/ 1635
1042. (1930) Le roman français pp. 1-197

Qu’elles soient décourageantes, qu’elles nous paraissent de surcroît ridicules, ce n’est pas moi qui en disconviendrai. […] L’héroïsme devient ridicule. […] C’est pourquoi Bouvard, Pécuchet et surtout Homais sont peut-être les derniers « types » avec Tartarin, créés par notre littérature : ridicules, je l’ai dit, comme Don Quichotte. […] C’est qu’il est humainement impossible qu’un écrivain qui « creuse » profondément son personnage, qui lui donne profondément toutes les caractéristiques dont il est susceptible, ne finisse par l’aimer — et l’on ne saurait d’ailleurs trouver ridicule une femme qui meurt d’amour —. […] Ces rêveurs étaient ridicules ; ils pensaient bassement, sottement, de grandes choses.

1043. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Ils ne se doutent pas de la petite note de la vie moderne, que ça donne à une scène, le monsieur qui ferme la porte, par laquelle il entre. » « Ne croyez-vous pas, que comme consul à Caracas, je ne devrais pas porter une décoration étrangère… une décoration ridicule… la décoration du lapin blanc de Sumatra ?   […] et ces figures ont tout à fait la gesticulation des cabotins ridicules, dans les lithographies de Gavarni. […] Sous ce costume ridicule, un monsieur, aux excellentes manières, à la parole flûtée d’un homme qui a l’habitude de parler aux femmes, et dont le manque de dents rappelle, parfois, l’intonation gutturale, mais en mineure, de Frédérick-Lemaître.

1044. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Coëssin, l’homme d’une petite église, et qui avait intérêt pourtant à ne pas rompre avec la grande, se plaignait surtout de moi sous prétexte que, depuis que je l’avais qualifié de sectaire, on ne le recevait plus comme avant ni sur le même pied dans sa paroisse, et qu’il risquait de ne plus être admis à la sainte table en l’église des Petits-Pères, on comprendra toute l’énormité et le ridicule du procédé par lequel des hommes du parti politique avancé se faisaient les tenants de M. […] Laissons ce qui n’est que ridicule.

1045. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

La folie même de don Quichotte est moins répugnante ; elle est une manie ridicule, et non une démence furieuse. […] L’amour et la vertu l’inspirent mieux que la démence et le ridicule.

1046. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« On lui avoue que le collège des augures a été établi dans les premiers temps de la barbarie ; qu’on a laissé subsister cette institution ridicule, devenue chère à un peuple longtemps grossier ; que tous les honnêtes gens se moquent des augures ; que César ne les a jamais consultés ; qu’au rapport d’un très grand homme nommé Caton, jamais augure n’a pu parler à son camarade sans rire ; et qu’enfin Cicéron, le plus grand orateur et le meilleur philosophe de Rome, vient de faire contre les augures un petit ouvrage, intitulé de la Divination, dans lequel il livre à un ridicule éternel tous les aruspices, toutes les prédictions et tous les sortilèges dont la terre est infatuée.

1047. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Elle se glorifiait devant les ennemis de Bonaparte du titre de victime, mais les seules victimes méritoires sont les victimes volontaires ; l’héroïsme malgré soi est plus voisin de l’ostentation et du ridicule que de la vraie gloire. […] L’empereur voulait de moi une bassesse, mais une bassesse inutile ; car, dans un temps où le succès est divinisé, le ridicule n’eût pas été complet, si j’avais réussi à revenir à Paris, par quelque moyen que ce pût être.

1048. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

D’abord, Richard Wagner fut, lui même, un fou ridicule… Ensuite, quand on lui épargna « les petites maisons » on voulut « le clouer au pilori de l’histoire » : Wagner fut le Diffamateur de notre patrie, l’Insulteur de nos défaites… C’est l’époque où quelque talent musical lui était accordé. […] C’est pourquoi le public parisien juge encore Wagner, (ce musicien fourvoyé dans le théâtre) une « outrecuidante personnalité. » Gardant, aujourd’hui, par la ridicule ignorance des uns et l’odieuse malhonnêteté des autres, de tels étonnants préjugés, le public parisien est arriéré.

1049. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Eh bien, il a fallu qu’il se rencontrât un homme de talent, pour rendre le thème ridicule à force d’être caricatural et outré, en faisant tout bêtement de cette jeune fille, une empoisonneuse et une assassine à la d’Ennery. […] À la suite d’une scène, où la femme de l’académicien, lui dit froidement qu’il est sans talent, cocu, ridicule, et que toute sa valeur, il la doit à elle seule, il sort en disant : « C’en est trop !

1050. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Enfin, dans ces derniers temps, les liaisons de la dynastie française avec l’Espagne avaient inoculé à la langue de Louis XIII, sous Anne d’Autriche, princesse plus espagnole qu’allemande, le génie héroïque, chevaleresque, maure, plus grand que nature, emphatique, enflé, qui touchait au sublime par sa hauteur, et au ridicule par son exagération. […] Bajazet offre des beautés supérieures, mais corrompues par la ridicule application des mœurs galantes d’une cour française aux mœurs des Ottomans.

1051. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

La logique est l’art de penser juste, ou de faire un usage légitime de ses sens et de sa raison, de s’assurer de la vérité des connaissances qu’on a reçues, de bien conduire son esprit dans la recherche de la vérité, et de démêler les erreurs de l’ignorance ou les sophismes de l’intérêt et des passions : art sans lequel toutes les connaissances sont peut-être plus nuisibles qu’utiles à l’homme, qui en devient ridicule, sot ou méchant. […] Un écolier aura à rendre cette expression, maison Cornélienne, qu’après avoir cherche dans son Dictionnaire le mot maison, entre les différentes traductions de ce mot, il s’arrête au mot domus ; son travail de recherche lui aura été fort peu utile : rien ne le choquera dans la phrase où il insérera ce mot, rien ne l’avertira du ridicule de son choix ; comment, avant de savoir le latin, s’apercevra-t-il de la bizarrerie d’une phrase latine de sa composition ?

