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1510. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Sa préférence si naturelle pour l’industrie agricole sur l’industrie manufacturière, son aversion et sa méfiance d’un gouvernement central dont l’Europe lui avait appris les abus, et que les fédéralistes voulaient installer fortement, le rôle d’opposition qu’il soutint contre eux peur la cause de la moralité politique, tout cela le conduisit à repousser avec une sévérité absolue des institutions et des entreprises qui, bien que mêlées en naissant à beaucoup d’imprudence et de licence, semblent pourtant liées de plus en plus au développement des sociétés modernes.

1511. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Je conseillerai donc, si l’on veut apporter quelque récit à l’appui d’un conseil ou pour preuve d’une thèse, de n’entreprendre point de faire parler les animaux et les arbres, et de n’imaginer rien qui soit hors des conditions de la vie commune : que la fable soit un conte, une anecdote, enfin une petite scène du monde réel ; cela aura plus d’intérêt et un tour plus moderne.

1512. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Ce duc gothique est le plus moderne artiste de la littérature antérieure à la Révolution.

1513. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

En 1883, il publia les Flamandes, pages où sont recueillies les impressions de la terre natale, puis contribua, par de saines études dans l’Art moderne, la Jeune Belgique, la Société nouvelle, la Wallonie, à la renaissance des lettres belges.

1514. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

À rebours fut la solution imaginaire, le rêve quasi réalisé d’un intellect distingué et décadent, « écœuré de l’ignominieuse muflerie du présent siècle », d’un exceptionnel jeune homme moderne s’édifiant une vie insolemment factice, bâtissant hors du siècle, dont l’auteur étudie les dégénérescences et les interversions avec la sûreté d’un physiologiste devant un cas morbide.

1515. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

« Stéphane Mallarmé. »   « … Aujourd’hui, les poètes modernes me semblent faire de la poésie ce que le Binet de Madame Bovary faisait du bois : “une de ces ivoirines indescriptibles, composées de croissants, de sphères creusées, les unes dans les autres, le tout droit comme un obélisque” et ne servant à rien, — heureusement.

1516. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Si l’excès du moderne style munichois nous importune le jour, le soir c’est un enchantement, un conte des mille et une nuits.

1517. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

A plus forte raison dédaignait-il une foule d’observances modernes, que la tradition avait ajoutées à la Loi, et qui, par cela même, étaient les plus chères aux dévots.

1518. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

est alors tout animée de l’esprit de l’antiquité classique qu’elle se modèle de parti pris sur les Grecs et sur les Romains qu’elle est par suite savante et faite surtout pour une aristocratie ; les œuvres qui la composent ont presque toutes un caractère hybride ; elles sont semi-païennes et semi-chrétiennes ; elles sont anciennes par la forme, les sujets, les titres, l’imitation voulue, l’emploi de la mythologie ; modernes par les idées et les sentiments qui sont coulés dans ces moules d’autrefois.

1519. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

L’impossibilité de sçavoir comment il faut prononcer la pluspart des mots latins, & les idées, à cet égard, des modernes latinistes mirent autrefois en combustion l’université de Paris & le collège Royal.

1520. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

X Cet inventaire de l’esprit humain, à l’heure où nous sommes, comprend l’Inde, la Chine, l’Égypte, la Perse, l’Arabie, la Grèce, Rome, l’Italie moderne, la France, l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Amérique elle-même naissante à la littérature comme à la vie, en un mot tous les peuples du globe qui ont apporté ou qui apportent un contingent littéraire à ce dépôt général de l’esprit humain.

1521. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Les dessins lavés au bistre et à l’encre de la Chine sont sublimes, tout à fait dans le goût des plus grands maîtres ; rien de maniéré, de petit, ni de moderne soit pour la composition, soit pour les caractères, soit pour la touche.

1522. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Cent mille beautez médiocres mises ensemble ne valent pas, ne pesent pas, pour ainsi dire, un de ces traits qu’il faut bien que les modernes, mêmes ceux qui font des églogues, loüent dans les poësies bucoliques de Virgile.

1523. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Pour entendre les passages des anciens, qui parlent de leurs représentations théatrales, il me semble necessaire de sçavoir ce qui se passe sur les théatres modernes, et même de consulter les personnes qui professent les arts lesquels ont du moins quelque rapport avec les arts que les anciens avoient, mais dont la pratique est perduë.

