Il y avait les grands auteurs d’alors, les écrivains qui cultivaient les parties nobles de l’art dramatique : M. […] Mais une reine, mais une noble femme à gloire historique, n’est-ce pas une profanation que de les commettre ainsi après coup dans des intrigues improvisées ?
Ce drame de Shakspeare n’était pas seulement un noble spectacle ; c’était une machine de guerre. […] Cela est difficile à trouver178. » Il ajoute encore : « Les artistes sont les juges compétents de l’art, il est vrai ; mais ces juges compétents sont presque tous corrompus… Il y a environ trois mille ans qu’Hésiode a dit : Le potier porte envie au potier, le forgeron au forgeron, le musicien au musicien. » Sans doute un artiste, sur l’objet qui l’occupe et qu’il possède, aura des vues, perçantes, des remarques précises et décisives, et avec une autorité égale à son talent ; mais cette envie, qui est un bien vilain mot à prononcer, et que chacun à l’instant repousse du geste loin de soi comme le plus bas des vices, il l’évitera difficilement s’il juge ses rivaux ; sa noble jalousie (appelons ainsi la chose) le tiendra éveillé aux moindres défauts, et il sera prompt à voir et à noter ce qu’involontairement il désire ; ou bien, si la générosité du cœur s’en mêle, il ira au-devant du défaut, il passera outre et tombera alors dans des indulgences extrêmes, dans des libéralités qui ne sont plus d’un juge.
Il était de la caste des nobles enfants de l’Œil-de-Bœuf. […] Son front était penché comme sous une pensée méditative ; ses traits étaient fins, comme ils sont restés depuis, mais nobles et francs ; son expression profonde sans double entente, son œil intelligent mais sincère.
Elle l’introduisit à Saint-Cyr, maison où elle avait rassemblé l’élite des jeunes filles nobles du royaume. […] Mais le dévouement de Fénelon ne se borna pas à des actes particuliers ; il put s’élever au noble rôle d’assistance publique.
Puis il eut, comme Jean Servien, comme beaucoup d’écrivains et d’artistes dans notre société démocratique où si souvent le talent monte d’en bas, une jeunesse pauvre, dure, avec des amours absurdes, des désirs démesurés, des aspirations furieuses vers une vie brillante et noble, des déceptions, des amertumes. […] Un petit enfant, c’est d’abord, quand il est joli ou seulement quand il n’est pas laid, la créature du monde la plus agréable à voir, la plus gracieuse par ses mouvements et toute sa démarche, la plus noble par son ignorance du mal, son impuissance à être méchant ou vil et à démériter.
Tout à l’heure je me fâchais contre les Saisons de Saint-Lambert ; que ne laissais-je la parole à Gilbert : Saint-Lambert, noble auteur dont la muse pédante Fait des vers fort vantés par Voltaire qu’il vante, Qui, du nom de poème ornant de plats sermons, En quatre points mortels a rimé les saisons. […] Le couteau de 1793 n’a pas tranché une tête plus noble que celle d’André Chénier.
Tailhade avait eu aussi à se plaindre de je ne sais quels manques d’égards et il exhalait sa rancune en cinglantes épigrammes : Ce noble délire, Dieu ! […] « Un certain nombre de jeunes gens, las de lire toujours les mêmes tristes horreurs, dites naturalistes, appartenant d’ailleurs à une génération plus désabusée que toutes les précédentes, mais d’autant plus avide d’une littérature expressive, de ses aspirations vers un idéal, dès lors profond et sérieux, fait de souffrance très noble et de très hautes ambitions, — injustement, sans doute, un peu dépris de la sérénité parnassienne et de l’impassibilité pessimiste d’un Leconte de Lisle, d’ailleurs admiré, s’avisèrent un jour de lire mes vers, écrits pour la plupart en dehors de toute préoccupation d’école, comme je les sentais, douloureusement et joyeusement poétiques encore, et pleins, j’ose le dire, du souci de la langue bien parlée, vénérée comme on vénère les saints, mais voulue aussi exquise et forte que claire assez.
Toujours, et de tout temps, les jeunes gens qui se préparent au noble service des Muses font la veillée d’armes et se cherchent des parrains. […] Prenons-le donc tel que les Romantiques le léguèrent aux Parnassiens qui prirent une noble peine à l’affermir et à le régler, pensaient-ils, définitivement.
Encore une fois, ce n’est point le mariage qui est la gloire de madame de Maintenon, c’est le désintéressement, c’est le sacrifice de son amour, c’est le vertueux usage de l’empire qu’il lui donnait sur le cœur du roi pour le remettre dans ses devoirs : et c’est à l’honnêteté morale de madame de Maintenon, à celle de sa société tout entière, à la considération et aux aimables qualités qu’elle tenait de ses nobles amies, qu’est due la gloire que j’ai pris plaisir à célébrer. […] Et ce que j’ai dit bien des fois, elle lui fait connaître un pays tout nouveau, je veux dire le commerce de l’amitié et de la conversation sans chicane et sans contrainte ; il en paraît charmé. » Certes, elle devait être d’un grand charme cette amitié qui, dans madame de Maintenon, était de l’amour retenu par la raison, la justice, l’honneur, la bienséance ; cette amitié, où les sens entraient pour quelque chose, mais soumis à de plus hautes et plus puissantes sympathies, celles de l’âme et de l’intelligence, à de plus nobles besoins, ceux de la considération et du respect de soi-même ; cette amitié passionnée que l’honneur forçait à résister au plus doux penchant, qui ne souffrait pas moins de sa résistance que l’ami à qui elle était opposée ; cette tendresse qui avait autant besoin d’être consolée de ses refus que celui qui les essuyait et dont la souffrance parvenait à obtenir des encouragements de l’amant voluptueux et contrarié.
Mademoiselle Catherine de Birague est une jeune fille, noble comme une infante, à qui sa famille n’a légué qu’un écusson dédoré. […] Cette fois, c’est un racontar du Moustique qui déshonore par tout Paris une noble jeune fille et un honnête homme.
Cette vieille mère de Goethe, Mme la conseillère de Goethe, comme on l’appelait, d’un caractère si élevé, si noble, j’allais dire si auguste, toute pleine de grandes paroles et de conversations mémorables, n’aime rien tant que d’entendre parler de son fils ; elle a, quand on lui parle de lui, de « grands yeux d’enfant » qui se fixent sur vous et dans lesquels brille le plus parfait contentement. […] Dans sa noble maison, qui avait au frontispice ce mot : Salve, il exerçait l’hospitalité envers les étrangers, les recevant indistinctement, causant avec eux dans leur langue, faisant servir chacun de sujet à son étude, à sa connaissance, n’ayant d’autre but en toute chose que l’agrandissement de son goût : serein, calme, sans fiel, sans envie.
Elle nous a rendu à merveille le talent de bien dire, qui était particulier à la duchesse du Maine, et qui tout d’abord attira son attention : Je la lui donnais tout entière et sans effort, a dit Mlle de Launay ; car personne n’a jamais parlé avec plus de justesse, de netteté et de rapidité, ni d’une manière plus noble et plus naturelle. […] L’homme a beau retourner et renverser les situations, il ne change pas ses défauts ni ses travers ; on les voit bientôt reparaître tous ; seulement ils se produisent, selon les temps, sous une forme plus ou moins noble, polie et agréable ; et cette forme-là, qui combinait l’excès de l’égoïsme avec la délicatesse d’esprit et la politesse, est plutôt celle du passé.
Au lieu de l’ancien vers classique tout noble et tout pur, on a du comique parfois, des mots hardis ou même vulgaires, et mis à dessein. […] Si nous croyions à la métempsycose, nous dirions que l’âme de quelque peintre de paysage, malheureux en amour, avait passé dans le corps de ce noble cerf, tant il s’est montré artiste dans toutes ses promenades et jusque dans sa chute… Tout cela est poussé un peu loin, un peu marivaudé peut-être ; le conteur s’amuse et abuse : il tient à son joli dire, et, une fois mis en train, il ne le lâche pas.
