Elles ont faire croire à l’Europe et au monde que « toute la France en hommes » n’était que le peu qu’on en rencontrait à leur table ou dans leur salon. […] Vous avez dit, non ce que vous aviez à dire, mais ce que vous avez cru qui plairait à vos contemporains. […] C’est donc aussi par lui que tous ces faits, qu’on y eût pu croire indifférents, appartiennent à l’histoire de la littérature. […] Comme Ronsard, il a cru que toute beauté, toute perfection était « enclose » dans les chefs-d’œuvre des anciens, et par suite, comme Ronsard, il a donc cru que toute invention, tout génie même ne consistait qu’à vêtir sa pensée de ces formes immortelles. […] Nous ne le croyons pas, et pour plus d’une raison, dont la première est celle-ci, qu’il avait vécu cent cinquante ans.
Ce n’est pas l’imitation qu’elle goûte, mais le fait positif et cru. […] « Elle n’examine pas, elle ne fait que sentir. » Elle se trouble et souffre ; en vain elle veut croire Pylade, elle ne le croit pas. […] Quelqu’un croit-il qu’il puisse tenir ce qu’il promettra ? […] il nous croit bien en colère ! […] On crut le singe ; Gleyre ne fut pas jeté à la mer.
Et je ne crois pas qu’il le dise en plaisantant. […] Et Boileau avait tort de croire qu’il pouvait lui montrer son erreur en ne faisant appel qu’au bon goût. […] « On croit être dans les lieux qu’Homère dépeint, y voir et y entendre des hommes. […] Il a cru modeler la création critique sur la création esthétique. […] Balzac nous fait croire à Grandet et à Hulot, et cela suffit.
Ensuite, quand les faits seront connus, ceux qui le croiront juste jetteront la pierre à M. […] Il est difficile de le croire. […] Mais il faut croire qu’elle n’a pas été bien loin, puisque M. […] que de papes aujourd’hui et que de moutardiers du pape qui se croient impeccables ! […] Si vous croyez qu’un médecin y ferait quelque chose.
Je crois avoir réussi à faire mon Tatius, mais je n’en suis pas certain. […] citoyens, je vous prie de croire que la mort est préférable à ce que j’éprouve en ce moment. […] je crois, (j’espère au moins !) […] Croyez-vous que les grands hommes de l’antiquité dont nous avons les images aient posé ? […] Je crus de mon devoir de rester pour les faire ; en un jour et une nuit elles furent prêtes.
Retracer ce triste épisode de notre histoire contemporaine ne sera point, nous le croyons, une tâche inutile. […] croyez-moi ! […] Pour moi, je ne le crois pas… Ah ! […] Mais à quel degré d’abaissement il est descendu pour exploiter celui-ci, c’est ce qu’on a peine à croire. […] Vous, vous ne croyez pas plus qu’eux à Dieu, et vous ne croyez pas comme eux à l’homme.
Ce serait une grave erreur de croire que cet intérêt date d’aujourd’hui ni même d’hier. […] Il croyait aussi aux forces secrètes de l’atavisme. […] Nous croyons que les antiques universités locales sommeillent et se réveilleraient très vite. […] Je me souviens trop bien d’avoir moi-même subi la suggestion de ce que je crois aujourd’hui un préjugé. […] Vous croyez qu’à vous entendre, vous avez vaincu un préjugé.
On cesse de croire en elles, parce qu’on croit à la science. […] Il croirait en être déshonoré. […] A-t-on de nos jours écrit quelque chose de plus cru que le portrait suivant ? […] Je crois que cette espèce d’esprit est le premier de tous. […] Il croyait voir une mare de sang devant lui.
Valjean les emporte ; vous croyez qu’il est corrigé par tant de vertu de l’homme juste ? […] L’imagination se défie de l’écrivain, elle se détourne de ces misères à procédé et à système, et par dégoût elle ne veut pas croire. […] C’est ce que nous n’oserions dire ; c’est même ce que nous ne croyons pas. […] On ne pouvait croire que ce fût cet homme qui eût jeté ce cri effrayant. […] Madeleine est devenu fou ; vous ne me croyez pas !
Nous ne croyons donc nullement que Viciée de tirer « un coup de pistolet », par exemple, agisse sur le cerveau comme le doigt agit sur la détente. […] Quand nous croyons réfléchir actuellement sur un fait actuel de notre vie mentale, il y a là simplement des sensations renaissantes accompagnées d’appétitions et d’un jugement par lequel nous assimilons le présent au passé ; c’est donc une combinaison nouvelle de faits mentaux qui succède au fait sur lequel nous croyons réfléchir directement. […] A en croire MM. […] Nous croyons que la psychologie s’écartera de plus en plus de cette conception trop exclusivement mécaniste. […] Voilà la conclusion qui s’imposera bientôt, croyons-nous, à la psychologie.
Un moment j’ai cru le manuscrit mien, j’en ai été le possesseur pendant cinq minutes. […] Voici, du moins — ce médecin le croyait — tout le thème des pensées de la jeune fille, devenue femme, et qui ne voit pas d’homme. […] C’est là, je crois, un symptôme de la mort de la littérature et de l’art, chez les hommes du vingtième siècle. […] Le littérateur. — Moi, je ne crois pas avoir dépassé le nombre de Salomon… les 700. […] Dans un voyage, à la suite de l’Empereur, je crois, à Cherbourg, il allait voir Saint-Malo, en compagnie d’un vieux vaudevilliste.
Dans Dryden, peut-on y croire ? […] Sitôt qu’il croit Cléopatre fidèle, l’honneur, la réputation, l’empire, tout disparaît. « Qu’est-ce que cela, Ventidius ? […] Je crois que Dryden, avec tous ses prosternements, a plutôt manqué d’esprit que d’honneur. […] Quand il aborda l’Énéide, « la nation, dit Johnson, parut se croire intéressée d’honneur à l’issue. ». […] Dryden a cru imiter Racine.
Tel, avec sa mine discrète, Plus dangereux, à ce qu’on croit, Lui fait connoître qu’il sauroit Tenir une faveur secrète. […] croit-elle qu’on lui rendra Tous les encens qu’elle rejette ? […] Je suis très sensible à la bonté que vous avez eue de me donner cet avis ; ayez encore a celle de me croire avec toute l’estime et la considération possible, mademoiselle, votre très humble et très obéissant serviteur, Esprit, évêque de Nîmes.
Ils croient au vrai et au bien, ils les cherchent partout : la pure beauté, toute formelle, purement sensible, sans mélange d’éléments intellectuels ou pathétiques, leur est incompréhensible. […] Il est des jeunes gens qui écrivent d’un style naturel et simple, quand ils s’abandonnent, et ne songent pas à ce qu’ils font : quand ils croient penser, quand ils veulent écrire, arrivent les grands mots et les belles phrases, le style drapé, guindé, important, à moins que ce ne soit le langage maniéré, alambiqué, quintessencié, qui coupe les idées en quatre, et danse sur les pointes d’aiguilles. […] Les femmes qui pensent ou qui font du style ressemblent fort aux écoliers : et de là vient que, dans notre littérature, celles qui n’ont pas cru faire œuvre d’écrivains, se sont mises au-dessus des autres.
Il n’a pas compris, et nous attribue ce que son esprit fermé à toute idée générale, lui a fait croire ou entendre. […] pour la divulgation d’idées générales du penseur, d’idées générales que tout le monde a entendu développer par lui à Magny et ailleurs, d’idées générales, toutes transparentes dans ses livres, quand elles n’y sont pas nettement formulées, d’idées générales dont il aurait, j’ai tout lieu de le croire, remercié le divulgateur, si le parti clérical ne s’en était pas emparé, pour lui faire la guerre. […] Certes c’est beaucoup ; je vous l’accorde, mais point assez vraiment, pour bondieuser, comme vous bondieusez, en ce moment, sur notre planète, — et je crois que l’avenir le signifiera durement à votre mémoire.
On les lit avec intérêt, & l’on est porté d’autant plus à croire l’Auteur, qu’il ne fait nul effort pour être cru.
Je crois que l’âge, en m’ôtant de plus en plus le besoin de sommeil, augmentera cette disposition. […] En voyant ses relations rétablies sur le pied de l’amitié et de la confiance avec les gens les plus distingués, j’ai cru qu’il y aurait de ma part du pédantisme et de la pruderie à être plus difficile que tout le monde. […] Mais, soit qu’il s’exprimât trop obscurément, soit que la préoccupation de cette femme distinguée fût ailleurs, elle ne crut jamais recevoir dans Farcy un amant malheureux. […] » Il sourirait à notre fantaisie de croire que la scène suivante se rapporte à quelque circonstance fugitive de la liaison dont elle aurait marqué le plus vif et le plus aimable moment. […] « Il s’efforce d’aimer et de croire, parce que c’est là-dedans qu’est le poëte : mais sa marche vers ce sentiment est critique et logique, si je puis ainsi dire.
Cependant je ne crois pas que les hommes du sud de la Loire soient moins doués pour la poésie que ceux du Nord. […] Je crois que si les Méridionaux voulaient travailler, ils auraient de grands poètes même en langue française. […] Je n’ai pas le loisir de vérifier cette loi générale ; j’ai tout lieu de croire qu’il ne l’a pas énoncée sans preuves. […] Je ne crois pas beaucoup aux lois du genre de celle qu’il formule : elles ne sont jamais vérifiables que superficiellement. […] Voilà, je crois, qui répond encore à l’observation de M.
Et ne croyons pas que l’étude des œuvres du génie ne soit pour nous qu’un délassement et un plaisir. […] La variété de son débit se manifestait à la fois dans sa physionomie et dans ses gestes, et suppléait tellement à l’absence de sa voix, qu’on finissait par lui en croire une. […] Qui le croirait ? […] L’un dit : Il serait temps, je crois, de commencer. […] « Des vers de Lamartine ou de Victor Hugo « On ne croit, quand il chante, entendre qu’un écho.
Depuis longtemps, la Religion se plaisait à croire qu’elle avait, dans la personne de Pasteur, annexé la science. […] Elles ont pu se croire toutes les cartes maîtresses en main. […] Ainsi, croyais-je, de par la grâce d’un arbre chimérique, renier un monde juste bon à être renié. […] Fils de famille, il ne croyait pas que la famille, ce fût cette cheminée qui la groupât. […] Aujourd’hui, ne prennent plus ces attrape-nigauds que l’on croyait des attrape-poètes.
Pourquoi tient-on à croire que Louis XIV a fait asseoir Molière à sa table, et l’a servi lui-même ? […] Tel est ce « flatteur de Louis », auquel, si l’on en croyait Voltaire, Louis XIV aurait passé la liberté de « censurer tout » pourvu qu’il fut loué. […] Elles sautent aux yeux de quiconque en croit plus le Voltaire du Siècle de Louis XIV que le Voltaire de Boileau, ou mon Testament. […] Moi-même j’y ai cru jusqu’à ces dernières années, et tant qu’on s’est borné à en alléguer, sans la démontrer, la fausseté. […] Mais on ne nie pas qu’il se soit cru un moment suspect de jansénisme aux yeux du roi.
