A eux se rattache une lignée de rares artistes en style, qui va de M. […] Ce style a sa limite dans ce qui fait sa raison d’être et sa légitimité. […] Se découvrir un style, c’est tout simplement avoir le courage de noter les mouvements de son moi. […] Qui dit exactitude absolue dit absence de style, et qui parle de style suppose une part nécessaire d’inexactitude. […] S’il énerve son style jusqu’à faire se pâmer sa page, c’est pour rendre sensible ce tourment.
Ces efforts ne furent pas tout-à-fait inutiles ; ils accoutumèrent du moins à une sorte de cadence & de mesure dans le style, dont il étoit auparavant entièrement dépourvu. […] En effet, que de charmes, que de magie, que de merveilles intellectuelles dans le style de Racine ! […] Son coloris est vigoureux & sombre, son style pathétique & serré, sa versification noble & majestueuse, & dont les taches sont effacées par les plus grandes beautés(*). […] Le plus apparent étoit le style maniéré, métaphysique & souvent même inintelligible. […] Style, coloris, situations, traits Comiques, tout dans cette pièce annonce un Maître élevé dans les bonnes lettres & dans l’Ecole de Thalie.
Camus, Mlle Gournay, Garassus et Petau, ce sont ses vrais contemporains en style français (si français il y a). […] le style de Naudé (il faut d’abord s’y faire) est plein de toiles d’araignées comme sa personne. […] Joubert, dans une lettre à Fontanes, a dit : « Il me reste à vous dire sur les livres et sur les styles une chose que j’ai toujours oubliée. […] Le style latin de Naudé laissa toujours à désirer pour la vraie élégance. […] Dans ce style resté franc gaulois et gorgé de latin, il trouve moyen de tout fourrer, de tout dire ; je ne sais vraiment ce qu’on n’y trouverait pas.
Ces fines qualités de style se présageaient déjà vivement dans le Peintre de Saltzbourg, qui n’a plus guère conservé d’intérêt que par là. […] Son mouvement de style, aux places heureuses, est tout à fait tel, parfois rapide et plus souvent bercé. […] A des endroits un peu moins antédiluviens, et où nous nous sentirions plus à même de prendre parti, il nous semble que Nodier, érudit, ne triomphe jamais plus sûrement, ne s’ébat jamais avec une plus heureuse licence qu’en plein xvie siècle, en cette époque de liberté, de fantaisie aussi et de vaste bigarrure, et de style français déjà excellent. […] DU STYLE. […] Cette coulante doctrine de la facilité naturelle, cet épicuréisme de la diction, si bon à opposer en temps et lieu au stoïcisme guindé de l’art, a pourtant ses limites ; et quand l’auteur dit qu’en style tout effort est contraire au bien, il n’entend parler que de l’effort qui se trahit, il oublie celui qui se dérobe.
. — Il fallait continuer cette œuvre, Richard Wagner avait, d’ailleurs, une autre idée : déjà, lors des premières représentations de Tristan, en 1865, il avait demandé la création d’une Ecole de Style, pour l’interprétation des œuvres dramatiques ; en 1877, il pensa que le moment était venu d’accomplir ce projet. L’Ecole de Style, établie à Bayreuth et dirigée par Wagner lui même, aurait, justement, donné, chaque année, les Représentations de Fête, dont les représentations de 1876 étaient l’introduction. […] - Cette institution avait un caractère, absolument, différent à la première ; tandis que la Souscription ne visait que la construction du Théâtre et les trois représentations de la Tétralogie, le Patronat devait être une institution permanente, d’une durée illimitée, composée de « membres pour la vie », destinée à assurer, par ses cotisations, l’existence de l’Ecole de Style et les Représentations-modèles : chaque cotisation fut fixée à quinze marks par an, elle donnait le droit d’assister aux représentations du Théâtre de Fête, — À la même époque, Richard Wagner fonda les « Bayreuther-Blaetter » pour être, sous la direction de M. […] Aussi, le Maître déclara qu’il abandonnait, momentanément, l’idée d’une Ecole de Style, et qu’il emploierait toutes ses ressources aux représentations de Parsîfal. […] À Bayreuth, nous voyons « l’ideé même de l’Art, en sa réalisation idéale. » X : Le style de Bayreuth. — Nous entendons par style « la conformité absolue entre le contenu et la forme, et, de plus, la concordance, également absolue, des divers éléments expressifs, par lesquels le contenu manifeste sa forme ». — La Musique : la forme (dans le drame musical) est le Motif, simple, incomparablement suggestif, plastique ; le Motif agit comme la force vitale, intime, d’une forme idéale déterminée ; « ici, le contenu et la forme sont identiques ». — Le Drame : la forme est la Parole chantée ; cette parole chantée est le trait d’union : « par elle, l’essence idéale de la Musique, qui avait pris forme dans le motif, devient un fait dramatique, tandis que le Drame pénètre, comme élément actif, dans le domaine de l’Idéal ».
Il était tout occupé alors, avec Boileau, d’exercer sa plume au style historique, pour élever au règne le monument qu’on attendait de lui. […] Ce sont ses imitations qui l’avaient fait homme de style ; c’est sa foi qui le fit homme de génie. […] Nous ne jetterons qu’un coup d’œil rapide sur cette idylle héroïque et sacrée d’Esther, qui n’est remarquable que parce qu’elle est la première inspiration originale et biblique de Racine, et le premier prélude à son style sacré. Le prologue, récité devant le roi et sa cour par une des jeunes élèves de Saint-Cyr, respire tout entier la religieuse nouveauté de ce style. […] Mais ce n’était pas, dans l’esprit de Racine, une tragédie : c’était une idylle simple à la portée des jeunes filles et des enfants qui devaient en être les acteurs ; comme poésie de style, images, langue, sonorité, douceur et majesté, c’est la Bible elle-même non traduite, mais transvasée comme un rayon de miel d’Oreb sur la langue des femmes et des enfants d’une autre Sion !
Comme on complique le rythme, on complique le style : et là aussi, la beauté consiste à prendre le contre-pied de la nature, et à chercher en tout la difficulté. […] Pour deux siècles aussi, le style, le goût sont fixés : la littérature, adaptée à ses milieux, milieu galant et frivole des cours féodales, milieu pédant et lourd des Puys et Chambres de Rhétorique, s’immobilise, en dépit de tant de singularités apparentes, dans la répétition mécanique de quelques procédés. […] Son Miroir de Mariage, c’est la satire X de Boileau, en style du xive siècle. […] Elles élargissent, assouplissent, affermissent à la fois le style et la langue. […] Pour le style et la langue, Gerson est un contemporain des Oresme et des Jean de Montreuil.
