Ici, comme partout, en esquissant ce croquis de la noblesse castillane vers 1695, nous réservons, bien entendu, les rares et vénérables exceptions. — Poursuivons.
Tout le monde a regretté un homme si rare, et le regrette encore tous les jours ; mais particulièrement les personnes qui ont du bon goût et de la délicatesse.
Cette connoissance si rare & si nécessaire, qui l’a jamais possédée comme la Bruyere ?
Voilà donc en un instant le fruit des veilles du talent le plus rare mis en pièces ; et qui de nous osera blâmer la main honnête et barbare qui aura commis cette espèce de sacrilège ?
Cette cosmopolite qui n’est bien nulle part, pas même dans cette Asie, ce climat-palais où elle s’est retirée, cette cosmopolite qui n’est plus folle du Cosmos maintenant, et qui souffre de cette goutte d’infini que nous avons tous dans la poitrine et que tout un monde ne contiendrait pas, oublierait l’Europe sans les contrastes qui la lui rappellent ; et proscrite de tout, même de la sphère de l’esprit, dans son livre, s’y résigne avec une facilité plus rare et plus charmante que l’esprit même, tant celui qu’elle avait autrefois, elle y vise peu maintenant, et l’a peut-être, en Europe, oublié !
Et si vous ajoutez de plus qu’effective, quand elle l’est, cette action diplomatique est toujours rare !
Quoique l’auteur n’ait pas inventé le sujet de son livre, et que les idées lui en aient été inspirées par ces chefs-d’œuvre dramatiques de l’esprit humain dont il fait l’analyse et raconte l’histoire, il met dans cette histoire et dans cette analyse une telle profondeur de sentiment et une telle richesse de coloris, qu’analyser et raconter ainsi, c’est presque aussi rare et aussi glorieux que de créer…· Positivement, le livre de Saint-Victor est une création.
Avec son érudition très variée et très sûre, son goût pur et son jugement ferme, avec ce don de se posséder, — de n’aller que là où il veut, et comme il le veut, qui est une des distinctions les plus rares de son esprit, — et de tout esprit, — M.
Il n’eût plus été un Primitif, un Naïf, un de ces grands Bonshommes qui méritent tout à la fois ce substantif et cette épithète, parce qu’ils donnent, phénomène rare, impossible dans les civilisations avancées, à la bonhomie de la grandeur.
Mais il n’en est pas moins vrai que l’auteur des Ruines a l’honneur d’avoir avec eux la fraternité des idées et une parenté d’intelligence… Ce Revelière inconnu, et qui, dans l’égarement universel de la raison, a grande chance de rester inconnu, est un esprit d’une force rare, toujours, dans la pensée, et souvent dans l’expression, mais il est moins près de ces hommes profonds et sans égaux que d’un autre homme de leur temps, un autre observateur politique trop oublié et qu’il rappelle, ce Mallet-Dupan qui, lui aussi, préjugea la Révolution française dès son origine, et dont le préjugé eut parfois toute la justesse d’un jugement… L’auteur des Ruines est une espèce de Mallet-Dupan après la lettre, la terrible lettre de la Révolution !
Louis-Auguste Martin est un homme de rare conséquence.
prenez seulement le dictionnaire de Bayle, l’histoire de la philosophie de Brucker et le vocabulaire de Tennemann, et vous verrez quelle masse de rêveurs inutiles, de cracheurs dans les puits pour faire des ronds, se trouvent mêlés, pour l’encombrement de nos mémoires, aux quelques noms et aux quelques idées, très rares, très clairsemées, et pour les raisons providentielles les plus hautes, qui ont réellement allongé la corde de l’esprit humain et un peu étendu de la circonférence de ses efforts !
Encore une fois, tel fut alors le mérite de l’Académie, et nous voulons le reconnaître, car il y a un autre mérite que nous lui aurions souhaité et qui lui manqua… Après cet éclair de bon sens, rare à l’époque où il brilla, et qui lui fit mettre au concours une question historique dont elle discernait très bien la portée, elle retomba bientôt sous la paralysie des préjugés ambiants et l’empire de cette philosophie dont elle repoussait les dernières conséquences, il est vrai, mais dont elle acceptait les premières, comme si la roue de l’inflexible logique, une fois en branle, s’arrêtait !
C’est que, malgré son absence de manière très individuelle et d’originalité accentuée, Barthélemy Saint-Hilaire a une telle élévation naturelle, et, dans la pensée comme dans le style, une si large clarté tombant de si haut, que si ce n’est pas, cela, de l’originalité en soi, c’est quelque chose d’aussi rare que l’originalité, et peut-être de plus imposant.
Tout ce qui est de regard et de récit dans ce Voyage d’Orient est à étonner de bon sens, de bonne humeur et de bon ton, toutes choses rares dans l’école romantique ; et s’il s’y rencontre des parties inférieures, ce sont les pages que l’auteur a voulu faire poétiques, comme la légende de la Reine de Saba, qu’il prétend avoir entendu raconter par un conteur de café, en Egypte, et que, pour cette raison, je ne mettrai point à sa charge.
Aussi en gardait-il entre les sourcils une balafre, — pareille à la nuée que la foudre déchire, — et les salicornes et les traînasses, de son sang ruisselant s’étaient teintes jadis. » IV Encore une fois, — ne nous lassons pas d’y revenir, — le caractère de cette poésie, divinement douce ou divinement sauvage, est le caractère le plus rare, le plus tombé en désuétude, dans les productions de ce temps.
un malheur si rare, parce qu’il avait, comme homme, les qualités que Boileau reconnaissait en Chapelain, est-ce une raison pour que la Critique ne porte pas un regard calme sur les œuvres qu’il a laissées, et ne demande pas à ces œuvres la justification des regrets exprimés par ceux-là qui ne disaient pas grand’chose de M.
La beauté peut être plus rare, mais elle n’est pas moins vraie que la laideur.
Enfin, c’est un connaisseur en toutes choses, d’une vaste expérience, d’un sens aiguisé, et qui s’approprie avec un rare talent d’assimilation tous les langages. — Nous nous trompions.
Ses revenus étaient employés à encourager des talents pauvres, à faire des expériences utiles, à acheter des monuments rares, à récompenser des découvertes, ou à des voyages entrepris pour perfectionner des connaissances.
