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803. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Sarcey est visiblement écrite au courant de la plume. […] Son œuvre, c’est cinq ou six heures de conversation écrite, tous les jours, depuis trente ans. […] Au milieu des prestidigitateurs de la critique dramatique il écrivit en bon professeur. […] Sarcey a merveilleusement écrit la première. […] Sarcey échappe presque à toute critique, c’est dans les fragments qu’il a écrits çà et là de l’histoire du théâtre.

804. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Enfin, quelques chansons, qui ne sont pas toutes les meilleures que Victor Hugo ait écrites. […] La pièce qui ouvre Toute la Lyre, et qui en rappelle quinze ou vingt autres, est peut-être la plus magistrale et la plus complète que Hugo ait écrite sur la Révolution. […] Sarcey écrivait, dans sa causerie du Parti National : « Victor Hugo a plusieurs manières ; il s’est renouvelé lui-même quatre ou cinq fois. » Quatre ou cinq fois ! […] Lisez cette page (en vous souvenant qu’il en a écrit des milliers de semblables), vous en demeurez, je l’espère, stupides comme moi. […] Hugo est le monstre de la parole écrite.

805. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il n’avait encore rien écrit. […]  » Cette ostentation respire et s’étale dans tout ce qu’il a écrit ; on a devant soi un homme qui pérore et qui se rengorge. […] Il écrit donc à sa femme et à ses amis comme il aurait causé avec eux, et cette sincérité, telle quelle, est incomparable. […] Horace pense à sa famille, à ses petits-fils, à celui qu’en son langage de grand-père il appelle Rabadabla : il écrit jour par jour à Mme Vernet : « Encore un jour passé, écrit-il le 10 novembre, et nous n’avons remonté qu’un échelon de l’échelle que nous avons descendue si rapidement. […] … Tiens, je ne veux pas écrire tout ce que je pense. »  Chassons nous-même ces ombres déjà si lointaines et qui feraient tache au tableau.

806. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Quand même je saurais écrire, il me serait impossible de te donner une idée de tout ce que j’ai éprouvé dans cette grande boîte à quintessence de mort, lançant de toutes parts sur l’eau ses mille langues de feu et obscurcissant le beau ciel bleu d’Orient par des tourbillons de fumée… Chère Louise ! dans ce moment, il n’y a pas de Jérusalem, de Bible, d’Évangile, de Jacob et d’Arabe avec ses moutons qui soient venus me trotter dans la tête : j’étais dans l’enfer, et, vois comme je suis perverti, je m’y trouvais bien Cependant, au moment où je t’écris, malgré mon enthousiasme guerrier, j’ai le cœur gros. […] Je prends un passage entre dix autres que je pourrais citer : « Je me borne maintenant, écrit-il le 1er juillet 1842, à observer les changements qui ont eu lieu ici depuis mon premier voyage. […] Horace Vernet les a définies lui-même mieux que nous ne saurions faire, quand il a dit (22 octobre 1842) : « Je t’écris tout à bâtons rompus. […] Que si l’on tient à savoir au juste les paroles dites par l’empereur Nicolas à Horace Vernet au sujet de la mort du duc d’Orléans, je les donnerai en propres termes, d’après une note digne de foi que j’ai sous les yeux, et qui a été écrite sous la dictée d’Horace lui-même.

807. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Lorsqu’elle est à Corbeil, les rapports ne laissent plus rien à désirer : « Tous les sentiments de ceux qui ont vu Mme la dauphine, écrit le duc de Luynes, paraissent s’accorder. […] La dauphine, depuis deux jours, ne mangeait pas : « C’est la grande fatigue qui en est cause, écrit le maréchal, et j’ai dit au roi que, si on ne lui procurait pas du repos, elle tomberait malade. […] Après sa première année de séjour, le maréchal de Saxe écrivait d’elle au roi Auguste : « Cette princesse a grandi et embelli, elle est plus formée de tout point. […] Le maréchal de Saxe victorieux n’échappait point à cet inconvénient : il l’a écrit et s’en est plaint au lendemain même de Lawfeld. […] Mais, à cette heure, il paraît bien qu’il était réellement las et dégoûté de la guerre, tout l’indique ; il n’en désirait pas la durée, et il l’écrivait à son frère en termes expressifs et pour lesquels il recourait à un proverbe de son pays : « Dieu m’en préserve !

808. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

. — Importance d’action et d’influence par ses écrits […] Le chapitre IV de l’introduction (Coup d’œil sur la constitution des différentes armées européennes à l’époque de la déclaration de guerre en 1792) est tel que Jomini seul pouvait l’écrire. […] Comment ne pas l’écrire en effet, cette histoire, lui témoin, souffleur en quelques cas, si bien informé et si bon juge ? […] Le fait est que la mémoire ou (pour entrer dans la donnée mythologique) que l’Ombre de Napoléon n’a eu à se plaindre d’aucun des écrits de Jomini. […] On a beaucoup écrit et discuté depuis sur les circonstances qui ont précédé et amené le désastre de Waterloo : on a peu ajouté à ce que Jomini avait tout d’abord vu, et bien vu, de l’ensemble et des détails de cette rapide campagne.

809. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Son visage, quand on lui lisait quelque écrit, prenait alors quelque chose de grave et de singulièrement expressif, qui, presque avant de parler, donnait conseil. […] Les étrangers qui écrivent dans notre langue, même quand ils y réussissent le mieux, sont dans une position difficile ; le comble de leur gloire, par rapport au style, est de faire oublier qu’ils sont étrangers ; avec M. […] Il parlait et écrivait, dit-on, le portugais à merveille ; l’idiome de Camoëns était devenu sa langue favorite, et il lui fallut quelque temps avant de reprendre sa fluidité française. […] Magnin venait d’écrire sur les Rayons et les Ombres (voir au tome Ierde ses Causeries). […] On peut dire de lui ce que Rancé écrivait du poëte Santeuil : « Ce pauvre garçon s’attachait aux lieux où il passait, quand il lui plaisaient. » (Lettres de Rancé, publiées par M.

810. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Il a pensé avec les Bénédictins, et par des raisons que j’ose dire plus profondes, que l’histoire littéraire de la France ne se pouvait circonscrire aux siècles où l’on a commencé d’écrire en français. […] Les gens de parlement, les théologiens, les doctes, écrivaient la veille en latin ; leur style, en passant au français, était tout gorgé de latinismes. […] Ampère a très-bien rapproché les louanges sans mesure prodiguées par Ausone aux vers de saint Paulin, et les ridicules compliments que Balzac adresse au Père Josset : « Oserai-je, écrivait Balzac, hasarder une pensée qui vient de me tomber dans l’esprit ? […] Les amis du célèbre avocat converti, lorsqu’ils avaient à le défendre contre les Ausones du temps, n’invoquaient pas d’autre exemple que celui de saint Paulin même ; c’est ce que fit dans un petit écrit particulier M. […] On peut voir en particulier l’écrit intitulé Censure d’un livre que le P.

811. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Le drame sacré a commencé par être écrit en latin, la langue de l’Eglise. […] Il est évident que jésuites, jansénistes, quiétistes imprimeront des caractères spéciaux aux œuvres écrites sous leur inspiration. […] Ils bannissent de leurs écrits et de leurs sermons la vanité, le désir de briller. […] Les écrits des réformés se sont presque toujours adressés à la raison ; ils ont eu quelque chose de plus sobre, de plus sévère, de plus terne aussi. […] Les jansénistes, au temps de Pascal, ne pensent et n’écrivent point comme feront, aux jours de persécution, les convulsionnaires du cimetière Saint-Médard.

812. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

L’abbé Galiani est une des figures les plus vives, les plus originales et les plus gaies du xviiie  siècle ; il a écrit bon nombre de ses ouvrages en français ; il appartient à notre littérature autant qu’aucun étranger naturalisé chez nous, presque autant qu’Hamilton lui-même. […] Sur l’une des caisses d’envoi à l’adresse du Très-Saint-Père, Galiani avait eu soin d’écrire ces mots de l’Évangile : « Fais que ces pierres deviennent des pains : Fac ut lapides isti panes fiant. […] Il fit les délices des sociétés qui se l’arrachaient ; ses amis particuliers, surtout Grimm et Diderot, appréciaient hautement la nouveauté et l’étendue de ses vues, de ses lumières : Ce petit être, né au pied du mont Vésuve, écrivait Grimm, est un vrai phénomène. […] Il l’écrit à d’Alembert et s’en vante. […] Cette règle, non écrite, mais de bon usage, M. 

813. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

C’est une de ces natures qui sont en tout des échos, des reflets fidèles et variés de leur temps et de leurs entours : excellents témoins de la langue courante, toutes les fois que leur parole se fixe par écrit. […] L’abbé de Choisy écrit comme il cause, comme il entend causer ; il aime à ouvrir des parenthèses, et quand un nouveau sujet l’intéresse, il interrompt et laisse le précédent. […] Il ne se vantait pas qu’il écrivait ses Mémoires ; il était censé s’occuper des vieux âges de l’histoire de France, ou bien de l’histoire de l’Église, ne s’intéresser qu’au comte Dunois et à la belle Agnès, et les politiques ne se contraignaient pas devant lui. […] On comprend que des Mémoires, ainsi écrits au sortir des conversations, peuvent offrir des inexactitudes de détail, et cependant être très vrais par l’impression de l’ensemble. […] Enfin il parla, il écrivit familièrement une langue excellente, et de cette multitude d’ouvrages qu’il composa, il en est un du moins qui a mérité de survivre, de prendre place dans la série respectable des témoignages historiques.

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