1052. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Si ton livre passe, ce n’était pas la peine de l’écrire ; s’il dure, ne vois-tu pas que tu te traduis à la postérité comme un sot, et lorsque le temps aura brisé les statues, détruit les peintures, amoncelé les édifices dont tu m’entretiens, quelle confiance l’avenir accordera-t-il aux récits d’une tête rétrécie et embéguinée des notions les plus ridicules ? […] Le détail dans une description produit à peu près le même effet que la trituration ; un corps remplit dix fois, cent fois moins d’espace ou de volume en masse qu’en molécules ; M. de Réaumur ne s’en est pas douté, mais faites-vous lire quelques pages de son traité des insectes, et vous y démêlerez le même ridicule qu’à mes descriptions.

1053. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Les passions d’autrui paraissent infiniment ridicules et insupportables à quiconque est livré aux siennes.

1054. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Le monde que nous fait voir Tallemant, c’est la ville proprement dite, la ville à l’époque de Mazarin, avant ou après la Fronde et sous la minorité de Louis XIV, ce qui répond assez dans notre idée à ces premières satires de Boileau des Embarras de Paris et du Repas ridicule, le Paris où remuait en tous sens une bourgeoisie riche, hardie et libre, dont les types sont dans Molière, dont Gui Patin est le médecin comme attitré, et dont sera un jour Regnard.

1055. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Il n’a pas été ridicule en tout ; il a été connaisseur en de certaines parties rares qui sont de plus en plus prisées.

1056. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Il nous est impossible de ne pas voir dans ces lettres à Mme Necker, qui sont toutes sur ce ton, bien de la sincérité, de la candeur, comme aussi une totale absence du sentiment du ridicule.

1057. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Ici, les rapports vont à l’homme, à l’homme en tant qu’il est sociable et qu’il se garantit du ridicule, et, généralement parlant, ils ne manquent pas de justesse, ni l’ouvrage de dignité.

1058. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Elle ajoute que si elle avait rencontré un époux tant soit peu digne de tendresse, elle était femme à s’y attacher ; mais que faire avec un mari qui l’était si peu, qui cumulait les grossièretés et les ridicules, qui la prenait pour confidente de ses chétives infidélités ; n’ayant rien de plus pressé que d’entretenir sa femme de ses velléités amoureuses pour d’autres quelle, et cela dès la seconde semaine après les noces ?

1059. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Le souvenir même de ces séances, racontés par des témoins judicieux et délicats, deviennent infidèles et se transforment, se dénaturent, tellement qu’on ne retrouve plus dans la notice lue ce que les auditeurs croient y avoir entendu d’excessif et presque de ridicule.

1060. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Sans cesse tiraillé entre Paris et la province, l’auteur se raille de tous deux, et de la province comme de Paris ; il abuse même étrangement du nom de Gigondas, lequel lieu, des mieux habités, me dit-on, n’est pas celui de sa commune, et qui aurait droit de réclamer, pour être ainsi sans raison livré au ridicule ; mais enfin c’est à Paris qu’il en veut surtout, c’est Paris qu’il dénigre, contre lequel il a à exercer ses plus amères rancunes ; c’est à Paris qu’il disait tous les six mois en le quittant et en le menaçant du geste, comme Danton, ce grand auteur, ou comme le boudeur Jean-Jacques : Adieu, Paris, ville de fumée et de boue !

1061. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Il nous donne des descriptions vivantes des principaux types, l’Albanais, le Phanariote, l’Insulaire ; en un mot il est peintre, il est portraitiste avec saillie et ressemblance : le satirique ne commence et ne se donne tout son jeu que là où il se trouve en face d’une société et d’une Cour ridicules.

1062. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

que Molière y va plus rudement que cela quand il daube sur les précieuses ridicules ou sur les femmes savantes !

1063. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Dans ce roman, il y a en effet un chapitre intitulé l’Année 1817, qui est tout rempli de contrastes et de singularités historiques ou littéraires, tournant au ridicule et au grotesque ; par exemple : « Il y avait un faux Chateaubriand appelé Marchangv, en attendant qu’il y eût un faux Marchangy appelé d’Arlincourt… La critique faisant autorité préférait Lafon à Talma… L’opinion générale était que M. 

1064. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Échapper toujours aux ridicules littéraires, c’est beaucoup, c’est difficile pour un corps ; mais surtout ne jamais donner accès aux vices littéraires, voilà le possible et l’essentiel.

1065. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

La connaissance des langues anciennes, qui a ramené le véritable goût de la littérature, inspira pendant quelque temps une ridicule fureur d’érudition.

1066. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

. — « Le roi de Suède est ici, il a des rosettes à ses culottes, tout est fini, c’est un homme ridicule et un roi de province. » (Le Gouvernement de Normandie, par Hippeau, IV, 237, 4 juillet 1784.)

1067. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Par un hasard singulier, sa foi fut récompensée : elle finit par se reposer dans un amour absurde et un mariage ridicule, qui fut heureux.

1068. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Une femme dont presque toute la vie se passe dans le monde, en réceptions et en conversations, une femme entourée et courtisée et dont la présence seule met les vanités en éveil et aussi les désirs et les tendresses, ne doit-elle pas, avec son intelligence plus rapide et sa sensibilité plus délicate, recueillir dans la comédie mondaine de plus fines impressions que nous, mieux saisir certaines faiblesses ou certains ridicules, démêler en elle et autour d’elle, de plus rares complications ou de plus subtiles nuances de sentiments ?

1069. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Jean Aicard, bientôt, je l’espère, aux princes du Ridicule, M. 

1070. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Il nous semble étrange, certes, de voir à la fin du xixe  siècle une telle mascarade affirmer impudemment sur les tréteaux la prétention de représenter la vie d’artiste ; il nous peine de voir ces rires cinglant le ridicule suspect de fantoches qui n’ont aucun droit à incarner un si noble rôle, et nous pensons avec amertume et colère à la superbe pauvreté de d’Aurevilly, de Baudelaire, de Villiers de l’Isle-Adam, de Henry Becque, de Verlaine, à cette sainte pauvreté héroïque compromise par un médiocre sentimental, par un malencontreux phraseur.

1071. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Il ne faut chercher La Rochefoucauld ni dans son rôle de frondeur, nouant des intrigues politiques, sans avoir rien de l’intrigant ; politique par amour ; brave sans véritable ardeur militaire ; exposant sa vie par point d’honneur ; agité plutôt qu’actif ; ni dans son début malheureux, lorsque s’essayant à la guerre civile par le complot, il se jette à vingt ans dans la ridicule échauffourée qui s’appela la Journée des Dupes.