Qu’on juge de l’attente en pareille occasion : Cette belle et courageuse personne, écrit Mme de Sévigné, fit cette action comme toutes les autres de sa vie, d’une manière noble et charmante : elle était d’une beauté qui surprit tout le monde ; mais ce qui vous étonnera, c’est que le sermon de M. de Condom (Bossuet) ne fut point aussi divin qu’on l’espérait. […] Mme de Sévigné avait d’abord commencé par plaisanter là-dessus comme les meilleures personnes du monde ne peuvent s’empêcher de faire : « On dit qu’elle (Mme de La Vallière) a parfaitement bien accommodé son style à son voile noir, et assaisonné sa tendresse de mère avec celle d’épouse de Jésus Christ. » Mais quand elle fut allée elle-même à la grille et qu’elle eut vu Mme de La Vallière, elle n’eut plus qu’un cri d’admiration pour une simplicité si véritablement humble et si noble encore : Mais quel ange m’apparut à la fin !
Jeune, actif, d’un jugement net et fin, en relation de famille avec ce qu’il y avait de plus noble dans les Pays-Bas autrichiens et à la cour de Vienne, il se trouva du premier jour très bien introduit à celle de Versailles, des mieux placés pour observer et s’y plaire ; il fut particulièrement de la société de la Dauphine, bientôt reine, Marie-Antoinette. […] Lui, selon l’expression de son père, qui le jugeait très bien cette fois, il avait « des manières nobles et le faste des habits en un siècle de mode dépenaillée ».
Il me semble que ce noble commentaire du xve chapitre de Bélisaire est fait pour désarmer à jamais la polémique (si elle était tentée de renaître à ce propos), et pour tenir l’ironie en respect. […] … La littérature et un cœur noble sont le véritable charme de la société. » C’est bien ainsi que l’entendait Marmontel ; il avait l’âme avant tout sociable et littéraire.
Le premier numéro du National (3 janvier 1830) contient un court article de Carrel sur Rabbe, ce Méridional mort à quarante-trois ans, qui « était entré dans le monde à la suite de brillantes études, avec un esprit remuant, un caractère intrépide, des passions vives ; une belle figure, de l’esprit, du cœur, un geste mâle et parlant, une éloquence noble, hardie, animée, entraînante ». […] Si jamais dans Carrel l’homme de maturité, l’homme de bon sens et d’une énergie toute désintéressée, a paru près de triompher de l’homme de passion et du noble ambitieux qu’emporte une veine ardente, c’est à cette heure et à ce jour que je me plais à surprendre au milieu de cette suite de journées et de feuilles rapides parmi lesquelles il est comme enseveli.
Le fond du Barbier est bien simple et pouvait sembler presque usé : une pupille ingénue et fine, un vieux tuteur amoureux et jaloux, un bel et noble amoureux au-dehors, un valet rusé, rompu aux stratagèmes, et qui introduit son maître dans la place, quoi de plus ordinaire au théâtre ? […] Il fut décidé que Beaumarchais serait immédiatement arrêté et conduit, non à la Bastille (c’eût été trop noble pour lui), mais dans une maison de correction, à Saint-Lazare, où l’on mettait, non pas encore les filles, mais les mauvais prêtres scandaleux, les fils de famille libertins et consorts.
Il était de ceux qui, avec une physionomie noble et douce, de beaux yeux bleus et un sourire bienveillant, ont reçu en naissant un instinct invincible. […] Dans ce voyage de Russie, toutefois, il trouva moyen encore de rendre sa position fausse en se faisant appeler le Chevalier de Saint-Pierre et en se donnant des armoiries de sa façon : bien souvent, quand il était présenté à quelque personnage de marque, on lui demandait s’il appartenait à la noble famille de Saint-Pierre qui était alors très en vue à Versailles ; il était obligé de répondre non, et il en souffrait.
Que l’on se figure donc un atelier typographique où les casses, organismes géants, contiennent non pas des lettres, non pas des mots entiers, comme on l’a expérimenté, mais des phrases ; cela sera l’image de certains cerveaux : « A…, destiné à la noble carrière des armes, recevait une éducation virile, et se préparait à porter dignement le nom de son père […] Arsène Darmesteter a noté la situation humble où l’ironie a réduit des mots jadis nobles, tels que « déconfit — occire — preux — sire — castel ».
Nul peuple n’est plus illustre, plus noble, plus magnifique et plus magnanime que le peuple français. […] La vertueuse femme en qui le peuple anglais, royaliste, comme on sait, voit et vénère sa personnification actuelle, cette digne mère, cette noble veuve, vient, avec le respect profond qui convient, incliner la majesté matérielle devant la majesté idéale ; la reine d’Angleterre salue Shakespeare ; l’hommage de Victoria répare le dédain d’Élisabeth.
Nous nous moquons de l’art pour l’Art et de ces questions si vaines et stériles…” « Paganisme, Chrétienté, Génie national, auxquels nous devrons ajouter le mouvement scientifique (qui remontant aux époques immémoriales de Prométhée et de l’inventeur de la charrue, pour aboutir à Képler et Ampère, modifie tous les jours la nature par ses nobles découvertes), voilà les quatre grandes traditions que doivent rénover pour une définitive synthèse, les jeunes et candides esprits, soucieux d’une œuvre humaine, conforme à la nature6. […] Un tel classique a pu être un moment révolutionnaire, il a pu le paraître du moins, mais il ne l’est pas… il n’a renversé ce qui le gênait que pour rétablir l’équilibre “au profit de l’ordre et du beau”… » C’est aussi : « Les écrivains d’un ordre moyen, justes, sensés, élégants, toujours nets, d’une passion noble et d’une force légèrement voilée… écrivains modérés et accomplis… Cette théorie dont Scaliger a donné le premier signal chez les modernes est la théorie latine à proprement parler et elle a été aussi pendant longtemps la théorie française… Le chef-d’œuvre que cette théorie aimait à citer c’est Athalie. » En somme, c’est ici la théorie de l’unité soutenue par Buffon dans le Discours sur le style, et Sainte-Beuve conclut : « Il n’y a pas de recettes pour faire des classiques : ce point doit être enfin reconnu évident.
Les écrits de ce jeune homme, ses connaissances variées, son courage, sa noble proposition à M. de Malesherbes, ses malheurs et sa mort, tout sert à répandre le plus vif intérêt sur sa mémoire. […] Une Famille noble.
Pour moi qui ne retiens d’une composition musicale qu’un beau passage, qu’un trait de chant ou d’harmonie qui m’a fait frissoner ; d’un ouvrage de littérature qu’une belle idée, grande, noble, profonde, tendre, fine, délicate ou forte et sublime, selon le genre et le sujet ; d’un orateur qu’un beau mouvement ; d’un historien qu’un fait que je ne réciterai pas sans que mes yeux s’humectent et que ma voix s’entrecoupe ; et qui oublie tout le reste, parce que je cherche moins des exemples à éviter que des modèles à suivre, parce que je jouis plus d’une belle ligne que je ne suis dégoûté par deux mauvaises pages ; que je ne lis que pour m’amuser ou m’instruire ; que je rapporte tout à la perfection de mon cœur et de mon esprit, et que soit que je parle, réfléchisse, lise, écrive ou agisse, mon but unique est de devenir meilleur ; je pardonne à Le Prince tout son barbouillage jaune dont je n’ai plus d’idée, en faveur de la belle tête de ce musicien champêtre. […] Faites-y attention, et vous prononcerez qu’un caractère de tête fier, noble, pathétique et terrible, ne va point sous votre perruque ou votre chapeau ; vous ne pouvez être que de petits furibonds, vous ne pouvez que jouer la gravité, la majesté.
En effet, il y a mieux que de tuer un ennemi, c’est de le priver d’un mausolée, c’est d’empêcher que l’enthousiasme, l’admiration, qui produisent les imitateurs, ne ravivent la flamme des causes éteintes, ne se réchauffent au marbre tiède d’un sépulcre arrosé avec de nobles pleurs. […] Eh bien, c’est cette force des choses, avec laquelle on tend nécessairement à amnistier les fautes et les crimes, c’est cette épouvantable erreur, cachée sous un nom imposant qui fait baisser le front aux niais, contre laquelle Cassagnac a relevé le sien avec une noble intelligence quand il nous a donné, dans son livre, l’histoire des hommes individuels pour couronner l’histoire des faits généraux !
