L’héroïne, Alissa Bucolin, jeune protestante, aime son cousin Jérôme et en est aimée : mais elle ne l’épousera pas, elle ne sera jamais à lui, par volonté de renoncement et aspiration à la perfection spirituelle. […] Il va, lui, l’ancien antiintellectualiste des Cahiers d’André Walter, jusqu’à blâmer les préjugés d’aujourd’hui contre la part de la raison, de l’intelligence et de la volonté, de la composition en un mot, dans l’œuvre d’art digne de ce nom. […] Mais cette cendre ne se laisse pas dissiper si aisément et il advient que les plus énergiques volontés y échouent. […] Il écrit : « Son classicisme même n’est qu’une feinte suprême pour masquer la révolte de son âme où les démons assemblés se disputent. » Il ajoute : « Il n’y a qu’un mot pour définir un tel homme, mot réservé et dont l’usage est rare, car la conscience dans le mal, la volonté de perdition ne sont pas si communes : c’est celui de démoniaque. […] André Gide préfère l’auteur du Monde comme volonté et comme représentation, peut-être tout simplement parce qu’il est plus facile à lire.
L’imagination de notre jeune législateur s’enflammait à tous ces récits ; il brûlait de voir cette femme extraordinaire, et cependant il ne voulait ni l’adorer en esclave, ni marcher à ses côtés comme un instrument de ses plaisirs ou de ses volontés. […] Un motif secret semblait d’ailleurs le guider dans cette circonstance, et tout doit faire présumer qu’il avait conçu le dessein de renverser le pouvoir d’Orlof par celui d’un nouveau favori, et de s’emparer ainsi de la volonté de sa souveraine. […] mais Dieu l’a rappelée, il faut que sa volonté soit faite. » En disant ces mots, elle ouvrit la porte de sa pauvre demeure. […] Ils ne connaissaient d’autres époques historiques que celles de la vie de leurs mères, d’autre chronologie que celle de leurs vergers, et d’autre philosophie que de faire du bien à tout le monde, et de se résigner à la volonté de Dieu. […] Ces observations furent publiées dans les journaux ; mais comment auraient-elles été entendues au milieu de tant de volontés coupables !
Si elle n’a pas réussi davantage, c’est qu’elle a commis trois erreurs capitales : — 1º Elle s’est trompée sur le choix des modèles, qu’elle a toujours confondus, pourvu qu’ils fussent anciens, dans la même admiration ; — 2º Elle s’est trompée sur les conditions des genres, qu’elle a cru que l’on pouvait créer à volonté, sans égard au temps, aux lieux, aux lois de l’esprit humain. — Théorie de l’Épopée, considérée comme expression d’un conflit de races ; — Théorie du Lyrisme, considéré comme expression de la personnalité du poète ; — Théorie du Drame, considéré comme une rencontre de la force des choses et de la volonté humaine. — Enfin, et 3º, la Pléiade s’est trompée sur ses forces réelles, en ne connaissant pas assez ce qui lui manquait du côté de l’expérience de la vie et de l’observation de l’homme. […] Le Monde comme volonté, III, chap. […] ii]. — Liaison que Charron établit entre ces trois idées ; — sa confiance dans la raison humaine ; — dans le pouvoir de la volonté ; — dans l’universalité de la loi morale. […] Que son rôle philosophique n’a pas été non plus sans réelle importance. — De sa traduction du Manuel d’Épictète et de son Traité de la philosophie des Stoïques. — Comment son œuvre est connexe de celle de Charron, qu’elle éclaire ; — mais, de plus que Charron, il a été mêlé aux grandes affaires, et de là sa supériorité d’expérience ; — le champ de l’observation psychologique et morale s’en élargit d’autant. — Il se fait aussi de la dignité de la raison et du pouvoir de la volonté une idée plus « stoïcienne » ; — et plus haute, par conséquent, de la hauteur dont le point de vue stoïque dépasse le point de vue épicurien. — Enfin, dans son Traité de la sainte philosophie, il accomplit le dernier pas : — après avoir essayé de séculariser la morale, il y renonce ; — et ne voyant plus de remède à la corruption que dans le retour à la morale chrétienne, il en proclame la nécessité. — Analogie de cette évolution avec celle de la pensée de Pascal. — Les Traités philosophiques de Du Vair sont aussi nécessaires que la Sagesse à l’intelligence du mouvement d’où va sortir le jansénisme.
Il faudrait, pour y atteindre, avoir d’abord le courage de vous soigner, le désir de vous bien porter et la volonté de guérir. […] Sa volonté se soulève un instant, puis retombe, épuisée de son effort. […] Il attaquait toutes les puissances de l’âme, la pensée, la volonté, l’amour, la foi. […] Il essaie enfin d’écrire un ouvrage, mais sans but précis, sans volonté arrêtée ; aussi ne tarde-t-il pas à l’abandonner. […] Tout, dit-il, dans l’homme aboutit à la volonté ; le désir lui-même est une volonté ; or le désir est une souffrance ; mais la satisfaction du désir est la fin de la volonté, et la fin de la volonté, c’est la mort ; donc le bonheur n’est pas réalisable ; à la différence de la douleur qui est positive, le bonheur est négatif, et le non-être est préférable à l’être, ce qu’il fallait démontrer.
La volonté de bourrer ses carnets donna à l’explorateur toutes les audaces. […] Quelques moralistes accusent ces grands hommes d’énerver nos volontés et d’affaiblir nos courages. […] Enfin (et c’est là le principal grief), on accuse la science d’avoir paralysé l’action, retenu l’initiative, énervé les volontés. […] Deux ou trois fois, il a gémi contre les livres charmants et oppresseurs, sous lesquels notre volonté plie et défaille. […] Chères ombres, attendez patiemment dans ces jardins le temps où vous perdrez tout à fait, avec la volonté cruelle de vivre, la vie elle-même et ses misères.
Cette puissance, cette capacité de mémoire, quand elle ne fait pas obstruction et qu’elle obéit simplement à la volonté, est le propre de toutes les fortes têtes, de tous les grands esprits. […] Il faut qu’on s’accoutume de bonne heure avec nous à ces contrastes, sans lesquels on ne comprendrait rien au vrai comte de Maistre, à celui qui a vécu et qui n’est pas du tout l’ogre de messieurs du Constitutionnel d’alors, mais un homme dont tous ceux qui l’ont connu vantent l’amabilité et dont plusieurs ont goûté les vertus intérieures, vertus résultant (comme on me le disait très-bien) de sa soumission parfaite : intolérant au dehors, tout armé et invincible plume en main, parce qu’il ne sacrifiait rien de ses croyances, il était, ajoute-t-on, aimable et charmant au dedans, parce qu’il sacrifiait sa volonté. […] Représentez-vous la naissance de la société ; voyez ces hommes, las du pouvoir de tout faire, réunis en foule autour des autels sacrés de la patrie qui vient de naître, tous abdiquent volontairement une partie de leur liberté ; tous consentent à faire courber les volontés particulières sous le sceptre de la volonté générale ; la hiérarchie sociale va se former ; chaque place impose des devoirs ; mais ne vous semble-t-il pas, messieurs, qu’on demande davantage à ceux qui doivent influer plus particulièrement sur le sort de leurs semblables, qu’on exige d’eux un serment particulier, et qu’on ne leur confie qu’en tremblant le pouvoir de faire de grands maux ? […] L’auteur du mémoire, témoin oculaire, en signale les hideuses particularités qui ne sont qu’une variante de ce qui se passait alors universellement ; on emprisonne les hommes d’une part, les femmes de l’autre ; on sépare les mères et les enfants ; on sépare les époux : « C’était, disait le représentant Albitte, pour satisfaire à la décence. « La cruauté dans le cours de cette Révolution a souvent eu, s’écrie l’auteur, la fantaisie de plaisanter : on croit voir rire l’Enfer : il est moins effrayant quand il hurle. » Le règlement des prisons destinées à enfermer les suspects les accuse d’un crime tout nouveau, d’être coalisés de VOLONTÉ avec les ennemis de la république ; sur quoi l’auteur ajoute : « Caligula ne punissait que les rêves, il oublia les désirs ! […] On ne replante pas à volonté les grands et vieux arbres ; et des nouveaux, c’est le cas, pour le réfuter, de dire avec lui : Rien de grand n’a de grand commencement, crescit occulto velut arbor cevo.
