Il ne lui fut permis de connaître et d’aimer que sa mère ; et, quoiqu’il sût de très bonne heure le secret de sa naissance, il ne s’écarta jamais du respect et de l’amour d’un fils. […] Dans le temps qu’il travaillait à sa comédie de la Jeune Indienne, et qu’il faisait l’Épître d’un père à son fils, il disait à Sélis : « Savez-vous ce qui m’arrivera ? […] Necker, qui savait que La Harpe avait concouru, ajouta une somme de 2, 400 livres, ne doutant pas que l’ouvrage de La Harpe ne fût couronné. […] La philosophie avait tellement renforcé en lui la nature, qu’après avoir, pendant quelques années, joui des douceurs de l’aisance, il sut, déjà sur son déclin, envisager avec courage et sérénité une position presque aussi malheureuse que celle où il avait passé sa jeunesse. De là cette fierté qui ne savait composer avec rien de petit ni de servile, cet amour de l’indépendance qui repoussait toute chaîne, fût-elle d’or.
Plusieurs ont compris qu’il s’agissait de savoir s’il y avait simultanéité dans la manifestation des facultés humaines, ou s’il y avait succession. Un de mes amis, fort occupé lui-même de philosophie, me fit parvenir, dans le temps, des objections qui s’adressaient bien directement à la théorie que j’avais conçue, et non à celle de je ne sais quel drame où Dieu interviendrait pour faire épeler l’homme. […] Or le problème ainsi posé n’avait pas été résolu par moi, pas plus que par d’autres philosophes ; je ne puis le nier ; mais ce n’était pas là le problème que j’avais l’intention de résoudre, car c’est identiquement celui de l’union de l’âme et du corps : il y a un terme qu’aucune psychologie ne saurait franchir. […] J’ignore les termes du programme et des développements qui ont été jugés nécessaires ; je sais seulement que le prix a été partagé entre M. le baron Massias et M. […] Fabre d’Olivet avait dit ailleurs : « Il n’y a rien de conventionnel dans la parole. » Oui ; mais une loi existe, et il s’agit de savoir s’il est possible de la découvrir.
La femme qui l’a écrit… ou qui l’a inspiré est, — dit-on, — une vraie Cosaque, portant un nom cosaque, Madame Olga… je ne sais qui ! […] Qui ne le sait ? Il y a chez les éditeurs, au service des dames qui ne savent pas l’orthographe, des blanchisseurs qui se chargent du linge… douteux. […] X… de la dame cosaque, qui sait ce que serait son cri ? […] Qui sait si, hors de son livre, elle n’est pas aimable et bonne enfant, comme de grandes actrices le deviennent après la représentation ?
Il sait son sujet, il le tient, il le serre, et il sait qu’il le sait, ce qui lui donne parfois cet air de suffisance qu’avait aussi Montesquieu, le Gascon, car la suffisance n’est souvent que la conscience de la force qu’on a et qui se rengorge un peu. […] Montesquieu était un artiste en tout, qui savait arranger sa vie comme ses phrases, d’une concentration si savante. […] Même les méthodes de travail de Montesquieu sont détaillées par Vian, et l’on sait qu’une de ces méthodes de travail fut les voyages. […] D’essence, malgré les révérences de la présentation, cette préface est un contresens avec l’esprit net, sain et vigoureux du livre de Vian, lequel sait fort bien, quoiqu’il ne le dise pas toujours, où est la vraie force de Montesquieu.
Montesquieu cessait d’être sagace ; Gibbon, tête d’historien supérieur, Gibbon, qui avait assez de savoir pour être juste, avec sa misérable haine contre le Christianisme atrophiait un des lobes de son cerveau et rapetissait une histoire qui aurait pu être un chef-d’œuvre. […] Qui sait ? […] On ne saurait trop le répéter, l’Empire, c’est la nationalité romaine concentrée dans la famille, et cette famille, c’est l’unité de la famille romaine transportée dans la sphère du gouvernement. […] Sans cela, qui sait si Rome elle-même, malgré la force de la famille, abandonnée aux déchirements de sa forme républicaine, n’aurait pas enfin succombé ? […] Et que les conservateurs actuels, qui, malheureusement, ne savent pas toujours ce qu’ils ont à conserver, après avoir lu le livre de Champagny et appris ce que furent pour Rome la nationalité et la famille, osent enfin demander la force de notre pays à cette centralisation qui est le souvenir de l’ancienne unité romaine, et qui pourrait nous rapporter la même gloire !
Quand on recherche autant l’agrément et l’amusement dans l’Histoire, que sait-on ? […] Malgré sa pureté rayonnante, ce regard savait tout, parce qu’il avait tout deviné ! […] Elle a dit quelque part, avec cette expression hardie qu’elle avait, comme un page, dans cette société qui montrait sa gorge comme on ne la montre plus, mais qui était collet-monté dans le langage ; elle a dit, de je ne sais plus quelle froideur de son temps : « C’était de la citrouille fricassée dans de la neige. » Elle n’était pas de la citrouille, elle, mais elle était de l’ananas ! […] Dieu sait si j’ai toujours recherché les portraits ressemblants de madame de Maintenon, — de cette femme si difficile à peindre, parce qu’on ne peut s’empêcher de la voir à travers cette monstrueuse et scélérate caricature de Saint-Simon, qui ne nous lâche pas les yeux et qui nous fait trembler la main quand nous voulons la corriger ! […] Son histoire, à celle-là, — oubliée par la grande Histoire, — est assez obscure devant les hommes ; mais elle éclate devant Dieu, et Babou a su nous dégager de cette obscurité visible le rayonnement intérieur.
Il était fils de ministre, de ce Robert Walpole, le Robert-le-Diable de la corruption, qui savait le taux des consciences de son temps et qui les achetait, ces laides filles, comme si elles avaient été belles et qu’il eût été un marchand turc… Horace Walpole était un lettré sur toutes les coutures. […] Il n’y avait que la chanterelle de l’ironie sur laquelle il jouait avec un archet de fils d’acier fin, et c’est cette chanterelle, qu’on entend perpétuellement dans sa correspondance, et qui plaisait tant à Lord Byron, lequel savait jouer aussi sur cette chanterelle, mais avec un bien autre archet ! […] Elle a pu savoir ce que c’était que les seconds ! […] Moraliste mondain, observateur de société, il en savait les petites lois et les grands ridicules, — et, puisqu’il s’agit de ses Lettres écrites de France et sur la France, il porta sur les hommes et les choses de la société de ce pays des jugements presque toujours justes et que l’amabilité et l’engouement dont il fut l’objet à Paris ne firent jamais fléchir. […] Crébillon le fils est démodé. » Lui encore, qui avait appris ce qu’il savait de français dans les adorables Mémoires du comte de Grammont, édités d’admiration par lui, il se demande où, dans l’empâtement philosophique universel, s’en était allée la délicieuse et ancienne vivacité française, cette furie qui gagnait les batailles de l’esprit comme les autres !
Qui sait ? […] C’est le sublime de l’ennuyeuse platitude, et dans des proportions tellement énormes et tellement continues, qu’on ne sait vraiment plus, au bout de quelque temps de lecture, lequel est le plus insupportable, de la Russie ainsi peinte, ou du genre de talent de celui qui l’a peinte ainsi. […] on peut concevoir que, dans un but de moralité supérieure, un génie misanthropique ou indigné prenne un coquin pour héros de son livre et en dévoile l’idéal affreux, comme Vautrin, ou la réalité immensément comique, comme Panurge, mais pour cela il faut savoir individualiser. […] Le talent de Nicolas Gogol, on ne saurait le nier ; mais la Critique est une mesure et elle n’a fait que la moitié de sa tâche quand elle s’est contentée de dire : « Cet homme a du talent », ou : « Il n’en a pas ». […] Ce penseur à moitié de pensée et à deux réminiscences, sait bien ce qui manque à la Russie ; il sait aussi ce qui lui manque, à lui !
Vous le voyez, il fallait du renfort peut-être pour expliquer cette élection, désintéressée de tout, comme on le sait, excepté de littérature, et à laquelle jusque-là personne n’avait pensé, pas même le nouvel académicien ! […] Il y va par une voie chrétienne, je le sais, mais il n’y va pas moins que les livres qui y vont par une voie impie, que les livres de M. […] Si vous poussiez un peu l’éminent dominicain, il vous montrerait peut-être, après l’ami, dans Jésus-Christ, le bon camarade, qui sait ? […] On le sait, et sa vie et ses livres l’attestent, le R. […] je puis franchir le vestibule » (page 62), mais je n’ai jamais su le vestibule de quoi.
On ne sait pourquoi, car, s’il fallait absolument l’hécatombe des œuvres de Balzac aux principes littéraires et moraux de M. […] Poitou ose lui opposer, pour le convaincre de scepticisme, je ne sais quelle préface de 1835. […] Peu d’œuvres dont nous ayons été charmés à une première lecture savent résister à une seconde. […] Poitou accuse le plus de matérialisme, — et tout le monde sait que ce ne fut point sur une question morale qu’elle rompit avec l’illustre romancier. […] La moralité est une si grande chose que, même étroite, même injuste, nous savons encore la respecter.
En effet, je retrouve bien dans Hogarth ce je ne sais quoi de sinistre, de violent et de résolu, qui respire dans presque toutes les œuvres du pays du spleen. […] Si l’on pouvait analyser sûrement une chose aussi fugitive et impalpable que le sentiment en art, ce je ne sais quoi qui distingue toujours un artiste d’un autre, quelque intime que soit en apparence leur parenté, je dirais que ce qui constitue surtout le grotesque de Cruikshank, c’est la violence extravagante du geste du mouvement, et l’explosion dans l’expression. […] J’imagine devant les Caprices un homme, un curieux, un amateur, n’ayant aucune notion des faits historiques auxquels plusieurs de ces planches font allusion , un simple esprit d’artiste qui ne sache ce que c’est ni que Godoï, ni le roi Charles, ni la reine ; il éprouvera toutefois au fond de son cerveau une commotion vive, à cause de la manière originale, de la plénitude et de la certitude des moyens de l’artiste, et aussi de cette atmosphère fantastique qui baigne tous ses sujets. […] C’est chose curieuse à remarquer que cet esprit qui vient après le grand mouvement satirique et démolisseur du dix-huitième siècle, et auquel Voltaire aurait su gré, pour l’idée seulement (car le pauvre grand homme ne s’y connaissait guère quant au reste), de toutes ces caricatures monacales, — moines bâillants, moines goinfrants, têtes carrées d’assassins se préparant à matines, têtes rusées, hypocrites, fines et méchantes comme des profils d’oiseaux de proie ; — il est curieux, dis-je, que ce haïsseur de moines ait tant rêvé sorcières, sabbat, diableries, enfants qu’on fait cuire à la broche, que sais-je ? […] Même au point de vue particulier de l’histoire naturelle, il serait difficile de les condamner, tant il y a analogie et harmonie dans toutes les parties de leur être ; en un mot, la ligne de suture, le point de jonction entre le réel et le fantastique est impossible à saisir ; c’est une frontière vague que l’analyste le plus subtil ne saurait pas tracer, tant l’art est à la fois transcendant et naturel37.
On sait que l’hymne à Cérès ne fut découvert qu’à la fin du siècle dernier, dans la poussière d’un couvent de Moscou. […] Cérès, s’avançant, montre au roi, chef de la justice, à Triptolème, à Dioclès, qui maîtrise les coursiers, au puissant Eumolpe, à Célée, pasteur des peuples, les saints rites de ses autels : elle leur enseigne à tous les divins mystères, à Triptolème, à Polyxène, à Dioclès, ces mystères terribles qu’il n’est permis ni de pénétrer, ni de savoir, ni de redire ; car une grande crainte des dieux enchaîne ici la voix. […] À part l’admiration dont Archiloque frappa les Grecs, nous savons qu’il fut un des modèles d’Horace, et que l’art si studieux et si vif du lyrique romain était tout parsemé de réminiscences d’Archiloque, d’Alcée, de Stésichore, de Sapho. […] Rendez-vous fort au plus vite, en chassant loin de vous la plainte efféminée. » On le voit, avec la mobilité du génie grec, cet Archiloque, banni de Sparte pour avoir plaisanté du courage, savait l’inspirer par ses vers et s’en armait contre le mépris excité par ses fautes47 : « Ô mon âme, dit-il, battue de maux intolérables, souffre avec fermeté ; et, la poitrine jetée au-devant des ennemis, repousse-les, en restant inflexible sous leurs coups : victorieuse, ne t’enorgueillis pas ; et vaincue, ne demeure pas dans l’ombre à pleurer ; mais, dans le bonheur et dans les revers, triomphe ou afflige-toi modérément ; puis reconnais quel courant fatal entraîne les hommes. » Le poëte capable de ces mâles et sévères accents pouvait redire les hauts faits. […] On sait comment Horace se console ou se moque, dans sa philosophie, des caprices du sort.