Si ces idées-là survécurent à un gouvernement qui les partagea trop, ou qui ne put rien contre elles dès qu’il ne les partagea plus ; si elles triomphèrent, pour mourir plus tard de leur triomphe, car l’arrêt de mort de l’erreur, c’est sa victoire, suivre l’application de cette loi suprême dans une histoire contemporaine, dans une histoire dont nous sommes les fils, quelle plus noble tâche pour ceux qui écrivent ; et pour ceux qui lisent, quel plus majestueux enseignement ! […] Plus préoccupé, comme critique, — et selon nous avec raison, — de la moralité des œuvres, de leur portée dans l’intelligence humaine et des épouvantables dangers qu’elles créent aux sociétés qui les admirent que de leur valeur esthétique, il se recommande et se distingue par cette noble préoccupation, devenue un peu trop la distraction de la Critique moderne, exclusivement attachée à l’autre côté des choses et ne voyant guère, comme on sait, que la question de la forme en littérature.
… Il est descendu cependant, cet homme prodigieux de lectures et de connaissances, accoutumé à l’idéal des plus nobles génies, des plus forts esprits qui aient pensé sur l’humanité, qui l’aient observée et triturée dans leurs mains puissantes ; il est descendu jusqu’à l’idéal du bonhomme Bailly et du pâle Tocqueville. […] une espèce de sorcier « évoquant par une sorcellerie intérieure des réalités qu’il fausse »… Il représente « non pas des hommes, mais des forces »… « Il n’y a pas dans Balzac de moralité qui distingue l’affreux libertin dans la vieillesse, Hulot, du noble honnête homme ; le coquin déhonté, le hideux intrigant, Vautrin, l’homme du bagne, du pauvre Lambert ; la vile courtisane, de la vierge mystique et chaste. » J’ai copié textuellement, car un pareil mensonge de fait, qu’on réfute en ouvrant seulement Balzac, on aurait pu me l’imputer.
Je ne sais si le public a su découvrir entre les lignes de ce poème délicieusement ensorceleur les traces de l’anormal et dangereux penchant qui conduisit à leur ruine tant de nobles esprits. […] … la noble et mélancolique douceur de ce chant !
Ces nobles et doux avertissements de la vie qui, compris par l’intelligence dans toute la profondeur et l’étendue de leur signification, révèlent à l’homme la sublimité de sa mission naturelle, ne sont plus pour le prêtre qu’un triste cauchemar. »98 C’est aussi à la virginité que le prêtre demande le secret de sa force et de son autorité spirituelle. […] » Nous pourrions encore mieux servir les intérêts du jeune homme promis à la prêtrise, en répétant ces paroles d’un noble esprit : « Il faut qu’il prenne conscience avec nous du seul dieu réel et méconnu qui a créé à sont image tous les dieux évanouis, du dieu futur, l’Homme.
. — Nobles paroles de Victor Hugo sur sa tombe. — Candidatures académiques. — Tibère, tragédie de Marie-Joseph Chénier, au Théâtre-Français. — Article scandaleux de Janin 158 XXXIX. — Préface d’Ève, par Léon Gozlan 164 XL. — Réponse au Journal du Léman166 166 XLI. — Année stérile. — Article de M.
Je sais de lui, à cet égard, des faits nobles et touchants.
C’est l’Italie tout entière, sa tristesse de servitude et de tombeau, l’imagnificence de ses peintures aux murailles des palais et des temples que rien autre de grand ne remplit, sa foi en ruine, ses mains aux fers, sa noble mamelle que l’oisiveté flétrit ou que souille l’étranger, — c’est tout ce spectacle, amèrement beau, qui a inspiré le poëte ; de la blessure qu’une telle vue lui a causée sont nés à l’instant et, pour ainsi dire, ont ruisselé ses vers.
De nobles débris du xviiie siècle étaient présents ; la salle n’avait jamais vu plus d’affluence en ses beaux jours ; évidemment il y avait une extrême attente.
Il eût été plus sage et plus noble de se sacrifier de bon gré ; elle ne le fit pas, et subit jusqu’au bout le refus de sa prétention avec l’odieux attaché au retard de la paix.
— Les soldats s’amusaient aussi appeler les ânes des demi-savants : mais, dans les moments difficiles, ils injuriaient ces malheureux serviteurs, et les savante avaient leur part aux reproches du soldat, qui s’imaginait que le but de l’expédition était de satisfaire leur passion pour des recherches auxquelles le militaire prenait fort peu d’intérêt. » — Il ne sait donc pas, celui qui a écrit ces lignes, que cette noble armée, de laquelle il lui plaît de faire une cohue de goujats, prenait aussi sa part des souvenirs magnifiques dont elle était environnée, qu’elle enterrait ses moite avec orgueil au pied de la colonne de Pompée, et qu’elle battait des mains avec enthousiasme à la vue des ruines de Thèbes !
Il a rencontré dans une course des Alpes, puis retrouvé à Paris, la baronne Clémence de Bergenheim, une noble et chaste beauté ; il l’aime, il peut se croire aimé, et, sous prétexte d’un voyage du Rhin, accompagné de Marillac son fidèle Achate, il se jette dans les Vosges et va tenter aventure autour du château où la baronne, fuyant l’amant qu’elle porte en son cœur, passe l’été avec son mari.
On use de termes convenus, et d’un langage qui paraît noble, parce qu’il n’est pas celui de la vie courante.
Paul Bourget est pris à la fois par ce qu’il y a de plus noble en lui — et, si j’ose dire, d’un peu frivole.
Ce grand physiologiste, qui représente aujourd’hui avec tant d’éclat la science française, ce noble esprit, qui unit avec tant d’aisance le bon sens et la profondeur, est désormais le maître et le guide de tous ceux qui veulent pénétrer dans les replis de ce labyrinthe obscur que l’on appelle le système nerveux ; mais ce sont là de trop grandes profondeurs pour notre ignorance.
Alors Simonide fit une pièce très-pompeuse qui commence par des vers dont voici le sens : « Nobles filles des coursiers qui devancent les aquilons. » Le même Simonide fut avec Anacréon à la cour d’Hipparque, fils de Pisistrate.
Où aurait-il puisé les idées du grand, du simple, du noble, du lourd, du léger, du svelte, du grave, de l’élégant, du sérieux ?
Ce grand capitaine n’avoit étudié aucune des sciences capables d’aider un ingénieur à se former, quand le dépit qu’il conçut, parce qu’un autre noble genois lui avoit été préferé dans l’achat du palais Turfi de Genes, lui fit prendre le parti de venir se faire homme de guerre dans les païs-bas espagnols en un âge fort avancé, par rapport à l’âge où l’on fait communément l’apprentissage de ce métier.
Noble femme !
Rapetti, qui écrit à la première ligne de la préface de son histoire avec une si noble mélancolie : « Je dois dire d’abord pourquoi j’ai eu le pénible courage de faire un livre contre un homme », Rapetti a suprêmement ce qui fait pardonner l’inflexibilité à l’historien et au juge, et ce qui ferait pardonner, même à la victime, le coup de hache du bourreau.
Enivré qu’il ait été par la Renaissance et cette poésie moderne qui s’efforce depuis plus de vingt ans d’en réverbérer les rayons, le noble auteur des Chants du Passé (nous l’avons déjà dit) revient, vers la fin de son recueil, à cette simplicité mâle que la vérité chrétienne, embrassée définitivement par notre âme, communique non seulement aux œuvres du cœur, mais aux productions de l’esprit.
Le doux Manzoni devait avoir dans le cœur cette noble et innocente rêverie italienne qui songe d’une patrie indépendante en écoutant les Canzonettes de Métastase.