Il y a même dans la netteté lumineuse de son style quelque chose qui n’est pas français, qui donne l’impression de la grâce grecque : tel conte des gendarmes venant arrêter des paysans fait songer à Lysias676. […] Enfin, il est du petit, bien petit nombre des orateurs qui n’ont pas vieilli, et qui se lisent vraiment avec plaisir : cela tient à la belle fermeté de son style, aussi grave et moins triste que celui de Guizot. […] Il n’eut jamais le sens du style : toutes les qualités de propriété, de sobriété, de finesse, de couleur, de proportion dans le maniement des mots, lui sont étrangères. […] Edgar Quinet707, mêlant Herder à Chateaubriand, jugeant parfois très bien son temps et son parti, connaissant et pressentant l’Allemagne comme peu de Français ont fait, anticlérical et religieux, savant et poète, prophète par-dessus le tout et faiseur d’apocalypses, esprit large et intelligent, avec quelque chose d’incohérent et de nuageux, artiste insuffisant en dépit ou en raison des placages de sentiment ou de couleur par lesquels il croyait se donner un grand style, — Quinet n’a pas réussi à faire une œuvre : on peut lire ses Lettres. […] Il n’avait ni la richesse d’idées, ni l’ampleur de poésie de Lamennais ; son style avait plus de chaleur que de perfection artistique.
Malherbe n’avait donné que quelques échantillons de lettres pour les grandes occasions, ne s’astreignant point à soigner son style dans l’ordinaire de la vie : Balzac s’y appliqua et en fit proprement son domaine ; il fut toute sa vie le grand épistolier de France. […] Elles sont à la gauloise, sans cérémonie aucune, à des amis avec qui il pense tout haut et à qui il raconte ses affaires, celles de la Faculté, les nouvelles de la ville, les curiosités du monde savant, les livres qui s’impriment, les meurtres et assassinats qui se commettent, les exécutions, les faits de tout genre tels qu’ils le frappent et qu’ils lui arrivent : « Vous voyez que je n’y mets aucun soin de style et d’ornement, dit-il, et que je n’y emploie ni Phœbus ni Balzac. » Le premier mot qui lui vient, français ou latin, est celui qu’il écrit ; c’est souvent un gros mot, et quelquefois un bon mot ; mais cela vibre toujours et a de l’accent. […] « Il y a bien des Tourangeaux qui n’ont l’esprit qu’à fleur de tête », a dit un jour Gui Patin dans une de ses gaietés de style : il n’a pas assez compris qu’il suffisait d’un Tourangeau comme Descartes pour ruiner son observation de fond en comble. — En vieillissant, il s’enfonce dans ses idées sans les modifier. […] Dans le premier recueil des Lettres choisies, publié en 1683, et augmenté dans les éditions suivantes, on a extrait, on a retranché beaucoup ; on a légèrement retouché et rajeuni le style.
Qu’entend-on par style ? […] Et elle se justifie aussi sur les obscurités qu’on lui a reprochées ; puis elle revient au point essentiel et qui la pique : Mais je crois que l’ouvrage ne manque pas de style, c’est-à-dire de vie et de couleur, et qu’il y a, dans ce qu’on peut remarquer, autant d’expressions que d’idées… En vérité, ajoute-t-elle, comme pour s’excuser de sa louange, je me crois sûre que l’auteur et moi nous sommes deux ; femme jeune et sensible, ce n’est pas encore dans l’amour-propre qu’on vit. […] — Le style de Roederer a emprunté ici de sa simplicité nerveuse au sujet même qu’il avait sous les yeux et qui présidait à sa pensée ; il s’est reflété en lui comme un rayon du modèle. […] Et quand tout semble dit :) — Bonaparte : « Envoyez-moi ses Œuvres, je veux voir son style. » — Moi : « Quoi !
Dans l’invention d’un sujet, comme dans le détail du style, M. de Balzac a la plume courante, inégale, scabreuse ; il va, il part doucement au pas, il galope à merveille, et voilà tout d’un coup qu’il s’abat, sauf à se relever pour retomber encore. […] Je veux même entrer ici dans quelques détails de style et de diction, parce que M. de Balzac, tout abondant et inégal qu’il est, ne néglige pas ces soins, et bien au contraire s’en préoccupe beaucoup. […] Nous adressons ces chicanes de détail à M. de Balzac, parce que nous savons qu’elles ne sont pas perdues avec lui, et que, malgré toutes les incorrections par nous signalées, il soigne son style, corrige et remanie sans cesse, demande jusqu’à sept et huit épreuves aux imprimeurs, retouche et refond ses secondes et troisièmes éditions, et se sent possédé du louable besoin d’une perfection presque chimérique. […] Je lui avais rendu autrefois quelques petits services littéraires, des conseils pour ses romans, pour son style, que sais-je ?
Ce qui distingue Racine, avant tout, dans la composition du style comme dans celle du drame, c’est la suite logique, la liaison ininterrompue des idées et des sentiments ; c’est que chez lui tout est rempli sans vide et motivé sans réplique, et que jamais il n’y a lieu d’être surpris de ces changements brusques, de ces retours sans intermédiaire, de ces volte-faces subites, dont Corneille a fait souvent abus dans le jeu de ses caractères et dans la marche de ses drames. […] Et si l’on descendait à son style et à l’harmonie de sa versification, on y suivrait des beautés du même ordre restreintes aux mêmes limites, et des variations de ton mélodieuses sans doute, mais dans l’échelle d’une seule octave. […] En général, tous les défauts du style de Racine proviennent de cette pudeur de goût qu’on a trop exaltée en lui, et qui parfois le laisse en deçà du bien, en deçà du mieux. […] Au reste, comme nul sentiment profond n’est stérile en nous, il arrivait que cette poésie rentrée et sans issue était dans la vie comme un parfum secret qui se mêlait aux moindres actions, aux moindres paroles, y transpirait par une voie insensible, et leur communiquait une bonne odeur de mérite et de vertu : c’est le cas de Racine, c’est l’effet que nous cause aujourd’hui la lecture de ses lettres à son fils, déjà homme et lancé dans le monde, lettres simples et paternelles, écrites au coin du feu, à côté de la mère, au milieu des six autres enfants, empreintes à chaque ligne d’une tendresse grave et d’une douceur austère, et où les réprimandes sur le style, les conseils d’éviter les répétitions de mots et les locutions de la Gazette de Hollande, se mêlent naïvement aux préceptes de conduite et aux avertissements chrétiens : « Vous avez eu quelque raison d’attribuer l’heureux succès de votre voyage, par un si mauvais temps, aux prières qu’on a faites pour vous.