Je ne sais si M. […] Adolphe Retté sut découvrir une raison humaine. […] Soyons donc respectueux pour toutes les destinées et sachons-nous conformer à la nôtre. […] Dans les chansons des sources, il sut retrouver l’étymologie du langage des hommes. […] Il a su synthétiser ses impressions et aboutir à un art d’Éternité.
Dans celle de l’Infant Dom-Philippe, Duc de Parme, M. de Beauvais a su tirer avec habileté le plus grand parti des circonstances, & trouver le moyen de faire aimer son Heros, par l’adresse des détails, par un naturel & un ton de sensibilité qui lui est particulier. […] On sait que dans ses Sermons il l’avoit rappelé à ses devoirs, en lui représentant, d’une maniere aussi respectueuse qu’énergique, le désordre des mœurs publiques, comme une suite de ses foiblesses. Dans cette Oraison funebre, l’Orateur a su concilier les devoirs du Panégyriste avec ceux du Ministre de l’Evangile : il célebre les vertus du Monarque, sans manquer à la vérité ; il déplore ses malheurs, sans manquer à sa mémoire.
Je sais que je suis, à les en croire, le Néron du siècle ; que les femmes veulent me traiter comme Orphée, et les avocats comme Romulus ; mais que m’importe ? […] On ne saurait, avant d’avoir lu cette notice, se faire une idée d’une race telle et si bien conservée que la postérité de ces proscrits de Florence, devenus Provençaux et Français. […] ) — On trouvera dans le même tome IV d’autres articles sur la Correspondance de Mirabeau et du comte de La Marck, publication capitale, avant laquelle Mirabeau politique n’était qu’imparfaitement connu : on en parlait un peu à l’aveugle et sans savoir le dessous des cartes. […] A part Fénelon, qu’il s’est trop complu (je ne sais pourquoi) à saisir au point de vue biographique et caustique de Saint-Simon, M. […] Enfin, l’on sait par quel héroïque suicide M.
Ils avaient su faire un choix dans ce que leurs devanciers avaient trouvé et comme entassé. […] On ne savait rien au-delà. […] Entre tant de choses recueillies par le seizième, on voulait savoir ce qui était le bien, le vrai : on avait soif d’être persuadé. […] Au seizième siècle, le manque de composition ne frappait pas les esprits, parce qu’on était plus pressé de savoir que de choisir parmi ce qu’on savait, et d’être instruit que d’être persuadé. […] De tels écrits ne pouvaient contenter longtemps un public assez formé déjà pour demander aux écrivains la première condition de l’art d’écrire, c’est à savoir un sujet.
Les anciens en effet ne savaient guère que leur propre langue, et de cette langue que la forme classique et arrêtée. […] Peut-être les siècles qui savent le mieux produire le beau sont-ils ceux qui savent le moins en donner la théorie. […] Philosopher, c’est savoir les choses ; c’est, suivant la belle expression de Cuvier, instruire le monde en théorie. […] Le tableau le plus complet de tout ce que devait savoir le grammairien ancien se trouve dans l’éloge que Stace fait de son père (Sylvae). […] Nul de nos philologues ne prétend mieux savoir le grec que Platon, le latin que Varron ; et pourtant nul d’entre eux ne se fait scrupule de corriger les étymologies de Platon et de Varron.
Mais quiconque a joui de l’œuvre merveilleuse de Bayreuth doit savoir à qui est due l’initiative et la direction des Fêtes ; M. […] Gudehus et Vogl : Gudehus, moins bon acteur, mais d’une superbe voix, et d’une remarquable intelligence ; Vogl, dont la voix se fatigue, mais le seul de ces acteurs qui sache à peu près poser son personnage. […] Nous savons de la source la plus autorisée que c’est de cette année, 1864, que date le projet complet et définitif, rédigé sur le désir que témoignait le roi Louis II de voir accompli ce drame dont le maître lui parlait. […] cet homme arrivant, on ne savait d’où ; cherchant Monsalvat, on ne savait pourquoi. […] On sait que l’amphithéâtre contient 1325 places, la galerie des Princes environ 100, et la Galerie Supérieure autant : mais ces dernières places ne sont vendues que dans les cas exceptionnels d’affluence trop nombreuse, et ne sont occupées jamais qu’en nombre très restreint.
Nous savons trop ce qui les sépare. Seulement nous savons aussi ce qui les unit. […] Qui sait ? […] L’histoire en sait assez pour l’enseignement des hommes. […] Il ne saurait être innocenté et même excusé devant l’histoire, si ce n’est par ceux-là qui veulent en continuer les destructions.
Louis de Camors, le faux Borgia, n’est plus que le jobard dont n’importe quelle femme sait jouer. […] C’est enfin ce monde écœurant que nous savons par cœur, dans lequel rien ne change et où tout le monde a la même phrase pour les mêmes situations. […] Octave Feuillet — qui ne le sait et qui ne l’a dit ? […] Mais le talent de Feuillet gît et flotte dans je ne sais quel amnios intellectuel à travers lequel on le voit… possible, organisé, vivant, et ne sortant pas ! […] — et la scène qui n’est qu’indiquée, qui n’est qu’une larve de belle scène, aurait jailli, magnifique et complète, et, qui sait ?
Je vais vous répondre, non pas en théologien, mais en enfant, car l’enfant en sait autant que le théologien sur ce que personne ne peut savoir. […] On me répondrait que la musique passe et que la peinture demeure, que la musique est un instant et que la peinture est une éternité, et je ne saurais plus que dire. […] VIII Nous savons peu de chose de la musique de l’antiquité ; nous savons un peu plus, mais pas beaucoup plus, de la peinture : le vent emporte le son, la poussière ronge la toile, la fresque périt avec l’édifice. […] On sait que le Jura est une épaisse muraille de montagnes à pente douce du côté de la France, à pente escarpée du côté de la Suisse. […] J’étais informé de sa résidence, je savais son nom de guerre ; j’étais convenu par lettre avec lui d’une entrevue au village-frontière de la Chaux-de-Fonds pour des raisons qui sont restées secrètes.
Les orateurs savent combien importe le choix des mots sonores, l’arrangement des périodes qui tombent avec grâce et solennité. […] Le chapitre du poète est curieux à lire : on ne saurait le prendre au pied de la lettre. […] On parle couramment du coloris, de la palette, du pinceau d’un auteur qui sait décrire. […] Car on sait que tout ce qui nous entoure change de minute en minute et l’on envie à la photographie la faculté de saisir des instantanés. […] Nous félicitons un habile homme de savoir tirer son épingle du jeu, et beaucoup de personnes ignorent qu’elles font là un emprunt à un jeu de petites filles.
Le génie humain couvait sourdement on ne sait quel fruit inconnu. […] Il y avait je ne sais quel contraste blessant entre la sérénité épanouie de cette race et la mélancolie maladive de mon esprit. […] Il respirait et il aspirait je ne sais quel air balsamique qui avait traversé le vieil Éden. […] Au milieu des luttes civiles, la haine de l’iniquité devint une colère aveugle qui ne sut jamais pardonner. […] Je ne sais quel sort attend ce livre, ni s’il s’achèvera, ni si j’atteindrai la fin de cette page qui fuit sous ma plume ; mais j’en sais assez pour y mettre le reste, quel qu’il soit, de mon ardeur et de mes jours.
Cependant nous savons, par le grand ouvrage de sir R. […] Car nous savons que d’importants changements géographiques ont eu lieu pendant ce même temps en d’autres parties de l’Amérique. […] L’examen le plus scrupuleux qu’on pourrait faire d’une formation ne saurait donner aucune idée du temps que son accumulation a exigé. […] On sait sur quelles différences presque insensibles beaucoup de paléontologistes ont fondé leurs espèces, et ils se montrent surtout disposés à les multiplier, lorsque les spécimens proviennent des différents étages d’une même formation. […] C’est une question à laquelle je ne saurais complétement répondre.
La question est de savoir si le souvenir de la douleur était véritablement douleur à l’origine. […] C’est ainsi que je sais, quand je sors de ma chambre, quelles sont les chambres que je vais traverser. […] — Nous répondons que la question est précisément de savoir si le passé a cessé d’exister, ou s’il a simplement cessé d’être utile. […] Pour généraliser, disions-nous, il faut abstraire les ressemblances, mais pour dégager utilement la ressemblance, il faut déjà savoir généraliser. […] Nous savons, par exemple, quand nous lisons un roman d’analyse, que certaines associations d’idées qu’on nous dépeint sont vraies, qu’elles ont pu être vécues ; d’autres nous choquent ou ne nous donnent pas l’impression du réel, parce que nous y sentons l’effet d’un rapprochement mécanique entre des étages différents de l’esprit, comme si l’auteur n’avait pas su se tenir sur le plan qu’il avait choisi de la vie mentale.
Trahi deux fois, ce grand homme a su vivre. […] Ces hommes ne savent ni ce qu’ils disent ni ce qu’ils font. […] Un gouvernement, que l’Assemblée nationale n’a pas su ou n’a pas voulu lui faire. […] Nous sommes tous un poème ou une chanson : il ne faut que savoir y lire ! […] Savez-vous ce que cela veut dire ?
Sa première femme, Marguerite de France, y est pourtraite à sa belle heure ; mais elle est tellement masquée par sa toilette et engoncée dans sa fraise, qu’on a besoin de savoir tout son charme pour être sûr que cette figure pouparde n’en manquait pas. […] Que si l’on obtenait des femmes par souhait, afin de ne me repentir point d’un si hasardeux marché, ajoute-t-il, j’en aurais une, laquelle aurait, entre autres bonnes parties, sept conditions principales, à savoir : beauté en la personne, pudicité en la vie, complaisance en l’humeur, habileté en esprit, fécondité en génération, éminence en extraction, et grands États en possession. […] Sire, lui répond-il, que vous plaît-il d’entendre partant d’affirmatives et de négatives, desquelles je ne saurais conclure autre chose, sinon que vous désirez bien être marié, mais que vous ne trouvez point de femmes en terre qui vous soient propres ? […] Ce fut l’art et le charme de Gabrielle d’avoir su mettre dans cette existence plus qu’équivoque et si affichée une sorte de dignité et quelque air de décence. […] Il faut avoir l’esprit singulièrement fait pour voir dans cette parole de prudente et prévoyante observation de Sully l’indice qu’il pourrait bien avoir trempé dans l’empoisonnement supposé de Gabrielle, et il y aurait lieu, vraiment, de répéter ici avec Dreux du Radier : « C’est un soupçon punissable. » On sait le reste.
Théophile Gautier donne au Moniteur, sa plume brillante sait résumer et figurer avec une précision d’artiste bien des observations et des études que d’autres développeraient et étendraient en analyse. […] Eugène Delacroix, ces brillants coloristes par le pinceau, sont d’ingénieux et d’habiles écrivains avec la plume ; mais ils savent ce qu’ils font. […] M. de Roullet eut occasion de le voir et l’accueillit très amicalement comme compatriote ; et dans quelques conversations qu’ils eurent ensemble, M. de Roullet désira savoir s’il y avait à Paris d’autres jeunes compatriotes étudiant les arts. […] David nous disait toujours que c’est le seul maître que l’on puisse suivre sans craindre de s’égarer. » Mais il se souvint de cet autre précepte de David : « qu’il ne faut pas voir la nature bêtement, et qu’il faut savoir trouver le beau ». […] Cette figure de Corinne est ingrate à faire, car on ne sait quel caractère lui donner ni quel costume.
