Les villes d’université comme Bologne enfantèrent tout naturellement le docteur, le pédant ridicule, dont chaque mot est une délicieuse ânerie ; les modèles n’étaient pas rares dans un temps où l’engouement pour les lettres grecques et latines dégénérait aisément en folie ; c’était l’époque où Philelphe le Florentin et Timothée entamaient, à propos de la force d’une syllabe grecque, une querelle acharnée, dans laquelle le dernier jouait et perdait sa grande barbe et en mourait de chagrin. […] La plupart des acteurs fameux de la commedia dell’arte furent des gymnastes de premier ordre ; ils durent leur réputation autant à leurs tours de force ou d’adresse qu’à la vivacité de leurs reparties.
Les Lecteurs éclairés nous les pardonneront d’autant plus aisément, qu’ils doivent sentir par eux-mêmes, que lorsqu’il s’agit de venger la Religion, les Mœurs & le Goût, contre les erreurs de plusieurs Ecrivains accrédités, on ne sauroit s’exprimer avec trop de force. Cette force est même aussi nécessaire, qu’elle est louable.
Et certes, puisque les Alcides du législateur du Parnasse tirent du canon, le Satan de Milton peut, à toute force, considérer cet anachronisme comme de bonne guerre. […] Mais quand on considère les immenses services rendus à la langue et aux lettres par nos premiers grands poëtes, on s’humilie devant leur génie, et on ne se sent pas la force de leur reprocher un défaut de goût.
J’entends dire que toutes les lettres sont du même ton, et que c’est toujours l’auteur qui parle et non pas les personnages : je n’ai point senti ce défaut ; les lettres de l’amant sont pleines de chaleur et de force, celles de Julie de tendresse et de raison. […] Quant au style je n’y vois rien ou presque rien à désirer ; il est plein de vérité, de naturel, de clarté, de chaleur et de force : cependant j’ai cru y remarquer, mais assez rarement, un peu de recherche ; il y a aussi des expressions hors d’usage ; il y a même de temps en temps quelques pages de mauvais goût, et quelques jugements où l’on voit trop l’auteur.
Évidemment, il y a moins de cérémonies, moins de circonlocutions, moins de révérences en toutes choses, dans l’expression et dans le geste de la pensée, et la politesse, qui force souvent à être fin, quand elle n’est pas un prosternement vulgaire, donne précisément à l’abbé d’Olivet cette finesse qui pince sans avoir l’air d’y toucher, et qui est une grâce dans son hypocrisie transparente. […] Il a la petite camisole de force de son habit, il la sent sur lui, et il en est gêné… Lorsque les notices qu’il s’est permises sur ses confrères morts doivent être suivies de notices sur ses confrères vivants, quand il a épuisé la liste des extraits mortuaires, il s’arrête… Il voudrait peut-être aussi, lui, comme Pélisson, pour continuer, des arbres et des fontaines, et peut-être va-t-il les chercher ; car il termine brusquement son histoire, si l’on peut nommer du nom d’histoire ces anecdotes et ces commérages, choses trop petites pour n’avoir pas passé à travers les trous de ce crible qu’on appelle la mémoire des hommes, et qu’il était si peu nécessaire de ramasser !
Et il ajoute au premier coup porté par eux dans nos âmes, la force d’un second coup, qui enfonce en nous le premier. […] Quand l’auteur des Deux Masques va, par exemple, chercher l’Histoire, — dont il a besoin pour montrer jusqu’où plongent les racines du génie d’Eschyle et faire le lumineux décompte de ce qui est de la personnalité et de la race, — et qu’à travers l’antique Hérodote, et plus haut et plus loin qu’Hérodote, il va la chercher, cette fuyante histoire, jusque dans les derniers éloignements et les derniers effacements du passé, il la saisit et l’amène sous le regard par la force de la couleur, et il la pousse sur nous, pour ainsi dire, vainqueur des âges et des lointains !
Il a consacré toute sa vie et toutes les forces de sa pensée à cet imposant et profond sujet de méditations. […] On s’étonne qu’on puisse les relever chez une nation qui a des esprits sur place et argent comptant de la force de Rivarol, de Chamfort, de Voltaire, de Fontenelle, du prince de Ligne et de madame de Staël.
Il a de la force, et, comme toujours, dans ce monde des faibles, on la lui fait payer. […] Il y a même sous cette plume de paysan, qui vous donne, d’ordinaire, dans cette histoire, la sensation d’une hache de bûcheron pour le coupant et la force du coup, des mots spirituels et jolis qui sentent leur Beaumarchais fruste, mais enfin leur Beaumarchais !
Nous croyons ce tour de force et de finesse beaucoup plus embarrassant que de concentrer en quelques pages les progrès de la philosophie, — politique ou autre. […] De pareils hommes ne peuvent s’atteler, ni de gré ni de force, au joug d’un système qui regarde comme un progrès l’esprit politique du dix-huitième siècle, et qui le glorifie dans ce Quinze-Vingt de sa propre pensée, laissé par le dédain de Bonaparte, accroupi dans les ténèbres de sa constitution impossible, — l’abbé Sieyès.
Si l’on ne craignait pas d’offenser une tête théologique de sa force, on dirait que le P. […] » Encore une fois, si les sermons du P, Ventura n’étaient que des sermons, nous aurions dit : Ils ont la force persuasive, ils ont l’accent pénétrant, ils ont l’onction, ils ont… ce qu’ils auraient !
C’est le xixe siècle qui lui a imposé ses métaphysiques, — dont pas une seule systématiquement n’est sortie de lui, mais qui son toutes entrées en lui et ont dissous sa force native, en l’empêchant de s’en servir… Je ne connais rien de plus triste que cet amollissant travail des métaphysiques sur des esprits qui, sans elles, auraient été vigoureux. […] Gymnastiques des esprits robustes, les métaphysiques n’en sont pas moins, depuis que le cerveau du monde a commencé de respirer, un effort fatal et vain de la force intellectuelle de l’homme.
Je veux rapprocher deux hommes placés dans des milieux différents sur lesquels ils ont influé, chacun à sa manière, et qui ont même participé à la création de ce milieu ; je veux simplement mettre en regard deux organisations analogues, supérieures toutes deux par une délicatesse exquise et une très grande force, — une force qui donne d’autant plus de plaisir qu’elle est cachée sous la grâce et sous l’harmonie.
Michel-Ange, même par tronçons qui s’interrompent, ce sont là des objets de comparaison effroyablement redoutables, je le sais, mais je sais aussi ce que je viens de voir dans ce poème qui commence comme le jour par les teintes les plus suaves, et, dès le troisième chant, tourne à la force, mais à la force qui reste dans la suavité.
L’auteur des Odes funambulesques, au contraire (pour lui laisser son demi-masque d’anonyme, comme son loup d’Arlequin et sa farine de Pierrot), l’auteur des Odes funambulesques, poète saltimbanque, se jette dans le faux, le faux compréhensible et vulgaire, avec une clarté, une fulgurance, une force de lumière qui ne permet aucune méprise. […] Puisqu’il a résisté si longtemps aux gymnastiques assassines pratiquées sur les organes de son génie, c’est qu’il était né plein de force, fait pour croître, robuste et gracieux, dans la simplicité et dans la lumière, semblable à l’Astyanax nu du tableau, au bonnet d’azur, parsemé d’étoiles !
À force d’être simple, il glisse parfois dans la platitude, mais il n’y reste pas longtemps. À force d’être innocent et enfançon, Dieu sait ce qu’il devient !