Non, tous les connoisseurs, tous les hommes sages & vraiment éclairés se sont élevés contre la morgue de leur style, la singularité de leurs idées, la médiocrité de leurs talens, & ont protesté contre leurs usurpations. […] Le style du Livre de l’Homme est sec, décousu, haché, souvent incorrect, de mauvais goût, & familier, tandis que celui du Livre de l’Esprit est noble, pur, nombreux, souvent élégant & toujours fleuri. 2.° On trouve, dans l’Ouvrage posthume, des traits de la plus grande indécence contre des hommes [M. de Pompignan entre autres] dont M. […] Rousseau, l’Auteur de Mélanie à côté de celui d’Athalie pour le style, Bélisaire à côté de Télémaque. […] Ce sont des Philosophes qui ont substitué, dans le style, l’emphase au naturel, l’enflure au sentiment, l’entortillage à la clarté, la glace au pathétique [Voyez les articles Diderot, Thomas, &c.], qui ont les premiers introduit, dans les Ouvrages polémiques, les épithetes de Gredin, de Cuistre, de Pédéraste, de Fripon, d’Escroc, &c. qui ont employé contre leurs Adversaires les calomnies, les emprisonnemens, les persécutions de toute espece, &c.
Son style, aux bons endroits, a le nitor des anciens. […] On comprendra pourtant qu’on les ait pu faire, si on veut bien entrer dans les aperçus de style que nous indiquons. […] Et, en effet, Bussy avait été excellent, dans le principe, pour mettre sa jolie cousine en humeur et en veine de style épistolaire : il était l’homme qu’il lui fallait pour lui renvoyer le volant, comme on dit ; mais il ne s’apercevait pas, en avançant, qu’elle pouvait très bien se passer de lui, dire à d’autres les mêmes jolies choses, en répandre de tous côtés et en retrouver sans cesse, et qu’il n’était plus lui-même assez vif et assez alerte pour ne pas perdre au vis-à-vis devant cette grâce supérieure et naturelle. […] Il avait, a dit de Bussy sa compatriote et son émule en satire, Mme Du Deffand, il avait beaucoup d’esprit, très cultivé, le goût très juste, beaucoup de discernement sur les hommes et sur les ouvrages, raisonnait très conséquemment ; le style excellent, sans recherche, sans tortillage, sans prétention (il y aurait bien ici quelque chose à contester) ; jamais de phrases, jamais de longueurs, rendant toutes ses pensées avec une vérité infinie ; tous ses portraits sont très ressemblants et bien frappés.
Ces Dialogues, qui se passent tantôt entre lui et Sophie, tantôt entre Sophie et une amie (Mme de Saint-Belin), sont écrits avec pureté et fermeté, dans ce que j’appellerai le bon style de Rousseau, le style des lettres et des conversations de La Nouvelle Héloïse. […] La conversation est menée régulièrement, en style net, ferme, très correct, assez semblable à celui d’un bon livre, en un style qui rappelle beaucoup plus Jean-Jacques que Platon.
Aussi le sens commun et le bon sens ne cherchent-ils pas leurs mots ; mais les grands, les vrais penseurs cherchent leurs mots ; à moins que le génie de la pensée ne soit complété chez eux, — chose bien rare, — par le génie du style, ils connaissent par leur propre et fréquente expérience cet état d’esprit qu’on a voulu contester, dans lequel on poursuit l’expression claire, adéquate, saisissante, d’une pensée déjà bien arrêtée. […] Au contraire, les grands stylistes, comme Sainte-Beuve, les philosophes au style lapidaire, comme Royer-Collard, ne sont guère que d’éminents vulgarisateurs. […] Plus une pensée est banale, plus facilement elle s’exprime ; plus elle est neuve, moins de chances elle a d’être énoncée vite et bien ; dire cela, c’est formuler une loi psychologique indiscutable ; mais dire que les penseurs le plus originaux sont des écrivains barbares, tandis que les maîtres du style sont les apôtres du sens commun, et qu’en général les qualités du style sont en raison inverse de la pénétration de la pensée, c’est formuler une loi d’éthologie ; or les lois de cet ordre ne sont jamais vraies qu’entre certaines limites et souffrent toujours un certain nombre d’exceptions ; il y a des esprits médiocres qui cherchent leurs mots et ne trouvent pas ceux qu’il faudrait ; il y a des esprits inventifs qui les trouvent promptement et chez lesquels ils se combinent heureusement du premier coup.
Un lecteur, quelque peu familiarisé par la solitude (bien mieux que par les livres) à ces vastes contemplations, peut déjà deviner où j’en veux venir ; — et, pour trancher court aux ambages et aux hésitations du style par une question presque équivalente à une formule, — je le demande à tout homme de bonne foi, pourvu qu’il ait un peu pensé et un peu voyagé, — que ferait, que dirait un Winckelmann moderne (nous en sommes pleins, la nation en regorge, les paresseux en raffolent), que dirait-il en face d’un produit chinois, produit étrange, bizarre, contourné dans sa forme, intense par sa couleur, et quelquefois délicat jusqu’à l’évanouissement ? […] Ici nous trouverons un nombril qui s’égare vers les côtes, là un sein qui pointe trop vers l’aisselle ; ici, — chose moins excusable (car généralement ces différentes tricheries ont une excuse plus ou moins plausible et toujours facilement devinable dans le goût immodéré du style), — ici, dis-je, nous sommes tout à fait déconcertés par une jambe sans nom, toute maigre, sans muscles, sans formes, et sans pli au jarret (Jupiter et Antiope). Remarquons aussi qu’emporté par cette préoccupation presque maladive du style, le peintre supprime souvent le modelé ou l’amoindrit jusqu’à l’invisible, espérant ainsi donner plus de valeur au contour, si bien que ses figures ont l’air de patrons d’une forme très-correcte, gonflés d’une matière molle et non vivante, étrangère à l’organisme humain. […] De l’empereur Napoléon j’aurais bien envie de dire que je n’ai point retrouvé en lui cette beauté épique et destinale dont le dotent généralement ses contemporains et ses historiens ; qu’il m’est pénible de ne pas voir conserver le caractère extérieur et légendaire des grands hommes, et que le peuple, d’accord avec moi en ceci, ne conçoit guère son héros de prédilection que dans les costumes officiels des cérémonies ou sous cette historique capote gris de fer, qui, n’en déplaise aux amateurs forcenés du style, ne déparerait nullement une apothéose moderne.