L’intelligence ainsi dirigée est plus propre que toute autre à comprendre le devoir ; la volonté ainsi armée est plus capable que toute autre d’exécuter le devoir. […] Il n’y a point d’art ici ; tout l’artifice de l’orateur consiste dans la volonté de bien expliquer et de bien prouver ce qu’il veut dire. […] Un souffle extraordinaire, une sorte de frémissement de volonté tendue, court à travers toutes ces harangues. […] Il en appelait aux Anglais contre eux-mêmes ; et, en dépit d’eux-mêmes, ils reconnaissaient leur plus cher instinct dans cette maxime, que chaque volonté humaine est inviolable dans sa province limitée et légale, et qu’elle doit se dresser tout entière contre la plus petite usurpation. […] Je le poursuivrais jusqu’au bout de ma vie et je tendrais le dernier effort de ma volonté pour sauver de l’oubli son opprobre éphémère et pour rendre immortelle l’infamie de son nom864. » Excepté Swift, y a-t-il une créature humaine qui ait plus volontairement concentré et aigri dans son cœur le poison de la haine ?
Nous pourrions, à la rigueur, rayer ce souvenir de notre intelligence, mais non pas de notre volonté. […] Il coïncide avec mon impatience, c’est-à-dire avec une certaine portion de ma durée à moi, qui n’est pas allongeable ni rétrécissable à volonté. […] Se conduire par caprice consiste à osciller mécaniquement entre deux ou plusieurs partis tout faits et à se fixer pourtant enfin sur l’un d’eux : ce n’est pas avoir mûri une situation intérieure, ce n’est pas avoir évolué ; c’est, si paradoxale que cette assertion puisse paraître, avoir plié la volonté à imiter le mécanisme de l’intelligence. […] Mais il pourrait aussi impliquer conscience et volonté, et c’est dans ce dernier sens que paraît l’entendre un des représentants les plus éminents de la doctrine, le naturaliste américain Cope 38. […] Chez l’animal lui-même, elle n’agira que sur les points directement ou indirectement soumis à l’influence de la volonté.
Mais, puisqu’il y a certainement parmi nous des volontés faibles et des volontés nulles, et puisque les plus énergiques des hommes sont presque aussi souvent, dans la vie quotidienne, les esclaves de leurs désirs que les maîtres de leurs volontés, vous en serez quitte pour avoir sacrifié de parti pris un élément parmi les éléments de l’intérêt romanesque. […] pour disposer à volonté des formes interrogatives ou personnelles ? […] Évidemment, ses procédés matérialistes ne peuvent pas le conduire au-delà de cette région vague où le sentiment est encore engagé dans la sensation, où la volonté se confond avec le désir ; et tout un monde lui demeure fermé. […] Si quelque honnête homme, jusqu’alors tenu pour tel, de volonté droite et de sens rassis, commet une sottise, n’épiloguons pas davantage : c’est qu’il y avait de tout temps quelques grains de folie mêlés dans sagesse. […] Et encore ailleurs : « Il ne faut pas rechercher sa propre volonté ».
Elle est, en ce sens qu’elle est une volonté d’être. […] Ils se sentent des êtres complets qui vivent d’une vie complète, et qui constituent une société par la volonté qu’ils ont qu’elle existe. […] Il croit profondément au Contrat social, c’est-à-dire à la société considérée comme un concours de volontés. […] Nous sommes un organisme, mais un organisme composé de volontés, et ces volontés contractent entre elles de manière à former un organisme, ou adhèrent par contrats libres à l’organisme dans lequel elles vivent. […] Qui dit organisme dit fatalité et exclut toute volonté et liberté de ce qui est dedans.
Quitter ses habitudes, devenir un autre que soi par l’ivresse des facultés morales et jouer ce jeu à volonté, telle était ma distraction. […] Heureusement Balzac, sous le pseudonyme de Louis Lambert, n’avait pas fait pour rien au collège de Vendôme la Théorie de la volonté. […] Une volonté moins robuste se fût découragée mille fois, mais par bonheur Balzac avait une confiance inébranlable dans son génie méconnu de tout le monde. […] Est-ce l’opium de l’Occident, l’endormeur de la volonté et de l’intelligence ? […] La parole lui donnait une forme immédiate, et réalisait à volonté ses conceptions.
. — Ajoutez au souvenir de mes événements et à l’idée de mes pouvoirs une dernière idée également renouvelée et affermie à chaque instant par l’expérience, celle de ce corps que j’appelle mien et qui se distingue par des caractères tranchés de tous les autres, étant le seul qui réponde à mon attouchement par une sensation de contact, le seul dont les changements puissent sans intermédiaire provoquer en moi des sensations, le seul en qui ma volonté puisse sans intermédiaire provoquer des changements, le seul en qui les sensations que je m’attribue me semblent situées. […] Telle est la suggestion ou induction spontanée ; elle se confirme et se précise peu à peu par des vérifications nombreuses. — En premier lieu, nous remarquons que ce corps se meut, non pas toujours de la même façon, par le contrecoup d’un choc mécanique, mais diversement, sans impulsion extérieure, vers un terme qui semble un but, comme se meut et se dirige le nôtre, ce qui nous porte à conjecturer en lui des intentions, des préférences, des idées motrices, une volonté comme en nous78. — En second lieu, surtout si c’est un animal d’espèce supérieure, nous lui voyons faire quantité d’actions dont nous trouvons en nous les analogues, crier, marcher, courir, se coucher, boire, manger, ce qui nous conduit à lui imputer des perceptions, idées, souvenirs, émotions, désirs semblables à ceux dont ces actions sont les effets chez nous. — En dernier lieu, nous soumettons notre conjecture à des épreuves. […] L’enfant s’irrite contre un ballon ou un duvet qui vole capricieusement et ne se laisse pas saisir. — Aux époques primitives, l’homme considéra le soleil, les fleuves, comme des êtres animés. — Le sauvage prend une montre qui fait tic-tac et dont l’aiguille marche, pour une petite tortue ronde. — Le mouvement, en apparence spontané, surtout s’il semble avoir un but, suggère toujours l’idée d’une volonté.
» Euthyphron lui fait cette réponse vulgaire et sacerdotale : « Le bien, ou le saint, est ce qui est agréable aux dieux. » Socrate relève cette réponse, et demande à Euthyphron comment, les dieux de l’Olympe et de l’État étant multiples, et souvent opposés de nature et de volonté les uns aux autres, ce qui est agréable à l’un, désagréable à l’autre, peut être agréable à tous. […] … » Il redouble ensuite ses preuves de l’immatérialité et de l’immortalité de l’âme, en leur démontrant qu’elle gouverne à son gré les sens, lorsqu’elle sait s’en affranchir par sa volonté et par sa liberté. […] Voici cette philosophie : Un Dieu suprême, unique, parfait, dont l’existence est un mystère et se démontre par soi-même ; Une hiérarchie d’êtres émanés de lui, et investis plus ou moins de sa sagesse, de sa puissance, de sa bonté, créant et gouvernant, sous son regard, les astres, les mondes, les âmes ; L’âme, ou l’esprit, distinct de la matière, mais mû par la volonté de Dieu, dans l’homme ou dans d’autres êtres pensants ; La matière périssable, l’âme immortelle ; La vertu, exercice de l’âme pendant la vie, pour conquérir une vie plus parfaite par sa victoire sur les sens.
L’extérieur de Benjamin Constant, mélange d’élégance française et de profondeur germanique, sa taille haute, frêle et souple, son visage oblong, son teint pâle, ses cheveux blonds et soyeux déroulés en ondes sur ses épaules, on ne sait quoi de mystique ou de satanique dans le regard, qui rappelait à volonté un Méphistophélès politique ou un Werther de la liberté, avaient complété la fascination. […] Il ne veut pas que dans l’univers, depuis les détails de ménage jusqu’à la direction des empires, une seule volonté s’exerce sans relever de la sienne. […] Mais bientôt, réprimant mes larmes, j’élèverai vers le ciel mes mains suppliantes, et je me prosternerai devant la volonté de Dieu qui commande à la femme de quitter sa mère et son père pour suivre son époux.