Ses œuvres « filtrées et rares ne coulent jamais à flots ». […] Car ce philosophe se double d’un rare écrivain. […] Debout, il est rare qu’il entre de suite en matière. […] Trop rares accès, puisque nous leur devons des chefs-d’œuvre. […] Surtout elle était rare encore la gravelure portative, aux dimensions de la poche mignonne.
Il est amené à choisir des types plus rares, parce qu’ils sont plus complets. […] Il vous contait Byron. » Un de ses trop rares volumes ne porte-t-il pas ce titre : Les femmes de Gœthe ? […] Le livre rare exige que les mains le touchent délicatement. […] La différence réside en ceci, qu’âpre et violent prosateur, possédant à un rare degré le don du pittoresque et celui de l’invective, Vallès n’était pas un artiste. […] Très rares ont été les intelligences réfractaires à ce dogme issu du dix-huitième siècle et de la Révolution : un Balzac, un Baudelaire, un Vigny.
Il apprit le grec pour le montrer à son fils ; plus avancé en âge, il apprit même du sanscrit, et il avait des livres en cette langue, ce qui était alors fort rare. […] La poésie n’est qu’une des formes plus légères de son application : c’est une des rares récréations qu’il s’est permises ; c’est chez lui le coin de l’amateur. […] Il appartient enfin, pour le définir par un dernier mot, à cette élite, à cette école consciencieuse et méritante, toujours rare, mais insensiblement plus nombreuse, de naturalistes philosophes qui tendent à introduire et à faire prévaloir en tout les procédés et les résultats de la science, et qui, affranchis eux-mêmes, s’efforcent peu à peu, et plus peut-être qu’il n’est possible, d’affranchir l’humanité des illusions, des vagues disputes, des solutions vaines, des idoles et des puissances trompeuses.
Mais c’est là encore de l’amour, c’est de l’Ovide un peu raffiné et éthérisé, ce n’est pas cette amitié d’esprit plus rare et plus solide, ce fruit savoureux et tardif que mûrira une saison de civilisation plus avancée. […] Amitié rare, née de la poésie et qui lui revient fidèlement, si ce n’était descendre trop près de nous, que ne dirait-on pas de ces délicates affections de femme, de ces grâces ingénieuses et souriantes qui consolaient Alfred de Musset sous les traits d’une marraine, et qui ne manquèrent pas au chevet de douleur et de mort d’un Henri Heine lui-même ! […] Oui, celle qui ne vous a jamais vu, qui n’a fait que vous lire, qui, sur un mot sorti un jour de votre âme, se met à croire en vous, à s’y attacher, à vous suivre dans toutes vos vicissitudes ; qui se hasarde, après des années, à vous le dire en tremblant, sans se nommer ; qui est prête, parce que vous l’avez consolée une fois, à accourir si vous souffrez, si vous êtes dans le malheur, si seulement l’ennui vous prend et le dégoût du monde, de ses flatteries ou de ses amertumes ; qui vous dit : « Le jour où vous en aurez assez des plaisirs, où vous sentirez que les bons instants sont devenus bien rares et que le dévouement d’une femme ou d’une fille vous fait défaut, ce jour-là, souvenez-vous de moi, appelez-moi, faites un signe, et je viendrai » ; celle-là, dût-on ne jamais user de ce sacrifice charmant, donne au poète, fût-il de l’âme la plus altière et un mépriseur d’hommes comme Byron, le plus flatteur des diplômes et des certificats de poésie, la plus chère conscience de lui-même et sa plus belle couronne.
Pierre Les héros sont rares. […] Bourget donne le noble exemple d’une impartialité de plus en plus rare. […] Il s’est borné à railler en bloc la série des centenaires normaliens, et s’est de préférence escrimé contre Weiss qui est un fantaisiste, mais de rare et succulente qualité, dont Vandérem n’a pas le moindre soupçon.
« Dans les clubs, il n’est pas rare de voir des joueurs de quatrième force qui se réveillent un beau matin avec cette faculté. » — Quelques joueurs atteignent une étendue et une lucidité d’imagination tout à fait prodigieuses. […] Des exemples pareils ne sont pas rares. […] « Il n’est pas rare, dit Mueller 36, qu’on se surprenne ayant alors dans les yeux des images claires de paysages ou d’autres objets semblables.
Cette mère vit encore ; elle n’a que quelques rares cheveux blancs comme une frange de fil de la Vierge rapportée du verger sous sa coiffe ; elle n’aspire qu’à trouver bientôt une Rébecca au puits pour son cher enfant. […] XXX Quant à toi, ô poète de Maillane, inconnu il y a quelques jours aux autres et peut-être inconnu à toi-même, rentre humble et oublié dans la maison de ta mère ; attelle tes quatre taureaux blancs ou tes six mules luisantes à la charrue comme tu faisais hier ; bêche avec ta houe le pied de tes oliviers ; rapporte pour tes vers à soie, à leur réveil, les brassées de feuilles de tes mûriers ; lave tes moutons au printemps dans la Durance ou dans la Sorgue ; jette là la plume et ne la reprends que l’hiver, à de rares intervalles de loisir, pendant que la Mireille que le Ciel te destine sans doute étendra la nappe blanche et coupera les tranches du pain blond sur la table où tu as choqué ton verre avec Adolphe Dumas, ton voisin et ton précurseur. […] Or, par une heureuse coïncidence, ce rare phénomène végétal semblait nous avoir attendus pour s’accomplir sous nos yeux.
Mais elle lui dit, sans qu’il puisse se méprendre à la sagesse obligatoire de ces conseils, qu’il doit dans certains cas, assez rares d’ailleurs, sacrifier au bien fortune, plaisirs, bonheur, vie même ; et que s’il ne sait pas accomplir ce sacrifice, ce sont des idoles qu’il adore, et non le vrai Dieu. Ces immolations, toutes rares qu’elles sont, suffisent à qui sait les comprendre pour révéler dans sa splendeur suprême la loi du bien ; et puisque c’est précisément dans les rencontres les plus grandes et les plus solennelles que le bien l’emporte, c’est que le bien est le maître véritable de l’homme, et que tous les autres mobiles, issus à différents degrés de l’intérêt, fortune, plaisir, bonheur, ne sont que ses tyrans. […] Il connaît profondément la vie, et les tableaux qu’il en trace sont de la plus rare exactitude.