Cette érudition, d’un goût excellent de style dans sa sobriété, était un peu timide dans ses jugements. […] Cet oubli d’un homme de goût marquait bien le déclin commencé du style. […] malgré toutes ces oppositions de fortune et de pensée, un trait dominant, le style, cette physionomie de l’âme, rapproche tellement ces deux hommes qu’une page de l’évêque de Meaux est le plus fidèle crayon du poëte olympique, et que la prose française de Bossuet, quand il est sublime, est ce qui ressemble le plus à la poésie grecque de Pindare. […] Ce ne sont pas, en effet, seulement quelques formes d’imagination, quelques beautés de style, qui se rencontrent dans ce parallèle.
Le buste avait été placé pour ce jour en dehors de l’hôtel de ville, dont le caractère primitif a dès longtemps disparu sous les restaurations diverses, mais qui a conservé de son ancien style une espèce de tribune en saillie à deux étages et avec dôme : c’est ce qu’on appelle la Bretèche, terme fort en usage dans les coutumes d’Artois pour désigner « le lieu où se font les cris, publications et proclamations de justice ». […] Dans ce premier jet, le style moins correct, moins court, est peut-être encore plus naturel, plus lié, et offre des traits qui se rapprochent davantage de la réalité telle quelle : l’auteur, sans viser ensuite à rien ennoblir, a pourtant songé évidemment à adoucir certains tours ou certains mots qui avaient semblé trop bas. […] Le mérite du style lui-même est d’être si coulant, si facile, qu’on peut dire en quelque sorte qu’il n’existe pas.
Il voulait donc relever le sujet par le style et y introduire d’une façon ou d’une autre une pensée. […] C’est autre chose que mes brigands de Sonnino, et je suis sûr qu’en restant dans le pays, on ferait les choses avec bien plus de caractère, bien plus larges, d’un plus beau style, plus original en tout, plus riche de couleurs. […] Il est en cela sévère et injuste ; il a son type de style qu’il porte un peu partout, et auquel il tend à ramener ses personnages sous leurs costumes divers.
Elle parle assez favorablement de Rivarol ; ce n’est pas qu’elle ne sache ce qu’on y peut reprendre : « Mais, vu la misère des temps, je le trouve bon ; il y a une sorte d’originalité dans le style et des aperçus qui ne sont que trop justes, mais il faut s’en distraire. » Il s’agissait de quelque écrit de Rivarol, qui touchait aux affaires du temps. […] Le style, le ton, la manière de Voltaire lui paraissent choses aimables et charmantes ; souvent elle blâmera le fond, mais il lui semble difficile de critiquer le tour, et encore plus difficile de l’imiter. […] On lit le journal, le regard tombe sur un discours (du temps qu’il y avait des discours) ou sur un rapport concernant les chemins de fer ou tout autre matière d’intérêt public ; on en connaît l’auteur, on essaie de le lire, et il en reste quelque expression de style administratif et positif, qui ensuite se glisse par mégarde sous la plume aux endroits les plus gracieux.
Ce n’est point un improvisateur perpétuel comme Voltaire, ni un coquet sérieux, un limeur et un polisseur de tous les instants, comme Rousseau : il ne prend aucune peine quand il écrit à ses amis, et l’on s’en aperçoit, bien que son style garde du bel air et de l’épigramme. […] Ce serait, jusque dans l’œuvre et la maison de Buffon, faire infraction et injure à ce fameux axiome ; « Le style, c’est l’homme même. » Car ces oiseaux sont d’une autre plume que la sienne : Le Paon est de Gueneau, Le Rossignol aussi ; Le Cygne, ce Cygne tant vanté, pourrait bien être du pur Bexon ; ce petit abbé l’a beaucoup peigné, en effet, avant qu’il passât sous la main du maître qui lui donna seulement son dernier lustre. […] pour le style même, voilà qu’il nous faut repasser par les tâtonnements du laboratoire.
Un jour devant M. de Chateaubriand, on parlait du style et des soins infinis qu’il y faut prendre. […] Il n’a ni élévation de style, ni gravité de ton, ni noblesse ou élégance de formes, ni rien de ce dont il parle sans cesse en des termes qui jurent souvent avec le fond ; mais il a dans quelques parties une vérité naïve, un peu gauche, un peu distraite ou inexpérimentée, la sincérité non pas du pinceau (il n’a pas de pinceau), mais du crayon, de la plume ; il a le croquis véridique pour les choses, qu’il sait et qu’il a vues en son bon temps et de ses bons yeux ; il copie honnêtement, simplement, et un sentiment moral, touchant ou élevé, comme on le verra, peut sortir quelquefois de cette suite de détails minutieux dont pas un ne tranche ni ne brille. […] Tu ne te doutes pas de ce que c’est que le style. — Tiens, dessine et ne peins pas, tu y perdrais ton latin. » Voilà ce que David aurait pu dire, voilà le pronostic du maître ; et de tout ce qu’a fait ou tenté Étienne en ce genre, que reste-t-il en effet ?
Littérairement, le style de d’Aubray, c’est à-dire de Pithou, est plus piquant : mais, à part un ou deux mouvements pathétiques, la force oratoire est moindre. […] Ce soldat que les loisirs d’une prison firent écrivain, trouva le style qui convenait à son âme douce et forte : un style familier et vigoureux, sans ombre de prétention ni d’effets.
La majorité des quarante académiciens s’offre impeccable, de style correct, d’idées moyennes, d’opinions orthodoxes, de respect aux lois, et de soumission aux religions courantes. […] Ni Baudelaire, ni Flaubert, ni Barbey d’Aurevilly, ni Verlaine, pas plus aujourd’hui qu’hier n’auraient chance d’être admis par la douairière qui ne peut vraiment goûter l’indépendance irréductible de la pensée, l’originalité exceptionnelle du style, la verve immodérée et la libre allure morale dans les marges sociales. […] Elle ne saurait, en effet, vraiment goûter, selon Octave Uzanne « l’indépendance irréductible de la pensée, ni l’originalité exceptionnelle de style ».
. — Style des Maximes. […] Du style des Maximes. […] C’est là le secret de ce grand style qui n’orne pas sa matière et qui tire toute sa beauté de son exactitude.
Le traducteur a sans cesse à lutter contre un style affamé de poésie, qui est riche et point délicat, et qui, dans cinq ou six tirades, épuise ses ressources et lui dessèche ses palettes. […] Il faut surtout varier ses inversions : Dante dessine quelquefois l’attitude de ses personnages par la coupe de ses phrases ; il a des brusqueries de style qui produisent de grands effets ; et souvent dans la peinture de ses supplices il emploie une fatigue de mots qui rend merveilleusement celle des tourmentés. […] Dante n’a pas donné le nom de comédie aux trois grandes parties de son poëme, parce qu’il finit d’une manière heureuse, ayant le Paradis pour dénouement, ainsi que l’ont cru les commentateurs : mais parce qu’ayant honoré l’Énéide du nom d’ alta tragedia , il a voulu prendre un titre plus humble, qui convînt mieux au style qu’il emploie, si différent en effet de celui de son maître.