L’injure, le sang, l’orgie, voilà la pâture où se rua cette populace de nobles. […] La fougue intérieure, manquant d’une issue noble, le roulait dans des aventures d’arlequin. […] Ils avaient effacé de leurs cœurs tous les sentiments fins et nobles : il effaçait du cœur tous les sentiments nobles et fins. […] Notre attention s’éveille à l’instant ; nous nous croyons, par contre-coup, gens de cour, et nous sourions avec complaisance ; peu importe que ces détails soient minces ; ils font bien, ils sont comme un geste aristocratique, comme une façon noble de prendre du tabac ou secouer la dentelle de sa manchette. […] Ce sont là les spectacles nobles et la diversité étudiée des promenades aristocratiques.
Là encore toutefois la marque de l’honnêteté se fait sentir ; c’est par les bons côtés du prince, par ses parties louables, intègres et tant calomniées que Saint-Simon lui demeurera attaché inviolablement ; c’est à cette noble moitié de sa nature qu’il fera énergiquement appel dans les situations critiques déplorables où il le verra tombé ; et, dans ce perpétuel contact avec le plus généreux et le plus spirituel des débauchés, il se préservera de toute souillure. […] À défaut de la fille du duc de Beauvilliers, il se maria à la fille aînée du maréchal de Lorges ; la bonté et la vérité du maréchal, de ce neveu et de cet élève favori de Turenne, l’attiraient, et l’air aimable et noble de sa fille, je ne sais quoi de majestueux, tempéré de douceur naturelle, le fixa. […] C’est ainsi qu’on lit dans une des lettres de Madame, mère du régent : En France et en Angleterre, les ducs et les lords ont un orgueil tellement excessif qu’ils croient être au-dessus de tout ; si on les laissait faire, ils se regarderaient comme supérieure aux princes du sang, et la plupart d’entre eux ne sont pas même véritablement nobles (Gare !
J’ai trouvé ce sentiment-là exprimé avec bien de l’onction résignée et de la tendresse dans les strophes nées un soir au plus beau site de ces rivages et sorties d’un de ces nobles cœurs dont j’ai parlé, strophes dès longtemps publiées, qui ont fait le tour des rochers sonores et qu’on n’a pas lues ici : Pourtant, ô ma Patrie, ô Terre des montagnes Et des lacs bleus dormant sur leur lit de gravier, Nulle fée autrefois errant dans tes campagnes, Nul esprit se cachant à l’angle du foyer, Nul de ceux dont le cœur a compris ton langage, Ou dont l’œil a percé ton voile de nuage, Ne t’aima plus que moi, Terre libre et sauvage Mais où ne croît pas le laurier. […] Quelques-unes des nouvelles mêmes qu’il a publiées depuis le Col d’Anterne, la Vallée de Trient, me paraissent rendre assez bien l’effet de Sandfort et Merton adultes, d’une saine et noble jeunesse ayant l’assurance modeste et la délicatesse native, comme les Morton de Walter Scott. […] Et je me rappelais ces vers sentis qu’une muse du Léman adressait au noble poëte Mickiewicz, lorsque, hier, la France le disputait à l’humble canton qui n’avait pas désespéré de le garder : Dans nos vergers, tout devient rêverie, Vague bonheur que l’on garde à genoux, Frais souvenir, souci de bergerie, Clos d’une haie ainsi que la prairie ; Plaisirs du cœur que le cœur seul varie ; … Consolez-vous !
Ces deux hommes se ressemblaient étonnamment de figure et de caractère ; tous les deux portaient sur une taille haute et mince une tête noble, pâle, gracieuse, pensive, loyale et fine, beaucoup plus grecque de contours et de traits que romaine ou vénitienne ; ils étaient du même âge à l’œil, de cet âge heureux pour les hommes d’État et pour les artistes, où le soleil de la vie n’éclaire plus que le sommet (le front) comme à cette heure de la soirée où le soleil du jour n’éclaire plus que les cimes. […] L’amour du beau pouvait seul révéler à un tel commentateur désintéressé la plus noble des passions, la passion d’admirer, qui fait tout comprendre ! […] Gropius n’a jamais profané ce qu’il adore, ni fait un vil commerce de la plus noble et de la plus désintéressée des études, l’étude des antiquités.
Montesquieu I Montesquieu Charles de Secondat, (baron de la Brède et de Montesquieu) naquit au château de la Brède, à trois lieues de Bordeaux, le 18 janvier 1689, d’une famille noble de Guyenne. […] Quelle démocratie dans la république de Pologne, où un seul noble à cheval prononçant le liberim veto et se sauvant ensuite à bride abattue, a le pouvoir légal d’entraver seul la révolution de tous ? […] Pour lors, l’abattement passera à l’esprit même ; aucune curiosité, aucune noble entreprise, aucun sentiment généreux ; les inclinations y seront toutes passives ; la paresse y fera le bonheur ; la plupart des châtiments y seront moins difficiles à soutenir que l’action de l’âme, et la servitude moins insupportable que la force d’esprit, qui est nécessaire pour se conduire soi-même.
Ni gagne-pain751, ni amusement, sa poésie fut l’épanchement nécessaire d’une âme noble, belle et, si j’ose dire, fondante. […] On y lisait les impressions, comme les vibrations et les colorations successives d’une âme tendre et noble. […] Par là il s’achemina vers la poésie philosophique ; il y fut poussé par une influence générale qui porta tous les nobles esprits de ce temps à souffrir, à espérer, à vivre enfin pour l’humanité tout entière : un large courant d’amour social se répandit après 1830 dans la littérature.
Refaire une âme romaine à ce peuple qui s’énerve et ne conserve de romain que le nom, la refaire par l’histoire, alors que la tribune ne peut plus lui faire entendre ses leçons, telle est la noble tâche qu’il poursuit à travers tous les développements de son œuvre. […] Chose curieuse et qui a l’air d’un paradoxe, cette apothéose du succès, cette philosophie du droit de la force tant goûtée de la noble et poétique Allemagne, n’a jamais pu s’acclimater en France, ce pays des plus grands triomphes de la force. […] Tout y commence par les plus nobles sentiments, les plus saines idées, les plus justes espérances, les plus sages résolutions ; puis les obstacles se multiplient, les dangers de la patrie deviennent de plus en plus menaçants, les passions s’exaltent, la foi naïve se change en une sombre défiance, l’enthousiasme tourne à la fureur ; bref, la révolution en arrive à une de ces crises suprêmes qui commandent les mesures violentes de salut public à des chefs n’ayant plus la conscience nette ni l’entière liberté d’action.
» et vous sentez bien qu’une âme un peu noble ne saurait soutenir cette pensée. […] Puis, nous assistons à une très belle, très gracieuse et très noble scène d’amour entre Marcelle et Gérard. […] Tandis qu’ils résumaient à la hâte, en une page, les libres propos d’une soirée, les frères de Goncourt arrivaient à ce prodigieux résultat de transformer les entretiens de ces nobles esprits en conversations d’imbéciles. […] Il va sans dire que le beau plébéien et la belle demoiselle noble s’aimeront. […] Le digne érotomane, soulevé par une colère de vieux faune qui ne se contient plus et que guette le gâtisme, balbutie des menaces… Avec une noble tristesse et une héroïque fermeté, Rolande répond qu’elle fera son devoir. « Et si je te chassais ?
… Il apparaît un jour, « l’étranger », semblable à un fantôme très noble chaussé de grandes bottes et coiffé de loutre. […] Ils durent à cela d’avoir une vie vraiment noble, aussi harmonieuse qu’une vie militaire ou sacerdotale. […] Après que ce qui constitue essentiellement la vie « noble » leur a été enlevé, ils ont persisté à faire certains gestes de la vie noble ; tels, ces animaux inférieurs à qui, dans les laboratoires, les physiologistes coupent la tête et qui n’en continuent pas moins à marcher. […] Et ce fut, à l’origine, une race extrêmement noble, une race pastorale et guerrière. […] Ses idées ne sont pas originales ; sa parole non plus : mais ses idées sont nobles, et ses discours ont de la majesté.