Nous dirons les idées que nous avons cru rencontrer chez eux et celles que nous les croyons susceptibles de suggérer en nos âmes, tout en reconnaissant du reste par avance les inévitables erreurs où nous entraînera parfois chacune des moindres conclusions. […] C’est ce qu’ils crurent, et c’est ce qu’ils firent. […] Lui, qui avait prêché le détachement complet des choses du monde, et qui faisait profession de ne croire à rien, il s’attache à une œuvre de pensée et il croit à la beauté plastique. […] Louis Ménard a cru devoir le disculper de cette prétendue erreur. […] Grave lacune dans son génie, si l’on en croit M.
Le décor est posé, auquel vous croyez. […] La description, Mérimée n’y croyait pas. […] Il était né pour croire, et pour aimer, et pour espérer. […] Ce peuple-là, Augustin Cochin n’y croit pas. […] Quel déconcertement, croyez-vous !
— Si tu ne bois le reste, je le crois. […] Qui croit m’épouvanter de sa voix effroyable ? […] — Vous voulez, je le crois, de l’honneur abuser ? […] La quatrième, celle qui se croit adorée de tous les hommes, est une autre grande dame de la cour. […] Vendôme crut que son protégé agissait ainsi par désintéressement.
Ces travailleurs-là sont plus nombreux que l’on serait porté à le croire, au premier abord. […] Sachant ce que l’auteur du document a dit, on se demande : 1° qu’est-ce qu’il a voulu dire ; 2° s’il a cru ce qu’il a dit ; 3° s’il a été fondé à croire ce qu’il a cru. […] Ce qu’un auteur exprime n’est pas forcément ce qu’il croyait, car il peut avoir menti ; ce qu’il a cru n’est pas forcément ce qui existait, car il peut s’être trompé. […] Pour affirmer une proposition il faut des raisons spéciales de la croire vraie. […] On croit ne faire qu’une métaphore et on est entraîné par la force des mots.
De quelque manière qu’on veuille interpréter ces symptômes évidents, qu’on y voie, comme les plus illuminés semblent le croire, l’annonce de je ne sais quelle femme miraculeuse destinée à tout pacifier ; qu’on y voie simplement, comme certains esprits plus positifs, la nécessité de réformer trois ou quatre articles du Code civil, nous pensons qu’il doit y avoir sous ce singulier phénomène littéraire une indication sociale assez grave ; nous aimons surtout à y voir un noble effort de la femme pour entrer en partage intellectuel plus égal avec l’homme, pour manier toutes sortes d’idées et s’exprimer au besoin en sérieux langage. […] Vers l’âge de trente ans, combien n’est-il pas actuellement de femmes qui, belles encore, ayant devant elles, ce semble, un riant automne de jeunesse, sentent pourtant en leur cœur l’ennui, la mort, l’impuissance d’aimer et de croire ! […] Comme il était arrivé qu’aux approches et aux environs de Lélia le mot de roman intime avait été prononcé par je ne sais qui, et sans qu’on eût, je le crois bien, la pensée de faire à Lélia l’application de ce mot, les plus subtils et les plus clairvoyants critiques ont à l’instant dénoncé l’œuvre nouvelle comme un formidable signal d’invasion, comme le monstre du genre. […] L’idée réelle de Lélia, avons-nous dit, est l’impuissance d’aimer et de croire, la stérilité précoce d’un cœur qui s’est usé dans les déceptions et dans les rêves.
Comment aurait-il pu croire que le moyen de sauver la royauté était de renfoncer dans la Charte, de l’enchaîner à toutes ses conséquences, et surtout de la séparer de toutes les questions administratives, lorsque la plupart des politiques du moment où nous sommes sont encore persuadés que celui qui gouverne est nécessairement le chef de l’administration ? […] Une maladie, une simple indisposition, et la réputation du régent était à la merci des absolutistes et du parti prêtre ; et les idées de crime se répandaient avec effroi, comme pour faire croire sans cesse qu’une couronne valait bien un crime pour l’obtenir comme pour la conserver. […] C’eût été se faire siffler par le peuple dont l’instinct sûr sait pourquoi il a combattu, beaucoup mieux que ceux qui ne se croient pas peuple. […] Il faut prendre son parti à cet égard, ne pas croire que les titres expriment ce qu’ils exprimaient, et qu’il y ait encore des prestiges dans l’ordre social.
Quoique de tels efforts, s’ils étaient suivis avec constance, soient de ceux qu’il y a presque obligation à favoriser, et quoique l’auteur de Christine ait paru un moment vouloir les poursuivre, nous croyons que c’est au théâtre surtout que l’effort ne doit point paraître trop prolongé. […] A mesure que le serment politique perd de sa valeur, le serment dramatique gagne en inviolabilité ; c’est ainsi que la littérature exprime souvent la société, par le revers : on fait des bergeries au siècle de Fontenelle ; on immole sur le théâtre son bonheur à la lettre d’un serment, dans le siècle où la parole d’honneur court les rues et où on lève la main sans rien croire. […] Ce que celle-ci ne prend guère la peine de dissimuler en air cru, dur et matériel, peut bien n’être pas très élevé et très idéal, mais ne sort pas de la comédie et rentre tout à fait dans la vérité. […] Le drame moderne reprend sa revanche et domine au cinquième acte : la lutte, encore une fois violente, entre mademoiselle de Belle-Isle dégagée de son serment, et le chevalier qui se croit éclairé trop tard, n’est adoucie que par l’approche du dénouement bien prévu, et par l’idée qu’il est impossible que la catastrophe ait lieu désormais.
Socrate et Platon croyaient aux démons familiers. […] Dès qu’un revers, une peine quelconque s’appesantit sur l’âme, il est impossible qu’elle repousse absolument toutes les superstitions de son siècle : l’appui qu’on trouve en soi ne suffit pas ; on ne se croit protégé que par ce qui est au dehors de nous. […] La métaphysique qui n’a ni les faits pour base, ni la méthode pour guide, est ce qu’on peut étudier de plus fatigant ; et je crois impossible de ne pas le sentir, en lisant les écrits philosophiques des Grecs, quel que soit le charme de leur langage. […] Je ne crois pas que le mot de bonheur soit une fois prononcé dans les écrits des Grecs, selon l’acception moderne.
Mais quand Dorante a pris la parole ou la plume, nous avons cru que Dorante, c’était vous ; nous l’avons cru jusqu’à la fin de son Étude ; et voilà que Lysidas dans sa Réponse (quels personnages ! […] C’est une erreur de croire que l’école historique ait accompli tout le bien qu’elle avait à faire, et que le devoir de la critique de l’avenir soit de lui faire la place petite. […] Je crois, pour ma part, que deux ou trois de ces ouvrages ont la plus haute valeur comme œuvres du génie, mais que pas un seul n’a la moindre valeur scientifique.
Comme la royauté mettait sa justice au service du dogmatisme catholique, et par politique dénonçait les victimes comme des factieux à ses alliés protestants, Calvin se crut obligé de protester dans la fameuse lettre à François Ier. […] Aux catholiques : ne comptez pas sur les indulgences, ne comptez pas sur les pratiques et les œuvres, ne comptez pas sur votre volonté : humiliez-vous, tremblez, croyez. […] Ces prédicateurs protestants, et non seulement Viret, mais Calvin même qu’on croit si austère, sont tout près de Menot et de Baulin, ils y touchent non par le temps seulement, mais par le goût. […] Je ne crois pas qu’il y ait eu chez lui d’amour-propre, ni d’ambition, au-delà de ce que comportent les actes humains, jusque dans le plus désintéressé dévouaient à l’idée.
Leur ignorance était extrême ; ils avaient l’esprit faible, ils croyaient aux spectres et aux esprits 477. […] A chaque pas, dans le nuage qui passait, le grain qui germait, l’épi qui jaunissait, on voyait le signe du royaume près de venir ; on se croyait à la veille de voir Dieu, d’être les maîtres du monde ; les pleurs se tournaient en joie ; c’était l’avènement sur terre de l’universelle consolation : « Heureux, disait le maître, les pauvres en esprit ; car c’est à eux qu’appartient le royaume des cieux ! […] Par une existence douce, réglée, contemplative, laissant sa part à la liberté de l’individu, ces petites églises croyaient inaugurer sur la terre le royaume céleste. […] Origène et les interprètes grecs, ignorant le proverbe sémitique, ont cru qu’il s’agissait d’un câble [Greek : camilos] 503.
Il crut son opinion fondée, & la soutint avec honneur. […] Je n’ai garde cependant de préconiser le Latin, au point de croire ridiculement qu’il faille donner à cette langue les plus belles années de sa vie, y être consommé pour se mettre en état d’écrire en François. […] Il ne croit pas qu’il y ait rien de plus funeste à notre langue que le stile Marotique ; qu’un genre moitié sérieux, moitié bouffon ; que cette bigarrure de termes bas & nobles, surannés & modernes. […] Aussi y a-t-il bien du mal-entendu dans cette controverse, ou les tenans ne sont pas au fond si opposés qu’on le croiroit.
Croit-il que le moment où tout le monde s’est retiré, où la jeune épouse est seule avec son époux n’eût pas fourni une scène plus intéressante que la sienne ? […] Croit-on que les bustes de ceux qui ont bien mérité de la patrie, les armes à la main, dans les tribunaux de la justice, aux conseils du souverain, dans la carrière des lettres et des beaux-arts, ne donnassent pas une meilleure leçon ? […] Je joue de l’orgue ; cela n’est pas si difficile que je croyais. […] Il est à gouache, mais les tons en sont si lumineux, qu’on le croirait à l’huile.
Écrite pour le temps où Pélisson avait vécu, elle n’avait pas duré davantage, et c’est inutilement, nous le croyons, que Livet, dans son désir d’être agréable à l’Académie d’aujourd’hui, a tiré cette histoire de l’oubli dans lequel elle était tombée. […] ce n’est pas, comme on pourrait le croire, pour les beaux yeux, fermés depuis longtemps, de ces cadavres intellectuels, que l’éditeur de Pélisson et de d’Olivet s’est livré à l’exhumation présente. […] En rééditant leurs histoires avec un impayable sérieux, en les accompagnant d’une introduction animée, d’un enthousiasme presque tendre, en devenant mélancolique lorsque son livre finit et qu’il est obligé de renoncer à cette douce familiarité avec des hommes l’orgueil, à juste titre, de la littérature, Livet, qui a quêté partout des annotations pour la plus grande gloire de l’Académie, a cru évidemment que cette assemblée discoureuse, fondée pour discourir et ouvrir ou fermer la porte aux mots nouveaux qui se risqueraient dans la langue, enfin que cet hôtel de Rambouillet sans femmes avait le privilège de créer véritablement des grands hommes, parce qu’il pouvait, pour le récompenser de son zèle, le faire un jour académicien, lui, Livet ! […] Le croira-t-on ?
I Ces Deux Masques avaient été, je crois, publiés, avant de l’être en volume, dans une suite de feuilletons sous le titre de « Théâtre grec ». […] croyez-le bien, il a tout fait pour ne pas réussir, l’auteur des Deux Masques, cet écrivain de race, d’éducation, de développement continu, infatigable et superbe ! […] Ce fut si brillant qu’on crut que cela ne durerait pas. […] — Eh bien, aujourd’hui, voici que Saint-Victor, impatienté, publie enfin un vrai livre, un livre avec son unité de sujet, de composition et de portée : — c’est Les Deux Masques, Il faut croire que l’on se taira, à présent !