La Providence ménage à ces hommes rares de pareils confidents : les uns pour porter leur voix lointaine à leurs partisans, comme Las-Cases ; les autres, comme Medwin, pour donner au monde des notions familières et vraies sur une des grandes natures de leur époque. […] Dans ces moments, je le retrouvais dans toute sa vie, et ses paroles résonnaient de nouveau comme autrefois. — Mais on le sait, quel que soit le bonheur que nous ayons à penser à un mort bien-aimé, le fracas confus du jour qui s’écoule fait que souvent pendant des semaines et des mois notre pensée ne se tourne vers lui que passagèrement ; et les moments de calme et de profond recueillement où nous croyons posséder de nouveau, dans toute la vivacité de la vie, cet ami parti avant nous, ces moments se mettent au nombre des rares et belles heures d’existence. — Il en était ainsi de moi avec Goethe. — Souvent des mois se passaient où mon âme, absorbée par les relations de la vie journalière, était morte pour lui, et il n’adressait pas un seul mot à mon esprit. […] C’est ainsi qu’en lui on voyait comme dans une lutte et dans une succession perpétuelle tour à tour l’hiver et l’été, la vieillesse et la jeunesse ; mais il était admirable que, dans ce vieillard de soixante-dix et de quatre-vingts ans, ce fût la jeunesse qui reprît toujours le dessus, car ces journées où l’automne ou l’hiver se faisaient sentir n’étaient que de rares exceptions.
Tout, en ce spectacle de la mort, a été digne, simple, décent, chose rare ! […] Édouard Lefebvre nous conte ce soir ce fait, un fait rare en ce temps. […] Le soir, dans l’impossibilité du travail, nous remontons tous deux, en fumant des pipes, à nos souvenirs de collège, alternant de la voix et de la mémoire : Jules contant le collège Bourbon, et ce terrible professeur de sixième, cet Herbette qui fit toute son enfance heureuse, malheureuse, le poussant sans miséricorde aux prix de grands concours, puis, plus tard, ce professeur de seconde, auquel il déplut pour faire autant de calembours que lui, et aussi mauvais, enfin cette bienheureuse classe de rhétorique, où il fila presque toute l’année, fabriquant en vers un incroyable drame d’Étienne-Marcel, sur la terrasse des Feuillants, averti de l’heure de la rentrée à la maison par la musique de la garde montante se rendant au Palais-Bourbon, et les rares fois où il se montrait au collège, passant la classe à illustrer Notre-Dame-de-Paris de dessins à la plume dans les marges : Edmond contant ce Caboche, cet excentrique professeur de troisième du collège Henri IV, qui donnait aux échappés de Villemeureux, à faire en thème latin le portrait de la duchesse de Bourgogne de Saint-Simon, cet intelligent, ce délicat, ce bénédictin un peu amer et sourieusement ironique, ce profil original d’universitaire, resté dans le fond de ses sympathies, comme un des premiers éveilleurs chez lui de la compréhension du beau style, de la belle langue française mouvementée et colorée, ce Caboche qui, un jour, à propos de je ne sais quel devoir, lui jeta cette curieuse prédiction : « Vous, monsieur de Goncourt, vous ferez du scandale !
Et Gautier dans ce logis inhospitalier de tous les côtés, près de cette femme s’en reculant bourgeoisement, de crainte que son cigare ne brûle sa robe, Gautier sème intarissablement les paradoxes, les propos élevés, les pensées originales, les fantaisies rares. […] Mon frère était à côté de Mme ***, cette femme aux yeux d’aigue-marine, cette femme si rare, si distinguée, si étrangement attirante par son air diaboliquement vertueux. […] Et l’on goûtait un rare et étrange plaisir, en ce salon princier, oubliant de se scandaliser, de ces contes, de ces paradoxes, de ces récits crus de voyages, où semblait se faire entendre la double voix de Rabelais et de Diderot.
Mais ceci a-t-il empêché Victor Hugo, par exemple, de joindre au culte de la rime riche et rare, de la forme achevée, celui des grandes idées et des hauts sentiments ? […] Il faut changer et se renouveler ; or, les génies sont rares, et l’on doit savoir attendre avant de déclarer l’heure de la décadence irrémédiablement venue. […] Il n’est pas de langue littéraire plus pauvre au fond que celle qui est ainsi composée d’expressions forcées ou simplement rares, parce que ces expressions se font remarquer et deviennent une répétition fatigante dès qu’on les voit revenir. « Laissez-moi vous donner, écrivait Sainte-Beuve à Baudelaire, un conseil qui surprendrait ceux qui ne vous connaissent pas : vous vous défiez trop de la passion, c’est chez vous une théorie.
. — Elle étonne par la perfection de ses tons rares — mais j’aime mieux les lignes nues des arbres, mers ou cimetières de Seguin, et que Filiger envoie de lui seul, figure ou paysage. […] Ciels de bleu rare aux touches larges, perpendiculaires en damier, évoquant les parallèles en croix de Saint-André devenant ciseaux d’O’Conor. […] Alfred Jarry Vallotton Sur ses toiles rares il élit les verts polis de batraciens précieux et charnels.
Telle est sur ce point l’argumentation d’un esprit d’une rare vigueur, M. […] Bouillier énumère avec une rare pénétration les dangers de toute sorte qui menacent les sociétés modernes, et, s’il jette un cri d’alarme, ce n’est pas qu’il soit pessimiste et désespère de l’avenir, c’est qu’à son avis on est trop tenté d’oublier où sont le remède et le salut. […] Elle se trahit dans de rares passages où elle donne à la sévérité du style d’Aristote l’accent imprévu d’une religieuse émotion : « Même dans ceux des détails qui peuvent ne pas flatter nos sens, la nature, qui a si bien organisé les êtres, nous procure à les contempler d’inexprimables jouissances pour peu qu’on sache remonter aux causes et qu’on soit réellement philosophe.