Plein d’une noble audace, il s’élança contre ses ennemis, & les attaqua par l’endroit le plus sensible. […] On sçait assez qu’une noble Vénitienne n’épouse pas un homme d’une qualité médiocre. […] Les jésuites construisirent deux temples, un pour les castes nobles, & l’autre pour les parréas. […] « On chassoit honteusement, de l’église des nobles, les personnes de la caste des parréas ou des ignobles. […] Mais il y a, dit le capucin, une église pour les chrétiens nobles & une autre pour les Parréas.
Ennemie naturelle du chevalier, par cela même qu’elle l’est de sa noble amie, elle leur invente des torts, ils n’en ont d’autre que de la pénétrer et de la juger. […] Mais ce qui intéresse avant tout dans ce petit volume, c’est Aïssé elle-même et son tendre chevalier ; la noble et discrète personne suit tout d’abord, en parlant d’elle et de ses sentiments, la règle qu’elle a posée en parlant du jeu de certaine prima donna : « Il me semble que, dans le rôle d’amoureuse, quelque violente que soit la situation, la modestie et la retenue sont choses nécessaires ; toute passion doit être dans les inflexions de la voix et dans les accents. […] Cela dit, et cette justice rendue à une noble et gracieuse descendance au profit de laquelle nous sommes heureux de nous trouver en partie déshérités, on nous accordera pourtant d’oser maintenir et de répéter ici notre conclusion première ; car, comme l’a dit dès longtemps le Poète, à quoi bon tant questionner sur la race ? […] Le genre de précision dans le bien-dire, que je trouve chez Mme du Deffand et chez les femmes d’esprit de la première moitié du xviiie siècle, me semble ne pouvoir être mieux défini en général que par ce que Mlle De Launay dit de la duchesse du Maine : « Personne, dit-elle, n’a jamais parlé avec plus de justesse, de netteté et de rapidité, ni d’une manière plus noble et plus naturelle.
Il n’y a pas une noble tendresse du cœur humain qui n’ait sa note sur le clavier d’Homère ; il ne charme pas, il n’émeut pas seulement, il pétrit le cœur humain de vertus naturelles. […] De leurs yeux des larmes brûlantes coulent à terre, car ils regrettent leur noble maître ; leur crinière d’or toute souillée de poussière flotte des deux côtés du timon sur le joug. […] Sa harangue à ses coursiers est une preuve de plus de l’intelligence presque humaine que les hommes primitifs attribuaient à ces nobles animaux. […] Voulez-vous des passions nobles et patriotiques : contemplez Hector !
IX Que vous ayez eu toutes ces nobles illusions du royalisme, des gouvernements à une tête, des gouvernements à trois têtes, des gouvernements de parole, des dictatures ou des républiques dans votre jeunesse, sur la foi des théories toujours séduisantes comme les mirages de l’esprit humain, cela est naturel, honorable même, aux différentes phases d’une vie qui pense. […] J’y avais inséré, avec bonne intention pour la maison d’Orléans, mais avec maladresse évidente, quelques vers qui faisaient allusion au vote régicide de Philippe-Égalité et à la noble résipiscence de ses fils qui lavait glorieusement cette tache sur l’écusson du père. […] La direction que ces hommes de tribune lui imprimaient était le contresens le plus flagrant à la nature de ce grand et noble parti ; il devait, selon moi, représenter avec une digne gravité ce qu’il était lui-même dans le pays, c’est-à-dire le passé rallié au présent par la force des choses et par la raison des esprits, l’aristocratie des souvenirs, la chevalerie des sentiments, le désintéressement du patriotisme, la libéralité des sacrifices, le patronage intelligent et moral du peuple, le génie des campagnes, l’alliance antique et intime du château et de la chaumière, la religion serviable à la misère par la charité de l’opulente noblesse rurale, les intérêts de l’agriculture, l’honneur de l’armée fière des noms militaires antiques confondus avec les noms militaires nouveaux, une abstention complète des emplois et des faveurs de cour, une brigue honnête et utile de tous les services gratuits que le citoyen peut offrir à sa patrie pour que le civisme de ces hautes classes devint insensiblement la base de leur nouvelle illustration, un esprit d’ordre surtout qui ne marchandât jamais ses services contre les factions turbulentes qui portaient le trouble dans la rue, qui prêchaient la guerre pour la guerre au dehors, qui faisaient de la tribune et de la presse deux foyers d’agitation ultra-révolutionnaires, donnant à toute journée parlementaire des accès de fièvre avec redoublement au pays ; voilà la position que ce grand parti devait prendre selon moi, celui de conservateur, indépendant du gouvernement, commençant par conquérir l’estime et finissant par exercer une influence méritée sur le peuple des campagnes, sur les élections, sur le journalisme, sur les chambres ; parti ne voulant rien de la dynastie illégitime pour lui-même, mais lui imposant tout et même l’abdication dans ses mains, par son ascendant sur la nation réconciliée avec ses aristocraties propriétaires du sol, par son alliance avec la bourgeoisie ascendante, suzeraine des capitaux qui nourrissent les prolétaires, et enfin par son utilité aux prolétaires, que l’ordre seul vivifie et que le désordre affame en un jour. […] Gozlan ayant eu la délicatesse de venir désavouer toute intention malveillante contre moi dans ce journal, voici la lettre que j’ai cru devoir adresser aux représentants de cette noble jeunesse.
Je n’ai pas cru pouvoir mieux honorer et servir sa mémoire qu’en rappelant simplement ce qu’il a fait, et en montrant combien noble et pure a été l’inspiration de ses œuvres et de sa vie. […] Enfin, il m’a montré comme la plus noble des vocations, celle d’enseigner l’histoire, d’enseigner la France, de servir d’intermédiaire, de lien et d’interprète entre la France d’hier et celle de demain. […] Ces causes étaient toutes nobles et saintes ; elles se résumaient dans les mots de paix, de justice, de progrès. […] Mais ceux qui liront ces livres avec un esprit sérieux et sincère, et qui y chercheront avant tout l’inspiration morale qui les anime, n’y trouveront que de graves et nobles enseignements. […] « Un polisson de seize ans, noble et jésuite, qui l’an dernier était le premier, étant tombé au-dessous du dixième, s’amuse à dire que j’ai fait l’éloge de Danton en classe, et venge sa vanité blessée par des calomnies.
Il y eut de singulières destinées, parmi ces jeunes nobles, soudain dispersés par les ouragans de la politique. […] Qui sait si ce noble artiste, curieux de tous les mystères du cœur humain, n’a pas eu le dessein de mêler à ce chapitre d’histoire une page de roman ? […] En face de ce vieil enfant, l’Angleterre est personnifiée par les étonnantes vertus du noble lord Nelvil. […] Mais quelque chose de fier, de généreux, de noble. […] C’est si élevé, si noble, si pur, qu’il n’y a qu’à s’incliner dans le respect.
Son zèle à servir nos braves soldats atteints du typhus faillit lui devenir funeste ; saisi lui-même par le fléau, il fut près de payer de sa vie son humanité, et Metz qui avait été témoin de ce dévouement du jeune professeur s’en est ressouvenu toujours : cette noble cité était devenue pour Armand Paulin une seconde patrie ; ses amis de Metz sont restés fidèles jusqu’à la fin à cet enfant, adoptif, à ce cœur généreux dont ils avaient vu le premier élan.
Dans l’ode, dans le genre lyrique tout noble et sévère, il a été plus à l’aise, il a pu presque tout dire : il a fait comprendre Pindare, autant qu’il nous est donné de le comprendre aujourd’hui.
Pour l’amour noble, idéal, comme pour la poésie, il n’y a que deux âges, jeunesse et vieillesse ; dans l’intervalle, quand l’amour profond et passionné existe, il faut qu’il se cache et se garde des témoins ; il intéresse malaisément un tiers ; il se complique de mille petitesses et misères du corps et de l’âme, d’obésité, d’ambition : on a peine à y croire, on ne peut l’admirer.
Trouver dans soi seul une noble destinée, être heureux, non par la personnalité, mais par l’exercice de ses facultés, est un état qui flatte l’âme en la calmant.
C’est ce qu’il appelle, dans la préface de la Terre promise, « le noble sens du scrupule ».