I Lorsque les journaux annoncèrent qu’Edmond et Jules de Goncourt allaient publier une histoire de Marie-Antoinette18, nous crûmes — pourquoi ne le dirions-nous pas avec franchise ? […] De Portraits intimes en portraits intimes de cette époque dont ils ont le goût, qui est déjà une corruption, ils sont arrivés à cette grande figure de Marie-Antoinette, plus grande que le cadre du siècle dans lequel elle est renfermée ; et, le croira-t-on ? […] Au regard de ceux qui vont au fond de cette femme, peut-être plus profonde qu’on ne croit, Marie-Antoinette, cette reine de Trianon avant d’être la reine de France et la reine du Temple, Marie-Antoinette, qui fut un instant si frivole d’apparence avant d’être si sublime de réalité, ne semblait-elle pas avoir un côté historique bien tentant pour les statuaires en pâte tendre ? […] Depuis Henri IV et Louis XIV, qui reconnaissaient leurs bâtards et leur donnaient des maisons princières, jusqu’à Louis XV, qui éleva l’adultère à la Fonction dans la personne de madame de Pompadour et de madame du Barry, des générations successives de maîtresses avaient suivi des générations successives de Bourbons sur le trône, en sorte que l’on aurait pu croire que, si le Roi ne mourait pas en France, la Maîtresse du Roi ne mourait pas non plus… Nous ne craignons pas de le dire : c’est là le grand crime des Bourbons, la tache indélébile qu’on ne lavera point dans toute leur gloire.
Ce très peu grave président, qui aimait l’antithèse, et dont le génie pincé et… pinçant tondait sur l’Histoire des épigrammes comme un avare tondrait de la laine sur un œuf, Montesquieu, lui, au xviiie siècle, avait fait le Persan pour être plus impertinent contre la France, sachant bien que la France est une femme de goût qui aime l’impertinence quand l’impertinence a de la grâce, — de la grâce, cette folie de nous tous, qui ferait aimer, je crois, les coups de bâton, si on savait gracieusement les donner ! […] Il n’était pas malin de faire croire qu’on était Persan à ceux qui demandaient comment on pouvait l’être, et depuis, — depuis que nous les connaissons mieux, les Persans, — ce n’est pas bien malin encore. […] … Francis Wey a le ferme bon sens qui devient, en toutes choses, très vite le grand sens, et il a aussi cette mâle finesse de la prudence qui n’est pas la prudence femelle, celle de la lâcheté… Son style, à la trame serrée, étoffée à pleine main, solide, et dont je me permettrai de dire qu’on en sent le grain comme celui d’un maroquin étincelant qui prend et retient la lumière, est bien le style qui convient à un esprit net, avisé (que les sots croiront retors parce qu’il est avisé), sagace enfin, et dont la sagacité naturelle a été aiguisée par l’étude première et continuée de toute sa vie, — l’étude de l’Histoire. […] j’ai toujours cru qu’on ferait un fameux écrivain avec seulement quatre styles, qu’on mêlerait adroitement : le style d’Alceste, de Philinte, des deux Marquis et de Célimène.
Edmond et Jules de Goncourt allaient publier une Histoire de Marie-Antoinette, nous crûmes — pourquoi ne le dirions-nous pas avec franchise ? […] De Portraits intimes en portraits intimes de cette époque dont ils ont le goût, qui est déjà une corruption, ils sont arrivés à cette grande figure de Marie-Antoinette, plus grande que le cadre du siècle dans lequel elle est renfermée ; et, le croira-t-on ? […] Au regard de ceux qui vont au fond de cette femme, peut-être plus profonde qu’on ne croit, Marie-Antoinette, cette reine de Trianon, avant d’être la reine de France et la reine du Temple, Marie-Antoinette, qui fut un instant si frivole d’apparence, avant d’être si sublime de réalité, ne semblait-elle pas avoir un côté historique bien tentant pour les statuaires en pâte tendre ? […] Depuis Henri IV et Louis XIV, qui reconnaissaient leurs bâtards et leur donnaient des maisons princières, jusqu’à Louis XV, qui éleva l’adultère à la Fonction, dans la personne de Mme de Pompadour et de Mme Du Barry, des générations successives de maîtresses avaient suivi des générations successives de Bourbons sur le trône, en sorte que l’on aurait pu croire que si le Roi ne mourait pas en France, la Maîtresse du Roi ne mourait pas non plus… Nous ne craignons pas de le dire, c’est là le grand crime des Bourbons, la tache indélébile qu’on ne lavera point dans toute leur gloire.
, il ne l’ait pas mis en pièces et déchiqueté avec la violence d’un ennemi qui croit faire une justice en faisant un massacre… voilà ce qui constitue véritablement une originalité à Prescott, et ce qui produit presque la stupéfaction chez son lecteur. […] Et, croyez-le ! […] Ainsi encore, le croira-t-on ? […] Mais c’est, surtout, quand il s’agit de l’homme redoutable envers lequel il était si facile à un écrivain comme Prescott d’être injuste, que ses paroles deviennent, à force d’impartialité, d’un grand poids : « Nous frémissons, — (je ne crois pas qu’il frémisse beaucoup, cet homme de race anglo-saxonne, fils de boucanier et de flibustier, mais passons-lui ce petit sacrifice à la rhétorique), — nous frémissons en regardant un tel caractère, — (il s’agit du monstrueux duc d’Albe), — mais, nous devons l’avouer, il y a quelque chose qui provoque notre admiration dans cette rigueur, dans cette inflexibilité, dans ce mépris de toute crainte et de toute faveur avec lesquels cette nature indomptable exécute ses plans !!!
Hatin la pomme de Newton qu’il a la bonté de nous servir dans sa préface ; mais cet article, qui pourrait nous faire croire que l’admiration est aussi aveugle que l’amour, car Μ. […] La presse est « aujourd’hui dans un de ces moments de torpeur qui, par une loi que l’on retrouve partout dans la nature, succède toujours aux grandes agitations ». — voilà les idées dont se paie le penseur historique qui vient se colleter avec cette terrible histoire du journalisme, et qui croit en légitimer les ambitions dévorantes ! […] Hatin le croit, il devrait le prouver ; car là est précisément la question, là est le débat que l’histoire qu’il va nous raconter ne finit pas. […] Hatin, qui aurait pu les rappeler avec un juste mépris et passer outre, les a trop rappelées, et s’est attardé dans des citations qui donneront à croire que le besoin de compléter un volume, où la matière d’un volume manque évidemment, était furieusement impérieux !
Il a cru donner un grand exemple de modestie, en se bornant à un titre si court, du moins a-t-il cru s’en faire un mérite, comme il le paroît par cette Epigraphe propre à servir de leçon pour les Auteurs entichés de la manie des longs titres & des frontispices fastueux.
L’argent qui pleut de toutes parts fait l’éloge de l’auteur, et, si l’on en croit son libraire Prault, l’ouvrage est décidément immortel. […] Le genre d’observations qui est propre à Duclos est sensé, rapide, mais d’une nature très sobre : J’ai cru devoir donner, dit-il, une idée de l’état de la France et de la cour de Charles VII, pour faire mieux entendre ce qui regarde son successeur : on verra que Louis XI, né et élevé au milieu de ces désordres, en sentit les funestes effets. […] Voici ce récit, refait par Duclos d’après Saint-Simon : Sire, lui dit-elle, je ne vous trouve pas aussi bon visage qu’hier, vous avez l’air triste : je crois qu’on vous donne du chagrin […] Je crois qu’une comparaison plus suivie et plus approfondie que celle que j’ai pu faire conduirait jusqu’au bout dans le même sens, et ne ferait que confirmer le résultat que j’ai indiqué. […] Et quant à ceux auxquels il est accordé de revêtir leur pensée d’une expression d’éclat et d’imprimer il leur œuvre un cachet d’imagination et de grandeur, ne croyez pas, en général, qu’ils y soient arrivés du premier coup et sans une longue et opiniâtre conquête au-dedans.
Je dis là un grand mot, et qui sera cru de peu de gens ; il est ainsi néanmoins. […] Si sur quelques points l’auteur est enclin et entraîné à trop accorder à Henri IV, à le faire plus libéral dans le sens moderne qu’il ne l’était, à donner une trop grande consistance à ce qui n’a été que fort court, à croire qu’il aurait tout fait s’il avait plus vécu, il y a un train général de bien-être et de félicité bien ordonnée pendant ce règne, sur quoi il est pleinement dans le vrai et ne se méprend pas ; et il nous apporte toutes les pièces à l’appui, les démonstrations victorieuses. […] Haag, qui dans une notice savante, mais composée et construite sous l’empire d’un ressentiment vivace contre celui qui a quitté leur communion, ont cru devoir assombrir ou, comme ils disent, ombrer le tableau des dernières années de ce beau règne. […] On croirait lire une idylle ; il en faut rabattre sans doute ce qui est de l’exagération propre à chacun quand on se met à revoir flotter à l’horizon du passé cet âge d’or des jeunes saisons : il en restera toujours un sentiment bien vrai et d’une couleur non feinte. […] Au dedans, si Henri IV avait vécu et si quinze années de règne lui avaient été accordées encore, on peut croire que la France se serait de plus en plus assise, aurait mûri (ce qui lui est chose rare) par voie de continuité.
Dans les différents régimes qu’il a traversés et sous lesquels il a servi la France, n’étant pas de ceux qui se croient appelés à gouverner ou à corriger l’État, Pelleport s’est constamment appuyé à la partie honnête et sensée de chaque régime. […] Je ne sais que croire. Il est fort à croire que M. […] après quelques années d’exercice quelques-uns peut-être y auraient cru. […] Nous ne songions pas au lendemain, nous ne pouvions y croire ; depuis 1793 nous progressions toujours : nous n’avions donc pas d’arrière-pensée.
Quelques femmes françaises nous regardaient à travers leurs croisées entr’ouvertes et pleuraient… » Arrivé à Constantinople, les illusions du prisonnier continuent : il persiste à se croire en pays civilisé ou du moins non entièrement barbare ; une captivité politique ne l’effrayait pas : « Quelque fâcheux qu’il fût pour moi de me voir prisonnier, je regardais d’abord comme très-consolant d’être réuni à d’autres Français dont la société pouvait me procurer quelques douceurs. […] Nous crûmes qu’en nous renfermant dans notre triste cimetière, nous pourrions être à l’abri de tant d’outrages ; nous nous trompâmes. […] La lettre du ministre Chaptal que j’ai citée, et qui annonce à Jean-Bon Saint-André cette mutation, ne contient pourtant rien de tel, et n’implique, on l’a vu, aucun mécontentement : tout au contraire, il n’y est question que de lumières et de sagesse ; aussi j’incline à croire qu’il y a quelque exagération dans le récit. […] On y voit pourtant, par le détail même dans lequel il entre sur les travaux et les embellissements de Mayence, à quel point Napoléon, à ce milieu d’une année qui devait se terminer si fatalement, croyait encore gagner la partie et comptait sur un lendemain prospère. […] Je crois avoir fait mon devoir comme général et comme soldat.
