Je laisse les souvenirs de Rouen comme trop lointains et trop vagues ; mais, depuis sa translation au siège de Paris, depuis qu’il avait changé de théâtre, comme il lui était échappé un jour de le dire, il n’avait pas changé de jeu, et les chansons n’avaient cessé de pleuvoir : À Paris comme à Rouen, il fait tout ce qu’il défend ; et bien d’autres refrains qu’il faut chercher dans le Recueil de Maurepas et qu’on ne peut redire. […] Il y a dans les querelles de Vadius et de Trissotin une acrimonie particulière qui échappe à l’action et au traitement des esprits polis.
Il semble que cet esprit distingué, armé des deux mains et adroit à volonté, qui peut choisir dans ses moyens d’expression, se soit dédoublé à dessein de bonne heure, et qu’il se soit dit : « Je ne puis tout exprimer avec mon pinceau, je ne puis tout rendre avec ma plume ; atteignons d’un côté ce qui nécessairement nous échappe en partie de l’autre ; complétons-nous, sans nous répéter. […] L’auteur s’est échappé à comparer une tribu nomade en marche à la migration des tribus d’Israël.
Aussitôt mariée et à la minute, elle remplit une promesse touchante ; elle trouvé moyen de s’échapper un instant en plein cérémonial, en pleine représentation à Versailles, pour écrire un mot à sa mère (16 mai 1770) : « Madame ma très chère mère, « Je me suis échappée du grand cercle, dans ma grande toilette de mariée, pour m’acquitter de la promesse formelle que j’avais faite à ma chère maman de lui écrire ce mot, tout de suite après que la messe de mariage aurait été célébrée. […] N’allons pas en faire un trop grand sujet d’éloges pour celle qui s’échappe devant nous à ces aimables gaietés ; c’est encore plus de son âge que de son esprit.
Catinat, lui aussi, était un peu comme cet officier et comme tous ceux dont il allait diriger l’ardeur ; muni de son premier commandement en chef, il redoutait une solution pacifique et de voir s’échapper l’occasion de montrer son savoir-faire. […] À la fin d’avril tout semblait terminé ; les troupes avaient ramassé plus de six mille prisonniers de tout âge et de toute condition qu’on poussait devant soi comme des troupeaux ; il ne restait plus que quelques malheureux échappés au carnage, des enfants perdus sur des hauteurs inaccessibles.
Un jour, comme on répétait devant Mme Gay des éloges que Béranger avait donnés aux vers de sa fille dans un monde un peu différent et moins favorable, où la jeune muse n’allait pas, il lui échappa de dire : « Delphine rend bien aussi justice à Béranger. » Ce mot d’égal à égal, redit au chansonnier, le piqua et lui fit retirer sa chanson. […] Laffitte lui-même n’y échappait pas.
Des mots terribles échappent de temps en temps à la plume de Marie-Thérèse, adjurant sa fille et la pressant de se corriger ; je sais qu’il n’y faut pas attacher un sens qu’ils n’ont pas et qu’ils ne pouvaient avoir au moment où elle les écrivait ; l’histoire aussi a ses superstitions rétrospectives, dont un esprit juste doit se garantir. […] (31 octobre 1774.) » Et cinq ans après, quand Marie-Antoinette est reine, dans une lettre à l’abbé de Vermond, Marie-Thérèse laisse échapper ce même mot de sinistre augure et qui s’est trouvé trop prophétique : « Je suis bien touchée de vos services et attachement qui n’ont pas d’exemple ; mais je le suis aussi de l’état de ma fille, qui court à grands pas à sa perte, étant entourée de bas flatteurs qui la poussent pour leurs propres intérêts (1776). » Et pour le dire en passant, cet abbé de Vermond, tant attaqué et incriminé dans tous les mémoires du temps et toutes les histoires de Marie-Antoinette, se relève un peu, dans cette Correspondance, par l’estime constante et la confiance absolue que lui témoigne Marie-Thérèse : c’est là aussi un suffrage qui compte et qui vaut bien qu’on le mette en balance avec celui de Mme Campan.
Comprendre une situation, recueillir les influences éparses autour de lui et les diriger vers un point auquel il était de leur intérêt d’arriver, c’était là son talent particulier, Mais soutenir une lutte longue et prolongée, intimider et dominer les partis en lutte, cela dépassait la mesure de ses facultés, ou plutôt de son tempérament calme et froid31. » Il fut heureux d’échapper le plus tôt possible aux ennuis de sa situation à l’intérieur en prenant en main le jeu diplomatique et en allant représenter la France au congrès de Vienne. […] On y loue le livre, on y loue l’auteur, on y loue les aïeux, et il a fallu tout le savoir-faire et dire de son père pour avoir échappé à quelque éloge
Cette débutante m’avait échappé et ne méritait pas une pareille indifférence : après Mlle Mars, il n’y a point d’ingénuités qu’elle n’égale ou ne surpasse ; elle n’est pas niaise comme il arrive quelquefois aux innocentes des autres théâtres, elle n’est que franche et naïve ; l’accent juste, vrai, une excellente tenue, beaucoup d’aisance, de simplicité, de naturel ; que de bonnes qualités presque enfouies à ce théâtre ! […] Le pauvre Murville, après les premiers mots, ne tarda pas à s’apercevoir de l’espèce de trouble qu’il causait : il alla au-devant, et tout en parlant art, jeu dramatique, Mlle Gaussin, Mlle Desgarcins et autres brillants modèles, il lui échappa de dire comme en murmurant entre ses dents : « Oh !
On peut trouver à redire au pêle-mêle, désirer plus de discernement dans cette pêche miraculeuse de chaque matin, demander trêve pour les plus jeunes, qui ont besoin d’attendre et de grandir, pour les plus mûrs, dont cette impatience puérile interrompt souvent la lenteur fécondante ; mais enfin il semble qu’au prix de quelques inconvénients on obtient au moins cet avantage de ne rien laisser échapper qui mérite le regard. […] Mais disons-le, si notre reproche sincère tombe en plein sur plusieurs écrits du respectable philosophe, les Libres Méditations, quoique rentrant dans sa même vue générale, échappent tout à fait au blâme, grâce à l’esprit de condescendance infinie et de mansuétude évangélique qui les a pénétrées.
Le rhythme serré a remplacé les vers libres, dont l’usage était familier à Mme Valmore ; enchâssées là dedans, parsemées de paillettes étrangères et d’un brillant minutieux, les ellipses de la pensée échappent, se dérobent davantage, et de là cette obscurité de sens au milieu et à cause du plus de couleur. […] En lisant Mme Valmore, on se fait à cette idée que la vie, l’amour, la poésie et la gloire ne s’échappent qu’en débris.
Nous devions d’abord en prendre acte et montrer qu’ici elle ne nous a pas échappé. […] Dans cette Chartreuse si goûtée de nos pères, et où quelques bons vers seulement nous arrivent à la nage dans un torrent de rimes, il disait : Persuadé que l’harmonie Ne verse ses heureux présents Que sur le matin de la vie, Et que sans un peu de folie On ne rime plus à trente ans… Dans une pièce adressée à ma Muse, il disait encore, toujours dans ce même sentiment de la brièveté : Moi que le Ciel fit naître moins sensible A tout éclat qu’à tout bonheur paisible, Je fuis du nom le dangereux lien ; Et quelques vers échappés à ma veine, Nés sans dessein et façonnés sans peine, Pour l’avenir ne m’engagent à rien.