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592. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Ce n’est pas qu’ils n’eussent déjà servi de guides à plusieurs Ecrivains, mais c’étoit sans discernement & sans choix. […] Occupés également de l’étude des Ecrivains Sacrés & Profanes, ils édifioient à la fois le monde & l’éclairoient. […] Ces deux Ecrivains étoient eux-mêmes un exemple, qui n’établissoit pas la supériorité des Modernes. […] Pourquoi donc Horace recommandoit-il avec tant de force aux Ecrivains de son temps & aux Ecrivains à venir, de les lire & relire jour & nuit ? […] Ce genre d’ouvrages, accrédité par la plume féconde, agréable, intéressante & facile d’un Ecrivain(*), exercé d’ailleurs plus utilement, devint presque l’occupation générale de tous nos Ecrivains beaux-esprits.

593. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIII. Des sympathies anarchistes de quelques littérateurs » pp. 288-290

Il n’importe guère sérieusement à l’écrivain que la liberté de son art, la tranquillité à sa besogne. […] Mais, à défaut de cette exceptionnelle constitution, l’anarchie donne au moins à l’écrivain la liberté nue.

594. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 2-5

Mais comment avec une maniere de s’exprimer presque toujours insipide, grossiere, dégoûtante, inintelligible, Rabelais a-t-il pu passer pour un Ecrivain ingénieux, plaisant, agréable, & rempli d’allusions aussi fines que profondes ? La premiere raison qui se présente, est que son Ouvrage dut la plus grande partie de son succès aux anathêmes de la Sorbonne & du Parlement qui le proscrivirent, à cause des obscénités qui y sont répandues ; on peut dire ensuite, que les traits satiriques lancés contre les Moines, ne contribuerent pas peu à le mettre en vogue ; ajoutons que les Hérétiques de son temps s’empresserent de combler de louanges un Ecrivain qui sembloit s’accorder avec leurs sentimens, du côté de la phrénésie à tout blâmer & à se moquer de tout.

595. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 392-394

Nous connoissons peu d’Ecrivains parmi nous, plus en état de manier un sujet historique, sur-tout pour la partie Biographique. […] Quand on a d’aussi grands talens que cet Ecrivain, il est permis & même nécessaire d’ambitionner des succès durables.

596. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Mais, le sophisme de M. de Maistre admis, il le brode avec un art d’écrivain qui rappelle un sophiste de son pays, J. […] Ces deux grands écrivains semblent lutter de génie pour donner, chacun dans leur système, à leurs contre-vérités, l’autorité et l’éclat de la vérité. […] Le prosélytisme religieux du comte de Maistre commençait à offusquer l’empereur Alexandre et son gouvernement ; la faveur de l’écrivain ultra-catholique baissait à la cour. […] Voilà évidemment l’œuvre d’un écrivain religieux, utile à la cause qu’il veut défendre. […] Voilà, selon nous, les défauts du grand écrivain.

597. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

L’écrivain, chez M.  […] Guizot n’était pas essentiellement écrivain au début ; prenez ce qu’il a publié dans les premières années de la Restauration : il écrivait toujours avec pensée et doctrine, mais très inégalement, selon les jours. […] Guizot n’a jamais été un écrivain, ou, si l’on aime mieux, il n’a jamais été que le premier des écrivains qui ne savent pas la langue. […] ce ne serait pas un écrivain aujourd’hui, et, qui plus est, ce ne serait pas un peintre que celui à qui nous devons, sans sortir de ces Mémoires, tant d’ingénieux portraits, tant de fines esquisses, ces figures de Casimir Berier, de Laffitte, de M. 

598. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Un écrivain de nos jours, homme fort instruit, et particulièrement versé dans la littérature espagnole, M.  […] » Tout traducteur est admis, je le sais, à faire valoir les bons côtés de son auteur ; mais il y a lieu de s’étonner que l’écrivain français n’ait pas mieux ressenti l’insulte que ce continuateur pseudonyme faisait, dès les premières lignes, à celui dont il allait suivre si pesamment et dont il eût dû baiser les traces, insulte malheureuse qui est la seule chose de lui qui restera pour qualifier son procédé et dénoncer son âme à défaut de son nom. […] Soldat, aventurier, esclave algérien, employé de finance, prisonnier, romancier, c’est un Gil Blas, mais un Gil Blas assombri, et qui n’est pas destiné à s’écrier comme l’autre dans sa jolie maison de Lirias : Inveni portum… » C’est étrangement rabaisser Cervantes (toujours d’après notre auteur), que de soutenir qu’il a employé la fleur de son génie à combattre l’influence de quelques romans de mauvais goût, dont le succès retardait sur les mœurs du siècle et n’avait plus aucune racine dans la société d’alors : « Ce que je crois plutôt, s’écrie le nouveau commentateur, qui a lu son Don Quichotte comme d’autres leur Bible ou leur Homère, et qui y a tout vu, c’est que le chevaleresque Cervantes, qui s’était précipité dans ce qui, à la fin du xvie  siècle, restait de mouvement héroïque, dut se sentir abattre par le désenchantement d’un croyant plein de ferveur qui n’a pas trouvé à fournir carrière pleine, qui dans l’exagération de son idéal s’est heurté et blessé contre les réalités, et qui, après avoir été contraint d’abdiquer l’action, s’est condamné à une retraite douloureuse, s’est réfugié dans ses rêves, et en dernier lieu, dans un testament immortel, lance à son siècle une satire qui n’était pas destinée à être comprise de ce siècle et dont l’avenir seul était chargé de trouver la clé. » Et nous adjurant à la fin dans un sentiment de tendre admiration, essayant de nous entraîner dans son vœu d’une réhabilitation désirée, l’écrivain, que je regrette de ne pas connaître, élève son paradoxe jusqu’aux accents de l’éloquence : « Ah ! que réparation soit faite enfin a l’écrivain le plus-sympathique ! Reconnaissons enfin, après plus de deux siècles d’injustice et d’erreur, dans toutes les proportions de sa gloire un grand homme qui fut un martyr ; qui tout le temps qu’il traversa cette terre resta étranger au bonheur ; dont le cœur fut pur de toute tache, à l’abri de ces petitesses dont souvent ne sont point exempts les grands écrivains ; dont le chef-d’œuvre porte à un si haut degré l’empreinte d’une nature si noble, si élevée et si humaine, et qui de tous les hommes est celui dont l’âme se montrerait le plus sensible à une réparation pour l’outrage fait à la portée de son génie. » Et moi je dis : Ainsi est fait l’esprit humain ; il a soif d’une légende morale ; il a un besoin perpétuel de refonte et de remaniement pour toutes ses figures.

599. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

L’écrivain. […] En chaque genre, une sorte de canon idéal avait été établi, d’après les écrivains reconnus pour excellents, et d’après les principes qu’on recueillait d’Aristote et d’Horace. […] L’écrivain, en Descartes, a peut-être été surfait. […] C’est à quoi travaillèrent tous ceux qui eurent le culte de l’antiquité ; et ainsi de Ronsard, par Malherbe, Balzac et même par Chapelain (malgré l’inintelligence artistique de celui-ci) se prolongea, jusqu’à Boileau et jusqu’aux grands écrivains, la tradition antique d’un art littéraire, qui neutralisa ou restreignit pendant le cours du siècle les effets du rationalisme dont la doctrine cartésienne est l’expression philosophique. […] Il était très consiédré de Richelieu, et il fut de même en grand crédit auprès de Colbert, dont il fut le principal agent dans la répartition des libéralités royales entre les principaux savants et écrivains de France et d’Europe ; très écouté à l’Hôtel de Rambouillet, il eut jusqu’à la fin, en dépit de Boileau, l’estime et l’amitié de Montausier, de Retz, de Mme de Sévigné.

600. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Daudet traîne tous les cœurs après lui ; car il a le charme, aussi indéfinissable dans une œuvre d’art que dans un visage féminin, et qui pourtant n’est pas un vain mot puisque de très grands écrivains ne l’ont pas. […] Alphonse Daudet, un écrivain déjà connu et qui fait des chroniques et des « variétés » au Figaro. […] Alphonse Daudet ne tombe dans cette banalité, soit de la fable, soit de la description ou du sentiment, à laquelle n’échappent pas toujours les écrivains qui inventent, et même les plus grands. […] Ce qui distingue son talent, ce n’est donc pas la prédominance démesurée d’une qualité, d’un sentiment, d’un point de vue, d’une habitude : c’est plutôt un accord de qualités diverses ou opposées, et, si je puis dire, un dosage secret dont il n’est pas trop commode de fixer la formule. « Si l’on examine les divers écrivains, dit Montesquieu101 on verra peut-être que les meilleurs et ceux qui ont plu davantage sont ceux qui ont excité dans l’âme plus de sensations en même temps. » Cette remarque peut s’appliquer sûrement à M.  […] Ce charme inné, irrésistible, fatal, s’unit chez notre écrivain à la plus scrupuleuse reproduction du réel.

601. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Seul entre eux, Joseph Roumanille, fils d’un jardinier de Saint-Remy, n’était pas inconnu comme écrivain. […] C’était le père, en quelque sorte, de tous les jeunes écrivains de notre époque : il s’intéressait à leurs travaux, les incitait à en causer avec lui. […] Après Milton, il faut aller jusqu’à Shéridan pour trouver un écrivain anglais vraiment grand. […] Ainsi s’explique bien aisément le silence gardé sur un écrivain, que sa patrie elle-même était loin, même hier, d’apprécier à sa valeur. […] Ce qui serait remarquable chez un écrivain de second ordre devient faible chez un maître, car maîtrise oblige plus que noblesse.

602. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Mais quel écrivain inégal ! […] C’était un lettré et un bon écrivain. […] Peu d’écrivains en ont fait autant pour un confrère. […] Un tel écrivain n’avait-il mieux à faire ? […] Que de grands écrivains y sont nés !

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