Vous m’êtes échappés, secrets d’un autre monde, Merveilles de crainte et d’espoir, Qu’au bout d’un océan d’obscurité profonde, Sur des bords inconnus je croyais entrevoir Tandis que mon œil vous contemple, L’avenir tout à coup a refermé son temple, Et dans la vie enfin je rentre avec effort. […] A quelque distance, une pyramide de marbre noir entre les ifs rappelle le souvenir de Lucain, mort à vingt-six ans, qu’on aime à croire victime de la noble hardiesse de sa muse, et peut-être de la jalousie poétique du tyran ; on y lit ces vers de la Pharsale : …… Me solum invadite ferro, Me frustra leges et inania jura tuentem. […] Il croyait naïvement que le poëte est un oiseau voyageur qui n’a qu’à becqueter à droite et à gauche, partout où le portent ses ailes. […] Ce qui ne m’empêche pas de reconnaître, croyez-le bien, tout ce qu’il y a de naturel, de sincère et de bien vite pardonné dans ses perpétuels et affectueux retours à Sattendras ou à Longiron. […] Aussi elle a laissé trace plus qu’on ne croirait en des esprits sérieux et qui ne sont pas tendres à toute poésie.
Magnin avec toutes ses péripéties, ses accidents, ses ivresses même ; on croit y respirer, par moments, comme l’odeur de la poudre, et tel article, écrit le soir dans la chaleur de l’applaudissement, est intitulé Bulletin d’une victoire. C’est qu’alors on croyait, on espérait avec enthousiasme et ferveur. […] Dès le lendemain, je crois m’en être ouvert en ce sens avec le plus illustre des chefs d’alors. […] Magnin insère, chemin faisant, dans son récit, peuvent, je crois, être considérés comme des modèles, et montrent dans quelle mesure on doit se faire littéral avec un poëte étranger, tout en se conservant français, lisible, et même élégant. […] Tandis que les poëtes et les écrivains qui se croient créateurs passent très-vite et meurent tout entiers, s’ils ne sont excellents, le critique accrédité et fidèle vit, c’est-à-dire (oh !
« Camille Desmoulins ne pouvait croire que Robespierre laissât exécuter un homme comme lui. […] Croyez-moi, calomniateurs de cette histoire, laissez-lui ce livre au lieu de le redouter : c’est l’école des peuples. […] Ce n’était que de l’étude, on a cru y voir de l’admiration. […] Il livre à ce qu’il croit le besoin de sa situation les têtes du roi, de la reine, de leur innocente sœur. […] Il se croit les droits de la Providence parce qu’il a un sentiment et un plan dans son imagination.
N’allez pas croire pourtant qu’on opère ces réformes dans l’intérêt du peuple ignorant ! […] A la fin du siècle dernier et même au commencement de celui-ci, les poètes se croyaient encore obligés de recourir aux périphrases les plus vagues ou les plus bizarres pour exprimer les choses de la vie familière. […] Il ne se permet ni railleries ni familiarités et dans tout ce poème, où devait revivre l’époque frénétique de la Ligue, vous chercheriez en vain un mot cru ou brutal. […] Vous croyez qu’il va se fâcher et rendre coup pour coup ? […] Elle ne craint pas de remuer des idées ; d’aborder les grosses questions politiques et religieuses, si bien que la police croit utile de s’y glisser, invisible et présente, et que pour la dépister on invente un argot incompréhensible aux profanes.
Mme de La Tour-Franqueville, après la lecture de La Nouvelle Héloïse, se monte la tête, se croit une Julie d’Étange, et elle écrit des lettres très vives au grand écrivain, qui la traite assez mal et en misanthrope qu’il est. […] Ne croirait-on pas vraiment entendre, non la femme d’un bourgeois de Francfort, mais l’épouse d’un sénateur romain, une impératrice romaine ou Cornélie ? […] Je crois qu’ici on a exagéré. […] Je crois que j’étendis les mains vers lui ; je me sentais défaillir. […] je croyais que tout ce qui arrivait à Weimar vous intéressait ?
Les deux valets, en se revoyant, se font part l’un à l’autre de leurs aventures ; ils ont tous deux été autrefois de francs coquins, et ils croient s’être corrigés en se remettant au service. […] On croit se reconnaître dans cette nature d’élite et d’exception, si élevée, mais si isolée, et que rien ne rapproche du commun des hommes. […] Quand on est bien sombre, qu’on croit à la fatalité, quand vous vous imaginez que certaines choses extraordinaires n’arrivent qu’à vous, lisez Gil Blas, et laissez-vous faire, vous trouverez qu’il a eu ce malheur ou quelque autre pareil, qu’il l’a pris comme une simple mésaventure, et qu’il s’en est consolé. […] Quand il est passé à la Cour, et qu’il se voit secrétaire et favori du duc de Lerme, on croit un moment que Gil Blas va s’élever et devenir honnête homme à certains égards ; mais non, il a affaire à des dangers d’une autre sorte, et il y succombe. […] En faisant parler Arlequin, il ne croyait pas si fort déroger ; il passa même, un instant, d’Arlequin aux marionnettes.
Elle ne paraît occupée d’abord que des plaisirs, des amusements et des bagatelles de la société ; mais n’allez pas croire avoir affaire en elle à une femmelette. […] C’est à un tel homme, et qui promettait tant, que Mme de Maintenon, par principes, et de préférence à tout autre, crut devoir donner une jeune fille qu’elle avait élevée avec autant de soin et dont tous les témoins font des descriptions enchantées : Jamais, s’écrie Saint-Simon, un visage si spirituel, si touchant, si parlant, jamais une fraîcheur pareille, jamais tant de grâces ni plus d’esprit, jamais tant de gaieté et d’amusement, jamais de créature plus séduisante. […] Mme de Montespan, qui avait tant de piquant et un tour unique de raillerie et d’humeur, s’était imaginé gouverner toujours le roi parce qu’elle se croyait supérieure à lui par l’esprit. […] Avoir des mœurs en ce sens délicat, qui est celui des honnêtes gens, c’est ne pas s’en croire plus qu’à personne, c’est ne prêcher, n’injurier personne au nom des mœurs. […] On croit sentir le souffle d’une épigramme de l’Anthologie.
Il croit devoir s’en justifier dans un des premiers numéros de son journal (les Révolutions de France et de Brabant) : Je vous demande pardon de mes citations, mon cher lecteur. […] Et ne croyez pas qu’en les étalant il se révolte, et que cette humanité qui s’éveillera trop tard en lui donne ici le moindre signe, témoigne le moindre pressentiment. […] Michelet l’a appelé un polisson de génie ; je crois que c’est bien assez, quand on a lu son Discours de la lanterne et ses Révolutions de France et de Brabant, de l’appeler un polisson de verve et de talent. […] À ces traits, Camille Desmoulins, le croirait-on ? […] Camille se croyait lui-même une des plus solides parties de ce rocher inébranlable qui semblait dire aux flots : « Vous n’irez pas plus loin !
Beaumarchais avait sur la musique dramatique des idées fausses : il croyait qu’on ne pourrait commencer à l’employer sérieusement au théâtre que « quand on sentirait bien qu’on ne doit y chanter que pour parler ». […] Après trente-deux représentations du Barbier, Beaumarchais, qui ne croyait pas que « l’esprit des lettres fût incompatible avec l’esprit des affaires », s’avisa de demander son compte aux comédiens. […] Cette affaire eut pourtant des suites étranges et plus graves qu’on ne l’aurait cru. […] Il croyait n’avoir affaire dans cette polémique qu’à M. […] [NdA] Nous nous croyons bien plus sages et à l’abri de ces illusions : c’est là une illusion même.
Nommé de nouveau recteur de l’Université en 1720, il ne resta que trois mois dans cette charge, toujours à cause de sa profession trop déclarée dans l’affaire de la bulle Unigenitus ; il y croyait sa conscience intéressée, et il y sacrifiait ses goûts et ses autres devoirs les plus chers. […] C’est ainsi que le 26 janvier 1732 on crut devoir faire une visite dans sa maison, pour s’assurer si l’on n’y imprimait point, dans quelque cave, ce journal même des Nouvelles ecclésiastiques, qui mettait alors toute la police en défaut. […] Il avait acquis dans la rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont une petite maison où il passa ses dernières années, et à laquelle on croit que se rapporte le signalement que voici : Je commence, écrivait-il à M. […] Je ne voudrais rien faire entendre au-delà de ma pensée : les modestes, sans doute, pas plus que les présomptueux, ne doivent être pris au mot ; l’homme, dans la plupart des cas, vaut plus ou moins qu’il ne se croit et surtout qu’il ne se montre. […] Dans tout ceci, en resongeant au bon Rollin dont le nom revient encore par un reste d’habitude, je crois qu’il est impossible d’en faire autre chose qu’un honorable, un pieux et lointain regret.
À toutes les raisons qu’on a de croire que ce récit très amusant et ce portrait du premier Cosnac est de l’abbé de Choisy, j’en ajouterai une qui me paraît décisive, c’est la manière délicate et toute féminine dont il est parlé de cette nature et de ces inclinations toutes féminines aussi de Monsieur, duc d’Orléans. […] Il est survenu dans le cours de ce travail, que préparait M. de Cosnac, un incident assez curieux : il a appris qu’il existait un manuscrit de ces Mémoires autre que celui dont il se croyait l’unique possesseur, et d’une rédaction différente, et que ce second manuscrit avait été trouvé à Die par M. le docteur Long. […] Dès que Mme de Calvimont me vit, elle crut que je lui portais de bonnes nouvelles, me reçut avec un visage riant et me demanda avec empressement quand arriverait M. le prince de Conti. […] À ces paroles ses pleurs recommencèrent avec tant d’abondance, que je crus qu’elle n’était pas contente d’une si petite somme. […] Cosnac écoute les agents, ne les croit qu’autant qu’il faut, démêle ce qui est possible et réel, et en parle à son maître ; il ne peut obtenir de lui qu’il applique sa pensée à ce dessein, ni qu’il s’en ouvre sérieusement au roi son frère.
On raconte qu’il voulut avant son départ, revoir Angers et l’oncle maternel qui avait eu quelque soin de son enfance ; là il s’exerça durant plusieurs mois par un régime actif et par des courses de chaque jour à ses fatigues nouvelles, et, quand il se crut suffisamment aguerri, il se mit en marche comme un valeureux fantassin (fin de 1783). […] Je crois avoir trouvé une de ces pages caractéristiques dans le portrait du chameau ; il s’y est surpassé. […] L’âme s’élève, les vues de l’esprit semblent s’agrandir, et au milieu de ce majestueux silence on croit entendre la voix de la nature, et devenir le confident de ses opérations les plus secrètes5. […] Ayant vu en Orient les effets désastreux du despotisme, il crut qu’il suffisait de la pure et simple liberté pour que tout fût bien. […] Je ne crois nullement, comme l’a dit un esprit d’ailleurs judicieux, que Les Ruines constituent un type dans notre littérature : mais c’est en effet un livre qui, par le ton, est bien le contemporain de certaines formes de David en peinture, de Marie-Joseph Chénier et de Le Brun en poésie.