On ne saurait rien voir de plus riche, de mieux travaillé et de plus agréable. Il serait curieux de retrouver ce volume, ce magnifique keepsake en l’honneur de Louis XIV, maintenant surtout qu’on sait à qui l’on en devait le texte et les explications. […] « Samedi 6 octobre, à Fontainebleau. — M. de Noailles manda au roi que toute la ville de Nîmes s’était convertie. » — « Samedi 13, à Fontainebleau. — On sut au lever du roi que presque tout le Poitou s’était converti, entre autres Châtellerault, Thouars et Loudun. […] Toutefois, comme il est fidèle à dire ce qu’il sait, on a bientôt chez lui la suite et les conséquences : il ne les donne pas comme une conséquence, mais avec un peu de logique le lecteur rétablit aisément la chaîne. […] — Je sus que M.
mon cousin, il m’a dit de si grandes raisons et m’a représenté si bien le bon cœur de mes gens, que je ne sais que faire. » La partie était gagnée, et Montluc rapporte en toute hâte par-delà les monts la permission si désirée, et qu’il a enfin arrachée de la bouche du roi : « Qu’ils combattent ! […] On sait les vicissitudes de cette bataille de Cérisoles, et comment la fortune, tout en couronnant nos armes, se moqua (c’est Montluc qui le dit) des deux chefs d’armée. […] le maréchal de Brissac, qui l’estimait et l’aimait on ne saurait plus, mais qui craignait de le perdre comme l’un de ses capitaines et auxiliaires essentiels, s’il allait à Sienne, écrivit au roi pour établir dans son esprit (à côté de beaucoup d’éloges) cette fâcheuse réputation de quinteux qu’avait Montluc ; et en même temps il écrivait à celui-ci pour le dissuader d’accepter. […] Il dit qu’il partirait dans huit jours, et à ce terme précis il se mit en route, se traînant jusqu’à Montpellier et passant outre, malgré les médecins de la Faculté qui lui prédisaient qu’il n’arriverait pas en vie jusqu’à Marseille : « Mais quelque chose qu’ils me sussent dire, je me résolus de cheminer tant que la vie me durerait, à quelque prix que ce fût ; et, comme je partais, m’arriva un autre courrier pour me faire hâter ; et, de jour à autre, je recouvrais ma santé en allant, de sorte que quand je fus à Marseille, je me trouvai sans comparaison mieux que quand j’étais parti de ma maison. » Montluc débarqua en Italie pendant l’été (1554). […] Transporté dans une place voisine, à Montalsin, et sachant Montluc presque à l’extrémité, il dépêcha à Rome pour faire venir un autre gouverneur, M. de Lansac ; mais celui-ci ne sut point s’y prendre et se laissa tomber aux mains des ennemis en essayant d’arriver à Sienne : « S’il fût venu, dit naïvement Montluc, je crois que je fusse mort, car je n’eusse eu rien à faire ; j’avais l’esprit tant occupé à ce qui me faisait besoin, que je n’avais loisir de songer à mon mal. » Après avoir été trois jours regardé comme mort, et avoir reçu la visite de Strozzi guéri plus tôt que lui, Montluc revint peu à peu à une santé suffisante pour vaquer à ses devoirs.
Charron ne s’en tint pas aux armes de noblesse, il prit la devise morale de son maître et de son ami ; et dans la maison qu’il fit bâtir à Condom, l’an 1600, il fit graver ces mots : « Je ne sais. » Montaigne disait : « Que sais-je ? […] Il le dit quelque part très ingénieusement (j’y rajeunis à peine quelques mots) : Il semble que pour planter et installer le christianisme en un peuple mécréant et infidèle comme maintenant est la Chine, ce serait une très belle méthode de commencer par ces propositions et persuasions : Que tout le savoir du monde n’est que vanité et mensonge ; — Que le monde est tout confit, déchiré et vilainé d’opinions fantasques, forgées en son propre cerveau ; — Que Dieu a bien créé l’homme pour connaître la vérité, mais qu’il ne la peut connaître de soi, ni par aucun moyen humain, et qu’il faut que Dieu même, au sein duquel elle réside, et qui en a fait venir l’envie à l’homme, la révèle comme il a fait, etc., etc. […] Ainsi cette innocente et blanche surséance et libre ouverture à tout est un grand préparatoire à la vraie piété, et à la recevoir comme je viens de dire, et à la conserver : car avec elle il n’y aura jamais d’hérésies et d’opinions triées, particulières, extravagantes ; jamais pyrrhonien ni académicien ne sera hérétique ; ce sont choses opposites… On ne saurait voir plus à nu toute la méthode de Charron et de son école ; et quant à l’objection qui se présente et qu’il se faisait lui-inême, qu’il reste toujours à savoir si un tel homme ainsi façonné et rompu à l’habitude sceptique, et garanti, il est vrai, des hérésies et nouveautés, sera jamais chrétien au fond et orthodoxe. […] Charron fait consciencieusement son devoir comme controversiste, comme prédicateur ; il amasse ses preuves, il fait servir sa philosophie comme une espèce de machine ou de tour pour battre en brèche la place ennemie : puis, quand il estime que la brèche est suffisante, il ordonne et fait avancer ses preuves directes ; mais tout cela sans feu, sans flamme ; on sent toujours l’homme qui a dit : « Au reste, il faut bien savoir distinguer et séparer nous-mêmes d’avec nos charges publiques : un chacun de nous joue deux rôles et deux personnages, l’un étranger et apparent, l’autre propre et essentiel. […] Il est ici-bas logé au dernier et pire étage de ce monde, plus éloigné de la voûte céleste, en la cloaque et sentine de l’univers, avec la bourbe et la lie, avec les animaux de la pire condition…, et se fait croire qu’il est le maître commandant à tout, que toutes créatures, même ces grands corps lumineux, incorruptibles, desquels il ne peut savoir la moindre vertu, et est contraint tout transi les admirer, ne branlent que pour lui et son service… Ici Charron combine et resserre deux passages différents ; il écourte Montaigne, mais il ne saurait faire oublier ni supprimer cette admirable interrogation que l’on dirait de Pascal s’adressant des objections à lui-même : Qui lui a persuadé que ce branle admirable de la voûte céleste, la lumière éternelle de ces flambeaux roulant si fièrement sur sa tête, les mouvements épouvantables de cette mer infinie, soient établis et se continuent tant de siècles pour sa commodité et pour son service ?
La manière dont il sut traverser la Suisse à l’improviste sans prévenir les cantons qu’au moment même, étant déjà entré avant qu’on s’aperçût qu’il y dût passer ; la rapidité, la précision de sa marche, la justesse de ses ordres et de ses calculs, tout répondit à sa réputation d’habileté. […] Croyant s’être acquis assez d’honneur, il ne veut rien hasarder, suivant sa maxime « qu’il vaut mieux n’aller pas si vite et savoir où l’on va, que d’être obligé de fuir honteusement ou de périr. » Il retourne dans la Valteline, où les difficultés de la situation, sans argent qu’il était et en présence de populations mutines, le ressaisissent. […] Il devait savoir mieux que personne le point de la difficulté. […] D’alléguer qu’on lui avait mandé de Paris qu’on le voulait arrêter, c’était un dire, lequel, s’il était public, n’était pas vrai ; s’il était secret, il ne l’avait pu savoir… Bref, c’était lui-même qui se jugeait coupable ; ce que nous avons marqué pour fautes passaient pour crimes d’État en son opinion, qui, ayant de très grandes lumières des choses du monde, savait assez connaître ce qui était bien ou mal. […] [NdA] Le Parfait Capitaine, imprimé en 1637, parut ou à la fin de l’année ou au commencement de l’année suivante, avec une grande préface historique et surtout académique, qu’on sait être de Silhon ; il y est parlé de M. de Rohan comme vivant encore.
quand on vit beaucoup aux champs, qu’on sent si bien cette nature et qu’on la sait si bien peindre, c’est pour l’aimer en général, c’est du moins pour la présenter en beau après surtout qu’on l’a quittée ; on est porté à en faire un cadre de bonheur, de félicité plus ou moins regrettée, parfois idyllique et tout idéale. […] La vertu qui lui manque, c’est de n’avoir pas appris que la première condition pour bien vivre est de savoir porter l’ennui, cette privation confuse, l’absence d’une vie plus agréable et plus conforme à nos goûts ; c’est de ne pas savoir se résigner tout bas sans rien faire paraître, de ne pas se créer à elle-même, soit dans l’amour de son enfant, soit dans une action utile sur ceux qui l’entourent, un emploi de son activité, une attache, un préservatif, un but. […] Un livre, après tout, n’est pas et ne saurait jamais être la réalité même. […] Je sais que jusqu’en ces endroits les plus risqués et les plus osés le sentiment chez M. […] Pourquoi mériter qu’on vous dise : « Moraliste, vous savez tout, mais vous êtes cruel. » Le livre, certes, a une moralité : l’auteur ne l’a pas cherchée, mais il ne tient qu’au lecteur de la tirer, et même terrible.
Mais parlez-moi des Soleils de juin, des Soleils de novembre, nobles essors d’une âme qui sait se retremper aux vraies sources de consolation. […] Ma tendresse au bonheur ne te saurait conduire ; Même en tes yeux l’amour me sourirait trop tard. […] Sais-tu qu’il y a tel sourire de toi qui me montrerait la profondeur de mes maux, comme le rayon de soleil qui éclaire un abîme ! […] Même en éloignant et en repoussant son hommage, il ne serait pas fâché d’occuper, d’agiter ce jeune cœur, de lui laisser un trouble, un long regret, un levain immortel, une goutte du philtre qui, s’il ne sait plus donner, sait du moins corrompre et empoisonner à jamais le bonheur35. […] S’il est (je n’en sais rien) une autre âme sur terre Que trop de liberté tourmente, qu’elle espère : Elle sera guérie en faisant comme moi.
Nous vous prions aussi d’ordonner qu’on ne le laisse point crier, parce qu’étant un garçon, les efforts sont à craindre, comme vous savez. […] Racine n’avait pas, comme Mme de Sévigné, de l’imagination à revendre et à tout propos, même à propos de nourrice ; sa folle du logis ne lui échappait pas bon gré, mal gré, à tort et à travers ; il savait où placer la sienne, qui n’était pas du tout une folle, et il la distribuait dans ses ouvrages. […] Mais on me dira : Qui donc aujourd’hui se soucie de savoir plus de choses sur Racine fils ? […] De beaux passages du poème de la Religion, que l’on sait par cœur dès l’enfance, y répondent bien. […] Décidément, si Racine fils savait peu sourire, la fortune non plus ne lui souriait pas.
… » Il y a bien longtemps que je n’ai visité l’Ermitage, et je ne sais s’il existe encore ; mais il revit tout entier en ces six lignes, comme un petit temple rustique et classique. […] Comme je ne sais si j’aurai la patience de l’attendre ou le courage de la hâter, j’explique ici mes volontés dernières. » Des idées de suicide, on le voit, n’avaient cessé de traverser ou d’obséder son esprit74. […] Je ne sais à quel degré de talent je pourrai m’élever dans mes ouvrages ; mais si la nature m’a donné une façon particulière de la voir et de la sentir, je tâcherai de la manifester franchement, sans autre poétique que celle de la nature, avec une douceur d’enfant et une violence de tourbillon. […] Deleyre lui-même, toujours agité de je ne sais quel trouble inconnu, dévoré, comme par émulation, du mal de Rousseau, ne nous rappelle pas moins, tout incrédule qu’il est, l’état du pieux et tendre William Cowper ; il s’accuse sans cesse et se croit rejeté du bonheur. […] je le sais, elle était mortelle, je le suis aussi, et voilà ce qui adoucit ma peine ; car je la rejoindrai, cette chère enfant, et au fond de cette même terre où elle m’a précédé si jeune, et qui attend ma vénérable mère, à laquelle je suis peut-être condamné à survivre.
Les institutions politiques masquent les plaies sociales : dans l’intervalle des institutions, ces plaies cachées et inhérentes à toute société apparaissent à nu et s’étalent ; chaque passant se propose volontiers pour guérisseur ; on ne sait à qui entendre. […] Quand il parle, comme il le fait, contre la guerre et ses effets désastreux, ce n’est pas qu’il supprime le courage et l’intrépidité humaine, c’est qu’il sait où les placer ailleurs. Une plume qui ne ménage rien, mais qui a de belles parties, et qui sait mêler des réparations à des injustices, M. […] Il a présenté et renouvelé sous toutes les formes son fameux argument en faveur de l’impunité, à savoir l’innocuité ; — c’est-à-dire, selon lui, que la presse ne fait qu’un mal imaginaire ; qu’il n’est que de laisser dire et contredire pour tout neutraliser, que cette puissance que s’attribue le journal n’est qu’une vanterie et un lieu commun ; que tous ces tyrans de l’opinion ne sont que des mouches du coche. […] Mais pourtant vous ne sauriez nier la puissance des mots, ni des plumes habiles, adroites, éloquentes, qui savent en user à propos, et de celles qui ont l’art d’en abuser.
