Il est d’ailleurs beaucoup trop riche de substance pour pouvoir être résumé commodément en quelques lignes.
Gustave Kahn est aujourd’hui fort diverse, et pour écarter tout ce qui n’appartient pas à son labeur de poète, il est encore difficile, sinon impossible, d’esquisser en lignes hâtives ce qui fait le caractère particulier de sa physionomie.
— C’est par distraction qu’elle a laissé tomber de sa plume ces quelques lignes chaudement colorées ; elle prépare bien encore une traduction de quelques contes populaires écossais, mais c’est uniquement pour obliger ses amis.
notre intelligence, Notre pensée est un corps circonscrit Qu’un agent meut par sa vive effluence, Qui suit, sans choix, les lignes qu’il décrit ?
Que de mots, que de locutions d’une pureté de son admirable : étrace, étambot, misaine, hauban, bouline, hune, beaupré, artimon, amarres, amures, laisser en pantenne, haler en douceur ; voici deux lignes de vraie langue marine83 : « On cargue la brigantine, on assure les écoutes de gui ; une caliourne venant du capelage d’artimon est frappée sur une herse en filin… » Très peu de mots marins appartiennent au français d’origine ; ils ont été empruntés aux langues germaniques et scandinaves, au provençal, à l’italien ; mais leur naturalisation est parfaite, et presque tous peuvent servir de modèle pour le traitement auquel une langue jalouse de son intégrité doit soumettre les mots étrangers.
Quand il fait un saut entre deux épées prêtes à le percer, si dans la chaleur du mouvement son corps s’écartoit d’un point de la ligne qu’il doit décrire, il devient un objet digne de toute notre curiosité.
Faux à son tour, mais d’une autre fausseté que celui de Feuillet, le roman polémique de madame George Sand, entrepris pour prouver que le catholicisme doit être définitivement vaincu et enfoncé sur toute la ligne, n’est, d’exécution, qu’un livre mou et déclamatoire.
Mais que peut-on attendre d’un législateur, ou aussi grossièrement trompeur, ou aussi stupidement trompé dès sa première ligne ? […] « Le droit, dit-il, n’ajoute rien à la force », et quelques lignes plus loin il conteste le droit à la force. […] VII Quant à la souveraineté, c’est-à-dire à ce pouvoir légitime qui régit avec une autorité sacrée les empires, Rousseau la place, la déplace métaphysiquement ici ou là, dans un tel labyrinthe d’abstractions, et lui suppose des qualités tellement abstraites, tellement contradictoires, qu’on ne sait plus à qui il faut obéir, et contre qui il faut se révolter ; tantôt lui donnant des limites, tantôt la déclarant tyrannique ; ici la proclamant indivisible, là divisée en cinq ou six pouvoirs, pondérés, fondés sur des conventions supérieures à toute convention ; collective, individuelle, existant parce qu’elle existe, n’existant qu’en un point de temps métaphysique que la volonté unanime doit renouveler à chaque respiration ; déléguée, non déléguée, représentative et ne pouvant jamais être représentée ; condamnant le peuple à tout faire partout et toujours par lui-même, lui défendant de rien faire que par ses magistrats ; déclarant que le peuple ne peut jamais vouloir que le bien, déclarant quelques lignes plus loin la multitude incapable et perpétuellement mineure.
Et dans le cas où il serait pressé de partir, et dans ce cas seulement, il pourra venir avec le porteur de ces lignes, qui est un homme à mon service. […] Lady Stanhope alla chercher un petit paquet enveloppé de papier qu’elle me donna ; elle me dicta deux lignes, que par ses ordres j’écrivis sur la lettre même. Ces lignes indiquaient qu’Ali-Bey avait été enterré au château de Balka, à quatre ou cinq minutes de Messinib, dans le désert.
« Gœthe a dit, sur la perfectibilité de l’esprit humain, un mot plein de sagacité : Il avance toujours en ligne spirale. […] Quel homme d’État véritable pourrait relire aujourd’hui ce livre sans être arrêté à chaque ligne par un contre-sens, par un sophisme, par une illusion ? […] Elle a fait home aux hommes de leur servitude ; elle a protesté contre la tyrannie ; elle a entretenu ou rallumé dans les âmes le feu presque éteint de la liberté monarchique, représentative ou républicaine ; elle a détesté à haute voix, quand tout se taisait ou applaudissait, le joug soldatesque, le pire de tous, parce qu’il est de fer, et qu’il ne se brise pas même, comme le joug populaire, par ses propres excès ; elle a donné du moins de la dignité au gémissement de l’Europe ; elle a été vaincue, mais elle n’a pas consenti à sa défaite, elle n’a pas loué l’oppression, elle n’a pas chanté l’esclavage, elle n’a pas vendu ou donné un seul mot de ses lèvres, une seule ligne de sa main à celui qui possédait l’univers pour doter ses adulateurs ou pour exiler ses incrédules ; elle a édifié et consolé l’esprit humain ; elle a relevé le diapason trop bas des âmes ; elle a trouvé dans la sienne, elle a communiqué à ceux qui étaient dignes de la lire, un certain accent antique peu entendu jusqu’à elle, dans notre littérature monarchique et efféminée, accent qui ne se définit pas avec précision, mais qui se compose de la sourde indignation de Tacite, de l’angoisse des lettres de Cicéron, du murmure anonyme du Cirque quand Antoine présente la pourpre à César, du reproche de Brutus aux dieux quand il doute de leur providence après la défaite de la cause juste, du gémissement de Caton quand il se perce de son épée pour ne pas voir l’avilissement du genre humain !
Jeté loin de la vue des rivages sur l’immensité des mers, le pilote peut prendre hauteur et marquer avec le compas la ligne du globe qu’il traverse ou qu’il suit ; l’esprit humain ne le peut pas ; il n’a rien hors de soi-même à quoi il puisse mesurer sa marche, et toutes les fois qu’il dit : Je suis ici ; je vais là, j’avance, je recule, je m’arrête ; il se trouve qu’il s’est trompé et qu’il a menti à son histoire, histoire qui n’est écrite que bien longtemps après qu’il a passé, qui jalonne ses traces après qu’il les a imprimées sur la terre, mais qui d’avance ne peut lui tracer son chemin. […] Son profil, que son voile rejeté en arrière me laissait entrevoir, avait la pureté de lignes des plus belles têtes du Parthénon, mais en même temps la mollesse, la suavité et la gracieuse langueur des femmes de l’Asie, beauté bien plus féminine, bien plus amoureuse, bien plus fascinante pour le cœur que la beauté sévère et mâle des statues grecques. […] Non, il n’y eut jamais autant de poètes et plus de poésie qu’il n’y en a en France et en Europe au moment où j’écris ces lignes, au moment où quelques esprits superficiels ou préoccupés s’écrient que la poésie a accompli ses destinées, et prophétisent la décadence de l’humanité.
Pierre Louÿs : — un grand poète, un écrivain dont chaque ligne émeut, à la fois parce qu’elle est belle et parce qu’elle est profondément vraie, sincère et douée de vie… Les Ballades françaises, ajoute-t-il, sont de petits poèmes en vers polymorphes ou en alexandrins familiers, mais qui se plient à la forme normale de la prose, et qui exigent (ceci n’est point négligeable) non pas la diction du vers, mais celle de la prose rythmée. […] La ligne qui suspend à l’épaule ton sein Emprunte aux purs coteaux nocturnes leur dessin. […] Cependant il a un sentiment très exalté de la beauté pure, un culte généreux de la tradition, l’intelligence des lignes harmonieuses.