La Grenée Il me prend envie, mon ami, de vous démontrer que, sans mentir il est cependant bien rare que nous disions la vérité. […] J’ai vraiment l’âme chagrine de voir un si beau faire, un moyen aussi rare, aussi prétieux, si propre à de grands effets, et réduit à rien. […] Rare et sublime effort d’une imaginative qui ne le cède en rien à personne qui vive.
Je crois qu’ils doivent être rares dans le reste. » Cependant Racine en faisait usage. […] Avec un esprit très gai, il avait l’âme saignante et désolée ; association moins rare qu’on ne pense. […] La scène où il explique à Philippe Strozzi qu’il faut, pour son honneur, qu’il commette un crime inutile, est d’une rare grandeur. […] Les épithètes sont mieux que sonores ou rares : elles sont évocatrices. […] que les sœurs Marceline sont rares !
non, le fond n’a rien de rare. […] Cette vérité n’a rien de rare. […] Heureusement pour le Vaudeville, les bons catholiques se font rares. […] Mais le fond de son âme est exquis et rare. […] On y sent partout une conscience droite, une belle et robuste candeur, et, — ce qui est en train de devenir rare chez nous, — un tranquille et sûr discernement du bien et du mal.
Mérite bien rare, en ce moment surtout où nombre d’écrivains font de l’archaïsme et en font si lourdement ! […] Exquisité, délicatesse, fleurs rares que beaucoup s’étonneront de me voir fixer à la boutonnière de M. […] Les individualités sont bien rares en littérature. […] Parmi les rares vaincus sortis vivants de ce désastre et que la déroute a éparpillés sur les chemins, se trouve le héros de ce sombre récit, qui est autant une légende qu’un roman par son côté fantastique. […] Être lu, bonheur ou plutôt malheur rare pour nos dramaturges ; résister à cette lecture, chose presque miraculeuse.
L’héroïsme, au contraire, est beaucoup moins rare sur la scène française que le sens commun ; nous sommes rassasiés de héros, et nous ne serions pas fâchés d’y trouver quelquefois des hommes. […] Il avait la rare simplicité de supposer tous ses juges aussi éclairés, aussi difficiles que lui. […] Le genre de Mithridate est celui de Britannicus et d’Athalie ; il est le plus difficile et le plus rare, parce que le génie n’y est soutenu par aucun des prestiges du théâtre. […] Il est rare qu’un amant dise à sa maîtresse, quelque étonné qu’il puisse être de son arrivée : Que venez-vous faire ici ? […] L’art d’écrire est bien plus rare et bien plus précieux que l’art de compiler.
Les acteurs sont du peuple aussi : ce sont, avec quelques clercs et de rares seigneurs, des artisans de tout métier, des menuisiers, des cordonniers, des barbiers. […] Très rares sont les monuments artistiques ou littéraires construits avec cette harmonie et cette cohésion qui résultent d’un plan simple, fort et bien ordonné. […] Jérôme, c’est que la décrépitude du vieil anachorète lui donne l’occasion de noter des accidents plus nombreux et plus rares. […] Le Moyen-Âge nous en offrait certains indices ; nous n’en avons pas voulu faire état, parce qu’ils étaient trop rares et trop disséminés. […] Il est rare qu’un personnage de tragédie ait confessé une souffrance corporelle : on cite un vers de Phèdre à titre d’exception.
Il n’est pas très rare qu’il aime dans des prunelles un bleu qui n’y est pas. […] De rares couplets font exception et rappellent un moment que le romantisme a pourtant passé par là. […] Et enfin, vulgaires ou rares, trouverai-je des assemblages de mots qui les expriment ? […] Cette espèce se fait rare, mais elle n’a pas complètement disparu, je vous assure. […] Renan, nous touchons à ce qui en fait le charme intime et rare.
Mais ces accidents sont rares. […] Quant à la pièce elle-même, elle est pleine des plus rares qualités, et il s’y trouve quatre ou cinq scènes, soit de comédie, soit de drame, vraiment excellentes ; mais elle n’est pas harmonieuse. […] Mais les deux derniers actes forment un drame d’une rare noirceur, et que nous ne sentons venir qu’avec une sorte de pénible appréhension. […] Il a plus de dramatique extérieur que ce rare ouvrage, et guère moins de « dessous ». […] Ces entreprises sont toujours hasardeuses, et il est assez rare qu’elles paraissent réussir tout d’abord.
J’ai eu l’estomac réconforté par ses biscuits et ses meringues ; j’ai eu le palais caressé par la fumée odorante de son rare tabac de Smyrne ; je connais George Sand en un mot ! […] Le tapis qui recouvre les dalles de marbre est d’une extrême magnificence et d’une rare conservation ; il représente une scène du moyen-âge. […] Vraiment, j’avoue que c’est une chose bien imprévue, bien honorable et bien rare qu’un éditeur qui vient trouver un homme dans ma position ; il y a là de quoi le rendre très vain assurément. […] Mme Jenny Bastide est une jeune et jolie dame qui ne manque ni d’imagination, ni même de style, ce qui est le plus rare chez les femmes-auteurs. […] Gozlan possède les plus rares épreuves moulées sur les reliefs du Parthénon ; M.
Nous ne doutons pas de la faveur que doit assurer à ces pages le mérite d’une judicieuse et fine critique, d’une érudition sûre, d’un style d’une remarquable clarté et d’une rare précision. […] Nous aimons la jeunesse, nous autres déjà engagés sur l’autre versant de la vie, parce qu’elle nous reporte à un temps qui nous est resté cher ; nous l’aimons comme un bien qui est très rare. […] Ce que Coppée a essayé de faire, c’est de dégager la poésie des spectacles de chaque jouir, des spectacles de la vie ordinaire, et, s’il le faut, des spectacles de la rue ; il n’a pas cherché la poésie dans une inspiration rare et dans une inspiration qui est connue lointaine de l’humanité. […] En voici une autre dont l’inspiration est aussi exquise et un peu plus rare. […] Et, alors, rarement j’ai assisté à un aussi lamentable spectacle que cet écroulement brusque d’un être humain dans l’inconscience la plus hideuse. » Il y a, chez Verlaine, quelques vers, d’ailleurs assez rares, qui ne manquent pas de délicatesse.