C’est un esprit de bon sens, mais de gros sens ; de main rude, de force réelle, mais commune, qui a du tempérament et quelquefois de la chaleur, mais sans aucune délicatesse, sans aucune nuance et sans aucune imagination dans le style, ce Boccace à revers… Ah ! […] Seulement l’originalité et le sens de ce petit roman, digne d’être publié à part, ne sont pas dans la passion criminelle du pasteur protestant et dans les détails de sa chute ; ils sont dans la situation de cet homme supérieur, dont le cœur est dévoré, les sens enivrés, mais dont, malgré ces tumultes, la haute raison touche au génie, et qui succombe, entraîné par la nature humaine, parce que son Église, à lui, ne l’a pas gardé, en faisant descendre dans sa vie la force de l’irrévocable !
Ils ont commencé par régler tous leurs différends par la force, puis, quand ils se sont aperçus qu’un fort trouvait toujours un plus fort que lui, et que la bataille était un jeu de dupes qu’ont-ils fait ? […] Il me semble toutefois que le vœu de constitution d’une cour d’arbitrage, telle qu’il est généralement présenté, n’apparaît point avec toute la force qu’il devrait présenter.
Nous avons vu dans l’espace de près de vingt-cinq siècles que nous venons de parcourir, la louange presque toujours accordée à la force. […] Ils tâchent d’étendre et d’agrandir la raison universelle ; de reculer les limites de toutes les connaissances ; d’élever la nature morale ; de dompter et d’assujettir à l’homme la nature physique ; d’établir pour nos besoins une correspondance entre les cieux et la terre, entre la terre et les mers, entre leur siècle et les siècles qui ne sont plus, ou ceux qui seront un jour ; de contribuer, s’il est possible, à la félicité publique, par la réunion des lumières, comme ceux qui gouvernent y travaillent par la réunion des forces.
Lorsque l’Empire passa des nobles au peuple, les plébéiens qui faisaient consister toutes leurs forces, toutes leurs richesses, toute leur puissance dans la multitude de leurs fils, commencèrent à sentir la tendresse paternelle. […] Ce qui est sûr, c’est qu’en Italie, les nobles auraient rougi de suivre les rois romaines, et se faisaient honneur de n’être soumis qu’à celles des Lombards ; les gens du peuple au contraire qui ne quittent point facilement leurs usages, observaient plusieurs lois romaines qui avaient conservé force de coutumes.
Cette figure devient ennuyeuse quand elle n’est pas dispensée à propos, & son fréquent usage en affoiblit la force, qui ne consiste que dans la vivacité & la rareté.
Elle est écrite avec une force de style peu ordinaire dans les personnes de son sexe, dont l’esprit est naturellement plus sensible & délicat que robuste & vigoureux.
Son Poëme de la Sculpture, sur-tout, offre des descriptions & une force de coloris qui ressuscitent souvent la Langue d’Auguste.
Plus d’une circonstance accessoire put venir donner de la force chez lui à cette idée principale qui vers la fin était devenue une idée fixe.
Sa poésie a gagné en force et en signification ce qu’elle a perdu en diffusion et en banalité.
Il n’a pas une force aussi continue que son modele ; mais il a en général la touche noble, vigoureuse.
Il y a de la poésie dans la composition, et de la force dans la couleur.
Lorsque mes forces me le permettront, j’y retournerai et y mènerai la doyenne pour l’égayer. […] m’a-t-il dit, je voudrais la lui entendre lire. » Ses yeux sont devenus humides, et mes larmes coulaient. » Elle vient de parler de ses forces qui sont à peine revenues : c’est qu’elle avait été malade deux mois durant. […] Si un amant quitté pour la dévotion ne doit pas se croire oublié, l’indice est bien plus fort dans les hommes, et, comme cette ressource leur est moins naturelle, il faut qu’un besoin plus puissant les force d’y recourir. […] Lorsque vous en aurez la force et le temps, un chiffon plié avec une suscription de votre main me rendra satisfaite, et le jour où vous joindrez : « Je me porte bien », votre voisine sera heureuse autant que le peut être une mère affligée… « Je ne me plains pas du renvoi de la lettre de change, parce que je suis sûre, puisque vous me le dites, que vous la regardez entre mes mains comme un dépôt… Ne vous privez pas des choses utiles et commodes. […] À force d’attentions et de soins, elle avait enfin surmonté ma longue répugnance, et mon cœur, vaincu par ses caresses, lui rendait toute l’amitié qu’elle m’avait si longtemps témoignée.
Le besoin d’argent le force à quitter cette délicieuse halte et à chercher des ressources dans son talent poétique. […] Une douce tristesse voilait son regard habituellement trempé de larmes, où se lisait le regret de la vie qui allait lui échapper dans la force de l’âge et dans la maturité du talent. […] Le tonnerre gronde dans les basses, les éclairs jaillissent de toutes parts ; et don Juan, intrépide, impavidus, au milieu de cette conflagration de tous les éléments harmoniques et de la colère des hommes, puisant dans l’idéal qui l’illumine une force héroïque, se fraye un passage à travers la foule tremblante, qu’il accable de son mépris. […] Peu après cette invasion dans la chambre, mon père rentra ; ce bon vieillard était chargé, au-delà de ses forces, de fruits et de bouquets dont mon lit fut à l’instant submergé par toute cette chère famille ; ils m’en couvrirent littéralement des pieds à la tête en poussant des cris de joie. […] Ils boivent leur sueur comme des naufragés du sort, pour se désaltérer et retremper leurs forces.
L’ardeur poétique se réveilla avec tant de force, que je crus devoir m’y livrer. […] Mais, à elle seule, elle ne peut rien : l’unité, source de toute force, lui manque ; l’amitié pieuse des races qu’elle appelait jadis barbares lui est nécessaire. […] Mais déjà le tribun, semblable à Mazaniello de Naples, commençait à délirer et à affecter l’empire du monde, sans autre force que le nom d’une capitale morte et la faveur mobile d’une municipalité romaine. […] En la quittant, je cherchai dans mon âme une force contre les catastrophes que j’aurais à éprouver ; ses regards avaient une expression indéfinissable que je ne leur avais jamais vue avant, j’eus de la peine à ne pas pleurer ; quand l’heure fut venue où il fallait absolument qu’elle se retirât du cercle, elle jeta sur moi un coup d’œil si doux, si honnête et si tendre, que je me sentis rempli d’émotion, d’espoir et de terreur. » Qui peut dire, après avoir lu ces lignes, que Pétrarque n’était à l’égard de Laure qu’un poète ? […] « Là nous la reverrons encore ; là elle nous attend, et là elle se lamente peut-être de ce que nous tardons tant à la rejoindre. » Et plus loin, trois ans après sa mort : « Dans l’âge de sa beauté et de sa floraison, de ce printemps où l’amour a en nous plus de force, laissant sur la terre sa terrestre écorce, ma Laure, par qui je vivais, s’est départie de moi !
Ce désintéressement d’ambition est un défaut selon le monde, qui le regarde comme une faiblesse de la volonté ; en réalité c’est une force de la raison ; cette abnégation personnelle laisse le sang-froid au cœur dans les affaires publiques, et par là même elle donne plus de lumière à l’esprit. […] Ce qui se passa dans son âme à cette vue, Dieu seul le sait ; mais ses sens n’eurent pas la force de sa volonté : elle tomba inanimée dans les bras de son amie, qui la reconduisit à son palais, vide désormais de sa plus chère amitié. […] Je me représente ne faisant plus rien, hors quelques pages de mes Mémoires, et appelant de toutes mes forces l’oubli, comme jadis j’ai appelé l’éclat. […] Quoi qu’on en dise, il y a une force dans le droit. […] Je vois avec plaisir que je suis malade, que je me suis trouvé mal encore hier, que je ne reprends pas de force.
