— Non je n’aime pas cette qualification pour célébrer un tableau. […] Un beau et primitif tableau de l’amour des grandes races : la lionne attaquant un lion de ses tentations tendres, de ses frottements de caresses, et l’enveloppant de ses chatteries puissantes. […] Joli et frais tableau de la cuisine de l’art. […] … mais il faudrait que ce fût joué parfaitement… Rien que des tableaux… Des mots ! […] Au milieu du fatras d’une publication de spéculation, il y a d’admirables tableaux, des renseignements sans prix sur la formation d’une imagination d’écrivain, des portraits de caractères saisissants, des scènes merveilleusement dites, comme la mort xviiie siècle de sa grand-mère et son héroïsme douillet, comme la mort si parisienne de sa mère : des scènes, qui arrachent l’admiration et quelquefois les larmes.
Mais on peut assembler en une mesure harmonieuse de douze, dix, huit syllabes, des mots ne présentant à l’esprit rien de poétique ; il est des vers admirables musicalement et techniquement, faits de noms propres d’inconnus ; enfin des mots dont l’ensemble manque de nombre, peuvent donner la grande impression du lyrisme ; il faut donc qu’il y ait quelque caractère intrinsèque des mots ou plus généralement de l’expression et des idées exprimées, qui constitue le poétique, et ce caractère doit nécessairement être fort général et fort simple, pour permettre de classer ensemble des écrits aussi différents qu’un poème de Shelley, certaines descriptions de Zola, Salammbô et les Méditations, un tableau de l’Iliade, une analyse psychologique de Baudelaire, une aventure galante contée par Byron, les petites pièces lyriques de Heine, des pensées de Pascal, certaines hautes conceptions de la science, quelques-unes des plus belles toiles et presque toute la grande musique. […] Que l’on compare ces deux tableaux : « La pluie se mit à crépiter contre les vitres ; une nuit noire venait de tomber ; le vent soufflait en rafales ; des éclairs, d’un bleu blanc, zigzaguaient sur les nuages bas ; et ceci : l’ouragan se déchaîna dans l’ombre. », on aura l’opposition des deux manières. […] Ainsi quelque profonde altération que Dickens et Dostoïewski fassent subir à ce qu’ils ont vu, ils sont réalistes, car ils sont attendris et indignés ; Tourguénef et Tolstoï qui mêlent dans leurs tableaux du monde des êtres supérieurs et heureux aux misérables et aux malheureux, touchent plutôt à l’idéalisme, mais touchent aussi à ce qui serait l’idéal de l’art, la fusion des deux ordres de représentation par embellissement et par dégradation, des deux ordres d’émotion l’exultation, la haine et la pitié. […] On peut suivre pas à pas les progrès de ces dispositions sentimentales depuis la première grande œuvre, La Guerre et la paix qui est presque impassible et constitue un tableau grandiose du monde, le plus large qu’aucune littérature ait produit, jusqu’à ces écrits des derniers temps qui sont presque des contes de nourrice par l’exiguïté de ce qu’ils décrivent, et des homélies par le sentiment dont ils débordent. […] Que l’on joigne enfin à toutes ces supériorités de l’artiste, sa connaissance des douleurs humaines et sa commisération, le mécontentement même qui l’anime contre la société et le met à la tête des réformateurs et des révolutionnaires, qui le fait sans cesse préférer par son dédain des choses présentes, les choses meilleures et futures, — l’on aura un tableau approché des causes qui font à la fois sa grandeur et son affliction.
Tant pis, car il faut beaucoup de naïveté pour faire de grandes choses et rien d’admirable n’apparaît possible sans cette innocence dont le spectacle faisait écrire à Robert Desnos, à propos du peintre Miró dont les tableaux venaient de se révéler si libres, si révolutionnaires, que nul ne pouvait se défendre d’en avoir été surpris : « Miró est un peintre béniau. » Ainsi semblablement furent bénis tous ceux qui osèrent briser les frontières des pourritures avantageusesav. […] J’ai vu un tableau de Joan Miróca où un cœur rouge battait à même un ciel bleu. […] À cette question, Max Ernst a répondu par le nom trouvé pour le plus surprenant de ses tableaux : La Révolution la nuit. […] Ce coeur cerf-volant se trouve dans « Dancer », tableau de 1925. […] Ce développement sur les peintres surréalistes et la vue libérée présente les caractéristiques de l’écriture à la fois lyrique et critique des surréalistes ; l’idée du tableau comme ouverture creusée dans le mur du réel revient chez Breton, au début du Surréalisme et la peinture ; la porte qui livre passage à Crevel est devenue une fenêtre « dont mon premier souci est de savoir sur quoi elle donne, autrement dit si, d’où je suis, « la vue est belle » […]. » cc.
. — Aux Variétés : Nouveau Jeu, comédie en sept tableaux, de M. […] Au Vaudeville, Paméla, marchande de frivolités, comédie en quatre actes et sept tableaux, de M. […] Puis, c’est une fête chez Barras, car il faut varier et contraster les tableaux. […] Le « truc » est divertissant. — Vient alors le tableau de l’enlèvement, très adroitement aménagé et qui se termine, comme j’ai dit, par les deux bras du rejeton des tyrans autour du cou de Brutus. […] Au Gymnase, l’Aînée, comédie en quatre actes, cinq tableaux.
On me dit que nous sommes mal tombés, que c’est une série choisie pour les enfants, qu’ordinairement il y a certains tableaux attachants ou curieux. […] Ajoutez dix pour cent pour les frais de vente, le prix des assurances et vous trouverez que l’acquéreur aura payé, surtout s’il n’a pas le placement immédiat de son achat, pas très loin de douze cent mille francs pour une curiosité périssable, qu’un accroc peut disqualifier, pour un tableau qui a déjà perdu beaucoup de beauté originelle et qui en perdra un peu tous les ans. […] C’est d’abord le mot Université tombé à rien, à qualifier un endroit où l’on donne des leçons de piano, où l’on conte ces anecdotes historiques qui prennent le titre d’histoire, où des tableaux pittoresques de Paris, quasi cinématographiques, s’appellent sociologie, où cent choses de jeu sont qualifiées d’enseignement, où l’enseignement vrai se dérobe sous la fanfreluche. […] Il l’a beaucoup moins que l’historien latin Ammien Marcellin, qui donne du paysage alpestre un tableau assez saisissant et parle romantiquement de l’horreur des neiges éternelles. […] Je faisais cette remarque à l’un des décors de Faust, extrêmement agréable, d’une valeur de tableau, mais, comme un tableau, donnant la sensation d’être en dehors du mouvement.