Il s’est fait un style qui, dans ses bons jours et quand le soleil rit, est vif, gracieux, enlevé, fait de rien, comme ces étoffes de gaze, transparentes et légères, que les anciens appelaient de l’air tissé. Ou encore ce style prompt, piquant, pétillant, servi à la minute, fait l’effet d’un sorbet mousseux et frais qu’on prendrait en été sous la treille. […] C’est plein de bon sens et de justesse, d’un bon style et nourri de mots fins et heureux.
Son style, ai-je dit, a de la douceur, il a même par endroits de l’émotion et de la sensibilité. […] On releva dans le discours de Barthélemy quelques néologismes : il disait en parlant des États généraux et des espérances, déjà troublées, qu’ils faisaient naître : « La France… voit ses représentants rangés autour de ce trône, d’où sont descendues des paroles de consolation qui n’étaient jamais tombées de si haut. » La singularité de cette phrase, selon la remarque de Grimm, fut fort applaudie : Barthélemy inaugurait à l’Académie le style parlementaire et ce qu’on a tant de fois répété des discours du trône. […] Le ministre de l’Intérieur Paré, dans une lettre honorable écrite en style d’Anacharsis, s’empressa d’annoncer à Barthélemy, pour réparer cette rigueur d’un moment, qu’il était nommé garde général de la Bibliothèque.
C’était donc un romantique de second ordre, qui aurait paru très mince personnage, avec son style gros et lourd et incorrect, aux environs de 1830 ; mais ce qui est plus intéressant c’est de voir comment le romantisme s’est déformé en lui. […] Il n’écrivait pas trop bien ; il écrivait d’un style déplorablement abondant, surchargé et alourdi, sans finesses et sans nuances. « Il a le style primaire », disait très finement, au contraire, Rodenbach.
Ayez d’abord la pensée ; et vous aurez du style après. […] Mon avis serait donc qu’on renvoyât Durameau à Rome, jusqu’à ce que son style fût tellement arrêté qu’il pût s’éloigner des grands modèles sans conséquence. […] Je ne me le remets pas, mais on dit qu’il est très-beau, bien dessiné, bien ressenti, fait d’humeur, d’une bonne couleur, d’un style large et mâle.
C’est bien ainsi que dans le vaudeville, un effet toujours sûr, comme on dit en style de théâtre, c’est de mettre une phrase dans la bouche d’un personnage : « Tais-toi, t’as commis une faute », ou « Mon gendre, tout est rompu » ; et de la lui faire obstinément redire, pendant trois ou cinq actes, qu’elle soit d’ailleurs ou non en situation, et surtout quand elle n’y est pas. […] Qu’un roman puisse à la rigueur se passer d’aventures et d’intrigue, de composition et de style, de grammaire et d’esprit, on le conçoit encore ; et il y en a des exemples ; mais ce que l’on n’a jamais vu, c’est un roman sans psychologie. […] quel style, et quel raisonnement !
Dites que notre littérature s’est gâté le style, qu’elle s’est chargée d’abstractions genevoises et doctrinaires, de métaphores allemandes, de phraséologie drôlatique ou à la Ronsard ; et quatre ou cinq noms qu’à l’instant tout le monde trouvera, vous rappelleront les écrivains les plus vifs, les plus sveltes et dégagés, qui aient jamais dévidé une phrase française. […] Le style de M.
Qu’on excuse le style faisandé de l’époque. […] C’est le simple, c’est le vrai qui, dans cette âme candide, l’attire et le retient, et n’est-il pas évident, qu’au milieu des dandies amers, secs, brûlés, que sont les autres, la spontanéité, disons l’ingénuité de style et de pensée de Desbordes-Valmore frappe comme un rappel d’enfance et séduit comme une vertu ?
On y voit l’imagination la plus vive & la plus féconde, un esprit flexible pour prendre toutes ses formes, intrépide dans toutes ses idées, un cœur pétri de la liberté Républicaine, & sensible jusqu'à l’excès, une mémoire enrichie de tout ce que la lecture des Philosophes Grecs & Latins peut offrir de plus réfléchi & de plus étendu ; enfin une force de pensées, une vivacité de coloris, une profondeur de morale, une richesse d’expressions, une abondance, une rapidité de style, & par-dessus tout une misanthropie qu’on peut regarder comme le ressort principal qui a mis en jeu ses sentimens & ses idées. […] Du côté du style, un tissu séduisant de tout ce que l’imagination a de plus brillant & de plus riche, de tout ce que le sentiment a de plus chaud & de plus énergique, de tout ce que l’expression a de plus mâle, de plus tendre, de plus pittoresque, & de plus élégant.
Son style, devenu léger, qui n’appuie jamais, même quand il pourrait appuyer, allégé encore par l’amour que je lui suppose, ressemble à ce Mercure que Shakespeare fait descendre du ciel sur le sommet d’une colline, dans la clarté pure du matin… Amoureux sans bandeau qui a l’ironie par-dessus la tendresse, et qui fait une caresse de cette ironie. […] Il ne peut pas se passer d’elle, et son haleine — l’haleine de son style — a l’haleine de cette femme aimée, comme cette autre femme qui sentait par la bouche le bouquet de violettes de Parme qu’elle avait, une seule fois, respiré !
Et quant au style qui revêt tout cela, le style qui donne parfois aux livres les moins agencés et les moins approfondis au moins la valeur d’un noble langage, il a péri, ou plutôt il s’est amolli, avec tout le reste, dans le piquant auteur des Césars.
II Il s’est étrangement avachi là-dedans… Ce n’est plus là le pied qui, chaussé et maintenu comme dans un brodequin dans un style travaillé, faisait croire à la race de l’écrivain. […] La Correspondance prouve jusqu’à la dernière évidence à quel point Madame Sand, cette égalitaire, avait, au fond, l’esprit commun dès qu’elle était naturelle et que la nécessité de faire du style ne l’étreignait pas.
Il y a plus : quand il écrit pour son propre compte, c’est un esprit froid, dont le style est pâle et manque de relief. Mais quand on se prend dans sa traduction même, on trouve tout à coup un artiste de style extrêmement souple et fort, et dont la plume est un burin qui fait gravure à l’auteur traduit.