S’il faiblit devant César, il ne faiblit pas devant la mort ; mais, pour appuyer le levier de cette force d’âme qu’on lui demande, et pour soutenir seul la république contre César, il lui fallait un point d’appui dans la république : il n’y en avait plus. […] Invention des arguments, enchaînement des faits, conclusion des témoignages, élévation des pensées, puissance des raisonnements, harmonie des paroles, nouveauté et splendeur des images, conviction de l’esprit, pathétique du cœur, grâce et insinuation des exordes, force et foudre des péroraisons, beauté de la diction, majesté de la personne, dignité du geste, tout porta, en peu d’années, le jeune orateur au sommet de l’art et de la renommée. […] ni la garde qui veille la nuit sur le mont Palatin, ni les forces répandues dans toute la ville, ni la consternation du peuple, ni ce concours de tous les bons citoyens, ni le lieu fortifié choisi pour cette assemblée, ni les regards indignés de tous les sénateurs, rien n’a pu t’ébranler ? […] Les consuls, intimidés, fermaient les yeux pour ne pas voir ce qu’ils n’avaient pas la force de punir. […] Les hommes pardonnent ; les femmes se vengent, parce qu’elles ont moins de force contre leur passion.
Platon attache la plus haute importance à ces opinions, qui font partie de sa foi religieuse, et il s’élève avec indignation contre l’impiété trop fréquente des naturalistes, qui croient trouver dans la matière réduite à ses propres forces une explication suffisante. […] Mais, en se mettant au point de vue de la seule raison, il est plus conforme à ses lois de concevoir le moteur avant le mouvement ; car, à moins d’acquiescer à ces systèmes qu’Aristote a cru devoir combattre, et qui expliquent tout par les seules forces de la matière, il faut bien admettre que les choses n’ont pu être mues que par un moteur préexistant. […] Immobile et immuable, il a éternellement la force de produire le mouvement sans fatigue et sans peine ; et son action ne s’épuise jamais, toujours uniforme, égale et identique, d’abord en lui-même, et ensuite dans le mobile, sur lequel elle s’exerce. […] N’est-ce pas là la vertu dans sa force et, par conséquent, dans son mérite ? […] Servir à tout prix, même au prix de la justice et du bien, la nation qu’on commande, c’est-à-dire accroître sa force, sa puissance, sa richesse, sa sécurité, son honneur, tel est le but habituel des hommes d’État.
Deux hommes ont le même talent de dessin, mais l’un a un génie naturel non cultivé, l’autre a acquis son habileté à force d’exercice : vous ne direz pas que tous les deux doivent leur talent à « l’expérience ». […] Toute exertion de force est une assertion ; tout acte, tout désir, tout vouloir, tout mouvement est une affirmation. […] Le seul fait d’avoir agi de telle manière dans telles circonstances crée un précédent qui entraîne notre activité dans la même voie : c’est la ligne de l’action la plus facile, c’est le résultat d’une force positive et d’une vitesse acquise ; les tendances négatives tirées de notre ignorance n’ont qu’une valeur abstraite et hypothétique, non une action réelle. […] C’est dans l’effort mental, non dans l’effort musculaire, qu’il faut chercher l’origine de l’idée de lien causal entre deux états successifs, de nexus, de force plus ou moins intense amenant l’un à la suite de l’autre par une action nécessitante. […] Il y a du degré dans la conscience, et c’est cet élément intensif qui est le côté subjectif de la force.
Robert Randau, poète d’AUTOUR des Feux dans la Brousse, (auteur des Onze journées en Force, avec M. […] Viélé-Griffin qui apporta ensuite à ce Vers « la force rythmique et une harmonie plus sûre et continue » : ce que désirait des poèmes de Gustave Kahn, M. […] … Nous avons, en conclusion dernière, exprimé le Rythme, comme « le mouvement de la Pensée consciente et représentative des naturelles et harmonieuses Forces »26. […] L’Amour, sa Force inhérente (c’est-à-dire sa propension à l’harmonie de toutes les parties universelles, et à l’équilibre) l’Amour, et pris au sens d’affinité chimique meut la Matière. […] Telle est, du moins, l’impression qu’on tire de son livre Les Force, tumultueuses (1902), que je ne crains pas de déclarer, sinon le meilleurs du moins le plus significatif de tous ceux qu’il a donnés. » (John.
Est-ce que la volonté ne serait pas un fluide aimanté qui, par son intensité, deviendrait une force inconnue et magnétique ayant le pouvoir de l’attirement des choses et des faits ? […] Et à propos de cette théorie, par un de ces zigzags qui lui sont familiers, il cite Jeanne d’Arc qui n’est plus un miracle depuis qu’il a fait voir toute la faiblesse et l’insuffisance de l’armée anglaise, opposée à la concentration et au rassemblement de toutes les forces françaises. […] Notre-Dame de Paris avec Quasimodo… L’Homme qui rit, toujours la réussite à coups de monstres… Même dans Les Travailleurs de la mer, tout l’intérêt de son roman est le poulpe… Hugo, continue-t-il, a une force, une très grande force, fouettée, surexcitée… la force d’un homme, toujours marchant dans le vent, et prenant deux bains de mer par jour10. […] Le profond sentiment de tristesse qu’on éprouve à revoir ces bords de la Seine, qu’on a vus plein de santé et de force productive, à repasser dans ces sentiers, le pas traînant, sans que la nature parle au littérateur qui est en vous !
« Est-ce toi qui as donné la force au cheval, qui as hérissé son cou d’une crinière mouvante ? […] ……………………………………………………………………………………………… « Vois Léviathan (la baleine), sa force et la merveilleuse structure de son corps. […] « La force est dans son cou, et la terreur s’élance devant lui. […] C’est de cet équilibre entre l’intelligence et le sentiment, équilibre rompu sans cesse par la passion, rétabli sans cesse par la conscience, que résulte la moralité ou l’immoralité, la force ou la faiblesse, le crime ou la vertu, en d’autres termes le mérite ou le péché de l’âme. […] Quelquefois, cependant aussi, c’est un homme d’une profonde sensibilité, qui n’a pas eu la force de supporter sa douleur.
Lorsque Mézeray eut terminé son Histoire, il était alors véritablement en état de l’entreprendre, et il reporta les forces de sa maturité dans deux autres ouvrages, son Abrégé chronologique (1667), et son traité De l’origine des Français ou Histoire de France avant Clovis (1682). […] Il n’a point cru devoir distribuer son ouvrage par sections ni par chapitres ; il s’est contenté de le diviser par règnes : « J’ai cru que toutes ces découpures gâtaient l’étoffe, et que les pauses, au lieu d’accourcir le chemin, le faisaient trouver plus long. » On a vu ici une légère critique applicable à l’un des prédécesseurs de Mézeray, Scipion Dupleix, qui affectait force divisions dans l’histoire. […] Aussi faible d’esprit qu’il était robuste de corps, sa force étant telle que d’un coup de massue il abattait le cheval et le cavalier, et rompait la plus forte lance sur son genou… Du reste, il n’avait point de vices d’homme privé, mais était vaste et sans mesure en toutes choses… Je ne fais que toucher les principaux traits, j’en supprime d’énergiques et de familiers, mais qui font bien en leur lieu.
Quoi qu’il en soit, Massillon apparut dans toute sa force et dans toute sa beauté d’orateur sacré dès cette première époque de 1699 à 1704 et à ce point de réunion des deux siècles : il montra que le grand règne durait toujours, et que jusqu’en ce dernier automne la postérité des chefs-d’œuvre s’y continuait. […] Il ne tonnait pas dans la chaire, il n’épouvantait pas l’auditoire par la force de ses mouvements et l’éclat de sa voix ; non : mais, par sa douce persuasion, il versait en eux, comme naturellement, ces sentiments qui attendrissent et qui se manifestent par les larmes et le silence. […] Lui-même, après avoir ainsi conquis les simples ou les rebelles, après avoir abattu en public les orgueils et fait fondre les incrédulités, il n’avait pas toute la force suffisante pour rallier et fortifier les nouveaux fidèles dans le secret.