1072. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Elles garderont, était-il dit, un juste tempérament, qui ne fasse pas rire les fous et qui ne contriste pas les sages, qui ne les fasse pas remarquer par la légèreté de la mode, ni par le ridicule d’un usage passé… Elles seront bien propres sans curiosité, nettes sans délicatesse, et bien mises sans afféterie.

1073. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Pour renverser ces deux colosses, ils n’employèrent d’autres armes que le ridicule, ce contraste naturel de la terreur humaine (Quelle plus juste et plus heureuse définition !

1074. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

La mort de Thomas, survenue à l’improviste au moment où son ami venait de guérir, arrêta l’impression de ridicule et remit aux choses un cachet de gravité.

1075. (1903) Zola pp. 3-31

Mais dans ces mêmes auteurs, ou encore mieux dans leurs imitateurs ridicules, le mot cru et gros, la couleur violente et aveuglante, la description acharnée qui ne demande à l’intelligence aucun effort et qui fait simplement tourner le cinématographe, le relief des choses, cathédrale, quartier, morceau de mer, champ de bataille, aussi l’imagination débordante et enlevante, qui vous entraîne vers des hauteurs ou des lointains confus comme dans la nacelle d’un ballon, toutes ces choses qui ne demandent au lecteur aucune collaboration, qui le laissent passif tout en le remuant et l’émouvant ; aussi et enfin une misanthropie qui ne donne pas ses raisons et qui ne nous fait pas réfléchir sur nous-mêmes, mais seulement flatte en nous notre orgueil secret en nous faisant mépriser nos semblables sans nous inviter à nous mépriser nous-mêmes : voilà ce que le lecteur illettré de 1840 voit, admire et chérit dans les romantiques ; voilà la déformation du romantisme dans son propre cerveau mal nourri, dans la misère physiologique de son esprit.

1076. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Il n’en reste pas moins qu’il existe une pathologie du Bovarysme, c’est-à-dire que le pouvoir de se concevoir autre, dont les bénéfices sont répartis d’une façon fort inégale à ceux qui en tirent profit, est pour beaucoup d’autres individus la cause d’égarement et le principe de ruine pu de ridicule que l’on a décrits.

1077. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

L’étudiant Hippolyte dans L’Idiot confesse avec outrecuidance tout le ridicule de son âme creuse.

1078. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Huysmans a-t-il soin d’entourer ses personnages de comparses ridicules et odieux, ou de les isoler entièrement ; et ni les uns ni les autres ne ménagent à la société des railleries qui tournent rapidement en dénonciations colères.

1079. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

On ne peut donc jamais dire que la perception d’une chose externe soit immédiate, et Ampère, dans ses lettres à Biran, est tellement de cet avis, qu’il ne craint point d’appeler ridicule la théorie si vantée de Reid et des Écossais, celle de la perception immédiate et directe des objets extérieurs.

1080. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

La justice est raide, elle tient ses balances d’une manière apprêtée, on dirait qu’elle les montre ; la position de ses bras est comme d’une danseuse de corde qui va faire le tour du cerceau ; idée ridicule fortifiée par ce cercle verdâtre qu’elle tient de la main gauche et dont l’artiste a voulu faire une couronne.

1081. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Encore une fois, tout cela est très ridicule.

1082. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Le personnage, par exemple, qui raille le personnage ridicule représente approximativement l’auteur, et il n’y a pas à douter beaucoup que ce que dit la Dorine de Tartuffe ne soit ce que Molière pense lui-même ; le personnage, dans les pièces à thèse, qui « raisonne », qui fait une dissertation, qui exprime des idées générales et à qui, cela est important, l’adversaire n’a rien à répondre peut être considéré comme exprimant, à très peu près, la pensée de l’auteur.

1083. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

C’est comme une fleur de ridicule bien épanouie et que l’auteur a glissée entre les grandes figures sérieuses de son livre, pour nous dérider, et on la respire en riant, cette violette… Quelle trouvaille de comédie !

1084. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Jamais personne n’a senti plus vivement que Babou leurs inconvénients, leur ennui et leur ridicule ; jamais personne n’a eu plus complète l’agaçante perception de la médiocrité, pire que la sottise !

1085. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Le dédain est, du reste, une arme ridicule.

1086. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Mais le nom de l’auteur des Nuits, inscrit au bas de ces fades louanges, en accroit encore le ridicule.

1087. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Erreur de fait, non de principe, et ridicule aussi, un peu moins grave pourtant. […] A-t-il volontairement tourné en ridicule Antoine et sa troupe de cinéma ? […] Paul Hazard n’a pas les ridicules de l’ineffable Stryienski, mais il en tient un peu. […] Pour échapper au ridicule, il lui faut absolument faire une fin. […] Il trouvait ses thèses absurdes et ridicules.

1088. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

N’ayons point dessein d’imiter ce que l’on conte de ridicule de ce vieux docteur ; notre ambition se doit proposer de meilleurs exemples. […] S’il n’y a rien de plus pédant, il n’y a rien de plus lourd non plus que la Pucelle, d’un prosaïsme plus laborieux, d’une langue plus incolore dans son abstraction soutenue, ni rien enfin qui fût plus propre à faire périr sous le ridicule la réputation et l’autorité littéraire d’un homme. […] Lui, riposte à son tour, il redouble de verve, il se pique, il s’anime, il s’encourage à la satire : Un clerc pour quinze sous, sans craindre le holà, Peut aller au parterre attaquer Attila… Et je serai le seul qui ne pourrai rien dire, On sera ridicule, et je n’oserai rire ! […] — Parce qu’il n’est pas naturel qu’un homme, si ridicule soit-il, offre continûment à rire, quoi qu’il dise ou qu’il fasse, sans intervalle ni relâche ; et parce qu’il n’est pas raisonnable de faire parler les reines comme des harengères : ce sont plutôt les harengères qui s’efforceraient à, parler comme les reines. — Pourquoi la condamnation des précieux et de la Préciosité ? […] Car, d’abord, ils sont plus ignorants, moins grécaniseurs et moins latiniseurs, moins respectueux d’Aristote et d’Horace, qu’ils considèrent toujours un peu comme des bourgeois de Rome et d’Athènes ; encore moins respectueux de Voltaire, de Marmontel ou de Laharpe, qu’ils ont connus, dont ils ont raillé les ridicules, dont ils estiment peu la personne.