La fécondité des croisements entre variétés, c’est-à-dire entre des formes que l’on sait ou que l’on croit descendues de communs parents, de même que la fécondité de leurs métis, est d’aussi grande importance pour ma théorie que la stérilité des espèces ; car ces deux ordres de phénomènes si opposés semblent établir une ligne de démarcation large et bien définie entre les variétés et les espèces. […] Gærtner, dont le plus grand désir eût été de trouver une ligne de démarcation bien tranchée entre les espèces et les variétés, n’a pu constater qu’un très petit nombre de signes caractéristiques, et qui, selon moi, n’ont aucune importance, entre la postérité dite hybride des espèces et la postérité dite métisse des variétés. […] Mais ce degré supérieur de variabilité chez les métis n’a rien de très surprenant, car les parents des métis sont des variétés, et pour la plupart des variétés domestiques, très peu d’expériences ayant pu être tentées sur des variétés naturelles ; or, ceci implique, dans la plupart des cas, qu’il y a eu dans les deux lignes d’ancêtres des variations récentes ; il faut donc tout naturellement s’attendre à ce que cette variabilité continue de se manifester, et à ce qu’elle s’augmente encore de ce que le croisement a pu y ajouter.
Je ne me permettrai pas de juger en quelques lignes notre grand romancier ; je cherche seulement la part qui lui revient dans les origines du réalisme. […] J’emprunte quelques lignes aux études sur les poètes romantiques écrites en 1843 ; elles marquent les dispositions du public à cette époque, la lassitude et l’attente d’un art nouveau. […] Brusquement, à la ligne suivante, nous sommes tirés de cette contemplation émue par la dispute de joyeux drilles qui dansent la farandole. […] Ils valent mieux qu’une analyse de quelques lignes dans un volume consacré à leurs chefs de file ; je leur demande un crédit de temps. […] Voici les dernières lignes de cette lettre : « Très cher Léon Nikolaiévitch, je ne vous ai pas écrit depuis longtemps ; j’étais et je suis sur mon lit de mort.
Brunetière, après avoir cité ces lignes, remarque tout de suite « qu’on ne peut affirmer avec plus d’assurance que rien n’est assuré ». […] Les prairies, admirablement drainées, étaient coupées par des lignes de saules creux. […] Je voudrais pouvoir transcrire ici cette jolie historiette qui tient à peine vingt lignes dans le recueil d’Abel Rémusat. […] Voici, par exemple, quelques lignes d’une grâce héroïque. […] Le général Desaix lui dit : — Votre ligne d’horizon n’est pas droite.
Ces talents étaient éclos et inspirés d’eux-mêmes et sortaient bien en droite ligne du mouvement français inauguré par Chateaubriand. […] Mais l’élévation de langage de mon interlocuteur trahissait un homme hors ligne. […] Je ne signerais pas les lignes qui suivent, mais elles sont curieuses parce qu’elles émanent d’un des imitateurs les plus habiles de V. […] Il eut cependant comme tous les génies hors ligne beaucoup de peine à arriver. […] Réfléchis bien à cette première ligne et que ta plume ne se hâte pas !
Tel est l’épisode, pour autant qu’on peut le résumer en si peu de lignes. […] Telle est du moins la doctrine qui me paraît ressortir de ces lignes, je ne dirai point avec une clarté parfaite, car elles ne sont point claires, mais, à ce que je crois, avec une clarté suffisante. […] Avant de chercher dans une de ses œuvres nouvelles les lignes et le sens de sa transformation, nous voudrions rappeler sommairement les circonstances qui la produisirent. […] Merck, qui depuis des années posait déjà pour Méphistophélès, posa pour Antonio Montecatino, ou du moins pour les lignes extérieures de ce personnage dont nous connaissons les véritables origines. […] Kuno Fischer ait une haute opinion du génie d’Ibsen : car vraiment, traiter de telle sorte « l’attirant sujet » de Torquato Tasso, ce serait le ramener à ses lignes les plus pittoresques si l’on veut, mais aussi les plus banales.
Si querelleur que soit Latréaumont, il n’est guère probable qu’il aille jouer sa vie pour lire trois lignes de la Gazette de Hollande. Au moment de partager avec Louis de Rohan l’or promis aux conjurés, quand il touche au but de ses vœux, ira-t-il au-devant d’un coup d’épée pour lire, avant personne, les trois lignes qu’il attend ? […] Elles participent à la fois des maîtres pour la forme extérieure, pour les lignes du plan, et des essais contemporains par quelques traits détachés fort étonnés du cadre où ils sont placés. […] Il embrasse de son regard un champ immense, mais il n’oublie pas les lignes du paysage que ses yeux ont déjà parcourues. […] Il arrive enfin à estimer la foule qu’il combat, à prévoir la durée de la guerre ; il trace avec une lenteur persévérante ses lignes de circonvallation ; il se retranche dans son camp en attendant l’ouverture de la campagne.
Vous connaissez ces dessins, amusettes à badauds, où une figure quelconque est cachée dans l’enchevêtrement des lignes. […] Lemaître a fait comme le professeur qui, pour être mieux suivi de ses auditeurs, ne craint pas d’accuser fortement les lignes de son plan et les points de repère de sa leçon. […] Anatole France les grandes lignes de sa constitution intellectuelle et morale. Il faudrait encore entrecroiser tout un réseau de lignes secondaires pour le représenter tel qu’il est. […] La ligne de démarcation est difficile à tracer ; mais elle existe et enferme même un espace assez restreint.
Cette simple ligne qui, sur la carte, sépare le romain du barbare et le catholique du réformé, nous renseigne plus véridiquement sur l’histoire moderne qu’une bibliothèque entière de mémoires ou qu’un musée de documents. Elle représente la ligne de partage des âmes, de même qu’au point de vue du relief du sol se dessine une ligne de partage des eaux. […] Nous n’avons pas ici à retracer les deux grandes crises, entre toutes significatives, qui demeurent présentes, dans leurs grandes lignes du moins, à l’esprit de tous. […] On sait en quoi cette œuvre consiste, en ses grandes lignes du moins. […] Chacun assurément, tant elle est naturelle, l’aura formulée dès les premières lignes.
Et Baudelaire met à l’horizon de la ville et de la vie parisiennes les mêmes lignes de nostalgie. […] Mais la foule, forêt mobile comme le fleuve est un chemin qui marche, sert de milieu, de support et de paysage à la rêverie du poète, précisément dans la mesure où il est poète ; le dessin et la houle de la foule épousent la ligne et l’ondulation de la rêverie poétique et du vagabondage sensuel, comme la courbe de la mer épouse la courbe inverse du rivage. […] Mais la dernière phrase ne pourrait absolument pas être de Flaubert, qui termine toujours un paragraphe descriptif par un trait net et pittoresque, une saillie, au lieu que Fromentin l’achève par cette ligne égale ou déclinante où se plaisait le dix-septième siècle. […] Mais le flottement et le vague des dernières lignes semble nous faire sentir dans Fromentin une certaine difficulté à sympathiser complètement avec la hardiesse oratoire de Rubens. […] Principes qui se ramènent à cette ligne générale : détruire en Amiel l’ homo faber , l’empêcher de construire, le soustraire à toute technique fabricatrice.
Elles en sont les essentiels matériaux, et tous les Poètes, il faut s’en persuader, sont, avant tout, des sensitifs, depuis le créateur purement plastique qui défaille à la perfection d’une ligne, d’une forme ou d’un rythme, jusqu’au métaphysicien qui frémit et s’enfièvre aux visions prophétiques de l’absolu et du mystère, révélations, elles encore, d’un sens divin et fatidique. […] Si Euclide est l’homme des lignes, celui-ci demeure bien l’homme des sonorités intellectuelles. […] Est-ce que les lignes dansantes des collines de Provence n’ont point imposé quelques rythmes à Mistral, leur cadence aux tambourinaires. […] Les formes, les lignes se brisent, les coloris s’effacent, dans ces rauques symphonies. […] Il y a, entre les lignes, une continuelle évocation, un mirage qui lève devant le lecteur la réalité des images… Les moindres détails s’animent comme d’un tremblement intérieur.