Madame, souvent crédule, regardant ailleurs, mêlant les choses, peu critique dans ses jugements, voit bien pourtant ce qu’elle voit, et elle le rend avec une force, une violence, qui, pour être peu conforme au goût français, ne se grave pas moins dans la mémoire. […] Elle n’était pas, sur le chapitre de la comédie, de l’avis de Bossuet, de Bourdaloue et des autres grands oracles religieux d’alors ; elle devançait l’opinion de l’avenir et celle des moralistes plus indulgents : À l’égard des prêtres qui défendent la comédie, écrivait-elle assez irrévérencieusement, je n’en parlerai pas davantage : je dirai seulement que, s’ils y voyaient un peu plus loin que leur nez, ils comprendraient que l’argent que le peuple dépense pour aller à la Comédie n’est pas mal employé : d’abord, les comédiens sont de pauvres diables qui gagnent ainsi leur vie ; ensuite la comédie inspire la joie, la joie produit la santé, la santé donne la force, la force produit de bons travaux ; la comédie est donc à encourager plutôt qu’à défendre.
Daru fut de ceux, qui, à la force de corps et à la force de tête, montrèrent qu’ils savaient unir celle de l’âme ; mais lui-même, si de son dernier séjour il y met encore sa pensée, il ne voudrait point qu’en passant devant ces grands désastres et ces luttes dernières, on n’y entrât que pour se donner occasion de le louer. […] C’est l’ouvrage où il se peint le mieux dans la force de sa maturité, avec ce bon goût qui naissait d’un bon jugement, avec sa sûreté d’appréciation et cet esprit net et ferme qui était le sien.
Paul est d’autant plus puissant qu’il se sent plus faible ; c’est sa faiblesse qui fait sa force. […] De même qu’on voit un grand fleuve qui retient encore, coulant dans la plaine, cette force violente et impétueuse qu’il avait acquise aux montagnes d’où il tire son origine : ainsi cette vertu céleste, qui est contenue dans les écrits de saint Paul, même dans cette simplicité de style conserve toute la vigueur qu’elle apporte du ciel d’où elle descend. […] Bossuet mettait sans doute sa certitude avant tout dans le ciel ; mais, orateur, il redoublait d’autorité et de force calme en sentant que sous lui, et au moment où il la pressait du pied, la terre de France ne tremblait plus.
Je sens en moi une partie de ta force. […] Granet, dont c’était le genre, lui dit un jour : « Laissez donc ces tableaux de murailles pour les gens qui ne savent pas faire la figure. » La figure humaine, cette figure d’un être que l’Écriture nous apprend avoir été fait à l’image de Dieu, avec sa grandeur, sa noblesse, sa force, sa grâce, et surtout sa gravité et sa tristesse, c’est en effet le triomphe de Léopold Robert : il s’y est consacré et consumé. […] J’ignore si en effet cette comparaison dont parle Léopold Robert a pu froisser un instant l’illustre artiste qui avait le sentiment de sa valeur, de sa force, et le secret de cette fécondité croissante que se réservait sa maturité sans vieillesse, fécondité qui a si peu perdu pour attendre et qui éclate aujourd’hui à tous les yeux.
. — J’appris qu’Asfeld, brigadier des dragons, était allé en Poitou commander les troupes qui y sont, et dont les intendants ont quelquefois tiré des secours pour de bons effets. » Ce qui est immédiatement suivi de la nouvelle du dimanche 12 : « Le roi envoya force faisandeaux à Monseigneur, et Monseigneur lui renvoya force perdreaux, se faisant part l’un à l’autre de leurs chasses. » — Tout cela vient ex aequo. […] Elle y trouva d’abord des étoiles magnifiques, et puis un coffre nouveau dans lequel il y avait force rubans, et puis un autre coffre avec de fort belles cornettes, et enfin, après avoir trouvé sept ou huit coffres ou paniers différents, et tous plus jolis les uns que les autres, elle ouvrit le dernier qui était un coffre de pierreries fort joli, et dedans il y avait un bracelet de perles, et, dans un secret, au milieu du coffre, un coulant de diamants et une croix de diamants magnifique.
Même lorsqu’il traite des dogmes et qu’il se livre à un enseignement théologique, ainsi qu’il l’a fait dans son traité des Trois Vérités (1594), et dans ses Discours chrétiens (1600), Charron est sceptique de méthode, c’est-à-dire qu’il insiste avec un certain plaisir et une assez grande force de logique sur les preuves de la faiblesse et de l’incapacité humaine : douter, balancer, surseoir, tant qu’on n’a pas reçu de lumières suffisantes, est l’état favori qu’il propose à quiconque veut devenir sage ; et néanmoins son avis se distingue, à ce qu’il prétend, de celui des purs pyrrhoniens, « bien qu’il en ait l’air et l’odeur », en ce qu’il admet qu’on se soumette en attendant et que l’on consente à ce qui paraît meilleur et plus vraisemblable. […] Peu de gens, remarque-t-il, ont la force et le courage de se tenir droits sur leurs pieds, il faut qu’ils s’appuient ; ils ne peuvent vivre s’ils ne sont mariés et attachés ; n’osent demeurer seuls de peur des lutins : craignent que le loup les mange : gens nés à la servitude ! […] Les trois livres dont se compose l’ouvrage roulent : 1° sur l’homme, sa misère, ses faiblesses, ses passions ; sur la vie humaine, ses fluctuations et sa brièveté ; sur les différents états, conditions et genres de vie qui distinguent les hommes ; 2° sur la manière de s’affranchir des erreurs, de l’opinion ou des passions ; 3° enfin, sur les quatre vertus de prudence, justice, force et tempérance.
Il en fait assez pour que l’on consente à entendre à une paix générale : « Je fis savoir à la Cour (c’est-à-dire au quartier du roi) que je mourrais gaiement, avec la plupart de tout le parti, plutôt que de n’obtenir une paix générale ; qu’il était dangereux d’ôter tout espoir de salut à des personnes qui ont les armes à la main ; que je ne la traiterais jamais tout seul… » Le roi écoutait les propositions avec plaisir ; mais le cardinal confesse, dans ses mémoires, avoir fort hésité à cette heure sur ce qu’il conseillerait à son maître : tout lui disait qu’on allait avoir raison des rebelles et de leur chef par la force, ce qui était fort de son goût, et qu’ils seraient réduits, après un prochain échec infaillible, à demander merci : la prudence toutefois l’emportant sur l’humeur, et cette idée que Rohan dans sa proposition de paix cette fois était sincère, lui firent conseiller de traiter. […] Le choc fut fort rude. » On se battit dans les rues de Morbegno, qu’on prit de vive force. […] D’un autre côté, un des meilleurs lieutenants de ce dernier, M. de Lèques, était d’un avis contraire, et eût voulu qu’on essayât de la force, ne faisant aucun doute qu’elle ne réussit.
La seule nature distinguée et rêveuse qui s’y trouvera jetée, et qui aspire à un monde d’au-delà, y sera comme dépaysée, étouffée ; à force d’y souffrir, de ne pas trouver qui lui réponde, elle s’altérera, elle se dépravera, et, poursuivant le faux rêve et le charme absent, elle arrivera de degré en degré à la perdition et à la ruine. […] C’est une grande preuve de force. […] Car en bien des endroits, et sous des formes diverses, je crois reconnaître des signes littéraires nouveaux : science, esprit d’observation, maturité, force, un peu de dureté.