. — Conte d’avril, comédie shakespearienne en quatre actes et six tableaux (1885). — Maître Ambos, drame en vers, en collaboration avec François Coppée (1886)
Après avoir présenté le tableau touchant des vertus & des bienfaits sans nombre du Duc de Lorraine, qui lui mériterent le surnom de Grand, l’Orateur Historien finit par observer qu’il ne manque à la gloire de ce grand Prince qu’une statue.
On y voit un tableau de la Société, aussi vif que juste, finement dessiné, & capable de guérir les ridicules, si les ridicules n’étoient encore plus difficiles à vaincre que les vices.
Ainsi, les ruines jettent une grande moralité au milieu des scènes de la nature ; quand elles sont placées dans un tableau, en vain on cherche à porter les yeux autre part : ils reviennent toujours s’attacher sur elles.
Ce n’est pas un narrateur tel que Coppée, un psychologue comme Sully Prudhomme, comme Silvestre, un alexandrin pénétré de « modernité » ; c’est, en poésie, un peintre de genre et de paysage, encadrant ses tableaux dans les quatrains de la stance ou du sonnet.
Documents de critique expérimentale : le motif-organe des Maîtres Chanteurs, par Pierre Bonnier avec un tableau de l’orientation des 83 principaux aspects du motif-organe.
Cet excellent Discours qui présente les révolutions de notre Littérature depuis son origine jusqu'à présent, est tout à la fois un Tableau historique des Productions du génie, un Code abrégé des regles du bon goût, & une habile Critique des travers de nos Littérateurs actuels.
Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent, comme on sait, un tout autre but, tendent à déduire des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain mécanisme cérébral, soit une condition définie de l’ensemble social dans lequel elle est née, à expliquer par des lois organiques ou historiques les émotions qu’elle suscite et les idées qu’elle exprime.
ces jardins, dont le seul défaut est d’être trop enchantés ; ces amours, qui ne manquent que d’un voile, ne sont pas assurément des tableaux si sévères.
L’histoire ancienne offre un tableau que les temps modernes n’ont point reproduit.
Le plan général se termine par un tableau de la police de l’Université, dont on trouvera, plus loin, un extrait sur les avantages d’un enseignement varié.
Or, ces tableaux passionnés ne furent jamais faits avec plus d’avantage que par les Grecs des temps héroïques, à la fin desquels vint Homère…… Aristote dit avec raison dans sa Poétique, qu’Homère est un poète unique pour les fictions.
Cette apparence se modifie singulièrement quand on examine le tableau d’assez près pour en distinguer les détails. […] Les contes de fées ne sont souvent qu’une métaphore expliquée et mise en tableaux. […] Prenons ses Conversations, petit recueil où il y a des contes et des tableaux de mœurs. […] Mon cerveau est comme un cabinet de peintures dont tous les tableaux remueraient et se rangeraient au gré du maître de la maison. […] Tout de même, le tableau donne une impression synthétique, et le poème une impression analytique ou successive.
Il dresse des tableaux de vocables en y inscrivant chaque mot et sa famille de dérivés. […] Taine admirait tant, semble un tableau de nature morte. […] Il y joignait d’autres fantaisies qui ne sont pas sur le tableau. […] Parlant des évocations de ses songes : « Mes tableaux », dit-il, « ne sont que des bas-reliefs coloriés. […] C’est donc autant de tableaux objectifs et visuels qu’il essaie de peindre.
Ces tableaux qui passent sous nos yeux nous remplissent d’une secrète horreur. […] D’image en image, le tableau s’organise. […] Les tableaux que nous font les traditions musulmanes d’El Aaraf sont très variés. […] Il y avait dans celle bibliothèque des tableaux de Poussin et des tableaux de Le Brun, dont l’un représentait un de ses fondateurs, le surintendant Foucquet, à côté de la Justice. […] Pourquoi les plaideurs empêcheraient-ils son fils d’ajouter aux tableaux de la famille ?
Il est charmant, ce second tableau. […] » Quatrième tableau. […] Tableau ! […] Il est riche ; il a chez lui des tableaux, des bronzes, des étoffes d’Orient, et son portrait partout. […] Un tableau du Musée Grévin, en pan coupé, ferait une superbe allégorie.
En un mot l’écrivain digne de ce nom sera d’abord sincère et nous fera du monde extérieur ou de l’âme le tableau que son esprit conçoit. […] Intéressant tableau qui rétablit l’accord entre l’art et la vie. […] Ses Tableaux de voyage sont le modèle du genre. […] Ils prennent dans les tableaux du vaste univers des éléments variés qu’ils juxtaposent de façon à produire l’étonnement, la gaîté ou la terreur. […] Il sait que ce tableau des provinces est un des éléments actifs de son œuvre.
Il amoncelle les menus détails pour la composition d’une figure ou d’un tableau ; nous voulons qu’on nous peigne en quelques traits un personnage, une scène. […] Je détache encore un tableau très vivant de la foule polonaise, assemblée à Varsovie pour assister au supplice des Cosaques. […] voilà ce qui nous met en défiance contre les meilleurs tableaux de l’épopée. […] Le Reviseur n’est ni une comédie de sentiments, ni une comédie de caractères ; c’est un tableau de mœurs publiques. […] Il nous manque les hautes classes pour compléter le tableau.
Nous pourrions détacher quelques chapitres de l’ouvrage qui sont d’un récit animé et qui offrent de rapides tableaux.
Est-ce seulement à cause de la joliveté des musiques qui s’y assourdissent, pour le charme effacé des images et des tableaux qui s’y évoquent ?
Le même Auteur avoit commencé une Géographie Histori-Politique de l'Allemagne, dont il parle dans son livre de l'Office des Rois d'Armes ; & l'on doit peu regretter qu'il ne l'ait point achevée, depuis que M. l'Abbé Courtalon, Précepteur des Pages de Madame, a publié un Atlas élémentaire de cet Empire, où l'on voit sur des Cartes & des Tableaux sa description géographique, & l'état actuel de sa constitution politique.
Les accessoires du tableau, les éléments et les traits qui le justifient, se rencontrent épars, sans aucune physionomie poétique, dans la correspondance railleuse et dans les livres plus sérieux de Bonstetten. […] Pour tâcher d’atténuer l’effet désastreux de certains de ses tableaux, on a dit que Bonstetten avait visité le Latium dans une année de famine et qu’il avait trop généralisé ses observations. […] Il rendait pleine justice à sa merveilleuse intelligence ; « J’ai l’avantage de trouver à Coppet une critique impartiale ; c’est aussi un art de tirer parti de la critique ; souvent je persiste dans mon opinion ; mais Mme de Staël est si libre de préjugés, si claire, que je vois mes tableaux dans son âme comme dans un miroir. » Le Voyage dans le Latium, publié à la fin de 1804, eut du succès, et décida de la rentrée de Bonstetten dans la littérature française.