Sauf quelques livres hors ligne, Gil Blas, par exemple, qui durera autant que notre langue, combien peu ont survécu au temps qui les avait vus naître ! […] C’est que le roman de nos jours n’a pas seulement grandi en puissance, en crédit, en talent ; il a fait des progrès plus rapides encore et dans un tout autre genre. » Viennent ensuite les lignes que j’ai déjà citées et dans lesquelles M. […] Au moment où j’écris ces lignes, M. […] Dès les premières lignes du livre, il m’a été facile de voir que mes inquiétudes étaient justifiées, et que M. […] Cette préface est courte, elle ne se compose que de quelques lignes ; je la citerai tout entière.
Cependant, madame Rimbaud laissa le capitaine à sa vie de garnison et, quittant Strasbourg où résidait le 47me de ligne, revint à Charleville avec ses enfants et, délibérément, reconstitua son vertueux foyer. […] Il ne faut point vouloir déterminer l’idéal de l’art suivant des théories telles qu’unité d’impression, idée mère, balancement des lignes, etc., mais… « la Vie, la vie et encore rien que la vie, c’est-à-dire le nouveau ! […] Les vers des Parnassiens étaient « des lignes de prose coupées par des rimes régulières »47. […] Et n’est-ce pas le rôle que s’était assigné l’École Romane, de nous reconstituer une langue véritablement nationale, qui ne fût pas, comme celle des Romantiques, sans race, mais qui dérivât au contraire, en ligne directe, de notre parler primitif. […] La ligne indéfinie des arbres, sur l’horizon livide, se met en branle ; pèlerins géants et lourds, est-ce qu’ils ne cheminent pas, défilé morne d’ombres vivantes, sous la robe frémissante de leur feuillage ?
Sachez, le goûter. — Vraiment, c’est un chapitre de l’Imitation que cette ligne prétendue féroce. […] Ils auront sans doute bien des affaires et définiront d’une ligne bien rapide nos plus grandes gloires. […] » s’écria-t-il ; et entrant du cabinet directorial dans la salle commune, sans fermer la porte : « La ligne du journal ! Mes enfants, About vient de me parler de la ligne du journal ! […] Suivez la ligne, vous verrez qu’au bout, pas bien loin, est l’abolition complète de la propriété.
Ces divers ouvrages, que je suis bien loin de mettre tous sur la même ligne, et dont le dernier, par exemple, est digne d’une très médiocre estime, ont cela de commun qu’ils s’appuient à chaque instant sur des pièces émanées de Bernis, et que leur texte en mainte page en est presque tout formé. […] Je me bornerai à dire mon impression générale sur la ligne de conduite de Bernis à Rome pendant les premières années, et dans cette fameuse négociation de la suppression des Jésuites, à laquelle il prit beaucoup de part.
Roederer prévoyant ou peut-être prévenu de la veille que Benjamin Constant devait parler contre, écrivit le matin dans le Journal de Paris, 15 nivôse an VIII (5 janvier 1800), les lignes suivantes, qu’il signa : Sait-on bien ce que c’est que le Tribunat ? […] J’aime la tragédie63, mais toutes les tragédies du monde seraient là d’un côté, et des états de situation de l’autre, je ne regarderais pas une tragédie, et je ne laisserais pas une ligne de mes états de situation sans l’avoir lue avec attention.
Marivaux met la sagacité de La Motte sur la même ligne en vérité que « l’inimitable élégance de Racine et le puissant génie de Corneille ». […] Quand il a une vue, il la dédouble, il la divise à l’infini, il s’y perd et nous lasse nous-mêmes en s’y épuisant : « Un portrait détaillé, selon lui, c’est un ouvrage sans fin. » On voit à quel point il procède à l’inverse des anciens, qui se tenaient dans la grande ligne, dans le portrait fait pour être vu à quelque distance, et combien il abonde dans le sens et l’excès moderne, dans l’usage du scalpel et du microscope.
Les œuvres de Villon, pour nous, malgré tant de commentaires, de conjectures érudites et ingénieuses, sont et resteront pleines d’obscurités ; elles ne se lisent pas couramment ni agréablement ; on voit l’inspiration, le motif ; on saisit les contours, mais à tout moment le détail échappe, la ligne se brise, la liaison ne se suit pas et fuit. […] Pour Villon, ç’a été une manière de distribuer bien des malices et des épigrammes à ses ennemis, de bonnes paroles à ses amis et quelques-uns des objets qui lui avaient appartenu, dont ils avaient la signification et le secret, et qui à eux seuls, si on saisissait bien son intention, raconteraient toute sa vie : mais là encore l’épigramme, la contrevérité et la farce, on l’entrevoit, se glissent à chaque ligne, et ce qu’il lègue repose bien souvent sur les brouillards de la Seine.
Chaque ligne de Mme de Staël est une lumière qui pénètre mon ignorance d’admiration et toujours d’attendrissement. […] Et puis, à partir d’Alfred de Musset, se tranchait plus nettement la ligne de démarcation profonde qui allait séparer les générations nouvelles de leurs aînées ; les sources et le courant de l’inspiration changeaient, et des anciens aux jeunes on ne s’entendait plus à demi-mot.
Brunet, à qui le travail de de Bure servait de point de départ pour son Manuel du Libraire, n’accordait encore à Ronsard, en 1814, dans sa seconde édition, que dix-sept lignes. […] Dans cette même dédicace, énumérant toutes les grandes et hautes qualités du cardinal négociateur, et faisant, presque à chaque ligne, allusion à quelque irait de l’Antiquité, il dira par exemple : « D’une si grande chose (le mérite du cardinal), il vaut trop mieux, comme de Carthage disoit Tite-Live, se taire du tout que d’en dire peu… » Il y a ici une inadvertance, et M.
Durant ces quatre ou cinq siècles, il a pu disposer, à travers son histoire, ses lignes ingénieuses de perspective, dont plusieurs viennent déjà aboutir, avec un imprévu piquant, à des extrémités visibles de notre histoire littéraire bien connue. […] Pour lui, sa méthode est sûre ; elle est lente, mais inévitable ; il dispose ses lignes, il mesure ses bases, il croise ses opérations : on dirait d’un ingénieur sur le terrain faisant la carte de France.
Sa carrière se dessine d’une ligne toute simple. […] A travers ce vaste champ de connaissances où sa condition l’a jeté, il s’est orienté de bonne heure ; furet et gourmet, il suit ses lignes sans en sortir, sans s’égarer ; il choisit et range à bonne fin le grain et la perle.
Les dernières lignes de ce portrait cependant me semblent bien définir ce monstre de sophisme. […] Qu’on lise ces lignes qui sont mon arrêt sur lui tant reproché dans les Girondins.
J’ai regret de le dire, mais l’homme de parti se montre à chaque ligne dans cette Lettre. […] « Néophyte à cette époque, a-t-on dit spirituellement, il avait quelques-unes des faiblesses des néophytes, et s’il existait quelque chose qu’on pût appeler la fatuité religieuse, l’idée en viendrait, je l’avoue, en lisant ces lignes de sa critique : « Vous n’ignorez pas que ma folie à moi est de voir Jésus-Christ partout, comme madame de Staël la perfectibilité… Vous savez ce que les philosophes nous reprochent à nous autres gens religieux, ils disent que nous n’avons pas la tête forte… On m’appellera Capucin, mais vous savez que Diderot aimait fort les Capucins... » Il parle à tout propos de sa solitude ; il se donne encore pour solitaire et même pour sauvage, mais on sent qu’il ne l’est plus.
C’est un jeu de l’esprit, un déguisement de l’imagination moderne, sous des fictions et sous des vêtements mythologiques ; on y sent l’imitation sublime, mais l’imitation en toutes les lignes ; Fénelon n’y est qu’un Homère dépaysé dans un autre peuple et dans un autre âge, chantant les fables à des générations qui n’y croient plus : là est le vice du poëme, mais c’était celui du temps. […] XXXV Le culte et la vénération que son nom inspirait traversaient ces lignes ennemies que nos armes ne savaient plus rompre.