1524. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Il nous semblait, par ce que nous connaissions de sa plume, destiné à mieux qu’à faire de la philanthropie moderne, dût-elle prendre dans ses écrits le nom modeste de charité.

1525. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

Le Dante fut donc, malgré la vocation de son génie, une espèce de franc-maçon, de carbonaro ténébreux, de socialiste par anticipation, qui avait son avancement d’hoirie sur le communisme moderne, lequel finira tous les poèmes et tous les mystères par d’éclatantes réalités.

1526. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Lessing savait bien ce que Voltaire ne savait qu’à peu près ou mal… Linguiste immense, fort dans les langues anciennes, dont Voltaire avait seulement éraflé le dictionnaire, Lessing lisait dans leur propre langue tous les théâtres de l’Europe moderne, et encore par là il tenait Voltaire, ce menteur et ce pickpocket de Voltaire, qui aurait si bien escroqué la gloire d’autrui, si on l’eût laissé faire.

1527. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Saint-René Taillandier, c’est tout le personnel, ancien et moderne, de la Revue des Deux-Mondes, pour laquelle son livre est une épouvantable réclame de quatre cents pages environ, et ses goûts, c’est MM. 

1528. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Hugo, le grand architecte en poésie, la Renaissance et ses ornementations idolâtres, et ce genre qui est devenu le défaut et presque le vice de la poésie moderne, de traiter la langue comme une pierre et d’en exagérer la plasticité.

1529. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Lisez ces vers à Léon Cladel dans lesquels il les a proclamés, ces privilèges immortels que nous ne déposerons pas, nous, sur l’autel de la Démocratie, et que la Démocratie veut nous enlever, comme elle nous a enlevé les autres, pour en blasonner tous les va-nu-pieds et tous les couche-tout-nus du monde moderne et les élever au-dessus de nous, — au-dessus de tout ce qui est esprit et génie, — sur le pavois de la pitié !

1530. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Si malheureusement il a le grand défaut moderne, le défaut de presque tous les voyageurs actuels (j’en excepte Stendhal et Custine), de n’être pas aussi moraliste qu’il est spectateur, au moins sa personnalité n’ajoute pas sa superficie aux autres superficies qu’il regarde.

1531. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

On ose dire que nul éloge, ni ancien ni moderne, n’offre un tableau si grand.

1532. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

. — Des jugements humains, tels que les modernes les pratiquent pendant la paix, sont sortis les trois systèmes du droit de la guerre que nous devons à Grotius, à Selden, et à Pufendorf.

1533. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Le Breton a trop de goût, il a surtout le goût trop fin et trop modeste pour s’amuser à ce paradoxe ; et ses conclusions sur « les primitifs du roman moderne », mieux motivées seulement, ne diffèrent pas beaucoup de celles que la tradition semble avoir consacrées. […] Mais ce qui est vrai, c’est que Gil Blas est le premier en date des romans modernes, ou, pour mieux dire encore, le premier des romans où le genre ait pris conscience de lui. […] De là, la nature de son influence : le point d’honneur espagnol a peut-être empêché le naturalisme italien d’envahir les littératures modernes. […] Partisan des anciens, nul ne l’a été plus sincèrement que Boileau, plus aveuglément si l’on veut — comme dans les étranges raisons qu’il donne de son admiration pour Pindare, — mais Descartes, au contraire, est le premier des modernes. […] D’Alembert se moque, en vérité, quand, dans le Discours préliminaire de l’Encyclopédie, c’est à Bacon qu’il fait honneur d’avoir inauguré le mouvement scientifique moderne.

1534. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Mais les modernes, si pénétrés de littérature antique qu’ils aient été, si invités qu’ils aient été par les anciens à regarder la mer, ne l’ont point chantée tout d’abord. […] Fogazzaro, lui, à la suite d’un commentateur moderne de la Bible, et en dépassant un peu ses conclusions, voit dans le passage de saint Paul une théorie du progrès universel, et par conséquent une idée essentiellement darwinienne, spencérienne et évolutionniste. […] Dans l’évolutionnisme considéré comme une manière de traduction moderne, du christianisme, M.  […] Racine se trouvait avoir fait un vers romantique, un vers moderne, large et ample, avec un mot remplissant un hémistiche et supprimant un des quatre repos, et cela blessait l’oreille de l’aristarque. […] Ce que j’appelle matérialisme historique, c’est cette théorie, assez chère à la plupart des socialistes modernes, que les transformations sociales sont toutes d’origine économique.