Ducis trouva le sien en ces années par les morts et les pertes réitérées de ses filles, de son ami Thomas, de sa mère : il en sortit le grand vieillard religieux, biblique, l’anachorète que nous allons voir, à la voix sonnante, au verbe enflammé ; mais le tragique ne donna plus que de rares et derniers fruits à l’extrémité du rameau. […] quelle combinaison singulière et rare !
Les métaphores y sont rares et les épithètes positives. […] Je regarde des Barbares tatoués comme étant moins anti-humains, moins spéciaux, moins cocasses, moins rares que des gens vivant en commun et qui s’appellent jusqu’à la mort Monsieur !
Si l’on excepte, en effet, quelques cas rares où la vivacité de la passion a forcé un moment le ton et dépassé la convenance, l’habitude est de vivre à l’Académie comme entre confrères et de ne s’aborder que par les surfaces polies. […] Les contradictions élevées au sein de l’Académie sont rares depuis bientôt dix-huit ans ; les voix récalcitrantes qui se sont élevées à certaines heures ont été à peu près solitaires.
Il faut sans doute comprendre et s’expliquer ce qui est venu après, ce qui en partie a défendu le pays en le souillant, en le mutilant ; il faut comprendre cela : mais notre admiration, notre estime, sauf de rares exceptions, est ailleurs. […] Un éloge bien rare à donner aux grandes et glorieuses existences, tout à fait particulier à Mme Roland, c’est que plus on va au fond de sa vie, de ses lettres, plus l’ensemble paraît simple : toujours le même langage, les mêmes pensées sans réserve ; pas un repli, nulle complication ou de passions ou de vœux et de tendances diverses.
Ceux qui, par une certaine disposition trop rare de l’esprit et du cœur, sont en état, comme il dit, de se livrer au plaisir que donne la perfection d’un ouvrage, ceux-là éprouvent une émotion, d’eux seuls concevable, en ouvrant la petite édition in-12, d’un seul volume, année 1688, de trois cent soixante pages, en fort gros caractères, desquelles Théophraste, avec le discours préliminaire, occupe cent quarante-neuf, et en songeant que, sauf les perfectionnements réels et nombreux que reçurent les éditions suivantes, tout La Bruyère est déjà là. […] Il devait trouver au fond de son âme que c’était un peu trop de pur bon sens, et, sauf le vers qui relève, aussi peu rare que bien des lignes de Nicole.
La nature, quoi qu’il en dise, ne l’avait pas créé éloquent ; il avait besoin de cuver longtemps, sa plume à la main, des discours rares et lus ; ses foudres se forgeaient péniblement dans son cabinet, au feu soufflé de ses rancunes. […] Sa vieillesse avait été morose, désenchantée de poésie, hors l’amitié pieuse d’une femme dévouée à sa gloire quand même, et au culte de quelques rares amis, parmi lesquels quelques spirituels observateurs qui affectaient la tendresse et qui prenaient mesure de ses faiblesses.
Le premier sentiment donc que je voudrais vous inspirer, c’est celui de la reconnaissance envers Dieu, et de vous ressouvenir sans cesse que ce n’est ni à vos mérites, ni à votre prudence, ni à vos soins que vous devez une si rare faveur, mais à sa bonté seule, dont vous ne pouvez vous montrer reconnaissant que par une vie pieuse, exemplaire et pure ; et vous êtes d’autant plus obligé de vous montrer rigide et scrupuleux observateur de ces devoirs, que vos jeunes années ont donné une attente plus légitime pour les fruits de l’âge mûr. […] J’aimerais mieux vous voir mettre votre luxe à rassembler les restes précieux de l’antiquité, ou des livres rares, à réunir autour de vous des hommes instruits et de bonnes mœurs, qu’à vous entourer d’un nombreux domestique.
Semblable à la Sibylle en ses emportements, J’ai cru que la nature, en ces rares spectacles, Laissait tomber pour nous quelqu’un de ses oracles. […] Il regardait comme une rare fortune quelques vers plus que médiocres de lui pour lesquels il s’enorgueillissait d’avoir obtenu, par les complaisances de l’amitié, une place au Mercure, le recueil des naissances et des sépultures du temps.
Les personnages de Racine sont plus près de nous que ceux de Corneille : du moins, il nous le semble, quoique peut-être les grandes passions ne soient guère moins rares que les grandes volontés. […] Il a mis la poésie dans la tragédie, cette poésie si rare dans Corneille, et que Rotrou par accident a rencontrée.
Dans de rares lectures il ne cherchait pas une provision d’idées, une extension de sa connaissance, un exercice de son jugement, mais une direction de rêverie, des matières de sensations, des modèles d’images. […] Aux arguments baroques, il mêle de rares maladresses.
La grâce y est plus rare ; j’entends par là l’expression naïve de sentiments personnels à l’homme, alors que, pour féconder un sujet imaginaire, il mêle aux formules de la poésie amoureuse de son temps le souvenir d’émotions qu’il a connues. […] Pour ne noter que ce conseil de rechercher les rimes éloignées et rares qui « sentent si fort leur grand poète », on reconnaît là un précepte fait tout exprès pour Molière, dont le bonheur en ce genre faisait dire à Boileau, succombant quelquefois sous les difficultés du grand art de Malherbe Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la rime.
Mais, pour les grandes qualités qui font vivre les écrits, pour les beautés qu’on ne recommence pas, elles y sont rares comme les hasards de la veine chez les écrivains qui n’ont que du talent. […] Ils forment ce qu’on peut appeler la langue intermédiaire entre celle que parle le peuple et celle que créent ces rares esprits, pour lesquels il faut réserver le nom d’hommes de génie.
C’est son éloquence que vante Racan dans une ode où il ne veut pas rester en arrière de Bois-Robert : Les choses les plus ordinaires Sont rares quand il les écrit, Et la clarté de son esprit Rend les mystères populaires. […] J’obéirais à une loi si fâcheuse, à cause que je suis bon citoyen ; mais ce serait par mon silence et non par ma lâcheté, et à la charge de ne point parler, et non pas de parler contre ma conscience16. » Vaugelas, un autre homme de bien à qui nous aurons aussi à rendre justice, défiait Phyllarque de trouver un meilleur cœur que Balzac, une plus grande douceur que « celle qui accompagnait toutes les parties de sa vie. » « Sa probité, ajoute-t-il, lui paraissait une des plus rares choses de ce siècle, comme son esprit est un des plus grands ornements de la cour17. » Quant à la langue, les services que Balzac lui a rendus suffiraient pour le sauver de l’oubli.