J’augure très bien de ce jeune homme, et voici pourquoi : il se soucie plus de bien penser que de bien écrire, de montrer du bon sens que du style, ce qui est déjà très peu jeune homme, et malgré son inexpérience et sa méprise de respects pour des gens qu’il apprendra promptement à juger et qu’il saluera moins bas plus tard, il ne manque vis-à-vis de son sujet ni de hardiesse ni d’indépendance. […] Écrivain qui n’est pas toujours correct, je l’en avertis, mais qui est brusque et familier dans le tour et dans l’expression, ce dont je le loue, qui a des besoins de force, mais qui n’a pas la force venue, la force qu’il aura plus tard, son mérite n’est pas actuellement dans son style, mais dans la fermeté avec laquelle il attache son jeune regard auquel les cils, je crois, poussent encore, sur ce flamboiement de l’enfer et sur cette lumière du paradis qui s’appellent également le Dante.
Il a la stricte netteté de Carrel, sa forte sobriété d’expression (qualité militaire du style), et s’il est moins provocateur et moins hautain que Carrel, on sent l’homme, sous l’écrivain, tout aussi solide, avec un mordant et une terrible plaisanterie que n’avait point Carrel, le morose Carrel à l’ambition verte. […] s’il n’y avait là qu’une histoire comme l’histoire de la conspiration de Catilina ou des Pazzi, l’auteur, avec son style nerveux, rapide, poignant par places, et qui ne s’amuserait pas aux archaïsmes enfantins du vieux Salluste, nous la raconterait à merveille, je n’en doute pas, et y verserait cette vie de l’action qui est la vraie vie de l’Histoire.
A plus forte raison est-ce une joie vive pour le lecteur lorsqu’avec le style le plus naturel l’écrivain exprime les pensées les plus justes et les sentiments les plus vrais. […] Chez les premiers, c’est le style qui disparaît presque, par sa perfection ; chez les seconds, c’est le sujet qui disparaît dans les détails du style. […] Viguier ; mais de quel style incomparable ! […] Mais par le style ces lieux-communs deviennent resplendissants et éternels. […] L’action, dans les autres, est trop insuffisante, et le style laisse parfois à désirer.
La sévérité avec laquelle on condamne les vices de son style s’étend mal à propos jusque sur ses pensées. […] Le style de l’épître n’est ni élégant ni léger. […] Par quel prodige le sublime Corneille est-il encore un modèle du bon style comique ? […] Le style de Pompée est moins correct, plus rempli de fautes contre le goût. […] Mais l’ensemble du style est chaud, ferme, plein d’une sève vigoureuse, d’un naturel franc et original.
L’Homme d’Etat qui écrit pour ses semblables, est dispensé de la régularité du style.
Quel style s’essayait-il à employer ? […] Le style, disais-je, a pour objet propre le détail. […] Sans elle, les plus beaux miracles de style et de composition sont non advenus. […] Le style dans le roman ne saurait, sans fausser le genre, rappeler celui du poème en prose. […] Comme l’observateur et le visionnaire sont intacts, et quel ouvrier de style !
Le caractère est le style d’une langue.
On lui doit une Histoire générale du Théatre François, en 17 volumes, Production d’un travail énorme, mais sans goût, sans méthode, & d’un style plus que négligé.
Richardson est peu lu ; on lui reproche d’insupportables longueurs et de la bassesse de style. […] Tel est à peu près le style de M. […] Le style de M. de Bonald pourrait être quelquefois plus harmonieux et moins négligé. […] Il s’occupe des sujets les plus sérieux, et cependant son style est plein d’imagination. […] Ses premiers sermons sont pleins d’antithèses, de battologie et d’enflure de style.
Une maniere franche & naturelle de raconter, un style net & souvent élégant, des idées vives, des expressions toujours justes, ont fait la fortune de ses Mémoires, dont les événemens intéressent moins, par leur importance, que par le ton piquant avec lequel ils sont racontés.
Son Traité sur la Prudence n’annonce pas qu’il en eut beaucoup lui-même ; les pensées en sont triviales, & le style lâche & incorrect, deux raisons pour empêcher un homme prudent d’écrire.
Tallemant, [François] Abbé, de l'Académie Françoise, né à la Rochelle en 1620, mort en 1693 ; Traducteur de Plutarque, très-inférieur à Amyot, dont il n'a fait que mieux sentir le mérite par la sécheresse de son style & l'infidélité de sa Traduction.
Pour le style, il est convenable et rien de plus : à l’exception de la lettre de Bernerette que nous avons citée, on n’y remarque aucun trait saillant. […] Cette sorte de maxime a été inventée, dans le principe, pour frapper d’excommunication tout ce qui ressemblait au style maniéré et même au pastiche. […] Les gens très sévères ne goûtent ni le style, ni la composition, ni les principes des feuilletons de M. Janin, les gens un peu frivoles raffolent du style, de la composition et des principes. […] Janin qui a sa principale ressource dans son style, a depuis bien longtemps renoncé à en rajeunir les formes.
Elle ne cherche pas à produire des effets par des artifices de style.
Belleau s’attacha à polir son style & à faire des peintures naturelles de tout ce qu’il vouloit exprimer ; il y réussit si bien, qu’on l’appeloit le Peintre de la Nature.
Ses Ouvrages ne forment pas un grand volume ; mais il a assez bien écrit pour faire honneur à ses lumieres, à son goût, à son style, & mettre en évidence l’ineptie de ces Productions bizarres, dont le Public a eu la bonté de s’infatuer.
Il n’y faut pas chercher un style poli & correct ; mais les Ecclésiastiques peuvent y trouver des secours, qu’il ne s’agit que de savoir bien employer.
Le style de ces deux Ouvrages est peu soigné.
Ses Romans sont écrits avec assez de chaleur & d’intérêt, mais d’un style trop négligé.
Ceux qui font plus de cas des recherches, que des réflexions & du style, trouveront de quoi se contenter dans son Histoire de l’Imprimerie ; ceux qui ont du goût pour les petits détails & les minuties biographiques, pourront se satisfaire dans son Dictionnaire historique, fait à l’imitation de celui de Bayle, & où ce genre d’érudition est très-vaste & très-étendu.
Il est connu par plusieurs bagatelles littéraires en prose & en vers, écrites d’un style aussi pétillant d’esprit que de gaieté.
Partout, ici, vous rencontrerez une haute et sérieuse pensée, un style ample et sûr.
Pour sauver ces sortes de Productions du naufrage des temps, il faut un style châtié, une critique exacte, des raisonnemens solides ; & voilà justement ce que Coeffeteau n’avoit pas.
Auteur original de plusieurs Ouvrages originaux, & qui, en prenant la plume, semble ne s’être proposé que son amusement & celui des Lecteurs qui aiment un style singulier.
Sa Traduction de l’Historien Josephe est préférable à celle d’ Arnaud d’Andilly, pour la fidélité ; mais elle lui est très-inférieure pour la chaleur, la pureté & l’élégance du style.