Apaisez en ce tableau quelques couleurs criardes ; arrivez, en éteignant, en retranchant çà et là, à une harmonie plus égale de ton, et vous aurez la plus touchante peinture domestique. […] Ici les tableaux des maîtres, les tulipes introuvables, les meubles d’ébène et les boiseries dignes de Salomon sont dès l’avance disposés. […] Nous citerons le début : « Le Ciel m’ayant permis de réussir à faire la pierre philosophale, après avoir passé trente-sept ans à sa recherche, veillé au moins quinze cents nuits, éprouvé des malheurs sans nombre et des pertes irréparables, j’ai cru devoir offrir à la jeunesse, l’espérance de son pays, le tableau déchirant de ma vie, afin de lui servir de leçon, et en même temps de la détourner d’un art, etc. » En effet, l’honnête alchimiste, bien qu’il ait trouvé le secret de la transmutation, conserve jusque dans son triomphe un sentiment si profond de son infortune passée, qu’il voudrait détourner les jeunes gens des périls de cette science hermétique, au moment même où il la leur dévoile obscurément.
Les proportions régulières des statues antiques, l’expression calme et pure de certains tableaux, l’harmonie de la musique, l’aspect d’un beau site dans une campagne féconde, nous transportent d’un enthousiasme qui n’est pas sans analogie avec l’admiration qu’inspire le spectacle des actions honnêtes. […] L’opinion, si vacillante sur les événements réels de la vie, prend un caractère de fixité quand on lui présente à juger des tableaux d’imagination. […] Les tableaux du vice laissent un souvenir ineffaçable, alors qu’ils sont l’ouvrage d’un écrivain profondément observateur.
Sans cesse le portrait tourne chez lui en tableau, en chapitre de roman ou en scène de comédie. […] Le début du chapitre de la Ville est le sommaire d’une description faite bien des fois par nos romanciers, l’indication d’un tableau ou d’une aquarelle que nos artistes nous ont montrée bien des fois : ces lieux mondains où le tout-Paris se rassemble pour se montrer et se voir, au xviie siècle, les Tuileries ou le Cours, aujourd’hui un vernissage, une allée du Bois, un retour de courses. .Mais je ne sais rien de plus caractéristique que le portrait de Nicandre, ou l’homme qui veut se remarier455 : ce n’est pas un portrait, à vrai dire, c’est l’esquisse d’un dialogue, où il n’y a qu’à remplir les répliques de l’interlocutrice, laissées en blanc par La Bruyère, et faciles à suppléer : tout le rôle de Nicandre est noté avec une précision singulière. […] L’auteur a cherché à prévenir la fatigue qui pouvait résulter du décousu de ses observations par la surprise de la forme incessamment renouvelée : maximes, énumérations, silhouettes, portraits, dialogues, récits, apostrophes, tableaux, s’entremêlent et réveillent la curiosité.
Dangereuse peut-être pour les enfants d’une petite ville encore à demi puritaine, parce qu’elle leur offrait des tableaux voluptueux de couleur assez chaude, la peinture de la passion qui brûle Julie et Saint-Preux devenait inoffensive, voire même bienfaisante à Paris, parce qu’elle ramenait la société frivole et débauchée de la grande ville à voir dans l’amour, non plus un passe-temps, non plus « la bagatelle », selon l’expression significative du moment, mais un sentiment grave et fort où le cœur a plus de part que les sens. […] Dans les moments de ferveur religieuse la prédication a des triomphes qui paraissent surnaturels ; des paroles tombées du haut de la chaire se traduisent aussitôt en actes passionnés ; ainsi, à la voix puissante de Savonarole, jeux, danses, tableaux et statues profanes disparaissent de la légère et païenne Florence et toutes les vanités mondaines sont brûlées solennellement sur la grande place, en compagnie du seigneur Carnaval, par une population fanatisée. […] Les puritains qui réprouvent en bloc le roman et le théâtre allèguent qu’il s’y glisse presque toujours des tableaux capiteux et ils proscrivent comme contagieuse et grisante la description seule des mouvements de l’amour.
Sans parler de la barbarie où étoit plongée toute l’Europe avant qu’elle eût abjuré les faux Dieux & la superstition, il suffit de fixer ses regards sur le tableau actuel de la Société, pour sentir les avantages que la Religion lui procure. […] Non : les ames religieuses sont seules capables d’offrir le tableau de ces vertus réunies. […] Nous ne prétendons pas dire qu’elle soulage tous les maux : le tableau de la vie ne nous en présente que trop qui ne sont pas soulagés ; mais nous soutenons que l’esprit de la Religion les adoucit, & que si cet esprit étoit suivi, ils disparoîtroient tous de la surface de la terre.
Les auteurs n’ont pas réussi à remplir ce vide par une enfilade de tableaux épars, au milieu desquels des personnages factices se mêlent et se heurtent, sans qu’aucun lien les rassemble. […] C’est un noble et touchant tableau ; il ranime l’Age d’or de la vieille France ; aucune emphase n’altère sa simple grandeur. […] On se rappelle certains tableaux de l’école hollandaise, devant ce salon sévère, presque austère, qui tient de la cabine de vaisseau et du parloir des maisons du Nord.
Jamais, dans son travail, il n’a fait fléchir la méthode : sa description est claire, nette, exacte, complète, mais toute positive et scientifique ; il a réservé les considérations morales, et les conclusions qu’il était induit à tirer de ses tableaux comparatifs, pour des appendices qu’il y a joints. […] C’est après avoir compulsé et conféré entre eux de pareils tableaux qu’on pourrait, ce semble, se mettre à écrire de L’Esprit des lois et des mœurs.
Vous perfectionnez par les nuances ; mais celui qui a pu s’emparer avant tous les autres des couleurs primitives, conserve un mérite d’invention, donne à ses tableaux un éclat que ses successeurs ne peuvent atteindre. […] Le paganisme des Grecs était l’une des principales causes de la perfection de leur goût dans les arts ; ces dieux, toujours près des hommes, et néanmoins toujours au-dessus d’eux, consacraient l’élégance et la beauté des formes dans tous les genres de tableaux.
Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. […] Si cela est peut-être discutable, cela est fort dramatique ; et très dramatique aussi, au dernier tableau, du haut de la terrasse de Néron, le saut des martyrs dans les flammes.
. — Tableaux de siège (1871). — Théâtre : Mystères, comédies et ballets (1872). — Portraits contemporains (1874). — Histoire du romantisme (1874). — Portraits et souvenirs littéraires (1875). — Poésies complètes, en 2 vol. (1876). — L’Orient, 2 vol. (1877). — Fusains et eaux-fortes (1880) […] — Tableaux à la plume (1880). — Mademoiselle Dafné ; la Toison d’or, etc.