1535. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Un exemple plus moderne rendra peut-être tout ceci plus clair, et montrera du même coup que la tentative n’a rien de trop ambitieux, puisque le problème n’a rien d’insoluble. […] Renan, qui ne se les serait pas autrefois permises, les concède au goût du jour, et s’en sert comme d’un moyen d’intéresser à l’histoire d’Israël ce qu’il y a, ce qu’il croit qu’il y a, parmi ses lecteurs, de plus « moderne » et de plus « parisien ». […] Renan nous dit que « l’idée exagérée de la Providence particulière, base du judaïsme et de l’islam, … a été vaincue par la philosophie moderne, fruit non de spéculations abstraites, mais d’une constante expérience ». […] Et le polygénisme se trouve ainsi rendu vraisemblable — sinon tout à fait démontré — par les mêmes moyens que les grandes hypothèses de la science moderne, sur l’attraction par exemple, ou sur l’unité des forces physiques : il concorde avec toutes les données de l’histoire ; et, presque tous les faits dont le monogénisme est impuissant à rendre compte, il les explique. […] Et vous savez, dans notre histoire littéraire, — ou plutôt dans l’histoire de la pensée moderne, — quel est le nom du plus brillant élève que les jésuites aient formé dans leur collège de Clermont !

1536. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Voici le moment de faire connaître le seul détracteur de Sénèque, l’homme dont ses ennemis, tant anciens que modernes, n’ont été que les échos. […] J’oserais assurer que le mépris du philosophe pour sa propre richesse était plus vrai que celui d’un Suilius, d’un Dion, d’un Xiphilin, et de tous leurs échos, tant anciens que modernes. […] Suilius fit un crime à Sénèque de l’immensité de sa fortune  ; un disciple moderne de Suilius ne balance pas d’en flétrir l’emploi. […] encore si c’était un Thraséas chez les anciens, un Montausier chez les modernes, qui jugeassent le philosophe, à la rigueur on prendrait patience. […] Que ce philosophe soit donc notre manuel assidu : expliquons-le à nos enfants, mais ne leur en permettons la lecture que dans l’âge mûr, lorsqu’un commerce habituel avec les grands auteurs, tant anciens que modernes, aura mis leur goût en sûreté.

1537. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Comme Montesquieu, il rappelle les républiques antiques ; mais pour les féliciter et non pour les reprendre d’avoir pratiqué le gouvernement direct : « L’idée des représentants est moderne ; elle nous vient du gouvernement féodal, de cet inique et absurde gouvernement où l’espèce humaine est dégradée et où le nom d’homme est en déshonneur. […] Il faut lire son chapitre sur les Règlements à faire entre le maître et les esclaves en l’appliquant à nos sociétés modernes ; car il a été assez prouvé, et c’est l’évidence, que le prolétaire moderne est dans une condition qui, sans être identique, est infiniment analogue à celle de l’esclave antique. […] Il n’y a rien de plus juste que la haine des démocrates modernes contre le christianisme, car c’est dans les entrailles mêmes du christianisme que sont nés ces Droits de l’homme, qui limitent les droits de l’Etat, et que, par conséquent, les démocrates ne peuvent souffrir. […] Le même esprit embrase les uns et les autres et nous avons dans toute l’Europe moderne des guerres épouvantables de soldats menés par des théologiens, toutes pareilles aux égorgements des Madianites par ceux d’Israël. […] Il a tort en ceci encore qu’il ne veut faire aucune distinction entre Chrétiens et Juifs et qu’il attribue aux Chrétiens modernes l’esprit tout entier des Hébreux d’autrefois.

1538. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Chez les modernes on est plus pressé : c’est de leur vivant qu’on les juge, et l’on rend l’arrêt en les renversant. […] — Qu’est-ce donc que cette passion de nos modernes ? […] Mais s’il acceptait sincèrement la liberté, comme une des conditions de la société moderne, c’est de la façon qu’un homme d’honneur accepte virilement un adversaire nécessaire, qu’un homme sensé accepte la nature des choses. […] Je lui objectai l’exemple du sublime observateur qui fut autant le père de la science que celui de la philosophie moderne. […] Et ce qu’au nom de l’art, aux modernes Orphées Soufflent de malfaisant ces dangereuses fées.