… soyez enthousiastes, soyez romanesques tout à votre aise… Et, comme je serais flatté que les anges enviassent mes larmes, j’approuve tout à fait ces lignes du Journal d’une femme : Mais tu me restes, ma fille… J’écris ces dernières lignes auprès de ton berceau… J’espère mettre un jour ces pages dans ta corbeille de jeune femme, mon enfant ; elles te feront peut-être aimer ta pauvre mère romanesque… Tu apprendras peut-être d’elle que la passion et le roman sont bons quelquefois avec l’aide de Dieu, qu’ils élèvent les cœurs, qu’ils leur enseignent les devoirs supérieurs, les grands sacrifices, les hautes joies de la vie..
Dans la fatale année 1871, elle part pour Schelestadt et revient à Lyon, à travers les lignes prussiennes, ramenant une douzaine d’enfants, de deux à trois ans, inconnus ou abandonnés. […] Selon votre vieille et bonne manière d’entendre les choses, la littérature n’est pas seulement ce qui s’écrit ; le grand politique qui résout avec éclat les problèmes de son temps, l’homme du monde qui représente bien l’idéal d’une société brillante et polie, n’eussent-ils pas écrit une ligne, sont de votre ordre.
Un rayon de beauté circule comme un sourire sur sa civilisation rajeunie, une ligne d’élégance la parcourt et l’assouplit en tous sens. […] — Il y a des espaces laissés en blanc, aux angles des vieilles mappemondes du quinzième siècle, qui portent cette légende gravée entre leurs lignes indécises : Hic sunt Leones.
Elle attaqua le roi et ne lui déplut pas6… » Voilà comme on parle quand on sait tout dire ; et, tout à côté, quel portrait achevé en deux lignes ! […] Rémond (un de ces paresseux délicats qui n’ont laissé que quelques lignes)7, nous la montre sous un jour nouveau, même après les éloges de Choisy et de Saint-Simon.
Il le montre comprenant l’Italie en première ligne dans ses vastes projets : « et le Piémont, qui est la clef de ce beau pays, est aussi la province qu’il a serrée le plus fortement dans ses bras de fer ». […] Son ton, en écrivant ces lignes, pouvait paraître tranchant, sa modestie intérieure était réelle.
Dans ce premier essai de Bernardin, on saisit déjà le fond et les lignes principales de son talent : c’est moins développé, moins idéal, mais, en cela même aussi, plus réel par endroits et plus vrai en un sens que ce qu’il dira plus tard dans les Études et les Harmonies. […] Le peintre ému se reconnaît pourtant dès les premières lignes ; les descriptions ne sont pas sèches ; le paysage n’est là que pour se mettre en rapport avec les personnages vivants : « Un paysage, dit-il, est le fond du tableau de la vie humaine. » Avant de s’embarquer à Lorient, et sans avoir encore quitté le port, en s’y promenant et en nous y montrant le marché aux poissons avec tout ce qui s’y remue de fraîche marée, l’auteur nous rend une petite toile hollandaise ; en nous peignant avec vérité le retour des pêcheurs par un gros temps, il y mêle le côté sensible dont il abusera : « C’est donc parmi les gens de peine que l’on trouve encore quelques vertus. » On reconnaît le petit couplet philosophique qui commence, mais il ne le prolonge pas trop, et cela ne va pas encore jusqu’au sermon56.
Dans son voyage aux États-Unis, étudiant les sauvages, il leur compare à tout instant les Grecs, ceux d’Homère, passe encore, mais aussi ceux de Sophocle et d’Euripide : « Les tragédies de Sophocle et d’Euripide me peignent presque littéralement, dit-il, les opinions des hommes rouges sur la nécessité, sur la fatalité, sur la misère de la condition humaine, et sur la dureté du Destin aveugle. » Volney, même quand il atteint la ligne juste, exagère toujours en la creusant trop ou en la dépouillant de ce qui l’accompagne. […] Ses principes ne lui permettaient point de dépasser la ligne d’opinion des Girondins ; il marchait et il s’arrêta avec eux.
Le grand art est donc, comme la grande nature : chacun y lit ce qu’il est capable d’y lire, chacun y trouve un sens plus ou moins profond, selon qu’il est capable de pénétrer plus ou moins avant ; pour ceux qui restent à la surface, il y a les grandes lignes, les grands horizons, la magie visible des couleurs et les harmonies qui emplissent l’oreille ; pour ceux qui vont plus avant et plus loin, il y a des perspectives nouvelles qui s’ouvrent, des perfections de détail qui se révèlent, des infinis qui s’enveloppent. […] Au fond, l’œuvre de l’artiste sera la même que celle du savant ou encore de l’historien : « découvrir les faits significatifs, expressifs d’une loi ; ceux qui, dans la masse confuse des phénomènes, constituent des points de repère et peuvent être reliés par une ligne, former un dessin, une figure, un système. » Le grand artiste est évocateur de la vie sous toutes ses formes, évocateur « des objets d’affection, des sujets vivants avec lesquels nous pouvons entrer en société6. » Le génie et son milieu social, dont les rapports ont tant préoccupé les esthéticiens contemporains et surtout M.
Remy de Gourmont disait autrefois : « L’instinct abolit le génie… » Nous pourrions ajouter : « la France est un pays de tradition, d’élégance, de méthode… Elle a préparé la victoire d’un art aux lignes parfaitement délimitées… » Gardons-nous de l’oublier. […] Que nos rythmes délicats et puissants s’éploient ou se lovent, sans respect fétichiste pour la pure ligne dont se retrouve bien aisément la simplicité connue. » Olivier C. de la Fayette.
Peu de lignes, mais claires ; peu d’idées, mais fécondes, s’il se peut ; poser les principes généraux ou tirer les grandes conséquences et négliger les exceptions ; surtout rien de systématique. […] Diderot suivit assez longtemps les cours de Rouelle, auquel il a consacré une notice nécrologique de quelques lignes.
Il y a, comme on voit, deux manières d’ordonner une bataille, ou en pyramidant par le centre de l’action ou de la toile auquel correspond le sommet de la pyramide, et d’où les branches ou différens plans de cette pyramide vont en s’étendant sur le fond à mesure qu’ils s’enfoncent dans le tableau, magie qui ne suppose qu’une intelligence commune de la perspective et de la distribution des ombres et des lumières ; ou en embrassant un grand espace, en regardant toute l’étendue de sa toile comme un vaste champ de bataille, ménageant sur ce champ des inégalités, y répandant les différents incidens, les actions diverses, les masses, les groupes liés par une longue ligne qui serpente, ainsi qu’on le voit dans les compositions de Le Brun. […] Il s’agit bien de montrer ici un homme qui passe ; là un pâtre qui conduit ses bestiaux, ailleurs, un voyageur qui se repose ; en un autre endroit un pêcheur sa ligne à la main et les yeux attachés sur les eaux !
Ils peuvent être actifs aussi, mais comme en seconde ligne. […] « C’est là un témoignage qui coûte un peu à l’auteur de ces lignes, orléaniste convaincu… d’il y a cinq cents ans. […] Je crois tant de peine inutile, et la raison de cette indifférence peut, je crois, s’expliquer en quelques lignes. […] Après ces quelques lignes qui résument les opinions de M. […] Gay me demande une annonce pour les journaux qui insèrent les avis à tant la ligne.
Celui qui écrit ces lignes assistait, en 1822, si je ne me trompe, à la reprise du Cours de Victorin Fabre dans la chaire de l’Athénée.
Sur les autres sujets d’investigation et de noble inquiétude où s’est aventurée la pensée ardente de ce siècle, la Revue encyclopédique conserve cette ligne avancée, ce poste honorable d’avant-garde philosophique, qu’il est toujours bon d’avoir essayé de tenir, même lorsque par endroits on serait contraint de se replier.
La multitude s’avilissait par la flatterie imitatrice des mœurs du tyran ; et le petit nombre des hommes distingués, communiquant difficilement entre eux, ne pouvaient établir cette opinion critique, cette législation littéraire, qui trace une ligne positive entre l’esprit et la recherche, entre l’énergie et l’exagération.