Le Génie n’a jamais été & ne peut être le partage d’un esclave ; ces coups de pinceau majestueux, ces nuances de grandeur & de justice qui doivent animer les tableaux de l’Ecrivain philosophique, où les puiseroit-il ? […] Où est l’instant ou son esprit actif a pû retomber sur lui-même, il a parcouru l’Univers & a déposé dans sa mémoire une suite magnifique de tableaux qui se reproduiront à son imagination, lorsque l’homme oisif & importun venant le tyranniser prendra son silence méditatif, pour la preuve non équivoque d’une attention qu’il ne mérite point.
Parvenu au haut d’une colline, je contemplai longtemps, dit le narrateur, ce spectacle qui rappelait les guerres des conquérants de l’Asie ; la plaine était couverte de ces immenses bagages, et les clochers de Moscou, à l’horizon, terminaient le tableau. […] « Un cheval blanc, dit M. de Fezensac, que nous montions à poil les uns après les autres, nous fut d’un grand secours. » Ce cheval blanc que chacun monte à poil à son tour est le dernier trait du tableau, et il le faut opposer à cet autre spectacle de 500 000 hommes franchissant orgueilleusement le Niémen six mois auparavant.
Tel est le Petit tableau de l’univers, espêce d’Almanach géographique fait avec soin. […] in-12. 1770. , est un tableau fidéle des mœurs, des coutumes & du gouvernement de l’Angleterre.
Que les hommes qui vivent dans une révolution, et qui en sont ou spectateurs éclairés ou acteurs principaux, lèguent à la postérité le dépôt fidèle de leurs souvenirs, c’est un devoir que nous réclamons d’eux ; que ceux mêmes qui, dans une situation secondaire, n’ont vu qu’un coin du vaste tableau et n’en ont observé que quelques scènes, nous apportent leur petit tribut de révélations, il sera encore reçu avec bienveillance ; et si surtout l’auteur nous peint l’intérieur d’une cour dans un temps où les affaires publiques n’étaient guère que des affaires privées, s’il nous montre au naturel d’augustes personnages dans cette transition cruelle de l’extrême fortune à l’extrême misère, notre curiosité avide pardonnera, agrandira les moindres détails ; impunément l’auteur nous entretiendra de lui, pourvu qu’il nous parle des autres ; à la faveur d’un mot heureux, on passera à madame Campan tous les riens de l’antichambre et du boudoir : mais que s’en vienne à nous d’un pas délibéré, force rubans et papiers à la main, mademoiselle Rose Bertin, modiste de la reine, enseigne du Trait galant, adressant ses Mémoires aux siècles à venir, la gravité du lecteur n’y tiendra pas ; et, pour mon compte, je suis tenté d’abord de demander le montant du mémoire.
Je saisis, en passant, l’occasion de rectifier ici une erreur d’impression qui m’est échappée sur ce nom de Lejeune (page 96, Tableau de la Poésie française au seizième siècle, édition Charpentier, 1843.)
Émile Blémont excelle à décrire en poésie, ainsi qu’on faisait jadis, les tableaux de nos peintres, auxquels ses vers semblent rendre leurs mouvements et leurs couleurs ; signalons, avant de finir, une pièce charmante : « Le Volant », un élégant Watteau en quatrains.
Alphonse Lemerre Au théâtre, La Belle Saïnara, comédie en un acte et en vers, joint, comme certains de nos plus charmants tableaux de genre, la couleur locale japonaise à la couleur locale parisienne.
L’affichage moderne L’affiche illustrée (œuvre imprimée, qu’il faut donc mentionner ici) dont les oisifs regardent la pose toute fraîche et toute humide, admirant comment le mauvais et mince et tortillé chiffon sorti de la blouse grise affecte vite sur le renforcement du mur une allure de tableau et sous la décharge du pinceau un bel air verni, l’affiche illustrée est au juste, à cette heure, une industrie charmante qu’on est en train de gâcher.
Louis à Henri IV, le tableau de tous les Rois de France qui doivent un jour y occuper une place.
Il vient de composer, dit-on, un Poëme sur les peines de l’Enfer, dont il a tâché de faire le tableau le plus effrayant : il aura rempli son objet, s’il se fait peindre à la tête du Poëme, tome IV, pag. 308.
Il eut mieux fait de s’en tenir toujours aux tableaux vrais & touchans qu’il trace de la vertu, de la justice, de la fidélité, de la modération.
Thucydide fut privé de ces tableaux du berceau du monde, mais il entra dans un champ encore inculte de l’histoire.
On peut donc introduire des personnages scelerats dans un poëme, ainsi qu’on met des bourreaux dans le tableau qui répresente le martyre d’un saint : mais comme on blâmeroit le peintre qui dépeindroit aimables des hommes ausquels il fait faire une action odieuse, de même on blâmeroit le poëte qui donneroit à des personnages scelerats des qualitez capables de leur concilier la bienveillance du spectateur.
Parini, en décrivant la vie des riches Milanais, a tracé le tableau satirique de son temps. […] Le matin, le milieu du jour, le soir et la nuit offrent une suite de tableaux où la malice la plus mordante parle toujours le langage de la bonne compagnie. […] L’érudition historique n’avait rien à démêler avec ces deux tableaux. […] Ce tableau, sans doute, méritait d’être tracé avec un soin particulier, et je ne songe pas à reprocher à M. […] Ici, comme dans le tableau du moyen âge, la pensée de M.
Un petit appartement décoré de médiocres objets d’art du xviiie siècle et de quelques tableaux et esquisses de son frère. […] Hier soir nous avons eu le baptême d’une poupée, un joli petit tableau, dont un peintre de scènes familières, à la façon de Knaus, aurait fait une drolatique et fraîche procession. […] Le père, en suisse d’église avec une vieille hallebarde, dans une veste Louis XV, fleur de pêcher, et sur le ventre un gilet de soie à astragales jaunes comme les gilets des tableaux de Largillière. […] * * * — Pour haïr vraiment la nature, il faut naturellement préférer les tableaux aux paysages et les confitures aux fruits. […] Un domestique nous introduit dans un salon, tout empli de tableaux de Bonvin et de Wattier, parmi lesquels se voit un grand et noir portrait de Bressant, où la jeunesse de l’acteur est peinte fatalement, avec des empâtements blafards, et je ne sais quel air sinistre d’Hamlet chez M.