Mais précisément, dans cette œuvre, règne, incontestablement, cette Volonté de l’artiste créateur, qui est placée sous les choses et qui les ordonne ; et nous trouvons son expression immédiate lorsque Beethoven, s’adressant aux transports furieux, qui reparaissent constamment après chaque accalmie, les appelle, comme avec le cri d’angoisse de l’homme s’éveillant hors d’un rêve terrible, et leur crie le Mot réellement parlé dont le sens idéal n’est autre que : « Et, pourtant, l’homme est bon ! […] Et nous voyons encore le Maître, avec la Volonté ordonnatrice déjà indiquée, trouver cette mélodie sans sortir de la musique, comme de l’Idée du monde ; car, en vérité, ce n’est point le sens des paroles qui nous émeut lorsqu’apparaissent les voix humaines, mais seulement le caractère même de ces voix humaines. […] Wagner prend contact avec le bouddhisme par sa lecture de Schopenhauer qu’il découvre en 1853 avec Le Monde comme Volonté et Représentation.
Il n’admire ni la force de l’esprit qu’il ne comprend pas, ni la force de la volonté, la belle dureté de caractère, l’invincible ténacité de desseins dont ses compatriotes eussent dû cependant lui présenter d’impérieux exemples. […] Doue il exagérera tout ce qu’il ressent ; il sera à la fois outré et redondant (Bain, Émotions et volonté, p. 21) et quand Dickens aura à poser un caractère ou à développer une scène, il le fera, avec la verve excessive, l’extrême partialité, le manque de mesure et de vérité qui sont l’un des principaux traits de son art. […] Le sentiment bien plus que les idées étant ce qui constitue le caractère, en déterminant les élans de la volonté, les actes, la conduite, Dickens fut exactement dans la vie ce qu’il apparaît dans ses livres.
Les sens usés au service d’une intelligence immortelle, qui tombent comme l’écorce vermoulue de l’arbre, pour laisser cette intelligence, dégagée de la matière, prendre plus librement les larges proportions de son immatérialité ; les cheveux blancs, ce symbole d’hiver après tant d’étés traversés sans regret sous les cheveux bruns ; les rides, sillons des années, pleines de mystères, de souvenirs, d’expérience, sentiers creusés sur le front par les innombrables impressions qui ont labouré le visage humain ; le front élargi qui contient en science tout ce que les fronts plus jeunes contiennent en illusions ; les tempes creusées par la tension forte de l’organe de la pensée sous les doigts du temps ; les yeux caves, les paupières lourdes qui se referment sur un monde de souvenirs ; les lèvres plissées par la longue habitude de dédaigner ce qui passionne le monde, ou de plaindre avec indulgence ce qui le trompe ; le rire à jamais envolé avec les légèretés et les malignités de la vie qui l’excitent sur les bouches neuves ; les sourires de mélancolie, de bonté ou de tendre pitié qui le remplacent ; le fond de tristesse sereine, mais inconsolée, que les hommes qui ont perdu beaucoup de compagnons sur la longue route rapportent de tant de sépultures et de tant de deuils ; la résignation, cette prière désintéressée qui ne porte au ciel ni espérance, ni désirs, ni vœux, mais qui glorifie dans la douleur une volonté supérieure à notre volonté subalterne, sang de la victime qui monte en fumée et qui plaît au ciel ; la mort prochaine qui jette déjà la gravité et la sainteté de son ombre sur l’espérance immortelle, cette seconde espérance qui se lève déjà derrière les sommets ténébreux de la vie sur tant de jours éteints, comme une pleine lune sur la montagne au commencement d’une claire nuit ; enfin, la seconde vie dont cette première existence accomplie est le gage et qu’on croit voir déjà transpercer à travers la pâleur morbide d’un visage qui n’est plus éclairé que par en haut : voilà la beauté de vieillir, voilà les beautés des trois âges de l’homme ! […] IX Saint-Évremond, l’ami du comte de Grammont et d’Hamilton, était un de ces hommes qui ne se font pas avec de la volonté, du travail et du talent, mais qui naissent tout faits des mains capricieuses de la nature.
— Vous avez ici une grande réputation d’esprit, et je vous en défends ; car on sous-entend souvent par le mot esprit des choses recherchées, faites à volonté et avec soin, tandis que l’esprit est ce qui échappe ; c’est le gaz de l’âme qui part inaperçu, le contraire de ce qu’on fait et fabrique. […] Mais toutes ces raisons de nullité disparaîtraient à la première volonté qu’il aurait d’être quelque chose ; car cet État porte en lui-même tous les éléments de prospérité.
J’ai lu des articles sur Tocqueville qui étaient plus bienveillants, je n’en ai pas lu un seul qui sût, aussi bien que les vôtres, mettre en relief ce qui dans ses écrits est vraiment beau, ce qui plaît en eux, ce qui charme : sympathie intellectuelle, confraternité d’artiste, quelque nom qu’on donne au sentiment qui vous fait agir, c’est encore de la bienveillance, et la plus sûre, car elle vient de l’instinct plus que de la volonté. […] En effet, le jour de son enterrement (mai 1857), son cercueil, déjà porté en pompe et déposé à l’église Saint-Louis-d’Antin, dut en être subitement retiré par ordre de son exécuteur testamentaire, M. de Chabrier, informé un peu tard de la volonté expresse du mort.
La loi régnait seule ; fondée sur la volonté de Dieu, et soutenue par la voix unanime du peuple, elle avait son trône dans le temple national. […] « Leur volonté élève les uns, abaisse les autres, distribue à son gré les faveurs ou les revers.
On sent que tout y arrive par la volonté du poète, en vue d’un effet pittoresque ou poétique. […] Ils ont dégoûté le public du « palais à volonté » où s’enferme une action abstraite, où des tirades pompeuses tombent lourdement de la bouche de personnages qui, en dépit de leurs noms, ne sont ni d’aucun temps ni d’aucun pays.
En vue qu’une attirance supérieure comme d’un vide, nous avons droit, le tirant de nous par de l’ennui à l’égard des choses si elles s’établissaient solides et prépondérantes — éperdument les détache jusqu’à s’en remplir et aussi les douer de resplendissement, à travers l’espace vacant, en des fêtes à volonté et solitaires. […] Tout à coup se clôt par la liberté, en dedans, de l’alexandrin, césure à volonté y compris l’hémistiche, la visée, où resta le Parnasse, si décrié : il instaura le vers énoncé seul sans participation d’un souffle préalable chez le lecteur ou mû par la vertu de la place et de la dimension des mots.
Bossuet avait vu de quoi la religion rend capable le cœur où elle est maîtresse de la volonté ; il savait de quelles chutes elle relève les âmes ; il ne lui en coûta pas de reconnaître dans le sentiment religieux, là même où la religion était fausse, une des causes de la grandeur du pays. […] Une morale, c’est plus que le goût de tout ce qui est moral, plus que l’amour du droit, plus que la justice et la bienfaisance ; c’est la certitude que toutes ces choses ne sont pas de purs mérites de la volonté, mais des lois divines obéies, et qu’en les pratiquant d’un cœur sincère, on reste infiniment au-dessous de ce qu’elles prescrivent.
Sans elle, un baiser la détruit : Nul n’a contre un baiser de volonté suprême Nul n’est sage le jour s’il n’est chaste la nuit… Aimez la Chasteté, la plus douce victoire Que César voit briller, qu’il ne remporte pas, Dont les rayons, Hercule, effaceront ta gloire. […] Elle rit aux dangers comme on rit dans les fêtes, Devant ployer un jour tout sous sa volonté, Plus grande, ô conquérants, que le bruit que vous faites Et sans elle, il n’est pas d’entière majesté !
Le cardinal de Fleury étant mort, les intrigues jouèrent de plus belle ; il ne s’agissait, puisque le roi était si nul de volonté, que de savoir quelle main saisirait le gouvernail. Mme de Tencin, qui aurait voulu pousser son frère le cardinal à la tête du ministère, ne savait par quel moyen avoir prise sur cette volonté apathique du monarque : elle en écrivait au duc de Richelieu, qui était pour lors à la guerre ; elle engageait ce courtisan à écrire à Mme de La Tournelle (duchesse de Châteauroux), pour qu’elle essayât de tirer le roi de l’engourdissement où il était sur les affaires publiques : Ce que mon frère a pu lui dire là-dessus, ajoutait-elle, a été inutile : c’est, comme il vous l’a mandé, parler aux rochers.
L’homme peut en effet tour à tour prendre le change sur la nature et le degré de sensibilité, de son intelligence ou de sa volonté. Il est aisé de distinguer dans l’œuvre de Flaubert un Bovarysme sentimental dont Mme Bovary et Frédéric Moreau sont, avec des différences d’intensité, les prototypes, un Bovarysme intellectuel dont le même Frédéric Moreau nous présente le cas sous son aspect le plus général, un Bovarysme de la volonté que l’on découvrirait à l’analyse chez Deslauriers.