Peut-on appeler un style formé sur celui de tous les Poëtes de Collége, une élocution noble, vive, ferme, toujours assez souple pour se plier sans effort à tous les tons, à tous les genres ?
Mais si l’on songe que les histoires d’amour et de tournois — bourdonnées de la sorte — sont enclines à verser le sommeil ; si l’on songe aux nuits de juin où, la chair rose sous la chemise de samit mauve, les nobles dames d’antan prêtaient une chaste oreille aux récits des Violeurs de Villanelles.
Aucun poète français ne connaissait, avant La Fontaine, cet art plaisant d’employer des expressions nobles et prises de la haute poésie, pour exprimer des choses vulgaires ou même basses.
Saint Jérôme prétend que saint Luc était médecin, profession si noble et si belle dans l’antiquité, et que son Évangile est la médecine de l’âme.
Les analyses sont longues ou courtes, selon que l’importance de la matiere le demande, & le style noble, pur, élégant, est proportionné aux différens sujets.
Par exemple, quand Homere composa son iliade, il n’écrivoit pas une fable inventée à plaisir, qui lui laissât la liberté de forger à son gré les caracteres de ses heros, de donner aux évenemens le succès qu’il lui plairoit, et d’embellir certains faits par toutes les circonstances nobles qu’il auroit pu imaginer.
Je me souviens d’en avoir lu il y a quelques années de françaises, faites par un Italien de beaucoup d’esprit ; les idées en étaient nobles, la poésie facile, correcte, et pourtant mauvaise.
Même à part la Vendée, le royalisme eut encore de nobles jours.
Mais la Critique ne pouvait-elle espérer sans outrecuidance que ces faits, contre lesquels l’historien se révolte, le frapperaient puissamment par ce qu’ils ont d’extraordinaire et même pour lui d’incompréhensible, et que de cette indignation aveugle, mais vraie et largement vibrante, contre le Moyen Âge, ses passions colossales, ses déchirements nécessaires, ses institutions, tout cet ensemble de servitudes chevaleresques dont Labutte n’a pas même la notion première et que Schiller, qui était un grand poète et un noble cœur, appuyait sur un fond céleste, il serait au moins sorti un cri énergique, une réprobation digne de ce temps immense, quelque chose, enfin, qui aurait eu son éloquence, son injuste, mais réelle beauté ?
que sa noble casaque de soldat.
Il y a, sous la pantomime, fort bien exécutée, de ces coups de cravache impitoyablement et froidement appliqués à toutes les vanités et les avidités ambiantes, par ce jeune chroniqueur qui ne se contente pas de raconter, mais qui châtie ; un faire de moraliste eu germe, de moraliste pour plus tard… Car le moraliste n’existe pas seulement en vertu de l’indignation d’un noble esprit ou d’un cœur haut.
En effet, je suis frappé (et je l’ai toujours été) de la consanguinité de ces deux hommes, tous les deux de la même double race : tous les deux Juifs, tous les deux Allemands, tous les deux poètes et reflétant dans leurs poésies leur double nationalité, entraînés tous les deux, par aptitude et par goût, vers la philosophie et la science ; mais dont l’un a brisé tout : religion, race, philosophie, système, pour s’asseoir, isolé et désespéré, au milieu des massacres de son esprit, comme un meurtrier au milieu de ses meurtres, et dont l’autre s’est conservé intégral, — noble, ferme et pur.
On en fait de nobles exemples pour les générations qui suivent et de grands souvenirs pour l’histoire.
» Cependant l’usage de louer les empereurs après leur mort subsistait toujours ; jamais cette institution ne dut paraître plus noble, que lorsque l’éloge funèbre d’Antonin fut prononcé dans la tribune par Marc-Aurèle : c’était la vertu qui louait la vertu ; c’était le maître du monde qui faisait à l’univers le serment d’être humain et juste, en célébrant la justice et l’humanité sur la tombe d’un grand homme.
On peut assurément blâmer ce genre d’éloquence, qui n’est point le meilleur, mais il n’en faut pas moins estimer les vérités utiles et nobles, dont cet ouvrage est rempli.
On serait tenté de se rappeler ici le mot d’un fameux Anglais52 sur Philippe V et l’archiduc, dont aucun ne se trouva à la bataille d’Almanza ; mais ce qui est plus curieux, sans doute, et qu’on aura de la peine à croire, l’orateur rapporte de très bonne foi et propose à Constantin l’exemple d’un prince qui, du haut d’une double échelle, avait regardé de loin une bataille : « Cet exemple n’est pas noble, dit-il, mais il est sûr.
Cet auteur doit prétendre au plus noble destin.
Ils ont joui d’eux-mêmes et de la nature ; ils ont savouré la grandeur qui était en eux et la beauté qui était dans les choses ; ils ont pressé de leurs mains douloureuses toutes les épines dont la nécessité a hérissé notre route, mais ils y ont vu fleurir des roses, vivifiées par le plus pur de leur noble sang. […] Par ces raisons et d’autres de poids égal, les éolistes affirmaient que le don de roter est l’acte le plus noble de la créature raisonnable. […] Pour expliquer, interpréter et appliquer les lois, on choisit ceux dont le talent et l’intérêt consistent à les pervertir, à les brouiller et à les éluder. » Un noble est un misérable pourri de corps et d’âme, ayant ramassé en lui toutes les maladies et tous les vices que lui ont transmis dix générations de débauchés et de drôles. […] Et Swift ajoute entre autres louanges : « Lorsqu’il a envie de mettre à mort quelqu’un de ses nobles d’une façon douce et indulgente, il fait répandre sur le parquet une certaine poudre brune empoisonnée, qui, étant léchée, tue l’homme infailliblement en vingt-quatre heures. […] When the king has a mind to put any of his nobles to death in a gentle, indulgent manner, he commands the floor to be strewed with a certain brown powder of a deadly composition, which being licked up, infallibly kills him in twenty-four hours.
Le magnifique fleuve déploie le cortège de ses eaux bleues entre deux rangées de montagnes aussi nobles que lui ; leurs cimes s’allongent par étages jusqu’au bout de l’horizon dont la ceinture lumineuse les accueille et les relie ; le soleil pose une splendeur sereine sur leurs vieux flancs tailladés, sur leur dôme de forêts toujours vivantes ; le soir, ces grandes images flottent dans des ondulations d’or et de pourpre, et le fleuve couché dans la brume ressemble à un roi heureux et pacifique qui, avant de s’endormir, rassemble autour de lui les plis dorés de son manteau. […] Une raie de peupliers solitaires au bout d’un champ grisâtre, un bouleau frêle qui tremble dans une clairière de genêts, l’éclair passager d’un ruisseau à travers les lentilles d’eau qui l’obstruent, la teinte délicate dont l’éloignement revêt quelque bois écarté, voilà les beautés de notre paysage ; il paraît plat aux yeux qui se sont reposés sur la noble architecture des montagnes méridionales, ou qui se sont nourris de la verdure surabondante et de la végétation héroïque du nord ; les grandes lignes, les fortes couleurs y manquent ; mais les contours sinueux, les nuances légères, toutes les grâces fuyantes y viennent amuser l’agile esprit qui les contemple, le toucher parfois, sans l’exalter ni l’accabler. — Si vous entrez plus avant dans la vraie Champagne, ces sources de poésie s’appauvrissent et s’affinent encore. […] Il y a des états sociaux où le peuple jouit des plaisirs de ses nobles, se complaît en ses princes, dit : “nos princes”, fait de leur gloire sa gloire. […] Chez les Grecs, race plus noble, cela se faisait mieux par la flûte et les jeux des bergers. […] Alors je me réfugie dans le passé, dans le xvie siècle, le xviie , dans l’antiquité ; tout ce qui a été beau, aimable, juste, noble me fait comme un paradis.