1539. (1913) Poètes et critiques

Car il y avait des imitations, c’est-à-dire des adaptations de souvenirs antiques dans cet ouvrage d’aspect si moderne, et comme je ne crois pas qu’on les ait souvent indiquées, comme elles sont tout l’opposé de plagiats vulgaires, qu’elles nous montrent au contraire le procédé poétique de Richepin et les ressources de son invention, je prendrai la liberté d’y insister dans cette étude. […] C’est d’abord un groupe de poésies très modernes et, à mon sens, très originales, d’un accent très âpre, mais très fort. […] Il est très moderne par là, et aussi très ancien. […] C’est bien aussi la même veine de plaisanterie, grave, gauloise, le même goût du terme pittoresque ; mais le vocabulaire du « moderne » est plus varié, plus imprévu, plus fréquemment traversé de métaphores lumineuses. […] Elle jouit des douceurs de l’amitié et, on peut le penser, des enchantements de l’amour, dans cette société d’élite où d’admirables jeunes femmes, célébrées par un grand poète sous des noms modernes ou antiques, « Fanny, Camille, Chloé, Glycère, Euphrosine ou Lydé, Pannychis », se laissaient adorer délicieusement par des gentilshommes accomplis, Calixte de Montmorin, François du Pange, Adrien de Lezay, André Chénier, d’autres encore.

1540. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

— Est-ce une concession aux idées modernes représentées par Verdi ? […] Dans t’antipathie que lui fait éprouver le vocabulaire moderne, l’académicien ne consent même pas à faire grâce à l’état civil. […] * *   * Dans le domaine de la science et de l’industrie moderne, — la vapeur, — le fougueux disciple de Boileau n’accepte pas davantage de vocable tout neuf pour baptiser une invention nouvelle. — Bateau à vapeur est un mot plat, et steamer, bien que l’usage l’ait consacré et rendu compréhensible, a le tort grave de nous venir d’une terre et d’une langue étrangères. […] Or, le métier, c’est la marche en avant, c’est le progrès du théâtre moderne, et jugez de ce que vaut ce théâtre, lorsque nous y voyons M.  […] Oui, la marche, le progrès, les tendances de l’art moderne sont tout entiers dans les grivoiseries de M. 

1541. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

C’est l’Allemagne moderne qui a élevé à Molière le monument le plus digne de lui. […] Il s’en va ramasser dans les pamphlets du temps certaines calomnies infâmes, dont la critique moderne a fait justice. […] L’adultère dans notre société moderne est devenu une affaire très sérieuse, ou du moins le monde comme il faut prétend n’en voir jamais que le côté sérieux. […] Il faut nous arracher un instant à nos préjugés modernes et nous reporter dans un milieu qui n’est plus le nôtre. […] Mais, sur ce point, nos vaudevillistes modernes sont plus roués que n’a jamais pu l’être Regnard, qui pratiquait alors un art encore dans son enfance.