Tous ces traits — et d’autres encore que je ne puis énumérer — sont fixés en touches vigoureuses dans l’admirable tableau de David. […] … Je ne pense pas que tableau à la fois plus imposant et plus pittoresque puisse être offert à l’œil de l’homme. […] Leurs noms figurent, en bonne place, sur les tableaux d’honneur et sur les listes des palmarès. […] Et je connais peu de leçons d’histoire qui vaillent ce tableau synoptique des Hindous bouddhistes et des Anglais anglicans. […] Nul d’entre nous n’aurait su peindre Chrysanthème et Rarahu comme a fait Loti dans ses inoubliables tableaux.
Dans le tableau d’un prétoire de police correctionnelle, tous les détails sont d’une réalité pittoresque et âpre : Un Christ au-dessus d’eux regardait tout cela ; En face, tout debout, l’homme se tenait là, Son mouchoir à la main pour cacher sa figure ; C’était un pauvre diable à la tâte un peu dure ; Il avait l’air stupide et sombre, il parlait bas ; Il était sous le coup de cet écrasement De démentir des gens ayant fait leurs études !
Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) [Bibliographie] Tableau de la poésie française au xvie siècle, et Œuvres choisies de Ronsard avec notices, notes et commentaires (1828). — Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme (1829). — Les Consolations (1830). — Volupté, roman (1834). — Pensées d’août (1837). — Poésies complètes (1840). — Portraits littéraires (1839, 1841, 1844). — Histoire de Port-Royal (1840-1862). — Portraits de femme (1844). — Portraits contemporains (1846). — Causeries du lundi (1851-1857)
Paul Stapfer Ce qui fait l’incomparable beauté du Lac de Lamartine, c’est l’humanité, c’est l’amour qui vivifie et illumine le tableau.
Quelle comparaison entre un Ouvrage marqué au coin du génie, conduit avec un art qui enchante, enrichi de tableaux & de sentimens qui attachent & pénetrent l’ame, embelli par des peintures qui ravissent l’imagination & la captivent !
L'étude de la Cour, où son rang l'avoit placé, a pu contribuer aussi à rembrunir le tableau.
Ce nom lui fut donné par leurs pensionnaires, parce qu’expliquant d’une manière indécente les tableaux énigmatiques, exposés dans l’église du collège de Louis le grand, & qu’étant prié d’avoir attention qu’il étoit dans un lieu sacré, il répondit brusquement, en faisant un barbarisme* : Si le lieu est sacré, pourquoi les exposez-vous ?
Ainsi, tout poème où une religion est employée comme sujet et non comme accessoire, où le merveilleux est le fond et non l’accident du tableau, pèche essentiellement par la base.
Ici nous proposons d’ouvrir un nouveau sentier à la critique ; nous chercherons dans les sentiments d’une mère païenne, peinte par un auteur moderne, les traits chrétiens que cet auteur a pu répandre dans son tableau, sans s’en apercevoir lui-même.
Comme l’amour et la religion sont heureusement mêlés dans ce tableau !
Mais quand on veut transporter à l’histoire cet art des détails, les rapports changent ; les petites nuances se perdent dans de grands tableaux, comme de légères rides sur la face de l’Océan.
De même l’Asie orientale et l’Amerique étoient déja découvertes pour les épiciers et pour les lapidaires au temps de Raphaël ; mais ce n’est qu’après lui que ces parties du monde ont été découvertes pour les peintres, et qu’on en a rapporté les desseins des plantes, des fruits et des animaux rares qui s’y trouvent, et qui peuvent servir à l’embellissement des tableaux.
Vouloir persuader à un homme qui préfere le coloris à l’expression en suivant son propre sentiment, qu’il a tort, c’est lui vouloir persuader de prendre plus de plaisir à voir les tableaux du Poussin, que ceux du Titien.
Je lui contais alors, qu’Eisen père avait développé le talent de son fils, le merveilleux vignettiste du xviiie siècle, en lui faisant faire chez lui, des copies de mémoire, des tableaux de musées, devant lesquels il allait passer des heures, deux ou trois jours de suite. […] Et le voilà, faisant au romancier, qu’il sait que je suis, un douloureux tableau, ma foi, pas mal fait, de l’état moral de l’individu, qui a commis un acte indélicat, et qui ne peut se replacer qu’avec un certificat, que l’homme qu’il a volé, est dans l’impossibilité de lui donner, et n’ayant devant lui que le suicide, tirade qu’il termine, en disant qu’il n’a pas mangé, depuis le matin. […] En sortant de dîner, Pierre Gavarni me dit, faire, — et faire tranquillement comme tout ça qu’il fait — un tableau de Jeanne d’Arc, sous les murs d’Orléans, le soir de la bataille. […] Aussi a-t-il fait pour ce tableau, nombre de chevaux blancs dans le soleil. […] Et vraiment Primoli a un certain talent, ainsi que disent les peintres, pour piger le motif — un motif faisant tableau.
Sans doute ces comédies si fraîches sont déjà un symptôme de la décadence et de la ruine du monde ancien, puisqu’elles ne sont pas autre chose en définitive que le tableau de son suicide insensé. Mais ce tableau n’est point immoral, car il représente comme nécessaire la destruction de l’immoralité ; et il est poétique, parce qu’il est plein de sérénité, parce que le peintre n’a eu garde de tremper son pinceau ou sa plume dans le fiel de la tristesse indignée. […] Au lieu d’être simplement l’organe fidèle de l’idée qu’il a conçue, l’humoriste, dans l’ivresse du pouvoir arbitraire et des droits superbes de l’esprit, s’érige en dominateur de l’idéal, change à son gré l’ordre normal des choses, foule aux pieds la nature, la règle et la coutume, efface, éclipse, annule sa propre conception par l’éblouissant éclat de ses caprices, et n’est satisfait que lorsque son tableau, vide d’intérêt, vide de substance, sans vérité comme sans unité, présente à nos regards fatigués et distraits le spectacle à la fois changeant et monotone d’un chaos fantastique, où tout se mêle, s’entrechoque et se détruit. […] La satire, qui retrace avec d’énergiques couleurs le tableau du monde réel dans son opposition avec la vertu, nous en donne une preuve manifeste. […] Et, ainsi, ces tableaux où respire encore le bien-être, une sérénité naïve, sont en réalité les derniers grands résultats que produit la poésie du peuple grec.