Je la tiens, pour un des plus nobles rameaux dont se décore, dans l’arrière-saison, l’arbre chenu des lettres. […] Au milieu de ces nobles richesses, Saint-Cyr sentit l’amour du beau gonfler son cœur adolescent. […] Voyons-le mêlé au peuple et aux héros de 1789, partageant leur puissant idéal et leurs nobles illusions. […] C’est par ces travaux domestiques que la bourgeoisie éleva ses fils au-dessus des nobles et s’empara du gouvernement. […] Et puisque ces chansons étaient faites pour le plaisir des nobles et des bourgeois qui ne lisaient point, il fallait les leur lire ou mieux les leur chanter.
Ainsi l’art dramatique suppose, en principe et en fait, des mœurs, une société, et, au plus noble sens du mot, un peuple. […] Mais c’est en Espagne et en Angleterre que l’effort médiéval sur le plan du théâtre devait reprendre élan et porter ses plus nobles fruits. […] Passe encore si ces nobles formes étaient remplies d’humanité : elles sont vides. […] Parmi les autres, mais déjà sur un autre plan, je tiens à distinguer le noble François de Curel qui voyait grand, qui visait haut ; je reviendrai sur son cas par la suite. […] Mais quel que soit ce plan, quel qu’il puisse être, j’estime sa solidité et sa réalité indispensables au noble métier que nous exerçons.
muse raconte-moi la colere d’Achille, qui fut si fatale aux grecs, et qui coûta la vie à tant de héros. voilà les paroles du poëte, et son dessein : mais il faut remarquer que selon les sçavans, le mot grec que nous rendons simplement par celui de colere, signifie colere noble, ressentiment héroïque . […] L’esprit une fois élevé ne veut rien perdre d’une impression qui flate son amour propre ; c’est ce qui arrive dans les comparaisons degradées, au lieu qu’il trouve à gagner, quand la comparaison est plus noble que l’objet principal. […] Que de figures forcées, proposées comme de nobles hardiesses ! Que de bassesses, qualifiées de noble simplicité ! […] Nous ne proscrivons absolument les mots bas, que parceque nous sentons bien que le voisinage des expressions nobles n’en effaceroit pas tout-à-fait l’impression, et que peut-être ce contraste ne feroit que la rendre plus sensible.
Voici un fils très noble, très grand, qui a le malheur d’avoir pour père un gredin. […] Non cela ne saurait être bon, car tout mensonge, même noble, ne peut que pervertir. […] Duquesnel auraient pu refuser ses pièces, fruits d’un noble loisir. […] Elle est faite de ce qu’il y a de moins noble en nous, de notre bêtise, de notre ignorance, de nos peurs, de nos mensonges. […] Il est grand, il est noble, il est honnête.
Cependant ces hommes sont nés pour sentir des joies plus nobles et plus vives ; en eux reposent des facultés que la monotonie de leur existence laisse s’endormir dans l’inaction : qu’une voix puissante les réveille ; qu’un récit animé, un spectacle vivant viennent provoquer ces imaginations paresseuses, ces sensibilités engourdies, et elles se livreront à une activité qu’elles ne savaient pas se donner elles-mêmes, mais qu’elles recevront avec transport ; et alors naîtront, sans le concours de la multitude, mais en sa présence et pour elle, de nouveaux jeux, de nouveaux plaisirs qui deviendront bientôt des besoins. […] Dès ses premiers pas, la poésie dramatique a invoqué la piété, parce que, de tous les sentiments auxquels elle pouvait s’adresser, celui-là était le plus noble et le plus universel. […] Rien ne manqua donc à cette époque des biens qu’elle était capable de désirer ; rien ne troubla les esprits dans cette première ivresse de la pensée parvenue à l’âge du développement ; âge des folies et des miracles, où l’imagination se déploie dans ses plus puérils comme dans ses plus nobles emportements. […] En vain le sort lui a départi les plus nobles dons ; il ne peut les employer qu’au seul but qu’il connaisse. […] Tous les sentiments forts, capables d’exalter l’âme humaine, peuvent nous entraîner à leur suite et nous saisir d’un intérêt passionné ; ils n’ont pas besoin de nous promettre le bonheur, ou de nous attacher par la tendresse ; nous pouvons aussi nous élever à ce sublime mépris de la vie qui fait les héros et les martyrs, et à cette noble indignation sous laquelle succombent les tyrans.
Pour rester nobles, ils fuyaient les détails particuliers ou ne les exprimaient qu’en termes généraux. […] » Au lendemain, vêtu d’une sequenie blanche, charge sur son dos les deux précieuses coignées, se transporte à Chinon, ville insigne, ville noble, ville antique, voire première du monde, selon le jugement et assertion des plus doctes Massorets. […] Nous avons vu combien son chien, noble parasite, différait du grossier glouton de Phèdre.
C’était une guerre civile intentée à la mère patrie, pour une cause purement vénale ; cela n’était ni juste ni noble ; cela ne pouvait produire que beaucoup de mal aux Anglais et beaucoup d’ingratitude pour la France. […] VI Quant à la question de l’esclavage, noble bannière de leur guerre actuelle, on sait ce que cette cause signifie chez eux par cette phrase du discours de leur président : M. […] Aucun de ces États, usés sous la forme monarchique, nouveaux sous la forme républicaine, excepté le Brésil, n’est de force à lutter contre l’envahissement, et l’on peut calculer étape par étape le jour fatal d’un envahissement accompli, l’extinction de toutes ces belles races latines, civilisées, civilisantes, nobles de sentiment comme d’ancêtres, qui ont peuplé ces plus beaux climats de l’univers de capitales aussi monumentales que Rome et Madrid, et qui deviendront des bazars de marchands.
La Nature, immuable en sa fécondité, T’a laissé deux présents, ton soleil, ta beauté ; Et, noble dans ton deuil, sous tes pleurs rajeunie, Comme un fruit du climat enfante le génie. […] tu m’as proscrit de ton libre rivage ; Mais dans mon cœur brisé j’emporte ton image, Et, fier du noble sang qui parle encore en moi, De tes propres vertus t’honorant malgré toi, Comme ce fils de Sparte allant à la victoire, Je consacre à ton nom ou ma mort ou ma gloire. […] J’écrivis au grand-duc, prince d’une âme grande et noble, qui m’honorait de son amitié, pour obtenir de lui que le colonel Pepe ne fût ni proscrit de ses États, ni inquiété pour un fait dont j’avais été deux fois le provocateur.
Je passai une heure en prière devant cette porte de fer qui s’est refermée sur les restes du plus noble des humains, et là, mon âme fut convaincue de la nécessité de partir. […] « Il serait plus aisé de décrire les symptômes du talent que de lui donner des préceptes ; le génie se sent comme l’amour par la profondeur même de l’émotion dont il pénètre celui qui en est doué ; mais si l’on osait donner des conseils à ce génie, dont la nature veut être le seul guide, ce ne serait pas des conseils purement littéraires qu’on devrait lui adresser ; il faudrait parler aux poëtes comme à des citoyens, comme à des héros, il faudrait leur dire : — Soyez vertueux, soyez croyants, soyez libres, respectez ce que vous aimez, cherchez l’immortalité dans l’amour, et la divinité dans la nature ; enfin, sanctifiez votre âme comme un temple, et l’ange des nobles pensées ne dédaignera pas d’y apparaître. » Ne croit-on pas entendre la poésie elle-même devenue ce que Dieu l’a faite, la sibylle de la nature et la prêtresse du cœur humain ? […] Va donc en paix, mon enfant, abandonne ta famille et la maison paternelle ; suis le jeune homme qui maintenant te tiendra lieu de ceux à qui tu dois le jour ; sois dans sa maison comme une vigne féconde, entoure-la de nobles rejetons.
Aussi ne suis-je point surpris du noble aveu de Molière, disant que sans l’exemple du Menteur, il n’eût jamais fait que des comédies d’intrigue. […] C’est la révolte de sa noble nature contre ce vice, le plus odieux de tous, parce qu’il sert de couverture à tous. […] Il y avait des termes nobles et des termes bourgeois.