On ne saurait lui refuser toutefois un sentiment très-vif de la civilisation antérieure, propre aux vieux siècles catholiques ; il a de fortes pages là-dessus. […] On ne saurait s’imaginer, en parcourant aujourd’hui ces écrits oubliés31, tout ce qu’on y rencontre de vues rétrospectives perçantes, et d’aveuglement aussi et d’aheurtement du côté de l’avenir. […] Afin de mieux se rendre compte des restes de l’esprit ancien, subsistant au cœur d’anciennes provinces, il est allé jusqu’à acheter successivement de grandes propriétés rurales dans des contrées où il savait ne point devoir résider longtemps, à cette seule fin de se mettre en commerce plus intime avec l’esprit des populations. […] Mais savez-vous que ce sont là des vertus qu’on nous demande ! […] Le Play, qui sait qu’il faut un degré d’optimisme pour l’action et qui s’est voué de cœur et d’esprit à l’apostolat du bien, ne s’en tient pas à ces vues générales et négatives.
Il y a donc, pour la postérité, une tâche à part et qui est proprement la sienne, à savoir de dominer les divers points de vue, de les maîtriser, de tenir compte de tout et de tout comprendre. […] Chacun sut, grâce à lui, à quoi s’en tenir désormais sur tout ce système habile et merveilleux de créations à l’intérieur, sur ce mécanisme savant et simple, essentiellement moderne, dont le public n’avait pas la clef auparavant ou dont on ne se faisait que de vagues idées. […] Armand Lefebvre, le nœud de toutes les difficultés qui travaillèrent la fin du Consulat et tout l’Empire était dans la paix de Lunéville et dépendait du parti que l’arbitre de cette paix aurait su prendre. […] Que de choses on a sues depuis et qui n’ont fait que confirmer ses vues ! […] Les fautes gratuites et funestes, les entreprises non provoquées et risquées sans nécessité, les excès et les fougues de la passion ne sauraient obscurcir ni faire perdre de vue cette vérité capitale, inhérente à la nature même des choses.
Et l’on ne saurait contester aucune de ces qualités à Malouet. […] Il sut réparer son imprudence par une fermeté de conduite qui le fit estimer davantage. […] Car, si j’insiste sur les qualités de Malouet, ce n’est pas que je le mette le moins du monde en comparaison avec le grand peintre, avec le grand fascinateur de notre âge ; je sais tout ce qui lui manque. […] On sait la touchante histoire de Montesquieu à Marseille, délivrant, sans se faire connaître, le père du jeune batelier Robert, esclave à Tétouan : Malouet a une histoire toute pareille et à faire le pendant de celle de Montesquieu dans la Morale en action. […] Mes ports de lettres coûtent au roi, indépendamment des paquets contre-signes, de 12 à 15,000 livres, et, en sus de cette immensité d’écritures, les frais d’imprimerie pour les états, bordereaux, etc., s’élèvent annuellement à 16,000 livres.
Au xiie siècle, saint Bernard et Abélard écrivent en latin en hommes qui lisaient et pratiquaient Cicéron, mais ce savoir n’était ni très profond, ni réglé par le goût. […] J’en rencontre quelquefois le mot, et il y a un grand débat entre les réalistes et les nominaux, pour savoir si l’humanité est une réalité ou un nom, une abstraction réalisée ou une commodité de la parole. […] Je sais qu’on le remarquerait de même dans la traduction inédite des lettres d’Abélard à Héloïse, par Jean de Meung. […] Vous le savez ; je vis les pierres. […] » Il a su en effet toucher les cœurs, sans affaiblir le dogme ; il a fait la part de la religion et celle de la théologie.
Ce livre nous introduit dans un riche ménage d’honnêtes gens d’alors, et l’on en sait chaque détail comme si l’on y avait vécu. […] Si l’on parcourt la liste des membres actuels, imprimée en tête du volume de Mélanges que nous annonçons, on y remarque des noms d’amateurs qui sont, à bon droit, connus pour avoir su réunir des collections uniques en leur genre ; M. […] Jamais princesse n’en sut mieux profiter. […] Le roi n’a rien su de ces courses nocturnes. » Voilà les raisons qui, sans que j’y tienne beaucoup, m’ont fait hasarder un doute contraire au vœu du spirituel auteur de la Notice, et élever pour ainsi dire question contre question. […] Le règne de leur fils, de ce Louis XV qui ne sut être qu’un joli enfant, et qui se montra le plus méprisable des rois, eût été heureusement ajourné.
Le hardi cavalier sait qu’il a besoin des jambes de l’animal fougueux qui le porte ; mais il fait jouer à propos le mors et l’éperon. […] La politique qu’il conseillait ne saurait se séparer de l’homme même qui l’eût fait prévaloir et qui l’eût dirigée. […] Après expérience, nous savons là-dessus à quoi nous en tenir aujourd’hui. […] Je ne sais pas si j’exprime bien ce que je veux dire. […] Je ne sais où nous mèneraient de telles idées si nous ne nous livrions nous-mêmes, pendant qu’il en est temps, à la recherche de vérités un peu plus praticables.
On ne saurait reprocher au gouvernement d’avoir provoqué les démissions que les honorables professeurs ont cru devoir donner. On ne saurait dire non plus que cette retraite, qui prive les listes semestrielles de la faculté des plus beaux noms qui les décoraient, soit « un malheur public pour la jeunesse des Écoles » qui n’entendra plus désormais ces voix éloquentes ; car il y a vingt-deux ans que ces illustres maîtres avaient cessé de professer, et qu’ils ne remplissaient plus leurs chaires que par leurs lieutenants. […] Cousin a trouvé l’une de ses plus belles pages19, et comme lui seul en sait écrire. […] Villemain se retrouve le premier des écrivains du jour pour le coloris poli et nuancé, pour le mélange du savoir et de l’élégance. […] En général, dans tout ce discours, il me semble que Napoléon et M. de Narbonne savent trop bien leurs livres et leurs auteurs ; que M. de Narbonne est bien foncé sur son siècle des Antonins et sur son histoire de l’Empire ; que le Dialogue de Sylla et d’Eucrate est resté bien longtemps ouvert sur la table de l’Empereur, et que Bossuet vient là vers la fin avec un peu trop de détail aussi.
Aucune de ces définitions n’a encore satisfait pleinement tous les naturalistes ; et cependant chaque naturaliste sait au moins vaguement ce qu’il entend quand il parle d’une espèce. […] Les monstres sont très fréquemment stériles ; de plus chaque être vivant, surtout chez les animaux, est si admirablement adapté à ses conditions d’existence, qu’il semble dès le premier abord improbable que des instruments aussi parfaits aient été soudainement produits dans leur perfection, de même qu’une machine compliquée ne saurait avoir été inventée par un seul homme avec tous ses perfectionnements successifs. […] Or, ces différences individuelles sont de la plus haute importance pour nous, car elles sont le plus souvent transmissibles, ainsi que chacun ne peut manquer de le savoir. […] On ne saurait même se refuser à reconnaître que ces variétés douteuses sont loin d’être rares. […] En fin de compte, on ne saurait contester que beaucoup de formes considérées comme des variétés par des juges hautement compétents ont si parfaitement le caractère d’espèces, qu’elles sont rangées comme telles par d’autres juges d’égal mérite.
Je sais où sont ses préférences, ses passions, ses amours intellectuels, mais ses convictions ? Je sais où sont ses instincts, qui souvent le mènent loin, droit et heureusement, jusqu’à ce qu’il se brise pourtant contre quelque brillante erreur qui l’a séduit et enivré. Je sais encore où est sa métaphysique, car il a métaphysiqué, le pauvre Chasles ! […] On sait la passion qu’il eut longtemps pour l’Académie. […] À cela peut-être, comme à tout, bien des raisons, petites et honteuses, qui sait ?
Position qui ne saurait être que temporaire. […] Quelle leçon pour les utopistes du socialisme, s’ils savaient la comprendre ! […] On sait trop à quelle stagnation cet isolement l’a condamnée. […] Ces vérités, tous les bons Français les savent. […] C’est sur quoi le signataire de ces notes ne saurait avoir un avis.
Charles Nodier, en son temps, avait souvent à donner de ces sortes de consultations que, tour à tour, il traitait avec son savoir varié ou qu’il éludait avec son aimable esprit. […] Et je ne sais pourquoi je n’ai l’air de parler ici que des femmes : les hommes y manquent bien souvent. […] Celui qui m’écrit qu’il a « de curieux authographes » peut savoir le turc ou le chinois, mais, à coup sûr, il n’a pas fait ses simples études classiques. […] Dans un siècle où tout marche si vite, où tous sont appelés indistinctement et souvent à l’improviste, où l’on a à peine le temps de la réflexion à travers l’action, où il nous faut faire après coup ce par où il eût été plus simple de commencer, on ne saurait trop introduire dans l’esprit de notions exactes, n’importe comment, ni par quel bout, à bâtons rompus, aux moments perdus, par les moindres interstices d’une journée occupée ou distraite : en fin de compte tout se retrouve.
Il chiarle 255 puissamment, il ment effrontément, il débite des bagatelles à la populace ; mais avec tout cela c’est un fol enragé, un imposteur, un menteur, un superbe, un impatient, un ingrat, un philosophe masqué qui n’a jamais su ce que c’étoit de faire le bien ni de dire la vérité. […] Je ne sais si vous avez su que l’on lui avoit retardé le payement de ses gages, à cause qu’il s’étoit couvert impudemment devant le Cardinal et toute la Cour, sans que l’on lui en eût fait signe, et que M. le maréchal d’Estrées dit publiquement à Rome que ce n’est qu’un pédant, et qu’il s’étoit voulu mêler de lui donner une instruction, à laquelle il n’y avoit ne sel ni sauge, ne rime ni raison. […] Il sait beaucoup de choses, mais superficiellement : Multa quidem scit, sed non multum. » J’ai cru qu’il n’était pas inutile, dans un temps où l’on est en train d’exagérer sur Campanella, de faire connaître cette opinion secrète de Naudé et du monde de Naudé.
Habile autant que personne à nouer et à dénouer une intrigue, spirituel et délié dans le dialogue, vrai le plus souvent, sinon profond, dans la peinture des mœurs, il sait toujours se mettre au niveau de son auditoire, et calcule avec une rare précision tous ses effets. […] C’est le premier chagrin d’amour : je ne sais pas si celui-là est le plus vif et le plus profond ; assurément, c’est le plus sincère […] Nul ne le sait, et il ne le sait peut-être pas lui-même.
Quelles doivent être la pensée maîtresse, la couleur fondamentale, l’impression dominante du développement à faire, voilà ce que tout élève doit savoir distinguer d’abord dans la matière qu’on lui propose, et cela consiste précisément à en extraire l’idée générale. […] Éclairé par l’idée générale, on sait dans quelle catégorie d’idées et de sentiments il faut chercher le développement. […] En un mot on cherche ce qu’on sait, ce qu’on a vu sur la chose en question ; ou bien ce qu’on sait, ce qu’on pense, ce qu’on a vu sur les choses analogues.
Le théâtre, on ne saurait trop le répéter, a de nos jours une importance immense, et qui tend à s’accroître sans cesse avec la civilisation même. […] L’auteur de ce drame sait combien c’est une grande et sérieuse chose que le théâtre. Il sait que le drame, sans sortir des limites impartiales de l’art, a une mission nationale, une mission sociale, une mission humaine. Quand il voit chaque soir ce peuple si intelligent et si avancé qui a fait de Paris la cité centrale du progrès, s’entasser en foule devant un rideau que sa pensée, à lui chétif poète, va soulever le moment d’après, il sent combien il est peu de chose, lui, devant tant d’attente et de curiosité ; il sent que si son talent n’est rien, il faut que sa probité soit tout ; il s’interroge avec sévérité et recueillement sur la portée philosophique de son œuvre ; car il se sait responsable, et il ne veut pas que cette foule puisse lui demander compte un jour de ce qu’il lui aura enseigné.