En écrivant ces lignes, je n’ai nullement l’intention de nous présenter comme des modèles d’érudition.
La voici en quelques lignes, mon Angleterre.
« Le seul mode d’union qui ne soit pas contradictoire est l’union de succession rapprochée dans le temps, ou de position dans la ligne continue de la vie consciente.
Depuis la publication de ces lignes, je dois signaler deux ouvrages importants à consulter sur la question qui nous occupe.
Les hommes de talent mesuré, dont la phrase sort de premier jet du cerveau, calme et équilibrée, ne connaissent point ces tensions fiévreuses, ces bonheurs, ces promenades d’idées ou de forme qui faisaient sortir Jean-Jacques Rousseau de sa mansarde pour courir après le porteur d’un billet de dix lignes dans lesquelles l’auteur des Confessions croyait avoir employé un mot impropre.
Quatre lignes tracées sur le papier concilieroient ce que des volumes entiers de commentaires, ne sçauroient accorder.
Mais ce qui va bien au paysage et à son peintre : la vapeur, les traits indistincts, les lointains fuyants, mal accusés, noyés, perdus, ne va plus au peintre de l’âme, au moraliste, à l’observateur de la nature humaine qui doit voir clair, tout discerner, tout accuser d’une ligne pure et inflexible.
Il s’est improvisé le Michaud de leur biographie universelle, et il leur offre à tous, les uns après les autres, deux lignes de son style pectoral.
Le poète, amoureux pendant si longtemps de la couleur, de la ligne et des mille nuances de la lumière, qui voulait peindre, comme Titien, la chair d’opale de sa maîtresse et ses … cheveux dont l’or blême frisonne Et se poudre d’argent sous les rais du soleil… cesse tout à coup, dans le dernier livre de ses sonnets de jouer cette gageure enragée qu’exprimait Shakespeare quand il parlait de dorer l’or et de blanchir les lys, et le voilà qui n’a plus souci que de la seule qualité d’expression que Dieu ait permise aux poètes !
D’abord, ils ont le mérite d’être très courts ; ils renferment quelquefois en peu de lignes, et d’autres fois en peu de pages, l’idée du caractère, des actions, des ouvrages de celui qu’il loue, ou du moins dont il parle ; car quelquefois il fait le portrait d’hommes plus célèbres que vertueux ; mais il les représente tels qu’ils sont, loue les vertus, admire les talents et déteste les crimes.
J’ai beaucoup de peine à comprendre qu’on puisse mettre réellement huit Jours et huit nuits à écrire cinquante ou soixante lignes. […] Elle est, si je puis dire, plus intérieure et se trahit au dehors par des déplacements de lignes beaucoup plus lents et plus doux. […] Je ne puis m’empêcher d’en copier pour vous les dernières lignes. […] Tout l’art de la diplomatie en une ligne ! […] L’inventaire est de quatre cents lignes environ et remplit deux colonnes entières de journal.
Le suprême en est au contraire d’avoir une entière simplicité de lignes et un parfait dénuement d’épisodes. […] On pourrait le faire en une ligne et dire par exemple que nombre de nos écrivains ont le défaut d’user d’une syntaxe trop commune et de mots trop rares. […] Dix lignes dues à sa plume, — où que ce soit que l’œil les rencontre — elles le sollicitent et l’étonnent comme une médaille qui se trouverait par mégarde dans une poignée de menue monnaie. […] On pourrait toujours résumer en une ligne les thèmes psychologiques sur lesquels s’établissent ses romans. […] La preuve au contraire qu’un ouvrage est de moindre qualité, c’est quand on trouve, en le dégarnissant de ses développements, une ligne à l’arabesque difficile et contournée.
Dans un fort agréable Précis historique de lui sur la vie de M. de Bonnard 173, on lit : « C’était le moment où presque tous les jeunes talents, et même ceux qui n’étaient plus jeunes, voulaient mériter la gloire par des bagatelles, par des caprices, par des fantaisies, et semblaient croire que, pour se faire un nom immortel, il n’y avait rien de tel que des poésies fugitives : les poëtes n’étaient plus que des petits-maîtres qui parlaient, en vers gais, des femmes qu’ils avaient désolées, des congés qu’ils avaient donnés, et quelquefois même, pour étonner par le merveilleux, de ceux qu’ils avaient reçus ; des maris qu’on trompait pour les rendre heureux, et qu’on priait en grâce d’être un peu plus jaloux que de coutume… » Au nombre des ouvrages qui contribuèrent à ramener la poésie à la nature, Garat met en première ligne les poëmes de Saint-Lambert, de Delille et de Roucher sur la campagne, et les élégies amoureuses des chevaliers de Bertin et de Parny. […] La révolution éclata, et Parny, malgré les pertes de fortune qu’il y fit successivement et qui atteignirent sa paresse indépendante, ne paraît, à aucun moment, l’avoir maudite, ni, comme tant d’autres plus timorés, plus inconséquents ou plus sensibles, l’avoir trouvée en définitive trop chèrement achetée : la ligne littéraire qu’il y suivit invariablement atteste assez qu’elle comblait à certains égards ses vœux encore plus qu’elle ne décevait ses espérances. […] Parny arrivait sur les rangs et en première ligne ; mais le délire d’imagination auquel il venait de se livrer lui fit perdre des suffrages, et l’aimable Legouvé l’emporta sur lui.
Comme on sent, quelques lignes plus loin, l’homme qui a le sentiment de sa supériorité sur ses contemporains, de son égalité de niveau avec les plus hauts caractères et les plus vastes intelligences de l’antiquité ! […] En deux lignes le voici. […] XIV En quelques lignes voici l’analyse de ce livre.
« Ceci s’est encore trouvé vrai dans l’Amérique ; les empires despotiques du Mexique et du Pérou étaient vers la ligne, et presque tous les petits peuples libres étaient et sont encore vers les pôles. […] La supériorité des peuples et des lois tient à des causes mobiles et multiples qu’une intelligence comme celle de Montesquieu devait étudier et approfondir, au lieu de l’attribuer à une seule cause que la nature et l’histoire démentent à chaque ligne de la vie des nations. […] Elle le dément presque à toutes les lignes.
Chaque individu parcourt à son tour la ligne qu’a suivie l’humanité tout entière, et la série des développements de l’esprit humain est exactement parallèle au progrès de la raison individuelle, à la vieillesse près, qu’ignorera toujours l’humanité, destinée à refleurir à jamais d’une éternelle jeunesse. […] L’idée de l’humanité est la grande ligne de démarcation entre les anciennes et les nouvelles philosophies. […] Ces livres ne renferment pas une ligne de bon sens, c’est le délire rédigé en style barbare et indéchiffrable.
Matthieu mérite évidemment une confiance hors ligne pour les discours ; là sont les Logia, les notes mêmes prises sur le souvenir vif et net de l’enseignement de Jésus. […] Les deux premiers sont surtout importants en ce qu’ils étaient rédigés en araméen comme les Logia de Matthieu, qu’ils paraissent avoir constitué une variété de l’évangile de cet apôtre, et qu’ils furent l’évangile des Ébionim, c’est-à-dire de ces petites chrétientés de Batanée qui gardèrent l’usage du syro-chaldaïque, et qui paraissent à quelques égards avoir continué la ligne de Jésus. […] À peine est-il besoin de dire qu’avec de tels documents, pour ne donner que de l’incontestable, il faudrait se borner aux lignes générales.
sa petite main porte distinctement les lignes mystérieuses, pronostic certain de la souveraineté : je les vois briller, ces lignes, légèrement entrelacées en réseau le long de ses doigts délicats, tandis qu’il les étend pour saisir avec avidité l’objet qu’il désire. […] De ce côté la bande de l’horizon doucement ondulé, et pareille à une ligne légère de nuages abaissés, m’indique le sommet du mont Pravana, demeure du roi des tribus ailées ; de ses flancs escarpés un fleuve se précipite avec impétuosité… Au pied de la montagne, sur le versant de ce bois magnifique, s’élevaient de grands arbres noirs, dont les branches, penchées sur le lit du fleuve, servaient de retraite aux oiseaux.