. ; il peut se les laisser dire et ne les repousser qu’en badinant ; mais, si on le serre de près, si les événements sont là qui parlent, qui se précipitent impérieux et déchaînés, il a le juste sentiment de son inutilité, et il se confesse de son peu de force d’action et de son peu d’envie d’en faire preuve, dès que l’application réelle commence. […] Son rare bon sens fut de comprendre nettement que, dès cette heure, son rôle de guerre était fini, que « Charles X et la Chanson étaient détrônés du même coup » ; sa probité fut de désarmer tout de bon, et sa force, de tenir ferme dans cette neutralité honorable. […] Pour tout concilier, il revient à un ancien projet qui était d’aller tout droit devant lui, à travers champs, jusqu’à extinction de force vitale.
Elle aurait tout son esprit ; aurait-elle ses grandeurs, sa noblesse, sa force, son éclat et, pour tout dire, sa trempe ? […] Je ne crois pas que, si on le poussait, il insistât sur ces caprices de sa philosophie en ses heures de rêve ; il m’est difficile notamment de concevoir quelle époque précise du haut Moyen-Âge a pu être si favorable au développement vigoureux de l’intelligence individuelle, à moins que ce ne soit dans le même sens qu’une prison avec ses barreaux est favorable à l’exercice de la force du prisonnier, s’il parvient à en sortir. […] On y voit tout ce qui a dû manquer à Channing pour qu’il ait été amené à avoir l’idée de son rôle populaire, tel qu’il le conçut, et pour y joindre, comme il l’a fait, la force et le moyen d’y réussir.
Aussi, quand il vit les brouilles et les petites altercations commencer entre eux, il se jeta à la traverse, il les supplia à mains jointes de ne pas rompre par de misérables zizanies la bonne intelligence qui faisait une partie de leur force : « Qui aimerez-vous, Messieurs, quand votre amitié réciproque aura cessé ? […] En fréquentant le monde, j’aurais la douleur de sentir empirer mes idées sur le genre humain, et n’ayant pas la force de devenir méchant ni le courage d’être meilleur, je serais comme les damnés que l’impuissance du mal et le désespoir du bien tourmentent également. » On ne saurait mieux décrire sa misère, ni mieux analyser son propre martyre. […] J’ai lutté avec quelque courage contre l’adversité, mais je n’ai point de force contre les douleurs de la nature.
N’ayant plus ni désir, ni force, ni mémoire, Je m’assieds, l’on accourt. […] Il me semble que jusqu’à un certain point je m’absous. » Je force à peine sa pensée ; mais Térence ne la force pas du tout, et c’est là qu’est le charme.
Sa mère, femme sage, et jugeant que son fils n’était pas de la force ni de la trempe qui fait les combattants, lui écrivait : « Il ne faut pas jeter ainsi feu et flamme ; penses-y, toi qui as besoin d’être aimé ! […] Renan savent qu’il est de force à faire face à la situation et à y suffire. […] Renan, avec ses réserves qui font partie de sa force, me paraît être le champion philosophique le mieux approprié à cette seconde moitié du XIXe siècle, de cette époque dont le caractère est de ne point s’irriter ni se railler des grands résultats historiques, mais de les accepter et de les prendre à son compte, sauf explication.
Cependant, après avoir hésité quelques semaines, le gouverneur des Pays-Bas espagnols, voyant les Français en force manger le pays autour de Charlemont, se décida enfin à leur livrer la ville. […] Celui-ci leur signifia tout net l’injonction de se soumettre purement et simplement à l’autorité du roi, avec promesse de tous ménagements et de toutes faveurs en cas de bonne volonté ; sinon, on recourrait à la force. […] » Éternel problème où le droit de la force se dresse à nos yeux et nous apparaît régnant, dans le monde de l’histoire comme dans l’ordre de la nature !
Il est bon que de tels travaux complets soient faits, une fois pour toutes, par un éditeur qui connaît tous ses devoirs et qui est de force à les porter. […] Il en est une contre laquelle je résiste de toutes mes forces, et que je ne puis m’empêcher de réfuter ici en passant. […] Par ses seules forces Corneille a enfanté un idéal ; il s’est élevé d’un coup, non-seulement à une hauteur extraordinaire, mais à une conception nouvelle de l’art.
Il y a mieux : ce parfait état de société, cet ordre idéal et simple que M. de Girardin a en vue, je le suppose acquis et obtenu, je l’admets tout formé comme par miracle : on a un pouvoir qui réalise le vœu du théoricien ; qui ne se charge que de ce que l’individu lui laisse et de ce que lui seul peut faire : l’armée n’est plus qu’une force publique pour la bonne police ; l’impôt n’est qu’une assurance consentie, réclamée par l’assuré ; l’individu est libre de se développer en tous sens, d’oser, de tenter, de se réunir par groupes et pelotons, de s’associer sous toutes les formes, de se cotiser, d’imprimer, de se choisir des juges pour le juger (ainsi que cela se pratique pour les tribunaux de commerce), d’élire et d’entretenir des ministres du culte pour l’évangéliser ou le mormoniser… ; enfin, on est plus Américain en Europe que la libre Amérique elle-même, on peut être blanc ou noir impunément. […] C’est un polémiste de première force, un contradicteur redoutable. […] Rouher ; — lorsque encore, par exemple, ayant à parler de Victor-Emmanuel, il l’a défini « ce roi plein de résolution qui met le triomphe de l’unité italienne au-dessus de la conservation de sa couronne et de sa vie, roi plein d’ardeur, qui a le mépris de la mort et la volupté du péril » — lorsqu’à la veille du discours de l’Empereur pour l’ouverture de la dernière session, et s’arrêtant par convenance au moment où il allait essayer d’en deviner le sens, il ajoutait : « On peut s’en rapporter pleinement de ce qu’il conviendrait de dire, s’il le veut dire, à l’Empereur, qui semble puiser dans la condensation et l’esprit du silence la force et le génie du discours. » On ne saurait mieux dire ni plus justement, et en moins de mots, les jours où l’on ne veut pas déplaire.
N’aura-t-on à livrer à l’œil du jaloux avenir que des phénomènes individuels, plus ou moins brillants, mais sans force d’union, sans but, même secondaire, sans accord, même spécieux et décent ? […] Une critique nouvelle, et sans prétention de l’être, faisant digue au mal, refaisant appui aux monuments, peut naître de là ; elle est toute née par la force des choses ; elle existe déjà de formation naturelle plutôt que de propos délibéré ; c’est la meilleure : on en voit déjà les caractères. […] Ce n’est que dans une collaboration un peu étroite et continue qu’un beau jour ce programme, s’il prenait envie de le déduire, se pourrait à toute force préciser : et qu’aurait-il besoin de se tant préciser jamais, puisqu’il se pratiquerait avant tout et qu’il vivrait ?
Les discours de réception se ressentirent de la publicité dès le premier jour : « Mais j’élève ma voix insensiblement, disait Fléchier, et je sens qu’animé par votre présence, par le sujet de mon discours (l’éloge de Louis XIV), par la majesté de ce lieu (le Louvre), j’entreprends de dire foiblement ce que vous avez dit, ce que vous direz avec tant de force… » Dès ce moment, le ton ne baissa plus ; la dimension du remercîment se contint pourtant dans d’assez justes limites, et la harangue, durant bien des années, ne passa guère la demi-heure. […] Il n’a pas suffi pour cela de faire force de rames, on a dû employer les machines et les systèmes. […] Sur ce sujet qui nous semble de notre ressort et de notre métier, et sur lequel, à force d’y avoir repassé, il nous est impossible désormais de retrouver notre première impression, soyez sûr que cet esprit bien fait, nourri dans d’autres habitudes, longtemps exercé dans d’autres matières, trouvera du premier coup d’œil quelque chose de neuf et d’imprévu qu’il sera utile d’entendre, surtout quand ce bon esprit, comme dans le cas présent, est à la fois un esprit très-délicat et très-fin.
