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25. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

On en retrouve trace et témoignage dans le présent volume ; cette âme semble tout à fait vouée à aimer sans être aimée, sans trouver de juste réponse dans l’objet de son erreur. […] Ne m’aimez pas ; l’âme demande l’âme ; L’insecte ardent brille aussi près des fleurs : Il éblouit, mais il n’a point de flamme ; La rose a froid sous ses froides lueurs. […] Il dira : « C’est donc vous, chère âme désolée ! […] Chère âme, je suis Dieu : ne soyez plus troublée ; Voici votre maison, voici mon cœur, entrez !  […] Tout ce qu’elle taisait à l’âme de son âme.

26. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

La mélancolie qu’elle inspire, sans être la vertu, fortifie du moins les âmes par la résignation. […] Tout cela est bien peu pour soutenir l’âme à la dernière heure, et l’inspirer durant la vie. […] que tu rappelles et que tu recomposes ce corps dispersé, où feras-tu reposer l’âme innocente ? […] De vaines images trompaient nos âmes avides et légères. […] laisse en ce lieu quelque chose de toi, présent par l’esprit, et en revanche emporte avec toi nos âmes.

27. (1902) La poésie nouvelle

L’âme seulement. […] L’évolution de l’Art résulte de l’évolution de l’âme humaine. […] nos âmes d’autrefois, qu’en dites-vous ? […] Cette fois, le symbolisme de Gustave Kahn n’aura plus son point de départ dans l’esprit créateur du poète, ni en nulle âme individuelle, mais en celle d’une foule ; une âme étrangère et une âme collective s’y exprimera. […] Mais l’âme actuelle n’est-elle pas toute imprégnée de l’âme ancienne ?

28. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Telle est l’âme, si je me fais bien comprendre. […] où est l’âme ? […] Il a dépouillé le vieil homme et il a dit : Peignons l’âme à nu. L’âme n’est-elle pas le modèle divin, le type éternel ? […] Le lieu de sa naissance se représente souvent à mon imagination : l’âme des lieux se retrouve toujours plus ou moins dans l’âme de l’homme.

29. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Cet état de l’âme est appelé par l’antiquité le délire sacré. […] L’esprit, l’imagination, le génie même (si le génie n’est pas de l’âme) n’y peuvent rien ; l’âme seule fait vivre, parce que seule elle fait sentir. […] L’intelligence est froide, l’âme est chaude ; voilà pourquoi elle est seule féconde ! […] L’âme, pour bien résumer ici notre pensée, est le génie du cœur. […] La lyre profane n’a son écho que dans les oreilles raffinées d’un peuple ou d’un temps ; l’âme a son écho dans toutes les âmes et dans tout l’univers sensible.

30. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Certainement, il y a de l’infini dans toute âme, mais il y est, et même dans les plus grandes, à l’état latent, mystérieux, sommeillant, comme l’Esprit sommeillait sur les eaux, tandis que dans l’âme de Térèse l’infini déchire son mystère, se fait visible, et passe dans le langage où la pensée déborde les mots. […] Nous chercherions sans les trouver son esprit, son âme, et ce parfum d’un corps transfiguré, — comme son esprit et son âme, — ce parfum immortel qu’exhale encore ce qui nous reste d’elle, nous affirment ceux qui l’ont respiré. […] Il y a celle de la perfection même de l’âme qui parle ce langage, inouï d’humilité dans le fond, comme il est inouï de simplicité dans la forme. […] Nous parlons surtout de ses grandes œuvres spirituelles, sa Vie écrite par elle-même, et ce Château de l’âme sur lequel un jour nous reviendrons. […] Elle plongeait dans les ténèbres des âmes, pour elles transparentes.

31. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Dans certains poèmes, d’idiotes répétitions, marquant la débilité d’une âme prostrée, poursuivent jusqu’au bout leur battement fêlé de cloche. […] Sous les mains du poète, toutes ces âmes, issues de la sienne, deviennent métalliques et machinales. […] Les âmes qui luisent dans les yeux aigus des personnages sont concises, extraites, sublimées en essences spirituelles pures. […] Ne laisse pas une plume noire ici comme gage du mensonge qu’a proféré ton âme. […] Blêmes, elles portent les traces d’une âme épouvantée et contenue, que nous tâchons de voir.

32. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

La vie ramène de communs états d’âme. […] — Mon âme, es-tu ces bois ? […] Cette âme entre les âmes, le Seigneur la laisse libre de se choisir elle-même. […] quelle âme ce mortel vient de se composer ! […] Deux âmes en présence hurlent sur les murs.

33. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

La philosophie, dont je crois utile et possible aux âmes passionnées d’adopter les secours, est de la nature la plus relevée. […] L’activité de l’âme survit aux moyens de l’exercer ; les désirs, à la perte des biens dont ils inspirent le besoin. […] Quand la philosophie s’empare de l’âme, elle commence, sans doute, par lui faire mettre beaucoup moins de prix à ce qu’elle possède et à ce qu’elle espère. […] La solitude est, pour les âmes agitées par de grandes passions, une situation très dangereuse. […] L’âme, troublée par les sentiments qui l’oppressent, se persuade qu’elle soulagera sa peine en s’en occupant davantage ; les premiers instants où le cœur s’abandonne à la rêverie, sont pleins de charmes, mais bientôt cette jouissance consume.

34. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

N’y aurait-il qu’une âme — une seule âme — qui sentît la beauté de ces lettres et le charme de leur pureté, qu’il faudrait les publier pour cette seule âme ! […] Il y a là un dénoué d’existence qui permit à ces deux êtres, si éloignés l’un de l’autre dans la vie, de se trouver un instant âme à âme, et ces deux âmes se fondirent. […] C’était, au fond, une espèce de philosophe dans un amoureux pédantesque, mettant souvent les deux gros pieds de son pédantisme sur une âme charmante… qui prenait cela comme une caresse ! […] L’âme ingénue de Mademoiselle de Condé, cette âme suave comme l’enfance, l’innocence et l’aurore, a dans l’expression de l’amour la transparence absolue. […] Mais pour Mademoiselle de Condé, pour cette âme inouïe, que j’ai osé appeler céleste, il n’y a dans ses lettres rien de ce qui agite les lettres des autres femmes.

35. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

En un mot, l’âme, la vie, la liberté, ne sont que des apparences ; le mouvement simple est la réalité. […] Plus les sens sont amortis par le courage de l’âme, plus l’âme voit sa vertu et se soutient par son travail ; mais dans la suite Dieu se réserve à lui-même d’attaquer le fond de cette âme et de lui arracher jusqu’au dernier soupir de toute vie propre… Alors elle tombe en défaillance ; elle est, comme Jésus-Christ, triste jusqu’à la mort. […] Rien ne peut arracher cette foi de notre âme. […] Kant démontre de même l’existence de Dieu, la spiritualité et l’immortalité de l’âme. […] Qu’arrive-t-il chez les âmes qui doutent de leur libre arbitre ?

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