1089. (1923) Au service de la déesse

— leur entrain de fameux idéologues, ils ont été merveilleusement ridicules. […] La science n’y peut rien ; et ce n’est pas la faute de la science, ni son ridicule, si un Bouvard et un Pécuchet, l’entendant mal, l’ont tournée en caricature. […] Seulement Restif, dans son ignominie, a une espèce de génie très amusant : ridicule, abominable, une espèce de génie cependant. […] Je jeune deux fois par semaine ; je donne la dîme de tout ce que je possède… » Jésus se moque de ce Pharisien, dont l’orgueil est ridicule. […] C’est un peu ridicule : non pas cette confiance en Dieu ; mais le tour qu’elle prend ici.

1090. (1923) Nouvelles études et autres figures

Il a beau nous dire « qu’il n’est point incompatible qu’une personne soit ridicule en de certaines choses et honnête homme en d’autres » : les ridicules l’emportent si bien chez ses personnages qu’ils éclipsent leur honnêteté. […] C’est par le génie poétique que Molière se dérobe à la dure contrainte où l’enfermait sa vocation et ne reste pas étroitement le prisonnier des ridicules et des vices. […] J’ignore si on créa un rôle ridicule à Hugo ; mais qu’il s’en soit donné un dans l’Histoire d’un crime, cela me paraît incontestable. […] Tout le poème Pleine mer, Plein ciel repose sur une ridicule antithèse. […] L’éclat des réceptions officielles ne lui en cacha pas les ridicules et la grossièreté.

1091. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

L’aventure qui donna naissance à ces Pupazzi est naïve, fort touchante et un peu ridicule. […] Et l’on médit furieusement de ces pauvres bêtes qui ne tardent point d’être accusées non seulement de tous les vices, mais aussi de tous les ridicules. […] Il connaît les bons mots et même les proverbes où les chats sont tournés en ridicule. […] Nous craignons de hasarder sur la scène des spectacles nouveaux devant une nation accoutumée à tourner en ridicule tout ce qui n’est pas d’usage. » Il accusait les bancs où le public allait s’asseoir sur la scène, de gêner les évolutions des acteurs et de rendre les décors impossibles. […] « On n’a point — dit-il — trouvé ridicule au théâtre de Londres qu’un ambassadeur espagnol s’appelât Bedmar, et que des conjurés eussent le nom de Jaffier, de Jacques-Pierre, d’Elliot ; cela seul en France eût pu faire tomber la pièce. » Puis, dans Otway, nous avons une Assemblée de tous les conjurés, où le protagoniste prend leur serment, assigne à chacun son poste, prescrit l’heure du carnage, non sans jeter des regards en dessous sur celui d’entre eux dont la loyauté lui semble suspecte.

1092. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Perrault conte comment, un président ayant lu devant sa femme la traduction de ce début, la présidente trouva Pindare fort ridicule, et c’est à la présidente que Perrault donne raison. […] Mais autant Athalie ou une symphonie comportent de précision chez l’auteur qui les a créés, même chez l’exécutant qui nous les fait entendre, autant il serait ridicule de chercher la précision dans les sentiments qu’elles nous font éprouver, de demander d’Athalie, comme ce mathématicien : « Qu’est-ce que cela prouve ?  […] « Si quelqu’un me dit que c’est avilir les Muses, de s’en servir seulement de jouet et de passe-temps ; il ne sçait pas, comme moy, combien vault le plaisir, le jeu et le passe-temps : à peine que je ne die toute autre fin estre ridicule. […] Prenez la plus belle tragédie, le plus beau roman du monde, racontez-les d’un ton goguenard et d’une manière comique, vous les faites ridicules sinon auprès de leurs lecteurs, tout au moins auprès des vôtres. […] La parodie peut s’appeler une critique constructrice, constructrice puisqu’elle construit ou peut construire une œuvre d’art réelle, qui subsiste par elle-même, critique puisqu’elle est écrite à propos d’un ouvrage, et d’un auteur, dont elle met les faiblesses en lumière et d’où elle fait jaillir le ridicule inconscient qui s’y cachait.

1093. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Ce n’est pas un merveilleux acteur, si ce n’est pour le ridicule. » Représentez-vous, continue Molière dans le récit de Grimarest, la peine que nous avons. […] Et alors, dans sa satire du Repas ridicule qu’il écrivit cette année même, il fit dire au sot campagnard : Je ne sais pas pourquoi l’on vante l’Alexandre, Ce n’est qu’un glorieux qui ne dit rien de tendre. […] Et l’éloquence solennelle et ridicule de l’Intimé et de Petit-Jean aidé par le souffleur, c’était l’éloquence de beaucoup d’avocats d’alors, comme on le peut voir dans les Historiettes de Tallemant, au chapitre Avocats. […] Le ridicule Robinet, ami de Molière, s’égaya sur le peu de turquerie de Bajazet. […] En quoi cela est-il si ridicule ?

1094. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Ils les remplacent par des aspirations, ce qui n’est pas la même chose, ou par des prophéties, ce qui est ridicule. […] » Il y là une ridicule confusion et une injustice. […] Seule, la dérision est ici de mise, qui substitue, à la peur du vrai, une peur plus grande : celle du ridicule. […] Leur ridicule est devenu patent, ce qui est déjà quelque chose. […] Leurs apostolats, terribles ou ridicules, apparaissent, à distance, d’autant plus plats qu’ils les croyaient sublimes.

1095. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Maurice Boniface, dont les ingénieuses et cruelles satires révélèrent un observateur fort habile à saisir les ridicules, les tics, les tares et les vilenies. […] Voyez comme elle drape un ménage moderne : Froissée, d’abord, de se voir délaissée par son mari, Mme de Treuil avait compris bien vite qu’un ménage uni est presque ridicule aux yeux du monde. […] S’il plaît à ces gens d’être si ridicules, qu’est-ce que cela nous fait ? […] Ce jeune homme me semble créé et mis au monde pour donner un pendant aux Précieuses ridicules. […] J’avais devant moi un appareil enregistreur, fait pour saisir au vol et fixer instantanément tous les tics, toutes les tares, tous les maléfices et tous les ridicules qui se peignent sur nos visages.