Comme toujours, Rabelais ne provoquait pas de colères qu’il ne se sentît de force à braver : il ne jouait la partie qu’à coup sûr. […] Non, mais Rabelais a conscience de la force infinie de la nature : telle qu’il la saisit en lui, puissante, active, voulante, telle il la sent partout ; à quoi bon chiffres et mesures ? […] Comme penseur, il fonde ce qui avait déjà paru avec Jean de Meung, et qui ne pouvait recevoir toute sa force et tout son sens que de l’humanisme seul : il fonde le culte antichrétien de la nature, de l’humanité raisonnable et non corrompue.
Non ; c’est le présent le plus étroit, c’est la vie au jour le jour dans un pays partagé entre cinq ou six peuples qui luttent dans d’interminables guerres contre la force des choses qui veut en faire un seul peuple. […] J’aime l’esprit français, dans l’image naïve que nous en ont donnée nos écrivains du xiie au xvie siècle ; mais combien l’aimerai-je mieux au xvie , alors que la Renaissance en aura fait l’esprit humain Vienne donc cette époque désirée où la connaissance du passé doit ajouter aux forces naturelles de l’esprit français une force qui le tirera pour ainsi dire hors de lui-même, et qui le transformera en ce sens supérieur de l’humain, de l’universel image de la raison elle-même !
Un maintien sérieux, grave, digne, solennel, nous force à la contrainte ; ainsi dès qu’on peut le quitter, on se sent comme délivré. […] Elle nous apprend qu’il est de la nature de la force nerveuse de se dépenser, de se décharger de l’une des manières suivantes ; L’excitation nerveuse tend toujours à produire le mouvement musculaire, et elle le produit toujours quand elle atteint une certaine intensité. […] C’est une nécessité que la force nerveuse existant à chaque instant, et qui produit d’une manière inexplicable ce que nous appelons sentiment, suive l’une de ces trois directions : exciter de nouveaux sentiments, agir sur les viscères, produire des mouvements.
Mais la simplicité de Fontenelle, dans sa rare distinction, ne ressemble à nulle autre : c’est une simplicité tout exquise, à laquelle on revient à force d’esprit et presque de raffinement. […] Mais Pariset avait assurément une faculté rare, à laquelle il n’a manqué que d’être plus contenue à temps pour acquérir toute sa force et tout son ressort. […] Mais, si immense que fût le sujet, Pariset n’a pas eu la force de s’y renfermer.
À toutes les qualités qui sont nécessaires à l’orateur, Droz demande que son caractère unisse encore la sensibilité : « Beaucoup de force d’âme au premier coup d’œil, dit-il, paraît l’exclure : mais l’élévation est le point qui les unit. » L’élévation d’âme n’est pas tout encore, si l’orateur n’y joint réellement la vertu ; Droz y insiste, et non point par des lieux communs de morale, mais par des observations pratiques incontestables : « Croyez qu’il n’est chez aucun peuple assez d’immoralité, dit-il, pour que la réputation de celui qui parle soit indifférente à ceux qui l’écoutent. » Lorsque plus tard, historien de la Révolution, il aura à parler de Mirabeau, dont il appréciait si bien la grandeur, combien il aura occasion de vérifier ce côté d’autorité morale si nécessaire, par où il a manqué ! […] C’est dans l’oisiveté et la petitesse que la vertu souffre, lorsqu’une prudence timide l’empêche de prendre l’essor et la fait ramper dans ses liens : mais le malheur même a ses charmes dans les grandes extrémités ; car cette opposition de la fortune élève un esprit courageux, et lui fait ramasser toutes ses forces, qu’il n’employait pas. […] Au reste, Mirabeau lui-même a donné hautement raison à l’excellent historien, lorsque, maudissant cette réputation d’immoralité qui s’attachait à ses pas, qui compromettait et corrompait à leur source ses meilleurs actes, il s’est écrié plus d’une fois, dans le sentiment de sa force : « Je paie bien cher les fautes de ma jeunesse… Pauvre France !
L’humble religieuse lui aurait pour toujours engravé dans l’âme ce Christianisme fécondant sans lequel il n’y a dans la vie intellectuelle ni consistance, ni force réelle, ni grandeur, ni même gravité, et il aurait plus tard retrouvé, à coup sûr, toutes ces puissances-là, à l’heure où se déclara son ardente vocation littéraire. […] Or, l’autorité ne vient jamais aux hommes que de deux manières : par la vérité des principes et la force des convictions. […] Il doit rester un esprit en soi, ayant sa force et ses principes, et toute une armature qui le constitue et qui le défende, et qui lui conserve, au milieu de toutes les impressions qu’il reçoit, une incommutable originalité !
Quelle qu’elle soit, il s’y abat de toute sa force, pénètre jusqu’au fond, y travaille à coups de définitions et de divisions, comme s’il s’agissait de percer un roc métaphysique. […] Les appétits, les instincts, les forces musculaires, les armes de l’animal sont établis et combinés de manière à ce qu’il veuille et puisse se nourrir. […] Présente dans toutes les actions, elle les règle toutes, multiplie et accroît les unes, diminue et subordonne les autres, produit la faiblesse et la force, les vertus et les vices, la puissance et la ruine, et explique tout, parce qu’elle fait tout.
Vous possédez le gouvernement de la cité, et cela est juste, car vous êtes la force. […] La Chambre des députés est là qui témoigne de ce singulier tour de force. […] Il n’exprime point la force par la grosseur des muscles, mais par la tension des nerfs. […] Diaz est coloriste, il est vrai ; mais élargissez le cadre d’un pied, et les forces lui manquent, parce qu’il ne connaît pas la nécessité d’une couleur générale. […] Cette pose est plutôt emphatique que respirant la force véritable, qui est son caractère.
et encore une fois, je vous le présente, ce « numéro », comme autrefois dans ce petit journal de combat, mort en pleine brèche, Lutèce, de tout mon cœur, de toute mon âme et de toutes mes forces. […] On a cru aussi devoir intercaler de gré ou de force un trop long poème : Le Forgeron, daté( !) […] Qui a bien pu changer l’amateur forcené des tours de force de M. […] Les détails, si importants, dans cet art enfantin et géant, à force d’être énormes paraissent gros tout simplement ou émoussent par la multiplicité, enfin le style général, empreint de la décoction, pour ainsi parler, des idées vulgaires empruntées, se banalise tout en restant encore assez noblement grandiloquent, mais, hélas ! […] N’importe, le romantisme, on le sent, va triompher et c’est le moment de se rendre compte de ses forces.
On n’avait pourtant rien encore écrit aujourd’hui de la force du feuilleton de Pyat.
Si on le lit aujourd’hui de sang froid, on y remarquera plutôt ce ton de chaleur & d’emportement qui naît de la prévention, que le caractere de cette véritable éloquence, qui réunit la vérité des faits à la force de l’expression.
Il s’attacha dans sa jeunesse à la Poésie, & fit beaucoup de vers latins, qui, quoi qu’en disent les Casaubon, les Scaliger, & autres Critiques de cette force, ne sont guere recommandables que par le libertinage qu’ils respirent.