À un moment donné, Chabrillat voulait traverser les lignes et suivre de près les opérations. […] Vous savez ce qu’on appelle en géographie la ligne de partage des eaux. […] l’année du krack fut une véritable ligne de partage des eaux entre deux versants parisiens.
Or, les faits, si nombreux et enchevêtrés, on n’aura jamais fini de les ranger en lignes de causes et d’effets, en lignes rigoureusement conséquentes. […] Il lit : « Je sens, je flaire, je débrouille, je dépiste, je respire avec un certain sens… » À la ligne ! […] … » À la ligne ! […] Alors, lisez l’« adieu à la guerre », une douzaine de pages qui sont l’épilogue de l’Adorable Clio ; j’en citerai seulement quelques lignes. […] Tandis que nos raisonnements suivent, en quelque sorte, une ligne simple, la pensée du moyen âge est double et se déroule sur deux lignes parallèles, ligne des images et ligne de l’interprétation, l’une et l’autre liées ou coordonnées dans la réalité de la « senefiance » et d’une façon que l’esprit parcourt ensemble l’une et l’autre.
Aussi ne conseillons-nous à personne d’enfermer sa pensée dans les quatorze lignes d’un sonnet. […] Si l’exécution laisse beaucoup à désirer, il faut bien reconnaître que les mouvements sont généralement vrais, et que l’énergie n’enlève rien à la beauté des lignes. […] Il n’est permis qu’aux ignorants de mettre, sur la même ligne, les idées ébauchées et les idées complètement exprimées. […] Ils ont mis l’unité d’action sur la même ligne que l’unité de temps et l’unité de lieu. […] Le duc de Buckingham ne devait pas être esquissé en quelques lignes, mais dessiné avec un soin particulier.
Quelques lignes plus loin il ajoute : « La bonté naît avec nous ; mais la santé, la prospérité et les bons traitements que nous recevons du monde contribuent beaucoup à l’entretenir901. » C’est encore lui-même qu’il dévoile ici : il fut très-heureux, et son bonheur se répandit tout autour de lui en sentiments affectueux, en ménagements soutenus, en gaieté sereine. […] Après six lignes de cette morale, un Français irait prendre l’air dans la rue. […] Une phrase vraie vaut cent périodes nombreuses ; l’une est un document qui fixe pour toujours un mouvement du cœur ou des sens ; l’autre est un joujou bon pour amuser des têtes vides de versificateurs ; je donnerais vingt pages de Fléchier pour trois lignes de Saint-Simon. […] Il y a tel endroit où il compare, presque sur la même ligne, Homère, Virgile et Ovide.
Nous n’avons aucune des passions qui sortent l’homme d’une bibliothèque, d’un musée, — de la méditation, de la contemplation, de la jouissance d’une idée ou d’une ligne ou d’une coloration. […] Oui, je ne puis travailler que là… Je ne pourrais maintenant faire un roman que comme cela, c’est qu’en même temps que je le ferais, ou m’imprimerait dix lignes par dix lignes… Sur l’épreuve on se juge. […] De ce rien, de cet embryon rudimentaire qui est la première idée d’un livre, faire sortir le punctum saliens , tirer un à un de sa tête les incidents d’une fabulation, les lignes des caractères, l’intrigue, le dénouement : la vie de tout ce petit monde animé de vous-même, jailli de vos entrailles et qui fait un roman.
La ligne droite idéale est le plus court chemin d’un point à un autre ; le style idéal est-il aussi le plus court chemin d’un esprit à un autre ? […] Vous voyez aussitôt surgir, dans ses grandes lignes simples, tout le paysage ; et en même temps surgissent tous les souvenirs héroïques qui ont la même simplicité dans la même grandeur. […] Les lignes solennelles de cette architecture, L’attitude religieuse de tous les objets qui entouraient la jeune fille, Les pensées pieuses et sereines qui se dégageaient pour ainsi dire de tous les pores de cette pierre, Agissaient sur elle à son insu. […] … Strophe de Flaubert, où se trouvent même des vers blancs : Des rigoles coulaient dans les bois de palmiers ; Les oliviers faisaient de longues lignes vertes ; Des vapeurs roses flottaient dans les gorges des collines ; Des montagnes bleues se dressaient par derrière.
Découpés en courbes, en lignes uniques. […] Nous suivons avec lui cette pente, cette ligne verticale, cette génération si simplement, si linéairement descendante. […] Quand il regardait la porte de la rue, et le pas de la porte, qui est généralement une pierre de taille, sur cette pierre de taille il distinguait nettement la ligne antique, le seuil sacré, car c’est la même ligne. […] La ligne est aussi pure, la pierre est aussi nette, aussi dure, aussi exacte ; aussi dure sous l’ongle ; aussi parfaitement, aussi exactement dure. […] Tout ce classique, toute cette mesure, sans biaiser d’une ligne, sans reculer d’une ligne, sans se laisser entamer, ronger, atteindre d’une ligne, n’en baigne pas moins dans un océan de démesuré, de surmesure, d’extramesure.
Le critique, un docteur Joulin, que ses amis appellent un homme d’esprit, me dénonçait pour ce discours comme faisant honte à l’Académie française, comme ne sachant pas un mot de français, sinon à la réflexion et à tête reposée, comme ne pouvant écrire couramment deux lignes sans pataquès ; et il notait dans ce seul discours jusqu’à cinquante-trois fautes de langue et de goût.
Michelet, l’homme qui sait, qui voit, qui sent si admirablement les choses d’autrefois, a dit en quelques lignes ce qui se passa alors dans les âmes : « Cette trompette libératrice de l’archange, qu’on avait cru entendre en l’an mil, elle sonna un siècle plus tard dans la prédication de la croisade.
On commence à se livrer à un excès par entraînement, mais, à son comble, il amène toujours une sorte de tension involontaire et terrible ; hors des lignes de la nature, dans quelque sens que ce soit, ce n’est plus la passion qui commande, mais la contraction qui soutient.
Le plus jeune, qui entra le dernier en ligne, fut l’adversaire de Despréaux.
Corrège sur des lignes à la Michel-Ange !
Mais les cinq poèmes dont je parle sont la portion la plus nécessaire, la plus inévitable de ses ouvrages, et ils suffisent à évoquer en ses maîtresses lignes cette physionomie d’un des plus nobles artistes qui aient vécu parmi nous.
On sait que tout mouvement se fait en suivant la ligne de la plus grande traction, de la plus faible résistance ou de leur résultante.
Les auteurs de médecine anciens sont trop substantiels ou trop forts pour des étudiants ; chaque ligne est un résultat d’une longue pratique ; peu de spéculations, beaucoup de préceptes et de faits.
Les ducs de Normandie peuvent n’intéresser que quelques Normands comme celui qui écrit ces lignes, lequel voudrait que sa province eût enfin l’histoire qui lui manque et dont les matériaux n’attendent que la main qui doit les soulever.
Même avant d’avoir lu une ligne de ces lettres, où l’enfer doit brûler par avance, ne vous attendez-vous pas à des luttes sans fin entre l’amour, le remords, l’épouvante ?
Tout l’art du drame est en cette ligne.
Toutefois ce n’est pas une de ces défenses par pieds, pouces et lignes, comme en font souvent les faiseurs de systèmes, s’appelassent-ils Montesquieu !
Le panégyriste de Tibère devait l’être de Séjan ; aussi, dans le même ouvrage, Séjan est-il peint comme un grand homme ; on nous apprend qu’il fut choisi pour seconder Tibère, parce que c’est la règle que les hommes supérieurs emploient des hommes de génie21 ; enfin, dans les dernières lignes, la servitude à genoux implore hautement tous les dieux de Rome, pour demander, au nom de l’univers, la conservation de qui ?