1542. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Aujourd’hui encore, des onomatopées et des symboles subsistent dans les langues modernes, témoignages vivants de l’état primitif du langage, et l’on ne peut nier que ce soient des signes. […] Sans doute, l’idéal que nous venons de définir n’est pas réalisé dans tous les mots qui composent nos langues modernes ; mais ces imperfections sont à peu près annulées par leur caractère exceptionnel : la parole est intérieure ou extérieure, mais toujours actuelle, toujours donnée à notre conscience ; c’est un état, tantôt fort, tantôt faible, mais continu, sans intermittence ; dès lors, l’esprit prend fatalement l’habitude de l’envisager selon son mode le plus fréquent, et cette habitude, s’il ne réagit pas contre elle, se fortifie à chaque instant ; les rares analogies qui se rencontrent entre les mots et les idées correspondantes sont peu remarquées : il faudrait un effort pour les saisir ; l’esprit n’ayant pas l’habitude de voir des ressemblances entre les mots et les idées, c’est comme s’il avait l’habitude de n’en pas voir et de négliger celles qui se présentent de temps à autre. […] IY, § 7] est un fait universel ; mais cette universalité n’est pas la preuve d’une absolue nécessité ; pour l’expliquer, il suffit de prouver, — ce que nous pensons avoir fait, — qu’il est à la fois naturel et commode à la pensée de partager la masse des images qui la composent en deux séries parallèles, les images les plus vives étant chargées de représenter les autres ; en se constituant ainsi, la pensée n’obéit pas à une inéluctable fatalité, de nature immanente ou transcendante, mais à un instinct juste, à une loi vaguement pressentie de bonne économie domestique : parcourant plus vite la masse toujours croissante des images qui constituent son expérience, elle ménage ses forces sans diminuer sa production ; elle produit avec le minimum de peine le maximum de travail ; c’est la même tendance qui, manifestée dans le langage extérieur, a été appelée par les linguistes modernes la loi du moindre effort. […] Il arrive assez souvent, dans certaines poésies modernes, qu’un des mots de la phrase n’a pas de sens connu du lecteur ou de l’auditeur ; celui-ci n’est pas arrêté par cette lacune ; il s’en aperçoit à peine ; il ne réclame pas le lexique indoustani ou malais dont l’ouvrage aurait besoin pour être entièrement compris. […] Stuart MilJ, Discours sur l’instruction moderne (Revue des cours littéraires, 13 juillet 1867, p. 516-517).

1543. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Dans son livre sur la Grèce moderne, M.  […] Soumise à la fécondation du système antique ou du système moderne, cette donnée pouvait-elle enfanter une fable vivante et terrible ? […] Entre la mélancolie plaintive, quoique résignée du prophète, et le désenchantement douloureux du poète moderne, j’aperçois une parenté très réelle. Que sont les poètes dans les sociétés modernes ? […] Que répondre à ceux qui voient dans l’expression franche et complète d’une idée individuelle un anathème hautain contre la société moderne ?

1544. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Une série de sept sourimonos : Les Sages des bambous, de vieux sages représentés par des femmes modernes. […] Une série de petites femmes modernes ayant à leurs pieds des vieillards historiques d’autres siècles. […] Cinquante poètes modernes , album en couleur signé Hokousaï Tokimasa, où l’artiste a donné à ces poètes modernes un caractère ancien, les a comme travestis dans un carnaval archaïque. […] Le quatorzième volume, tout moderne, paraît seulement en 1875, et est fabriqué avec des dessins laissés par Hokousaï après sa mort. […] Le Katsoushika Hokousaï de Yédo aima cet art dès l’enfance, eut pour unique maître la nature, et il a pénétré le mystère de l’art ; enfin c’est l’unique grand peintre de la peinture ancienne et de la peinture moderne.

1545. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Il nous parle de son jardinier japonais, parlant le français par axiomes, axiomes choisis dans l’idiome le plus moderne. […] Mardi 29 octobre De tous les livres du passé, Le Neveu de Rameau est le livre le plus moderne, le livre semblant écrit par une cervelle et une plume d’aujourd’hui. […] Et nous étions à la recherche, tout en le voulant très moderne, à la recherche d’un style mâle, concret, concis, à la carcasse latine, se rapprochant de la langue de Tacite, que nous lisions alors beaucoup. […] Mais tout en se déchargeant sur moi de la composition de nos livres, mon frère était resté un passionné de style, et j’ai raconté dans une lettre à Zola, écrite au lendemain de sa mort, le soin amoureux qu’il mettait à l’élaboration de la forme, à la ciselure des phrases, au choix des mots, reprenant des morceaux écrits en commun, et qui nous avaient satisfaits tout d’abord, les retravaillant des heures, des demi-journées, avec une opiniâtreté presque colère, ici, changeant une épithète, là, faisant entrer dans une période, un rythme, plus loin, refaçonnant un tour de phrase, fatiguant, usant sa cervelle, à la poursuite de cette perfection, si difficile, parfois impossible à la langue française, dans l’ expression des sensations modernes… et après ce labeur restant de longs moments, brisé sur un canapé, silencieux, dans la fumée d’un cigare opiacé.

