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568. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

La vieille loi romaine et chrétienne paraîtra un jour trop exclusive, trop étroite.

569. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

La Fontaine était un citoyen quand, après les ravages du Palatinat, il mettait dans la bouche du paysan du Danube ces vers énergiques : Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour.

570. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Les auteurs de sa naissance, catholiques romains, le laissèrent sans fortune, la leur ayant été presque épuisée par les doubles taxes, & par les autres loix penales que le roi Guillaume imposa à ceux de cette communion.

571. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Ce ridicule se trouve dans les histoires ancienne et romaine de Rollin.

572. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « Introduction »

Il est douteux que l’idéalisme puisse offrir à nouveau le spectacle d’une aussi prodigieuse victoire ; il n’a pas moins fallu que l’énorme excès des matérialités de l’époque romaine pour engendrer celle-ci.

573. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Un témoignage très authentique nous l’affirme, celui de Pausanias, l’exact voyageur sachant déjà étudier en antiquaire les monuments de sa glorieuse patrie, devenue romaine.

574. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Qu’est-il devenu ce conquérant sous la pourpre dont la voix faisait trembler le monde romain ? […] Plaute, en pareille aventure au moment du prologue, s’adresse uniquement au peuple romain ; il ne veut pas d’autre client, d’autre protecteur. […] par quel déplacement de mœurs et d’idées a-t-on pu afficher, sur les murailles de Paris, ce mot mal sonnant et pis que romain : l’Eunuque ? […] Tout ce personnage de l’affranchie amoureuse est ainsi conçu avec une grâce, une décence, une réserve inconnues aux Romains. […] La grande déclamation de Gnaton, le parasite, est un de ces morceaux à effet qui plaisaient aux oreilles romaines, presque autant qu’aux oreilles des Grecs.

575. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

L’église anglicane a surtout conservé pour les morts la plus grande partie des honneurs que leur rend l’église romaine. […] On sait que Pope était Catholique, que Dryden le fut par intervalles, et l’on croit que Shakspeare appartenoit aussi à l’église romaine. […] Le roi paraît au contraire avoir eu des idées assez étendues sur l’histoire moderne, et même sur celle des Grecs et des Romains. […] À la première apparition de cette race puissante, les Romains déclarèrent qu’elle était née pour la ruine des villes et la destruction du genre humain. […] La majesté des temples romains y forme un contraste singulier avec la délicatesse des monuments arabes, et l’architecture gothique avec la beauté simple des édifices modernes.

576. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Devenu l’un des domestiques, comme on disait, du cardinal de Bagni, adopté dans la famille, il se consacra tout entier à ses devoirs envers le noble patron, à l’agrément libéral et studieux de cette société romaine qui savait l’apprécier à sa valeur. […] S’il y avait erreur de sa part à cela, comme il est bienséant aujourd’hui de le reconnaître, ce n’était pas à la cour romaine qu’il pouvait s’en guérir ; ce n’était point en quittant la France sous Richelieu pour la retrouver bientôt sous Mazarin. […] Dans cette familiarité du cardinal de Bagni et des Barberins, il dut être de ceux qui trouvent, après tout, que c’eût été un bel idéal que d’être cardinal romain dans le vrai temps. […] Il revint d’Italie avec ce pli romain très-marqué.

577. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Elle était comme cet empereur romain qui voulait mourir debout, et dans l’exercice entier de sa majesté. […] Les jeunes gens se hâtaient pour en conserver la mémoire ; les vieillards venaient chercher à ses pieds quelques souvenirs de ces belles traditions par lesquelles mademoiselle Mars se rattachait à Préville, à Molé, à Fleury, à Saint-Prix, à la grande Contat, à la grande comédie ; les deux écoles dramatiques (mademoiselle Mars, pareille aux Sabines, a assisté à ce combat des Romains et des peuples sabins, combat dans lequel les Romains furent vaincus) appelaient à leur aide, chacune de son côté, cette force irrésistible… Soudain tout ce mouvement s’arrête, et tout ce bruit fait silence… Mademoiselle Mars n’est plus au théâtre, tout est dit. […] Un jour que Cicéron lui-même interrogeait Roscius, le Talma romain, le priant de lui dire, en deux mots, le secret de son art, et par quelle magie il arrivait à produire ces grands effets dramatiques ?

578. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Parmi les ruines de guerre, en dépit du fanatisme sanguinaire et de la tyrannie monstrueuse, en dépit de la noblesse oisive, des évêques et des intendants, en dépit de tous enfin, de leurs mains et de cerveau ils recréaient une France aux fortes assises, consciente d’elle-même, libérée du joug romain, autonome et puissante, une nation d’avant-garde, laborieuse et lumineuse. […] L’avenir de la France s’annonçait grandiose, quand, intervenant soudain, l’Église catholique, apostolique et romaine, inquiète du danger que courait sa fille chérie en laissant croître à son flanc l’ulcère de l’« hérésie », ne lui permit pas de s’orienter plus longtemps vers cet avenir libérateur, dont elle redoutait à juste titre l’amertume. […] pour mériter la haine, non seulement des protestants, mais de tous les hommes de bonne foi, à moins de se substituer en personne aux dragons, ou de chasser à coups de fouet, hors des frontières, tous ceux qui, comme lui, n’avaient pas le bonheur d’être catholiques, apostoliques et romains ? […] Depuis l’empire romain de la décadence, il n’avait été peut-être pas été donné au monde d’atteindre une telle profondeur d’inconscience dans le crime.

579. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

On a quelque peine à se faire au style de Bernis dans cette correspondance toute politique ; plus tard, en écrivant de Rome, il aura bien des familiarités encore ; mais la politesse du langage sera continuelle chez lui, et la décence de la pourpre romaine s’étendra graduellement sur les sujets qu’il aura à traiter. […] Un dictateur est nécessaire quand la république est en danger. » Et plus loin, tournant toujours dans le même cercle, il redit la même chose, un peu moins à la romaine : « Il faudrait un débrouilleur général.

580. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Mme Dacier était disposée la première à embrasser la religion catholique romaine ; M.  […] [NdA] La vraie définition du livre de Florus me paraît être : « une Biographie laudative, brillante et sommaire, du Peuple romain ».

581. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

L’un avait pour admirateurs et pour disciples des hommes savants de la province, de forte étude et de doctrine, des demeurants du xvie  siècle, gardant un reste de la toge romaine, et qui prenaient au sérieux son élévation de ton et sa magniloquence empruntée ; l’autre avait pour adorateurs et défenseurs passionnés des gens du monde, des femmes, des militaires, des petits-maîtres ou qui voulaient s’en donner l’air. […] Parlant de cette patrie excellente de Voiture : « Il n’est rien, disait-il, qui sente mieux le sel attique ou l’urbanité romaine. » Girac allait plus loin, il voyait dans quelques-unes des lettres de Voiture un caractère moral assez marqué pour qu’on pût se représenter une image de l’âme de l’auteur, de ses mœurs, de son esprit plaisant et doux, de son agréable liberté de parole ; il citait comme exemple quelques-unes des lettres adressées à M. d’Avaux, et celle entre autres où il parlait de la duchesse de Longueville faisant diversion et lumière au milieu des graves envoyés germaniques au congrès de Munster.

582. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Sa vie déborde, elle se compare à un lion en cage : elle devait naître femme spartiate ou romaine, ou du moins homme français ; osons citer son vœu réalisé depuis par des héroïnes célèbres : « Viens donc à Paris, écrit-elle à la douce et pieuse Sophie ; rien ne vaut ce séjour où les sciences, les arts, les grands hommes, les ressources de toute espèce pour l’esprit, se réunissent à l’envi. […] Dans ces visites d’importance, on cause de tout : l’abbé Raynal, Rousseau, Voltaire, la Suisse, le gouvernement, les Grecs et les Romains, on effleure tour à tour ces graves sujets.

583. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Mais le pusillanime empereur romain qui se cachait dans les latrines de son palais au moment de sa mort avait toujours été le même, et le Breton Caractacus fut aussi noble dans la capitale du monde que dans ses forêts. […] Il veillera au bord du lit de l’ambitieuse Romaine, maintenant retirée dans une chambre obscure, à peine éclairée d’une petite lampe.

584. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Qu’un tel régime de littérature spartiate ou romaine, comme le pourrait régler un Caton l’Ancien, soit souhaitable ou regrettable, je n’examine pas cette question, qui n’est autre que l’éternelle querelle entre les vieilles mœurs et le génie des arts ou de la pensée ; mais est-ce possible dans l’état actuel et prochain de la société, et sur les pentes nouvelles où se précipite le monde ? […] En tout M. de Bonald, par la forme et la direction de son esprit, est hébraïque, romain, patricien à l’antique, et l’ennemi des Grecs.

585. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

On le chercherait vainement dans les sujets romains traités par l’auteur ; il l’a rencontré dans les derniers actes de ses Vénitiens. Les premières tragédies d’Arnault, Marius, Lucrèce, Cincinnatus, sont bien les contemporaines de la réforme que David avait introduite dans le style romain, et que Talma, de son côté, transportait au théâtre ; ce genre aujourd’hui nous paraît nu, roide et abstrait ; n’oublions pas qu’il a été relativement simple, et qu’il ne nous arrive, à la lecture, que dépouillé de tout ce qui le personnifiait à la scène et qui l’animait.

586. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Par contre du journaliste retrouvé dans le grand historien romain, Napoléon aurait-il trouvé, dans le journaliste français, le grand historien que Burke y a vu le premier ? […] Partout ailleurs, il est éclatant, débordant, imagé, asiatique, comme disaient les Latins pour marquer la magnificence de ces espèces de génies ; mais, en histoire, l’asiatique redevenait romain.

587. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

De ce que, justes envers le passé, quand ils n’en sont pas enthousiastes, mais l’étudiant avec trop de persévérance et d’efforts pour ne pas finir par l’aimer, — car il est de la nature de l’homme de mettre son amour où il a mis sa peine, — des écrivains se prennent d’une haute bienveillance ou d’un sentiment plus respectueux encore pour quelques grands caractères de l’Église romaine, est-ce une raison suffisante pour déclarer que les écrivains en question ne trouvent d’absolument vrai que les idées au nom desquelles ces grands caractères ont agi ? […] Il était de grande race, de l’illustre famille romaine des Conti ; parmi ses plus proches parents il comptait trois cardinaux, et son oncle maternel fut Pape.

588. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Ces passions violentes et fatales, même dans leur générosité ; ces utopies politiques et sociales, filles du xviiie  siècle, et qui étaient devenues le rêve des plus chauds et des plus nobles cœurs ; ce prestige républicain, attaché à certaines maximes, à certaines formes de gouvernement ; cette éducation de collège et de livres, toute romaine : et Spartiate, sans l’intelligence de ce qui diffère dans les temps modernes ; enfin la guerre au dehors qui excitait et commandait l’énergie en toutes choses : voilà les causes réelles qui renversèrent la Constitution de 91 : et qui eussent renversé toute autre eu sa place ; voilà, en y ajoutant les faits et les mille incidents qui survinrent, ce qui amena le 10 août, la Convention » et la Montagne.

589. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

Dans les comédies anglaises, on trouve rarement des caractères vraiment anglais : la dignité d’un peuple libre s’oppose peut-être chez les Anglais, comme chez les Romains, à ce qu’ils laissent représenter leurs propres mœurs sur le théâtre.

590. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

M. l’abbé Delille fut éminemment romain ; tique pour le siècle de Louis XV.

591. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

La conclusion du signor Zambaldi est que chacun doit s’attacher uniquement à bien écrire en sa propre langue, sans prétendre enrichir de ses ouvrages celle des Romains, quelque diction qu’on imite, Cicéronienne ou anti-Cicéronienne : en user autrement, c’est apporter du métal vil dans une mine d’or.

592. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Les Grecs & les Romains, qui ont été nos maîtres presque en tout, en poësie aussi-bien qu’en histoire, sont cause que nous avons été longtemps égarés dans ce genre d’éloquence.

593. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

Bossuet n’a-t-il pas été jusqu’à vouloir réunir l’Église protestante à l’Église romaine ?

594. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

L’Esprit des Lois et les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains, et de leur décadence, vivront aussi longtemps que la langue dans laquelle ils sont écrits.

595. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

L’un et l’autre ne sont plus capables d’avoir dans le danger cette liberté d’esprit et d’imagination que les romains mêmes loüoient dans Annibal.

596. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

On pourroit objecter encore que les grecs et les romains rendirent souvent dans leurs théatres des sentences injustes et qu’ils infirmerent dans la suite.

597. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

À dater de ce moment, la Béatification de Christophe Colomb fut résolue… Pour s’être rencontré avec l’intuition latente au cœur mystique de Pie IX, le comte Roselly de Lorgues fut solennellement désigné pour être, en style de chancellerie romaine, « le postulateur de la cause auprès de la Sacrée Congrégation des Rites ».

598. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Ces deux hommes universels, Cicéron et Voltaire, ont d’autant plus de rapports entre eux que l’un et l’autre ont été plus que des poëtes, des écrivains, des orateurs ; ils ont été des hommes dans toute l’acception du mot, c’est-à-dire qu’ils ont agi en même temps qu’ils ont écrit ou parlé, et qu’ils ont participé, dans une proportion immense, l’un au grand mouvement des choses romaines par l’éloquence, l’autre au grand mouvement de l’esprit humain par la littérature et par la philosophie actives du monde moderne. Quoique leurs talents, aussi supérieurs chez l’orateur romain que chez le poëte et le prosateur français, fussent d’un ordre très-différent, ils se ressemblent plus qu’on ne pense par ces trois caractères de leur génie : la justesse, l’universalité et l’action. […] Il sentit à cet aspect qu’on pouvait donner à la scène française moins de convention, de déclamation, et plus de vérité en se rapprochant du modèle anglais ; il ébaucha sur ce type moitié anglais, moitié romain, ses deux tragédies politiques de Brutus et de la Mort de César.

599. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Jansénius tira de saint Augustin une doctrine rigoureuse, assez approchante du calvinisme : tandis que l’orthodoxie romaine admettait une coopération mystérieuse de la liberté humaine à la grâce divine dans l’œuvre du salut332, Jansénius333 supprimait le libre arbitre pour donner tout à la grâce, et enseignait la prédestination, qui sépare les élus et les damnés de toute éternité par un décret absolu et irrévocable de Dieu. […] Les jansénistes avaient d’ardents ennemis, surtout les jésuites, qui se voyaient disputer par eux la direction des âmes et l’éducation des enfants, et qui, défenseurs des prétentions romaines, les regardaient comme le parti avancé du gallicanisme. […] Sans insister plus qu’il ne convient, on ne peut cependant omettre de dire qu’il y avait dans les gros recueils des casuistes une floraison d’imagination subtile et romanesque, fort analogue à celle qui se révèle dans la composition des thèmes oratoires sur lesquels s’exerçaient les rhéteurs de l’empire romain, et que, tout en condamnant la bizarrerie immorale de ces jeux d’esprit, il ne faut pas pourtant en exagérer la conséquence.

600. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

L’orgueil romain fut collectif ; l’orgueil anglais, l’orgueil allemand sont collectifs. […] On peut être fier d’être chrétien, comme on est fier d’être romain, ou comme on est fier d’être anglais ou allemand. […] Elle ne dépendait pas du tout de la question romaine et ne s’y rattachait point. […] C’est le procédé du Sénat romain. […] Ceux qui prétendent à la fois être français et romains, leur prétention à l’égard du titre de citoyen français est monstrueuse.

601. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

La foule qui se presse dans nos théâtres, qui court aux scènes sanglantes de nos boulevards, comme le peuple romain courait aux combats de gladiateurs, sait à peine que M.  […] La folie des vœux humains et le libertinage des femmes romaines ont été pour lui l’occasion de triomphes éclatants. […] Dans le cimetière de Pise comme dans la campagne romaine, sous le ciel napolitain comme dans les lagunes de Venise, le poète n’a qu’une seule et même pensée : le contraste d’hier et d’aujourd’hui, de la grandeur et de l’abaissement. […] Les Études historiques se divisent en trois parties bien distinctes : les discours sur la chute de l’empire romain, l’analyse de l’histoire de France et enfin la préface. […] Que le poète anglais s’adresse à l’histoire de son pays ou à l’histoire romaine ; qu’il peigne Henri VIII ou Coriolan, Richard III ou .Iules César, il se montre constamment un et varié.

602. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il nomma le petit nouveau-né André-Régulus : « le premier nom pour ses parents, dit-il, et le second pour la République, ne connaissant pas dans l’histoire un patriote plus grand et plus fait pour servir de modèle que ce citoyen romain ». On voit à quel point il entrait aisément dans les idées du temps et ne trouvait rien de ridicule à ces réminiscences romaines.

603. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Examinant la nature des différents gouvernements et le dédain que professent les républicains pour celui d’Angleterre, le président de Longueil remarque que le gouvernement romain et celui des Anglais sont les seuls qui aient dû leurs succès et leur grandeur à leur constitution, tandis que les autres ont dû leur plus grande prospérité à ceux qui en ont tenu les rênes : Mais l’art d’attacher les hommes au régime qui les gouverne, et de le renforcer par leurs efforts, quoique souvent en sens contraire en apparence, n’a été le partage que de ces deux peuples. […] Toutes les idées politiques répandues et dans L’Esprit des lois, et dans l’ouvrage si bien fait, si sagement ordonné, sur la grandeur et la décadence des Romains, sont contenues en germe dans les Lettres Persanes, et le sujet y permet certaines idées qui déparent la dignité d’un ouvrage aussi grave que L’Esprit des lois.

604. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Autrefois, du temps de l’Empire romain, il y avait des rhéteurs ou sophistes qui couraient les provinces et les villes, et dont quelques-uns, par leurs tours de force et leur dextérité de parole, obtenaient de prodigieux succès. […] Sans doute, à ce métier de prêcheur un peu nomade, il faut quelque condescendance parfois, quelque concession au goût du jour et à Celui des lieux où l’on passe ; mais ce n’est point pourtant le cas des sophistes de l’Empire romain qui, eux, traitaient de purs thèmes de rhétorique et faisaient des déclamations, soutenant au besoin le pour et le contre, prêts à plaider, par exemple, devant les Troyens, et pour leur complaire, que l’antique Ilion n’avait jamais été prise par les Grecs, sauf à plaider la thèse contraire devant les Argiens.

605. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Faisons toutefois abstraction pour un instant de la multiplicité des sectes, et mettons en un bloc tous les chrétiens qui se sont détachés de l’obédience romaine depuis le xvie  siècle. […] Et qu’on ne cite pas Jean-Jacques comme une exception ; Jean-Jacques, il faut toujours s’en souvenir, est un protestant qui a été catholique ; un genevois qui, dans la mystique Savoie, à l’âge où l’âme garde, comme une cire molle, toutes les impressions, a pris part aux solennités de l’Eglise romaine ; il a suivi le lent déroulement des processions sous les arceaux des cathédrales ; il a respiré la fumée enivrante de l’encens ; il a rempli ses yeux d’un spectacle doux à la vue et son cœur d’une doctrine plus tendre que forte, plus féminine que virile.

606. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Ne croirait-on pas vraiment entendre, non la femme d’un bourgeois de Francfort, mais l’épouse d’un sénateur romain, une impératrice romaine ou Cornélie ?

607. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

L’ayant commencée vers l’âge de soixante-sept ans, il en avait soixante-seize quand il la termina, et il passa incontinent à son Histoire romaine, dont il eut le temps encore d’écrire huit volumes, avant de mourir dans sa quatre-vingt et unième année (septembre 1741). […] Je goûte aussi la solitude, La paix du cœur, la douce étude, Les vieux auteurs grecs et romains… C’est ainsi que Fontanes, grand maître de l’Université à son tour, célébrait le souvenir de son humble prédécesseur, en se promenant du côté du château de Colombes d’où Rollin aurait aimé à dater son Histoire.

608. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

— On s’occupe du droit romain dans toutes ses branches, droit qui n’a presque aucun rapport avec le nôtre ; en sorte que celui qui vient d’être décoré du bonnet de docteur en droit est aussi empêché, si quelqu’un lui corrompt sa fille, lui enlève sa femme ou lui conteste son champ, que le dernier des citoyens. […] C’est la jurisprudence romaine qu’on professe dans nos écoles de droit.

609. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Au contraire l’habillement des orientaux, des asiatiques, des grecs, des romains dévelope le talent du peintre habile et augmente celui du peintre médiocre. à la place de cette figure de tartare qui est à la droite dans le tableau de la bonne aventure, et qui est si richement, si noblement vêtue, imaginez un de nos cent-suisses, et vous sentirez tout le plat, tout le ridicule de ce dernier personnage. […] Mettez à César, Alexandre, Caton, notre chapeau et notre perruque, et vous vous tiendrez les côtes de rire ; si vous donnez au contraire l’habit grec ou romain à Louis XV, vous ne rirez pas.

610. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Bergson par la bureaucratie romaine. […] Tout est domination dans le système romain. […] Et tout est conquête dans le système romain. […] L’un est chrétien et l’autre est romain. […] Le saint empire romain germanique.

611. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

. — Il a maintenu, en présence du religieux catholique, l’autorité supérieure et souveraine de l’Évangile ; et comme s’il estimait, par là, avoir suffisamment assuré son drapeau, il a cru pouvoir aller plus loin que le récipiendaire qui s’était borné à faire allusion, en passant, à la question romaine. — Ici je demande la permission de ne pas insister.

612. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

Son poëme se divise en quatre masses principales ou chants : 1° le Campo Santo à Pise ; c’est le vieil art toscan catholique au Moyen-Age que l’auteur y ranime dans la personne et dans l’œuvre du peintre Orcagna, contemporain de Dante ; 2° le Campo Vaccino, ou le Forum romain ; solitude, dévastation, mort ; la majesté écrasante des ruines encadrant la misère et l’ignominie d’aujourd’hui ; 3° Chiaia, la plage de Naples où pêchait Masaniello : c’est un mâle dialogue entre un pêcheur sans nom, qui sera Masaniello si l’on veut, et Salvator Rosa ; les espérances de liberté n’ont jamais parlé un plus poétique langage ; 4° Bianca, ou Venise, c’est-à-dire cette divine volupté italienne que l’étranger du nord achète et profane comme une esclave. — Telle est la distribution générale du poëme, à laquelle il faut joindre, pour en avoir l’idée complète, un prologue et un épilogue, puis, dans l’intervalle de chaque chant, un triple sonnet sur les grands statuaires, peintres et compositeurs, Michel-Ange, Raphaël, Cimarosa, etc. ; l’ordonnance en un mot ne ressemble pas mal à un palais composé de quatre masses ou carrés (les quatre chants), avec un moindre pavillon à l’extrémité de chaque aile (prologue et épilogue), et avec trois statues (les sonnets) dans chaque intervalle des carrés, en tout neuf statues.

613. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Le Contr’un, s’il n’est pas une traduction, est un écho : on y voit la passion antique de la liberté, l’esprit des démocraties grecques et de la république romaine, des tyrannicides et des rhéteurs, se mêler confusément dans une âme de jeune humaniste, la gonfler, et déborder en une âpre déclamation.

614. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

Ô mes frères en prostitution, saluons nos trois héros : Saint Paul qui adresse aux Romains et aux Corinthiens de sublimes épîtres, mais qui se refuse aux simonies, qui ne vit ni de l’autel ni de la parole, qui, pour avoir à manger, tisse des tentes ; — saint Spinoza qui compose la plus logique ou creuse la plus profonde des philosophies, mais qui, ayant besoin chaque jour de quelques grains de gruau pour soutenir son corps ascétique, ne veut pas les obtenir comme professeur, méprise les chaires offertes et polit des verres de lunette ; — saint Tolstoï, le plus noble génie de notre temps, qui donne ses livres libérateurs et ne se reconnaît le droit de dîner que lorsqu’il a raccommodé une paire de souliers.

615. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

Impuissants à faire revivre en eux l’âme antique, les hommes de la Révolution en ont été réduits à imiter les Romains et les Grecs par les côtés extérieurs.

616. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Il faut avouer qu’outre l’agrément de voir les sept ou huit caractères romains qui forment ce qu’on appelle son nom, ressortir en belles lettres noires sur de beau papier blanc, il y a bien un certain charme à le faire briller isolément sur le dos de la couverture imprimée, comme si l’ouvrage qu’il revêt, loin d’être le seul monument du génie de l’auteur, n’était que l’une des colonnes du temple imposant où doit s’élever un jour son immortalité, qu’un mince échantillon de son talent caché et de sa gloire inédite.

617. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Lorsqu’il se convertit à l’église Romaine, il prit la tonsure & porta le petit collet à Toulouse, où il étudioit alors en philosophie chez les jésuites.

618. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Si peu d’hommes savent tirer parti de leurs talents, soit pour conserver leur bien, soit pour l’accroître, la misère est une si puissante ennemie de la probité, le renversement des fortunes est si fréquent et a de si funestes effets sur l’éducation des enfants, que j’ajouterais ici les éléments de la science économique, ou de l’art de conduire sa maison ; art dont les Grecs et les Romains faisaient si grand cas.

619. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

Du temps des romains, ceux qui avoient fait naufrage portoient en demandant l’aumône un tableau, dans lequel leur infortune étoit représentée, comme un objet plus capable d’émouvoir la compassion et d’exciter à la charité, que les rélations qu’ils pouvoient faire de leurs malheurs.

620. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Fille de la société romaine, la plus grande unité politique que le monde ait vue, la France aspire à l’unité comme sa mère, et le mouvement qui la porte depuis Charlemagne est un mouvement ascensionnel vers la centralisation.

621. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

pour peu que, libre de ces préoccupations de parti qui bandent les yeux aux intelligences avant de les tuer, comme on fait aux hommes qu’on fusille, on ouvre l’Histoire d’une main impartiale, on ne trouve nulle part, depuis que le monde romain a sombré, de chose humaine qui ait plus que l’Empire de Napoléon ce caractère grandiose, monumental et merveilleux, qui fait penser à l’Épopée.

622. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Je répugne au catholicisme romain, à cause de son administration formidable et parce qu’il ne laisse pas assez de jeu à la libre interprétation de l’Univers par chaque individu.

623. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Au siècle de César et d’Auguste, plusieurs Romains célèbres ne goûtaient point du tout les ouvrages d’Isocrate, et sûrement Brutus était de ce nombre ; au siècle de Trajan, Plutarque le peignait comme un orateur faible et un citoyen inutile, qui passait sa vie à arranger des mots et compasser froidement des périodes ; au siècle de Louis XIV, Fénelon le traitait encore plus mal ; Isocrate, selon lui, n’est qu’un déclamateur oisif qui se tourmente pour des sons, avide de petites grâces et de faux ornements, plein de mollesse dans son style, sans philosophie et sans force dans ses idées.

624. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

Les empereurs n’avaient point perdu de vue ce fantôme d’empire romain, que de temps en temps ils voulaient faire revivre.

625. (1932) Le clavecin de Diderot

L’humain, de son angle culturel, l’humanisme, de son angle christiano-philanthropique, l’humanité 1 synonyme sécularisé de la dernière des trois vertus théologales, la charité (laquelle, d’ailleurs, mériterait bien de passer avant la foi et l’espérance, eu égard au nombre de services qu’elle n’a cessé de rendre au capitalisme catholique, apostolique et romain), voilà tout ce qu’on nous offre, bien que nul n’ignore quels intérêts s’abritent à l’ombre de ces frondaisons-prétextes. […] Le pain et les jeux, on connaît le programme du grossier et sinistre empire romain au temps de sa décadence. […] peut-être même ce maréchal qui a si bien mérité sa gloire romaine, ont joué, jouent ou joueront à Je t’encule et tu me suces. […] Les noirs sont aux blancs des moyens, des occasions de se divertir, comme leurs esclaves, aux riches Romains du bas empire. […] La Judée de Jésus, la conquête romaine, l’avait, il est vrai, quelque peu désorientalisée.

626. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Les belles statues de nos musées sont ordinairement de l’époque romaine ou datent tout au plus des successeurs d’Alexandre. […] Elles sont des filles émancipées, semblables au jeune Athénien qui, devenu homme, ne relève de personne et entre en pleine possession de lui-même, tandis que les colonies romaines ne sont que des postes militaires, pareilles au jeune Romain qui, marié, magistrat, consul même, sent toujours sur son épaule la dure main du père et l’autorité despotique dont rien, sauf une triple vente, ne peut l’affranchir. […] Partout ailleurs, la civilisation a rompu l’équilibre naturel des facultés ; elle a opprimé les unes pour exagérer les autres ; elle a sacrifié la vie présente à la vie future, l’homme à la divinité, l’individu à l’Etat ; elle a fait le fakir indien, le fonctionnaire égyptien ou chinois, le légiste et le garnisaire romains, le moine du moyen âge, le sujet, l’administré, le bourgeois des temps modernes. […] Jusqu’à la venue des Romains, il n’y en a pas eu de meilleure ; pour la former et former le parfait soldat, deux conditions sont requises et ces deux conditions sont données par l’éducation commune, sans instruction spéciale, sans école de peloton, sans discipline ni exercices de caserne. […] Les comédies de Ménandre que nous connaissons par celles de Térence sont faites pour ainsi dire avec rien ; il fallait en amalgamer deux pour faire une pièce romaine ; la plus chargée ne contient guère plus de matière qu’une seule scène de nos comédies.

627. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Son patriciat gardien des « vérités conservatrices et de la religion, — auspicia sunt patrum, — » est une idée toute romaine ; cette papauté, magistrature des rois et des peuples, c’est un César spirituel. […] Les Grecs ont dû avoir une littérature moins élevée que les Romains ; les Espagnols ont dû avoir une littérature plus remarquable que celle des Italiens. — C’était pour eux une obligation morale ? […] Mais de là à une loi historique, comme il y a loin, et comme je vois peu Sénèque résumant en lui le monde romain du Ier siècle ! […] Sa préférence pour les Romains comparés aux Grecs tient à cela, et non pas seulement à son système. […] Et, chez nous, Corneille remue la foule avec ses Romains autant que Shakespeare en Angleterre avec ses Anglais, ni plus ni moins.

628. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Une nation entière, Angles et Saxons, a détruit, chassé ou asservi les anciens habitants, effacé la culture romaine, s’est établie seule et pure, et n’a trouvé parmi les derniers ravageurs danois qu’une recrue nouvelle et du même sang. […] En six siècles, ils ont fait à peine un pas hors des mœurs et des sentiments de leur inculte Germanie ; le christianisme qui a trouvé prise sur eux par la grandeur de ses tragédies bibliques et la tristesse anxieuse de ses aspirations, ne leur apporte point la civilisation latine ; elle demeure à la porte, à peine accueillie par quelques grands hommes, déformée, si elle entre, par la disproportion du génie romain et du génie saxon, toujours altérée et réduite, si bien que pour les hommes du continent, les hommes de l’île ne sont que des lourdauds illettrés, ivrognes et gloutons, en tout cas sauvages et lents par tempérament et par nature, rebelles à la culture et tardifs dans leur développement. […] Quand les gens du Sud, les Romains, sont arrivés là pour la première fois, ils ont dû se croire en enfer.

629. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Aussi les Pères de la foi flattaient-ils l’empereur, et l’empereur favorisait-il les Pères de la foi ; le cardinal Fesch, oncle de Bonaparte et archevêque de Lyon, était l’intermédiaire de cette faveur mutuelle ; mais ce cardinal, homme de peu d’esprit et de beaucoup d’obstination, voyait dans les Pères de la foi des missionnaires du pape prêts à reconstituer la catholicité romaine avec son indépendance et sa suprématie. Bonaparte admettait bien le principe de la suprématie romaine, mais à condition que la suprématie impériale prévaudrait sur tout, et que la véritable église, absolue et universelle, ce serait lui et son empire. […] On y voit des champs labourés et des prairies terminées d’un côté par les remparts antiques que les Romains élevèrent pour lui servir d’enceinte, et de l’autre par les murailles de quelques jardins.

630. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Lorsque Romaine, amenée à l’hôpital, reconnaît dans Barnier son ancien amant, est opérée par lui d’un cancer au sein et meurt désespérée et blasphémante, ce qui se passe chez la sœur Philomène, ce qui s’éveille et se glisse d’inconsciente jalousie de femme sous ses scrupules et ses effrois de sainte, tout cela est profondément observé et nuancé à ravir  Anatole (dans Manette Salomon) n’est pas seulement supérieur aux bohèmes de Mürger par la variété et la vérité souvent douloureuse de ses aventures : la nature complexe de cet étourdissant et très sympathique raté est merveilleusement démêlée. […] Voyez dans Sœur Philomène, l’agonie de Romaine, à qui l’on vient de couper le sein, le délire impie de la mourante, entrecoupé, dans la grande salle d’hôpital où souffrent tant de malheureuses, par la voix de la sœur récitant la prière du soir : « Hélas ! […] MM. de Goncourt écriront donc : « Elle se mit à regarder, dans l’obscurité pieuse, des agenouillements de femmes, leur châle sur la tête…, des vautrements de paysans enfonçant de leurs coudes la paille des chaises…, un prosternement général…, des prières de jupes de soie et de jupes d’indienne côte à côte couchant presque leurs génuflexions par terre…40 » — Ils écriront, toujours dans le même système : « Cette sculpture des poses, des lassitudes, des absorptions… Le tableau la frappa surtout des confessions élancées de femmes qui, debout…41 » — «… Des adorations d’hommes et de femmes à quatre pattes…42 » — « Et je ne voyais qu’une sauvage et toute brute idolâtrie, un peu de la ruée de l’Inde sous une idole de Jaggernat43. » — « Un mur de colère, gâché de couleurs redoutables, plaquait au fond l’avalanche et le précipitement des damnés…44 » — « Sur l’escalier se faisait l’ascension lente et balancée, la montée sculpturale des Romaines…45 » — « Leurs femmes étaient là… immobilisées… dans un arrêt qui hanchait 46. » Notons, pour finir, l’emploi presque continuel, dans le récit, de l’imparfait au lieu du passé défini, l’imparfait ayant quelque chose d’indéterminé et prolongeant l’action pour nous permettre de la mieux voir et de la suivre.

631. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Il y a des digressions sur les Poëtes Hébreux, Grecs, Romains, sur les Bardes, sur les Druides ; digressions très-inutiles & assez insipides. […] Son caractère étoit d’une trempe romaine ; c’étoit Brutus ressuscité pour réveiller dans le cœur des François l’amour de la liberté & de la patrie. […] Les ames romaines préférent le sublime Corneille à tous les tragiques, les cœurs sensibles le tendre Racine ; les esprits mélancoliques le sombre Crebillon.

632. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

L’inutile exagération des derniers jours de la période romaine a envahi les esprits les meilleurs. […] Quoi, nous sommes ce peuple qui, à la fin du dernier siècle, — hier, au moment où nos pères venaient de naître, — illumine le monde entier par les éclats merveilleux de la plus sublime révolution qui se soit jamais accomplie ; nous sommes ce peuple qui, traversant l’Europe au bruit du canon, va porter à toutes les nations les germes d’une liberté encore endormie peut-être, mais que j’entends sourdre sous la terre ; nous sommes ce peuple qui se débat glorieusement à travers les neiges meurtrières et qui force, par sa défaite même, toutes les races à venir s’asseoir chez lui au grand banquet de la civilisation ; nous sommes ce peuple qui souffre d’une gestation d’avenir ; nous sommes ce peuple qui a eu tant de gloires magnifiques, tant de poignantes humiliations, et il faut donner des récompenses nationales à ceux qui chantent en français de cuisine les Grecs et les Romains ! […] La vie est impitoyable, elle marche, elle marche toujours ; comme le Juif errant, elle est condamnée à ne s’arrêter jamais ; aujourd’hui ici, demain là, elle ne reparaît jamais aux mêmes lieux sous la même forme ; elle va, toujours s’élargissant, se modifiant, s’agrandissant ; à chaque étape elle change de costume ; aujourd’hui c’est la ceinture de palmier des Égyptiens, demain c’est la robe des Persans, après-demain c’est la chlamyde grecque, c’est la toge romaine, c’est le sayon des barbares, c’est la gône de Charlemagne, c’est le vêtement de fer du moyen âge, c’est l’habit à la française, c’est le frac noir.

633. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Les Grecs, les Romains, ces créateurs de deux civilisations et, à eux deux, de toute civilisation connue, les Grecs, les Romains sont à la fois absolument aristocrates et absolument immoralistes. […] Les Grecs et les Romains sont absolument aristocrates. […] Voilà toute la morale des Grecs et des Romains, et c’est-à-dire que les Grecs et les Romains n’ont point de morale. […] Les Grecs et les Romains sont donc de purs aristocrates et de purs immoralistes. […] Toute l’Église romaine repose sur une défiance méridionale de la nature humaine, une défiance toujours mal comprise dans le Nord.

634. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

En même temps il se pénètre des poëtes romains ; il les sait par cœur, même les plus affectés, même Claudien et Prudence ; tout à l’heure en Italie les citations vont pleuvoir de sa plume ; de haut en bas, dans tous les coins et sur toutes les faces, sa mémoire est tapissée de vers latins. […] Ce penchant trop longtemps gardé est un signe de petit esprit, je l’avoue ; on ne doit pas passer tant de temps à inventer des centons ; Addison eût mieux fait d’élargir sa connaissance, d’étudier les prosateurs romains, les lettres grecques, l’antiquité chrétienne, l’Italie moderne, qu’il ne sait guère. […] Et à ce sujet il écrivit un fort agréable dialogue, choisissant pour personnages des gens bien élevés, « versés dans les parties les plus polies du savoir, et qui avaient voyagé dans les contrées les plus civilisées de l’Europe. » Il mit la scène « sur les bords de la Tamise, parmi les fraîches brises qui s’élèvent de la rivière et l’aimable mélange d’ombrages et de sources dont tout le pays abonde898 » ; puis, avec une gaieté tempérée et douce, il s’y moqua des pédants, qui consument leur vie à disserter sur la toge ou la chaussure romaine, mais indiqua en homme de goût et d’esprit les services que les médailles peuvent rendre à l’histoire et aux beaux-arts. […] Des deux tragédies qu’il fit ou médita, l’une était sur la mort de Caton, le plus vertueux des Romains ; l’autre sur celle de Socrate, le plus vertueux des Grecs : encore, à la fin de la première, il eut un scrupule, et de peur d’excuser le suicide, il donna à Caton un remords.

635. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Où donc le vieux saint Paul, haranguant les Romains, Suspendant tout un peuple à ses haillons divins ? […] En lisant ou écoutant, vous êtes-vous aperçu que Romains rime avec divins, Madeleine avec humaine, rajeunie avec vie ? […] oui, c’est cela, les Romaines auront épuisé ton cœur ! […] Nos yeux ont la couleur et l’éclat du ciel ; Nos cheveux sont si beaux que tes Romaines nous les empruntent pour en ombrager leurs têtes.

636. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

) Il est vraissemblable que les Romains donnerent le même nom à leurs poëmes ; parce que les premiers qu’ils connurent étoient satyriques & picquans comme les dents du peigne à carder, & avoient une destination analogue, celle de corriger. […] G dans les inscriptions romaines avoit diverses significations. […] Les Romains qui furent laboureurs dès qu’ils furent en société politique, regarderent la terre & ses parties comme autant de meres qui nourrissoient les hommes. […] Par rapport aux mots considéres dans la phrase, la Logographie doit en général fixer le choix des lettres capitales ou courantes ; indiquer les occasions où il convient de varier la forme du caractere & d’employer l’italique ou le romain, & prescrire les lois usuelles sur la maniere de représenter les formes accidentelles des mots, relatives à l’ensemble de la proposition. […] Mais les Romains ont tellement affecté le discours figuré, qu’ils ne parlent presque jamais autrement ».

637. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Turquety s’est voulu ranger au dogme et à la stricte tradition catholique romaine.

638. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

On pourrait observer à La Fontaine que notre maître n’est pas toujours notre ennemi, qu’il ne l’est pas lorsqu’il veut nous faire du bien et qu’il nous en fait ; que Titus, Trajan furent les amis des Romains et non pas leurs ennemis ; que l’ennemi de la France était Louis XI, et non pas Henri IV.

639. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

On la voit de face, la tête coeffée à la romaine, le regard assuré, le bras droit retourné et le dos de la main appuyé sur la hanche ; l’autre bras posé sur la selle à modeler, l’ébauchoir à la main.

640. (1762) Réflexions sur l’ode

Qui nous répondra que tel vers qui nous enchante, ou tel autre qui nous laisse froids, ne fit pas sur les Romains un effet tout contraire ?

641. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Nous avons des hymnes des Romains, ou du moins quelques morceaux dans leurs poètes, qui nous en donnent une idée3 ; mais nous n’avons rien de ce genre qui nous peigne la divinité d’une manière éloquente et forte.

642. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

Des Romains, dans ce panégyrique, ont l’air d’esclaves à peine échappés de leurs fers, qui s’étonnent eux-mêmes de leur liberté, qui tiennent compte à leur maître de ce qu’il veut bien ne les pas écraser, et daigne les compter au rang des hommes ; mais c’est bien plus la faute du temps que de l’orateur.

643. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il va recommencer Annibal, attaquer les Romains en Italie en remontant le Danube et en descendant en Italie par le nord. […] Il attendait le dernier soupir, lorsqu’il a vu fuir les Romains. Xipharès avec les soldats restés fidèles a culbuté Pharnace et les Romains. […] Il semble parfois que Mithridate parle des Romains parce qu’il convient que Mithridate en parle ; mais qu’il a hâte de parler d’autre chose. […] Les Romains sont là, Pharnace trahit, Mithridate se débat.

644. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Jamais triomphateur romain ne fut plus fier que moi. […] Puis c’étaient des croix simples, des croix recroisetées comme celles du blason, des étoiles, des soleils, des chiffres arabes ou romains, des lettres grecques ou françaises, tous les signes imaginables de renvoi qui venaient se mêler aux rayures. […] Balzac ne doit rien à l’antiquité  pour lui il n’y a ni Grecs ni Romains, et il n’a pas besoin de crier qu’on l’en délivre. […] A côté de son talent, moins éclairé que l’autre, nous avons essayé de le faire ressortir en quelques lignes, qu’on nous permettra de citer : « Melænis est un poëme romain où se révèle, dès les premiers vers, une familiarité intime avec la vie latine. […] Les grandes migrations parties des hauts plateaux de l’Inde, les débordements des races polaires, les invasions romaines èt arabes ont toutes laissé leurs traces.

645. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Et il oubliait qu’il écrivait ces appels à la persécution dans le sein d’un empire et d’un culte grecs, où le prélat et le souverain auraient eu, d’après ses propres invocations à la tyrannie des esprits et des consciences, le devoir de le supplicier lui-même comme voleur domestique, car il ne cessait pas de prêcher à haute voix l’orthodoxie romaine au milieu de l’hérésie grecque ! […] La puissance romaine avait fait de toi la citadelle du paganisme, qui semblait invincible dans la capitale du monde connu. […] C’est ce que je pus trouver de plus ministériel ; car, si Noé entend qu’on nie son ivresse, il peut s’adresser à d’autres qu’à moi. » Et à quelques jours de là, après une imprécation contre le cardinal Consalvi, le Fénelon de la cour romaine dans ce siècle : « Je n’ai point de terme, ajoute-t-il, pour vous peindre le chagrin que me cause la démarche du pape.

646. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Cela dit, remettons à un autre moment l’étude que nous ferons rapidement du théâtre grec, le plus accompli des théâtres, du théâtre romain, presque nul dans un peuple trop féroce pour goûter les plaisirs purement intellectuels de l’esprit, des théâtres espagnols, anglais, allemands, et enfin du théâtre français, le plus correct et le plus sensé des théâtres modernes dans la plus sensée et dans la plus communicative des langues, et commençons par son chef-d’œuvre Athalie. […] Le sort et la défection d’Henri IV, ce dupeur de Dieu et des hommes, avaient donné la victoire au parti de l’Église romaine. […] Louis XIV leur obéissait d’autant plus volontiers qu’un soupçon de révolte contre l’Église était à ses yeux un soupçon d’opposition contre la monarchie, et qu’un levain de républicanisme lui semblait caché dans ces doctrines d’obéissance à Dieu seul, de stoïcisme romain et de mépris de la persécution terrestre.

647. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Pouvions-nous croire que le chrétien d’instinct et de lait maternel qui, dans son histoire du Moyen Âge, avait au moins le respect de l’Église romaine, devenu sur le tard de sa vie le jouet d’une philosophie parricide, mordrait le sein de cette mère de nos âmes et que quinze ans de travaux dussent aboutir à une apologie de la Terreur, à cette chose infirme et monstrueuse qui n’est de l’histoire ni par le fond ni par la forme, mais une espèce de carmagnole historique, chantée d’un ton d’énergumène devant la lanterne (renversée, Dieu merci !) […] Cherchez donc dans ces sept gros volumes sur la Révolution française l’identité de l’historien qui écrivit l’Histoire romaine et même cette Histoire de Louis XI déjà inférieure, mais belle encore ; cherchez-la, vous ne la trouverez pas ! […] Pour les esprits qui ne passent pas leur vie à couper en quatre des fils de la Vierge avec de microscopiques instruments, il n’y a que trois femmes en nature humaine et en histoire : La femme de l’Antiquité grecque, — car la matrone romaine, qui tranche tant sur les mœurs antiques, n’est qu’une préfiguration de la femme chrétienne, — la femme de l’Évangile et la femme de la Renaissance, pire, selon nous, que la femme de l’Antiquité, pire de toute la liberté chrétienne dont la malheureuse a si indignement abusé.

648. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

C’est ainsi que, dans ses Considérations sur les Romains, il a devancé en bien des pensées Montesquieu, et sans obliger à ce qu’on se souvînt de lui, sans marquer sa trace. Il ne faut pas demander aux hommes de ce temps-là une critique historique bien profonde en ce qui concerne l’Antiquité : il y a bien loin, comme l’on peut penser, de Saint-Évremond à Niebuhr et à Monvnsen ; mais, au sortir des doctes élucubrations du xvie  siècle, et en se débarrassant du matériel de l’érudition et des questions de grammaire, il y eut alors quelques hommes de sens qui raisonnèrent à merveille sur les données générales qu’on avait à sa portée et sous la main : on dissertait volontiers sur le caractère des Romains et des Grecs, sur le génie de César et d’Alexandre.

649. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Je me suis demandé pourquoi l’auteur n’avait pas tenté, dans quelque excursion de Cavalier sur Nîmes, de le faire camper sous le pont même du Gard, au pied de ces massifs romains, aux flancs de ces rochers à demi creusés tout exprès comme pour l’habitation des prédicants sauvages. […] Dans ce cas il aurait bien spéculé ; certains mystères de ce genre ont leurs attraits et parfois enflamment : « Quædam feminæ sordibus calent, » a dit énergiquement Pétrone en parlant des nobles dames romaines de son temps.

650. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard, après être entré dans son sujet sans trop de parti-pris peut-être, et avec l’idée de peindre surtout les mœurs romaines par les poëtes, est vite arrivé à concevoir que ce cadre était tout naturellement ouvert à une protestation motivée contre le goût et les prétentions d’une école qu’il craignait d’avoir d’abord servie, et qu’il jugeait sage de répudier. […] Nisard traite fort mal, sans aucun adoucissement, et à propos de qui il fait une description spirituelle et chargée de la Pléiade romaine, satire directe de feu ce pauvre Cénacle d’ici, il y a, à la fin de la Thébaïde, un cri, un vœu à la fois modeste et touchant du poëte sur son livre, au moment où il l’achève : Vive, precor : nec tu divinam Eneïda tenta ; Sed longe sequere, et vestigia semper adora !

651. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Montesquieu, dans son sublime ouvrage sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains, a traité, tout ensemble, les causes diverses qui ont influé sur le sort de cet Empire ; il faudrait apprendre dans son livre, et démêler dans l’histoire de tous les autres peuples, les événements qui sont la suite immédiate des constitutions, et peut-être trouverait-on que tous les événements dérivent de cette cause : les nations sont élevées par leur gouvernement, comme les enfants par l’autorité paternelle. […] Ainsi l’on a vu la république Romaine déchirée, dès qu’une guerre, un homme, ou le temps seul a rompu l’équilibre. — On dira qu’en Angleterre il y a trois intérêts, et que cette combinaison plus savante, répond de la tranquillité publique.

652. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Grecs, Romains, chevaliers du moyen âge, Turcs, Arabes, Péruviens, Guèbres, Byzantins, ils sont tous la même mécanique à tirades. […] Chez Hume, Gibbon, Robertson qui sont de l’école française et tout de suite adoptés en France, dans les recherches de Dubos et de Mably sur notre moyen âge, dans le Louis XI de Duclos, dans l’Anacharsis de Barthélemy, même dans l’Essai sur les mœurs et dans le Siècle de Louis XIV de Voltaire, même dans la Grandeur des Romains, et l’Esprit des Lois de Montesquieu, quelle étrange lacune !

653. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Les romans bretons sont la rentrée en scène et comme la revanche de la race celtique : c’est, au moins en apparence, la prise de possession de l’Occident romanisé, germanisé, christianisé, féodal, par l’imagination des Celtes de Bretagne, qui avaient pu échapper, sinon tout à fait à la domination, du moins à la civilisation romaine. […] Etrangère à la conception juridique et politique du christianisme romain, l’Eglise celtique laissa l’âme de la race façonner une religion nationale à son image.

654. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Il en voulut depuis à l’Église romaine d’un abus dont il avait profité ; et quand il revint à Noyon pour prêcher, il avait déjà le doute dans le cœur. […] Qu’on se figure que, trente ans avant l’apparition du livre de Calvin, il n’y avait en France, pour toute Bible, qu’une sorte d’interprétation grossière, où la glose était mêlée au texte, et faisait accorder la parole sacrée avec tous les abus de l’Église romaine.

655. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Il nous entretient de son livre La Question romaine, qui vient d’être saisi. […] * * * — L’amour romain avait volé le soupir de l’amour grec.

656. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Le proscripteur romain, dictateur ou césar, interdit au vaincu le feu et l’eau ; c’est-à-dire, le met hors de la vie. […] Si vous êtes curieux au point de lui demander comment s’appelait le marchand anglais qui le premier en 1612 est entré en Chine par le Nord, et l’ouvrier verrier qui le premier en 1663 a établi en France une manufacture de cristal, et le bourgeois qui a fait prévaloir aux états-généraux de Tours sous Charles VIII le fécond principe de la magistrature élective, adroitement raturé depuis, et le pilote qui en 1405 a découvert les îles Canaries, et le luthier byzantin qui, au huitième siècle, a inventé l’orgue et donné à la musique sa plus grande voix, et le maçon campanien qui a inventé l’horloge en plaçant à Rome sur le temple de Quirinus le premier cadran solaire, et le pontonnier romain qui a inventé le pavage des villes par la construction de la voie Appienne l’an 312 avant l’ère chrétienne, et le charpentier égyptien qui a imaginé la queue d’aronde trouvée sous l’obélisque de Louqsor et l’une des clefs de l’architecture, et le gardeur de chèvres chaldéen qui a fondé l’astronomie par l’observation des signes du zodiaque, point de départ d’Anaximène, et le calfat corinthien qui, neuf ans avant la première olympiade, a calculé la puissance du triple levier et imaginé la trirème, et créé un remorqueur antérieur de deux mille six cents ans au bateau à vapeur, et le laboureur macédonien qui a découvert la première mine d’or dans le mont Pangée, l’histoire ne sait que vous dire.

657. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Une langue vague et confuse est, chez un peuple, un sûr indice de décadence intellectuelle et morale ; au contraire, le grec et le latin sont considérés comme les langues éducatrices par excelence, parce que les mots qui les composent expriment des notions bien faites ; dépôts des efforts d’attention des Hellènes et des Romains, ces deux langues nous obligent à nous faire nous-mêmes des âmes grecques et romaines pour nous les assimiler.

658. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Mais il faut convenir en même temps et par les mêmes principes, que le plaisir que cette harmonie leur cause est bien imparfait, bien mutilé, si on peut s’exprimer ainsi, et bien inférieur au plaisir que les Romains devaient éprouver en lisant leurs orateurs et leurs poètes. […] Je ne sais si les anciens Romains écrivaient beaucoup en grec ; ils avaient au moins cet avantage, qu’ils pouvaient se flatter de parvenir à bien écrire dans cette langue, qui de leur temps était vivante et fort répandue ; cependant je vois que les plus illustres d’entre eux se sont appliqués principalement à bien écrire dans leur propre langue ; imitons-les sur ce point.

659. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Il aurait pu dire de Delphes comme le jeune Ion, dans la tragédie d’Euripide, dont s’est inspiré l’auteur d’Athalie : « J’adore le temple qui m’a nourri : Τὸν θρέψαντα ναὸν προσκύνω. » C’est une tradition, en effet, que Pindare, né dans soixantième olympiade, et homme fait, au temps de l’invasion de Xerxès dans la Grèce, recevait il Delphes, dont les oracles furent si patriotiques, pendant cette guerre, une part accordée par les prêtres sur les victimes immolées dans le temple ; et, du temps de Pausanias, aux jours de la conquête romaine, on montrait encore, dans ce temple, près de la statue du dieu, la chaire de fer, où le poëte s’était assis pour chanter ses hymnes9. […] Cette première étude peut d’ailleurs nous aider à juger ce que Pindare fut pour l’antiquité, et comment Cicéron a dit : « Parmi les poëtes, je parle des Grecs24, on ne nomme pas seulement Homère, ou Archiloque, ou Sophocle, ou Pindare, mais aussi les seconds après eux, ou même ceux qui sont inférieurs aux seconds. » Le grand orateur romain avait senti l’âme éloquente du poëte ; et lui, qui dit ailleurs qu’il faut avoir du temps à perdre pour lire les poëtes lyriques », il ne conçoit le rang de Pindare qu’à côté d’Homère.

660. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Malgré ce que l’exacte sagacité des modernes et leur subtile esthétique peuvent ajouter à l’intelligence du texte antique, ne croyons pas que ces Hellènes judaïsants du second ou du premier siècle avant notre ère, que les Septante, que plus tard un Origène d’Alexandrie, qu’un saint Jérôme, entre les docteurs de Béthleem, et les pieuses Romaines qui chantaient pour lui les psaumes dans la langue hébraïque, n’aient pas entendu ce texte que rendait avec tant de force une nouvelle diction grecque ou romaine.

661. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Comme toute la politique du Correspondant et comme celle de la Revue européenne, le livre de M. de Carné s’adresse particulièrement aux hommes qui formaient le parti de droite ; c’est d’eux surtout et des lumières propres à les ramener qu’il se préoccupe ; c’est à leurs préjugés historiques ou théoriques qu’il oppose, en chacune de ses pages, une plus juste raison des faits ou une argumentation qui tend à concilier avec les grands principes de la tradition catholique et romaine les résultats acquis de la civilisation moderne et de la révolution de 89.

662. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Le centenaire qui demande à vivre encore pour arranger ses affaires, prouve que l’homme ne pense pas à la mort et ne s’y prépare jamais ; les membres révoltés contre l’estomac prouvent que la plèbe romaine ne peut se passer du sénat.

663. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Le mouvement des idées et des passions politiques, l’imitation prétentieuse et sincère de la fermeté Spartiate, de l’héroïsme romain, ont renforcé le courant artistique qui, dès le temps de Louis XVI, ramenait le goût antique dans la peinture comme dans les lettres.

664. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

est alors tout animée de l’esprit de l’antiquité classique qu’elle se modèle de parti pris sur les Grecs et sur les Romains qu’elle est par suite savante et faite surtout pour une aristocratie ; les œuvres qui la composent ont presque toutes un caractère hybride ; elles sont semi-païennes et semi-chrétiennes ; elles sont anciennes par la forme, les sujets, les titres, l’imitation voulue, l’emploi de la mythologie ; modernes par les idées et les sentiments qui sont coulés dans ces moules d’autrefois.

665. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

On voit dans la première lettre de Balzac à la marquise de Rambouillet, qu’il a le premier hasardé le mot d’urbanité, pour opposer un caractère de la civilisation romaine à l’atticisme qui caractérisait l’esprit des Grecs.

666. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Ils fondoient leurs exclamations sur la nécessité de conserver l’étymologie des mots ; de faire porter à notre langue, dérivée de celle des anciens Romains, les glorieuses marques de son origine ; sur la difficulté qu’il y auroit à distinguer le singulier & le pluriel, soit des noms, soit des verbes, puisque il aime & ils aiment, s’écriroient il aime, ils aime ; sur la multitude de dialectes qui s’introduiroient dans notre langue, le Normand, le Picard, le Bourguignon, le Provençal, étant autorisés à écrire comme ils parlent ; enfin, sur l’inutilité dont deviendroient nos bibliothèques, & sur l’obligation où l’on seroit d’apprendre à lire de nouveau tous les livres François imprimés auparavant la réforme.

667. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

C’est, leur dis-je, que personne ne se mêle de la vôtre, et que nous avons quarante oies qui gardent le capitole ; comparaison qui leur parut d’autant plus juste qu’ainsi que les oies romaines, les nôtres gardent le capitole et ne le défendent pas.

668. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

On peut s’aider des ouvrages des poëtes qui ont écrit en des langues vivantes, comme on peut s’aider de ceux des grecs et des romains ; mais je crois que lorsqu’on se sert des ouvrages des poëtes modernes, il faut leur faire honneur de leur bien, sur tout si l’on en fait beaucoup d’usage.

669. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Il devinait César, Marc-Antoine, Coriolan, parce qu’avant d’être des Romains, c’était surtout des hommes.

670. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Il voit le capucin de l’Église romaine avec un dégoût, plein d’entrailles, il est vrai, car M. 

671. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Ranger sa robe en tombant comme la pudique romaine, c’est un geste de près… et ici c’est mourir de loin.

672. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Le mérite du Danseur Bathyle et son effet reposent sur une énumération qu’on a vue dans Les Orientales, et qui est maintenant à l’état de procédé : Elle aime, et ce n’est pas le chevalier romain, etc.

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