Il suffit donc de noter ici que l’on trouvera, dans le troisième volume du Monde comme volonté et comme représentation, au chapitre sur la Métaphysique de l’amour, les développements fournis par ce philosophe en ce qui touche à cette forme du Bovarysme. […] Il se croit intéressé au triomphe de cet instinct : il emploie à son service toutes les ressources de son intelligence et de sa volonté, et cette, lutte se termine au profit d’un être où il ne se reconnaît plus lui-même.
Puis c’est une force inconnue, une volonté supérieure, une sorte de nécessité d’écrire qui vous commandent l’œuvre et vous mènent la plume ; si bien que quelquefois le livre qui vous sort des mains, ne vous semble pas sorti de vous-même : il vous étonne comme quelque chose qui était en vous et dont vous n’aviez pas conscience. […] On ne peut nier que par la volonté, le travail, la curiosité de la couleur empruntée à toutes les couleurs de l’Orient, il n’arrive, par moments, à un transport de votre cerveau, de vos yeux, dans le monde de son invention ; mais il en donne plutôt l’étourdissement que la vision, par le manque de gradation des plans, l’éclat permanent des teintes, la longueur interminable des descriptions.
Le pouvoir arbitraire n’est pas plus légitime dans le peuple que dans le prince, et au-dessus de la volonté du maître, quel qu’il soit, principe de la tyrannie, il faut placer la raison et le droit, principes de la liberté. […] « Le plus grand péril des démocraties, c’est l’affaiblissement et la ruine de l’individualité humaine. » D’où il tire cette règle pratique : « Tout ce qui relève l’individu est sain. » Sa morale était conforme à sa politique : c’était la morale stoïcienne, la morale de l’effort et de la volonté.
L’importance de ces deux faisceaux de volonté et d’action, si différents de forme et si profondément unis dans l’âme, me frappe singulièrement. […] Un autre exemple : Je marche sur la route ; un homme qui vient vers moi m’arrête et me touchant le bras, me dit : « Vous ne passerez pas par ce chemin. » Naturellement, mon premier acte est de m’opposer à cette volonté extérieure et de dire : « Je prendrai le chemin qu’il me plaira de prendre. » Aucun de nous, à moins d’être timide de tempérament ou trop faible de nature, ne pourrait agir autrement.
Sachant bien plusieurs langues, rompu aux littératures étrangères dont, le premier, il a produit parmi nous de fantastiques chefs-d’œuvre, habile à se souvenir et à démasquer les larcins, s’inspirant lui-même de ses lectures et l’avouant, laborieux au logis, ingénieux et facile à tout dire, propre à tout, ne se faisant guère d’illusion, croyant peu, capable d’admirer le passé, quoique d’une érudition trop spirituelle pour être constamment révérente, et avec cela toujours maître de sa plume, l’arrêtant, la dirigeant à volonté, un peu recherché et joli par endroits, comme quand l’esprit domine, il a gardé quelque chose de très français à travers son premier bagage d’outre-Rhin et a aiguisé sa finesse au milieu des génies allemands qui avaient ou n’avaient pas de fil : qu’on se souvienne en effet qu’il a passé par Vandervelde avant de donner la main à M.
Dirons-nous qu’Olivier est un grand fou, qu’il est des passions qu’on s’interdit à son âge, que la comtesse (plus excusable, d’ailleurs) n’a qu’à s’abriter en Dieu, que tout a une fin, qu’il faut savoir vieillir, accepter l’inévitable, et que ceux-là pâtissent justement qui vont contre les volontés de la nature ?
Tout pour elle a été réglé par Dieu, et elles voient un signe de la volonté supérieure dans les circonstances les plus insignifiante.
Il est bien autre chose, à coup sûr ; mais il se développe, assurément aussi, par cette gymnastique intellectuelle qu’est le travail, par cet effort de volonté qu’est l’attention, par cet exercice du regard interne qu’est la réflexion.
Ce qu’on se rappelle — avec la meilleure volonté — de cette partie de son œuvre, c’est qu’elle lui valut un excellent duel de publicité avec je ne sais quel prince des élégances mort depuis et dont le monocle se suspendait à un ruban très large.
Il s’en distingue par du bon sens, de la critique et la volonté ferme d’être impartial.
Enfantin représente la foi, la volonté, le consentement de plusieurs, en faisant la déclaration scandaleuse qu’il vient d’opposer tout à coup à l’enseignement d’un prêtre catholique, orthodoxe et respecté, nous dirons qu’il nous importe, à nous chrétiens, de savoir le danger qui nous menace, et si tout cela, comme nous le pensons bien plutôt, n’est que rêverie de visionnaire attardé qui ne peut guérir de son mal de jeunesse, il importe qu’on le sache aussi, afin que justice soit faite encore une fois de cette folie qui repousse, après vingt-trois ans, comme un polype indestructible, dans les têtes dont on le croyait arraché, et qu’enfin on n’y revienne plus !
Il a beau écrire Diamant du cœur, pour dire une larme et vouloir pétrifier tous ses pleurs pour en faire jaillir un rayon plus vif, dans son amour de l’étincelle, l’émotion est plus forte que sa volonté.
Il voit l’Amérique du dehors et par dehors, mais il n’a ni le temps ni la volonté de la pénétrer : « Les prodiges de l’industrie humaine, voilà le spectacle — nous dit-il — que j’ai voulu me donner, après les chefs-d’œuvre de Phidias et les vers d’Homère, sur ce continent américain.
Certes, le public ne se passionne pas encore pour elle, certes le gouvernement ne lui facilite guère l’existence, mais d’une telle poussée, inconnue jusqu’alors, de volontés unies et d’efforts coordonnés la victoire sortira. […] Maintenant, c’est la volonté, maintenant, c’est l’ardeur, maintenant, c’est la merveilleuse folie du monde que Verhaeren veut hurler ! […] C’est, de compte fait, pour l’instant, et malgré tous les efforts de nos volontés, le fond de notre vérité humaine. […] Contre la mort, notre volonté se brisera nécessairement. […] Ma volonté est morte et ne tend plus à rien.
Séparons donc l’art proprement dit de la littérature, même esthétique, et commençons par nous demander si l’énergie de l’individu, la volonté de vivre et la volupté de produire, suffisent pour expliquer l’existence de toutes les grandes créations des beaux-arts. […] L’essence de l’originalité vraie est d’être inconsciente, de procéder de la nature et non de la volonté d’être original. […] Personne n’a mis en un plus éclatant relief que l’auteur des Héros le rôle principal des individus dans l’histoire, la souveraine grandeur du génie, la force et la puissance de la volonté libre. […] La volonté de l’éducateur ou le hasard des circonstances aurait pu vraisemblablement, sans perte pour le trésor humain des idées et des formes, faire de Bacon un artiste et de Cornélius un philosophe. […] Peut-être ; mais il n’en fut rien, et quand nous considérons dans leur suite les idées qui ont régné sur le monde, il nous semble bien qu’une force secrète, contre laquelle aucune intelligence, aucune volonté individuelle n’aurait pu prévaloir, en a nécessairement déterminé la marche.
Que nul ne m’attribue de voir, en cette volonté vers la grandeur suprême, un amoindrissement de cette grandeur atteinte ! […] Il est plutôt le Contempteur que le Compatissant ; l’aumône de sa miséricorde est plutôt une lassitude qu’une volonté de son attitude d’orgueil. […] Oui, cette grâce suprême, la pitié, est en lui, et ses plus humbles inspirations s’en exaltent jusqu’à la beauté, de même que, d’autre part, ses plus familières façons de dire se rehaussent par la volonté et la sûreté de l’art. […] Non, ni l’injustice, ni l’envie, ni le temps, ne prévalent contre l’œuvre, même de dimension restreinte, où la patiente volonté d’un esprit s’est condensée et réalisée en beauté. […] S’il ressemble à quelques-uns de ses maîtres par la magnanime volonté de la perfection, il est lui-même et lui seul en sa libre pensée.
La méchanceté qui est une volonté de puissance et une volonté de se prouver à soi-même sa puissance, et Nietzsche ne tarit, pas là-dessus, est le premier trait, le trait essentiel et presque le tout de Don Juan. […] Elle a une volonté très ferme et ne se laissera pas sacrifier. Elle dit sa volonté à son père avec des révérences respectueuses qui ressemblent à des actes respectueux et elle se montre peu pourvue de piété filiale. […] C’est une bonne petite tête, on la sent saine, pure, clairvoyante et d’une volonté parfaitement inébranlable. […] Elle discute avec le prétendant dont elle ne veut point avec la même netteté et la même volonté ferme qu’Angélique, mais avec plus de verdeur.