En conséquence, on ne manqua pas de le faire descendre, en droite ligne, de cet Hercule qui, du temps d’Évandre, était venu ou n’était pas venu en Italie.
Il serait aussi inexact de prétendre que les progrès de l’industrie, les magnifiques ponts en ciment armé, les lignes si pures d’une automobile ou d’une locomotive, le perfectionnement du machinisme sont appelés à supprimer le sentiment poétique. […] Volontiers je réponds aux questions que vous suggèrent les quelques lignes de Valéry que vous citez. […] Valery Larbaud a trouvé dans ce catalogue une dizaine de lignes qu’on prétend être de lui, et au sujet desquelles ses souvenirs manquent de précision. […] Valery Larbaud, Sainte-Beuve eût répondu que c’était au critique de se débrouiller et de savoir lire, au besoin entre les lignes, mais que la spontanéité de ces lettres non destinées au public leur conférait souvent une rare valeur documentaire. […] En voici les grandes lignes.
Mais, alors, pourquoi, parmi tant de pages, jamais une ligne attendrie ? […] Oui, elle renaissait, parfaite, en le symbole d’une belle vierge exhumée, l’Antiquité claire, puissante, heureuse, fastueuse, aux lignes pures, si jeune encore de son immortelle beauté. […] Je me bornerai donc ici à relater quelques faits, à exprimer rapidement quelques idées, faits et idées sans lesquels s’interromprait la ligne historique de la poésie moderne. […] Dès les premières lignes, je fus épouvanté, et Villiers, tantôt me consultait d’un regard furtif, tantôt écarquillait vers le lecteur ses petits yeux gonflés d’effarement. […] Je défie qu’on rappelle une phrase de moi, même proférée entre gais camarades, qu’on montre, imprimée, une ligne de moi, qui ait manqué de respect à ce sain et violent poète.
Il est prêt à écrire proprement cinquante lignes sur un livre ou sur une comédie. […] J’en voudrais tirer quelques lignes pour l’édification des jeunes écrivains encore inconnus. […] La page est exquise, on me saura gré d’en citer quelques lignes. […] Rien de plus suave que ces lignes qui lui ont été inspirées par une fresque du Pinturicchio, à la libraria du Dôme de Sienne. […] Jules Lemaître, entre autres, a dit en quelques lignes où reluit la clarté gracieuse de son esprit : « M.
Nous l’avons loué en douze lignes, nous allons le critiquer en quinze pages. […] Le contraste est subit, choquant, et au bout de quelques lignes on a soin de ne plus s’y exposer. […] » Tant de figures dès la première ligne ! […] On parcourt, en dix lignes, les quatre coins de la pensée et du monde. […] Je sais un homme qui un jour en lut quatre pour écrire trois lignes.
Considérons deux lignes divergentes d’évolution, et des sociétés à l’extrémité de l’une et de l’autre. […] Supposons un instant que la nature ait voulu, à l’extrémité de l’autre ligne, obtenir des sociétés où une certaine latitude fût laissée au choix individuel : elle aura fait que l’intelligence obtînt ici des résultats comparables, quant à leur régularité, à ceux de l’instinct dans l’autre ; elle aura eu recours à l’habitude. […] Ce développement s’est effectué sur les deux grandes lignes d’évolution de la vie animale, avec les Arthropodes et les Vertébrés. […] Règle et règlement, rectitude et régularité, sont des mots qui désignent la ligne droite. […] Ainsi seulement pourront être comparées entre elles les diverses lignes de conduite ; ainsi seulement pourra être appréciée leur valeur morale.
Alarcon même, le romancier qui conserve le plus les traditions romantiques, place en première ligne parmi ses œuvres un précieux caprice de Goya, un conte espagnol à tous crins, le Tricorne. […] Henri-Marie Beyle (Stendhal), est, en ligne directe, le descendant de Diderot. […] ou plutôt ces lignes pures et sculpturales que Zola ambitionne et que nous ambitionnons tous, n’excluent-elles pas l’ondulation continuelle du style, le détail minutieux mais riche et palpitant de vie qu’exige et que goûte le public moderne ? […] Pereda est, en ligne directe, le descendant de ces aimables et perspicaces peintres de mœurs. […] Nous savons ce que furent— dans les grandes lignes et en maîtres — Homère, Eschyle, Dante et Shakespeare.
Il ne donnait pas les solutions que l’on avait espérées, les lignes tracées ne se rejoignaient pas. […] Toute croyance spéciale est une raideur et une obtusité. » Ces lignes, qui remplissaient d’aise M. […] Pourquoi le spiritualisme, quelques rares penseurs exceptés, reste-t-il muet sur toute la ligne ? […] Car le but des lignes suivantes est de chercher une solution au problème que la vie d’Edmond Scherer place devant la pensée chrétienne, ou, si l’on veut, de tenter dans un but apologétique ce qu’a fait M. […] Les lignes suivantes, citées par M.
Avec Homère, qui traite successivement les deux tableaux, nul embarras ; une sérié alternée de panneaux et de diptyques rendrait l’Iliade ligne à ligne. […] Et si un curieux s’y jette, aura-t-il présentes à la mémoire les quinze lignes que je viens d’en extraire ? […] Tous les chiffres peuvent également sortir ; c’est pourquoi il est déraisonnable de jouer à la loterie, de voler, même des millions, et de copier, même quinze lignes, dans un ouvrage en cinquante volumes. […] Le mot conscience est mis là pour faire le départ entre les esprits sensés et les déments ; mais la frontière qui les sépare n’est pas une ligne droite. […] Il semble que voici des enfants aveugles auxquels on apprendrait à dessiner grossièrement des lignes, des hachures, voire des yeux, des bouches, des oreilles et des nez !
On avait aperçu, parmi les premières lignes, quelques mots de funeste augure, je ne sais quelle théorie de la connaissance, de la sensation et de leur rapport qui est le sentiment, et l’on tremblait que M.P. […] Pas une page ici, pas une ligne qui ne soit du roman expérimental, sauf la poésie, qui transfigure tout, même l’analyse, même l’observation. […] Rien de calculé, en apparence, rien de prémédité ; pas même les grandes lignes arrêtées ; tout procédait dans son art comme dans la vie. […] Nous sommes maintenant à même, à ce qu’il semble, de répondre à la question que nous posions à la première ligne de cette étude. […] Je lui récitais mes vers à haute voix, et cela ne la gênait nullement pour écrire pendant ce temps-là… Il ne lui arrivait jamais de rayer une ligne ni de faire un plan avant de se mettre à l’œuvre.
La paix, qu’il achète à tout prix, le renversera plus vite qu’une guerre, quelque malheureuse qu’elle eût été. » Ce qu’écrivait là Saint-Arnaud, bien d’autres de ses compagnons d’armes, qui, depuis 1848, ont suivi une autre ligne que lui, ont dû le dire comme lui dans les dix années qui précédèrent. […] Ne demandons pas aux hommes de ne pas être des hommes ; demandons-leur plutôt d’être le plus hommes possible, c’est-à-dire actifs, courageux, ardents et dévoués chacun dans leur ordre et dans leur ligne. […] Ne lui demandez pas une ligne de politique suivie : sa solution, à lui, est celle de l’instinct, celle de son impulsion de cœur et de son intérêt particulier de soldat : « Je vois toujours l’avenir sombre ; avec la guerre, j’aurais eu quelque espoir ; j’aurais bravé tout, fait face à tout : j’ai foi en moi ; mais la paix nous étrangle.
Parmi ses notes dernières et ses instructions d’économie à sa femme, je trouve encore ces lignes expressives, qui se rapportent à ce fils de qui il attendait tout : « Il s’en faut beaucoup, ma chère amie, que je te laisse riche, et même une aisance ordinaire ; tu ne peux l’imputer à ma mauvaise conduite ni à aucune dissipation. […] Je trouve sur une feuille, dès longtemps jaunie, ces lignes tracées. […] Les dernières lignes du journal parleront pour moi, et mieux que moi : 17 avril (1803), dimanche de Quasimodo. — Je revins de Bourg pour ne plus quitter ma Julie.