1546. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

Cette beauté, il faut en convenir, cette harmonie de contours et de composition, qui peut réparer jusqu’à un certain point les désordres du fond, nos écrivains modernes, si éclatants dans le détail, ne l’ont guère, et c’est là peut-être ce qu’il faudrait leur demander plutôt qu’une moralité directe que l’art véritable n’a jamais cherchée et qu’il fuirait, j’en suis sûr, obstinément, sitôt qu’on la lui afficherait avec solennité.

1547. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

Et quant à la direction morale à indiquer aux travaux de l’esprit, il suffirait peut-être d’une fondation annuelle par laquelle on proposerait des sujets à traiter soit pour la poésie, soit pour la prose, des sujets nationaux, actuels, pas trop curieux ni trop érudits, mais conformes à la vie et aux instincts de la société moderne.

1548. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Properce, et des modernes, tels que Ronsard, Chénier et Parny, c’est qu’il a surtout exprimé ce qu’il y a de tristesse dans l’amour, le Surgit amari aliquid du vieux

1549. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Il nous rapporte, du fond des derniers siècles, le vers de Scarron et de Regnard ; il le manie en homme qui s’est imprégné de Victor Hugo et de Banville ; mais il ne les imite point ; tout ce qu’il écrit jaillit de source et a le tour moderne.

1550. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

(De là, par parenthèse, est venu le nom donné au vêtement moderne.)

1551. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

En province même, des revues bataillent pour elle, telle la Revue de la littérature moderne de Chauvigné à Tours et le Faune de Marius André à Avignon.

1552. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

. — Des commentateurs modernes qui ont pris sur eux de faire des applicatifs de cette pièce à la société de Rambouillet. — Exemples curieux et récents de méprises à l’égard de mesdames de Sévigné, de La Fayette et Deshoulières. — L’indignation de La Bruyère sur les clefs des Caractères.

1553. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Tout à coup se font exhalés de la boîte de cette moderne Pandore, les erreurs, les mensonges, les injures, les calomnies, les absurdités, des torrens de fiel & d’impiété.

1554. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Ces deux Ouvrages, écrits avec autant de noblesse que de naturel & de solidité, suffiroient, auprès des Connoisseurs, pour assurer à tout autre Ecrivain une réputation préférable à celle dont jouissent plusieurs de nos Littérateurs modernes les plus renommés.

1555. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

Il ne croit pas qu’il y ait rien de plus funeste à notre langue que le stile Marotique ; qu’un genre moitié sérieux, moitié bouffon ; que cette bigarrure de termes bas & nobles, surannés & modernes.

1556. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Presque tout ce qu’il dit sur les vices de l’éducation ordinaire est excellent ; mais on pourrait lui faire le même reproche qu’il fait à la philosophie moderne, d’être plus habile à détruire qu’à édifier.

1557. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Avec les besoins de plus en plus marqués de précision et d’exactitude qui tendent à devenir le fond même de l’esprit moderne, l’historien, pour bien comprendre l’histoire et la ressusciter en la peignant, doit vivre là où elle a vécu et s’est faite.

1558. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

L’avant-propos de cette correspondance tronquée, dont Adhémar d’Antioche a publié les tronçons, nous apprend que, de 1836 à 1843, le comte Raczynski avait publié, en plusieurs volumes, un grand livre intitulé : l’Art moderne en Allemagne.

1559. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Cette puissance du retrouvé et du rendu dans la peinture historique, personne parmi les écrivains modernes ne la possède à un plus haut degré que Saint Victor, si ce n’est Michelet.

1560. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

C’est bien l’idée commune et moderne « des institutions », cette Poétique politique inventée pour se passer de grands hommes et à laquelle l’Histoire répond par tous les siens, car il n’y a pas d’autres créateurs de prospérités publiques que quelques grandes âmes isolées, et jamais ce que l’orgueil humain appelle si plaisamment « des institutions » n’a été autre chose que la petite monnaie de ces grands hommes nécessaires, disparus !

1561. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

… Le brid’oisonisme historique, s’il était conséquent, s’abstiendrait de juger, mais alors il ne serait plus cette chose moderne et ineffable, le brid’oisonisme.

1562. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

» Hérodote a sur son front païen quelque chose du rayon des prophètes, et Pierre Saliat a le mérite critique de l’avoir vu… Il a, comme un de nous, raffinés modernes qui cherchons partout des analogies, saisi ce caractère majestueux, théocratique et patriarcal qui donne à Hérodote un si grand air, auprès duquel Thucydide lui-même semble petit et mince, un maigre historien d’époque philosophique, quelque chose comme un Thiers d’Athènes.