Personne ne sent plus vivement que moi la nécessité de publier plus tard toutes les observations et tous les renseignements sur lesquels ces conclusions se fondent, et j’espère le faire prochainement ; car je sais parfaitement qu’il est à peine une seule des opinions discutées dans ce volume, à laquelle on ne puisse opposer des arguments conduisant, en apparence, à des conclusions directement opposées. On ne saurait obtenir un résultat satisfaisant qu’en balançant le pour et le contre des deux côtés de chaque question, après une énumération complète des témoignages : or, c’est ce que je ne peux faire ici. […] Néanmoins, une telle conclusion, serait-elle fondée, ne saurait être satisfaisante, jusqu’à ce qu’il fût possible de démontrer comment les innombrables espèces qui habitent ce monde ont été modifiées de manière à acquérir cette perfection de structure et cette adaptation des organes à leurs fonctions, qui excite à si juste titre notre admiration. […] Il est évident qu’on ne saurait attribuer la structure de ce parasite, et ses rapports si compliqués avec plusieurs êtres organisés distincts, à l’influence des conditions extérieures, des habitudes, ou de la volonté de la plante elle-même.
Je sais, continue-t-elle, ce qui se passe dans ton cœur. […] Elle sait seulement qu’il en a une. […] La guinnârou a ainsi parlé au chien sans qu’Ahmed sache rien de ce qui s’est passé. […] Le chien sait ce qu’il a à faire et le chat aussi puisque la guinnârou le leur a enseigné ; mais tous deux restent muets.
Sainte-Beuve Emmanuel des Essarts, que, son nom oblige, fils de poète, un de mes élèves à l’École normale, et qui sait allier la religion de l’antiquité aux plus modernes ardeurs. […] C’est l’histoire, parfaitement imaginaire, je crois, mais, fondée sur une légende recueillie par Grimarest, d’un certain Pourceaugnac qui, à Limoges, aurait monté une cabale contre Molière, dont il fut grièvement puni par la suite, comme vous savez. […] Molière ne pardonnait pas, on le sait, avec une extrême facilité.
Curieux au dernier point de voir cet homme illustre, les Commis, fort embarrassés, & ne pouvant résoudre la difficulté, lui disent nettement qu’ils n’en savent rien. Comment, reprit avec colere l’Etranger, vous n’en savez rien ! […] L’Etranger furieux continue son chemin, en ne cessant de répéter : Quoi donc, aux Barrieres ne pas savoir la demeure de M. de Fontenelle !
Je ne répéterai pas le peu qu’on sait de sa vie et de ses démêlés avec Callimaque, rivalité de disciple et de maître, querelle d’épopée et d’élégie. […] Ma beauté commença à fondre ; je ne pensai plus à cette fête, et je ne sais comment je revins à la maison ; mais une maladie brûlante me ravagea ; je restai gisante sur ma couche dix jours et dix nuits. […] Chez les Anciens, on le sait, la foudre tombe presque à coup sûr ; les Modernes ont inventé les paratonnerres. […] L’une d’elles, pendant qu’ils passaient, se mit à battre des ailes, et, du plus haut de l’arbre, proféra les intentions de Junon : « O le sot devin, qui ne sait pas même comprendre avec son esprit ce que savent les petits enfants, qu’une jeune fille ne dira ni douceurs ni propos d’amour à un jeune garçon, s’il y a des étrangers pour témoins ! […] Elle aime surtout à revenir autour de cette histoire d’Ariane qui la tente, et qu’elle fait un peu semblant de ne savoir que confusément ; elle trouve même moyen d’éviter de nommer par son nom celle qu’elle appelle simplement la fille de Pasiphaé.
Dans ces premiers accès d’enthousiasme germanique, Nodier ne savait que fort peu l’allemand ; il lisait plus directement Shakspeare ; mais il avait pour ainsi dire le don des langues ; il les déchiffrait très-vite et d’instinct, et en général il sait tout comme par réminiscence. […] Ce fut sans doute un malheur de Nodier au début, que de Se prendre de ce côté, et de se trouver engagé par je ne sais quelle fascination irrésistible vers ces faux et troublants modèles. […] Nodier, si fait pour pratiquer ces voies et pour les suivre, et qui, jeune, en savait mieux que les noms, ne les hanta, pour ainsi parler, qu’à la traverse, et ne s’y enfonça à aucun moment en droiture. […] Or, si Werther qu’on semble au début, quand je ne sais quel Arioste est dessous, j’ai bon espoir, on en revient. […] Ses préfaces spirituelles, qu’en toute circonstance il ne haïssait pas de redoubler, harcelaient les classiques, et, en vrai père de Trilby, il sut piquer plus d’un de ses vieux amis sans amertume.
L’amour reproduisait à sa mémoire ornée le sacrifice de Simèthe cherchant à rappeler un infidèle par un des noms d’un passereau consacré à Vénus ; il invoquait la Nuit et la Lune… » Je ne sais s’il fit, en effet, toutes ces choses que le génie, cet autre enchanteur, peut à son gré remuer et évoquer. […] Au vrai, la conversion qui nous occupe ne saurait être attribuée à aucune personne humaine, pas plus à M. d’Aleth qu’à M. de Comminges, pas même à l’esprit de ces exemples réitérés qu’offrait Port-Royal depuis plus de vingt ans. […] Rancé partit donc pour Rome (1664) avec un collègue qu’on lui donna, l’abbé du Val-Richer ; il vit le pape, il sollicita les cardinaux ; il sut dans cette vie si nouvelle conserver et aguerrir son austérité des dernières années, tout en retrouvant ses grâces polies et quelques-unes de ses adresses d’autrefois. […] Je ne voudrais rien dire qui eût l’air d’amoindrir M, de La Mennais ; l’éloquent et agréable auteur des Affaires de Rome sait trop bien la vie de Rancé pour ne pas s’en dire beaucoup plus à lui-même. […] On sait les retraites fréquentes et les huitaines de Saint-Simon, qui nous a donné sur cet intérieur austère des jours tout particuliers, d’une clarté vive, et qui nous y font pénétrer.
Enjouement, moquerie, savoir, mouvement animé et un peu affecté, je le crois sans peine, c’étaient, à ce qu’il semble, les traits de la belle compagnie d’alors. […] Nulle part surtout, plus qu’au pays de Vaud, on n’avait la science de nos classiques : on y savait Boileau et le reste par cœur. […] A part les fidèles du Semeur, quels lecteurs de journaux savent le nom et les titres de M. […] Je ne sais que la manière de M. […] Ces petits glaçons mythologiques sont demeurés là dans son style on ne sait comment.
Tout ce qu’on sait, c’est que les Étrusques, d’abord conquis, ont adouci les Romains et donné à leurs mœurs et à leur langue ce raffinement prématuré qui fait l’élégance des races. […] « Il est assez difficile de savoir si les assiduités de Laurent et les prières de ses amis parvinrent, à la fin, à fléchir la fierté avec laquelle il y a lieu de croire que Lucretia reçut ses premiers hommages. […] — Je lui répondis : Je ne sais s’il est des trésors plus précieux, un bonheur plus doux et plus touchant que celui qu’on goûte ici, loin des discordes civiles. […] On ne sait point ici dire le contraire de ce qu’on pense : dans ces estimables et paisibles retraites, au milieu de l’air pur qui vous environne, on ne voit point le sourire sur la bouche de celui dont le cœur est rongé de chagrins ; le plus heureux parmi vous est celui qui fait le plus de bien, et la sagesse suprême ne consiste pas à savoir déguiser et dissimuler la vérité avec le plus d’artifice. » Cependant le berger ne paraît point convaincu de la supériorité que le poëte accorde à la vie champêtre, et, dans sa réponse, il présente avec beaucoup de force les peines et les nombreux travaux auxquels elle est inévitablement exposée. […] Laurent nomma pour présider à cette fête, dans la ville de Florence, François Bandini, que son rang et son savoir rendaient extrêmement propre à figurer dans cette circonstance ; et, le même jour, il se fit à Careggi une autre réunion à laquelle il présidait lui-même.
Et l’on rappelle que Boileau n’avait pas d’imagination ; c’est donc pour cela qu’il défend aux autres d’en avoir : on sait la fable du renard qui a la queue coupée. […] D’autres enfin, partant eu sens inverse, au lieu de tout embellir, ne savaient que pousser à la charge et charbonner des caricatures. […] On ne saurait être plus classique, et voilà justement la leçon que Boileau donnait aux fantaisistes de son temps. […] Nous savons si la copie ressemble, sans avoir vu l’original. […] Zola, traducteur fidèle : « La vérité a un son auquel j’estime qu’on ne saurait se tromper.
De là ce je ne sais quoi de trouble, de là cette impuissance à remplir son mérite, que signale un ennemi pénétrant, le cardinal de Retz. […] Et qui sait si le succès des Maximes ne leur a pas persuadé qu’ils pouvaient sans danger pour la gloire de leur ami donner les fragments décousus de son œuvre inachevée ? […] Le remède à la naïveté, mais le remède aussi à la vanité, est là, dans ce petit volume presque tout entier excellent et substantiel, dont ceux-là seuls médiront, qui n’auront pas su s’y connaître. […] Aux narrations s’ajoutent deux éléments que Retz a su employer avec une rare maîtrise : les raisonnements politiques, et les portraits. […] On sait comment elle fonda Saint-Cyr, pour élever gratuitement deux cent cinquante demoiselles nobles, à qui le roi assurait ensuite des dots pour se marier ou entrer en religion.
Dieu seul sait lequel de ces deux jugements est le vrai. […] « Qui sait, dit gravement Bernardin de Saint-Pierre, si ces carnassiers ne transgressent pas leurs lois naturelles, et ne sont pas comme les assassins dans une société réglée ? […] Il est de son siècle, tout en le combattant ; il ne sait pas voir les bornes de la raison, et il s’y trompe d’autant plus souvent, qu’il donne à sa raison l’étendue de son imagination, et qu’il croit raisonner encore quand il rêve. […] Apprendre tard nous est donné comme le meilleur état, après ne rien savoir ; témoin Virginie qui en arrivant en France ne sait ni lire ni écrire. […] Mais ces admirables pages vont plus loin, et je ne sache ni un temps qui n’y reconnaisse son infirmité, ni un homme, dans la maturité ou le déclin de la vie, qui n’y retrouve ses désabusements.
Cette perfection ne saurait aller sans un certain degré de bien-être matériel. […] Les sages, qui savent combien le problème est difficile, haussent les épaules. […] Il sait que tous les partis ont à la fois tort et raison. […] Mais, aussitôt qu’il a triomphé, il est aussi embarrassé que les autres ; car il n’en sait pas davantage. […] La réaction a sa place dans le plan providentiel ; elle travaille sans le savoir au bien de l’ensemble.
Certes, il n’a donné à personne d’humain le désir de savoir quelle eût été la suite, et ce qu’il aurait pu faire hors de sevrage et dans sa juste maturité ; mais, physiologiquement, je maintiens qu’à aucune époque Saint-Just ne fut mûr. […] Je ne sache point que quelqu’un, jusqu’ici, se soit mis en peine de chercher dans le fond de son cœur ce qu’il avait de vertu, pour connaître ce qu’il méritait de liberté. […] Vous n’êtes pas de taille à lutter contre la noblesse, puisque vous ne savez pas la détruire ; c’est elle qui dévorera la Révolution et les révolutionnaires. […] « Je sais où je vais », répétait-il souvent. Il prétendait savoir où il allait, s’il avait réussi : il le savait plus certainement s’il ne réussissait pas.
Introduit, je ne sais comment, dans la maison de M. […] Puis nous arrivons aux mathématiques, nous ne savons plus par quel zigzag. […] Vous savez qu’il vient d’y en avoir encore un à Erzeroum ? […] Fin novembre Aujourd’hui, — je ne sais pas quel jour nous sommes, et pour combien de jours ce sera — nous avons un groom. […] Et savez-vous ce que la peinture a trouvé dans cette retraite des Dix Mille… un curé qui monte la garde.