Ces deux Ouvrages, médiocres pour le style, peuvent fournir des lumieres à ceux qui veulent s’instruire dans la Politique, ou, pour mieux dire, la Politique changeant à peu près comme les modes, les Ouvrages anciens, en ce genre, ne peuvent être regardés que comme ces monnoies qui n’ont plus de cours, & qu’on garde par curiosité.
Il possédoit assez bien les Langues Orientales ; mais sa Traduction de l'Alcoran est écrite d'un style si diffus, qu'on n'en peut soutenir la lecture.
Louvet Les vers d’Élisa Mercœur ont de l’originalité ; son style a de la naïveté, de la grâce, de la sensibilité, de la chaleur, mais quelquefois de l’inégalité et de l’obscurité.
Mais la pensée et le style vont se raffermissant de page en page, et l’on trouve dans son dernier livre un langage où l’éclat s’unit à l’ampleur.
Ceux qui aiment le style précis & agréable, doivent bien se garder de lire ses Ouvrages ; ceux qui savent démêler les traits d’érudition au milieu du verbiage & de l’ennui des dissertations, pourront y trouver de quoi étendre leurs connoissances, sur tout dans l’Histoire générale de la Religion des Turcs, Ouvrage traduit de l’Arabe, & dans l’Histoire du Maréchal de Thoyras, où l’on trouve des anecdotes curieuses concernant la Cour de Louis XIII.
Ceux qui ont eu le courage de lire quelques-uns de ses Ecrits, ont été dans le cas d’éprouver qu’un style correct & facile ne suffit pas pour intéresser ; qu’il faut dire des choses, éviter la confusion & le verbiage.
La Poésie en est douce, simple, facile, souvent gracieuse, & toujours naturelle ; l’expression fidele du sentiment y tient lieu de ces images brillantes, de ces hardiesses de style, de ces tours vifs & énergiques qui caractérisent le langage poétique, & que la simplicité du genre n’admet pas.
Il a cru sans doute l’emporter, par le volume, sur son prédécesseur ; triste avantage qui ne fait pas oublier les défauts de critique & de style, qui, au contraire, les fait mieux sentir & moins pardonner.
Ces Mémoires furent accueillis avec avidité, autant pour la nouveauté du sujet, que pour l’agrément & la vivacité du style.
Aujourd'hui personne ne daigne la lire, parce que le défaut de véracité y est encore surpassé par celui d'un style diffus, inexact, & plein d'inutilités.
Son style use de sa substance naturelle, qui est abondante et saine, sans recourir au néologisme. Comparé aux grands styles français, il s’y égale et en diffère. […] Le style classique tout entier repose sur cette donnée. […] Leur beauté leur vient du style. […] On est ravi de la justesse des pensées et de l’agrément du style.
Alors naturellement le style est lâché. […] Style distingué d’ailleurs, délicat, énergique au besoin, et qui ouvrirait à M. […] Son style a des grelots, des sonnettes, des plumets et des panaches comme les colliers qu’on met aux chevaux de là-bas. […] Il est merveilleux, ce style, en ce qu’il ne nous donne pas seulement l’idée des choses, mais la sensation. […] Il faut du style pour lui plaire.
Ce ne furent pas des discussions d’école sur la forme, le style, ou des questions techniques. […] Il est, au contraire, un maître de style merveilleux. […] Mais est-ce en de pareilles futilités que consiste le style ? Non, le style ne consiste pas en un cliquetis syllabique, en des trouvailles verbales, en des associations musicales et inédites de mots. Le style ne vaut que comme reflet de la vérité, que par sa solide structure intérieure, et il ne sera jamais superflu de réagir contre les virtuoses de la phrase sonore.
C’est la forme qui les enrage en moi, la phrase écrite, l’image, la vie du style. […] A-t-elle donné au style des qualités qui lui manquaient ? […] Le plus souvent, il n’est qu’une compilation, une juxtaposition décousue faite de bric et de broc, sans aucun mérite de style, de tout ce qu’on a vu dans le corps du journal. […] Un simple littérateur, un lettré, en ce qui concerne le style quant au reste, c’est un observateur amateur ; tout le monde peut l’être. […] Émile Zola a, en outre, des procédés de style d’un goût plus que douteux.
L’Auteur y joint le mérite du style à la justesse & à la solidité des raisonnemens.
Ses Ouvrages de Controverse, presque tous écrits d’un style éloquent, furent réfutés par Bossuet, Arnaud & Nicole [Adversaires, dont le nom célebre est un préjugé pour le mérite du Prédicant], & donnerent lieu à l’excellent Livre de la Perpétuité de la Foi touchant l’Eucharistie, composé par ces deux derniers.
Son style est pur, noble, & souvent élégant.
Un Auteur qui en écarteroit le goût du merveilleux & la bizarrerie du style, pourroit en tirer un grand parti.
Le style du Réfugié est clair & rapide ; il présente les faits avec ordre ; il démêle avec pénétration les principes des événemens : mais quand l’esprit de secte domine ses lumieres, ses récits sont rarement d’accord avec la vérité.
Villeneuve, [Gabrielle - Susanne Barbot de] morte à Paris en 1755, est connue dans la République des Lettres par plusieurs Romans, qui, en général, offrent des situations pathétiques, des sentimens vifs & généreux, des réflexions morales, nobles & sensées ; mais les plans n’ont rien de neuf ; les événemens n’y sont pas toujours d’accord avec la vraisemblance, les situations sont souvent forcées ; le style d’ailleurs est inégal, diffus, incorrect, & chargé de détails minutieux.
Les Lecteurs bénévoles, qu’un style rampant & diffus ne seroit pas capable de décourager, pourront trouver des réflexions utiles & quelquefois profondes dans ceux de ses Ouvrages qui sont intitulés, la Science du monde, de la manière de parler à la Cour, du Bel-Esprit, de la manière de négocier avec les Souverains.
Il est d’ailleurs écrit d’un style pur & souvent élégant ; on désireroit seulement qu’il fût un peu plus varié.
Avec un style plus soigné, il seroit encore plus intéressant, & par-là même plus utile.
Il a laisse des Mémoires & des Négociations, que le Cardinal de Richelieu appeloit son Bréviaire, & qu’on peut lire encore aujourd’hui avec plaisir, quoique le style en soit suranné.
Dans son Histoire des Traductions Françoises de l’Ecriture-Sainte, & dans son Histoire & Abrégé des Ouvrages Latins, Italiens & François, publiés pour & contre la Comédie & l’Opéra, on rencontre des choses instructives & curieuses, qui doivent faire pardonner les défauts du style, dont ces deux Ouvrages ne sont pas exempts.