1563. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Louis-Auguste Martin, comme tous les moralistes modernes, qui ont remplacé les chevaliers errants, — et qui parfois errent aussi, — veut l’émancipation de la femme, même en Occident.

1564. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Les événements qui se sont accomplis dans le monde moderne ont été si puissants et si terribles, les esprits et les âmes ont été remués à de telles profondeurs que le prêtre lui-même, le prêtre qui vit dans un écart sublime et dans l’impassible lumière du sanctuaire, en a ressenti le contrecoup.

1565. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Pour ma part, je ne crois pas du tout que le livre de Barthélemy Saint-Hilaire ait été simplement inspiré par les recherches et les travaux de Muir, Sprenger et Caussin de Perceval, les modernes historiens de Mahomet, rencontrés au courant des vastes lectures de l’auteur, dans une flânerie critique ou historique quelconque.

1566. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

, mais Musset sous un jour nouveau, abordant, avec l’air cavalier du dandy moderne, le monde antique si imposant et si grandiose, même alors qu’il va s’écrouler.

1567. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Mais une simplicité si ingénue, un christianisme d’une foi si naïve, des vers qui coulaient comme d’une source, pouvaient-ils être remarqués au moment de l’histoire contemporaine où une École célèbre, l’École de la Forme, allait triompher et où commençaient les gymnastiques enragées dans le rythme qui font de la poésie moderne la danseuse de corde aimée de M. de Banville : Saqui, l’immortelle !

1568. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Un portrait photographié (couleur moderne), et qu’on ne peut se pendre au cou comme les médaillons d’autrefois, beaucoup plus commodes, mais qui n’étaient pas à si bon marché, est remis à la mère de Mlle Henriette par un polisson de frère, envieux et sot, mais qui pour le moment fait ce qu’il doit faire : de là l’intrigue découverte et le malheur de Mlle Gérard !

1569. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Nous avons parlé de Rabelais déjà, de Rabelais, l’aïeul de La Fontaine, et par qui toute langue se colore, mais il faut y ajouter le dernier venu de cette robuste famille rabelaisienne, l’auteur des Contes drolatiques, notre grand et moderne Balzac.

1570. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

Tacite nous apprend que les lettres latines furent d’abord semblables aux plus anciennes des Grecs, ce qui est une forte preuve que les Latins ont reçu l’alphabet grec de ces Grecs du Latium, et non de la Grande-Grèce, encore moins de la Grèce proprement dite ; car s’il en eût été ainsi, ils n’eussent connu ces lettres qu’au temps de la guerre de Tarente et de Pyrrhus, et alors ils se seraient servis des plus modernes, et non pas des anciennes.

1571. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Ils sont naturellement toujours les plus modernes de tous, car nul commandement d’originalité, nulle conscience artistique ne les empêchent d’imiter constamment avec le même zèle d’artisan, en le défigurant, le modèle le plus récent. […] Pour ainsi dire d’un jour à l’autre, sans préparation, avec une soudaineté meurtrière, ils ont dû changer le pas commodément lent de l’existence antérieure contre la course échevelée de la vie moderne, et ni leur cœur ni leurs poumons n’y résistèrent. […] Maintes affections du système nerveux portent déjà une dénomination qui implique qu’elles sont une conséquence immédiate d’influences de la civilisation moderne. […] En 1843, presque en même temps que l’explosion du grand mouvement catholicisant, Ruskin commença à publier les études d’art surexcitées qui furent réunies plus tard sous le titre de Modem Painters (Peintres modernes). […] Les morceaux de gazon, les fleurs et les fruits, rendus avec une exactitude de botaniste ; les rochers, les terrains et les formations montagneuses géologiquement justes ; les dessins bien nets de tapis et de tapisseries que nous retrouvons dans les tableaux modernes, — c’est à Ruskin et aux préraphaélites qu’on les doit.