Il ne s’échauffe guère que vers cinq heures, quand il s’est mis au travail à midi… Il ne peut écrire sur du papier blanc, ayant besoin de le couvrir d’idées, à l’instar d’un peintre qui place sur sa toile ses premiers tons… Soudain, comptant le petit nombre de gens qui s’intéressent aux choix d’une épithète, au rythme d’une phrase, au bien fait d’une chose, il s’écrie : « Comprenez-vous l’imbécillité de travailler à ôter les assonances d’une ligne ou les répétitions d’une page ? […] Peut-être, un jour, ces lignes que nous écrivons froidement, sans désespérance, apprendront-elles le courage à des travailleurs d’un autre siècle. […] Je suis étranger à ce qui vient, à ce qui est, comme à ces boulevards nouveaux sans tournant, sans aventures de perspective, implacables de ligne droite, qui ne sentent plus le monde de Balzac, qui font penser à quelque Babylone américaine de l’avenir.
Les métairies dès patriciens se succédaient sur le bord de la route ; des rigoles coulaient dans des bois de palmiers ; les oliviers faisaient de longues lignes vertes ; des vapeurs roses flottaient dans les gorges des collines ; des montagnes bleues se dressaient par derrière ! […] Pour la Tentation de saint Antoine, de même, pas une ligne dans cette série d’hallucinations qui n’eût pu donner lieu à un renvoi en italiques. […] La suite des visions n’est pas clairement symbolique ; chacune d’elles est non de fantaisie, mais extraite de livres et condense en quelques lignes tout un ordre de renseignements positifs ; enfin elles sont choisies aussi pour leur beauté et leur mystère ; à tel point que l’on peut tour à tour considérer la Tentation soit comme un poème didactique, soit comme un tableau des époques antiques jusqu’au bas-empire, soit comme un admirable et précieux ballet où se mêlent la fantaisie et les magnificences.
Nous allons essayer de le dire en quelques lignes, et ici nous serons obligé d’entrer un moment dans la métaphysique. […] dans la ligne plus ou moins grecque du front ? […] Énumérez seulement quelques-unes des conditions innombrables de ce qu’on nomme style, et jugez s’il est au pouvoir de la rhétorique de créer dans un homme ou dans une femme une telle réunion de qualités diverses : Il faut qu’il soit vrai, et que le mot se modèle sur l’impression, sans quoi il ment à l’esprit, et l’on sent le comédien de parade au lieu de l’homme qui dit ce qu’il éprouve ; Il faut qu’il soit clair, sans quoi la parole passe dans la forme des mots, et laisse l’esprit en suspens dans les ténèbres ; Il faut qu’il jaillisse, sans quoi l’effort de l’écrivain se fait sentir à l’esprit du lecteur, et la fatigue de l’un se communique à l’autre ; Il faut qu’il soit transparent, sans quoi on ne lit pas jusqu’au fond de l’âme ; Il faut qu’il soit simple, sans quoi l’esprit a trop d’étonnement et trop de peine à suivre les raffinements de l’expression, et, pendant qu’il admire la phrase, l’impression s’évapore ; Il faut qu’il soit coloré, sans quoi il reste terne, quoique juste, et l’objet n’a que des lignes et point de reliefs ; Il faut qu’il soit imagé, sans quoi l’objet, seulement décrit, ne se représente dans aucun miroir et ne devient palpable à aucun sens ; Il faut qu’il soit sobre, car l’abondance rassasie ; Il faut qu’il soit abondant, car l’indigence de l’expression atteste la pauvreté de l’intelligence ; Il faut qu’il soit modeste, car l’éclat éblouit ; Il faut qu’il soit riche, car le dénûment attriste ; Il faut qu’il soit naturel, car l’artifice défigure par ses contorsions la pensée ; Il faut qu’il coure, car le mouvement seul entraîne ; Il faut qu’il soit chaud, car une douce chaleur est la température de l’âme ; Il faut qu’il soit facile, car tout ce qui est peiné est pénible ; Il faut qu’il s’élève et qu’il s’abaisse, car tout ce qui est uniforme est fastidieux ; Il faut qu’il raisonne, car l’homme est raison ; Il faut qu’il se passionne, car le cœur est passion ; Il faut qu’il converse, car la lecture est un entretien avec les absents ou avec les morts ; Il faut qu’il soit personnel et qu’il ait l’empreinte de l’esprit, car un homme ne ressemble pas à un autre ; Il faut qu’il soit lyrique, car l’âme a des cris comme la voix ; Il faut qu’il pleure, car la nature humaine a des gémissements et des larmes ; Il faut… Mais des pages ne suffiraient pas à énumérer tous ces éléments dont se compose le style.
La noble permission est accordée, et messire Jacques d’Audelée, joyeux, va se mettre au premier front de toute la ligne, accompagné seulement de quatre vaillants et fidèles écuyers, et, durant toute l’action, il ne songe qu’à combattre, à frapper, à aller toujours en avant sans vouloir faire aucun prisonnier (ce qui le retarderait et le forcerait de quitter le premier rang). […] Le roi Jean est en ligne directe derrière le corps du connétable qui est refoulé sur celui du roi.
Les méchants propos de Versailles ne sont plus que des propos, et même en y faisant toute la part possible, en accordant un peu de vérité dans beaucoup de mensonge, les lignes et les traits essentiels de l’habile et hardi capitaine, ses belles parties de talent n’en sont pas entamées ; la gloire de Villars subsiste. […] Il le désignait avec distinction dans son rapport du lendemain, mais pas hors ligne.
Le militaire est Paul Alabert, en dernier lieu sergent de grenadiers dans le 61me de ligne, aujourd’hui retiré à Cazères (Haute-Garonne). […] Le cardinal archevêque de Besançon, en nous attestant de sa main la vérité des faits qui concernent ce digne prêtre de son diocèse, ajoutait : « Je sens couler mes larmes en écrivant ces lignes, comme elles ont souvent coulé pendant que je bénissais le bon abbé Brandelet pour ses œuvres toutes de détachement, de zèle, et d’une persévérance vraiment admirable. » L’abbé Brandelet s’est surpassé en dernier lieu par l’achat qu’il fit, à ses risques et périls, de l’ancien château fort de Blamont mis en vente par l’État en 1859.
Félix, souviens-toi bien : il est impossible que cette bonne grand-mère, et papa, et mon oncle Constant (le peintre), ne descendent pas de cette ligne dont les traits sont si différents de la race vraie Flandre. » C’est miracle qu’elle puisse étudier à travers une vie si tiraillée, si morcelée. […] Ne devoir à l’art que la forme et sentir naître en soi l’inspiration sans la chercher, rien n’est plus rare, et Mme Valmore avait en elle cette merveilleuse faculté… » Telle elle était dans ses vers, telle on l’a vue dans ses pages les plus intimes, dans les lignes qu’elle ne réservait pas au public, dans sa prose la moins travaillée, dans une lettre à un ami.
Dans les quelques lignes dont on fait si grand état en les surfaisant, Mme de Sablé a bien pu réfuter Saint-Évremond, elle a bien pu aussi réfuter La Rochefoucauld, qui lui aura dit dès ce temps-là : « Je pense exactement comme M. de Saint-Évremond ; je prends son opinion à mon compte, et j’en fais une maxime. » On ne saurait avoir devant soi un Saint-Évremond, l’eût-on déjà lu vingt fois, sans être tenté de le parcourir encore et sans repasser d’un coup d’œil rapide ce qu’il y a de principal en lui, ce qui le fait original avec distinction entre Montaigne et Bayle. […] Je la trouve à chaque ligne dans une lettre adressée, en 1667, à M. de Lionne, qui, désirant ménager son retour, lui avait demandé d’écrire une sorte d’apologie qu’il pût montrer au roi.