Pareillement, dans les meurtres, faites-moi sentir la flamme des passions grondantes, l’accumulation de désespoir ou de haine qui ont lancé la volonté et roidi la main ; quand les paroles effrénées, les soubresauts du délire, les cris convulsifs du désir exaspéré, m’auront fait toucher tous les liens de la nécessité intérieure qui a ployé l’homme et conduit le crime, je ne songerai plus à regarder si le couteau saigne, parce que je sentirai en moi, toute frémissante, la passion qui l’a manié. […] On sent chez lui les vicissitudes tragiques de la lutte, le progrès d’un sentiment, la défaite des résistances, l’afflux lent du désir ou de la colère, jusqu’au moment où la volonté redressée ou séduite se précipite soudainement d’un seul côté. […] Comme Shakspeare, il a trouvé de ces mots poignants, et vivants737, qui montrent le fond de l’homme, l’étrange craquement de la machine qui se démonte, le roidissement de la volonté qui se tend jusqu’à se briser738, la simplicité des vrais sacrifices, les humilités de la passion exaspérée et mendiante qui implore jusqu’au bout contre toute espérance sa pâture et son assouvissement739. […] Ainsi, pervers de volonté, impuissant d’action, — il suivait les factions, qui ne le suivaient pas770. […] si le poinçon qui a copié toutes ses grâces, — et labouré de tels sillons pour cette face d’eunuque, — avait pu tracer sa volonté toujours changeante !
. — Il faut, à cette heure, que ma volonté soit assez forte pour saisir mon âme, et l’emporter tour à tour dans le cadavre ressuscité des personnages que j’évoque, et dans le fantôme de ceux que j’invente ! Ou bien il faut que, devant Chatterton malade, devant Chatterton qui a froid, qui a faim, ma volonté fasse poser avec prétention un autre Chatterton, gracieusement paré pour l’amusement du public, et que celui-là soit décrit par l’autre ; le troubadour par le mendiant. […] Écris donc, malheureux, évoque donc ta volonté ! […] Ma volonté est qu’on l’emmène !
Ce sera une édifiante histoire qu’un tel récit, consacré tout entier à l’apologie du travail et de la volonté. […] Les barrières du temps et de l’espace s’abolissent devant sa volonté. […] Je le créerai agissant dans la complexité de ses efforts, j’analyserai à la fois la somme de volonté de chacun de ses membres et la poussée générale de l’ensemble. » * * * Ainsi, lorsqu’un être apparaît à la vie tremblant et chétif, il est soumis à des lois implacables, de vieilles hérédités pèsent sur lui. […] Oui, vous êtes la fleur insolente et abominable de cette Bourgeoisie qui, au travers des empires, des monarchies et des républiques, mène le peuple avec des mots quand, ignorant et aveugle, il est sage, avec du plomb quand, instruit et clairvoyant, il bouge ; cette Bourgeoisie qui a assassiné les princesses légitimes, Liberté, Fraternité, Justice, pour mettre à leur place et saluer de leurs noms sacrés on ne sait plus quelles immondes courtisanes, vieilles et fardées… oui, nous la démasquons en vous, cette Bourgeoisie exécrée, et elle s’offre ainsi à nos yeux avec une de ses caractéristiques les plus importantes, sa volonté d’ignorer la souffrance humaine hors de ses accidents particuliers, et ses pratiques égoïstes de charité individuelle inspirées par la crainte de la révolution ou de l’enfer, par le désir du paradis ou d’un siège à la Chambre, de popularité ou de gloire, par besoin d’excuse pour certaines faiblesses devant sa propre conscience ; elle s’offre à nous avec sa terreur de la justice absolue, de l’égalité absolue, proclamées il y a dix-huit cents ans par le Christ, il y a plus de cent ans par la France, et aujourd’hui dans le monde entier par tout ce qui a un cerveau et un cœur, justice et égalité qui ne seront d’ailleurs une loi sociale universellement acceptée que le jour où, les frontières disparues, les possédants n’auront plus l’excuse de la Patrie à défendre pour entretenir des armées qui ruinent les peuples et qui, aux jours où ils se lèvent pour sauvegarder leurs libertés menacées, les massacrent.
Jocelyn n’aime ni son Dieu ni sa maîtresse ; ses actes ne sont déterminés ni par la volonté ni par la passion ; il cède à tous les souffles qui l’atteignent et flotte perpétuellement du désespoir à la résignation, sans se résoudre à rien. […] On se sent en présence d’une volonté puissante conforme à une destinée, ce qui est la marque du génie. […] Si le poète est avant tout une nature riche de dons extraordinaires, il est aussi une volonté intelligente qui doit exercer une domination absolue et constante sur l’expression des idées et des sentiments, ne rien laisser au hasard et se posséder soi-même dans la mesure de ses forces. […] C’était un esprit entier et résolu, de ceux, très rares, qui se font une destinée conforme à leur volonté, et que les objections étonnent ou laissent indifférents, impuissantes qu’elles sont à rien enseigner et à rien modifier.
Toutes les grandes choses de la pensée, du travail, sont faites par l’effort individuel, aussi bien que toutes les grandes choses de la volonté. […] * * * — Quand la nature veut faire la volonté chez un homme, elle lui donne le tempérament de la volonté : elle le fait bilieux, elle l’arme de la dent, de l’estomac, de l’appareil dévorant de la nutrition, qui ne laisse pas chômer un instant l’activité de la machine ; et sur cette prédominance du système nutritif, elle bâtit au dedans de cet homme un positivisme inébranlable aux secousses d’imagination du nerveux, aux chocs de la passion du sanguin. […] » * * * — Une chose bizarre, c’est qu’avec la Révolution, avec la diminution de l’autorité monarchique dans toute l’Europe, avec la pesée du peuple dans les choses gouvernementales, le règne des masses enfin, jamais il n’y a eu de plus grands exemples de l’influence omnipotente, du despotisme des volontés d’un seul.
Mais ce que je vois très bien, c’est que ces cellules des diverses régions dites sensorielles de l’écorce, cellules interposées entre les arborisations terminales des fibres centripètes et les cellules motrices de la zone rolandique, permettent à l’ébranlement reçu de gagner à volonté tel ou tel mécanisme moteur de la moelle épinière et de choisir ainsi son effet. […] Autant il y a de fils allant de la périphérie vers le centre, autant il y a de points de l’espace capables de solliciter ma volonté et de poser, pour ainsi dire, une question élémentaire à mon activité motrice : chaque question posée est justement ce qu’on appelle une perception. […] Mon activité motrice devient alors une entité à part, une espèce de réservoir d’où le mouvement sort à volonté, toujours le même pour une même action, quel que soit le genre d’image qui l’a sollicité à se produire. […] On pourrait dire que nous n’avons pas de prise sur l’avenir sans une perspective égale et correspondante sur le passé, que la poussée de notre activité en avant fait derrière elle un vide où les souvenirs se précipitent, et que la mémoire est ainsi la répercussion, dans la sphère de la connaissance, de l’indétermination de notre volonté. — Mais l’action de la mémoire s’étend beaucoup plus loin et plus profondément encore que ne le laisserait deviner cet examen superficiel.
Dans toutes ces traversées, je n’ai jamais aliéné ma volonté et mon jugement (hormis un moment dans le monde de Hugo et par l’effet d’un charme), je n’ai jamais engagé ma croyance, mais je comprenais si bien les choses et les gens que je donnais les plus grandes espérances aux sincères qui voulaient me convertir et qui me croyaient déjà à eux.
Parlera-t-on de la démocratie industrielle, de l’aristocratie territoriale, lorsque le plus grand propriétaire rural n’aurait pas pu disposer de quatre hommes, tandis que les industriels prétendus démocrates ont mis cinquante mille hommes sous les armes, par un seul acte de leur volonté ?
Quoiqu’il existât des lois chez les anciens, l’autorité populaire avait souvent le droit et la volonté de tout détruire ou de tout recréer.
Plus tard, — bientôt sans doute — cet enthousiasme sacré ne sera plus aussi spontané en son beau tumulte, mais le Poète le rappellera par volonté et, s’il a appris à fixer les images de la vie aussi bien qu’il les sentit palpiter, s’il est artiste autant qu’il fut poète, alors sera créée l’œuvre qui dira toute sa pensée.