Il pleure, il sait pleurer ! […] C’est ce que l’on n’a pas assez dit, et c’est ce qu’il faut pourtant savoir. […] Qui ne le sait, hélas ! […] Et en effet quand on prend, comme Condorcet, le progrès scientifique pour mesure du progrès, qui ne serait frappé de tout ce que nous savons aujourd’hui et qu’on ne savait pas autrefois ? […] Nous savons où il y en a des centaines d’inédites.
Or, ce fondement préalable ne saurait provenir que d’un être au moins égal, jugeant ainsi par similitude ; on ne peut le concevoir de la part d’un inférieur, et la contradiction augmente avec l’inégalité de nature. […] D’après leur nature absolue, et par suite essentiellement immobile, la métaphysique et la théologie ne sauraient comporter, guère plus l’une que l’autre, un véritable progrès, c’est-à-dire une progression continue vers un but déterminé. […] Notre respectueuse admiration sera toujours bien due assurément à la prudence sacerdotale qui, sous l’heureuse impulsion d’un instinct public, a su retirer longtemps une haute utilité pratique d’une si imparfaite philosophie. […] On ne, saurait, en effet, étudier rationnellement les, phénomènes, statiques ou dynamiques, de la sociabilité, si d’abord, on ne connaît suffisamment l’agent spécial qui les opère, et le milieu général où ils s’accomplissent. […] Mais, même quand on condense le plus possible les vraies conceptions encyclopédiques, on ne saurait réduire la philosophie inorganique à cet élément principal, parce qu’elle resterait alors complètement isolée de la philosophie organique.
Alors, ainsi qu’on l’a su depuis, le stratagème des ennemis de la liberté consistait à revêtir ses armes pour mieux la combattre. […] On savait gré des victoires à nos généraux, et on ne lui imputait que les revers. […] Thiers a su en faire jaillir des leçons bien lumineuses, qui nous révèlent de plus en plus la marche de l’humanité et la loi des révolutions : « Les années seules, dit-il, épuisent les partis. […] L’ennemi commun renversé, ils se trouvaient en présence les uns des autres, sans aucune main pour les contenir » Cette main puissante se rencontra enfin, et en vérité, à considérer les choses à cette distance, on ne sait trop si l’on doit s’en féliciter ou s’en plaindre. […] Quant aux récriminations sur la rupture des traités, sur 16 degré de bonne ou de mauvaise foi des parties contractantes, elles ne sont pas moins vaines et futiles, que si l’on disputait pour savoir qui commença la première, de la Gironde ou de la Montagne au 31 mai, de la Montagne ou de la Plaine au 9 thermidor.
C’est ce Frédéric Masson qui publia un livre sur le cardinal de Bernis, qui, tout simplement, nous apprenait le cardinal de Bernis, que nous ne savions qu’à moitié, et nous entr’ouvrait cette robe rouge de cardinal qui paraissait rose aux clartés décomposantes du xviiie siècle, et qui avait bien le droit d’être rouge, et du rouge le plus grave et le plus éclatant, puisqu’il y avait par-dessous un homme qui n’était plus le poète badin des marquises, mais le dernier et douloureux ministre d’État d’un gouvernement devenu lamentablement impossible… Bernis était un méconnu. […] Pour être matière et sujet d’histoire, il faut être quelqu’un ; et ni avant sa mort ni après sa mort ce marquis de Grignan n’a été quelqu’un… Ce qu’on en connaît, on ne le sait que par sa grand’mère, qui même ne s’appelait pas Grignan, — qui s’appelait de son chef Rabutin de Chantal, et du chef de son mari Sévigné, et qui, elle, ne fut pas comme son petit-fils. […] Je crois même sentir en le lisant qu’il a peut-être du goût pour cette société qui n’est plus, et qui sait ? […] Mais le ton, — je ne sais pas si je me trompe, séduit par ce bonheur d’expression du livre et par le charme de Frédéric Masson, — je le trouve bien près d’être exquis… Cette histoire, faite de détails familiers et intimes, est une histoire domestique du marquis de Grignan ; mais cette histoire, au fond très touchante, si on veut bien y réfléchir, est, comme je l’ai dit, l’histoire, sous le nom de Grignan, de toute la malheureuse noblesse de France, descendue de sa hauteur féodale, et se pressant, avec un incroyable amour, — un amour de race, — autour de cette Royauté qui l’a frappée un jour avec la hache de Richelieu, mais qui n’avait pas fait couler avec son sang ce vivace royalisme qu’elle avait au fond de ses veines… Il en était resté, et Louis XIV, le vampire de cette noblesse et qui se nourrissait de ses richesses et de son sang, ne l’épuisa pas. […] — qu’à l’historien qui voit la portée de ce mariage avilissant, et au moraliste qui sait que toute mésalliance est, sur la tête de la noblesse, un coup de hache qui coupe mieux que celle de Richelieu !
le compte des médecines qu’on a prises vérifié par un Purgon de cour ou un monsieur Fleurant, respectueux sujet en toutes ses parties, — mais c’est le journal de toute la vie, heure par heure, écrit non de la main d’un tiers, mais de la main même du Roi, — du Roi qui n’a pas passé un seul jour de son règne sans noter pieusement (pieusement envers lui-même) tout ce qu’il a fait dans la journée, et qui, mettant à le noter une exactitude qu’aucune circonstance, aucun événement n’a pu ni interrompre ni troubler, s’est peint, sans le savoir, avec une naïveté et une transparence qui envoient promener du coup tous les Tacites de la terre et se passent très bien de leurs profondeurs ! […] — entre le mal que, sans le vouloir, il a fait, et le bien qu’il voulait et qu’il n’a pas su faire ; — entre les incompréhensibles faiblesses de sa vie publique et l’héroïsme surnaturel de sa mort. […] On saura que penser de cet homme, dont le sang répandu fait pourpre sur sa vie entière et empêche de la voir et de la juger telle qu’elle fut, à travers l’auréole pourprée de ce sang. […] Les bêtes à tuer dans ses forêts lut bouchaient tout, à ce Roi qui, dans son État et pour le bien de son État, n’a jamais su faire tuer deux hommes ! […] Mais avec cette préoccupation et cette furie, on ne le savait pas.
Après les malheurs de Ménilmontant, les prêtres de Saint-Simon étaient, comme on le sait, devenus laïques, et ils avaient même grimpé en quelques années, avec beaucoup d’agilité, à des positions qui ne manquaient ni d’élévation ni d’influence. […] Saint Paul savait le nombre des chrétiens d’Éphèse, de Corinthe, de chez les Galates… Si vraiment l’Église saint-simonienne est une réalité, si effectivement M. Enfantin représente la foi, la volonté, le consentement de plusieurs, en faisant la déclaration scandaleuse qu’il vient d’opposer tout à coup à l’enseignement d’un prêtre catholique, orthodoxe et respecté, nous dirons qu’il nous importe, à nous chrétiens, de savoir le danger qui nous menace, et si tout cela, comme nous le pensons bien plutôt, n’est que rêverie de visionnaire attardé qui ne peut guérir de son mal de jeunesse, il importe qu’on le sache aussi, afin que justice soit faite encore une fois de cette folie qui repousse, après vingt-trois ans, comme un polype indestructible, dans les têtes dont on le croyait arraché, et qu’enfin on n’y revienne plus ! […] On sait de reste ce qu’a été cette civilisation, fondée sur le principe de la pénitence, qui n’est autre chose que la sanction de la morale en Dieu, sans laquelle sanction il n’y aurait point de morale.
Je sais ce que c’est que la poésie de Byron ou de Crabbe, par exemple, mais je ne sais pas, ou plutôt je sais trop ce que c’est que la poésie antique, — la poésie orientale, — la poésie indienne, obtenues à l’aide du procédé moderne par des hommes qui ne sont ni des Anciens, ni des Orientaux, ni des Indiens, et qui jouent littérairement d’une façon plus ou moins sérieuse, c’est-à-dire plus ou moins comique, la scène de M. […] Il est, au contraire, beaucoup plus commun qu’on ne croit, ce singulier bon ménage du talent et de l’ennui, qui habite des œuvres réputées imposantes, et qu’on ne saurait expliquer, le talent, que par le mérite actif de l’homme ; l’ennui, que par le choix de son sujet. […] Pour sept fois, je n’en sais absolument rien, mais poétiquement parlant, le cœur, le pectus de M. le Conte de L’Isle est trempé dans le néant ; ce peut être une situation aux Indes, mais pour nous qui sommes d’ici et qui avons la prétention de vivre encore, ce néant soi-disant divin ne vaut pas le plus humble degré de la vie que le poète se donne les tons de mépriser !
On le sait, et cela vous apaise ! […] c’est cet avertissement que je veux donner aujourd’hui, à propos d’un livre dont on n’a point parlé, que je sache, et qui, de présent, peut se croire très-parfaitement étouffé par messieurs les muets de la critique contemporaine. […] C’est un simple petit volume de nouvelles élégantes et légères, et vous savez à quoi sont exposées dans ce temps lourd les choses légères, — dans ce temps égalitaire, les choses élégantes ! […] Deltuf se rapprocherait beaucoup plus de la manière de Marivaux, dont les grandes aventures sont, comme l’on sait, des battements de cœur, accélérés par une vanité plus ou moins piquante. […] Quand on est jeune, l’imagination aime assez la passion pour vouloir toujours la peindre belle et irrésistible, mais la montrer rapetissée, humiliée sous les habitudes de la vie, sacrifiée à la tyrannie de ces habitudes, et la prose de la réalité venant à bout de la dernière poésie de nos cœurs, suppose un désintéressement d’observation qui ne se voit guère que chez les hommes qui ont vécu et qui savent comme la vie est faite.
Car, au fond, la justification du réalisme, c’est que tout parle et que tout mérite d’être entendu : le difficile est de savoir entendre. […] Savoir s’étonner est le propre du penseur ; savoir étonner les autres et les déconcerter un moment, c’est un art de saltimbanque. […] Il y a, et il y aura toujours du conventionnel dans l’art, qu’il faut savoir accepter. […] Il ne faut pas vouloir imiter de trop près la nature ni toute la nature, il faut savoir faire la part du feu ; et, par parenthèse, M. […] Enfin, il savait décrire la nature et se décrire dans les paysages de la nature.
Mais nous savons qu’autour de l’intelligence est restée une frange d’intuition, vague et évanouissante. […] Resterait à savoir, alors, si le terme du mouvement fut un mysticisme complet. […] Elle sent qu’elle a beaucoup perdu ; elle ne sait pas encore que c’est pour tout gagner. […] Maintenant les visions sont loin : la divinité ne saurait se manifester du dehors à une âme désormais remplie d’elle. […] Coïncidant avec l’amour de Dieu pour son œuvre, amour qui a tout fait, il livrerait à qui saurait l’interroger le secret de la création.
Tel qu’il est pourtant, il intéresse, il attache vivement par ses récits, même lorsqu’on sait qu’il est de sa nature plus enclin à s’y surfaire qu’à s’y oublier. […] Les exemples, il les prend dans ce qu’il sait le mieux, c’est-à-dire dans ce qu’il a vu, et surtout dans ce qu’il a fait et dirigé ; il expose au long chaque entreprise de sa façon, même les plus secondaires en apparence, et il en tire des leçons directes ; chaque fait de guerre est suivi de son commentaire en règle et d’une exhortation. […] Dès le premier instant qu’il eut à commander à d’autres, dès qu’il eut à porter enseigne, dit-il, il voulut savoir ce qui est du devoir de celui qui commande, et se faire sage par l’exemple des fautes d’autrui : « Premièrement j’appris à me chasser du jeu, du vin et de l’avarice, connaissant bien que tous capitaines qui seraient de cette complexion n’étaient pas pour parvenir à être grands hommes. » Il développe ces trois chefs, et particulièrement, et avec une verve singulière, les inconvénients de l’avarice en un capitaine : « Car si vous vous laissez dominer à l’avarice, vous n’aurez jamais auprès de vous soldat qui vaille, car tous les bons hommes vous fuiront, disant que vous aimez plus un écu qu’un vaillant homme… » Il ne veut pas qu’un homme de guerre, pareil à un citadin ménager, songe toujours à l’avenir et à ce qu’il deviendra en cas de malheur ; le guerrier est enfant de l’État et du prince, et il pose en maxime « qu’à un homme de bien et vaillant, jamais rien ne manque. » — Après ces trois vices qui sont à éviter à tout prix, car ils sont ennemis de l’honneur, il en touche plus rapidement un quatrième dans lequel, sans raffiner sur les sentiments, il conseille du moins toute modération et sobriété : C’est l’amour des femmes : ne vous y engagez pas, cela est du tout contraire à un bon cœur. […] Il est vrai qu’il maudit l’invention de la poudre et de l’arquebuserie, pour en avoir été souvent atteint et victime, comme tant de vaillants hommes ; mais en la maudissant et en la qualifiant d’« artifice du diable pour nous faire entretuer », il en sait toute l’importance ; il s’en sert à propos, et il excelle entre autres choses à poster et à diriger l’artillerie dans les sièges. […] Il fait en cette occasion un retour sur lui-même et sur cette prétention, qui est la sienne, d’avoir toujours été un des plus heureux et des plus fortunés hommes entre tous ceux qui aient porté les armes, ce qui est bien aussi une manière de vanité : « Et si (et pourtant), dit-il, n’ai-je pas été exempt de grandes blessures et de grandes maladies ; car j’en ai autant eu qu’homme du monde saurait avoir sans mourir, m’ayant Dieu toujours voulu donner une bride pour me faire connaître que le bien et le mal dépend de lui, quand il lui plaît ; mais encore, ce nonobstant, ce méchant naturel, âpre, fâcheux et colère, qui sent un peu et par trop le terroir de Gascogne, m’a toujours fait faire quelque trait des miens, dont je ne suis pas à me repentir.