Plusieurs petits Ouvrages, d’un style noble, égal, ennemi de l’enflure & de l’affectation, & entre autres, les Eloges de Duquesne, de Massillon, & celui de M. le Dauphin, sont des preuves de la solidité de son goût.
Ses Quatrains sont connus de tout le monde ; mais la plupart de ceux qui les lisent sont dégoûtés par le style, sans faire attention à la force des pensées & à la beauté des maximes.
Dans ses Ouvrages de Mathématiques, presque tous devenus classiques, il joint au mérite de la méthode celui du style, trop négligé dans ces sortes de Livres élémentaires, dont l’apanage semble être la sécheresse.
Le style de toutes ses Productions est net, facile, plein de décence ; il n’y manque qu’un peu plus de noblesse & de précision.
Le Recueil de ses Mémoires offre une diversité de causes intéressantes, bien présentées, & sur-tout un style noble, facile, élégant, propre à servir quelquefois de modele à la plupart des Avocats de la Capitale, quoique M.
Benoît, Jacobin, avoit traité le même sujet ; mais la forme, si l’on peut s’exprimer ainsi, en gâtoit les matieres : un style lourd déparoit le mérite des choses, au lieu que le P.
L’érudition, qui a été presque l’unique objet de ses études, ne l’a pas détourné du soin de cultiver son style & d’écrire avec élégance.
Daunou a voulu écrire l’histoire de la Convention dans un style à la Tacite, et il s’est arrêté au bout de quelques pages ; il ne s’en serait jamais tiré. […] un peu trop prodigués, deux ou trois images de convention (lauriers, cyprès, par exemple) qui sont comme égarées dans ce style simple, ne sauraient faire oublier, je ne dis pas à l’homme impartial et sensé, mais à l’homme de goût, tant de pages vives, courantes, du français le plus net, le plus heureux, d’une langue fine, légère, déliée, éminemment spirituelle, voisine de la pensée et capable d’en égaler toutes les vitesses.
En lui désirant plus de calme dans la conception, et une continuité plus réfléchie, on admire cette rare faculté de style et cette source variée de développements. J’irai même jusqu’à reprocher à ce style ses formes trop savantes, trop arrêtées, qui n’ont jamais de défaillances gracieuses, de négligences irrégulières, comme Jean-Jacques ne se les permettait pas, comme Mme de Sévigné et tant d’écrivains du grand siècle en offrent délicieusement.
Les poésies, les romans sont arrivés à un tel degré d’individualité, comme on dit, à un tel déshabillé de soi-même et des autres ; — le style, à force d’être tout l’homme, est tellement devenu non plus l’âme, mais le tempérament même, — qu’il est à peu près impossible de faire de la critique vive et vraie sans faire une opération inévitablement personnelle, sans faire presque de la physiologie à nu sur l’auteur et parfois de la chirurgie secrète ; ce qui frise à tout moment l’offensant. […] La forme et le style poétique sont encore une fois tombés, en quelque sorte, dans le domaine public ; il coule devant chaque seuil comme un ruisseau de couleurs ; il suffit de sortir et de tremper.
Les systèmes métaphysiques et politiques de Platon ont bien moins contribué à sa gloire, que la beauté de son langage et la noblesse de son style. […] Le style des historiens grecs est remarquable par l’art de narrer avec intérêt et simplicité, et par la vivacité de quelques-uns de leurs tableaux ; mais ils n’approfondissent point les caractères ; ils ne jugent point les institutions.
C'est-à-dire du style ; car si l’action peut, dans beaucoup de cas, s’exprimer par l’action même, les passions et les caractères, à très-peu d’exceptions près, ne s’expriment que par la parole. Or, la parole au théâtre, la parole fixée et non flottante, c’est le style.
J’avais trouvé dans quelques-unes de ses productions une métaphysique souvent fausse et toujours inutile : je n’avais été bien frappé que du mérite du style, et j’avoue que la vérité est ce dont je fais le plus de cas dans les ouvrages comme dans les hommes : dans celui-ci ce n’est plus, comme dans les autres livres de J. […] Quant au style je n’y vois rien ou presque rien à désirer ; il est plein de vérité, de naturel, de clarté, de chaleur et de force : cependant j’ai cru y remarquer, mais assez rarement, un peu de recherche ; il y a aussi des expressions hors d’usage ; il y a même de temps en temps quelques pages de mauvais goût, et quelques jugements où l’on voit trop l’auteur.
Quant au style de l’historien, nous n’avons pas à en parler. La traduction des abbés Sisson et Crampon que nous avons sous les yeux n’est pas de nature à donner une idée très haute du style du docteur, si cette traduction est fidèle.
Le fantaisiste Gérard de Nerval, ce poète du temps de la poésie échevelée, ce romantique de la meilleure époque, est, avant tout, dans ce livre : le meilleur de ses livres, un esprit calme, impartial, exact, voyant les faits et les exprimant dans un style élégant, précis, d’un coloris tempéré et certainement plus classique que romantique, mais d’un classique teinté d’une couleur sobrement éclatante que Fontanes aurait admirée ! […] Dans le Rétif de la Bretonne, même clarté d’expression et d’exposition, même santé de style, même intérêt de notions acquises ; et si le critique ne vaut pas là le voyageur, c’est que le critique doit avoir des principes au nom desquels il juge et les œuvres et les hommes, et que Gérard de Nerval, romantique en ceci, n’en a pas… Telle est, en ses œuvres, la supériorité relative de Gérard de Nerval.
Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que cet homme qui avait de la douceur dans le caractère, comme de la grâce dans le style, et qui avait été témoin de la Saint-Barthélemi en France, dans des phrases élégantes et harmonieuses, en parle non seulement avec tranquillité, mais avec éloge. […] Envisagés de ce côté, ce sont plutôt des portraits que des éloges ; le style en est doux, élégant et harmonieux, quelquefois même éloquent, mais plus d’une éloquence de sensibilité que de mouvement.
René Peter au public, se demande « si la prose, le plus beau de tous les langages, le style polymorphe par excellence, n’eût point été entre ses mains une matière plus précieuse encore » que le vers libre.
Savin, avec des changemens, est une espece de Roman à allusions, écrit en latin, en prose & en vers, d’un style plus boursoufflé que noble.
Tout y est discuté d’une maniere intéressante ; le style en est naturel, rapide, & quelquefois éloquent.
Ceillier, [Remi] Bénédictin, né à Bar-le-Duc en 1688, mort en 1761 ; Compilateur laborieux qui ne soignoit pas assez son style, comme la plupart des Savans de son Ordre.