Non seulement il négligea totalement le vrai et le beau (la philosophie, la science, la poésie étaient des vanités) ; mais, en s’attachant exclusivement au bien, il le conçut sous sa forme la plus mesquine : le bien fut pour lui la réalisation de la volonté d’un être supérieur, une sorte de sujétion humiliante pour la dignité humaine : car la réalisation du bien moral n’est pas plus une obéissance à des lois imposées que la réalisation du beau dans une œuvre d’art n’est l’exécution de certaines règles.
De nos jours, des commentateurs ont osé faire ce dont les écrits du temps de Molière se sont abstenus, et ce à quoi la volonté de Molière a été de ne donner ni occasion, ni prétexte ; ils ont pris sur eux d’appliquer des noms propres aux personnages ridicules, même odieux des Femmes savantes.
Ce n’est pas moi, qui cependant n’ignore pas ce qu’on peut m’objecter, le peu d’influence que les productions des beaux-arts ont sur les mœurs générales, leur indépendance même de la volonté et de l’exemple d’un souverain, des ressorts momentanés, tels que l’ambition, le péril, l’esprit patriotique.
Il n’avoit d’autre volonté, que de faire servir son prince par les personnes les plus capables.
Dieu ne répète pas à chaque instant l’acte de sa toute-puissance par lequel il créa le monde ; et le monde cependant est une suite de créations successives, qui s’opèrent par l’effet toujours le même de cet acte de la volonté de Dieu.
Aucun procédé, aucun effort de volonté, aucune de ces comédies intérieures que l’homme se joue et qu’il appelle de l’art, n’a pu donner à l’auteur, de ces souvenirs d’Asie l’accent brisé et doux de bonheur impossible qu’on entend, mais qui ne gémit pas, sous ses phrases écrites, dirait-on, par une signora Pococurante, dans le calme et l’indifférence, ni lui faire composer à loisir ce parfum subtil qui s’en échappe et vous enveloppe bientôt tout entier… Mme de Belgiojoso a-t-elle jamais été une femme littéraire ?
Et quand il arrive à Richelieu, le Malherbe politique, il pardonne sans peine ses ridicules d’abbé Cottin au grand Cardinal, pour l’effort qu’il a fait d’organiser la littérature et pour sa volonté de la gouverner comme un État de plus.
Que la volonté du Soigneur soit faite !
C’est là l’infortune de son talent et de sa volonté.
Ainsi les lois romaines de l’Empire se montrèrent si attentives à favoriser les dernières volontés, que, tandis qu’autrefois le plus léger défaut les annulait, elles doivent aujourd’hui être toujours interprétées de manière à les rendre valables s’il est possible.
L’essence du monde, la substance des êtres n’est pas l’intelligence, mais l’activité ou la volonté, comme s’exprimerait Schopenhauer. […] Chacun se hausse jusqu’à la vie par sa « volonté de puissance », sa force, son caractère ; plus nous sommes pleinement nous-mêmes, plus nous respirons une vie large et rythmée. […] Parce qu’il voit une lâcheté à renier ses pères qui lui disent : « Meurs de la mort que nous eussions choisie », et qu’il ne doit pas fléchir dans la volonté de ses ancêtres. […] L’Amour Sacré est aussi un poème à la gloire de la volonté. […] Cette aspiration ou effusion psychique — première condition, non suffisante, mais nécessaire, exigée du poète — ne doit pas être confondue avec le désir ou la volonté qui supposent un but déterminé.
C’est que dans ses œuvres l’écrivain se peint tel qu’il désire paraître et que dans sa correspondance il se peint tel qu’il est : les œuvres, c’est la volonté ; les lettres, c’est la nature. […] J’irai bientôt vous voir à Iéna. » VIII Schiller travaillait alors à son vaste drame historique de Wallenstein, sans cesse interrompu par la souffrance, sans cesse repris par l’obstination de la volonté. […] Elle était timidement gracieuse et trop dépourvue de volonté pour avoir jamais cherché à se faire remarquer en société.
Ce désintéressement d’ambition est un défaut selon le monde, qui le regarde comme une faiblesse de la volonté ; en réalité c’est une force de la raison ; cette abnégation personnelle laisse le sang-froid au cœur dans les affaires publiques, et par là même elle donne plus de lumière à l’esprit. […] Ce qui se passa dans son âme à cette vue, Dieu seul le sait ; mais ses sens n’eurent pas la force de sa volonté : elle tomba inanimée dans les bras de son amie, qui la reconduisit à son palais, vide désormais de sa plus chère amitié. […] Vous m’avez fait réellement comprendre que tout est contemporain pour celui qui comprend la notion de l’éternité ; vous m’avez expliqué Dieu avant la création de l’homme, la création intellectuelle de celui-ci, puis son union à la matière par sa chute, quand il crut se faire un destin de sa volonté.
Aucun sultan de l’histoire, aucun calife des Mille et une Nuits n’a mieux personnifié le souverain oriental que ce roi absurde et fantasque, vaniteux et vide, infatué de sa volonté et ignorant de l’obstacle, aussi capable d’une action généreuse que d’une atroce méchanceté, mêlant des mollesses de femme à des férocités de bourreau. […] Les choses faisaient place à des êtres haineux et hostiles, doués de volonté, exercés aux ruses, sachant combiner des guets-apens et tendre des pièges. […] La volonté du héros mordit ces fluctuations comme une ancre, elle retint par son seul poids la flotte ébranlée.
Elle lui répond que la conformité à la volonté divine est le vrai ciel, et que, si l’âme désirait s’élever plus ou aimer davantage, elle cesserait d’être en conformité avec celui qui lui assigne ces bornes de félicité et d’intelligence. « Dans sa volonté est notre paix ! […] Mais déjà l’amour, qui donne le mouvement au soleil et aux étoiles, tournait mon désir et mon velle (ma volonté) comme une roue qui circule sous une impulsion universelle. » XXVI Et ainsi finit par ce dernier vers le triple poème, comme le rêve d’un théologien qui s’est endormi dans un cloître aux fumées de l’encens et aux chants du chœur, et à qui son imagination représente en songe les images incohérentes des tableaux de sacristie qu’il regardait sur les murailles en s’endormant.
L’éparpillement des volontés s’accroît, en effet, dans l’Assemblée à mesure qu’on approche des événements. […] Les esprits sagaces commencent à prévoir que l’Assemblée, avec la diversité de ses volontés et les tiraillements des opinions nombreuses qui s’agitent dans son sein, aura le dessous dans ce duel contre l’unité de volonté et la suite dans les desseins. […] Elle n’est point responsable des tendances de son talent, des entraînements de sa volonté. […] Je me hâte de le dire, on peut, sans injustice, exonérer la volonté de ce malheureux écrivain de la responsabilité du suicide. […] Mais ce n’est déjà plus sa volonté qui commet ce vol, c’est une espèce de routine du mal qui survit encore en lui, jusqu’à ce qu’il ait fait un effort souverain pour inaugurer cette nouvelle volonté que l’évêque a fait descendre du ciel dans cette âme transformée.
Mais il en restait quelque chose : ce parti pris de gaîté qu’admirait tant Johanna Schopenhauer, cette volonté bien arrêtée de jouir de la vie, quoi qu’elle apporte. […] Que Dieu me pardonne les mauvaises pensées et arrête la volonté ! […] Le poète se trouve pris entre le besoin qu’il a de s’exprimer lui-même à travers des personnages historiques et sa ferme volonté de respecter les données authentiques qu’il croit posséder. […] Nous savons que, si son auteur le tira de lui-même, ce fut comme il en avait tiré Gœtz de Berlichingen, à travers un travail de volonté qui ne saurait s’accomplir sans que le personnage soit diminué. […] Il a donc une volonté, dont il se servira au besoin pour appuyer ses caprices : « Quelle chose au monde pouvait résister à ses désirs ?