Mais le xviiie siècle, dans son ambition, ne se contente point de si peu ; Sieyès, dans un de ses rares moments d’épanchement, disait : « La politique est une science que je crois avoir achevée. » Et quant à la morale, plus d’un philosophe du temps eût été plus loin et eût dit : « Je crois l’avoir à la fois achevée et inventée. » Piqué par les reproches du Génie et enhardi par sa présence, le voyageur s’ouvre donc à lui ; il veut savoir « par quels mobiles s’élèvent et s’abaissent les empires ; de quelles causes naissent la prospérité et les malheurs des nations ; sur quels principes enfin doivent s’établir la paix des sociétés et le bonheur des hommes. » Ici les ruines de Palmyre s’oublient : le Génie enlève le voyageur dans les airs, lui montre la terre sous ses pieds, lui déroule l’immensité des lieux et des temps, et commence à sa manière toute une histoire de l’humanité et du principe des choses, de l’origine des sociétés, le tout sous forme abstraite et en style analytique, avec un mélange de versets dans le genre du Coran. […] À ne considérer les religions qu’au moral et comme des vêtements nécessaires à la nudité humaine, comment croyait-il que l’homme pouvait subitement s’en passer ? […] Souvent, aux rayons de cet astre qui alimente les rêveries, j’ai cru voir le Génie des souvenirs, assis tout pensif à mes côtés. […] Il est désormais plus humble, plus circonspect ; il se méfie de ce désir de savoir et de ce besoin de croire, lesquels, combinés dans la jeunesse avec le besoin d’aimer, peuvent se prendre à des idoles et à de faux prophètes : et Rousseau, selon lui, a été un faux prophète. […] Volney se consuma autour de cette éclipse, à laquelle il croyait pouvoir assigner une date que l’illustre géomètre Laplace n’admettait pas.
C’est trop, sans doute, de dire avec Cuvier que la vie disparaît pour peu qu’on touche à l’un de ses éléments (car on ne voit pas que l’homme meure quand on lui coupe une jambe, ce qui est cependant pour lui une révolution assez grave) ; mais on peut croire que, tout étant lié à tout dans l’organisme, il n’est pas possible de bien étudier les parties en dehors du tout et de leurs relations naturelles avec le tout. […] Au reste, en assimilant la science des corps vivants à celle des corps bruts, il ne faut pas croire que M. […] Quelquefois néanmoins, on serait tenté de croire que l’agent vital est presque indépendant des actions physico-chimiques, lorsqu’on le voit supporter avec tant de flexibilité les plus grands écarts dans les conditions du milieu extérieur où il est plongé, — l’extrême froid ou l’extrême chaud, l’humidité ou la sécheresse, la lumière ou la nuit, la présence ou l’absence, ou du moins l’extrême inégalité de l’électricité atmosphérique. […] Aujourd’hui encore, on voit les joueurs croire à quelque divinité occulte de ce genre, qu’ils appellent la chance, et qui se joue de toutes les combinaisons, de tous les desseins ; c’est bien là en effet une sorte de fatalisme, mais ce n’est pas là le fatalisme philosophique. […] Faut-il croire que la nature et la liberté sont, comme le corps et l’âme dans le système de Leibnitz, deux horloges allant d’accord parce qu’elles ont été primitivement montées ensemble, mais en réalité ne se connaissant pas, et n’ayant aucun empire l’une sur l’autre ?
Dans un autre endroit, combattant les athées, il dit, à propos des Sauvages qu’on croyait sans Dieu : « Mais on peut insister, on peut dire : Ils vivent en société, et ils sont sans Dieu ; donc on peut vivre en société sans religion. » En ce cas, je répondrai que les loups vivent ainsi, et que ce n’est pas une société qu’un assemblage de barbares anthropophages, tels que vous les supposez : et je vous demanderai toujours si, quand vous avez prêté votre argent à quelqu’un de votre société, vous voudriez que ni votre débiteur, ni votre procureur, ni votre notaire, ni votre juge, ne crussent en Dieu ? […] Sans ce frein, je les regarderai comme des animaux féroces qui, à la vérité, ne me mangeront pas quand ils sortiront d’un long repas, et qu’ils digéreront doucement sur un canapé avec leurs maîtresses, mais qui certainement me mangeront, s’ils me rencontrent sous leurs griffes quand ils auront faim, et qui, après m’avoir mangé, ne croiront pas seulement avoir fait une mauvaise action. » (Tom. […] Je crois toujours, comme je vous le mandais il y a longtemps, qu’il y a plus de profusion que d’économie dans la nature. » (Tom. […] II, chap. 1] Comme la philosophie du jour loue précisément le polythéisme d’avoir fait cette séparation, et blâme le christianisme d’avoir uni les forces morales aux forces religieuses, je ne croyais pas que cette proposition pût être attaquée.
On l’oublie et on croit à la force causatrice des hommes. […] Si vous ne croyez pas à l’action personnelle de Dieu sur le monde, abandonnez cet accablant sujet d’Attila ! […] On est beaucoup plus solidaire de son titre qu’on ne le croit. […] D’ailleurs, s’il n’était que le cadet, il croyait l’être, après tout, dans une assez bonne maison historique pour ne pouvoir pas en souffrir ! […] Augustin Thierry, et les yeux fermés firent croire à l’Homère de l’Histoire, plus que l’histoire qu’il écrivait.
Je n’ose juger des figures, mais je crois le paysage beau. […] Je le croirais bien.
La Fontaine seul y aurait donné, je crois bien, par nonchaloir, par complaisance pour les Iris et les Climènes, si on l’avait laissé faire. […] Occupé des Géorgiques de Virgile, il se croyait une muse grave : il ne savait pas combien il était proche parent de Vert-Vert, et de quel danger mortel les dragées seraient pour son talent. […] Les Géorgiques furent sur les toilettes comme un volume de l’Encyclopédie ou comme le livre de l’Esprit ; on crut lire Virgile. […] On les oublie ensuite, et on croit les retrouver pour son compte, en supposant chez les contemporains une unanimité d’admiration qui n’a jamais existé. […] Un jour (à Londres, je crois), dans un dîner où était l’abbé Dillon, il avait jasé sur ce chapitre à tort et à travers.
Il était défendu d’en donner copie, et l’on crut le maître de chapelle infidèle, tant le tour de force était grand14. […] Une dame15 qui croyait respirer du protoxyde d’azote et n’avait sous le nez qu’un flacon d’air ordinaire, tomba en syncope. — Ces exemples montrent de plus que, pour fortifier l’image, l’importance de la sensation est un second stimulant aussi efficace que la proximité de la sensation. […] Des enfants et même des hommes sont tombés évanouis en présence d’un mannequin ou même d’un drap qu’ils croyaient un fantôme. […] Un jour, Balzac décrit avec enthousiasme chez Mme Delphine Gay un superbe cheval blanc qu’il veut donner à Sandeau ; quelques jours après, il croit l’avoir donné effectivement, en demande des nouvelles à Sandeau lui-même ; probablement, devant l’étonnement et les dénégations de son ami, il cessa de croire à son cadeau. […] Très souvent, les malades, après avoir admis plus ou moins longtemps que leurs fantômes n’étaient que des fantômes, finissent par les croire réels, au même titre que les personnes et les objets qui les entourent, avec une conviction absolue, sans qu’aucune expérience personnelle ou aucun témoignage étranger puisse les arracher à leur erreur.
Je fis tout ce trajet en douze jours, et j’avais beau courir, je croyais à peine changer de place. […] Je n’allai plus demeurer, comme on peut bien le croire, dans cette maison de deuil que je n’ai plus jamais revue. […] Je crus que j’en deviendrais fou par contrecoup. […] Nous les franchîmes gaiement, et nous crûmes renaître, le jour où nous retrouvâmes notre beau et harmonieux pays. […] Il se crut suffisamment vengé en sauvant son Misogallo, et en confiant à la postérité sa vengeance.
Jules Favre peut être un mauvais diplomate, mais il est moins coupable qu’on ne le croit. […] Il était près de Chaigny, croit-il, quand une noce passe, une noce déjà un peu égayée par le vin de Bourgogne. […] Il se sent si souffrant, si fatigué, qu’il ne croit pas que ça vaille ce qu’il aurait pu faire. […] Il croit que les morts aimés nous entourent, sont présents, écoutent la parole qui s’occupe d’eux, jouissent du souvenir de leur mémoire. […] À ce moment, a lieu dans le salon une irruption de femmes, un peu dépeignées, un peu allumées par le vin d’un cru périgourdin, qu’on vient de baptiser : le cru de Victor Hugo, une véritable invasion de bacchantes bourgeoises.
Je crois vous avoir déjà dit tout cela. […] " … je le crois… " et cette amie qui vous ferma la bouche, vous plaît-elle encore ? […] Et vous croyez que cet homme produira des effets terribles ou délicieux. […] Vous le croyez. […] Quand on en manqua, il fallut en imposer par les apparences et faire croire qu’on en avait.
Vous substituez la trajectoire au trajet, et parce que le trajet est sous-tendu par la trajectoire, vous croyez qu’il coïncide avec elle. […] Nous ne pouvons donc nous empêcher ni de tenir tout heu pour relatif, ni de croire à un mouvement absolu. […] On se figurera, tendus entre les atomes, des fils qu’on fera de plus en plus minces, jusqu’à ce qu’on les ait rendus invisibles et même, à ce qu’on croit, immatériels. […] Croire à des réalités distinctes des réalités aperçues, c’est surtout reconnaître que l’ordre de nos perceptions dépend d’elles, et non pas de nous. […] Au fond, cette seconde théorie diffère beaucoup moins qu’on ne croit de la première.
Il me met ainsi dans la nécessité de le croire un Normand, très normand. […] » et je crois, en me disant cela, qu’elle regarde Léon Daudet. […] Il me confirme que l’Italie est toute à l’agressivité, et il croit que nous aurons la guerre au printemps. […] Là, je l’avoue, je me croyais sauvé. […] et j’ai, un quart d’heure, l’anxiété douloureuse de croire qu’on ne laissera pas finir la pièce… Ah !
Catherine, qui se croyait prête elle-même, ne l’était pas ; elle avait envie et elle hésitait : Regardant le portrait de Pierre Ier qu’elle a toujours dans sa poche quand elle est en voyage, elle me dit plusieurs fois d’un air qui dictait ma réponse : Que dirait-il ? […] Comme il ne croit pas que son souverain, l’empereur Joseph, soit en mesure de la commencer assez vite, il demande à être provisoirement au service de la Russie : « Après avoir fait quelques sottises dans ma vie, dit-il à ce propos, j’ai fini par faire une bêtise. » Le voilà donc sans rôle défini, en qualité de militaire à moitié diplomate, et d’officier général à demi conseiller et très peu écouté, côte à côte avec le prince Potemkine, qui le caresse et le joue : « Je suis confiant, moi, je crois toujours qu’on m’aime. » On assiège Otchakov ; Potemkine n’est rien moins que militaire, et il veut le paraître. […] Il y discute des changements que la Révolution devra apporter dans les mœurs publiques et dans le goût : « Après tout ce qui est arrivé depuis quelque temps, toutes les idées doivent décidément se renouveler. » Et d’abord il croit que l’universalité de la langue française en souffrira ; que Paris ne sera plus comme auparavant la capitale intellectuelle et littéraire reconnue de l’Europe, les autres nations voulant se venger d’avoir si longtemps obéi à l’esprit venu de Paris. […] Bien des gens se sont flattés d’être des gentilshommes en émigrant : « et il n’y en a aucun, si petit qu’il soit, qui ne se croie égal à un Montmorency, puisqu’il sert l’autel et le trône ». […] Je la croyais un bureau d’esprit, et c’en était un plutôt de raison.
