/ 1776
43. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

J’étudierai séparément les impuissants parqués dans la critique et les écrivains qui font aussi de la critique : les juges et les jurés. […] Je n’étudierai aucun gendre aujourd’hui. […] Prenez une loupe pour étudier le charme de Theuriet, car « ce charme soutenu est parfois un charme ténu ». […] Louis Arnould et elle étudie le poète Racan. […] Il n’a pas eu le courage de refaire sa rhétorique sur la place Maub et s’est contenté d’étudier Lucien Descaves.

44. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Des idées essentielles qu’il étudie au début, le moraliste passe aux idées secondaires de famille, de patrie, de responsabilité, de charité, de justice ; mais c’est toujours à des idées que s’applique sa réflexion. […] Entreprend-il, par exemple, d’étudier ce qu’il appelle la production ? […] C’est donc qu’il n’a pas reconnu leur existence en observant de quelles conditions dépendait la chose qu’il étudie ; car alors il eût commencé par exposer les expériences d’où il a tiré cette conclusion. […] Ce n’est pas la sensation qu’ils étudient, mais une certaine idée de la sensation. […] Quiconque entreprend d’étudier la morale du dehors et comme une réalité extérieure, paraît à ces délicats dénué de sens moral, comme le vivisectionniste semble au vulgaire dénué de la sensibilité commune.

45. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Taine étudie Balzac, a-t-on dit, il fait exactement ce que Balzac fait lui-même lorsqu’il étudie, par exemple, le père Grandet. […] Taine n’a pas assez vu qu’une œuvre n’est point caractérisée par les traits qui lui sont communs avec les autres productions de la même époque et par les idées alors courantes, mais aussi et surtout par ce qui l’en distingue ; cette école n’étudie pas assez la personnalité des œuvres, leur ordonnance intérieure et leur vie propre. […] Faire la critique de ces passages caractéristiques, c’est évidemment être encore de compagnie avec le génie qu’il s’agit de comprendre, c’est employer la méthode des physiologistes modernes qui étudient les fonctions organiques dans leurs perturbations afin de les mieux reconstituer à l’état normal.

46. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Du Fresnoy, dont nous avons un poëme sur la peinture, qui a mérité d’être traduit et commenté par M. de Piles, et dont nous avons aussi des tableaux au-dessus du médiocre, avoit étudié pour être medecin. […] Dénué de guide et de maître, il avoit fait déja des progrès surprenans dans la géometrie, sans qu’il eut songé à étudier une science. […] Il se cachoit pour étudier les mathematiques ; et c’est ce qui lui avoit fait prendre pour devise un phaëton avec ces mots : invito patre sidera verso.

47. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Pélissier ; ce n’était l’avis ni de Chateaubriand, ni de Mme de Staël, ni de Chénier, qui non seulement croyaient qu’on peut demander des leçons aux grands écrivains, mais conseillaient même d’étudier leurs manuscrits. « Je conseillerais, dit Chateaubriand, l’étude des manuscrits originaux des auteurs du grand siècle. […] Les « grands exemples » de labeur qu’il nous cite, nous les avons précisément exposés, détaillés et étudiés dans notre dernier livre, dont il se moque et qu’il n’a pas lu. […] Flaubert étudiait toujours le style et relisait constamment Chateaubriand.

48. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Après avoir exposé les critiques de Wagner sur la mimique moderne, il nous faut maintenant étudier la mimique telle qu’elle se pratique à Bayreuth. […] Une fois les acteurs soumis à sa pensée, Wagner étudie les réformes à introduire dans leur mimique. […] Après avoir vu la mimique dans son ensemble, nous allons l’étudier dans le détail, en la suivant dans ses progrès chez deux personnages : Kundry et Parsifal. […] Le rôle de Parsifal est encore plus intéressant à étudier au point de vue de la mimique, que celui de Kundry ; car ici le personnage est plus réel et plus humain. […] Notre étude ne serait pas inutile si elle pouvait persuader à nos acteurs français de faire le voyage de Bayreuth, pour étudier cette mimique incomparable.

49. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Cela se conçoit d’ailleurs puisque chaque science se distingue par la nature de ses problèmes et par la diversité des phénomènes qu’elle étudie. […] En effet, l’un et l’autre se proposent pour but commun de remonter à la cause prochaine des phénomènes qu’ils étudient. […] Or, je trouve que les médecins font déjà trop d’expériences dangereuses sur les hommes avant de les avoir étudiées soigneusement sur les animaux. […] En un mot, pour savoir quelque chose des fonctions de la vie, il faut les étudier sur le vivant. […] J’étudiai alors l’action de l’oxyde de carbone sur le sang par l’empoisonnement artificiel.

50. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Nous avons tourné tout autour de la littérature pour étudier ses rapports avec les autres branches de la civilisation. […] Parfois aussi quelque maître brillant et pétrisseur d’âmes, comme un Abélard ou un Michelet, mérite d’être étudié isolément, parce qu’il a été capable de faire, non seulement des élèves, mais des disciples. […] N’est-ce pas un Jésuite qui a poussé ce cri d’alarme : « L’histoire est la perte de celui qui l’étudié. » Les belles-lettres sont moins dangereuses : mais encore sied-il de les aborder avec précaution. […] Et l’on comprendra qu’il est nécessaire de savoir, non seulement ce qu’on étudiait, mais comment on étudiait chaque chose à toute époque. […] Les Enfants Sans-Souci, les Confrères de la Passion ne peuvent être passés sous silence par quiconque étudie les mystères ou les moralités d’antan.

51. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Livet, qui s’est attaché dès son début à étudier, à remettre en lumière et en honneur la littérature et la poésie du règne de Louis XIII, cette poésie que ne continue guère Malherbe et que balaiera Boileau. […] Livet l’occasion de s’étendre sur son poète favori et celui qu’il a le plus particulièrement étudié. […] Il n’étudia point, ne sut point le latin, mais apprit les langues vivantes par l’usage et par les livres à la mode. […] Le poète, tout en se vantant presque de n’avoir point étudié et de ne savoir, comme Homère, que la langue de sa nourrice, sait pourtant bien des choses ; il connaît, bon gré, mal gré, la fable, Pan et les demi-dieux, le déluge de Deucalion, Philomèle. […] La vraie critique, telle que je me la définis, consiste plus que jamais à étudier chaque être, c’est-à-dire chaque auteur, chaque talent, selon les conditions de sa nature, à en faire une vive et fidèle description, à charge toutefois de le classer ensuite et de le mettre à sa place dans l’ordre de l’art.

52. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre I. Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. » pp. 2-4

A la tête du premier volume, est un précis de la Méthode pour étudier l’Histoire. […] Quand on aura pris une teinture de Chronologie, il faut avoir une idée de la maniere d’étudier & d’écrire l’Histoire.

53. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

La mère de Goethe habitait Francfort ; Bettina se lia avec elle, et se mit à aimer, à étudier et à deviner le fils dans la personne de cette mère si remarquable, et si digne de celui qu’elle avait mis au monde. […] En lisant ces lettres de Bettina, on fait comme elle, on se surprend à étudier Goethe dans sa mère, et on l’y retrouve plus grand, plus simple du moins et plus naturel, avant l’étiquette, et dans la haute sincérité de sa race. […] Grand naturaliste et poète, il étudie chaque objet et le voit à la fois dans la réalité et dans l’idéal ; il l’étudie en tant qu’individu, et il l’élève, il le place à son rang dans l’ordre général de la nature ; et cependant il en respire le parfum de poésie que toute chose recèle en soi. […] Paraissait-il un poète nouveau, un talent marqué d’originalité, un Byron, un Manzoni, Goethe l’étudiait aussitôt avec un intérêt extrême et sans y apporter aucun sentiment personnel étranger ; il avait l’amour du génie. […] Ici encore Goethe garde bien son caractère de curieux qui étudie et qui cherche à s’expliquer naturellement les êtres et les choses.

54. (1886) Le naturalisme

Il étudia et pratiqua toutes les sciences et toutes les langues. […] Chateaubriand, au moins, s’étudiait lui-même et étudiait la société dans laquelle il vécut. […] Ils ont prouvé aussi qu’ils sont de grands observateurs qui savent étudier les caractères. […] Il obéit à sa muse qui lui ordonne d’étudier, de comprendre et d’exposer la réalité qui nous environne. […] Puis oubliant ses idées philosophiques, étudions ses procédés artistiques et sa rhétorique spéciale.

55. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

On étudiait le latin : mais dans Cicéron et dans Tacite, dans Virgile et Lucrèce, on ne cherchait qu’une rhétorique, ou une philosophie. […] Il étudiait infatigablement les débris de l’art antique, les procédés, les matériaux, la signification, l’usage, etc. : toutes ces études partielles tendaient à restaurer dans les esprits une représentation plus fidèle de la vie antique. […] Le moyen âge ne l’a jamais préoccupé ; il a été indifférent même au xvie siècle : le maître où il allait étudier, c’était Malherbe ; ses modèles, c’étaient les Latins et les Grecs. […] Il avait un avantage sur tous ceux qui étudiaient ou imitaient l’antiquité : il était né à Constantinople, et par sa mère, une Santi l’Homaca, il était demi-Grec.

56. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Et d’abord, elle s’est généralement bornée à étudier l’esprit humain dans son complet développement et tel qu’il est de nos jours. […] Car il est plus facile d’étudier les natures diverses dans leurs crises que dans leur état normal. […] Le physicien n’étudie pas le galvanisme dans les faibles quantités que présente la nature ; mais il le multiplie par l’expérimentation, afin de l’étudier avec plus de facilité, bien sûr d’ailleurs que les lois étudiées dans cet état exagéré sont identiques à celles de l’état naturel. […] Certes, ceux qui s’imaginent que l’on étudie la littérature turque au même titre que la littérature allemande, pour y trouver à admirer, ont bien raison de sourire de ceux qui y consacrent leurs veilles ou de les regarder comme de faibles esprits, incapables d’autre chose. […] La belle et grande critique, au contraire, ne craint pas d’arracher la fleur pour étudier ses racines, compter ses étamines, analyser ses tissus.

57. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Et tout en gardant sa pleine liberté de critique, quiconque étudiera consciencieusement et sans préjugés les œuvres de Wagner sera forcé d’admettre ce fait. […]   Aujourd’hui j’ai étudié trop consciencieusement la Valkyrie de M.  […] Presque aucun de ces auteurs ne se donne la peine d’étudier sérieusement tous les écrits de Wagner, de connaître sa vie, d’étudier patiemment ses partitions, d’entendre souvent les meilleures exécutions, avant de communiquer au monde ce qu’était Wagner et ce qu’ils en pensent66. […] Toute la scène serait à étudier, dans les moindres attitudes et dans les moindres mots des acteurs, depuis la fureur de Klingsor jusqu’à la tumultueuse déroute des chevaliers. […] Il est intéressant de l’étudier aux dernières pages du rôle d’Amfortas.

58. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Bérenger, que je voudrais étudier l’œuvre si curieuse de cet écrivain subtil. […] Ces idées, et la manière dont il les développe, le rapprochent surtout des poètes anglais qu’il a si subtilement étudiés. […] En attendant que son heure soit venue, il étudie à fond toutes les connaissances humaines, et surtout celles qui peuvent être utiles au gouvernement des hommes. […] Ils étudient, ils amassent des ébauches, ils attendent. […] Tandis qu’en effet, on peut isoler un vers classique régulier de 12, de 10, de 9, de 8, de 7 syllabes et l’étudier en lui-même, on ne peut pas raisonnablement concevoir qu’on étudie en lui-même, un vers libre.

59. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

Voilà ce qui arrive tous les jours sur les théatres modernes, où des comediens dont quelques-uns n’ont jamais étudié même leur métier, composent à leur fantaisie la déclamation d’un rolle dont souvent ils n’entendent pas plusieurs vers. […] Cette declamation arbitraire auroit mis souvent Roscius hors de mesure. à plus forte raison doit-elle déconcerter quelques-uns de nos comediens qui ne s’étant gueres avisez d’étudier la diversité, les intervalles, et s’il est permis de s’expliquer ainsi, la simpathie des tons, ne sçavent par où sortir de l’embarras où le défaut de concert les jette très-souvent. […] Il semble que les regles qu’on a étudiées alors deviennent en nous une portion de la lumiere naturelle.

60. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

C’est qu’en effet, avec cette manière d’étudier l’homme, il ne s’agit plus de rechercher des causes, mais simplement de constater des rapports et de déterminer des lois. […] La méthode consiste à étudier l’homme dans la succession des phénomènes de la vie morale et à en dégager les lois, abstraction faite des causes, dont cette école n’entend s’occuper en aucune façon. […] N’oublions pas qu’il y a plusieurs manières d’étudier l’homme, et que chacune de ces méthodes est bonne, à condition de ne point poursuivre des problèmes qui ne sont pas de sa compétence. […] Il est vrai qu’ils n’étudient plus l’homme dans la statistique des faits et dans l’histoire des races ; mais, en l’observant dans la succession des faits de la vie individuelle, c’est toujours du dehors et non du dedans qu’ils contemplent l’homme. […] Les causes, qui restent inaccessibles à la science dans l’ordre des choses physiques, tombent au contraire sous l’œil de la conscience et peuvent être étudiées et soumises à l’analyse par la réflexion s’emparant des données du sentiment.

61. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Il s’était attaché d’abord à étudier les écrivains français que la Réformation a produits au xvie  siècle, et qui relevaient plus ou moins de Genève ; mais aujourd’hui il sort de ce point de vue qui avait son uniformité un peu triste et sa particularité trop exclusive : son coup d’œil se porte avec plus de liberté et d’étendue sur tout ce qui a parlé ou écrit en français avec quelque distinction en dehors de la France. […] Il y étudia en philosophie chez les Jésuites au collège de Clermont, et y entendit aussi les leçons qui se donnaient en Sorbonne. De là, cet agréable adolescent, dit un de ses biographes qui l’a peint avec complaisance dans cette première beauté de sa jeunesse, retourna en Savoie et fut envoyé en Italie pour y étudier le droit à Padoue, toujours sous la conduite du même précepteur. […] Et à nous-même profane, mais qui tâchons d’étudier notre sujet en plus d’un sens, cela semble ainsi. […] Pendant que je suis en train de l’étudier et de chercher encore moins à le juger qu’à le définir, je rencontre, au chapitre des « Jugements téméraires », cette remarque qui s’applique à nous autres critiques moralistes, et qui est faite pour nous modérer dans nos conjectures.

62. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

En deux mots, l’explication de textes de nos classes est à la lecture du cabinet exactement ce que, pour le piano, étudier est à déchiffrer. […] Dans une étude récente sur la Vie morale selon les Essais de Montaigne (Revue des Deux Mondes, 1er-15 février 1924), j’ai essayé de distinguer nettement la pensée de Montaigne, telle qu’elle peut apparaître quand on l’étudie historiquement selon les règles d’une exacte critique, et l’interprétation qu’une conscience d’aujourd’hui, se plaçant dans une attitude analogue à celle de Montaigne, mais développant sans embarras ou dépassant selon les besoins et selon les lumières du temps présent les indications des Essais, pourrait en tirer pour l’usage présent de la vie. […] D’ailleurs, faut-il savoir l’espagnol pour être en état d’étudier le Cid ? ou l’italien, ou l’anglais, ou l’allemand, pour être en état d’étudier tel ou tel autre ouvrage français ?

63. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Même quand on conçoit la relativité dans le second sens, on la voit encore un peu dans le premier ; car on a beau dire que seul existe le mouvement réciproque de S et S′ par rapport l’un à l’autre, on n’étudie pas cette réciprocité sans adopter l’un des deux termes, S ou S′, comme « système de référence » : or, dès qu’un système a été ainsi immobilisé, il devient provisoirement un point de repère absolu, un succédané de l’éther. […] Le mouvement qu’elle étudie est donc toujours relatif et ne peut consister que dans une réciprocité de déplacement. […] Cette introduction n’était que cette élimination même ; elle exprimait la nécessité où se trouve l’intelligence humaine d’étudier la réalité partie par partie, impuissante qu’elle est à former tout d’un coup une conception à la fois synthétique et analytique de l’ensemble. […] Nous ajoutions que pour la physique, dont le rôle est d’étudier les relations entre données visuelles dans l’espace homogène, tout mouvement devait être relatif.

64. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre III. Les questions que l’historien doit se poser. » pp. 16-17

Le problème qui se pose à lui se ramène ainsi à trois questions : 1° Quels sont, à un moment donné, les caractères de la littérature qu’il étudie ? […] Le géographe qui l’étudié sait bien que c’est toujours le même fleuve ; mais il est forcé, pour le bien connaître, de diviser sa longue étendue en différentes parties qu’il considère tour à tour.

65. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

S’il veut chanter en même temps qu’il étudie, son chant devient vulgaire et descend peu à peu jusqu’à la prose. […] Ce que la tragédie et la comédie étudient séparément, la passion et le ridicule, le drame l’embrasse d’un seul regard. […] Nous pouvons donc sans injustice étudier la tragédie dans Sophocle et le drame dans Shakespeare. […] N’est-ce pas dans la discussion qu’il a entrevu pour la première fois la nécessité d’étudier l’armée ennemie avant de l’attaquer ? […] Ceux qui doutent de la vérité de mes paroles, de la fidélité de mon récit, n’ont jamais étudié les développements de l’orgueil poétique.

66. (1881) Le roman expérimental

Tout mon rôle de critique est donc d’étudier d’où nous venons et où nous en sommes. […] En un mot, la formule classique me paraît bonne, à la condition qu’on y emploiera la méthode scientifique pour étudier la société actuelle, comme la chimie étudie les corps et leurs propriétés. […] J’étudierai plus loin dans quelles conditions l’État vient aujourd’hui au secours des lettres. […] Taine étudie Balzac, il fait exactement ce que Balzac fait lui-même, lorsqu’il étudie par exemple le père Grandet. […] Tout est à étudier, voilà la vérité.

67. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

La théologie de Calvin repoussant le lourd appareil de la scolastique prend, pour la première fois181, une base d’argumentation dans la nature, dans les faits, dans l’expérience enfin : elle étudie l’homme, elle lui applique le dogme, elle tire de son état, de ses besoins la démonstration de la religion, qui rend compte de cet état, et répond à ces besoins. […] Il étudia la théologie, puis le droit à Orléans avec Pierre de l’Etoile, à Bourges avec Alciat, le grec à Bourges aussi avec Wolmar. […] En 1535, après les premières rigueurs, il va à Bâle, où il étudie l’hébreu avec N.

68. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Or, sans établir ici de comparaisons qui exigeraient des restrictions et des développements, le beau dans Shakespeare est tout aussi classique (si classique signifie digne d’être étudié) que le beau dans Racine ; et le faux dans Voltaire est tout aussi romantique (si romantique veut dire mauvais) que le faux dans Calderon. […] Ils auraient pu sans doute se borner à étudier les formes pures des divinités grecques, sans leur emprunter leurs attributs païens. […] On a rassemblé ci-dessus quelques exemples pareils entre eux de ce faux goût, empruntés à la fois aux écrivains les plus opposés, à ceux que les scholastiques appellent classiques et à ceux qu’ils qualifient de romantiques ; on espère par là faire voir que si Calderon a pu pécher par excès d’ignorance, Boileau a pu faillir aussi par excès de science ; et que si, lorsqu’on étudie les écrits de ce dernier, on doit suivre religieusement les règles imposées au langage par le critique, il faut en même temps se garder scrupuleusement d’adopter les fausses couleurs employées quelquefois par le poëte.

69. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Si l’on étudie attentivement ces trois classes de spectateurs, voici ce qu’on remarque : la foule est tellement amoureuse de l’action, qu’au besoin elle fait bon marché des caractères et des passions13. […] C’est l’impression particulière que pourrait laisser ce drame, s’il valait la peine d’être étudié, à l’esprit grave et consciencieux qui l’examinerait, par exemple, du point de vue de la philosophie de l’histoire. […] Les œuvres vénérables des maîtres ont même cela de remarquable qu’elles offrent plus de faces à étudier que les autres.

70. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Historien qui n’est pas au-dessus de l’Histoire, mais de niveau avec elle, il a l’expérience qu’on gagne à l’étudier ou à l’écrire, et cette expérience lui donne le calme insouciant qu’il faut avoir devant les fautes des hommes et leurs Institutions imparfaites. […] Il s’était toujours, dit Prescott, étudié à leur plaire (aux femmes), même quand il n’avait pas besoin pour cela de coquetterie, — comme en Angleterre, lors de son mariage avec Marie, qui était folle de lui-même avant de l’avoir vu, — galant, mais hautain, et, malgré sa galanterie, peu d’humeur à jouer le rôle de mari de la Reine, fait, plus tard, pour des Cobourg ! […] Incontestablement, l’Histoire de Philippe II ne pouvait pas être faite par un Américain qui n’a pas étudié le Catholicisme, et qui le regarde comme une mythologie tombée.

71. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

Des livres nombreux, des congrès annuels étudient la question sous toutes ses faces, des hommes éminents de tous pays, de l’ancien et du nouveau monde, s’y sont consacrés, et il est fort probable que des résultats importants ne tarderont pas à éclore. […] Ce sera celle d’étudier et d’élucider les questions de droit international dont les événements actuels rendront la solution nécessaire. […] De nombreuses conventions étaient établies depuis 1857 entre les divers États des deux Amériques pour stipuler d’avance le règlement pacifique des conflits ; en octobre 1889, dix-huit États envoyèrent leurs représentants à Washington étudier un plan d’arbitrage définitif.

72. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Béranger ne l’ignore pas, et j’oserais parier qu’il a étudié mainte et mainte fois le secret de cette négligence. Il a étudié les procédés du bonhomme comme les botanistes étudient les organes d’une plante avant de la classer ; il a interrogé tous les ressorts mis en usage par l’écrivais naïf, pour être naïf à son tour, sans rien abandonner au hasard. […] Je ne doute pas que Béranger n’ait étudié longtemps la prose de Voltaire. […] Avant de se décider pour la chanson, il a étudié à peu près tous les genres, depuis l’idylle jusqu’à l’épopée. […] N’eût-il pas été plus sage d’étudier la vérité, au lieu de la travestir ?

73. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Politiquement il semble que tout ait été dit sur lui, et que le pour et le contre soient épuisés : ce côté politique me tente peu ; mais il est une manière d’étudier M.  […] Necker, elle n’a plus de regret ; elle le voit souvent à Paris et à Saint-Ouen ; à première vue, elle le préfère à tous les encyclopédistes, économistes et autres ; elle l’étudie et cherche à se rendre compte par degrés de son originalité, de son genre et de sa mesure d’agrément : Ce M.  […] Pour bien connaître les hommes, pensait-il, il faut avoir traversé trois états de la vie absolument différents : « l’état d’infériorité qui vous donne le besoin de plaire aux autres, le besoin de les étudier ; l’état d’égal à égal, qui vous appelle à les connaître dans toute la liberté de leurs passions ; l’état de supériorité qui vous donne l’occasion de les observer dans leur marche circonspecte, dans leurs tâtonnements et dans leurs manèges ». […] Quoique le moi soit un sujet de conversation interdit, il pensait pourtant que « c’est le seul que la plupart des hommes aient bien étudié, le seul où ils aient fait des découvertes » ; et il disait comme Montaigne, avec quelque variante : Laissez-les vous confier l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes, et ils vous amuseront plus qu’en répétant, après tant d’autres, les lieux communs de la vie. — C’est de leur chose, pensait-il encore, de leurs intérêts, de leur vanité régnante qu’il faut les entretenir, si l’on veut voir leurs traits s’animer, leur voix s’accentuer, leurs bras se débattre, si l’on veut faire aller le pantin et jouir de ses mouvements. […] On fait aussi un accueil particulier, mais de simple prévenance, aux personnes d’une existence incertaine dans le monde, et qu’on veut rassurer ; mais, si elles s’y méprennent, une interrogation d’un ton détaché, et se terminant en accent aigu, les avertit qu’elles ont pris trop tôt de la confiance… La manière d’entrer dans un salon, et cette façon dont chacun séparément s’étudie à prendre le rang et l’attitude qu’il croit lui convenir, ne sont pas rendus par M. 

74. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Ce ne sont pas des faits comme ceux qu’étudie l’historien par exemple. […] Voilà donc un phénomène qui semblerait, en raison de sa nature, devoir être étudié à la manière du fait physique, chimique, ou biologique. […] vous étudiez les documents, vous les critiquez, vous écrivez une page d’histoire. […] Mais si les faits, étudiés indépendamment de tout système, nous amènent au contraire à considérer la vie mentale comme beaucoup plus vaste que la vie cérébrale, la survivance devient si probable que l’obligation de la prouve incombera à celui qui la nie, bien plutôt qu’à celui qui l’affirme ; car, ainsi que je le disais ailleurs, « l’unique raison de croire à l’anéantissement de la conscience après la mort est qu’on voit le corps se désorganiser, et cette raison n’a plus de valeur si l’indépendance de la presque totalité de la conscience à l’égard du corps est, elle aussi, un fait que l’on constate ». […] Étrangère à toute idée mécanistique, la science eût alors retenu avec empressement, au lieu de les écarter a priori, des phénomènes comme ceux que vous étudiez : peut-être la « recherche psychique » eût-elle figuré parmi ses principales préoccupations.

75. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Comment l’écrivain que nous étudions reproduit-il la ligne, le contour ? […] Le simple examen du nouveau tableau qu’on forme ainsi permet de constater si les idées de l’écrivain qu’on étudie étaient rares ou nombreuses, claires ou obscures, indécises ou arrêtées ; si elles ont changé au cours de sa carrière s’il y a des matières auxquelles il songeait peu ; si au contraire il a été obsédé par la préoccupation de tel ou tel problème. […] Je veux dire que tel écrivain aimera à considérer le détail, à étudier les infiniment petits, à décrire avec un soin minutieux un coin de nature ou une particularité de caractère, à débattre une question microscopique, à couper, suivant l’expression consacrée, un cheveu en quatre ; que tel autre, au contraire, se plaira aux grandes généralisations hâtives, aux considérations philosophiques hasardeuses, aux vastes systèmes embrassant l’univers ; qu’un troisième, réunissant les qualités de l’un et de l’autre, essaiera de concilier l’exactitude et la précision dans les moindres choses avec les vues d’ensemble suggérées par l’étude des faits particuliers. […] Là encore il faut retourner l’œuvre de mille manières pour la considérer sous toutes ses faces ; et, pour résumer le travail qu’il sied d’accomplir, disons que l’analyse doit porter sur la nature, la variété, la complexité, la vraisemblance, l’intensité des aspirations ou des visions idéales de l’œuvre qu’on étudie.

76. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

J’étudierais Remy de Gourmont idéaliste, puis — comme par la clarté cette intelligence est allée à la « noblesse dédaigneuse » — je dresserais Remy de Gourmont stoïcien. […] Il étudie uniquement les pauvres petits faits recueillis par la sociologie « scientifique », par la psychologie « scientifique », par l’esthétique et la morale « scientifiques ». […] Chaque fois, il rappelle l’étourdi à sa petite tâche précise et lui répète, inflexible : « La méthode constante des sciences est de comparer des faits et des séries de faits l’une avec l’autre, afin de dégager la loi de leurs variations simultanées ou successives, aussi souvent qu’il est possible de le faire avec quelque sûreté. » Ainsi il étudie la philosophie, poème des poèmes, avec un vil esprit scientifique, dans la préoccupation utilitaire de la solidité précise des découvertes et non pour la joie de voir l’esprit marcher d’une allure noble. […] Il est puni justement de philosopher en industriel qui touche à la science divine avec des mains lourdes et avides, propres seulement aux grossiers labeurs terrestres : les entreprises qu’il étudie aboutissent toutes à l’inévitable faillite.

77. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

A mesure qu’on monte, on lit les meilleurs auteurs, on compose, on apprend les éléments de la versification latine, on fait de la prose et des vers dans cette langue, tant bien que mal ; on étudie le grec. […] On étudie aussi un peu sa langue maternelle ; et enfin, dans les hautes classes, après avoir exercé la rhétorique et tous ses tours de passe-passe, on prend une teinture de philosophie, avec laquelle on se met en chemin pour l’université. […] J’oubliais encore de dire que dans ces écoles on étudie aussi les éléments de l’histoire, de la géographie ; on prend une teinture du blason, des généalogies des maisons souveraines, enfin de tout ce qui est nécessaire à un homme qui veut servir sa patrie avec quelque distinction8. […] C’est-à-dire que le grand nombre des nations savantes et policées obligea les hommes éclairés de chaque nation d’étudier une multitude si prodigieuse de langues nécessaires à la circulation des connaissances acquises, que leur tête en péta.

78. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Royer-Collard le tira bientôt du sensualisme ; il connut M. de Biran, étudia les Écossais, lut Kant. […] Il n’a guère étudié que la philosophie pratique, qui est la morale. […] Nous parlerons éloquemment de la certitude, on ira l’étudier dans le livre de M.  […] Il ne s’agit pas, pour nous, d’étudier sa nature ou de démontrer son existence, comme un physicien examine la nature et démontre l’existence de l’éther ; il s’agit de trouver en lui un gardien de la morale.

79. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

Mais ayant voulu étudier plus à fond la philosophie et les ouvrages d’Abélard, il a laissé son drame de côté et l’a condamné à l’oubli. […] Ces deux cent cinquante pages qui composent la vie d’Abélard suffisent pour classer le livre de M. de Rémusat, quand même le reste serait aussi difficile à étudier qu’un traité de géométrie ou d’algèbre, et que la scolastique elle-même.

80. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Gérard de Nerval »

… Mais que dirait-on si on montrait que dans ce livre, intitulé les Illuminés, il n’y a pas plus d’illuminés que d’illuminisme, et qu’excepté le récit d’une véritable parade chez Cagliostro et quelques mots sans aperçu et sans critique sur des hommes qu’il aurait fallu étudier il n’y a dans le titre du livre de Gérard de Nerval, rien de plus qu’une spéculation sur la curiosité publique, en ce moment fort excitée par tout ce qui pourrait amener un changement dans la philosophie d’un siècle dépassé en métaphysique par ceux même qui auraient dû le diriger ? […] Nous nous étions laissé dire que Gérard de Nerval étudiait avec amour les sciences occultes et reprenait, pour savoir ce qu’elles contiennent encore, ces vieilles méthodes du Moyen Âge que Bacon et Descartes ont écrasées sous leur mépris de novateurs.

81. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

… Est-ce un roman, construit avec des faits récemment découverts en Allemagne et en Angleterre, et avec des caractères curieux à étudier et retrouvés, comme on retrouve des cadavres, dans les oubliettes de l’Histoire ? […] Les plus beaux types (et nous prenons ici ce mot dans le sens criminel et tragique), les plus beaux types de la Poésie et de la Réalité, n’offrent rien, selon nous, de plus complet et de plus effrayant à ceux qui étudient la force d’impulsion des passions que cette Élisabeth de Platen, dont on n’aurait rien dit encore quand on l’appellerait la lady Macbeth de l’amour ! […] On a retrouvé les faits matériels de la chronique de Kœnigsmark, le Disparu de l’Histoire sans laisser derrière lui, quelque part, comme le dernier des Ravenswood, la plume noire de sa toque, pour dire : « C’est là qu’il a passé et qu’il fut englouti. » Mais les causes de ces faits, étudiées à leur sinistre clarté, dans ces âmes d’une énergie presque fabuleuse en ces temps où, pour le bien comme pour le mal, l’âme humaine se ramollissait, pouvons-nous dire que nous les ayons ?

82. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Étudier la Bohême sur cet homme, ses livres et ses procédés, c’est donc étudier la maladie sur le plus puissant organisme qu’elle ait ruiné en quelques jours. Que nous servirait de l’étudier sur quelque impuissant ou quelque noué ?

83. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Cependant ils méritent d’être étudiés, et le troisième surtout, le Triomphe de la Mort, offre de grandes beautés. […] Elle avoue franchement, à l’homme qu’elle préfère, toutes les supercheries enfantines qu’elle a employées pour l’éprouver, pour le connaître, pour l’étudier. […] L’Espagne, l’Italie, l’Angleterre, ont été pénétrées, expliquées, commentées au-delà du Rhin, longtemps avant qu’on s’avisât chez nous de les étudier. […] Guizot, car il a pris soin J de dire à ses auditeurs : si vous ne connaissez pas l’histoire, étudiez-la. […] Les divagations de don Annibal, quand il achève sa troisième bouteille, sont des traits pris dans la nature, étudiés avec soin et rendus avec fidélité.

84. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Ernest-Charles ne soit un des critiques les plus probes de ce temps et l’un des rares qui ait étudié les choses dont il discute. […] Eux aussi ont voulu être « des travailleurs de la République de beauté sociale… » Avec une ténacité pleine de conviction, éclairée sinon impartiale « ils ont étudié la Société française sous la troisième République. […] Edmond Pilon — a étudié tour à tour les figures curieuses du passe et du présent. […] Émile Magne après Bertrand de Born étudie Scarron et son milieu. […] Philosophie Enfin, outre les thèses de doctorat ou d’agrégation nous ne connaissons pas de travaux philosophiques se rapportant à la période que nous étudions en dehors des études de MM. 

85. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VI. Exordes. — Péroraisons. — Transitions. »

Quand on aura étudié ainsi que je viens de l’indiquer le plan et l’ordre de l’ouvrage, on n’aura pas à s’embarrasser de mettre en pratique toutes ces recettes érigées jadis en règles par les rhéteurs, et qui de leurs cahiers ont passé dans presque tous les traités sur la composition littéraire. […] On a beau, comme Pline le Jeune, s’étudier à glisser parfois un peu d’incohérence : le procédé se devine, et nous ne sommes pas dupes.

86. (1921) Esquisses critiques. Première série

Peut-être un jour s’étudiera-t-on à rechercher si M. de Montesquiou a fourni le prototype de cette création. […] L’auteur, à l’époque où il ne se servait pas du roman pour soutenir ou illustrer une thèse, se proposait d’y étudier des cas psychologiques déterminés. […] Il tient à la pente naturelle de son intelligence qui est moraliste, construite pour étudier les mœurs et observer l’homme. […] Bataille, au rebours, étudie des sentiments faux dans un cadre réel. […] Bataille étudie l’instinct, ou plutôt une seule forme de l’instinct — le désir.

87. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Il serait curieux d’étudier dans les notes confidentielles du voyageur les germes qui, plus tard, se sont épanouis en idylles, en élégies. […] Je pense donc que le caractère de cette fille, si adorable et si singulière, mérite d’être étudié comme un modèle de vérité. […] Hugo ne les a jamais étudiés. […] Pratiquer la vie commune, étudier l’histoire, telles sont donc les deux épreuves auxquelles M.  […] Ne les jugeons pas d’après des lois qu’ils n’ont jamais étudiées.

88. (1876) Romanciers contemporains

Zola, que nous aurons bientôt à étudier. […] Il nous reste à étudier en M.  […] Cette fois, les personnages secondaires sont étudiés avec beaucoup de soin. […] Le premier de ces deux ouvrages n’appartient pas au genre que nous étudions. […] Nous avons étudié de très près ses procédés.

89. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Dès aujourd’hui donc, nous pouvons étudier avec certitude Bossuet dans sa première manière ; nous pouvons, comme pour le grand Corneille, suivre les progrès et la marche de ce génie qui est allé grandissant et se perfectionnant, mais qui n’a pas eu de déclin et de décadence. […] Il se distingua de bonne heure par une capacité surprenante de mémoire et d’entendement ; il savait par cœur Virgile, comme un peu plus tard il sut Homère : « On comprend moins, a dit M. de Lamartine, commentil s’engoua pour toute sa vie du poète latin Horace, esprit exquis, mais raffiné, qui n’a pour corde à sa lyre que les fibres les plus molles du cœur ; voluptueux indifférent, etc. » M. de Lamartine, qui a si bien senti les grands côtés de la parole et du talent de Bossuet, a étudié un peu trop légèrement sa vie, et il s’est posé ici une difficulté qui n’existe pas ; il n’est fait mention nulle part, en effet, de cette prédilection inexplicable de Bossuet pour Horace, le moins divin de tous les poètes. […] Étudions la jeune éloquence de Bossuet, même dans ses hasards de goût, comme on étudie la jeune poésie du grand Corneille.

90. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

Pour qu’il naquît, il fallait que son génie rencontrât le génie grec qu’il n’avait pas trouvé à Harrow, où il n’étudia point, par cet esprit de contradiction et de paresse qui est souvent l’esprit des gens de génie. Forcé d’étudier Homère, comme la tourbe vulgaire des scholars, il ne l’étudia point, et le peu qu’il apprit là de la langue grecque, il nous a dit dans ses Mémoires qu’il l’oublia.

91. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Il les étudia dans leurs œuvres, il les étudia dans leur jeu ; il fut leur disciple, mais un disciple qui surpassa ses maîtres.

92. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « La course à la mort » pp. 214-219

Un roman paraît qui, s’écartant des nombreuses œuvres imitées des esthétiques admises, est original par le cas psychologique qu’il étudie et inaugure, avec les quelques livres marquants de ceux qui débutent, un nouveau style et un nouvel art. […] Rod étudie : « Oui, le désir et le dégoût se touchent alors de si près qu’ils se confondent et ne font plus qu’un et je les sens qui me travaillent tous les deux à la fois.

93. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

On comprit qu’en littérature, comme en physique, il faut aller du fait à la loi, et l’on se mit à étudier les productions de l’intelligence. […] Jouffroy n’enseigne pas ; il étudie. […] Nous négligeons d’étudier les principes, comme s’ils étaient inutiles ; nous en étalons les formules, comme si nous les avions étudiées ; un vrai critique doit être un philosophe ; Qu’on joignît l’étude des arts à celle des lettres ; la peinture, la sculpture, la musique, la poésie ne parlent pas la même langue, mais elles traduisent la même pensée. […] Convions donc à la critique quotidienne, à côté des auteurs connus par leurs ouvrages, ces écrivains moins entreprenants qui bornent leur ambition à étudier et à sentir les œuvres d’autrui. […] Kant n’avait étudié que la faculté de juger : elle s’occupa de la faculté de produire.

94. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Non content d’étudier les documents imprimés et les écrits des spécialistes, M.  […] Denis Poulot a cité des faits, étudié des types ; les résultats de ses études, il les livrait au public ; M.  […] Les deux amis passèrent quelques heures à étudier la question. […] Et, depuis ce moment, il étudia son rôle avec une ardeur que rien ne ralentit, avec une conscience que rien ne rebuta. […] Rien n’est curieux à étudier comme le style de M. 

95. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

La seconde, celle que les psychologues étudient d’ordinaire, est l’habitude éclairée par la mémoire plutôt que la mémoire même. […] C’est donc la reconnaissance que nous devons étudier. […] De ces différents cercles de la mémoire, que nous étudierons en détail plus tard, le plus étroit A est le plus voisin de la perception immédiate. […] De plus, il n’y a pas de troubles plus fréquents ni mieux étudiés que ceux de la mémoire auditive des mots. […] Il faut remarquer pourtant que Wernicke, le premier qui ait étudié systématiquement l’aphasie sensorielle, se passait d’un centre de concepts.

96. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Qui donc étudiera ce système, sinon quelque homme vivant et mêlé à d’autres hommes vivants ? […] Etudions dans M.  […] De là au travail d’étudier leurs mœurs il n’y a qu’un pas. […] Dans ce premier cas, il demandera aux mœurs nouvelles qu’il étudiera d’être plus simples que les mœurs nationales. […] En attendant il quitte son auteur préféré pour composer un discours, étudier la géométrie, préparer un examen.

97. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Vous donc qui désirez vous essayer dans l’art d’écrire, étudiez les grands écrivains : c’est le meilleur des traités de rhétorique. Et vous dont l’ambition ne va pas jusqu’à les imiter, étudiez-les également. […] Ayons donc soin d’étudier ce caractère dans les phases diverses de sa vie. […] Ces beautés de second ordre nous font un devoir d’étudier les objets auxquels elles se rapportent, si nous voulons qu’elles ne nous échappent pas. […] Nous aurons à étudier ce qui peut donner à la parole toute sa force, au langage toute sa puissance, à la pantomime toute son expression.

98. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Il est impossible d’être un bon littérateur, sans avoir étudié les auteurs anciens, sans connaître parfaitement les ouvrages classiques du siècle de Louis XIV. […] que les Romains ont étudié la philosophie, ont possédé des historiens connus, des orateurs célèbres et de grands jurisconsultes, avant d’avoir eu des poètes ; 2º. que leurs auteurs tragiques n’ont fait qu’imiter les Grecs et les sujets grecs ; 3º. je développe un fait que je croyais trop authentique pour avoir besoin d’être expliqué ; c’est que les chants de l’Ossian étaient connus en Écosse et en Angleterre par ceux des hommes de lettres qui savaient la langue gallique, longtemps avant que Macpherson eût fait de ces chants un poëme, et que les fables islandaises et les poésies scandinaves, qui ont été le type de la littérature du Nord en général, ont le plus grand rapport avec le caractère de la poésie d’Ossian. […] Voltaire aurait désavoué, je crois, cette phrase du Mercure, qui paraîtra dénuée de vérité à tous les Anglais, comme à tous ceux qui ont étudié la littérature anglaise : « On serait étonné de voir que la renommée de Shakespeare ne s’est si fort accrue, en Angleterre même, que depuis les Éloges de Voltaire. » Addison, Dryden, les auteurs les plus célèbres de la littérature anglaise, ont vanté Shakespeare avec enthousiasme, longtemps avant que Voltaire en eût parlé.

99. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

et si l’on attendait d’avoir fini d’étudier pour écrire cette histoire, l’écrirait-on jamais ? […] Je ne comprends donc pas qu’on étudie la littérature autrement que pour se cultiver, et pour une autre raison que parce qu’on y prend plaisir. […] Dans l’observation de l’ordre chronologique, j’ai cherché le moyen d’éviter ces chapitres-tiroirs où l’on déverse tout le résidu d’un siècle, ces défilés de noms, d’œuvres et de talents incompatibles auxquels on est ordinairement condamné, lorsqu’on a étudié les genres fixes et définis.

100. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

Sur leurs têtes un superbe chêne (nous étudierons tout à l’heure ce chêne d’une merveilleuse exécution) verse la fraîcheur qui, montant du torrent, s’est infiltrée dans le branchage. […] Étudiez cette Sainte Famille, vous y verrez qu’à l’exemple du peintre flamand, il pousse sa sollicitude des détails jusque sur les plans les plus éloignés, mais, je le répète, sans que le paysage se morcelle et s’éparpille : tout en gardant son individualité, chaque détail vient s’y rattacher à l’ensemble, — l’analyse vient s’y fondre dans la synthèse. […] Tout auprès, un vieux singe, repliant ses deux genoux et plongeant ses bras entre ses deux genoux, s’étudie à se faire petit, petit, dans l’espérance que la mort ne le verra pas.

101. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Ainsi chaque philosophe qui étudie cette question devrait remonter aux principes métaphysiques qu’elle sous-entend. […] Elle gouverne l’homme précisément parce qu’elle ne vient pas de lui ; et quand il veut étudier en elle les voies de Dieu, il en reconnaît avec une entière évidence la puissance et la douceur. […] La cause en est assez manifeste, et l’homme n’a pas besoin de s’étudier bien longtemps pour la découvrir. […] C’est un fait qu’elle étudie comme les faits de conscience, et qui n’est pas moins important. […] « Tel est à peu près l’ensemble de la science morale et des questions qu’elle doit étudier dans tous leurs détails, sous toutes leurs faces.

102. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

… Il y a moyen d’étudier les questions les plus graves sans être ennuyeux. […] Marius-Ary Leblond ont étudié l’officier à travers le Roman moderne. […] Nous ne pourrons étudier chacune des romancières nouvelles. […] Je ne sais pourquoi nous eûmes envie d’étudier ce livre avec le plus grand sérieux. […] Nous les étudions plus spécialement dans le chapitre réservé à l’exotisme.

103. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Elle a debonne heure retourné le monde ; elle a pris le contre pied de la nature ; elle a fait ce que défend un ancien sage, elle a déclaré la guerre à la vie : « Du petit au grand, écrivait-elle à une amie dans sa jeunesse, j’ai beaucoup étudié, beaucoup appliqué le dogme du sacrifice, auquel la pauvre Jeanne Gray avait tant de foi. […] Amenée, moins encore par mon âge que par la reconnaissance qu’il laisse croître, à étudier la vieillesse, je me retrouve peu sur le chemin des autres, et je voudrais ici l’étudier dans ses rapports avec Dieu et l’autre vie ; montrer que la vieillesse est pleine de grandeur et de consolation ; que son activité, concentrée en un foyer, en est plus intense ; que la dignité, la beauté d’une situation dont l’âme fait toute la vie, élèvent au-dessus de tout cette situation même ; et qu’enfin, comme on l’a dit du prêtre, si le vieillard est le plus malheureux des hommes, il est le plus heureux des chrétiens, le plus averti, et, s’il le veut, le plus consolé. […] Mais la correspondance, désormais complète, avec Mlle Roxanne Stourdza me paraît devoir satisfaire à la plus exigeante curiosité psychologique : elle permet d’étudier à nu l’âme et l’esprit de Mme Swetchine, dans les années décisives de la seconde jeunesse.

104. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

L’auteur ne manque jamais de l’étudier sous son double aspect physique et mental, rattachant ainsi la psychologie des passions à la physiologie des passions ; et exposant par là même, comme il le fait remarquer, les rapports du physique et du moral. […] On peut donc aspirer à un progrès, non à un résultat définitif ; et voici les conditions de ce progrès : Il faudrait étudier l’évolution ascendante des émotions à travers le règne animal ; rechercher celles qui apparaissent les premières et coexistent avec les formes les plus inférieures de l’organisation et de l’intelligence. […] L’auteur les a étudiées en détail, et il est indispensable de nous y arrêter. […] Par suite, il n’a pas étudié le rire isolément, en lui-même ; il l’a rattaché à ses causes, à ses conditions ; il l’a considéré comme le moment d’un tout, dont on ne peut le séparer.

105. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Cet Éloge, bien étudié et conçu dans un esprit excellent, m’a rendu un bon nombre des particularités que de mon côté j’avais essayé de réunir, et m’en a appris quelques autres que j’ignorais. […] « Il n’étudiait que lorsqu’il n’avait rien à faire de meilleur, et souvent il croyait avoir quelque chose de meilleur à faire que d’étudier », ajoute Maucroix. […] À peine revenu d’Italie, et tandis qu’il lisait Cicéron et s’étudiait à sa forme oratoire, le beau Patru ne laissait pas de faire des ravages aux environs du Palais et du Châtelet.

106. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Par tous ces essais savants, curieux et fortement étudiés, on dirait que M.  […] Allemands dans ses États pour donner réveil à l’industrie ; il envoyait de jeunes gentilshommes étudier en Allemagne, en France, en Angleterre ; il combattait l’ivrognerie, ce vice national, en attribuant au gouvernement le monopole de l’eau-de-vie ; il touchait par des règlements nouveaux à la condition des serfs et à leurs rapports avec les maîtres. […] Cicéron, en un endroit de son traité De l’orateur, a parlé de la manière d’étudier et d’écrire l’histoire. […] Mérimée, qui a beaucoup étudié et médité les anciens, et qui met dans ses récits historiques plus d’art qu’il n’en montre, semble s’être particulièrement préoccupé de la manière de Xénophon et de César, et, bien qu’il varie sa narration, il la tient toujours la plus voisine qu’il peut de la sobriété et de la simplicité.

107. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Quand plus tard il s’agira pour lui d’aller s’établir en Hollande, il laissera échapper son secret : « Le cartésianisme, dit-il, ne sera pas une affaire (un obstacle) ; je le regarde simplement comme une hypothèse ingénieuse qui peut servir à expliquer certains effets naturels… Plus j’étudie la philosophie, « plus j’y trouve d’incertitude. […] C’est dans l’âge au-dessous de vingt ans que les meilleurs coups se ruent : c’est alors qu’il faut faire son emplette. » Il regrette le temps qu’il a perdu jeune à chasser les cailles et à hâter les vignerons (ce dut être pourtant un pauvre chasseur toujours et un compagnon peu rustique que Bayle, et il ne put guère jouir des champs que pendant la saison qu’il passa, affaibli de santé, aux bords de l’Ariége) ; il regrette même le temps qu’il a employé à étudier six ou sept heures par jour, parce qu’il n’observait aucun ordre, et qu’il étudiait sans cesse par anticipation. […] Il le presse de questions sur les nobles de sa province, sur les tenants et aboutissants de chaque famille : « Je sais bien que la généalogie ne fait pas votre étude, comme elle aurait été ma marotte si j’eusse été d’une fortune à étudier selon ma fantaisie. » Il complimente son frère et se réjouit de le voir touché de la même passion que lui, de connoître jusqu’aux moindres particularités des grands hommes. […] Rœderer vient d’étudier avec une minutie qui n’est pas sans agrément, et avec une prédilection qui ne nuit pas à l’exactitude ; si Bayle, qui entra dans le monde vers 1675, c’est-à-dire au moment de la culture la plus châtiée de la littérature de Louis XIV, avait passé ses heures de loisir dans quelques-uns des salons d’alors, chez madame de La Sablière, chez le président Lamoignon, ou seulement chez Boileau à Auteuil, il se fût fait malgré lui une grande révolution en son style.

108. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Par une délicatesse pareille d’honnête homme et de Français, après avoir si bien dit au poète comique Que la nature donc soit votre étude unique, il l’enferme presque aussitôt dans un champ d’expériences étroitement délimité, en écrivant : Étudiez la cour et connaissez la ville. […] Mais comment peut-il trouver son idéal réalisé dans Térence, qui n’a point songé à étudier la cour ni la ville ? D’autres fois, à force d’étudier les Grecs et les Latins, il se familiarise avec les formes particulières que certaines circonstances et le caractère de la civilisation antique ont données aux sentiments de l’âme et à leur expression littéraire. […] Il était fatal que Boileau, n’ayant point étudié, et ne pouvant avoir étudié en son temps la littérature dans son rapport avec le génie original et le développement historique des peuples, se trompât souvent dans un sens ou dans l’autre.

109. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Un chapitre d’introduction, où l’auteur explique sa doctrine littéraire ; puis neuf chapitres de description des diverses classes de la société : le mérite personnel, d’abord, parce qu’il n’a pas de place marquée dans la hiérarchie ; puis le monde proprement dit, étudié dans ses principaux éléments et occupations, les femmes avec le cœur et la conversation ; les classes maintenant, gens de finance, bourgeois et robins, courtisans et grands ; enfin l’État, les ministres et le roi. […] Il y a même un caractère qui est devenu une nouvelle en forme et développée : c’est l’histoire d’Émire, petit roman psychologique où La Bruyère étudie un jeu complexe de sentiments, qui évoluent et se transforment ; on y voit la vie mobile d’une âme, et non plus l’état fixe d’une âme. […] La plupart des écrits de Fénelon sont trop spécialement théologiques pour qu’il soit possible de les étudier ici. […] Jean de la Bruyère, né à Paris, en 1645, d’une famille bourgeoise, étudie le droit, acquiert un office de trésorier de France et général des finances en la généralité de Caen (1673), est recommandé par Bossuet au prince de Condé, qui le charge d’instruire son petit-flls. […] Étudier dans le chapitre des Grands le morceau : « Pendant que les Grands négligent de rien connaître », etc.

110. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Son intention était louable ; il eut tort d’étudier très superficiellement, et comme avec dédain, les vieux récits qu’il prétendait rajeunir. […] C’était l’homme de son temps qui savait le mieux l’arabe et qui avait étudié le plus à fond toutes les traditions de l’Orient. […] Plus tard Pouchkine trouva le style qui convient aux récits merveilleux, et quelques-unes de ses ballades sont de modèles en ce genre ; on s’aperçoit qu’il a étudié et surpris les procédés des conteurs populaires. […] Comme son maître, il a étudié la nature orientale ; il a visité le Caucase, cette Algérie de la Russie, siège d’une guerre acharnée dont il n’était pas destiné à voir la fin. […] Il étudia consciencieusement son sujet, compulsa maints mémoires, fouilla les archives de toutes les provinces où Pougatchev avait passé, et le résultat de son travail fut un récit aussi froid que le procès-verbal d’un greffier de cour d’assises.

111. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Donner à étudier Raphaël à un homme du xixe  siècle ! […] L’intelligence large accepte, étudie le monde entier et jouit d’assister à son mouvement. […] Ne faut-il pas étudier anatomiquement et partie par partie tout corps organisé pour formuler sa physiologie ? […] Il ne faut donc pas seulement étudier l’homme, mais son milieu et son état social. […] D’ailleurs il n’est pas plus bas d’étudier le peuple que le grand monde qui est souvent sot et petit.

112. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Nous avons entre les mains l’auto-observation qu’a bien voulu rédiger pour nous un homme de lettres, habile à s’étudier lui-même, qui n’avait jamais entendu parler de l’illusion de fausse reconnaissance et qui croyait être seul à l’éprouver. […] N’oublions pas que beaucoup de ceux qui ont étudié la fausse reconnaissance, Jensen, Kraepelin, Bonatelli, Sander, Anjel, etc., y étaient eux-mêmes sujets. […] On fait fausse route quand on étudie les fonctions de représentation à l’état isolé, comme si elles étaient à elles-mêmes leur propre fin, comme si nous étions de purs esprits, occupés à voir passer des idées et des images. […] Nous ne sommes pas sujet à la fausse reconnaissance, mais nous avons essayé, bien souvent, depuis que nous l’étudions, de nous replacer dans l’état d’âme décrit par les observateurs et d’induire expérimentalement en nous le phénomène. […] Du moins peut-on étudier, dans les moments où il se ralentit, les conditions de l’équilibre mobile qu’il avait jusque-là maintenu, et analyser ainsi une manifestation sous laquelle transparaît son essence.

113. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

La thèse en a vieilli ; c’est une autre affaire ; et cela augmente leur intérêt historique pour qui étudie la crise de cette ère finissante. […] Exemple instructif entre tous pour qui étudie les traditions académiques, les conflits de la forme et de l’esprit. […] Le problème est à étudier ; je rechercherais chez Dumas et chez Becque la bonne influence « littéraire » de leur époque, cette « tenue » dont je parlais à propos du xviie  siècle ; et, par contraste, je montrerais l’habileté facile et le bluff chez Sardou, qui, hélas, a fait école. […] Nous pouvons, aujourd’hui, constater et étudier sur le vif une pareille élaboration, en Italie, à propos de Garibaldi. […] Les comédies de Musset n’ont pas été écrites pour le théâtre, et pourtant il faut les voir jouées, pour bien saisir ce mélange de lyrisme et de drame ; je ne sais guère de spectacle plus instructif pour qui étudie les conditions des genres littéraires.

114. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre I »

Nous allons étudier maintenant les grandes voies d’observation qui s’ouvraient à leurs enquêtes et dans lesquelles, suivant leur tempérament, ils durent s’engager. […] « Cet analyste minutieux, dit le vicomte de Vogüe (Le roman russe, 1888, p. 93), ignore ou dédaigne la première opération de l’analyse, si naturelle au génie français ; nous voulons que le romancier choisisse, qu’il sépare un personnage, un fait, du chaos des êtres et des choses, afin d’étudier isolément l’objet de son choix.

115. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Les déplacés sont aussi curieux à étudier que les déclassés. […] De ce fait il a étudié les caractères, cherché les causes, prévu les conséquences. […] Le despote est un, la démocratie est composée de quelques millions de têtes ; donc le despote connaît son favori et a le loisir de l’étudier ; la démocratie a des favoris qu’elle choisit avant de les juger, garde sans les étudier, et abandonne avant de les avoir connus. […] Ils commencent par étudier le premier sujet humain qu’ils trouvent sous leur regard, à savoir eux-mêmes. […] Ce n’est pas encore s’abandonner, c’est encore s’étudier soi-même, mais dans ses semblables, dans des êtres qui vous livrent toujours un peu de votre secret en laissant échapper le leur ; et c’est s’étudier en se situant dans l’humanité, en s’éclairant par ses entours, en se plaçant à sa date et à son lieu, et à sa vraie distance des autres hommes.

116. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Elle consiste en ce que tout être actif, et spécialement tout être vivant, peut être étudié, dans tous ses phénomènes, sous deux rapports fondamentaux, sous le rapport statique et sous le rapport dynamique, c’est-à-dire comme apte à agir et comme agissant effectivement. […] En les considérant sous le point de vue dynamique, tout se réduit à étudier la marche effective de l’esprit humain en exercice, par l’examen des procédés réellement employés pour les diverses connaissances exactes qu’il a déjà acquises, ce qui constitue essentiellement l’objet général de la philosophie positive, ainsi que je l’ai définie dans ce discours. […] En effet, lorsqu’il s’agit, non seulement de savoir ce que c’est que la méthode positive, mais d’en avoir une connaissance assez nette et assez profonde pour en pouvoir faire un usage effectif, c’est en action qu’il faut la considérer ; ce sont les diverses grandes applications déjà vérifiées que l’esprit humain en a faites qu’il convient d’étudier. […] Lorsqu’on a bien établi, en thèse logique, que toutes nos connaissances doivent être fondées sur l’observation, que nous devons procéder tantôt des faits aux principes, et tantôt des principes aux faits, et quelques autres aphorismes semblables, on connaît beaucoup moins nettement la méthode que celui qui a étudié, d’une manière un peu approfondie, une seule science positive, même sans intention philosophique. […] Qu’un bon esprit veuille aujourd’hui étudier les principales branches de la philosophie naturelle, afin de se former un système général d’idées positives, il sera obligé d’étudier séparément chacune d’elles d’après le même mode et dans le même détail que s’il voulait devenir spécialement ou astronome, ou chimiste, etc. ; ce qui rend une telle éducation presque impossible et nécessairement fort imparfaite, même pour les plus hautes intelligences placées dans les circonstances les plus favorables.

117. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Plus on l’étudie dans sa vie et dans sa nature particulière, et mieux on se rend compte de cette préférence. […] Cette Académie des inscriptions et belles-lettres est proprement la patrie intellectuelle de Gibbon ; il y habite en idée, il en étudie les travaux originaux ou solides rendus avec justesse et parfois avec agrément ; il en apprécie les découvertes, « et surtout ce qui ne cède qu’à peine aux découvertes, dit-il en véritable Attique, une ignorance modeste et savante ». […] Il montre très bien qu’on lit peut-être encore les anciens, mais qu’on ne les étudie plus ; il le regrette. […] Le pressentiment de sa vocation se décèle lorsqu’il dit en parlant d’Auguste et regrettant que la variété de ses sujets l’empêche de l’étudier à fond : « Que ne me permet-elle (cette variété) de faire connaître ce gouvernement raffiné, ces chaînes qu’on portait sans les sentir, ce prince confondu parmi les citoyens, ce Sénat respecté par son maître ! 

118. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Il vaut la peine de les étudier, quand on veut se représenter les caractères de la dévotion du moyen âge : ces drames, comme les narrations de Gautier de Coincy et autres de même nature, nous font apercevoir dans leurs incroyables excès l’absurdité, la grossièreté, l’immoralité même des formes où se dégradait la noblesse essentielle du culte de la Vierge. […] Imaginez-vous une sorte de revue où défilent sous leur nom, avec leur caractère, en propre personne ou par directe désignation, dix ou vingt bourgeois connus de la ville, où le poète, à côté de son père et de ses voisins, s’introduit, contant son mariage, comment il s’est défroqué pour épouser la belle qui l’a si délicieusement ravi et si vite lassé, comment il veut se démarier, et s’en aller à Paris étudier : écoutez ces propos salés et mordants de compères en belle humeur, qui en disent de dures sur les femmes, et voyez dans un brouhaha de « kermesse », selon le mot si juste de M.  […] Quand on remarque comment des sujets de chansons de geste ou de romans ont été tournés en miracles de la Vierge, on se persuade que l’absence de tout élément religieux dans l’« histoire de Griselidis » la sépare absolument du théâtre que nous étudions ici. […] Biographie : Adam de la Halle, dit le Bossu, né à Arras vers 1235, étudia pour être clerc, se maria, le regretta, fit au moins le projet d’aller à Paris reprendre ses études, et composa à cette occasion (vers 1062) le Jeu de la Feuillue et sans doute le Congé qu’il adresse à sa ville natale.

119. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Si vous l’étudiez, vous verrez qu’il gasconne encore, en paroles et en actes, vous verrez qu’il ruse comme un Auvergnat, s’entête comme un Breton, s’emporte comme un Flamand et pense comme une toute petite ville. […] On m’objectera ici que plusieurs grands écrivains de notre siècle ont étudié la province, et que, représentants de l’école réaliste, ils n’ont pas dû se borner à suivre une mode, à opiner de la plume parce que les anciens maîtres avaient dit du mal de la province, mais que, s’ils ont persisté à n’en pas écrire favorablement, ils ne l’ont fait qu’après enquête personnelle, scientifiquement et avec le scrupule de la réalité qu’ils apportent en leurs moindres ouvrages. […] Cet aïeul du réalisme étudiait donc la province principalement dans sa très riche imagination et dans les histoires qu’on lui racontait. […] S’ils voulaient bien étudier de près et par eux-mêmes cette France inconnue qui commence à la banlieue de Paris, je crois qu’ils seraient récompensés de leur effort.

120. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Platon, à force d’étudier le même, l’un, la différence, et toutes les qualités générales, avait fini par déclarer que ces qualités sont des substances. M. de Biran, à force d’étudier la volonté, a fini par déclarer qu’elle était l’âme et le moi lui-même, véritable substance indépendante des organes et distincte des opérations. […] La première n’étudie que les modifications, les effets, les phénomènes ; la seconde étudie la substance et l’être qui sont l’âme et le moi, Il laisse la première et s’attache tout entier à la seconde.

121. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Zola a étudié les sciences physiologiques. […] Ce que les physiciens observent sous le nom de polarité et d’attraction, les esthéticiens ont à l’étudier sous le nom de destin et de fatalité ; il est impossible de nier la morale, comme il est impossible de nier les sciences pratiques : « Il peut arriver, a écrit quelqu’un, que nous oubliions les lois de la terre, mais celles-ci ne nous perdent jamais vraiment de vue. […] Ne jamais cesser de s’instruire dans toutes les matières possibles, étudier la dialectique, s’embellir perpétuellement, assouplir ses membres par la gymnastique, vivre au grand air tout le jour, prendre part aux travaux civiques et privés, intervenir en plein public dans les circonstances les plus différentes, faire des voyages, voir des contrées, accomplir le périple du monde, aller sans cesse d’un pôle à l’autre, observer les mœurs des contrées les plus lointaines, comparer les flores, les parfums, les lumières et les aromates du sud au nord, voilà quelques-uns des devoirs qui nous incombent.

122. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

En même temps que reparaissait en France, à la Restauration et depuis, la science et la muse de l’histoire, divers professeurs de la Sorbonne, Cousin notamment pour le XVIIe siècle et Villemain, pour les classiques, joignirent à leurs jugements critiques, des considérations sur la biographie et l’esprit des auteurs qu’ils étudiaient, sur les mœurs de leur temps. […] Edmond Schererca : l’autre est un critique historique ou plus exactement sociologique, qui étudie dans l’homme de lettres l’époque dont il est le représentant, comme l’ont tenté depuis M.  […] Partant du principe que les choses morales ont, comme les choses physiques, des dépendances et des conditions, il esquisse la vie de chacun des écrivains qu’il veut étudier, montre le pays où il est né, le lieu où il a vécu, puis, analysant son œuvre et en dégageant les principaux caractères, il exprime fame qu’ils révèlent, en une formule à plusieurs termes.

123. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Mais, en réalité, il y a dans toute société un groupe déterminé de phénomènes qui se distinguent par des caractères tranchés de ceux qu’étudient les autres sciences de la nature. […] On trouve de même à l’intérieur de l’organisme des phénomènes de nature mixte qu’étudient des sciences mixtes, comme la chimie biologique. […] C’est seulement à travers le droit public qu’il est possible d’étudier cette organisation, car c’est ce droit qui la détermine, tout comme il détermine nos relations domestiques et civiques.

124. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Or, ce compromis, vous y renoncez sans le moindre scrupule quand vous étudiez les choses extérieures, puisque vous laissez alors de côté les forces elles-mêmes, à supposer qu’elles existent, pour n’en considérer que les effets mesurables et étendus. […] Il faudra donc y renoncer aussi quand nous nous étudierons nous-mêmes. […] Il faudra donc l’opérer encore, mais au profit de la durée, quand on étudiera les phénomènes internes ; non pas les phénomènes internes à l’état achevé, sans doute, ni après que l’intelligence discursive, pour s’en rendre compte, les a séparés et déroulés dans un milieu homogène, mais les phénomènes internes en voie de formation, et en tant que constituant, par leur pénétration mutuelle, le développement continu d’une personne libre.

125. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Note Tels sont ces articles sur Chateaubriand qui m’ont valu, par la suite, tant d’injures, et au nom desquels on m’a contesté le droit d’étudier plus à froid et de juger Chateaubriand mort à un point de vue toujours admiratif, mais moralement plus vrai et plus réel. […] D’ailleurs, j’avais fort étudié Rancé de longue main pour mon Port-Royal, et j’en pris occasion de dire de lui bien des choses que M. de Chateaubriand affaibli avait oubliées ou méconnues.

126. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Quand on étudie quelque grand écrivain ou poète mort, La Bruyère, Racine, Molière, par exemple, on est bien plus à l’aise, je le sens, pour dire sa pensée, pour asseoir son jugement sur l’œuvre ; mais le rapport de l’œuvre à la personne même, au caractère, aux circonstances particulières, est-il aussi facile à saisir ? […] Dès qu’on cherche l’homme dans l’écrivain, le lien du moral au talent, on ne saurait étudier de trop près, de trop bonne heure, tandis et à mesure que l’objet vit.

127. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Molière fut également à même d’étudier de ses propres yeux l’art et les représentations théâtrales des comédiens de cette nation, puisque, de 1660 à 1673, la troupe de Joseph de Prado, entretenue par la reine Marie-Thérèse, alternait avec les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, tout comme les Italiens avec Molière au Palais-Royal. […] Malgré ces nombreux devanciers, le soin que j’ai pris de remonter autant que possible aux textes et aux documents originaux, m’a permis d’apporter dans cette étude quelques éléments nouveaux, que le lecteur qui a étudié ces questions saura facilement reconnaître.

128. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre II. Chimie et Histoire naturelle. »

Quant à celui qui étudie les animaux, qu’est-ce autre chose, s’il est incrédule, que d’étudier des cadavres ?

129. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 2, du génie qui fait les peintres et les poëtes » pp. 14-24

Il n’avoit eu besoin des enseignemens de Pierre Perugin, que pour apprendre comment il falloit étudier. […] Quant aux poëtes, les principes de la pratique de leur art sont si faciles à comprendre et à mettre en oeuvre, qu’ils n’ont pas même besoin d’un maître qui leur montre à les étudier.

130. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Conclusion »

Or, si la sociologie ainsi conçue peut servir à illustrer de faits curieux une philosophie, elle ne saurait l’enrichir de vues nouvelles, puisqu’elle ne signale rien de nouveau dans l’objet qu’elle étudie. […] Car elle n’a de raison d’être que si elle a pour matière un ordre de faits que n’étudient pas les autres sciences.

131. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Il y a évidemment deux façons d’étudier le style ; l’une technique, par les procédés et le métier ; l’autre philosophique, par les idées et les principes. […] Quand, enfin, j’aurai rappelé que je conseille « de songer aux divers rapports que peuvent présenter les objets, aux idées à côté qu’ils évoquent, aux ressemblances, aux contrastes, aux antithèses, en recommandant d’étudier les métaphores des auteurs », je crois que j’aurai à peu près énuméré tous mes crimes.‌

132. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

« Il est tout différent de dire qu’il y a nécessairement deux coefficients dans la fonction, et de dire qu’ils peuvent être isolés et étudiés à part. […] Celui-ci ayant étudié l’acide et l’alcali chacun à part, peut les séparer quand il les trouve séparés. […] Quand John Hunter cherchait dans l’anatomie comparée l’élucidation de divers problèmes anatomiques, on se riait de lui : et maintenant tout le monde sait que l’embryologie et la physiologie comparées sont les plus sûrs guides dans toutes les questions biologiques, parce que les organismes simples sont plus faciles à étudier que les organismes complexes. […] L’École écossaise228 est sommairement traitée : quoique sa psychologie contienne beaucoup de choses qu’on y peut étudier, elle est entièrement morte comme doctrine. […] Il a compris que la psychologie étant une branche de la biologie, soumise par conséquent à toutes les lois biologiques, il fallait l’étudier d’après les méthodes biologiques.

133. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Plus vous étudierez les maîtres et les disciples venus après eux, —  pater et juvenes patre digni , et plus vous trouverez qu’ils obéissent au même art poétique, où il est enseigné que la poésie est une imitation des actions, des paroles et des mœurs de nos semblables ; que cette imitation, pour être exacte et fidèle doit être conforme aux mœurs et aux usages des temps dont on parle, et que c’est justement dans la juste expression des caractères que les poètes font paraître cet art de l’imitation qui est un art si charmant, lorsqu’il est fidèle et complet ; même le mensonge est agréable s’il a les apparences de la vérité. […] te voilà assis bêtement à ta table, calme et froid comme un faiseur d’anatomie et tout prêt à disséquer je ne sais quoi qui va tomber sous ta main, et voici une bonne heure que je t’étudie, et rien n’est changé dans ton allure quotidienne ! […] À cette heure, elle étudie même la naïveté des jeunes filles. […] Vous étudiez avec anxiété son geste, son sourire, l’inflexion de sa voix ; puis, à certains moments inespérés, vous vous retournez avec un murmure approbateur, et vous dites à votre ami : — Comme elle ressemble à son maître, mademoiselle Mars ! […] Enfin, et ceci est une critique à faire aux pédants (meâ culpâ), armés de citations dans l’une et l’autre langue ( utriusque linguæ , disait Horace) : « Ne paraissez pas si savant, de grâce ; humanisez votre discours et parlez pour être entendu. » Qui voudrait avoir le secret de la critique appliqué à l’art du théâtre, se pourrait contenter d’étudier et de méditer La Critique de l’École des femmes ; il y trouverait les meilleurs et les plus utiles préceptes de prudence, de modération, de finesse, et comme dit un de nos vieux auteurs : En délectant profiteras.

134. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Nous allons l’étudier ensemble ; mais je dois d’abord vous dire comment j’ai pu le connaître et lui donner sa place, la première de toutes, dans le catalogue des grandes et saines intelligences. […] Il contribua puissamment à enrichir les sciences naturelles, dont son maître, alors en Perse, lui envoyait les plus beaux modèles vivants ou morts pour être étudiés, ou décrits, ou disséqués, dans son Histoire des animaux. […] C’est à cause de cette universalité même que nous allons l’étudier avec vous la première. […] Mais, avant d’examiner celle d’Aristote, et en fermant le livre dans lequel je viens de l’étudier, une réflexion me frappe et me confond : c’est l’antiquité prodigieuse, ou plutôt c’est la presque éternité de cette science. […] Il les analyse comme nous le faisons aujourd’hui, il étudie les principes d’après lesquels on doit donner la souveraineté à un, ou à plusieurs, ou à tous les citoyens.

135. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

. — Contes personnels et contes, tirés d’autres folkoristes, étudiés dans cet essai. […] Peuhl (ou Torodo)………………… 54 Gourmantié………………………. 42 Ouolof………………………….. 26 Haoussa…………………………. 24 Malinké…………………………. 23 Hâbé……………………………. 17 Môssi…………………………… 8 Soussou…………………………. 3 Kouranko………………………… 2 Sénofo………………………….. 2 Kissi…………………………… 1 Khassonké……………………….. 1 Dyerma………………………….. 1 Gourounsi……………………….. 1 Voici la répartition détaillée de ces contes, classés par races, pour permettre à ceux qui désireront étudier plus spécialement la littérature merveilleuse de telle ou telle race, de se retrouver plus aisément dans ce recueil : Classification des contes par répartition entre les diverses races I. […] Nous en étudierons les personnages en détail au chapitre III (personnages des contes). […] Nous reviendrons un peu plus longuement sur tout cela quand, au chapitre IV, nous étudierons les personnages des fables et, plus spécialement les deux grands premiers rôles.

136. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Il y prit ses grades, et étudia la théologie avec ardeur, mais sans angoisses. […] Plus systématique, plus attentif, plus pénétrant, plus abondant, il détermina l’origine des idées qui restait vague, ajouta au quatrième livre plusieurs recherches sur les signes, étudia longuement les sentiments sympathiques, et devança Adam Smith et Condillac. […] Jouffroy vécut à l’abri du style obscur et sublime ; ses phrases restèrent libres de généralités et de métaphores, et il ne fut point tenté d’étudier, au lieu des idées et des sensations, « les capacités et les facultés. » Il vécut retiré, presque toujours à la campagne, dans une petite maison, au pied d’une colline, près d’une jolie rivière murmurante, dans son comté de Kent. […] Jouffroy étudia les œuvres de l’illustre prédicateur français ; il le jugea moins observateur que logicien, moins logicien qu’orateur, moins orateur que politique.

137. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

On va d’ordinaire étudier la peinture et l’architecture en Italie, c’est bien : la peinture y vit tout entière dans ses chefs-d’œuvre les plus éclatants et les plus accomplis ; l’architecture y règne dans ses plus majestueux développements. […] Les chœurs d’Œdipe lus à Colone ; et ceux d’Ion à Delphes ; les odes de Pindare étudiées en présence des lieux célébrés ; un grand historien suivi pied à pied sur le théâtre des guerres qu’il raconte ; l’Arcadie parcourue, Xénophon en main, à la suite d’Épaminondas victorieux, ce seraient là des études parlantes qui résoudraient, j’en réponds, plus d’une difficulté géographique ou autre, née dans le cabinet.

138. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

A une époque comme celle-ci, où la marche est libre, dégagée, où il ne s’agit point de renverser le mauvais, mais seulement de ne plus le reconstruire, où les passions ardentes et aveugles ont cédé à une raison calme, patiente et vigoureuse, il faut se garder des fausses analogies ; et, puisqu’on a tout loisir d’étudier le passé, de le comparer avec le présent et d’en tirer des leçons, puisque l’expérience est invoquée à chaque instant, il importe de ne point s’abuser sur ces réponses de l’histoire, et que le passé, au lieu de nous éclairer, ne nous embrouille pas. […] L’hostilité violente a disparu des doctrines ; la philosophie accepte, comprend, explique autant qu’elle peut ; l’histoire, sans aigreur ni colère, s’est accoutumée à étudier chaque peuple, chaque époque, selon ses conditions.

139. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Nous n’aurons pas à étudier la littérature de langue d’oc, bien qu’elle ait vécu surtout sur le territoire français : non plus que nous n’étudions la littérature gallo-romaine ou les écrits latins de notre moyen âge.

140. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Théophile Lavallée, a eu l’occasion d’étudier Mme de Maintenon, et il s’est fait bientôt son éditeur le plus exact, son commentateur essentiel et précis, et l’historien de son œuvre ; il est un des passionnés, et un passionné positif, de Mme de Maintenon. […] En général, lorsqu’on peut étudier les proches parents d’un grand personnage ou d’un homme distingué, soit ses père et mère et aïeux, soit ses frères et sœurs, soit ses enfants, on est plus à même de le bien connaître, car on connaît la souche et la race ; on peut mieux juger de ce qu’il a dû au fonds commun, à la trame commune, et de ce qu’il y a ajouté ou de ce qu’il en a développé. […] Sans sortir du point de vue littéraire, j’ai pu faire cette remarque ; par exemple, lorsqu’on étudie Boileau et qu’on le compare avec ses frères, dont l’aîné et très aîné Gilles était déjà un satirique, et dont Jacques, celui qui ne précédait Nicolas que d’un an, poussait l’humeur railleuse jusqu’à la charge et au grotesque : Nicolas, venu après ses deux frères, qui semblent deux ébauches de lui-même, l’une inachevée, l’autre exagérée, où s’essayait par avance la nature, en est plus nettement défini. […] Politiquement, quand on en vient à étudier de grands personnages, des hommes d’action, les traits généraux de famille ressortent encore mieux et se vérifient plus aisément. […] Ce n’était pas seulement une candide princesse que cette vertueuse Conti, et sa vie, bien que revêtue d’une teinte sévère, n’a rien de voilé ; on peut l’étudier à fond aux sources de Port-Royal, dans le Nécrologe et le Supplément au Nécrologe ; elle y a sa place comme bienfaitrice et amie.

141. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il en eut de si étranges dans la nuit du 10 novembre 1619, qu’au dire du même Baillet, si Descartes n’avait déclaré qu’il ne buvait pas de vin, on eût pu croire qu’avant de se coucher il en avait fait excès, « d’autant plus, ajoute naïvement le biographe, que le soir était la veille de Saint-Martin20. » Après quelques années passées soit dans des voyages, où il étudiait les mœurs, et par la vue de leur diversité et de leurs contradictions, se fortifiait dans son dessein de chercher la vérité en lui-même, soit à la guerre, où il s’appliquait tout à la fois à étudier les passions que développe la vie des camps, et les lois mécaniques qui font mouvoir les machines de guerre ; après quelque séjour à Paris, où il cacha si bien sa retraite que ses amis même ne l’y découvrirent qu’au bout de deux ans, il se fixa en Hollande, comme le pays qui entreprenait le moins sur sa liberté, et dont le climat, selon ses expressions, lui envoyait le moins de vapeurs. […] Il étudiait l’influence de ses affections morales sur son appétit ; il expérimentait toutes choses, son sommeil, son réveil ; d’une condescendance pour les besoins de son corps qui venait moins d’un désir excessif de prolonger sa vie, que de la curiosité d’éprouver sur lui-même ce qu’il jugeait le plus propre à conserver la santé. […] Tous les deux se prennent pour sujet de leurs méditations ; mais tandis que Descartes se cherche et s’étudie dans la partie de nous-mêmes qui dépend le moins des circonstances extérieures, et qui porte en elle-même la lumière par laquelle nous la connaissons, la raison, Montaigne se regarde dans toutes les manifestations de sa nature physique et morale, et dans sa raison ni plus ni moins curieusement que dans son humeur. […] Il y avoue que, s’il a choisi le livre de Sénèque pour le proposer comme un entretien qui pourrait être agréable à cette princesse, « il a eu seulement égard à la réputation de l’auteur et à la dignité de la matière, sans penser à la façon dont il la traite, laquelle ayant depuis été considérée, ajoute-t-il, je ne la trouve pas assez exacte pour être suivie25. » Ailleurs il dit : « Pendant que Sénèque s’étudie ici à orner son élocution, il n’est pas toujours assez exact dans l’expression de sa pensée26. » Et plus loin : « Il use de beaucoup de mots superflus. » Et encore, parlant de diverses définitions que donne Sénèque du souverain bien : « Leur diversité, dit-il, fait paraître que Sénèque n’a pas clairement entendu ce qu’il voulait dire : car, d’autant mieux on conçoit une chose, d’autant plus est-on déterminé à ne l’exprimer qu’en une seule façon27. » Ce jugement admirable est une critique indirecte de Montaigne, et accuse en général la façon de penser du seizième siècle, où l’on goûtait si fort cette inexactitude de Sénèque. […] En discréditant les mauvais modèles, il ramenait aux bons, à ceux qu’on peut étudier sans courir le risque de les imiter, parce qu’ils sont inimitables.

142. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

L’induction nous met sur la voie, quand nous trouvons dans ce que nous étudions des caractères communs avec des choses déjà connues expérimentalement. […] Maintenant que nous avons étudié les usages principaux de la sécrétion parotidienne, il nous reste à étudier le produit de la sécrétion en lui-même, c’est-à-dire la salive. […] Elle est le fait d’une action nerveuse directe, dont nous aurons plus tard à étudier le mécanisme. […] Du reste, il faudrait étudier ce phénomène de plus près qu’il ne l’a été, et c’est uniquement pour cela que je le signale à votre attention. […] Avec cet appareil simple et très commode, on peut recueillir chez l’homme les diverses salives, et étudier leurs propriétés.

143. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

L’homme qui se sent étudié se dérobe. […] Il étudiera la facture des maîtres pour surprendre leurs procédés d’expression. […] C’est qu’il y a là un cas très particulier qui mérite d’être étudié à part. […] À supposer qu’on les rencontre, il n’est pas toujours possible de les étudier comme on voudrait. […] Il étudiera donc les maîtres.

144. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Lire, c’est étudier ligne à ligne une œuvre littéraire. […] Avant d’étudier les auteurs étrangers, sachons ce que valent les nôtres. […] Nous dirons tout à l’heure comment il faut l’étudier chez eux. […] Étudions un dernier exemple : Un peuple entier se soumet à la tyrannie. […] « J’étudiais, écrit M. de Ségur, en 1815, avant d’entreprendre son histoire, j’étudiais nos livres d’histoire moderne ; quel que fût leur mérite, il m’inspira peu.

145. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Dans son effort pour constituer la psychologie scientifique, Taine s’est comparé souvent au naturaliste, botaniste ou anatomiste ; d’autres fois, au chimiste ; parfois il a donné ses recherches comme des problèmes de mécanique : ces comparaisons ne laissent pas de révéler quelque incertitude sur le caractère de l’objet étudié. […] Edouard Schérer (1815-1889), né à Paris, étudia en Angleterre et à Strasbourg, professa l’exégèse religieuse à Genève, et donna sa démission en 1850. — Éditions : Mélanges d’histoire religieuse, in-18 ; Études sur la litt. […] Sainte-Beuve (1804-1869), né à Boulogne-sur-Mer, étudia la médecine, puis se lia avec les romantiques, et fit paraître, en 1828, son Tableau de la poésie au xvie s.

146. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Ce sens, qui a pour objet les sensations liées aux mouvements du corps ou à l’action des muscles, ne peut être confondu avec les cinq sens ordinaires ; en général, on admet maintenant qu’il doit être étudié à part. […] L’auteur s’en tient à l’homme, et ces instincts qu’il va étudier, peuvent se traduire par le terme plus clair de mouvements instinctifs. […] L’auteur traite les deux premiers points en simple physiologiste ; et j’ai regretté, pour ma part, que le langage ne soit étudié nulle part dans cet ouvrage, comme faculté psychologique.

/ 1776