Je ne lis jamais de poète, ni d’ouvrage d’éloquence, qui ne laisse quelques traces dans mon cerveau ; elles se rouvrent dans les occasions, et je les couds à ma pensée sans le savoir ni le soupçonner ; mais lorsqu’elles ont passé sur le papier, que ma tête est dégagée, et que tout est sous mes yeux, je ris de l’effet singulier que fait cette bigarrure, et malheur à qui ça tombe ! […] Émile Chasles n’a pas manqué de relever dans son étude intitulée Les Confessions de Vauvenargues : Ce qu’il y a de plus avisé pour l’emprunt qui me regarde, écrit Vauvenargues à Saint-Vincens, c’est de battre à plusieurs portes, de savoir qui a de l’argent, et de sonder tout le monde ; pauvres, riches, domestiques, vieux prêtres, gens de métier, tout est bon, tout peut produire ; et, si l’on ne trouvait pas dans une seule bourse tout l’argent dont j’ai besoin, on pourrait le prendre en plusieurs, et cela reviendrait au même. […] Cela ne saurait déplaire à ceux qui s’ennuyaient déjà de l’entendre toujours louer comme Aristide. […] Pour certaines natures sensibles et fières, la condition d’homme de lettres a cela de triste qu’elle est la seule chance d’être exposé à de certaines railleries publiques, à de certaines insultes contre lesquelles tout citoyen, autrement, est garanti et se sait inviolable. […] Je sais combien il y a de gentilshommes en Provence, qui, par leur naissance et par leur mérite, sont beaucoup plus dignes que moi d’obtenir cet honneur ; mais vous, mon cher Saint-Vincens, Monclar, le marquis de Vence, m’auriez peut-être aidé de votre recommandation, et cela m’aurait tenu lieu de toutes les qualités qui me manquent.
Un jugement de détail, avec les discussions qu’il introduirait, ne saurait être porté ici, par nous du moins ; mais il nous est possible, et il nous est particulièrement précieux, à nous qui, depuis 1827, n’avons cessé d’aimer et d’honorer en M. […] La guerre présentait tant de chances diverses quand on savait persévérer ! […] Sans doute on aurait des jours difficiles ; il faudrait quelquefois se battre un contre trois, même un contre quatre ; mais on l’avait fait dans sa jeunesse, il fallait bien savoir le faire dans son âge mur. […] Thiers lui-même y a retrouvé comme son héros (avec tous les mérites acquis) ce je ne sais quoi de rapide et de svelte qui caractérisait ses premiers récits de 1796, ces anciennes pages un peu trop oubliées maintenant, effacées par ses derniers écrits, mais qui étaient d’une si fraîche inspiration et comme enlevées et légères. […] Je ne suis pas de ces esprits qui ne comprennent qu’une chose ; je n’ai pas le goût de diviser en deux camps mes compatriotes ; il y a, je le sais, le point de vue très plausible, très légitime à bien des égards, du bon sens et de la prudence, comme il y a le parti de l’exaltation intrépide et généreuse ; mais, si large qu’on fasse la part de la civilisation générale, de la raison humaine et de la philosophie, il est des moments où l’honneur l’emporte sur tout ; où, si adouci qu’on soit, si éclairé qu’on se flatte d’être, il convient d’être peuple, de sentir comme le peuple, si l’on veut rester nation.
Fervel une expression de vie et un relief que rien ne saurait plus désormais effacer. […] » un seul officier général sur dix-neuf présents, Dagobert, répondit : « Non ; et si Ricardos sait son métier, il n’en reviendra pas un seul homme. […] Il dut cette faveur d’exception aux nombreux témoignages qui arrivèrent en foule du Midi, à la franchise de son langage, à l’originalité de sa personne, et, qui sait ? […] il avait trouvé des troupes sans instruction, sans lien et sans cadre, de vraies cohues : il sut les aguerrir en s’en faisant adorer. […] Devenu Premier Consul, savez-vous quels furent les deux premiers mots d’ordre qu’il donna : Frédéric II et Dugommier, — Dugommier et Frédéric II !
Lui, Bossuet, il n’était pas versé pour son compte dans les textes hébreux originaux, et il ne savait ces choses que de seconde main et par les Pères. […] Bossuet, en y donnant à son tour, comme le dernier des Pères et non le moins grand, a su, le genre admis, y garder une apparence de sévérité et comme une sobriété auguste. […] Ceux qui ont étudié Bossuet savent combien, dès ses premiers sermons prêchés à Metz, il était préoccupé de cette destruction de Jérusalem et des scènes particulières d’horreur qu’elle présente ; il y insiste de nouveau dans ce Discours, il les étale et les commente, y voyant l’image anticipée du Jugement dernier. […] Je sais qu’on ne scinde pas Bossuet. […] Le fond du dessein de Bossuet, on le sait maintenant, et on le tient de sa propre bouche, était dans ce livre de « prouver le Christianisme aux libertins. » C’est une démonstration par l’histoire, et les faits en main, qu’il avait entreprise.
Il faut avoir vécu contemporain d’une révolution religieuse ou politique, pour savoir quelle est la force de cette passion. […] L’ambition sait se plier à chacune des circonstances pour profiter de toutes, la vengeance même peut retarder, ou détourner sa marche ; mais l’esprit de parti est comme les forces aveugles de la nature, qui vont toujours dans la même direction : cette impulsion une fois donnée à la pensée, elle prend un caractère de roideur qui lui ôte, pour ainsi dire, ses attributs intellectuels ; on croit se heurter contre quelque chose de physique, lorsqu’on parle à des hommes qui se précipitent dans la ligne de leur opinion. Ils n’entendent, ni ne voient, ni ne comprennent : avec deux ou trois raisonnements ils font face à toutes les objections ; et lorsque ces traits lancés n’ont pas convaincu, ils ne savent plus avoir recours qu’à la persécution. […] Jamais il ne peut en coûter à l’esprit de parti, d’abandonner des avantages individuels dont on sait la mesure, pour un but tel que cette passion le fait concevoir, pour un but qui n’a jamais rien de réel, de jugé, ni de connu, et que l’imagination revêt de toutes les illusions dont la pensée est susceptible : la démocratie ou la royauté sont le paradis de leurs vrais enthousiastes ; ce qu’elles ont été, ce qu’elles peuvent devenir n’a aucun rapport avec les sensations que leurs partisans éprouvent à leur nom, à lui seul il remue toutes les affections ardentes et crédules dont l’homme est susceptible. […] Cette manière de ne considérer qu’un seul côté dans tous les objets, et de les présenter toujours dans le même sens, est ce que l’on peut imaginer de plus fatigant, dès qu’on n’est pas susceptible de l’esprit de parti ; et l’homme le plus impartial, témoin d’une révolution, finit par ne plus savoir comment retrouver le vrai, au milieu des tableaux imaginaires où chaque parti croit montrer la vérité avec évidence.
On ne saurait donc s’étonner si, en lisant ces pages, à côté de touches charmantes et de pensées toutes faites pour émouvoir, on en rencontre beaucoup d’autres artificielles, et si l’on n’y sent pas tout l’homme. […] Je ne sais rien de moins intéressant qu’un homme qui se mire et qui s’adonise. […] Si elle a épousé les doctrines de l’école de Cabanis, elle ne saurait tant admirer M. de Bonald. […] Dans aucun cas, elle ne saurait s’exprimer comme personne n’avait l’idée de s’exprimer à cette date. Elle ne saurait être coupable de l’espèce de galimatias double (on va en juger) que Raphaël lui prête dans ce moment solennel de la conversion : Dieu !
Aura-t-il, du fond de sa retraite, su connaître et apprécier la pensée intime qui travaille les hommes dans ce moment ? […] Encore cela ne suffirait point : il faut savoir non seulement d’où l’on vient et où l’on est, mais aussi où l’on va. […] Faute de préjugés on admet des fictions convenues : il ne s’agit pas de savoir si cette méthode est bonne, il suffit qu’elle soit inévitable ; on n’a pas de choix. […] Je n’ignore point tout ce que les idées nouvelles présentent d’opposition au sentiment que je viens d’exprimer ; mais je sais aussi que nulle base de la société ne peut être enlevée sans danger : je sais que lorsqu’une de ces bases vient à manquer, la Providence se hâte toujours de la remplacer ; je sais enfin que ce qui a été, même lorsqu’il n’est plus, est encore la raison de l’existence pour ce qui est. […] Sachons que l’on trouve dans tous les partis, non seulement des honnêtes gens, ce qui est incontestable ; mais des hommes éclairés et généreux, dont les opinions et la conduite, dictées par les lois les plus rigoureuses d’une conscience austère, sont indépendantes des positions diverses où ils peuvent être placés.
Huysmans Je ne sais pourquoi le livre récent de J. […] Quelle voix d’orgueil et de perdition peut nous inciter à jouir et à savoir, quand vivre signifie expier, quand la mort seule peut nous ouvrir les portes de la connaissance ? […] La nature, jadis proscrite comme un réceptacle d’impuretés, reprend su place et sa dignité. […] Et qui sait s’il n’est pas ainsi le précurseur de quelque renouveau religieux qui se prépare ? Qui sait si la « vieille chanson » qu’on disait surannée ne va pas recommencer à être la bienvenue pour bercer l’Humanité et lui faire oublier toutes les angoisses de cette fin de siècle obscure ?
Il regrette et il déplore tout le temps, on ne sait pas au juste quoi ; il ne le sait pas lui-même ; mais il le déplore et il le regrette. […] J’en sais de tragiques exemples. […] si nous avions su ! […] L’illettré sait qu’il ne sait rien (du moins de ce qu’on appelle le savoir) alors, que le primaire croit qu’il sait tout. […] Il faut seulement savoir que c’est un romantisme.
Si vous voulez savoir comment et pourquoi, lisez l’œuvre de son plus grand historien, M. […] Je le sais de la mort, je le sais de l’amour, Je le sais de la voix qui chantait sur la mer, Je le sais du soleil, des étoiles, des roses, De toutes les choses qui l’ont vaincu. […] Ève sait, mais Ève est triste de savoir. […] L’auteur de La Sagesse et la Destinée saura s’en libérer. […] Savent-elles, les abeilles, dans quel but elles furent créées ?
Il voulait savoir les plus intimes particularités de sa vie. […] Ces Français des hautes classes savaient admirablement mourir. […] On en demeure étonné quand on sait qu’il était surtout un médecin consultant. […] C’est la preuve qu’il savait trouver les mots qui convenaient à chacun d’eux. […] Reste à savoir si la savante interprétation de MM.
On ne saura jamais par quelle bizarrerie nous nous surchargeons la tête d’un pareil fardeau. […] Il faut qu’il ne le sache pas travailler. […] Je ne sais qui c’était, mais de tous ces pauvres cordons qu’on voit dans nos rues traîner leur misère et l’ingratitude de la nation, je n’ai pas de mémoire d’en avoir vu un plus plat de physionomie.