Malgré l’immense supériorité du général en chef, tout ce qui se croyait quelque influence ou seulement quelque capacité, se jetait, même sans son aveu, dans les plus importantes affaires. […] Il y avait des gouvernements à détruire, des peuples à soulever, des républiques à organiser ; tous ces agitateurs, qui se croyaient des hommes d’État, allaient offrant partout ce qu’ils appelaient leur expérience. […] Daru est de ceux qui ne croient point à la réalité de cette conjuration : selon lui, le gouvernement de Venise n’était nullement hostile au duc d’Ossone, vice-roi de Naples, dans les projets ambitieux que celui-ci nourrissait pour son élévation personnelle et contre la monarchie espagnole. […] Lui, il était surtout favorable aux productions sérieuses, et il croyait voir que le goût du public et des lecteurs s’y portait de plus en plus103. […] De loin, et à voir les choses et les personnages en perspective, il est mieux, je le crois, que cela n’ait point été ; qu’après avoir paru si entièrement l’homme d’une autre époque, M.
Quand je pense aux grandeurs dont l’éclat l’environne, De sa témérité mon courage s’étonne, Je doute du beau feu dont je me sens épris, Et ne puis croire encor d’avoir tant entrepris. […] Ce dernier vers est plus philosophique, ce semble, qu’il n’appartient à Maucroix ; il lui est venu plutôt ici par imitation de l’Antiquité, et il n’y mettait pas, on peut le croire, la force de sens et toute l’intention épicurienne qu’y aurait données Chaulieu. […] Il défendit ce qu’il croyait le bien public avec ardeur et sincérité ; il ne craignit même point, par sa fermeté, de se faire des ennemis. […] Hier, comme j’en revenais, il me prit au milieu de la rue du Chantre une si grande faiblesse, que je crus véritablement mourir. […] Louis Paris paraît croire qu’il faut écrire hombre le jeu de cartes, au lieu d’ombre ; mais j’aime mieux ce dernier sens tout naturel et si d’accord avec les goûts de Maucroix, umbratilis vita.
Duperreux, le premier, n’a pas désespéré des Pyrénées ; le premier, il a osé croire que, pour n’être pas dans l’Apennin, ces belles formes n’en étaient pas moins dans la belle nature ; il n’a pas craint de nous retracer tels qu’ils sont des objets qui perdraient peut-être une partie de leur charme en perdant leur singularité ; et, renonçant à la vaine prétention de corriger le beau et d’embellir le vrai, il a laissé au modèle le soin de défendre le portrait. […] Ce moment est celui où monté seul sur la Maladetta ou Montagne maudite dans les Pyrénées espagnoles, et contemplant les groupes et les chaînes d’alentour, il croit voir tout d’un coup les contradictions disparaître, les accidents et les irrégularités se subordonner, les écarts même rentrer dans la loi, et tout un système primitif jaillir du sein d’un chaos apparent. […] Il est évident par mainte page qu’il croyait pleinement alors à la facilité de gouverner les hommes, ou plutôt de les laisser se gouverner tout seuls. […] On a remarqué qu’il en voulut toute sa vie aux Girondins qu’il avait eus pour adversaires directs ; je le crois bien : il leur en voulait pour leurs torts réels, pour leur esprit de sédition et d’anarchie, pour leurs manœuvres imprudentes et fatales, et aussi pour ses propres fautes dont ils avaient tiré parti et qu’ils avaient tournées plus d’une fois à leur avantage. […] On croyait avoir vu le Mont-Perdu, on ne le connaissait pas ; on n’avait nulle idée de l’éclat incomparable qu’il recevait d’un beau jour : Aujourd’hui, rien de voilé, dit Ramond, rien que le soleil n’éclairât de sa lumière la plus vive ; le lac complètement dégelé réfléchissait un ciel tout d’azur ; les glaciers étincelaient, et la cime du Mont-Perdu, toute resplendissante de célestes clartés, semblait ne plus appartenir à la terre… Tout était d’accord, l’air, le ciel, la terre et les eaux : tout semblait se recueillir en présence du soleil et recevait son regard dans un immobile respect.
. — Il y eut le soir Comédie-Italienne ; Monseigneur y alla. » Les nouvelles pareilles se succèdent coup sur coup et arrivent par chaque courrier : comment Louis XIV, qui croyait si aisément en lui-même et en son ascendant, en aurait-il douté ? […] » Louis XIV remarquait là une chose assez piquante : il eût été digne de son esprit judicieux (s’il eût été plus étendu) de se dire que Schomberg était avant tout un réformé, le soldat européen de sa cause religieuse et politique, et que c’était lui seulement, Louis XIV, qui vers la fin, et quand le vieux soldat s’était cru Français, l’avait trop fait ressouvenir de cette patrie antérieure. […] C’est vers le temps où il accomplissait ou croyait accomplir cette destruction de l’hérésie à l’intérieur, que Louis XIV, incommodé depuis assez longtemps d’une tumeur à laquelle on avait d’abord appliqué inutilement la pierre, se fit faire ce qu’on appelait un peu fastueusement la grande opération. […] Vivez pour la consolation de vos sujets, et pour mettre le comble à votre gloire : ou plutôt, puisque vous êtes l’homme de la droite de Dieu, vivez, sire, pour la gloire et pour les intérêts de Dieu… Vivez pour consommer ce grand dessein de la réunion de l’Église de Dieu… Et comment, en entendant de telles paroles proférées par une telle bouche, en ces heures propices et attendries de la convalescence, le cœur de Louis XIV aurait-il douté, et n’aurait-il pas cru marcher dans la voie droite, dans la voie commandée et nécessaire ? […] Ce mélange de sacrifice à la Cour et de faste encore persistant, de chasses, de jeux de toutes sortes, dont on sait le nom et chaque partie soir et matin, tout ce train habituel et détaillé de Versailles, dont le côté frivole disparaît dans la haute tranquillité du monarque, compose une lecture qui n’est pas du tout désagréable, du moment qu’on y entre, et je me suis surpris à en désirer la suite. — C’est en avoir assez dit, je crois, et c’est rendre assez de justice à l’homme qui ressemble le moins à Tacite, mais qui cependant a son prix.
C’est chose que nous attendons et désirons il y a longtemps… Croyez, Sire, qu’au monde il n’y a point de soldats plus résolus que ceux-là ; ils ne désirent que mener les mains. […] » Enfin il revient sur l’importance capitale dont serait cette victoire, selon lui facile, qui déconcerterait la coalition et arrêterait les souverains ennemis tout net ; il le dit en des termes plus crus et en une image parlante. — Notez que du moment que Montluc a commencé de parler, il n’a plus pour contradicteur que M. de Saint-Pol. […] À celle nouvelle, il éprouva une impression soudaine et qu’il a rendue bien énergiquement ; tout son sang se glaça, en écoutant le gentilhomme qui lui faisait ce récit : « S’il m’eût donné, dit-il, deux coups de dague, je crois que je n’eusse point saigné ; car le cœur me serra et fit mal d’ouïr ces nouvelles ; et demeurai plus de trois nuits en cette peur, m’éveillant sur le songe de la perte. » Il se représentait la scène du conseil, sa promesse solennelle de la victoire, la conséquence incalculable dont une défaite eût été pour la France, et dans ce prompt tableau que son imagination frappée lui développa tout d’un coup, cet homme intrépide retrouva la peur à laquelle il était fermé par tout autre côté. […] Le combat s’était passé tout ainsi qu’il l’avait craint ; M. de Strozzi avait été complètement battu, et, blessé lui-même, on le croyait en danger de la vie. Transporté dans une place voisine, à Montalsin, et sachant Montluc presque à l’extrémité, il dépêcha à Rome pour faire venir un autre gouverneur, M. de Lansac ; mais celui-ci ne sut point s’y prendre et se laissa tomber aux mains des ennemis en essayant d’arriver à Sienne : « S’il fût venu, dit naïvement Montluc, je crois que je fusse mort, car je n’eusse eu rien à faire ; j’avais l’esprit tant occupé à ce qui me faisait besoin, que je n’avais loisir de songer à mon mal. » Après avoir été trois jours regardé comme mort, et avoir reçu la visite de Strozzi guéri plus tôt que lui, Montluc revint peu à peu à une santé suffisante pour vaquer à ses devoirs.
La margrave n’avait pas besoin de longs raisonnements pour croire au bon droit de son frère, pour se confier en ce qu’elle appelait sa grande âme, et que nous appellerons seulement son grand caractère. […] J’ai cru qu’étant roi, disait Frédéric, il me convenait de penser en souverain, et j’ai pris pour principe que la réputation d’un prince devait lui être plus chère que la vie. » Elle épouse donc complètement ses intérêts et sa destinée. […] Je crois que votre émissaire pourrait s’adresser de même à son parent qui est devenu ministre (Bernis), et dont le crédit augmente de jour en jour. […] Il serait, ce me semble, bien difficile qu’on refusât d’être l’arbitre de tout, et de donner des lois absolues à un prince qui croyait, le 17 juin (veille de la bataille de Kolin), en donner à toute l’Allemagne. […] J’ose vous dire bien plus ; croyez-moi, si votre courage vous portait à cette extrémité héroïque, elle ne serait pas approuvée ; vos partisans la condamneraient, et vos ennemis en triompheraient.
Il est à croire qu’il aura observé de ses yeux quelque chose de semblable, ou du moins il a aimé à condenser dans ce tableau étroitement lié et à y reporter le résultat de ses observations diverses, sur un fonds général d’amertume et d’ironie. […] Cette soirée où Emma est reçue avec la politesse qui attend partout une jeune et jolie femme, et où elle respire en entrant ce parfum de vie élégante, aristocratique, qui est sa chimère et pour laquelle elle se croit née, cette soirée où elle danse, où elle valse sans l’avoir appris, où elle devine tout ce qu’il faut, et où elle réussit très convenablement, l’enivre et contribuera à la perdre : elle s’est comme empoisonnée dans le parfum. […] Léon, au fond, n’est pas grand-chose ; cependant il est jeune, il a l’air aimable, il croit aimer. Elle croit, par moments, aimer aussi. […] Car en bien des endroits, et sous des formes diverses, je crois reconnaître des signes littéraires nouveaux : science, esprit d’observation, maturité, force, un peu de dureté.
On croit savoir maintenant qu’il est né en 1646, étant mort en 1696, âgé de cinquante ans ou environ, dit l’acte de décès17. […] La Bruyère, le philosophe, qu’on croyait marié et qu’on supposait honteux de l’être, c’est assez piquant. […] Lorsqu’on sut que l’Académie songeait à lui encore plus qu’il ne songeait à elle, ce furent des cris d’indignation, des rires ironiques ; on parut croire que c’était impossible. […] Attaqué avec tant de mauvaise foi et de violence, La Bruyère crut devoir répondre en faisant précéder son Discours, à l’impression, d’une Préface excellente, bien qu’un peu longue. […] » J’aime à croire que La Bruyère pressentait, au contraire, la vogue possible de son livre et qu’il pensait bien faire à sa petite amie un véritable et solide cadeau.
La cabale considérable, qui était alors opposée à don Juan, crut voir arriver dans l’ambassadeur de France un puissant auxiliaire, et il eut besoin de toute sa modération et de sa délicatesse pour ne pas se laisser entraîner à une opposition qui sortait de son rôle. […] Croyait-on qu’elle n’en eût pas besoin en Espagne ? […] J’entrai par l’appartement de la camarera-mayor, qui me vint recevoir avec toutes sortes d’honnêtetés ; elle me conduisit par de petits passages dans une galerie où je croyais ne trouver que la reine ; mais je fus bien étonnée quand je me vis avec toute la famille royale. […] Pour moi je crus n’avoir rien à faire qu’une profonde révérence ; sans vanité, il ne me la rendit pas, quoiqu’il ne me parût pas chagrin de me voir. […] Jusqu’à ce moment le roi crut y aller, pendant que tout Madrid savait dix jours auparavant qu’il n’irait point, et que les ministres l’avaient dit à leurs amis. » Voilà où ce noble pays était tombé ; et cette dissolution graduelle du gouvernement et de la société ne dura pas moins de vingt ans encore, autant que la vie de ce morne et languissant monarque, jusqu’à ce qu’un sang dynastique nouveau vînt y apporter quelque remède et quelque rajeunissement.