On connaît la variété de ses lectures, la fréquence de ses méditations, poursuivies dans la solitude de toute l’obstination d’une volonté qui s’attache à l’Idéal le plus précieux comme le plus difficilement conciliable avec le rang suprême où la Fortune l’éleva. […] La statue du poète Henri Heine, que son expresse volonté avait dressée auprès des héros de l’Achilléion, et qu’une grossièreté toute tudesque fit enlever récemment par le nouveau possesseur, nous était le meilleur témoignage d’un culte qui pourtant, à la différence de tant d’autres, n’opprima jamais sa personnalité. […] Nul pire artifice que celui qui fausse, en la contraignant, la spontanéité originelle d’une nature ; car alors la volonté humaine joue le rôle du dresseur qui, par un entraînement méthodique, tend à susciter, chez un bel animal, une suite de réactions contraires à son instinct. […] Tapis moelleux qui amortissent les pas, lourdes draperies qui se relèvent à volonté, s’abattent, assourdissant tout bruit autour d’elles, miroirs qui reflètent et prolongent la beauté, statues et peintures qui fixent le geste et l’immobilisent en son rythme le plus expressif… ce sont là les images, quelques-unes du moins parmi celles qui dans ma pensée viennent s’ordonner harmonieusement autour du nom de Mme Renée Vivien. […] Si puissante l’unité de constitution mentale qui les régit, que cherchons en chacune les mêmes traits fondamentaux, diversifiés seulement dans le détail par les exigences de notre nature subordonnée elle-même à la volonté de vie qui se perpétue par elles.
— Épargnons-nous ce remords de frapper cet esprit pur et divin. » Et après la mort : « (11 septembre 1850)… La volonté du Ciel est terrible, quand elle s’accomplit sur des êtres si faibles et si tendres que nous. » Mais tout à coup, dans ce ciel si lourd, si chargé, si sombre, un éclair inespéré a lui : « (14 janvier 1851)… Ondine se marie ! […] … « Je n’ai aucune force morale en ce moment, et j’ai l’effroi d’écrire surtout à ceux que j’aime ; car, pour ne pas mentir, c’est bien triste à raconter. » « (13 août 1853)… Enfin, nous n’accomplissons en rien notre volonté ; une force cachée nous soumet à tous les sacrifices, et cette force est irrésistible. » « … Paris, qui a dévoré toutes nos ressources et nos espérances, devient de plus en plus inhabitable pour nous, et quelque coin de la province nous paraît déjà souhaitable pour cacher nos ruines et reposer tant de travail inutile.
. ; et tant que santé et volonté me dureront, je serai Rhadamanthe, puisque Dieu m’y a condamné. » Ainsi parlait de lui-même, en style de Saint-Simon, ce représentant du xvie et du xviie siècle dans le xviiie , cette nature d’homme à la Montluc et à la d’Aubigné, vénérable jusque dans sa cruauté patricienne, cette volonté de fer dans un corps de fer.
Je suis parti dans cette intention ; et peut-être est-ce la volonté de Dieu, que, comme cette guerre a commencé par le sang de mon frère et par le mien, elle se termine aujourd’hui par mon intervention. […] Bannis de ton cœur la vaine espérance ; que la partie plus noble et plus calme reprenne son empire sur tes sens ; armée d’une force irrésistible et d’une prudence plus grande, qu’elle soumette à ses lois tout désir contraire à sa volonté, et que ton funeste ennemi, désormais terrassé, n’ose plus dresser contre toi sa tête venimeuse. » C’est ainsi qu’il méditait en vers longtemps avant l’époque des Méditations.
On regrette qu’il n’ait jamais, soit la volonté, soit la force de suivre une idée sérieuse. […] Un torrent de mots, souvent inintelligibles s’échappe de sa mémoire surchargée, qui semble se répandre tout entière sur le papier, sans l’intervention de sa volonté.
C’est aux yeux de ces esprits-là, et de ceux qui, plus sensés que curieux, voient la brièveté de la vie, et combien il importe davantage d’éclairer la volonté que d’étendre le savoir, qu’éclate ce défaut d’autorité, le pire peut-être dans les ouvrages de l’esprit. […] Ce que dit Montaigne des causes qui déterminent sa volonté, de ces incertitudes où il faut si peu de chose pour le décider à jeter, comme il dit, sa plume au vent, peint naïvement les misères de cette liberté de l’intelligence qui résiste à un principe de morale universelle, et qui abdique devant une pointe !
… Tu n’existais que par ma volonté ; Ta volonté contre moi se rebelle !
Lui-même a dit que la voix qui sort du tombeau de Titurel n’est autre que celle de Wotan « chez qui s’est brisée la volonté de vivre » (Glasenapp, Calendrier de Bayreuth, 1880, 61) ; pour montrer l’identité entre cette moitié de Wotan, Bruunhilde, et Kundry, il a forgé pour elle le nom de « Gundryggia »at, qui signifie Walküre (Lœffler, Bayr. […] L’œuvre de Bayreuth (fin) VI LES RÉPÉTITIONS PRÉLIMINAIRES EN 1875 1° Communication aux chanteurs : 15 janvier 1875 Comme vous le savez par les relations qui se sont nouées entre nous, je désire votre concours pour l’exécution de mon projet de trois représentations exceptionnelles de ma Pièce de Fête en quatre parties, l’Anneau du Nibelung. — Je crois que la réalisation sera due d’un côté à la sympathie extraordinaire des amis et protecteurs de mon art, d’autre part à la ferme et cordiale volonté des excellents artistes eux-mêmes dont j’ai sollicité le concours ; car la participation de mes Patrons ne devait et ne pouvait se faire que pour une entreprise dans laquelle toute idée d’une spéculation lucrative était exclue.
Février Aujourd’hui, il s’est trouvé bien, merveilleusement bien, et lui qui était autrefois la volonté de nous deux, et qu’on a aujourd’hui tant de peine à décider à vouloir quelque chose, m’a étonné, en me demandant à aller à la Cascade. […] * * * Allons, c’est Pélagie qui le dit : « Il faut manger pour avoir des forces demain, pour la rude journée de demain. » * * * Devant le cadavre de celui qui m’aima tant, de celui pour lequel il n’y avait de bien et de bon, que ce qui avait été fait ou dit par Edmond, je me sens travaillé de remords pour mes gronderies, mes duretés, pour tout ce cruel et intelligent système, à l’aide duquel je croyais le relever de son atonie, et lui redonner de la volonté… Ah !
Et pourtant l’habitude a pour effet de faire évanouir peu à peu jusqu’au néant tous les phénomènes de conscience ; pour arracher ses phénomènes à cette mort naturelle, l’âme n’a qu’une ressource, l’attention, c’est-à-dire la volonté. Si donc la parole intérieure subsiste en nous avec un minimum suffisant et constant d’intensité au-dessous duquel elle ne descend jamais, c’est que, par un acte incessamment répété de volonté mentale, l’âme la maintient à ce niveau nécessaire aux opérations intellectuelles ; grâce à l’attention, l’image de la parole ne descend pas jusqu’au bout la pente de l’inconscience où l’entraîne l’habitude négative, elle résiste à l’anéantissement et se forme en habitude positive.
l’auteur du Marc-Aurèle a été encore une fois l’esprit illogique qu’il est, de constitution cérébrale et de système, répugnant de nature et de volonté à tout embrassement d’ensemble, à toute unité, à toute conclusion sévère. […] Athée de volonté mais indécis, qui n’est pas même sûr de son athéisme, dans ce livre de l’Antechrist, dès les premières lignes, il appelle Dieu : « le grand artiste inconscient qui semble présider aux destinées de l’univers ».
Il faut que la volonté intervienne, qu’elle fasse effort ; et l’effort tue la poésie.
Le poète a conçu et a voulu exprimer que, dans une âme mauvaise, un effort énergique de volonté, appuyé sur certains sentiments, la lassitude, la désillusion, le dégoût, pouvait engendrer la générosité.
Son principe d’organisation lui est fourni par le souvenir toujours présent du xvie siècle, et par la volonté de ne pas le recommencer.
Coppée a la volonté et l’énergie voulue pour s’atteler à une œuvre, je ne dirai pas plus importante, car le Passant est un petit bijou, mais plus grande, plus vaste, il aura certainement un bel avenir au théâtre.
C’était une opinion universelle, non-seulement en Judée, mais dans le monde entier, que les démons s’emparent du corps de certaines personnes et les font agir contrairement à leur volonté.
C’est par là, qu’il a été, comme le stoïcisme, mais avec infiniment plus d’ampleur, un argument vivant des forces divines qui sont en l’homme, un monument élevé à la puissance de la volonté.
Cette identification de « l’analyse » et de la mise à mort du réel, topos au moins aussi vieux que le Faust de Goethe, trouve une nouvelle expression à l’époque de la « décadence », décrite par exemple selon Bourget dans ses Essais de psychologie contemporaine comme un abus de « l’esprit d’analyse », inséparable de toutes ces « maladies de la volonté » (Ribot) caractérisées par le primat de « l’intelligence » sur « l’instinct ».