— Il avait compris que l’œuvre d’art doit être complète et vraie, c’est à dire le drame, mais un drame d’art complet, non de musique seule, et un drame d’action vraie, non de virtuosité conventionnelle ; il avait compris, encore, que cette œuvre d’art, complète et vraie, n’est point une frivole distraction, qu’elle est la création suprême de l’esprit, et que cette création, faite, d’abord, par l’auteur, et devant être, en suite, refaite, entièrement, par les auditeurs, peut par eux être connue, seulement dans l’oubli des soucis temporels et dans la paix, non troublée, de la contemplation intérieure, aux jours, très rares, de la sérénité ; enfin, il avait compris que l’art, demeurant complet et vrai, doit, aussi, donner à l’homme une révélation religieuse de la Réalité transcendante, être un culte offert à l’intelligence du Peuple, — de ce peuple idéal, qui est la Communion universelle des Voyants. […] Or, il avait créé le Drame, complet et vrai : complet, par la cohésion des trois dernières et essentielles formes expressives, littéraire, plastique et musicale ; vrai, par la réaliste description d’une action idéale, par la description naturelle et exacte d’une humaine action, abstraite en un mythe ; aux Œuvres il avait donné un Théâtre de représentation ; ce Théâtre était lieu de création artistique, non d’amusement : le Théâtre est éloigné et isolé ; la salle est annulée ; la représentation scénique, seule, est considérable ; les Œuvres étaient des Révélations, et le Théâtre était un Temple : les Œuvres, —Tristan, la Tétralogie, et Parsifal, — tout réalistes en leur forme, — ont un sens idéal, une signifiance profonde, et, en leurs peintures simples, tenacement conformes, et crûment vraies, elles sont, aussi, des symboles de cette Religion de la Compassion, le Mittleîd de ce Néo-Christianisme ; — et le Théâtre est pour cette révélation : à de rares époques fériées, solennellement, le Théâtre est ouvert, et, dans un ordonnement implicite et absolu de piété, se dévoile la splendeur du rite.
Peut-être, au contraire, étonnera-t-il l’univers par un de ces mouvements stratégiques qu’il exécute avec une si rare maestria (soyons italiens !) […] Il fait partie d’une description des fêtes de Weimar en 1849 et a été réuni, sous la rubrique de Souvenirs de Thuringe, à quelques autres articles dans un volume aujourd’hui très rare, Lorely Souvenirs d’Allemagne.
Cousin a été solennel, gravement enthousiaste, sérieusement dupe et, à quelques rares intervalles, lucidités éphémères, un peu honteux ! […] Elle faisait partie de l’escadron volant des filles de la reine (comme l’on disait depuis Catherine de Médicis), et c’est au milieu d’elles que le roi Louis XIII le Réservé la distingua pour son air de réserve, et, nous disent les mémoires du temps, pour sa rare beauté.
Au milieu de ces erreurs et même de ces folies, ornées et passementées d’un talent devenu plus rare et plus souvent interrompu, il y a cependant moins d’erreur complète et compacte, moins d’erreur radicale, d’une seule pièce, que dans ce livre de l’Amour, où tout est faux, intégralement faux jusqu’à l’axe, puisqu’en vue du seul plaisir physiologique on y change la destination hiérarchique de la femme et on y bouleverse l’organisme de la famille, fait de main divine. […] , et si, par une exception rare aussi (heureusement !)
Les imaginations qui lisent Octave Feuillet et qui sont plus fortes que la sienne — et elles ne sont pas rares, ces imaginations, — peuvent rêver sur ses livres et leur donner une valeur qu’ils n’ont pas, en appuyant sur ce qui est inappuyé dans ces compositions, à moitié ou au quart venues, où l’auteur semble avoir eu pour visée, quoiqu’il n’ait probablement jamais pensé à cette précaution inutile, d’éviter cette chose qui dérange tant en France : l’abominable inconvénient d’une forte individualité ! […] L’amour même n’est souvent que de la pitié en elles, et nous, les orgueilleux qui savons de quelles rares facultés doit se composer une femme vraiment organisée pour l’amour, nous n’avons pas de sujet d’être bien fiers de celui que nous imaginons leur inspirer.
C’est là une éducation rare, comme je l’ai dit, mais définitive. […] Peut-être n’a-t-on pas, autour de vous, compris, comme nous le comprenons maintenant, ce qu’il y avait de rare et d’achevé en vous.
Quand nous pensons, il est rare que nous ne nous parlions pas à nous-mêmes : nous esquissons ou préparons, si nous ne les accomplissons pas effectivement, les mouvements d’articulation par lesquels s’exprimerait notre pensée ; et quelque chose s’en doit déjà dessiner dans le cerveau. […] La première méthode, pour avoir voulu nous apporter tout de suite la certitude, nous condamne à rester toujours dans le simple probable ou plutôt dans le pur possible, car il est rare qu’elle ne puisse pas servir à démontrer indifféremment deux thèses opposées, également cohérentes, également plausibles.
Un autre poëte, trop rare au gré de ceux qui apprécient le talent sévère, M.
Mais que ces révélations, d’ordinaire fugitives et rares, se succèdent et se reproduisent incessamment dans une âme ; qu’elles se mêlent à toutes ses idées et à toutes ses passions ; qu’elles jaillissent, éblouissantes et lumineuses, de chaque endroit où se porte la pensée, des récits de l’histoire, des théories de la science, des plus vulgaires rencontres de la vie ; que, cédant enfin à ces innombrables sensations qui l’inondent, l’âme se mette à les répandre au dehors, à les chanter ou à les peindre, là est le signe, là commence le privilège du poète.
Le danger très rare de rencontrer une femme dont la supériorité soit en disproportion avec la destinée de son sexe, doit-il priver la république de la célébrité dont jouissait la France par l’art de plaire et de vivre en société ?
On ne verra pas ici d’ironie, on sait que les Mains et la Gardienne sont d’un des rares bons poètes d’une génération qui en compte peu.