1096. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Je ne sais pas de spectacle ridicule comme les visées au grand seigneur de ces professeurs déclassés. […] Or, à ces personnages insignifiants, ridicules ou odieux, se trouve mêlée une intelligence haute et digne, une âme honnête, tendre, sérieuse, tout altérée d’amour ; une de ces natures choisies de Dieu, où la passion lève ses héros et ses martyrs. […] * *   * L’odieux, ici, n’exclut pas le ridicule. […] Enfin, que la critique y songe : ses extases prolongées devant une note de pharmacien ou un menu retrouvés, finiraient par la rendre parfaitement ridicule. […] Toutes les sous-préfectures se ressemblent, faisant cadre aux mêmes ridicules, aux mêmes puérilités.

1097. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Nous sommes donc tout à fait de l’avis d’Ernest Hello, lorsqu’il dit : « Si le conseil de la Rhétorique, le conseil d’imiter les grands écrivains ou ceux qu’on appelle ainsi, est un conseil ridicule, le conseil de se les assimiler serait un conseil sérieux. […] Ils mettent leur amour-propre à passer pour ridicules, et les gens d’esprit seraient malheureux de ce qui fait leur bonheur. […] Cette manie est plus ridicule encore en vers. […] Le plus et le moins en la nostre, si nous la comparons à l’éternité, ou encores à la durée des montaignes, des rivières, des estoiles, des arbres, et mesme d’aulcuns animaulx, n’est pas moins ridicule. […] Écoutez avec quel sérieux il épuise l’antithèse ridicule : Peuple malheureux, on se sert de tes vertus pour te tromper !

1098. (1927) Des romantiques à nous

Et comme dans ces sortes de polémiques, il ne s’agit pas tant, pour vaincre, d’avoir raison que d’avoir de l’esprit et de rendre l’adversaire ridicule, on peut dire que le romantisme, en cette période de son adolescence inquiétée, ne trouva pas de meilleur combattant que Stendhal, qui fut pour lui comme un corps merveilleux de cavalerie légère. […] Ils trouvaient à cet homme de tant d’esprit et de pointe quelques ridicules délicieux. […] Les poètes de génie, ces x sapeurs, comme disait George Sand dans un langage ridicule mais significatif, de l’ambulante phalange humaine », avaient contracté une immense responsabilité, étrangère à leurs prédécesseurs. […] Il est ridicule de comparer un exode d’exilés, de réfugiés ou de colonisateurs que mille labeurs attendent, à une île bienheureuse qui serait miraculeusement transportée à travers l’espace. […] Ça n’est pas ridicule.

1099. (1886) Le naturalisme

A l’exemple de cet hôtel fameux dans les annales de la littérature française, d’autres salons s’ouvrirent, présidés par les Précieuses, — qui n’étaient alors pas encore ridicules. […] Loin de faire comme Flaubert l’inventaire des misères et des ridicules de la société moderne, ou de se borner par système, comme Champfleury, à trouver des types et des scènes vulgaires, les Goncourt découvrirent dans la vie contemporaine un certain idéal de beauté qui lui appartient exclusivement et que d’autres âges et d’autres temps ne peuvent lui disputer. […] On crut même Zola vieux, laid, ou ridicule. […] S’il n’y avait d’autre vie que celle-ci, si, dans un autre monde de vérité et de justice, chacun n’était pas récompensé selon ses mérites, la morale exigerait que dans cette vallée de larmes toutes choses fussent dans l’ordre ; mais vouloir qu’un romancier modifie et corrige les desseins de la Providence, cela me semble un souci ridicule. […] Pereda observe avec une grande lucidité, quand la réalité qu’il a devant les yeux ne lui soulève pas le cœur, qu’elle le divertit par le spectacle de ridicules et de manies profondément comiques.

1100. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Pourquoi n’iriez-vous pas « à Lyon, à Marseille, à Bordeaux, à Nantes, à la Rochelle, pour y saisir les traits distinctifs des habitants de ces différentes provinces, pour corriger leur ridicule et les éclairer l’un par l’autre sur les bonnes qualités qu’ils possèdent respectivement » ? […] Ainsi fut dressée par ses soins, puis par ceux de Diderot, une véritable échelle allant du rire aux larmes et ayant pour degrés le terrible, le grand, le pitoyable, le tendre, le plaisant, le ridicule. Cette échelle étant établie, si l’on eût voulu heurter de front les partisans de la tragédie qui se refusaient à admettre le mélange de deux sentiments, même voisins, on eût pu assembler les contraires, le terrible et le ridicule. […] Vous avez oublié que les caractères des hommes sont mixtes, qu’un ridicule ne va jamais seul, qu’un vice ordinairement est étayé par d’autres vices, que vouloir détacher un défaut de ceux qui l’environnent et l’avoisinent, c’est peindre sans observer la dégradation des ombres et des couleurs. » L’âme de l’homme est ce qu’il y a de plus complexe et de plus mystérieux au monde. […] Si Manet ne restait marqué, même après sa mort, par le ridicule, si le pauvre Bastien-Lepage n’avait péri prématurément, peut-être serait-on tenu de leur donner la principauté dans l’école du « plein-air » et de « l’impression », c’est-à-dire de la sensation aimée pour elle-même.

1101. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Il m’est arrivé il y a quelques jours, dans un rêve parfaitement net et bien suivi, de faire une sottise ridicule et énorme ; impossible de l’écrire ; supposez à la place quelque chose de moindre, par exemple ôter gravement ses bottes et les poser sur la cheminée à la place de la pendule. […] Puis vint ce jugement fondé sur des idées générales : « C’est un rêve. » A l’instant, et définitivement, l’image ridicule se distingua et se sépara des souvenirs affirmés, pour rentrer dans la région des purs fantômes.

1102. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Ce livre était plein cependant de puérilités qui touchaient au ridicule, de naïvetés qui touchaient à la niaiserie, de germanismes de mœurs qui touchaient à la caricature ; c’est vrai, mais le feu y était. […] Mais nous avons craint de paraître impie envers le Créateur en prenant la création en flagrant délit de méchanceté ou de ridicule : le vase même mal façonné, même brisé, doit respecter le potier.