Ceci n’est que le cadre ; avant 1789, il était rempli. « On n’a rien vu, dit Chateaubriand, quand on n’a pas vu la pompe de Versailles, même après le licenciement de l’ancienne maison du roi ; Louis XIV était toujours là147. » C’est un fourmillement de livrées, d’uniformes, de costumes et d’équipages, aussi brillant et aussi varié que dans un tableau ; j’aurais voulu vivre huit jours dans ce monde ; il est fait à peindre, arrangé exprès pour le plaisir des yeux, comme une scène d’opéra. […] La maison civile de Monsieur en comprend 420 et sa maison militaire 179 ; celle du comte d’Artois 237 et sa maison civile 456 Les trois quarts sont pour la montre ; avec leurs broderies et leurs galons, avec leur contenance dégagée et polie, leur air attentif et discret, leur belle façon de saluer, de marcher, de sourire, ils font bien, alignés dans une antichambre ou espacés par groupes dans une galerie ; j’aurais même voulu contempler les escouades des écuries et des cuisines ; ce sont les figurants qui remplissent le fond du tableau Par cet éclat des astres secondaires, jugez de la splendeur du soleil royal. […] Mercier, Tableau de Paris , IX, 3. […] Mercier, Tableau de Paris, I, 11 ; V, 62. — Comte d’Hézecques, ib. […] Paris, Versailles et les provinces au dix-huitième siècle, II, 160, 168. — Mercier, Tableau de Paris, IV, 150. — Comte de Ségur, Mémoires, I, 16.
Il faut écouter sir Épicure Mammon dérouler le tableau des magnificences et des débauches où il va se plonger quand il saura fabriquer l’or. […] Chez aucun écrivain du temps, ce don ne manque ; ils n’ont point peur des mots vrais, des détails choquants et frappants d’alcôve et de médecine ; la pruderie de l’Angleterre moderne et la délicatesse de la France monarchique ne viennent point voiler les nudités de leurs figures ou atténuer le coloris de leurs tableaux. […] Les dieux grecs et tout l’Olympe antique, les personnages allégoriques que les artistes peignent alors dans leurs tableaux, les héros antiques des légendes populaires, tous les mondes, le réel, l’abstrait, le divin, l’humain, l’ancien, le moderne, sont fouillés par ses mains, amenés sur la scène pour fournir des costumes, des groupes harmonieux, des emblèmes, des chants, tout ce qui peut exciter, enivrer des sens d’artistes. […] L’or étincelle, les pierreries chatoient, la pourpre emprisonne de ses plis opulents les reflets des lustres, la lumière rejaillit sur la soie froissée, des torsades de diamants s’enroulent, en jetant des flammes, sur le sein nu des dames ; les colliers de perles s’étalent par étages sur les robes de brocard couturées d’argent ; les broderies d’or, entrelaçant leurs capricieuses arabesques, dessinent sur les habits des fleurs, des fruits, des figures, et mettent un tableau dans un tableau.
Ce Comique, heureux imitateur de Ménandre, nous offre dans ses Drames le tableau de la vie bourgeoise, tableau où les objets sont choisis avec goût, disposés avec art, & peints avec des graces si naïves, que chacun s’y voit comme dans un miroir. […] c’est à cause de leurs belles descriptions, de leur saine morale, de leurs tableaux admirables de la vie humaine. […] Enfin c’est une belle copie d’un beau tableau. […] Son Poëme est un tableau qui n’est pas piquant ni brillant en couleurs, mais dans lequel on trouve des sites & des incidens pittoresques.
Qu’il soit romanesque, impossible même, ce tableau n’en est que plus charmant. […] Il peut mettre ce qu’il voudra dans son tableau ; pour toute raison il dira : « Cela allait bien » ; et il n’y a pas de raison meilleure. […] Il y a ici des tableaux tout faits, des tableaux vrais et complets, composés avec des sensations de peintre, avec un choix de couleurs et de lignes : les yeux ont du plaisir. […] Entre leurs mains, l’esquisse brouillée, indéterminée, se limite, s’achève, se détache, se colore et devient un tableau. […] Voir à Bruges les tableaux de Hemling (quinzième siècle).
Je ne recommanderois là-dessus qu’une attention ; c’est de ne placer ces grands tableaux que dans les derniers actes. […] J’ai grand regret, je l’avoüe, à ces tableaux pathétiques que nous coûte, de la part des poëtes, un égard superstitieux pour l’unité de lieu. […] Vous dites qu’on seroit choqué de voir deux événemens dans un tableau. Oüi sans doute : car un tableau ne doit représenter qu’un instant ; et deux événemens, deux lieux sont évidemment contradictoires à ce dessein. […] Il y auroit vingt tableaux à faire des différens momens et des différentes situations d’une tragédie : donc il ne s’ensuit pas que la multiplicité d’événemens et de lieux qui choqueroit dans un tableau, choquât de même dans une tragédie ; et vous voyez bien qu’on ne sauroit être trop en garde contre le séduisant des comparaisons.
Ainsi les tableaux de Paul Veronese ont un air plus facile & moins fini que ceux de Michel-Ange. […] Le tableau de la famille de Darius peint par Mignard, est très froid, en comparaison du tableau de Lebrun, parce qu’on ne trouve point dans les personnages de Mignard, cette même affliction que Lebrun a si vivement exprimée sur le visage & dans les attitudes des princesses persanes. […] Ces images n’alterent point la pureté de la religion juive, qui jamais n’employa les tableaux, les statues, les idoles, pour représenter Dieu aux yeux du peuple. […] Ce don de la nature est imagination d’invention dans les arts, dans l’ordonnance d’un tableau, dans celle d’un poëme. […] Elle combine sans cesse ses tableaux, elle corrige ses erreurs, elle éleve tous ses édifices avec ordre.
La psychologie ordinaire, se plaçant soit au point de vue purement intellectualiste, soit au point de vue matérialiste (les deux se ressemblent), ne considère le plus souvent que le contenu et les qualités des idées ou images mentales, à l’état immobile et « statique » ; elle les traite comme des espèces de tableaux ayant une forme propre dans un cadre propre et, de plus, répondant à des objets dont elles sont les portraits. […] Comparée à une autre représentation, elle lui est également semblable ou dissemblable, comme un tableau ressemble çà un autre tableau ou en diffère : elle n’agit pas plus sur l’autre représentation que le portrait de la Joconde n’agit sur le portrait de la Fornarina. […] En second lieu, nos plaisirs et nos douleurs ne sont pas des phénomènes détachés, des affections sans lien entre elles, qui apparaîtraient successivement et disparaîtraient sur le tableau de la conscience, sans provoquer une réaction différente d’elles-mêmes.
Ce tableau lui donne un vertige de tendresse qui s’exprime en vers incohérents mais délicieux. […] Un sage intervient ; il promène Rama et la charmante Sita dans une galerie de tableaux qui représentent leur heureuse enfance, et les chastes amours qui ont précédé leur union. […] — « Voyez cet autre tableau », lui dit Sita ; « il représente l’instant où vous vous revêtez de l’habit de pénitence parmi les saints cénobites. » — « Oui », réplique le héros, « cet état de vie austère que les anciens rois de notre race adoptaient pour se sanctifier quand ils avaient abdiqué l’empire en faveur de leurs enfants, nous l’avons adopté à la fleur de notre âge, nous avons été heureux de languir dans ces ermitages au fond des forêts, pour nous former à la sagesse sous des maîtres inspirés des dieux. […] Là nous ne sentions plus, tant nous étions heureux, que le temps nous échappait… » Des tableaux tragiques représentant les dangers dont Rama a sauvé son amante Sita s’offrent ici à leurs yeux, réveillent leurs souvenirs, font couler leurs larmes rendues délicieuses par le contraste avec le bonheur présent.