Mais les quatre narrateurs de la vie de Jésus sont unanimes pour vanter ses miracles ; l’un d’eux, Marc, interprète de l’apôtre Pierre 762, insiste tellement sur ce point que, si l’on traçait le caractère du Christ uniquement d’après son évangile, on se le représenterait comme un exorciste en possession de charmes d’une rare efficacité, comme un sorcier très puissant, qui fait peur et dont on aime à se débarrasser 763.
Un homme de nos jours a présenté le même contraste avec une rare vigueur, c’est M. de Lamennais.
Mille bœufs, quatre cents moutons, cinq cents oies grasses, trois cents tourterelles, six cents oiseaux rares, des monceaux de blé, des flots d’huile, une mer de vin, des épices à surcharger un vaisseau ; tout s’y compte par tas et par hécatombes.
, un être rare, plus moral et plus sentimental que politique, patriotique et littéraire !
Peut-être est-ce parce que je suis plus près d’être vieux que d’être résigné… J’avoue cependant que c’est là un morceau d’une rare beauté et d’une éloquence bien pénétrante.
Seulement, nous croyons qu’alors, dans cette vaste galerie qui s’appelle l’histoire d’une société, il y aurait — si on recommençait de la construire sur nouveaux frais et de la peindre — deux frères mosaïstes qui feraient leur pan de lambris ou de plafond avec une distinction très rare, et que la Critique devrait apprécier.
C’était une simple femme au cerveau de femme, au cœur de femme, aux passions de femme, mais, après tout, un de ces êtres rares dans toute histoire, et qu’à l’époque où elle vécut on aurait jugée impossible.
Or, à côté du sentiment et de la grâce de la paternité dans un homme de génie, il y a en Joseph de Maistre un sentiment bien plus étonnant et bien plus rare, un sentiment qui fait moins son train dans les cœurs et qui surtout, dans cette correspondance-ci (Correspondance diplomatique)44, s’élève en lui jusqu’à la plus haute raison et la plus haute vertu, sans cesser pour cela d’être une grâce, sans cesser d’être une chose charmante d’expression, et ce sentiment-là, c’est le respect voulu et maintenu de tout ce qu’on pourrait ne plus estimer ou mépriser peut-être.
Rare privilège !
Il eut cette rare chance d’être deviné et apprécié par trois grands hommes d’État qui se connaissaient en hommes : — Richelieu, Mazarin, Louis XIV, — le Dieu en trois personnes de la Monarchie absolue !
C’est à cette recherche rare et passionnée que s’est dévoué cet excellent parémiographe Quitard, qu’on ne veut plus quitter quand on le tient.
Conçue avec une rare grandeur et un dévouement absolu à l’art et à la science, les deux choses auxquelles il croit le plus, la revue de Daly n’est pas qu’une chronique des découvertes et des travaux contemporains rédigée par des artistes ou des savants dont il serait l’inspirateur et le guide.
Ce pourrait être de la critique très profonde, doublée de biographie très éclairée, mais pour qu’il en fût ainsi, il faudrait une indépendance d’esprit absolue, presque aussi rare que ce diamant bien, — l’originalité !
II C’est, en effet, une bonne fortune, — et même la meilleure de toutes les fortunes, — pour qui se sent en soi le moindre génie historique, que de rencontrer sous sa main de ces figures très rares, à caractère ambigu ou à double caractère, qui exercent la sagacité et donnent un prix plus grand encore au mérite de la justice.
Mais ce n’est pas tout : j’y reconnais jusqu’aux points de vue particuliers et aux expressions individualisantes qui appartiennent à l’historien et sont la seule originalité possible en histoire, quoique ces points de vue et ces expressions soient infiniment rares dans Southey, esprit pompeux et vide.
Honorable et rare caractère, du reste, et qui suffit à un esprit courageux, indifférent au succès, et qui ne l’a visé ni par le fond de son livre, impopulaire à cette heure, ni par sa forme rassise, qu’il n’affecte pas, mais que naturellement il possède.
Mais ce n’est pas tout : j’y reconnais jusqu’aux points de vue particuliers et aux expressions individualisantes qui appartiennent à l’historien et sont la seule originalité possible en Histoire, quoique ces points de vue et ces expressions soient infiniment rares dans Southey, esprit pompeux et vide.
… Que M. l’abbé Gorini, dès cette époque, lût assidûment l’histoire de l’Église quand il était revenu de sa chapelle ou de chez ses pauvres, rien là qui fut plus que l’ordinaire occupation d’un prêtre intelligent et sensé ; mais, pour qu’il devînt un historien lui-même, comme il l’est devenu, dans cette solitude où les livres, sans lesquels il n’y a pas d’histoire, durent lui manquer, et où il ne dut s’en procurer que de très rares, il fallait certainement plus que le sentiment vulgaire ou maladif de cette solitude.
quoique ce soit rare… Oui !
Aubineau a montré le courage le plus rare en France : le courage de marcher sur le ridicule, ce fantôme qui, du reste, s’évanouit toujours, le lâche !
Alexandre Dumas a su inspirer aux hommes le sentiment très rare d’un respect voisin de la peur, et c’est le meilleur respect, celui-là !
Depuis cette époque, beaucoup d’évêques et de prêtres, dans la mesure diverse de leurs forces et de leur génie, ont tenté de remplir cette tâche délicate et grande que l’abbé Brispot s’est imposée et qu’il a remplie (du moins jusqu’ici) avec un rare discernement.
Mais, sur ce point, comme nous l’avons dit plus haut, l’abbé Falcimagne, son traducteur, lui est venu en aide avec une grande sûreté de connaissances et un rare bonheur d’exposition.
Le poète des Impressions, dans les rares pièces où il a touché, en passant, et d’un doigt beaucoup trop léger, cette corde chrétienne qui est la fibre universelle maintenant et désormais éternelle, n’est pas encore le poète qui tire une note à lui, une note bien à lui, neuve et inexprimée, de cette corde tendue d’un bout du monde à l’autre bout, au doigt multiple du genre humain, et dans laquelle l’infini dort !
Auguste Vacquerie 41 I Je tiens à le dire, et d’autant plus que l’auteur, en baisse depuis Les Contemplations et ses dernières œuvres poétiques, se relève ici et semble faire un de ces progrès qu’à son âge on ne fait guères plus… Je tiens encore à le dire pour l’honneur de ma sagacité, parce que les trop rares critiques qui en ont déjà parlé ont été absolument dupes du pseudonyme dont Victor Hugo s’est servi pour cacher son aveuglante personnalité.