1103. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Envoyé à l’université de Turin, comme toute la jeune noblesse, il y passa huit ans, qu’il raconte aussi puérilement que son âge, cherchant avec un soin jaloux et ridicule à y faire remarquer à ses biographes futurs quelques symptômes de son prodigieux génie tragique ; il n’y découvre que des enfantillages sans goût et sans valeur. […] La médiocrité et le goût barbare des constructions ; la ridicule et mesquine magnificence du petit nombre de maisons qui prétendent au titre de palais ; la saleté et le gothique des églises ; l’architecture vandale des théâtres de cette époque, et tant, tant, tant d’objets déplaisants qui, tous les jours, passaient devant mes yeux, sans compter le plus amer de tous, ces visages plâtrés de femmes si laides et si sottement attifées ; tout cela n’était pas assez racheté à mes yeux par le grand nombre et la beauté des jardins, l’éclat et l’élégance des promenades où se portait le beau monde, le goût, la richesse et la foule innombrable des équipages, la sublime façade du Louvre, la multitude des spectacles, bons pour la plupart, et toutes les choses du même genre.

1104. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Il y a des gens qui ne sauraient parler de lui sans le faire quelque peu grotesque et ridicule : il ne l’est pas. […] Le ridicule n’y mordit pas ; le sublime de la passion le tua.

1105. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Il ne sait pas vivre, il n’a pas le ton, les manières du monde ; il souffre dans son amour-propre, et il essaie d’échapper au ridicule par un déploiement volontaire de rudesse et de sauvagerie. […] A prendre le premier discours à la lettre, il paraît douteux que les lettres et les arts soient des agents de corruption ; et la lettre à Dalembert provoque bien des objections, soit dans ses conclusions générales, soit dans ses jugements particuliers, comme lorsque Molière est convaincu d’avoir rendu la vertu ridicule par le personnage d’Alceste.

1106. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Dans les plaintes poignantes qu’exhale Pascal sur la misère de l’homme, dans les peintures que La Bruyère a tracées de nos ridicules, dans les soupçons violents dont La Rochefoucauld nous poursuit, dans les conseils de charité que nous insinue le doux Nicole, le trait commun, c’est que les passions y sont traitées en suspectes. […] Par la peur d’imiter, qui est un piège comme l’imitation elle-même, il n’a pas voulu, dit-il, peindre les ridicules, « mais des mœurs plus fortes, des passions, des vices, des caractères véhéments, des portraits historiques. » Comme s’il n’y avait rien de tout cela dans ses devanciers !

1107. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Ce qu’on a blâmé, c’est que cette Revue s’occupât si peu ce musique, et on a trouvé ridicule qu’elle parlât de peinture, de littérature ; c’est-à-dire qu’on blâmait précisément ce qui en elle était bon, son plan général, sa conception. […] J’essaierai de justifier brièvement cette affirmation, d’apparence ridicule et obscure.

1108. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Puis, entre Flaubert et Feydeau, ce sont de petites recettes du métier, agitées avec de grands gestes et d’énormes éclats de voix, des procédés à la mécanique de talent littéraire, emphatiquement et sérieusement exposés, des théories puériles et graves et ridicules et solennelles, sur les façons d’écrire et les moyens de faire de la bonne prose ; enfin, tant d’importance donnée au vêtement de l’idée, à sa couleur, à sa trame, que l’idée n’est plus que comme une patère à accrocher des sonorités. […] Et nous allons religieusement émus dans ce passé tout présent, tout vivant encore en ces arbres, ces eaux, ces rochers, ces pavillons, cet opéra-comique de la nature, cette berquinade de la princesse et d’Hubert-Robert, marchant peut-être où elle a marché, et coudoyant des bourgeois irrespectueux, et où rien ne rappelle plus la royauté qu’une sentinelle ridicule, du haut d’un pont rustique, s’efforçant d’empêcher un cygne en fureur de battre les autres.

1109. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Que l’on écarte toute idée de mièvrerie, de sensiblerie vertueuse, d’embellissement factice de la vérité ; il n’y a là aucune de ces effusions doucereuses, de ces feints attendrissements qui rendent odieux dans la littérature française les tableaux de la vie en famille ; mais la simple vérité virile et saine, comprenant les froissements, les conflits, les ridicules, le prosaïque de l’existence à plusieurs ; mais donnant aussi sa sûreté, sa dignité, sa douceur, sa gaîté, son aspect archaïque et patriarcal. […] L’auteur qui eût paru capable entre les premiers de mettre debout un capitaine de génie et qui rencontre Napoléon sous sa plume, ne sait nous en décrire que quelques aspects anecdotiques ridicules, et quand il se trouve amené à propos de la guerre à exposer ses vues sur la philosophie de l’histoire, c’est à la plus mesquine, à la plus absurde doctrine qu’il se rallie, prétendant citer le hasard, l’instinct obscur des masses comme une explication, et préférant la stupide inaction de Koutouzoff à tous les actes déterminants de ses lieutenants et de ses adversaires.

1110. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

» — Le gaspillage le plus inutile et le plus ridicule devient une des voies mystérieuses de la divine providence pour créer l’harmonie sociale, basée sur la misère besogneuse et la richesse oisive. […] Mais là où Victor Hugo étale grossièrement son esprit bourgeois, c’est lorsqu’il personnifie ces deux institutions de toute société bourgeoise, la police et l’exploitation, dans deux types ridicules : Javert, la vertu faite mouchard, et Jean Valjean, le galérien qui se réhabilite en amassant en quelques années une fortune sur le dos de ses ouvriers.

1111. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Il n’en est pas de même des Françaises ; la moindre servante se croit très propre à diriger l’État : je trouve cela tellement ridicule que j’ai été guérie de toute manie de ce genre.

1112. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Aux prises avec le duc de Vendôme qu’on lui avait donné pour conseil militaire et pour guide, et qui offrait avec lui tous les genres de contraste, il rendait la vertu méprisable et ridicule aux yeux des libertins.

