentent l’atelier de la modiste, l’établi du tailleur ou la boutique du couturier. […] Ils savent que les faits qu’ils s’épuisent à établir n’ont pas de valeur comme faits, mais seulement si l’on peut en dégager des lois — et ils n’ignorent pas que, le plus souvent, ces lois, d’autres qu’eux les dégageront. […] » Il a cru pouvoir établir par des documents que, plusieurs fois, dans le cours des siècles, la France, d’un élan spontané, « est allée là où elle a cru rencontrer la force et la stabilité ».

1914. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Loin de moi le ridicule de donner des leçons de christianisme à Chateaubriand, mais il s’agit de mesurer, d’établir les nuances ; et qui ne voit qu’un chrétien du moyen âge, ou seulement du xviie  siècle, trouverait le mot de Rancé si naturel qu’il ne songerait pas même à le relever ? […] Il fut le chef incontesté du Gouvernement provisoire, parla à l’Europe, comme ministre des affaires étrangères, un langage très élevé et très sage, vraiment digne de la France, improvisa au balcon de l’Hôtel-de-Ville, devant l’émeute et les fusils braqués sur lui, des discours admirables, calma pour un temps les passions populaires, abolit l’esclavage, établit le suffrage universel, et procéda aux élections de l’Assemblée constituante. […] On dirait que ses ouvrages ont ôté écrits par deux frères, dont l’un était un grand poète et un vigoureux penseur, mais très paresseux ; l’autre, écrivain médiocre et suranné, et assez peu intelligent, complétait les ouvrages laissés inachevés par le premier, pratiquait des soudures, établissait des transitions, surtout finissait les pièces le tout sans très bien comprendre. […] Vers l’âge d’onze ans, il vint s’établir avec sa mère, séparée, à cette époque, du général, à Paris, dans le quartier, presque désert alors, du Val-de Grâce. […] Ses thuriféraires furent dans un mortel embarras en 1865 quand il lança les Chansons des rues et des bois, œuvre charmante, mais trop gaie pour un homme qui depuis quinze ans s’était établi dans le personnage « d’homme devoir », de « souffle des douleurs » et de « bouche du clairon noir. » C’était l’écho d’une proscription pleine de bonne humeur. « Habemus facetum exsulem.

1915. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Sa politesse est compassée, et je le soupçonne fort d’avoir été de ceux qui sont frivoles dans le sérieux et pédants dans le frivole  ; mais c’était certainement un homme de beaucoup d’esprit, établi sur ce pied-là dans le monde, ayant commerce avec ce qu’il y avait de plus considérable dans les lettres et à la cour, désigné par l’opinion, à un certain moment (de 1649 à 1664), pour un arbitre ou du moins pour un maître d’élégance.

1916. (1813) Réflexions sur le suicide

Qui de nous sait quel rapport est établi entre les souvenirs de la terre et les jouissances célestes ?

1917. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Si vous aviez, comme il me semble (sans vouloir vous interroger), tant soit peu d’amitié pour moi, je quitterais assez volontiers mon vieux brick, qui n’est plus qu’un sabot à présent, et je m’établirais là avec vous, si cela vous convient.

1918. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

On établit sur l’herbe de l’autre côté du Rhin les tentes et les huttes à l’endroit où l’on voulait camper.

1919. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Brunetière est d’établir des « liaisons » inaperçues et surprenantes.

1920. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Je ne dis pas que l’entreprise ait absolument besoin de ce don, mais il est clair qu’il établirait des liens solides et durables entre la ville de Bayreuth et l’entreprise.

1921. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Jamais leur volonté ne prévaudra contre l’ordre établi par Zeus. » — Les Muses de l’Hymne Homérique ne regardent pas notre espèce, du haut de l’Olympe, avec un mépris plus superbe, lorsque « se répondant avec leurs belles voix elles chantent le bonheur éternel des Dieux et les misères infinies des hommes, lesquels, ainsi qu’il plaît aux Immortels, vivent insensés et impuissants, et ne peuvent trouver un remède à la mort, ni une défense contre la vieillesse. » — Mais aux reproches des Océanides, Prométhée répond par un mot qui le met au-dessus des dieux : — « J’ai eu pitié des hommes ; c’est pourquoi on n’a pas eu pitié de moi. » — Mot sublime qui rattache son cœur d’Immortel aux entrailles humaines, qui rassemble en lui pathétiquement deux natures, et qui fait du Titan souffrant l’image prophétique du Rédempteur à venir.

/ 1986