Mais qu’il ait du succès ou qu’il n’en ait pas, que le livre périsse par les défauts que j’ai signalés ou par ses qualités, parfois plus dangereuses que les défauts quand on vise le succès pour l’atteindre, ce livre n’en sera pas moins la preuve faite, avec une précision qu’on n’avait jamais vue, de cette chose très curieuse et très rare parmi tant d’imitations impuissantes : — c’est qu’un fragment de la personnalité d’un homme soit entré et se soit incrusté si profondément dans la personnalité d’un autre homme… Chemise de Nessus qui ne l’a pas fait souffrir !
Il faut évidemment qu’il y ait ici l’exercice d’une faculté excessivement rare, et devant laquelle une Critique, un peu profonde, est obligée de s’arrêter.
Dieu lui avait donné des facultés singulièrement belles, puissantes et rares ; il n’en tira point le parti qu’il en eût pu tirer.
Toutes ces sortes d’idées que nous avons vues, tout cet ensemble de sentiments, toutes ces expressions rares prennent leurs racines dans des choses anciennes que la foule n’exprime pas, mais qu’elle sent aussi bien que nous.
Ce courage aussi respectable du moins que l’éloquence, et beaucoup plus rare, mérite d’être observé, et mériterait surtout de servir de modèle.
Si l’on me citait dans la nouvelle cour des exemples concluants, je répondrais que ces exemples sont rares, et ne réfutent pas la vérité générale de ma pensée. […] Les monologues nécessaires sont brefs et rares. […] La chose est rare. […] Ces connaissances, je le sais, sont rares parmi les hommes de vingt-un ans, et je ne m’étonne pas que M. […] Les singularités personnelles, les originalités excentriques y sont trop rares pour compliquer l’analyse collective.
Il est rare qu’on fasse de plus singuliers contresens. […] La peur de perdre sa petite place a porté le bourgeois à rendre plus rares ses visites à ses voisins ; il va même moins au café. […] Toutes les fois qu’une personne ne me frappe point par quelque chose de rare dans l’esprit ou les sentiments, je ne la vois pour ainsi dire pas. […] Ses attaques, ses charges et assauts furibonds, qui scandalisaient par leur brutalité, n’étaient pas sans beauté, étant la manifestation d’une force rare et extraordinaire. […] Quant au secret lui-même, il reste le privilège de très rares historiens, romanciers et moralistes, qui ont eu le don de la vie.
Mille anecdotes couraient sur l’existence que menait en des logis ornés avec le goût le plus bizarre, avec la recherche la plus rare, ce personnage de fine et hautaine allure qui ne sortait de ses ermitages de Paris ou de Versailles que vêtu d’étoffes choisies, en même temps impeccable et singulier, cravaté de soies précieuses et ganté des plus souples peaux. […] J’en citerai pour exemple : Une Mort héroïque, Portraits de Maîtresses, Mademoiselle Bistouri, Mais, « contes » ou « poèmes », les Petits Poèmes en Prose sont d’une rare, précise et originale perfection. […] Si quelques sons de cloche s’ajoutaient au bruit du jet d’eau, on se croirait volontiers dans quelque « giardino » de Toscane ou de Vénétie, mais, à défaut de ces harmonies latines, on jouit, dans cet enclos tranquille, du rare charme d’un silence que ne troublent guère que le murmure de la vasque et le frisson automnal du feuillage. […] Les visiteurs en sont rares et y montent par ce petit escalier qui mène aux combles de l’édifice qu’il avait construit pour son siècle et d’où le nôtre s’est écarté… Septembre 1920. […] Les drames y étaient rares, aussi bien de la rue que de l’alcôve.
Je me rappelle involontairement une apologie très vive (pro domo suâ) d’Isidora la courtisane, démontrant à Laurent que toutes ces femmes de plaisir et d’ivresse qu’un stoïcisme puéril méprise, ce sont les types les plus rares et les plus puissants qui soient sortis des mains de la nature. […] Ce qui dura toute sa vie, ce qui la consola infailliblement et toujours dans ses heures de détresse, ce fut l’amour de la nature, un des rares amours qui ne trompent pas. […] J’ai trouvé l’explication de cet effet si simple, et pourtant si rare, dans ces lignes jetées au bas d’une page perdue : « Il est certain, dit Mme Sand, que ce qu’on voit ne vaut pas toujours ce qu’on rêve. […] Mais aussi, presque aussitôt, déshabitué depuis longtemps de penser, il s’effraye de cette solitude inanimée, de ce silence qu’il trouve en lui ; il a oublié de remplir et d’orner de pensées solides ce fond intérieur de l’âme qu’il n’habite qu’à de rares intervalles. […] C’est une des rares circonstances où les droits de l’humanité l’emportaient soit sur l’orgueil des partis irréconciliables, soit sur l’orgueil du pouvoir infaillible.
Louis Veuillot était un homme de la plus rare bravoure physique. […] Les larmes d’argent du journalisme et de la librairie qu’il a enrichis ont tout juste la vertu communicative des larmes du drap mortuaire au-dessus duquel fut balancé pour lui le tiède encens de quelques rares suffrages. […] Francis Poictevin, lévite pieux de ce culte, dédie son livre à l’écrivain « intime et rare ». […] J’ai voulu surtout montrer une âme d’artistes par le dehors de son œuvre, et ces sortes d’âmes vont devenir, tout à l’heure, assez rares pour qu’on s’empile et qu’on s’assomme sur leur passage. […] Les paroles qu’elle dit, rares, peureuses, douces, ont le son de cristal des ingénuités parfaites, laissent entrevoir de saintes ignorances.
Faguet dit ce qu’il pense et pense quelque chose, et ils convinrent que c’est un homme rare. […] On dira que la rencontre de tant d’hommes en un seul est rare. […] Le mélange est rare, en effet ; chez M. […] Robert de Montesquiou, qui est, si l’on veut, le d’Artagnan du rare et de l’exquis. […] Mais ce qu’il donne à la Pitié est précieux et rare.