1113. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Ici, dans le Génie du christianisme, il reparaissait tout autre ; bien que les couleurs brillantes et poétiques donnassent le ton général, et qu’il s’attachât à émouvoir ou à charmer plutôt qu’à réfuter, il prenait l’offensive sur bien des points : il s’agissait, au fond, de retourner le ridicule dont on avait fait assez longtemps usage contre les seuls chrétiens ; le moment était venu de le rendre aux philosophes.

1114. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

On conçoit d’ailleurs ces dissidences naturelles et cette sorte d’antipathie instinctive entre une école scientifique tout analytique et précise, et une autre qui ne se refusait ni l’éclat ni les couleurs ; mais d’Alembert se laissait emporter à ses préventions personnelles lorsqu’il disait à propos des systèmes de Bailly et de Buffon qu’il associait dans sa pensée : « Supplément de génie que toutes ces pauvretés ; vains et ridicules efforts de quelques charlatans qui, ne pouvant ajouter à la masse des connaissances une seule idée lumineuse et vraie, croient l’enrichir de leurs idées creuses… » Dans la familiarité de la correspondance et lorsqu’il n’est point retenu par le public, d’Alembert s’abandonne souvent ainsi à des injustices presque injurieuses, dites d’un style assez commun.

1115. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

C’est-à-dire que, de ces hommes plus sages, les uns rient, et les autres pleurent : les uns se moquent et prennent tout par le ridicule, les autres penchent du côté de la plainte ou de la crainte, n’osent parler que bas et à demi-bouche ; ils déguisent leur langage ; ils mêlent et étouffent leur pensée ; ils ne parlent pas sec, distinctement, clairement : Je viens après eux et au-dessous d’eux, ajoute Charron ; mais je dis de bonne foi ce que j’en pense et en crois, clairement et nettement.

1116. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Ce qui, tant qu’elle fut jeune et agréable, lui était une grâce, deviendra un ridicule et une manie en vieillissant.

1117. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Vous avez beau faire, dans vos personnages même si vrais vous rassemblez un peu comme avec la main et vous rapprochez avec art les ridicules, les travers ; pourquoi aussi ne pas rassembler le bien sur une tête au moins, sur un front charmant ou vénéré ?

1118. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Elle l’avait réellement façonné, créé, lui avait (au moral aussi, et jusqu’à un certain point) redressé la taille ; la fermeté récente dont il avait donné des marques dans ses lettres en France, dans toute sa conduite, était en effet son ouvrage : il avait acquis une sorte de caractère, de la volonté. « On ne connaît pas assez le roi d’Espagne », disait-elle à ceux qui paraissaient en douter : cela était vrai en plus d’un sens ; elle devait elle-même le vérifier quatre ans plus tard, lorsque, lui ayant trop fait sentir son joug, elle fut renversée traîtreusement en un clin d’œil et tomba de cette chute soudaine et ridicule dont sa renommée historique s’est ressentie.

1119. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Ce rimeur gascon, criblé d’épigrammes et de ridicules à son début, a-t-il jamais joui de cette réputation légitime de talent et d’esprit que le critique lui accorde de son autorité privée ?

1120. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Mme de Staël se l’était attaché à titre de précepteur de ses enfants ; mais Schlegel, qui avait ses travers, affectait devant le monde de n’être auprès d’elle que sur le pied d’un ami. « Schlegel, écrivait-elle dans un moment d’épanchement, a des défauts qui me cachent quelquefois ses vertus. » Témoin journalier de l’humeur et même des ridicules de Schlegel (car il en avait qui sautaient aux yeux), Bonstetten disait plus gaiement et en y mettant moins de façon : « Les jours où Schlegel n’est pas gentil, il est impitoyablement fouetté, et le plus joli, c’est que Mme de Staël se charge elle-même de la punition ; alors elle a trois fois plus d’esprit. » Quoi qu’il en ait pu être de ces petites querelles amusantes, Schlegel lui fut, pendant des années, du plus grand usage par ses qualités, par son savoir ingénieux et profond.

1121. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Il a même combattu, comme des esprits prévenus et préoccupés de trouver partout le ridicule et le grotesque, ceux qui ont ri plus qu’il ne fallait d’une fête des Fous, d’une fête de l’Âne, célébrées à l’époque de la Circoncision, et, qui, tout en se moquant, ont commis, à ce qu’il paraît, quelques bévues singulières ; et il a montré dans tous les cas que ces plaisanteries n’atteignaient pas le haut moyen âge66.

1122. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Le mot est tiré de l’espagnol et de l’arabe, et il en est venu à exprimer un simulacre, une démonstration d’attaque, d’incursion, une insulte brusque, plus fastueuse que réelle, et où il entre, malgré tout, une nuance de ridicule.

1123. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

On l’a remarqué avec une grande justesse : on peut avoir plus d’une opinion, selon le point de vue où l’on se place, sur l’utilité, sur les effets plus ou moins fructueux et louables de l’entreprise saint-simonienne ; mais en la considérant dans sa visée et son acception la plus étendue, en la dégageant des singularités et des ridicules qui s’y sont finalement mêlés, on n’en saurait méconnaître la valeur et la portée.

1124. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Rendons service à Corneille en le débarrassant d’une faute ridicule ? 

1125. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Songez seulement à ce que seraient les nôtres si nous étions venus au monde dix siècles plus tôt, ou, dans le même siècle, à Téhéran, à Bénarès, à Taïti. » C’est si évident, qu’il semblerait vraiment ridicule de dire le contraire.

1126. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Un sot se contenterait de tout cela ; mais malheureusement j’ai pensé assez solidement pour sentir que des louanges sont peu de chose, et que le rôle d’un poète à la Cour traîne toujours avec lui un peu de ridicule, et qu’il n’est pas permis d’être en ce pays-ci sans aucun établissement. » Cet établissement si désiré, même lorsqu’il se flatta de ravoir obtenu vingt ans plus tard, manqua toujours par quelque endroit.

1127. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Combien de ces actes, signifiés aux vivants par les morts, où la folie semble le disputer à la passion ; où le testateur fait de telles dispositions de sa fortune, qu’il n’eût osé de son vivant en faire confidence à personne ; des dispositions telles, en un mot, qu’il a eu besoin, pour se les permettre, de se détacher entièrement de sa mémoire, et de penser que le tombeau serait son abri contre le ridicule et les reproches ! 