Un don surnage pourtant, la force, qui ne manque jamais dans ce pays, et y donne un tour propre aux vertus comme aux vices. […] Nous comprenons par lui, comme par La Bruyère ou Nicole, la force de la prévention, l’entêtement du système, l’aveuglement de l’amour. […] Il va à elle, l’embrasse de force, et comme elle se détourne : « Ah ! […] Ni les forces n’ont manqué à cette société, ni le talent n’a manqué à cette littérature ; les hommes du monde ont été polis, et les écrivains ont été inventifs. […] Il cause encore, elle l’aime, et veut à toute force l’épouser.
Avec une extrême virtuosité, le poète entreprend et réussit de menus tours de force pleins d’agréments. […] On sent toujours l’homme qui se force. […] Un certain sens de la parodie et de la caricature force le rire. […] Leurs sujets sont très minces, leur technique dramatique sans nouveauté ni force. […] Ils sont sans force psychologique, ni force comique.
Ces jours-ci, pour la première fois, j’ai acheté un volume avec l’intention, et je crois, la force d’intention nécessaire pour le lire. […] Et l’un s’écrie : « Contre ces cochons, — il parle des communards, — j’aurai toujours avec moi la force de mes bras ! […] Sa force lui vient absolument de la conscience, que le peuple a d’avoir été incomplètement et incapablement défendu par le gouvernement de la Défense nationale. […] Je vois un de ces ignobles gardes nationaux, faisant d’office le métier d’agent de police, vouloir entraîner de force un homme qui n’est pas de son avis. […] J’en remarque un autre, que ses deux voisins soutiennent sous les bras, comme s’il n’avait pas la force de marcher.
Elle est pleine de force et d’éclat. On a souvent contesté la force à Lamartine, comme on le fait pour tous les poètes qui se respectent en préservant la dignité de l’expression. […] Par de récents exemples autant que par une tradition séculaire, notre pays était façonné à tous les coups de force et à tous les coups d’État : les Trente-et-un Mai préparent les Dix-Huit brumaire. […] En les quittant vous vous sentez plus de force contre les difficultés et les angoisses de la vie. […] Je conçois des séries futures ou inconnues de formes et d’êtres qui me dépasseront en force et en lumière, autant que je dépasse le premier né des anciens Océans.
) la méchanceté finit par paraître la meilleure affirmation de la force. […] Dans la pièce même, Alceste est aimé de tout le monde, comme tous ceux en qui l’on sent une force. […] Je force la porte d’une maison déserte. […] De nouveau, l’énergique Elisabeth réconcilie de force les deux beaux-frères. […] Il y a chez Leveau un peu de l’inconscience d’une force naturelle.
Force, souplesse, mesure, rien ne manque plus à ce conteur robuste et magistral. […] Les acclamations croissaient en nombre et en force. […] L’éducation en France a perdu de sa force et de sa fermeté. […] L’éducation, selon leur sentiment, était un corset de fer qu’on laçait prudemment, mais de force. […] Quand il ne force pas son talent, M.
La lettre de Bouchardy exigeait à toute force l’insertion, comme un appel de l’âme des compagnons morts. […] Nous arrivons à une époque décisive de la vie de l’artiste : déjà frappé du mal dont il est mort, il était allé demander des forces à l’air tiède du Midi. […] Si ses forces ne l’eussent pas trahi, il eût fait de la grande peinture avec le même succès, c’était son rêve. […] “C’est certain, dit Goethe, car l’imagination plus parfaite d’un artiste nous force à nous représenter les situations comme il se les est représentées à lui-même. […] et quand l’incessant labeur vous aura, sur le déclin de la vie, procuré quelque loisir, aura-t-on la force d’exécuter les conceptions de la jeunesse ?
Il faut, pour être assuré de toujours plaire, sur-tout dans le genre de l’apologue, s’attacher à des ressorts plus puissans, c’est-à-dire à cette chaleur vivifiante qui naît de la force du sentiment & que l’esprit ne sauroit jamais suppléer, à cette variété de tours & d’images qui réveille l’attention & écarte l’ennui, & sur-tout à ce choix d’expressions nobles & figurées qui distingue le vrai Poëte du froid Versificateur.
Son Eloge de la Fontaine offre un grand nombre d’observations littéraires & morales qui annoncent un esprit plein de goût & de sagacité, & est écrit avec cette noble simplicité qui n’exclut ni la force ni l’élégance, & qu’on rencontre si rarement dans les Ouvrages Académiques.
A force d’imprimer & de vendre des Vers, il prit du goût pour la Poésie, & devint un sectateur si opiniâtre des Muses, qu’il fit des Vers jusqu’à sa mort.
Hersan ne sont pas de la premiere force ; elles annoncent plus de goût dans l’expression, que de richesse dans l’invention ; malgré cela, on peut les mettre à côté de ce que plusieurs Modernes ont composé de mieux en ce genre.
Ses Amusemens philosophiques offrent une variété de sujets qui plairoit davantage, par les vûes excellentes qui y étincellent de temps en temps, pour peu que le style en fût plus naturel, & dégagé d’un entortillage que l’Auteur a peut-être pris pour de la force, mais qui n’est, dans le fond, qu’un effort pénible d’imagination, qui conduit à l’obscurité.
Il n’interdit pas moins rudement toute émulation et tout progrès social à sa démocratie : « Mais, si celui que la nature a destiné à être artisan ou mercenaire, enorgueilli de ses richesses, de son crédit, de sa force ou de quelque autre avantage semblable, entreprend de s’élever au rang des guerriers, ou le guerrier à celui des magistrats, sans en être digne ; s’ils faisaient échange et des instruments de leurs emplois et des avantages qui y sont attachés, ou si le même homme entreprenait d’exercer à la fois ces divers emplois, alors tu croiras sans doute avec moi qu’un tel changement, une telle confusion de rôles, serait la ruine de l’État ? […] Seulement, dans les services qu’on réclame, on a égard à la faiblesse des femelles et à la force des mâles. » Il veut que les femmes, jeunes et vieilles, soient exercées à la gymnastique, devant le peuple, dans la nudité des athlètes. […] Il fallait que la force centrale réprimât sans cesse les rébellions de la circonférence. […] XXXV La nécessité de la lutte contre les Romains devait prédisposer aussi la Gaule et la Germanie à l’unité monarchique, qui concentre les forces nationales défensives ; les chefs victorieux devaient logiquement devenir des rois. […] Elle saura bien changer son gouvernement comme un vêtement à sa taille, retirer à soi le pouvoir quand il lui paraîtra la conduire hors de sa voie ; redevenir république quand il lui faudra la force unanime et irrésistible du peuple pour opérer ces grands changements devant lesquels la monarchie, conservatrice de sa nature, faiblit ou recule ; reprendre la monarchie quand elle redoutera le radicalisme, qui compromet tout en exagérant tout ; le gouvernement représentatif quand il faudra délibérer et transiger ; la dictature quand il faudra pacifier ; le gouvernement militaire quand il faudra combattre.
Il poursuit la force jusque dans l’horrible et le dégoûtant. […] Elle ne comporte ni la bonté du cœur, ni la force de l’intelligence, mais elle indique certaines manières d’avoir, ou de n’avoir pas, du cœur ou de l’intelligence. […] Mais jusqu’à la fin du siècle, en somme, la force et la fougue seront sensibles sous la politesse. […] Malherbe lui reprochait de manquer de force : mais dans sa faiblesse laborieuse et châtiée, il a de forts, de triomphants réveils ; on a de lui des pièces qui valent le meilleur Malherbe. […] La raison en est facile à entendre : la vie pastorale, au sortir du xvie siècle, avait enchanté une génération fatiguée, qui aspirait au repos ; mais on eut bientôt assez du repos, quand les forces revinrent, avec elles la fièvre du mouvement et de l’action.