Le Roi sait toutes les historiettes de Louis XV, ce qu’il en faut croire et ce qu’il en faut rabattre ; il nous montre le Parc-aux-Cerfs réduit à ses justes et presque modestes proportions ; il nous dit l’emploi que Mme de Pompadour faisait de sa fortune en amie des arts ; il nous livre les comptes de dépenses de Mme Du Barry au luxe effréné. Cet investigateur curieux et fin, et qui de plus est, je le crois, docteur en médecine, n’a pu résister au désir de produire un Journal aussi instructif en son genre que celui dont la Bibliothèque de Versailles avait une copie ; mais il a bien entendu être sérieux, rester historique, ne pas nuire à la mémoire d’un roi glorieux et national. […] Je l’ai entendu de mes oreilles : tant ce ministre, d’ailleurs excellent homme, mais archi-monarchique d’esprit et d’affiche, tenait mordicus pour ce qu’il croyait de l’honneur de Louis XV ! […] Fagon de ce qu’il parle de médecine d’une manière si simple et si intelligible qu’on croit voir les choses qu’il explique : un médecin de village veut parler grec. » Fontenelle a fait de Fagon un Éloge charmant et fin, comme tous ses Éloges. […] Qu’était-ce donc que cette tyrannie de vertiges, sous laquelle vécut Louis XIV et dont il se plaignait à de certains intervalles, qu’on croyait à jamais dissipée, puis qui reparaissait tout à coup, et particulièrement sous l’influence du travail et de la contention d’esprit, ou des contrariétés et des chagrins, quand arriva l’heure des chagrins et des mécomptes ?
Tu te trompes si tu crois cela, et tu ne me connais pas, Clinias. » Et puis les vanteries ordinaires aux hommes d’âge, les contrastes de leur conduite à celle des jeunes gens d’aujourd’hui : « A ton âge j’étais occupé à tout autre chose qu’à l’amour ; pauvre, je suis allé en Asie porter les armes, et là j’ai su acquérir du bien à la fois et de la gloire. » C’était le refrain. […] C’est Ménédème qui parle : Lorsque l’on m’eut appris l’effet de ma rigueur, Je retournai chez moi, triste, comme on peut croire. […] Et pourtant, ajoute-t-il, il n’est pas mon fils, il est celui de mon frère… Mais je l’ai adopté enfant ; je l’ai élevé, il m’est aussi cher que s’il était mien : il est ma seule joie, ma seule tendresse, et je fais tout, absolument tout, pour qu’il me rende la pareille : je donne, je pardonne, je ne crois pas nécessaire d’user en chaque rencontre de mon droit. […] Micion, ainsi réfuté dans son système et piqué dans l’objet de son amour, essaye, ni plus ni moins, d’excuser le coupable : « Vous prenez mal les choses Déméa : ce n’est pas un si grand crime, croyez-moi, à un jeune homme d’aimer, de boire… Si nous n’avons pas fait pareille chose, vous et moi, c’est que nous n’avions pas moyen alors ; vous vous faites maintenant un mérite de ce qui n’était qu’une nécessité. […] Térence peintre de l’homme, ce n’est rien d’absolu dans la morale ni dans la vie : c’est croire qu’on a toujours quelque chose à apprendre, toujours à modifier et à corriger selon l’âge, le moment, la pratique et l’expérience.
Lamennais, le fougueux, le personnel, l’obstiné, celui qui croyait que la volonté de l’individu suffît à tout, ne pouvait s’empêcher à certain jour d’écrire : « Plus je vais, plus je m’émerveille de voir à quel point les opinions qui ont en nous les plus profondes racines dépendent du temps où nous avons vécu, de la société où nous sommes nés, et de mille circonstances également passagères. […] Cet homme qu’on croirait si absolu quand on le lit est le plus doux, le plus aimable et le plus tolérant dans les rapports de la vie, même de la vie littéraire, celui de tous les auteurs qui accepte le mieux la contradiction directe et à bout portant, je parle de celle qui est loyale et non hypocrite. […] Cette habitude insensible des comparaisons, des combinaisons conciliantes, des accroissements par rencontre et par relation de société, leur a manqué ; les nuances, les correctifs ne sont pas entrés dans leur première manière : ils sont tranchés et crus. […] Ils avaient tout d’abord un grand poids à soulever ; ils s’y sont mis tout entiers et y ont réussi ; le poids soulevé, ils ont pu se croire vieux de cœur et se sentir lassés ; le duvet de la jeunesse s’était envolé déjà ; le pli était pris ; c’est le pli de la force et de l’austère virilité ; on l’a payé de quelques sacrifices. […] Si vous nous transportez en idée dans des régimes entièrement différents, je ne sais plus que dire, bien que je croie toujours à la permanence d’une certaine délicatesse, une fois acquise, dans l’âme humaine, dans l’esprit des hommes ou des femmes.
L’Essai sur la Guerre sociale, dont nous avons à donner idée ici, n’est qu’une espèce d’introduction par laquelle il a cru nécessaire de préluder. […] La pointe hardie de Télésinus sur Rome, sa victoire tout d’un coup arrachée, Sylla qui se croit perdu et qui est vainqueur par l’aile opposée, ces jeux sanglants, bizarres, du courage et du destin, fournissent un chapitre d’une haute beauté. […] Heureux si la mort le surprit tandis qu’il se croyait vainqueur ! […] Est-il bien que Colomba, pour exciter son frère, aille couper de nuit l’oreille au cheval qu’il doit monter le lendemain, lui laissant croire que ce coup vient des Barricini ? […] — En tout, cet ingénieux volume sur la Conjuration de Catilina soulève plus de questions qu’il n’en résout, et il apprend à douter de ce qu’on croyait savoir.
L’Art poétique nous fournit d’abord une réponse à ces questions : dès qu’on le lit, on sent que Boileau ne croit pas édicter paisiblement des lois incontestées : c’est plutôt une nouvelle bataille qu’il livre sur un nouveau terrain. […] On saisit dans ce public, dans certains individus qui en sont les représentants les plus éminents, des indices qui font croire que son goût, sans s’opposer formellement à celui de Despréaux, n’y correspondait pas absolument : en un mot, il s’en distinguait. […] Le respect des opinions reçues, et la confiance en l’infaillibilité de la raison du siècle, font qu’on ne croit plus utile d’aller au-delà de l’idée que tout le monde se forme de la nature, jusqu’à la nature elle-même. […] Restent les épigrammes et les chansons, qui souvent, je crois, eussent été de son goût. […] Les romantiques furent excusables de tirer dessus : quoique, peut-être, il eût mieux valu arracher aux Baour-Lormian et aux Viennet l’illusion qui les rendait forts, et tourner contre eux le maître et les modèles même dont ils se croyaient les défenseurs.
Cette femme qu’il n’aimait pas tant qu’il l’a crue aimante et fidèle, il l’adore maintenant qu’il la croit souillée. […] Tout d’abord, Cygneroi ne veut rien en croire, il déclare connaître la rubrique des aveux qu’on a laissé échapper, dans un accès de franchise, et qu’on essaie ensuite de rattraper en les rétractant. […] Plus enivrée que confiante, voulant le croire malgré tout, elle se jette entre ses bras, et s’y berce comme un enfant, pour endormir l’angoisse douloureuse qui l’oppresse encore. […] Rien de chaste et rien de touchant comme cet élan d’une jeune âme blessée, ressaisissant la vie, se rattachant au bonheur qu’elle croyait perdu. […] On croit qu’il va tuer l’amant de sa femme ; il reparaît en secouant triomphalement un renard qui dévastait ses cactus.
À un certain moment, chaque parti se croit battu. […] « Je ne sais s’ils disoient ainsi à part, ajoute Commynes, je me doute que non ; et à la vérité je crois qu’il les y eût laissés et qu’il ne fût pas revenu. » Commynes exprime ainsi sa conjecture, et il ne s’en indigne pas. […] L’envoyé, qui se croit en tête-à-tête avec le roi, s’égaie sur le compte du duc de Bourgogne, le contrefait dans ses fureurs, dans ses gestes et ses jurements. […] Je n’irai pas jusqu’à croire que Commynes conseillât la tenue des États à Louis XI, si jaloux et si méfiant en matière d’autorité. […] Dans un temps où tout le monde se croit propre à la politique, il ne serait pas mal d’aller regarder en lui quelles sont les qualités requises chez ceux que la nature a destinés à cette rare science.
On croira que je me moque, mais laissons-la parler elle-même ; on n’est jamais mieux peint que par soi, du moment qu’on parle et qu’on écrit beaucoup : Cette nouvelle passion, dit-elle de son goût pour les exercices de cheval, ne me fit négliger ni la musique, ni l’étude. […] Imaginez qu’à cette époque, et par une sorte d’attrait qui rapprochait la fleur des pédants de la fleur des pédantes, La Harpe devint amoureux d’elle : c’est à croire à l’influence des étoiles. Mme de Genlis nous assure que le petit homme voulut être entreprenant, mais qu’elle sut le remettre à sa place : ce sont de ces choses qu’il faut toujours croire des femmes, même quand elles ne le disent pas, à plus forte raison quand elles le disent. […] Elle lui avait fait apprendre, en effet, et manipuler dès l’enfance tant de choses diverses, qu’il n’était presque aucune branche des connaissances ni des arts sur laquelle il ne pût se croire du métier, de manière à en remontrer à chacun dans l’occasion : il le laissait peut-être trop voir étant roi. […] Il en résulte que la pruderie, sous sa plume, était moins hypocrite qu’on ne le croirait.
On croyait, en général, qu’il improvisait : il avait à un haut degré cette faculté d’improvisation, mais il ne la séparait point des ressources toujours présentes d’une riche mémoire. […] Il croit à la réalité suffisante des impressions des sens et à la justesse des notions qui en dérivent. Il croit également à tous les résultats qu’en peut tirer une réflexion saine, un raisonnement droit et non sophistiqué. […] Je crois pouvoir dire que la masse est fatiguée de choisir et de délibérer. […] Le philosophe lui-même a besoin, autant que la multitude, du courage d’ignorer et de la sagesse de croire.