Ainsi la noble Rome, vénérable, avait disparu, aux yeux du spectateur intelligent, recouverte par le style architectural jésuitique des deux derniers siècles ; ainsi s’était amollie et édulcorée la très glorieuse peinture italienne ; ainsi s’était dressée, sous la même influence, la Poésie Française classique, œuvre de mort intellectuelle, et dont les lois examinées présentent une précise analogie avec les lois de l’Opéra et de la Sonate. […] Il traitait en despote ses nobles protecteurs ; rien ne pouvait être obtenu de lui que s’il le voulait, quand il le voulait. […] — à toi, Non-sage, — je le nomme en l’oreille, — pour que, insoucieuse, éternellement, tu dormes. — La Fin des Dieux — d’angoisse ne me tourmente pas, — depuis que mon Désir la veut… — Ce que, dans l’âpre douleur de la discorde, — désespérant, jadis, j’ai décidé, — joyeux et jouissant, — aujourd’hui, librement, je l’ordonne : — en un furieux dégoût, j’ai voué — l’univers à l’envieux Nibelung ; — au très gai Waelsung — je retourne, maintenant, mon héritage. — Lui, élu par moi, — mais par moi non connu, — très hardi garçon, — dénué de mon conseil, — il a pris l’anneau du Nibelung : — exempt d’envie, — radieux d’amour, — il ne subit pas, le Noble, — la malédiction d’Albérich ; — car étrangère lui reste la crainte. — Celle que tu m’as enfantée, — Brünnhilde, — sera éveillée par lui, pour lui, le gracieux Héros : — veillante, elle accomplira, — ta Sachante enfant, — l’acte de l’Universelle Libération… — Donc, dors, à présent, toi, — ferme ton œil ; — rêvante, vois ma Fin !
La femme d’un des meilleurs comédiens que nous ayons eus a donné ce portrait-ci de Molière : Il n’était ni trop gras, ni trop maigre ; il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle ; il marchait gravement ; avait l’air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu’il leur donnait lui rendaient la physionomie extrêmement comique. […] Il faisait de son bien un usage noble et sage : il recevait chez lui des hommes de la meilleure compagnie, les Chapelle, les Jonsac, les Desbarreaux, etc., qui joignaient la volupté et la philosophie. […] Molière ayant suspendu son chef-d’œuvre du Misanthrope, le rendit quelque temps après au public, accompagné du Médecin malgré lui, farce très gaie et très bouffonne, et dont le peuple grossier avait besoin ; à peu près comme à l’opéra, après une musique noble et savante, on entend avec plaisir ces petits airs qui ont par eux-mêmes peu de mérite, mais que tout le monde retient aisément.
Dans tous ces écrits, dans le texte, les préfaces, les moindres notes, dans tout ce qui sort de la plume de M. de Lescure, on sent l’âme, le cœur, la sève, un bouillonnement d’esprit et de noble ambition ; l’âge lui en retirera assez, et, loin de le blâmer de ce trop de vivacité et de ferveur, je suis tenté plutôt de lui appliquer le mot de Chateaubriand : « Laissons l’écume blanchir au frein du jeune coursier. » Aujourd’hui il a rencontré sur son chemin, dans le cours de son ardente recherche en tous sens, le Journal manuscrit de Mathieu Marais, et il nous le donne avec des suites de lettres de ce même avocat curieux et savant. […] » Ce sont ces nobles sentiments, autant que la solidité de son esprit, qui élèvent Mathieu Marais au-dessus des disciples ordinaires des grands hommes.
Les plus grands hommes ont été exposés à ces sortes d’injustices ; rendez donc au plus tôt vos ouvrages publics, et marchez à la gloire que vous méritez. » Voilà un noble langage. […] Elle a vécu jusqu’à soixante ans dans une noble simplicité que je regardais comme la fleur de ses mérites et le plus beau fleuron de leur couronne ; tout d’un coup il lui prit une tranchée de bel esprit : elle ne voulut plus voir que des personnes d’érudition ; elle les brigua, elle les mendia, elle en forma chez elle un bureau, se contentant de la science d’autrui et ne cherchant que la réputation d’une femme d’un mérite à part, et distinguée des personnes de son sexe.
Ce n’est pas tant encore pour jouir que pour vivre et subsister que s’agite la majorité de l’espèce, et c’est là le problème présent qui, pour être moins noble en apparence et moins digne de figurer sur les bannières, n’en est pas moins capital et sacré. […] et les hommes les plus intelligents, les cœurs les plus nobles ne parviendront-ils donc jamais à rompre les cloisons qui les séparent, à respecter les causes également légitimes et sincères dont ils ont en eux le principe et le sentiment !
Aussi en trouvé-je à peine un autre dont l’exemple se puisse recommander à l’égal du tien pour exciter l’émulation de la jeunesse, éprise de ces nobles études. […] Lord Carteret le laissa dire, et quand il eut fini, au milieu de la stupeur générale, il se contenta de lui répondre tranquillement : Res duræ et regni novitas me talia cogunt Moliri………………… — Autre anecdote, une anecdote politique fort belle, qu’on ne sera pas fâché de connaître dans ses détails, et qui nous mène également à une noble citation de Virgile : « En 1765, le roi George III voulait se débarrasser à tout prix de son premier ministre George Grenville, qui ne le laissait pas gouverner.
Frédéric-César La Harpe, ancien précepteur de l’empereur Alexandre et noble citoyen, protégea heureusement, M. […] En parlant des mots d’abord nobles, de quelques mots employés par Malherbe lui-même, mais qui finirent par être déshonorés dans un emploi familier, et qu’il fallut expulser alors de la langue de choix : « C’est le cheval de parade, dit-il, qui, sur ses vieux jours, est envoyé à la charrue20. » Ailleurs (préface du troisième volume), quand, voulant marquer que la poésie d’une époque exprime encore moins ce qu’elle a que ce qui lui manque et ce qu’elle aime, il dit : « C’est une médaille vivante où les vides creusés dans le coin se traduisent en saillies sur le bronze ou sur l’or, » ceci n’est-il pas frappé, de l’idée à l’image, comme la médaille même ?
Lord Byron a eu depuis longtemps ce rôle d’influence sur les hommes : combien de nobles imaginations atteintes d’un de ses traits se sont modelées sur lui ! […] Dans ce cas il aurait bien spéculé ; certains mystères de ce genre ont leurs attraits et parfois enflamment : « Quædam feminæ sordibus calent, » a dit énergiquement Pétrone en parlant des nobles dames romaines de son temps.
Et ce n’était pas l’esprit politique, la passion agressive de Carrel qui l’attirait, c’était l’excellence de l’écrivain, le bon sens qui persistait si juste et si sain au fond de l’humeur belliqueuse et à travers cette noble bile (splendida, mascula bilis) : en fait de bon sens, celui de M. […] Tel qu’il est, avec la position importante qu’il occupe et la noble ambition dont il s’y pousse, il est en voie de se faire une grande existence de critique, que subiront sans doute et appuieront, comme il arrive d’ordinaire, beaucoup de ceux qui auraient été d’abord tentés de la dédaigner.
Nous savons un autre travail considérable sur les Lettres de madame de Maintenon commencé depuis plusieurs années par un de ses nobles héritiers, M. le duc de Noailles. […] Tu n’as plus ton chasseur, ton fidèle serviteur… Et le dialogue continue sur ce ton ; Thésée s’y mêle, et la déesse réconcilie le père désolé avec son fils : « Je ne connais point, dit M e Schlegel, de scène plus touchante dans aucune tragédie ancienne ou moderne. » Au moment où elle profère les nobles et clémentes paroles, Diane, qui s’aperçoit qu’Hippolyte va trépasser, termine ainsi : « … Et toi, Hippolyte, je t’exhorte à ne point détester ton père ; c’est ta destinée qui t’a fait périr.
Elle cultiva précieusement Fléchier, qui le lui rendit ; Fléchier, caractère noble, esprit galant, qui n’a d’autre tort que d’avoir été trop comparé par les rhéteurs à Bossuet, qu’il fallait seulement (à part son éclair sur Turenne) rapprocher de Bussy, de Pellisson, de Bouhours, et dont le portrait par lui-même est bien la plus jolie pièce sortie de la littérature Rambouillet. […] Aux maux plus doux tu fus hospitalière, Noble Forêt !