Duclos répondait à une première objection qui se présentait naturellement, à savoir, que la véritable histoire de Louis XI était déjà faite par Philippe de Commynes. […] Enflé des éloges que lui méritent ses succès précoces, obéissant à son naturel ingrat, et souffrant sans doute aussi de l’indolente incapacité de son père, qui ne sait point profiter de son aide, le Dauphin se laisse entraîner par les grands et se révolte contre le roi. […] Comparé à son devancier, Duclos ne saurait être défini qu’un abréviateur avec trait. […] » Mais dans ses Mémoires secrets, dans cette histoire de son temps, qu’il a retracée en qualité d’historiographe, et qui n’a été publiée que longtemps après sa mort (1790), c’est là que Duclos, dit-on, s’est montré lui-même : « On y trouve, dit Grimm, ce qu’il sut pour ainsi dire toute sa vie, ce qu’il sut mieux que personne ; très répandu dans la société, M. […] Cela est vrai ; les Mémoires secrets de Duclos ont de l’intérêt, de l’agrément, de la vivacité ; il y a du sien souvent ; il y marque sa griffe par certaines anecdotes qu’il savait d’original.
On pourrait s’étonner, après cela, de l’extrême facilité et de l’ouverture naturelle avec laquelle il prit la Révolution française, si l’on ne savait combien les idées chères à certains esprits l’emportent auprès d’eux sur les intérêts et les agréments. […] Il apprit ensuite qu’il y avait eu vers la fin un mandat d’arrêt lancé contre lui ; il ne le sut qu’un mois après et quand toute menace avait cessé. […] Garat, homme de talent, littérateur distingué et disert, mais esprit vague et peu précis, professait la doctrine du jour, celle de Condillac, qui se réduisait à la sensation pour tout principe : il simplifiait l’homme outre mesure, et répandait sur des explications, qui n’en étaient pas, un certain prestige, je ne sais quel luxe académique et oratoire. […] À force de vouloir tout deviner dans le passé et dans l’avenir, de tels hommes ne voient plus rien de certain autour d’eux ; ils croient savoir au juste ce qui se passait dans le paradis terrestre et ce qu’était Adam avant son sommeil, ce que redeviendra l’homme après sa réparation, et ils n’entendent rien aux conditions les plus indispensables et les plus immédiates de l’ordre social et du bon ménage politique. […] Je voudrais bien savoir comment il s’y prendra pour nous peindre les harmonies de la colique, du buhon-upas.
Ce serait pourtant mal connaître le cœur humain que de le croire si disposé à rendre justice à ce qui est bien, même quand ce qui est bien ne barre le chemin de personne et augmente le savoir de tous. […] On le sait, le grand roi se flattait d’avoir le compas dans l’œil ; il se piquait, à la simple vue, de saisir la moindre irrégularité dans la pose d’une pierre, dans le tracé d’une fenêtre : il était esclave de la symétrie. […] Mais nous, préoccupés de je ne sais quelles idées traditionnelles que nous éternisons, nous ne raisonnons plus comme ces Anciens que nous invoquons toujours. […] Vous avez étudié le gothique, vous le savez ; restez-y, vous n’êtes propre qu’à cela. […] Ils ne savent que faire pour le lui rendre aujourd’hui.
Création, dans le sens de faire quelque chose de rien et de tout tirer de soi, il n’en saurait être question ici, puisque toute l’étoffe est fournie d’ailleurs : la création de Corneille est et ne saurait être que dans le ménagement habile, dans le travail complexe qu’il a su faire avec une décision hardie et une aisance supérieure. […] quelle sorte de réduction et d’appropriation toute française (en y laissant une couleur très-suffisamment espagnole) lui a-t-il fait subir, quel compromis a-t-il su trouver quant au lieu, au temps, quant au nombre et aux sentiments des personnages, à leur ton et à leur façon de parler ou d’agir ? […] En France il n’en était pas ainsi ; on ne savait pas un mot du Cid avant Corneille : le poète et le père de notre scène avait à nous le faire connaître et admirer du premier coup et vite, par les profils les plus nets et les plus tranchés, en raccourci. […] Le roi tiré des deux parts, et qui ne sait trop de quel côté pencher, paraîtrait un peu comique, si l’on avait le temps d’y prendre garde. […] Après des vers subtils, il en est tout d’un coup d’une simplicité parfaite : « Tu sais comme un soufflet touche un homme de cœur !
La Réforme, en leur prouvant qu’elle savait mieux lire qu’eux-mêmes dans leurs propres livres, les força d’y regarder ; et la science s’ajoutant à l’autorité de la possession et à l’habitude, ils furent désormais invincibles. […] Elle lisait Érasme dans l’original, elle savait assez de grec pour lire Sophocle, et elle prenait des leçons d’hébreu de Paul Paradis, surnommé le Canosse, qu’elle fit nommer professeur au Collège de France, fondé par François Ier. […] Telle était l’ardeur de Marguerite pour la science, qu’en 1524 l’évêque de Meaux, Briçonnet, lui écrivait « Madame, s’il y avoit au bout du royaume ung docteur qui par un seul verbe abrégé peust apprendre toute la grammaire autant qu’il est possible d’en sçavoir, et ung aultre de la rhétorique, et ung aultre de la philosophie, et aussy des sept arts libéraux, chacun d’eux par un verbe abregé, vous y courriez comme au feu. » Elle voulait tout savoir, et savoir vite. […] La moralité des aventures, le jugement qu’il en faut porter, sont indiqués par le ton même dont Marguerite les raconte : on sait ce qu’il en faut penser, avant même que les interlocuteurs en aient donné leur sentiment, et que dame Oysille ait prononcé. […] On sait qu’il fut blessé au bras à la bataille de Pavie et fait prisonnier.
L’observation y fait un contrepoids heureux à l’imagination, mais l’utilité du réalisme est soumis à la condition qu’il sache se subordonner. […] Vous savez celles que nous a laissées Villiers. […] D’ailleurs, vous savez aussi bien que moi qu’il se forma dans l’art, et même dans les arts, entre 1885 et 1800, un état d’esprit connu sous le nom de Symbolisme, de l’appellation qui succéda à celle des Décadents. […] C’est pourquoi justement je sais le tort que l’on a fait à des poèmes en cherchant à en donner une idée critique, c’est-à-dire explicative. […] Le meilleur moyen de savoir ce que veulent les poètes de demain est encore de savoir ce qu’ils reprochent à la Poésie qui est déjà pour eux la Poésie d’hier.
C’est durant ce voyage qu’il fut dénoncé, surpris à Paris où il était au lit malade, arrêté comme si on ne savait pas à qui l’on avait affaire et comme s’il était un faux-monnayeur, traité indignement, jeté au For-l’Évêque, et de là exilé en Armagnac à L’Isle-Jourdain où il resta plus de deux ans. […] Cependant, après plus d’une velléité de se retirer, l’aversion pour la province et le goût qu’il avait pris pour la vie de cour le retiennent, et il finit par forcer l’intimité de son prince, et par s’y faire une place qu’il saura disputer. […] La compassion que j’en eus m’obligea de lui dire que je lui en ferais donner davantage, ne doutant pas que M. le prince de Conti ne me sût fort bon gré de l’avoir fait plus libéral ; et j’allai lui quérir mille pistoles. […] Je cherche à donner idée de l’esprit de Cosnac et à faire sentir comment il faisait passer ses brusqueries par ses saillies et savait sauver sa considération au milieu de ses gaietés. […] » — « Sire, lui répondis-je, je ne suis venu que pour pouvoir me vanter d’avoir vu le plus grand roi du monde s’exposer comme un soldat. » Louis XIV, pourtant, ne savait pas bon gré à Cosnac de ses conseils qui tendaient à faire de son frère quelque chose et quelqu’un.
La Céline Montaland joue très bien son rôle de grue, mais un incident : elle a perdu les faux cils, que seule sa mère sait lui poser. […] Et Zola répète dans un grand affaissement de corps : « Tu sais, moi je suis superstitieux, si je l’avais commandé, je crois que la pièce serait tombée ! […] Quand il me dit quelque chose d’aimable, je ne sais comment cela se fait, mais je lui réponds avec une voix montée pour la dispute. […] Mardi 31 mai … Messieurs, dit un ancien ministre, vous connaissez la ceinture de chasteté, qui est au musée de Cluny, et peut-être n’êtes-vous pas sans savoir que la fabrication de ces ceintures continue, mais ce que vous ne savez pas, c’est qu’il s’en fabrique pour hommes. […] * * * — Cette première scène de La Faustin, sait-on ce qui m’en a donné l’idée ?
Par un réalisme étrange, Heine sait nous faire voir et tâter des mains des ombres de divinités, si vieilles que tous leurs adorateurs sont morts, des allégories d’idées abstraites, des âmes bizarres et quainteuses. […] Depuis Goethe, personne, en Allemagne, n’a su mettre dans ses vers des figures de femme aussi candides et gaies, aussi individuelles et humaines, dessinées avec un art aussi sur, aussi caché et aussi souple. […] Il sait être de verve sans jeux de mots, sans surprise baroques, simplement en mettant bout à bout de fines idées, en ressentant de vives et neuves sensations d’adolescent, en étant d’humeur gaie et délicatement émue. […] On sait que Henri Heine est né dans une riche famille juive, et qu’il se convertit au christianisme à l’âge de vingt-quatre ans, échangeant son nom de Harry contre celui plus orthodoxe de Henri. […] En roule, j’ai rencontré le Dieu des panthéistes, mais je n’ai su qu’en faire, ce pauvre être étant vague et tout mêlé au monde ; il y est emprisonné, et vous bâille au nez, sans volonté et sans pouvoir.
On sait peu qu’ils ont existé. […] On ne sait quel effrayant être complet dans l’incomplet. […] C’est le parricide disant : que sais-je ? […] Savoir que le roi était un assassin, c’était un crime d’état. […] il n’en sait rien.
Savez-vous qui vous voyez cheminer là devant vous ? […] Que savons-nous d’eux ? […] Sachons, dans l’occasion, dire leur fait aux peuples. […] Il est bon que le passant sache qu’il y a des grands hommes. […] On désire apprendre à lire pour savoir ce que c’est que ce bronze.
On doit lui savoir gré d’un travail fort épineux en lui-même, mais dont il ne peut manquer de revenir beaucoup d’utilité à ceux qui voudront en profiter. […] Plusieurs observent, en prononçant, les breves & les longues, mais sans trop savoir pourquoi, n’étant guidés que par l’habitude. […] Je sais d’où elles partent, ajouta-t’il, je connois mes ennemis ; je saurai me venger d’eux. […] Il est bon d’ailleurs de savoir de quelle langue nous avons tiré tel ou tel terme, du moins si l’on veut conserver en écrivant les restes de la figure primitive de chaque mot. […] Il connoissoit sur-tout nos anciens fabliaux & en avoit su profiter.
Il ne sait pas. […] Sus ! […] Il s’en tient aux superficies de la tradition, mais avec quel pinceau et quelle couleur il sait les reproduire ! […] Amédée Pommier avec l’âpre plaisir que donne un livre de moralité sévère dans un temps où tout s’est énervé, et nous savons si le matérialisme est le vice du livre et du poète. […] Mais aujourd’hui il s’est comme un peu détourné de lui-même ; il a plus songé à l’honneur de l’expression qu’à l’honneur de la pensée, ce vieux penseur, virtuose de l’expression aussi, et il a voulu montrer ce que la langue française, notre adorable langue française, insultée par des prosateurs qui l’appellent une gueuse fière parce qu’ils sont indigents, eux, et par des étrangers qui ne la savent pas, pouvait devenir dans les mains d’un homme qui la sait et qui l’aime.
On sait d’ailleurs qu’en fait, lorsque des individus étrangers l’un à l’autre entrent en relation, ils ne se trouvent plus désormais, en face l’un de l’autre, dépourvus de droits. […] On sait, sans doute, combien il est dangereux d’interpréter les institutions des démocraties anciennes par les idées familières aux démocraties nouvelles. […] On sait assez, par sa façon de traiter l’étranger, que l’isolement est sa loi : c’est, par essence, une église fermée. […] On sait toute la distance qui sépare l’ancien Droit romain du Droit nouveau, élargi par les édits des préteurs. […] On sait que les Stoïciens régnèrent en même temps que les Empereurs, et avec assez d’éclat pour émouvoir l’opinion.