Au théâtre de la Bastille reconstituée, il a donné en 1888, 1889, 1890, force parades dans la manière de
Auguste Fourès Les qualités du jeune poète ont pris plus de netteté et de force dans Provensa !
A force de savoir, il embrouilla tout, & la grande connoissance de l’antiquité devint pour lui le principe des doutes les plus bizarres.
Il remporta cinq à six fois le prix de la Poésie à l’Académie Françoise, & ses Ouvrages couronnés ont encore la force de se soutenir dans l’estime des Connoisseurs.
Il a publié en 1775 des Etudes lyriques d'après Horace, que les jeunes Poëtes liront avec fruit : c'est une Traduction en Prose, & une imitation en Vers d'une trentaine d'Odes d'Horace, où la précision & la force du style se trouvent réunies à la fidélité.
On trouve dans ses Sermons des traits d'éloquence & de force, dont Bourdaloue se seroit fait honneur, & des morceaux de pathétique & de sentiment, que Massillon n'eût pas désavoués.
Leur caractere dominant est une onction pénétrante, qui dispose l'ame à profiter de la Morale évangélique : cette onction est toujours accompagnée d'élégance & quelquefois de force ; mais une éloquence douce & sensible en est le principal ressort.
Le temps des mêlées, des avantages de l’adresse et de la force de corps, et des grands tableaux de bataille est passé ; à moins qu’on ne fasse d’imagination, ou qu’on ne remonte aux siècles d’Alexandre et de Caesar.
Térence, plus poli, manque de force comique. […] Mais l’Art poétique fait mes délices, et la belle nature exprimée avec tant de fidélité, de force et de grâce, me distrait un peu et me console de celle d’ici… » Ainsi voyageait notre homme de goût. […] Si les Hottentots sont des hommes, et s’ils trouvent leur Vénus plus belle que la Vénus de Médicis, Uranie est tenue de s’élever à la hauteur de ce point de vue à force d’intelligence et de sympathie ; mais quelle épouvantable faculté de sympathie ne faut-il point pour arriver jusque-là ! […] Voilà ce que j’aurais la force de faire, et j’invite les Allemands qui lisent Molière ou qui en parlent, surtout ceux qui en parlent, à descendre à leur tour des régions crépusculaires de l’infini, pour entrer avec moi non dans un pays de plate prose, comme ils le disent sans politesse, mais dans un pays d’ordre et de lumière, aux perspectives bien ménagées, aux formes bien proportionnées, aux lignes nettes et douces, dans le pays du style et de l’esprit français. […] « Pour connaître l’homme, ce ne sont pas des remarques qu’il faut entasser, mais une force qu’il faut démêler ; ce ne sont pas des flots épars qu’on doit recueillir, mais une force qu’on doit atteindre. » Id., ibid.
On a de lui un Traité de l’existence de Dieu, préféré à celui de Fénélon pour la méthode, la force & la chaîne des raisonnemens.
Il est quelquefois, à la vérité, inférieur à son Original ; mais il a, en revanche, des morceaux où il le surpasse, en donnant de la force, de la grace, de la noblesse à certains détails minutieux, que le génie Anglois peut admettre, mais que celui de notre Nation eût rejetés.
« Plans simples, & presque toujours pris dans le cœur du sujet ; style facile, uni, coulant, assez concis, mais sans sécheresse, plus délicat que recherché, ne s’élevant qu’avec les choses qu’il traite, en n’ empruntant jamais sa force que de l’énergie même des objets ; & coloris, en général, aussi doux qu’égal : voilà, dit M. de Querlon, l’idée que nous donnerions de son genre. » Nous adoptons cette idée avec d’autant plus de confiance, qu’elle est conforme à la vérité, & que le Journaliste a prononcé ce jugement après la mort de l’Auteur.
Charles Asselineau Fontaney est de ces écrivains peu connus dont l’étude prouve la supériorité et la force de la génération à laquelle ils ont appartenu.
Baron n’avoit ni la force comique de l’un, ni l’élégance de l’autre ; malgré cela, la Coquette, l’Homme à bonne fortune, & l’Andrienne, sont restés au Théatre, où le Public n’est pas fâché de les voir reparoître de temps en temps ; avantage que n’ont pas eu bien des Poëtes comiques qui l’ont précédé, & que n’auront certainement pas la plupart de ses successeurs.
Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer, au sujet de ce dernier, qu’à force d’avoir cherché à l’enrichir, on l’a tellement surchargé d’exemples & augmenté de volumes, qu’on en a rendu l’usage aussi difficile que l’acquisition couteuse.
Telles sont les ressources des Faiseurs de Drames ; ils veulent à toute force émouvoir, sans se douter que leurs tableaux ne sont capables que de révolter contre le sujet & contre le Peintre.
On préféroit alors la force des raisons aux graces du style.
Ce que je désirerais, c’est qu’on introduisît un bas-relief d’une grande force dans une composition historique, et qu’on s’imposât ainsi la nécessité d’achever l’ouvrage avec la même vérité et le même effet.
Cette mobilité prouve combien nous sommes peu convaincus de notre valeur, de notre force, de notre avenir. […] Ils ont foi en eux-mêmes, et avec une telle force, on vit vieux, plein de santé, et à cinquante ans on a les cheveux noirs. […] On imprima force injures à propos de ses œuvres comme à propos de l’Enterrement. […] Ceux-là du moins se faisaient pardonner leur laideur à force d’expression, quelquefois même de beauté morale. […] avec une telle force que… Jusque-là, quoi qu’en dise M.
Si l’un des deux autres masques ouvre la bouche, ce ne peut, ce ne doit être que pour un dégueulis de ces lourds morceaux que dans les lycées, les facultés, il faut avaler, de gré ou de force. […] Mais oui, le père était arrivé à la force du poignet. […] Quant à ceux qui ne portent de haillons que moraux, les Madeleines et Madeleins repentis, une fois leurs forces usées, la confession (la bourgeoisie n’en fait-elle point ses délices ?) […] Si la nuit l’abolissait, formes et couleurs, toutes les forces de l’obscurité ne pouvaient rien contre ses yeux qui brillaient, non en veilleuses, mais en menaceuses. […] De toute sa force, de la seule force de ses sentiments et de ses muscles, le héros du Chien andalou traîne ce fardeau pathétique et vengeur, à travers un appartement, on ne peut plus quotidien.
L’éclat, la force, l’ordre et la grandeur matérielle substituèrent leur ascendant à celui des idées morales qui semblaient à bout, ayant passé par toutes les phases de fanatisme et de sophisme. […] Mais ce que je veux noter, ce qui me semble fâcheux et répréhensible, c’est qu’en passant à la région de pensée et de poésie, l’idée obsédante du grand homme a substitué presque généralement la force à l’idée morale comme ingrédient d’admiration dans les jugements, comme signe du beau dans les œuvres. […] Il y a éloquence, poésie surabondante, comme il y a eu prodiges de valeur et coups d’éclat ; mais c’est la force encore qui tient le dé et qui gradue les jugements. […] Le cœur se serre quand on voit que dans ce progrès de toute chose la force morale n’a pas augmenté.
La maturité de ces écrivains répond ou au commencement ou aux plus belles années du règne auquel on les rapporte, mais elle se produisait en vertu d’une force et d’une nourriture antérieures. […] L’on mange ailleurs des fruits précoces : l’on force la terre et les saisons pour fournir à sa délicatesse. […] Était-ce le vieux Boyer151 ou quelque autre de même force ? […] Lamartine ne fera que traduire poétiquement le mot de La Bruyère, quand il s’écriera : Objets inanimés, avez-vous donc une âme Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?