Cependant la scène change ; dans cette existence d’un éclat croissant et d’une gloire jusque-là facile, les ombres vont s’introduire et se mêler par degrés et de plus en plus au tableau. […] Son imagination tendre, aux prises avec des tableaux constamment funestes, s’en imbut et se terrifia.
Le récit, qui se divise en quinze chapitres ou tableaux, commence au moment où les Mercenaires accumulés dans Carthage inquiètent la population et les magistrats. […] A la manière dont il appuie sur chaque détail, sur chaque point environnant, il semble n’avoir pas voulu faire un poème, mais plutôt un tableau vrai, réel.
Aussi c’est bien moins comme récit continu, comme témoignage et contrôle positif concernant des faits historiques, que ces Mémoires méritent de compter, qu’à titre de portraits vivants et de tableaux. […] Qu’on se rappelle de lui la scène d’arrivée du général Lasalle à Burgos et tant de conversations avec l’Empereur au sujet du roi Joseph ; mais, entre toutes, la conversation du général Lasalle au souper de Burgos est un tableau animé et vivant, digne de faire pendant et contraste aux conversations de Jean-Bon Saint-André dans la salle d’attente du dîner impérial ou sur le bateau du Rhin à Mayence.
Cette manière de ne considérer qu’un seul côté dans tous les objets, et de les présenter toujours dans le même sens, est ce que l’on peut imaginer de plus fatigant, dès qu’on n’est pas susceptible de l’esprit de parti ; et l’homme le plus impartial, témoin d’une révolution, finit par ne plus savoir comment retrouver le vrai, au milieu des tableaux imaginaires où chaque parti croit montrer la vérité avec évidence. […] Après avoir esquisse le tableau de l’esprit de parti, il entre dans mon sujet de parler du bonheur que cette passion peut promettre.
Elles sont d’abord un tableau de la vie humaine et de la société française. […] Mais ce fait réveille en lui des sensations lointaines421 : le carrosse de Poitiers gravissant une rude montée dans la vallée de Torfou ; et de ces sensations réveillées va se former le tableau merveilleux, d’une couleur si sobre et si intense, que présente le début de la fable.
Le dessin général des formes de l’humanité ressemble à ces colossales figures destinées à être vues de loin, et où chaque ligne n’est point accusée avec la netteté que présente une statue ou un tableau. […] Telle religieuse qui vit oubliée au fond de son couvent semble bien perdue pour le tableau vivant de l’humanité.
Remarquons encore qu’il figure sur le célèbre tableau d’Henri Fantin-Latour Autour du piano, aussi appelé « les wagnéristes », peint en 1885. Il est assis à l’extrême droite au premier plan du tableau.
III En abordant maintenant l’étude des diverses formes de la loi d’association, je crois utile de les résumer dans le tableau, suivant, qui pourra servir de guide au lecteur : I. […] Ici on unit de nouvelles formes, on construit des images, des tableaux, conceptions, mécanismes, différant de tout ce que l’expérience a donné auparavant.
C’est par une suite d’incidents et de tableaux de ce genre que M. de Goncourt depeint en leurs moments caractéristiques de larges périodes de l’existence de ses créatures, l’enfance de Chérie et l’enfance de celle qui sera la fille Elisa, la vie errante des frères Zemganno avant leurs débuts à Paris, et la vie amoureuse, traversée d’inconscients regrets, de la Faustin au bord du lac de Constance. […] Dans le foyer du cirque où les frères Zemganno attendent avant d’entrer en scène, les objets se diffusent sous les rayonnements que note l’auteur : C’étaient et ce sont sur ces tableaux rapides, sur ces continuels déplacements de gens éclaboussés de gaz, ce sont en ce royaume du clinquant, de l’oripeau, de laa peinturlure des visages, de charmants et de bizarres jeux de lumière.
Je n’apporte pas ici l’ambition de faire vivre et respirer sous vos regards le grandiose tableau qu’André Chénier a laissé dans l’ombre. […] J’abrège pour vous présenter un dernier tableau, celui de la domination intellectuelle de notre pays à diverses époques.
Cette Italie des monuments et des musées, Mme Colet nous la badigeonne… Rien de plus favorable encore à la phrase sans pensée, que cette éternelle description de tableaux, si vastement pratiquée dans les livres actuels d’une littérature byzantine… Mme Colet qui n’ajoute rien à l’opinion de tous les imbéciles révolutionnaires, n’ajoute pas davantage à l’opinion de tous les Guides en Italie et de tous les badauds qui en écrivent. Elle copie avec sa plume, tout à la fois romantique et vulgaire, des tableaux de génie, peints par les plus grands peintres qui aient jamais existé, et en les décrivant elle semble dire comme Kepler à Dieu : « Soyez heureux de ma venue en Italie, car vous auriez pu attendre longtemps encore une admiratrice telle que moi. » Ainsi, Moi, Moi, toujours !
Mais ne peut-on pas répondre que ces sortes d’ouvrages étant moins des monuments historiques, que des tableaux faits pour réveiller les grandes idées ou de grands sentiments, il ne suffit pas de raconter à l’esprit, il faut, si l’on peut, parler à l’âme et l’intéresser fortement ? […] D’ailleurs, il faut des choses nouvelles pour ébranler l’imagination ; et presque tous les grands tableaux ont été épuisés par les orateurs de tous les siècles.
Guizot, Augustin Thierry, et d’autres après eux dans l’explication ou le tableau des époques reculées, M. […] et que ce sera un beau tableau, quand vous y aurez mis vos idées ! […] Les analyses détaillées de la Louise de Voss et de l’Hermann et Dorothée de Goëthe respirent la douceur des modèles et sont de gracieux tableaux. […] Il y aurait encore, comme pendant et parallèle à ce tableau des conversations d’Augustin Thierry, à mettre en regard les communications non moins intimes, non moins actives, de M. […] Le troisième et dernier, le plus intéressant des trois, dont il aurait formé le couronnement, aurait présenté le tableau complet des provinces méridionales durant les siècles de renaissance et de culture : on retrouvera du moins la portion littéraire de ce tableau dans les volumes du cours sur l’Histoire de la Poésie provençale, qui s’impriment en ce moment87.