Quand son mari devint roi d’Angleterre, frappé, sans doute, de l’attitude d’innocence de cette femme sublime ou diabolique de volonté, il lui envoya des ambassadeurs qui lui proposèrent de sa part le pardon et le partage du trône ; mais, plus fière que si elle avait été pure, ou, qui sait ?
Ce modéré, qui, en voyant l’impuissance fatale des modérés en face des partis extrêmes, ne se demande pas si cette impuissance tient à la volonté des hommes où à l’involontaire des institutions ; si elle ne vient pas de la nature même des gouvernements parlementaires plus que de la faute de ces partis extrêmes qu’il est impossible à ces pauvres gouvernements d’accommodement, de transaction et de soi-disant équilibre, de contenir et de dominer !
Taine comme un parti pris de sa volonté, non comme une inspiration sincère et primesautière de son esprit.
D’un côté, vous avez un fat de quarante ans, un bellâtre gauche et impudent, une de ces âmes comme celle de Rousseau, coquinement honnêtes, qui se passionnent d’esprit pour le bien et de volonté pour le mal ; et de l’autre vous avez un bas-bleu du xiie siècle, froide de cœur comme toutes ces folles Ménades de la gloire qui l’appellent « un deuil éclatant du bonheur », et qui s’est, comme on dit vulgairement, monté la tête, non pour l’homme tel qu’il soit, mais pour le professeur le plus renommé de son temps.
D’un côté, vous avez un fat de quarante ans, un bellâtre gauche et impudent, une de ces âmes comme celle de Rousseau, coquinement honnêtes, qui se passionnent d’esprit pour le bien et de volonté pour le mal ; et de l’autre vous avez un bas-bleu du douzième siècle, froide de cœur comme toutes ces folles Ménades de la gloire qui l’appellent « un deuil éclatant du bonheur », et qui s’est, comme on dit vulgairement, monté la tête, non pour l’homme tel qu’il soit, mais pour le professeur le plus renommé de son temps.
Tout homme qui pense, — tout moraliste, — tout physiologiste, — se sentira saisi d‘une ardente curiosité devant le phénomène de cette existence mise en dehors de l’humanité par l’énergique volonté et la passion religieuse d’un homme, et voudra la scruter et s’en rendre compte philosophiquement… Voilà pour la science et pour la pensée !
Autran n’est pas un gamin de génie, lui ; c’est un homme, je ne dis pas d’inspiration, mais de volonté grave et élevée, et c’est bien cela !
Et cette toute-puissance, qui n’a pas d’égale, était en lui chose si mystérieusement et si spontanément naturelle qu’il est impossible de l’expliquer, et que lui-même, comme les autres poètes, plus artistes que lui par la volonté et le travail, il ne pensa jamais, par un travail quelconque, à y ajouter.
Un imitateur, c’est toujours plus ou moins un comédien qui se grime, qui se cherche, à travers ses organes, une physionomie ou un accent qui ne viennent pas de ces organes, et qui arrive à des résultats combinés, par de la volonté et de l’étude.
C’est un écrivain d’application et d’agencement, de creusement et de volonté, lequel a la religion de Buffon : que le génie n’est qu’une patience… En raison même de ses facultés et de ses théories qui font suite à ses facultés, je crois bien que M.
V Et, en effet, l’originalité vraie d’Edgar Poe, ce qui lui gardera une place visible dans l’Histoire littéraire du dix-neuvième siècle, c’est le procédé qu’on retrouve partout dans ses œuvres ; aussi bien dans son roman d’Arthur Gordon Pym que dans ses Histoires extraordinaires, et qui fait du poëte et du conteur américain ce qu’il est, c’est-à-dire le plus énergique des artistes volontaires, la volonté la plus étonnamment acharnée, froidissant l’inspiration pour y ajouter.
Ce mémorial où resplendit l’union de tous les soldats de la France ne peut se terminer que par la plus ardente réclamation pour que survivent et continuent d’agir après la guerre leurs espérances et leurs volontés.
Ce qui correspond, chez elle, à la volonté directrice de l’animal, c’est, croyons-nous, la direction où elle infléchit l’énergie de la radiation solaire quand elle s’en sert pour rompre les attaches du carbone avec l’oxygène dans l’acide carbonique. […] On pourra dire, à volonté, que l’instinct organise les instruments dont il va se servir, ou que l’organisation se prolonge dans l’instinct qui doit utiliser l’organe. […] Une forme, justement parce qu’elle est vide, peut être remplie tour à tour, à volonté, par un nombre indéfini de choses, même par celles qui ne servent à rien. […] En d’autres termes, une intelligence qui vise à fabriquer est une intelligence qui ne s’arrête jamais à la forme actuelle des choses, qui ne la considère pas comme définitive, qui tient toute matière, au contraire, pour taillable à volonté. […] Chez l’animal, les mécanismes moteurs que le cerveau arrive à monter, ou, en d’autres termes, les habitudes que sa volonté contracte, n’ont d’autre objet et d’autre effet que d’accomplir les mouvements dessinés dans ces habitudes, emmagasinés dans ces mécanismes.
Il tient la volonté pour une illusion pure : « Tout acte, dit-il, n’est qu’une addition. […] La volonté est pour lui, comme pour M. […] Charles Richet, que « la volonté, ou l’attention qui est la forme la plus nette de la volonté, semble être la conscience de l’effort et la conscience de la direction des idées. […] Mon être ici-bas, pour toi du moins, ne dépend que de la libre volonté. […] Mais il attribua le prodige à ses dieux et il ne douta pas que le rosier n’eût fleuri par la volonté d’Éros.
Voilà comment, peu à peu, je suis venu à bout de cette œuvre de ténèbres, et bien m’en a pris d’avoir été fidèle à tout ce que j’aimais ; bien m’en a pris de n’avoir juré par aucun maître, et d’avoir obéi uniquement aux convictions de mon esprit, aux penchants de mon cœur, n’acceptant pas d’autre volonté et d’autre caprice que les volontés et les caprices d’une imagination qui avait pris les habitudes les plus calmes et les plus régulières. […] Au sens de ces hommes sérieux, les critiques de profession blessent le poète, ils impatientent le lecteur ; leur goût consiste absolument à n’avoir pas le goût de tout le monde ; ils imposent leur volonté à la foule obéissante, à regret obéissante ; ils brisent ce que le public adore, ils relèvent ce qu’il a brisé ; quand ils devraient donner la force et le courage aux artisans de la belle gloire, ils s’appliquent, au contraire, à leur montrer l’obstacle, à leur faire sonder l’abîme, à leur prouver qu’ils tentent l’impossible. […] Tartuffe au contraire, c’est la volonté d’un jeune homme, d’un roi vainqueur, et tout glorieux d’ajouter une part nouvelle au royaume de Henri le Grand et de Louis XIII, qui s’occupe à propager ce terrible chef-d’œuvre. […] « Voilà, Monseigneur, toute la faute que j’ai commise en tout cela, dont j’ai eu et j’ai encore un chagrin mortel ; et je voudrais pour toute chose au monde, ou que la lettre n’eût jamais été imprimée, ou que je n’eusse jamais écrit sur cette matière qui, contre ma volonté, cause le scandale qu’elle cause ! […] Nous sommes sous le règne, non plus des ministres, mais des avocats ; il n’est plus là le prince ennemi de la fraude, assez puissant, pour briser de sa volonté souveraine, le contrat inique qui donne les biens de M.
Amélia Sedley, sa favorite et l’un de ses chefs-d’œuvre, est une pauvre petite femme, pleurnicheuse, incapable de réflexion et de décision, aveugle, adoratrice exaltée d’un mari égoïste et grossier, toujours sacrifiée par sa volonté et par sa faute, dont l’amour se compose de sottise et de faiblesse, souvent injuste, habituée à voir faux, et plus digne de compassion que de respect. […] Il n’a plus ni volonté ni bon sens : c’est un homme dissous. […] Nos témérités modernes, nos images prodiguées, nos figures heurtées, notre usage de gesticuler, notre volonté de faire effet, toutes nos mauvaises habitudes littéraires ont disparu. […] Nous voyons un héros, mais original et nouveau, Anglais par sa volonté froide, moderne par la délicatesse et la sensibilité de son cœur.
Celui qui écrit sans avoir agi ou sans vouloir agir sur la destinée des autres, n’empreint jamais son style ni ses idées du caractère ni de la puissance de la volonté.