» Plus d’un vieux Moscovite, en songeant à la vieille race de ses tsars, à ce lugubre massacre d’Ouglitch, à ce dernier prince enfant enlevé par une mort soudaine et restée mystérieuse, devait se redire en idée, comme Abner dans Athalie, mais un peu moins harmonieusement, on peut le croire : Ce roi fils de David, où le chercherons-nous ? […] Néron, malgré ses cruautés, était populaire, et les bruits sur sa mort s’étaient fort contredits : c’était assez pour ouvrir la voie aux fourbes qui se donnèrent pour lui, et aux dupes qui les crurent. […] Le peuple crut même qu’il s’était empoisonné : — « Il s’est fait justice, disait-on. […] ne soyez dupes de mon brigand et de ma bohémienne qu’autant que vous le voudrez. » Après s’être si fort avancé en fait de couleur locale primitive, l’auteur, à son tour, ne veut pas qu’on le croie plus dupe qu’il ne faut. […] Mérimée : je crois voir des cœurs légers et qui voltigent, et pourtant qui aiment.
vous croyez aux droits de l’homme, à l’émancipation, à l’avenir, au progrès, au beau, au juste, au grand, prenez garde, vous vous arriérez. […] Poëte, vous croyez au droit et à la vérité, vous n’êtes plus de votre temps. […] La tempête croit vous arroser, elle vous noie ; l’astre croit vous éclairer, il vous éblouit, quelquefois il vous aveugle. […] Vous vous sentez aimé par eux ; c’est à s’en croire connu personnellement. […] Avez-vous besoin de croire, d’aimer, de pleurer, de vous frapper la poitrine, de tomber à genoux, de lever vos mains au ciel avec confiance et sérénité, écoutez ces poëtes, ils vous aideront à monter vers la douleur saine et féconde, ils vous feront sentir l’utilité céleste de l’attendrissement.
Qui n’aurait cru au moins que des changements de cette nature dussent s’effectuer par de lents degrés ? […] Pour moi, j’incline à croire que nous voyons dans les genres polymorphes des variations de structure qui, n’étant ni utiles, ni nuisibles aux espèces qu’elles ont affectées, n’ont pas été rendues définitives par sélection naturelle, ainsi que nous l’expliquerons bientôt. […] Nous avons toutes raisons pour croire que beaucoup de ces formes douteuses, ou étroitement alliées, ont gardé avec permanence leurs caractères en leur contrée natale pendant une longue période de temps et, autant que nous en pouvons juger, aussi longtemps que de véritables espèces. […] Je crois donc qu’une variété bien tranchée doit être considérée comme une espèce naissante ; mais on ne pourra juger de la valeur de cette opinion que d’après l’ensemble des considérations et des faits contenus dans cet ouvrage. […] Mais il y a aussi quelque raison de croire que les espèces qui sont très voisines de quelque autre, et qui sous ce rapport ressemblent à des variétés, ont aussi fort souvent une extension très restreinte.
Les meilleurs Ouvrages qui ont paru sous son nom, seroient précisément ceux qui ne lui appartiendroient pas, à en croire des personnes qui l’ont beaucoup fréquentée. […] Mais il vaut mieux croire, par indulgence pour le Sexe, que cette Demoiselle n’a fait qu’emprunter leur secours, semblable en cela à bien des femmes qui ont voulu se donner un nom dans le Monde littéraire.
Baudelaire lui-même n’a jamais voulu le croire. […] On croit voir, dit-il, passer l’ombre d’André Chénier à l’horizon. […] Je crois plutôt que c’est son talent qui manque d’haleine […] Buthiau, qui est, dit-on, et je n’ai pas de peine à le croire, un bien bon enfant ! […] Je le crois volontiers, mais elle ne s’en doute pas encore.
Si c’est un péché de croire qu’il est excellent sous ce point de vue, au lieu de se rétracter, bien des gens de goût mourront dans l’impénitence finale. […] Est-ce durant le règne de la Régence qu’il crut nécessaire de chercher en des temps reculés le tableau des mauvaises mœurs ? […] Le bruit monte jusqu’au prince : on la croit, ou l’on feint de la croire, pour rattacher les rangs et les drapeaux à quelque dernier prestige : l’illusion est suivie jusqu’aux murs de Reimsi ; et la valeur française la réalise, en achevant de délivrer notre sol natal. […] Je crois avoir eu plus de bonheur en l’essayant. […] Il n’inventa ni les uns ni les autres, il les peignit tels qu’on les croyait ; seulement, sa forte imagination les réalisa mieux, et les agrandit encore.
Cet homme croit cela de toutes les forces de son âme. […] Il aurait bien plutôt tremblé de trop croire. […] insensé qui crois que je ne suis pas toi ! […] Suivant la réponse que l’on donne à cette question première, on croit ou l’on ne croit pas que la vie vaille la peine d’être vécue. […] Il s’est cru peintre.
Polycrate mort, il est appelé à Athènes par les fils de Pisistrate ; et quand Hipparque tombe sous les coups d’Harmodius et d’Aristogiton, quand se prépare la délivrance d’Athènes, Anacréon, qui ne croit pas apparemment que les myrtes fleurissent pour cacher des poignards, ni que le plaisir soit le doux enfant de la liberté, s’en retourne bien vite à Téos, d’où il s’enfuit encore à la vue de l’Ionie soulevée contre Darius. […] Déjà, sur le fumier de Villon, au milieu des obscénités de taverne, on aperçoit quelques-unes de ces fleurs qu’on croirait tombées d’une couronne antique Mais dans Clément Marot, dont la muse s’était épurée à la cour de François Ier et de Marguerite de Navarre, la ressemblance devient frappante. […] En 1811, quand M. de Saint-Victor publia sur papier vélin sa traduction splendide, tirée à un très-petit nombre d’exemplaires, avec les gravures de Girardet d’après les dessins de Girodet, ou crut, sur la foi de critiques bienveillants, qu’un superbe démenti était donné à feu M. de La Harpe, qui avait déclaré Anacréon intraduisible : de là grande rumeur, comme on peut l’imaginer, et grande vogue pour l’ouvrage.
Je ne crois pas, disoit un Académicien du dernier siecle, que ceux qui sont si inintelligibles, soient fort intelligens. […] Il ne faut pas croire au reste, que cette obscurité vienne du fond des matieres ; un esprit sage ne doit pas les traiter, quand il n’est pas capable de les éclaircir, & l’esprit net & méthodique sait rendre tout sensible : c’est ainsi que Bacon, Mallebranche, l’Auteur des Mondes, M. l’Abbé Condillac, ont trouvé moyen de mettre leurs idées à la portée de tout lecteur. […] Tel est le jugement que nous avons cru devoir porter sur les Ouvrages de M.
Il croit devoir le dire cependant, ces deux pièces si différentes par le fond, par la forme et par la destinée, sont étroitement accouplées dans sa pensée. […] L’auteur de ce drame ne se croit pas digne de suivre d’aussi grands exemples. […] Lorsque Corneille dit : pour être plus qu’un roi tu te crois quelque chose, Corneille, c’est Mirabeau.
Un soir, dans l’appartement de la duchesse d’Urbin, au palais, il tira son poignard du fourreau et le lança contre un des serviteurs de la duchesse, dans lequel il crut reconnaître un traître ou un ennemi. […] Le poète persévère à se croire criminel du crime d’hérésie et à s’imaginer qu’on veut l’empoisonner. […] Tout porte à croire qu’elle fut favorisée par la tendre pitié de Léonora et de sa sœur, la bonne duchesse d’Urbin, qui n’eurent qu’à faire fermer les yeux aux deux domestiques du palais. […] Le Tasse, exagérant dans ce récit les périls imaginaires auxquels il se croyait exposé, raconta une histoire si vraisemblable, en termes si pathétiques, que sa sœur s’évanouit de terreur et de tendresse en l’écoutant. […] J’irai devant, dit-il, non pas que je me croie supérieur à vous, mais c’est pour vous conduire.
Mais ce genre de spécialisation morale et de conflits est bien pins universellement répandu qu’on ne me paraît l’avoir cru, et sous bien plus de formes variées et partout éparses. […] Et l’on a cru peut-être forcer l’expression pour mieux faire entendre l’idée. […] Mais il ne faudrait pas confondre ce qui montre une vertu avec ce qui la produit, pas plus qu’il ne faut croire qu’il n’y aurait point de chaleur sans thermomètre. D’autre part, il y a quelque avantage social — avec bien des inconvénients — à laisser croire aux gens qu’un effort est un signe de supériorité morale. […] Si j’ai indiqué quelques-uns des mensonges et des illusions de la morale actuelle, je ne puis laisser croire qu’aucune forme d’idéal social en puisse être exempte.
Puis il parle, et une solidarité intense est éveillée en nous par sa parole ; on croit entendre le cri d’une âme tordue par des affres déchirantes et subtiles. […] Le terme même de « roman collectif » appartient, je crois l’avoir dit, à M. […] Et puis, je crois qu’elles sont plus instruites. […] Ce “quelque chose”, je crois que les femmes l’ont, parce qu’elles ont très justement cru qu’elles ne pourraient pas s’en passer. […] Depuis Gyp, qui, je crois bien, fut la première à « sortir sans fichu », — pour employer une expression chère à l’auteur de Rouge et Noir, — les femmes sont devenues singulièrement hardies dans l’exploration de l’amour, dans la description des étreintes, dans l’emploi du mot cru.
Il faut les mitiger par la restriction : Car un auteur n’a pas de peine à croire Qu’il a saisi le point de la perfection. […] Caffaro n’en croit rien. […] Un abbé, peu connu, mais d’un zèle extrême, crut qu’il viendroit facilement à bout de la terminer. […] Il est ridicule de croire que les valets, en s’exerçant à voler « adroitement sur le théâtre, s’instruisent à voler dans les maisons & dans les rues ». […] Si elle avoit vu seulement, à ses portes, des acteurs ; si elle y avoit vu les Sophocle & les Ménandre, elle eût pris l’allarme & cru voir déjà l’ennemi dans ses murs.
D’abord il croyait admirer assez en choisissant parmi ses Oraisons funèbres : il y en avait trois sur six qu’il estimait fort inférieures aux autres. […] N’est-il pas touchant de voir un homme qui a usé sa vie dans le spectacle et l’examen des débats, et, s’il l’avait voulu, des intrigues politiques, avoir conservé une telle fraîcheur, une telle innocence d’impressions, une telle fleur d’âme ; se complaire à de pareilles questions et avoir l’idée de se les poser, en même temps que le zèle et l’espoir d’y ramener les autres : « Croyez-moi, s’écrie-t-il à propos de Bossuet et dans sa religion pour ce grand homme, ne vous figurez jamais en avoir fini avec ces œuvres parfaites. […] En combattant La Rochefoucauld, il est à la fois plein d’onction et d’émotion ; il s’arme de tous les souvenirs d’enfance, de toutes les traditions héréditaires, du besoin de croire et d’espérer qui revient et s’augmente avec l’âge. […] Car qu’on ne croie pas que ce soit une petite avance pour la vertu que de sortir de la race des justes. […] [NdA] Je serai plus clair, en réimprimant ici cet article, que je n’avais cru devoir l’être d’abord dans le Moniteur : il s’agissait d’un poème sur la guerre d’Orient, par M.
La jeune fille de treize ans s’essaya, non plus à des couplets, mais à de vraies pièces de vers, à des idylles sur les diverses fleurs ; il y avait grand emploi, comme on peut croire, du langage mythologique. […] Dans sa voix je croyais entendre La voix joyeuse du vallon, La voix d’une sœur douce et tendre, D’une mère émue à mon nom. […] … Ainsi quand ta voix si connue Revint hier me visiter, Je crus que du haut de la nue L’ancienne joie allait chanter. […] plusieurs sont ainsi, plusieurs, je le veux croire, De ceux qu’autour de toi charmaient tes anciens vers, De ceux qui, dans la course en commun à la gloire, T’offraient leurs rangs ouverts. […] Plus d’un, crois-le pourtant, à sa tâche qui l’use, Et sa roue à tourner et son crible à remplir, Et ce labeur pesant, meurtrier de la Muse Qu’il doit ensevelir.