Elle diminue la portée du tableau en y dénonçant des ressemblances personnelles, et préfère, au lieu qu’il y ait des Valmont, qu’il n’y ait tout au plus qu’un M. de Valmont. […] Ici ou là, sous la tente ou à l’auberge, il nous enchante par le coloris de ses tableaux, par la verve de ses croquis. […] On n’y trouvera guère de digressions philosophiques ou critiques, ni tableaux ni anecdotes, ni portraits, sinon très incidemment. […] Il jugeait un usage comme un tableau, une foule comme un paysage, un esprit comme un cristal, car la pensée a ses réfractions. […] », qu’ils écrivaient au tableau avant le début du cours… t.
Victor Hugo, en répondant, a eu un vrai succès dans la première partie de son discours ; mais bientôt un grand lieu commun sur les femmes a un peu dérouté les auditeurs ; puis est venu l’éloge des lettrés, et une espèce de tableau idéalisé de ce que c’est que l’Académie ; c’était tout à fait une transfiguration.
Sainte-Beuve, le Tableau de la Poésie française au xvie siècle.
Si vous rapprochez des tableaux ignobles de personnages héroïques, il est à craindre qu’il ne vous soit difficile de faire renaître l’illusion théâtrale : elle est d’une nature extrêmement délicate ; et la plus légère circonstance peut tirer les spectateurs de leur enchantement.
On peut les comparer à des taches qui échapperoient dans l’examen d’un tableau commun, & qui choquent dans les productions d’un pinceau, dont on a droit d’attendre autant de correction & de réserve, qu’il a d’aisance & d’énergie.
Quel tableau Bourdaloue ne fait-il point de l’ambition !
Tout est machine et ressort, tout est extérieur, tout est fait pour les yeux dans les tableaux du paganisme ; tout est sentiment et pensée, tout est intérieur, tout est créé pour l’âme dans les peintures de la religion chrétienne.
Lisez, par exemple, cette peinture du pécheur mourant : « Enfin, au milieu de ses tristes efforts, ses yeux se fixent, ses traits changent, son visage se défigure, sa bouche livide s’entrouvre d’elle-même, tout son esprit frémit ; et, par ce dernier effort, son âme s’arrache avec regret de ce corps de boue, et se trouve seule au pied du tribunal redoutable193. » À ce tableau de l’homme impie dans la mort, joignez celui des choses du monde dans le néant.
Le sacrifice d’Iphigenie, par exemple, ne convient qu’à un tableau où le peintre puisse donner à ses figures une certaine grandeur.
Nous assurons à Homère le privilège d’avoir eu seul la puissance d’inventer les mensonges poétiques (Aristote), les caractères héroïques (Horace) ; le privilège d’une incomparable éloquence dans ses comparaisons sauvages, dans ses affreux tableaux de morts et de batailles, dans ses peintures sublimes des passions, enfin le mérite du style le plus brillant et le plus pittoresque.
C’est de son cœur humain à lui qu’il nous fait le tableau, j’aime à croire, car voici ce qu’il y trouve : « des chacals, des panthères, des lyces, des singes, des scorpions, des vautours, des serpents, toute une ménagerie de monstres glapissants, hurlants, grognants et rampants ». […] C’est une série de tableaux pleins de pages poignantes ; mais, ce qui donne à ces tableaux la valeur d’une nouveauté et en fait une tentative originale, c’est qu’ils n’ont rien de commun avec les scènes du même genre qui abondent dans la littérature allemande ou dans la poésie britannique. […] — de la collection de tableaux, qui illustre les murailles vertes de la petite salle adjacente au foyer de l’Odéon. […] Qu’est-ce en effet qu’un tableau, sinon une pièce de théâtre ? […] le tableau est tout à fait digne du cadre… surtout quand il rit.
Mercier, dans son tableau de Paris (1781-1790), signalait ce fléau. […] Il est temps de résumer les faits dont j’ai présenté le tableau. […] Un cimetière aux champs, quel tableau, quel trésor ! […] Mais ces lueurs s’éteignaient bientôt. » Quel lugubre tableau ! […] » On y remarque un tableau curieux des mœurs de la jeunesse du temps.
Or, pour moi du moins (il demeure bien entendu qu’une expérience de cette nature est la plus subjective qui soit), ces objections tombent, — je l’ai vingt fois éprouvé, — en présence des tableaux eux-mêmes. […] Nous citions en commençant la parole de Delacroix : « Le premier mérite d’un tableau est d’être une fête pour l’œil ». […] On lui reprochera peut-être un jour d’avoir anticipé le cinéma et l’instantané et d’avoir — surtout entre 1870 et 1885 — côtoyé le « tableau de genre ». […] Un Ingres, un Corot, un Degas réservent tout leur goût pour leurs tableaux : ils ne l’exercent qu’à l’intérieur du cadre. […] Dans la page où — avec tant de tremblement que ce tremblement même lui fait contracter le vœu d’une entière lucidité du regard — François se poste devant son chevalet, la note juste est donnée : Aimée est un tableau à l’intérieur d’un tableau, un portrait à l’intérieur d’un portrait, — tel ce tableau accroché au mur dans presque toutes les toiles de Vermeer, et pour l’amour duquel François ici — comme Vermeer lui-même dans le mystérieux chef-d’œuvre de la collection Czernin — ne se montre à nous que de dos.
Après les premiers ennuis de l’installation et un premier coup d’œil peu favorable donné à la ville, il cherche à se distraire par des promenades solitaires dans la charmante vallée de la Lahn ; il emporte avec lui son Homère, L’Odyssée qu’il lisait beaucoup alors, tout occupé de revenir à la nature, et il croit voir des tableaux approchants et des idylles dans ce qu’il observe à chaque pas. […] Je courus chez les Gerock, et demandai un crayon et du papier, et je dessinai, à ma grande joie, le tableau entier aussi chaud qu’il se représentait dans mon âme ; tous partagèrent ma joie sur ce que j’avais fait, et leur approbation me rassura. […] [NdA] On se rappelle le bel endroit de René : « Quand le soir était venu, reprenant le chemin de ma retraite, je m’arrêtais sur les ponts pour voir se coucher le soleil… » Dans le tableau naturel que nous trace Goethe, on remarquera, comme différence fondamentale avec Chateaubriand, le sentiment cordial et domestique, la joie d’enfants à cette veillée de Noël.
À Lyon où elle habitait alors, elle était à la source des douleurs et des misères, — Lyon « la ville flagellée », comme elle l’appelait ; elle lui en représentait vivement le tableau : « Lyon, 7 février 1837. […] Je trouve dans une lettre de ce temps-là, adressée par un père à son fils âgé de quatorze ans, un tableau des mêmes scènes, qui est une pièce poignante à l’appui. […] Sainte-Beuve pour n’avoir pas présenté autrement le tableau des faits, et dans un sens purement favorable à l’armée.