1128. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

« Le titre d’Excellence est une sorte de plaisanterie en France, « et lorsque le roi veut tourner en ridicule M. de Richelieu, il lui « donne de l’Excellence.

1129. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Cette identité place entre les hommes de ces deux pays un caractère commun qui les fera toujours se prendre l’un à l’autre et se reconnaître ; ils se croiront mutuellement chez eux quand ils voyageront l’un chez l’autre ; ils échangeront avec un plaisir réciproque la plénitude de leurs pensées et toute la discussion de leurs intérêts, tandis qu’une barrière insurmontable est élevée entre les peuples de différent langage qui ne peuvent prononcer un mot sans s’avertir qu’ils n’appartiennent pas à la même patrie ; entre qui toute transmission de pensée est un travail pénible, et non une jouissance ; qui ne parviennent jamais à s’entendre parfaitement, et pour qui le résultat de la conversation, après s’être fatigués de leurs efforts impuissants, est de se trouver mutuellement ridicules.

1130. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Mais, dès 1684, nous avons de lui un admirable Discours en vers, qu’il lut le jour de sa réception à l’Académie française, et dans lequel, s’adressant à sa bienfaitrice, il lui expose avec candeur l’état de son âme : Des solides plaisirs je n’ai suivi que l’ombre, J’ai toujours abusé du plus cher de nos biens : Les pensers amusants, les vagues entretiens, Vains enfants du loisir, délices chimériques, Les romans et le jeu, peste des républiques, Par qui sont dévoyés les esprits les plus droits, Ridicule fureur qui se moque des lois, Cent autres passions des sages condamnées, Ont pris comme à l’envi la fleur de mes années.

1131. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Puis il en vient aux ridicules et aux politesses hautaines de la noble société qui daigne l’admettre, à la dureté de ces grands pour leurs inférieurs, à leur excessif attendrissement pour leurs pareils ; il raille en eux cette sensibilité distinctive que Gilbert avait déjà flétrie, et il termine en ces mots cette confidence de lui-même à lui-même : « Allons, voilà une heure et demie de tuée ; je m’en vais.

1132. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Dans les deux cas, l’inexpérience est la même ; aussi le résultat est-il également inexact et ridicule ».

1133. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Lesage fait défiler sous nos yeux un long cortège d’originaux, ridicules ou odieux.

1134. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Négliger cette importante condition, c’est livrer le développement de l’esprit humain au hasard ou aux ridicules prétentions de quelques hommes présomptueux et vains 152.

1135. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Une autre fois, c’est le grand prieur qui reprend publiquement une maîtresse qu’il avait quittée la veille au su et vu de tout Paris, et qui s’affiche avec ridicule ; mais cela est de tous les temps.

1136. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

« Le monde raille les recherches auxquelles je me livre, disait-il, et tourne en ridicule mes travaux ; mais dans ce labeur, tout immense qu’il est, ce m’est une grande consolation encore départager ce dédain avec la nature. » Il y a du rhéteur dans Pline ; il ne faut ni le méconnaître ni l’exagérer.

1137. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Dans ses lettres à la reine, il se moque d’eux tous, des prétentions et des ridicules de chacun, très agréablement.

1138. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Il est dommage seulement que, femme d’esprit comme elle était, et femme à principes comme elle voulait être, elle n’ait pas su concilier cette vocation déclarée avec le tact des convenances, le sentiment du ridicule, et de plus avec la droiture et la simplicité des pensées.

1139. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Relue à haute voix, plus d’une de ses harangues ou oraisons, telle que son Éloge du premier président de Bellièvre, ferait sourire et paraîtrait ridicule d’emphase, si l’on ne se rendait bien compte de quoi il s’agissait.

1140. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Ces nigauds de l’abbé Gerbet sont pleins d’esprit et d’à-propos : il les fait par obéissance, ce qui le sauve, dit-il, de tout reproche et de toute idée de ridicule, il est difficile de détacher ces riens des circonstances de société qui les produisent ; voici pourtant une de ces petites pièces improvisées à l’usage et pour la consolation des perdants, elle a pour titre Le Jeu du soir : C’est aujourd’hui la Fête de la Vierge, Mais, entre nous, je voudrais bien savoir Si, quand on doit le matin prendre un cierge, On peut tenir une carte le soir.

1141. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Ce grand roi avait régné trop longtemps ; il en était résulté, durant les quinze ou vingt dernières années, un régime convenu et hypocrite sous lequel couvaient et levaient déjà la tête les vices et les ridicules d’un certain genre, qui n’attendaient plus que le jour et l’heure pour déborder.

1142. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Il y a eu, c’est vrai, des époques où l’on pensait autrement ; dans ces temps-là les choses sur lesquelles on marchait le prenaient quelquefois mal, et se soulevaient ; mais c’était l’ancien genre, ridicule maintenant, et il faut laisser dire les fâcheux et les grognons affirmant qu’il y avait plus de notion du droit, de la justice et de l’honneur dans les pavés d’autrefois que dans les hommes d’aujourd’hui.

1143. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Nous fûmes, en effet, dès l’origine, ce que nous sommes à présent, vains, frondeurs, impatients, habiles à saisir le côté faible ou ridicule de toutes choses, prompts à l’exécution, peu dociles au conseil, susceptibles d’entraînement plutôt que d’exaltation ; mais nous fûmes aussi, dès l’origine, et nous serons jusqu’à la fin, nobles et généreux, accessibles à la pitié, compatissants au malheur.

1144. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

C’est presque un moraliste, — un aimable moraliste de salon, mais qui a de la dent et qui la met où il faut la mettre, quand un ridicule lui tombe dessous.

1145. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Un en a vu même qui, comme Malebranche, n’ont jamais pu faire de vers, ou n’en ont fait que de ridicules.

1146. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Bien plus, apercevant les choses par des vues générales, il découvre en l’homme cent mille misères que le vulgaire n’aperçoit pas : l’immensité de notre ignorance, l’incertitude de notre science, la brièveté de notre vie, la lenteur de notre progrès, l’impuissance de notre force, le ridicule de nos passions, l’hypocrisie de notre vertu, les injustices de notre société, les douleurs sans nombre de notre histoire.

/ 1635