/ 2432
1474. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

La France était-elle alors, et à cette époque avancée des négociations d’Utrecht, sous le coup d’un danger aussi imminent que les années précédentes ? […] Oui, Villars en sauvant Landrecies sauva la France ; il la sauva certainement de l’humiliante nécessité de subir les conditions de vainqueurs hautains, et de clore la plus magnifique des époques sur des désastres sans consolation et sans mesure.

1475. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Mais le journal que l’abbé Le Dieu s’est avisé de tenir durant des années, et qu’il a commencé quatre ans environ avant la mort de Bossuet pour le poursuivre presque jusqu’à l’époque de sa propre mort (1699-1713), est d’un caractère tout différent, et j’ai peine à ne pas regretter qu’il ait été publié in extenso : car il ne fait honneur à personne. […] L’abbé Le Dieu n’a pas le dessein de diminuer Bossuet, mais il soumet son illustre maître à une épreuve à laquelle pas une grande figure ne résisterait ; il note jour par jour, à l’époque de la maladie dernière et du déclin, tous les actes et toutes les paroles de faiblesse qui lui échappent, jusqu’aux plaintes et doléances auxquelles on se laisse aller la nuit quand on se croit seul, et dans cette observation il porte un esprit de petitesse qui se prononce de plus en plus en avançant, un esprit bas qui n’est pas moins dangereux que ne le serait une malignité subtile.

1476. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

« … La comtesse d’Albany n’est pas seulement en Angleterre, à Londres, mais en ce moment même, je pense, au palais de Saint-James, — non pas restaurée par une aussi rapide révolution que la française, mais, comme on le remarquait hier soir à souper chez lady Mount-Edgecumbe’s, par suite de ce sens dessus dessous universel qui caractérise l’époque présente. […] « Elle recevait avec dignité et politesse. » Heureusement un autre poète, qui fut présenté à la comtesse en 1810 ou environ, et qui l’a revue plus tard, nous a donné d’elle un portrait plus vrai, et qui répare l’injustice du précédent : « Rien, nous dit M. de Lamartine en son VIIe Entretien, rien ne rappelait en elle, a cette époque déjà un peu avancée de sa vie, ni la reine d’un empire, ni la reine d’un cœur.

1477. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Il fut, pendant des années, commis à gros appointements chez M. de Meulan, receveur général de la généralité de Paris, et il continua de demeurer à l’hôtel de Meulan, jusqu’à l’époque de son mariage (1757). […] Un de ces critiques qu’on méprise aujourd’hui et qu’on se flatte d’avoir enterrés, La Harpe, a dit à ce sujet excellemment : « Il est bien vrai que la gaîté qui tient à la licence est plus facile qu’aucune autre ; mais celle de Collé est si originale et si franche, qu’on pourrait croire qu’elle n’avait pas besoin de si mauvaises mœurs pour trouver où se placer. » Nous allons plus loin que La Harpe, et nous disons que ces mœurs mêmes, prises sur le fait et rendues avec cette touche facile et hardie, ajoutent, du point de vue où nous sommes, un prix tout particulier au tableau : elles y mettent la signature d’une époque.

1478. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Un négociateur animé d’un plus vif sentiment national eût, certes, fait en sorte d’obtenir mieux de la bienveillance d’Alexandre, très porté pour la France à cette époque, et il eût au moins disputé le terrain pied à pied ; mais un tel négociateur ne pouvait se trouver alors dans la ligne et dans le rôle de M. de Talleyrand. […] Sir Henry Bulwer est un peu doux et poli dans ses appréciations, comme il sied à un Anglais qui a tant vécu dans la haute société française ; mais voici un de ses compatriotes qui est plus haut en couleur et plus mordant : ce jugement parut dans le Morning-Post, à l’époque de la mort de Talleyrand ; je crois qu’il ne déplaira pas à cause de quelques traits caractéristiques qu’on chercherait vainement ailleurs : « Lorsque Talleyrand, nous dit l’informateur anonyme, était ici engagé dans les protocoles, lui qui dormait peu, il avait coutume de mettre sur les dents ses plus jeunes collègues, et nous avons trop bien éprouvé qu’au temps de la quadruple alliance et en plus d’une autre occasion, ses yeux étaient ouverts tandis que lord Palmerston sommeillait.

1479. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Il y eut, ne l’oublions pas, deux temps très-distincts, deux moitiés très-tranchées dans le xviiie  siècle ; ce n’est que dans la seconde moitié, et après 1747, année du Méchant, que ce siècle produisit les mémorables ouvrages qui en firent décidément une grande époque de philosophie et d’éloquence : l’Esprit des Lois, l’Histoire naturelle, l’Encyclopédie, l’Emile et tant d’autres ; Voltaire embrasse et remplit les deux périodes, Rousseau n’éclate que dans la seconde ; Gresset ne passa jamais la première. […] Il ne tiendrait pas à M. de Cayrol que nous ne vissions dans ces années de retraite de Gresset l’époque la plus remplie littérairement et la plus fertile de sa vie.

1480. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Bertrand nourrissait à cette époque d’autres projets plus étendus, et il n’entendait que préluder ou peloter, comme on dit, par ces sortes de bambochades. […] Le premier numéro, qui parut le  1er mai 1828, contenait, de lui, une petite chronique de l’an 1304, intitulée Jacques-les-Andelys, et depuis lors presque dans chaque numéro, jusqu’à la fin de septembre, époque de la suspension du journal, il y inséra quelque chose.

1481. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

À l’époque où nous vivons, la mélancolie est la véritable inspiration du talent : qui ne se sent pas atteint par ce sentiment, ne peut prétendre à une grande gloire comme écrivain ; c’est à ce prix qu’elle est achetée. […] L’époque du retour à la vertu n’est pas éloignée, et déjà l’esprit est avide des sentiments honnêtes, si la raison ne les a pas encore fait triompher.

1482. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

, fierté des gloires militaires de la Révolution et de l’Empire, rêve d’une France libre, glorieuse et honorée parmi les hommes », cela composait une sorte de religion civique, commune alors à un très grand nombre de Français, et faite de très antiques bons sentiments, mais qui, naturellement, revêtaient les formes accidentelles propres à cette époque : on n’était pas clérical dans la maison ; on était de ces Parisiens qui, à l’endroit des « capucinades » officielles de la Restauration, retrouvaient les propos de la Satire Ménippée ; et, le samedi soir, on se réunissait entre amis, sous la tonnelle, pour chanter les premières chansons de Béranger. […] Le rectorat qu’il rêvait était un rectorat très agissant, très peu sédentaire, debout et même à cheval, avec les larges façons d’un préteur romain de la bonne époque pacifiant une province.

1483. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Une inexorable revue des époques et de leurs théâtres serait abusive jusqu’à l’indiscrétion. […] La majesté froide et grandiose de la première représente bien la noblesse un peu figée de l’époque ; la gaieté, quelquefois grossière ou guindée de la seconde, rappelle les rieurs survivants de l’âge précédent, et les jeunes maniérés du jour.

1484. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

IV Une inexorable revue des époques et de leurs théâtres serait abusive jusqu’à l’indiscrétion. […] La majesté froide et grandiose de la première représente bien la noblesse un peu figée de l’époque ; la gaieté, quelquefois grossière ou guindée de la seconde, rappelle les rieurs survivants de l’âge précédent, et les jeunes maniérés du jour.

/ 2432