1572. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

On peut dire que cette nuance ou cette veine de sentiment est une création essentiellement, moderne. […] C’est encore un point par où elle se rapproche de nos conditions modernes plus égales, de notre manière de voir et de sentir. […] Mais, revenant à l’idée première de cette Étude, à ces sortes d’amitiés d’esprit à esprit, à ces intimités d’intelligence et de sentiment, où il y a le plus souvent un sous-entendu d’amour qui ne sort jamais ; où il se mêle du moins, de femme à auteur, une affection plus tendre que d’homme à homme, n’ai-je pas raison de conclure en disant : Évidemment, la morale sociale a fait un pas ; un nouveau chapitre inconnu aux anciens, trop oublié même des modernes, est à ajouter désormais dans tous les traités de l’Amitié ?

1573. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

. — Témoignage d’un romancier moderne. — Cas d’un peintre anglais. — Témoignage d’un joueur d’échecs. — Observations de Goethe et de M.  […] « Mes personnages imaginaires, m’écrit le plus exact et le plus lucide des romanciers modernes, m’affectent, me poursuivent, ou plutôt c’est moi qui suis en eux. […] Ses différentes couleurs subissent des changements constants qui s’étendent progressivement du centre à la circonférence, exactement comme les changements du kaléidoscope moderne. » — Enfin, non seulement en pleine santé, mais encore avec l’exercice complet et par l’exercice même de la volonté, des hallucinations, c’est-à-dire des projections dans le dehors de la simple image mentale, ont été produites.

1574. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

On comprend, à de tels accents du beau page et de la comtesse, associant leur talent prédestiné au génie du Chérubin de la musique, on comprend que les religions antiques et modernes aient fait des concerts divins une des éternelles béatitudes du ciel, sans doute parce qu’il n’y a que les anges dignes de les chanter. […] Quant au reste de l’Allemagne, de l’Italie, et quant à la France, le chef-d’œuvre de la musique moderne eut le sort d’Athalie, le chef-d’œuvre de la poésie française : il fallait que cette musique surhumaine attendît trente ans ses juges. […] Lord Byron, le plus grand poète des temps modernes, a voulu rendre en poésie ce caractère de Don Juan, que Mozart a rendu en musique ; mais quelle différence entre la verve moqueuse, ironique, impie ou cynique du poète anglais, et la foi dans l’art sincère, convaincue, communicative et religieuse du musicien de Salzbourg !

1575. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Quand, mieux inspirés, nous voudrons grandir comme elle, nous effacerons ces barrières jalouses et arbitraires que notre civilisation moderne place entre les facultés de la nature et les services qu’un même citoyen peut rendre sous diverses formes à sa patrie. […] Le monde moderne en sera plus fort et plus beau, et plus conforme au plan de Dieu, qui n’a pas fait de l’homme un fragment, mais un ensemble. […] Nous avons assisté de nos jours, dans un pays aussi lettré que Rome, dans des temps aussi révolutionnaires que le temps de Cicéron, à des scènes d’éloquence aussi décisives que celle du sénat romain, entre des hommes de bien, des hommes de subversion, des ambitieux, des factieux, des Catilinas, des Clodius, des Cicérons, des Pompées, des Césars modernes ; nous avons assisté, disons-nous, aux drames les plus tumultueux et les plus sanglants de notre époque : mais nous n’avons jamais entendu des accents où la colère et le génie oratoire, le crime ou la vertu vociférés par des lèvres humaines, fussent autant fondus en lave ou en foudre dans des harangues si ardentes d’invectives, si solennelles de vertu et si accomplies de langage !

1576. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Déjà, vous le savez, je me plaisais à réunir dans ma mémoire, comme ils l’étaient dans mon portefeuille oriental, les plus antiques et les plus modernes accents des muses bienfaitrices de l’humanité. […] « Mais je n’ai pas visité seulement cette région de l’Asie, semée de tant de vestiges des histoires antiques et des vicissitudes modernes, où le tumulte des populations pressées et les voluptés de la molle Ionie ont fait place aux déserts. […] Quand il était assis et causant, sa belle tête inspirée n’indiquait aucune fatigue ; sa voix vibrait comme celle d’un Jérémie moderne.

1577. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Dans toute la légende et la mythologie ou n’aurait guère pu trouver un caractère aussi apte que celui-ci à être le héros d’un drame moderne. […] Il y a lieu d’admirer deux choses, et presque contradictoires : la conscience ce vrai savant avec laquelle Wagner a évidemment étudié toutes les sources, et le génie avec lequel il a su discerner ce qui était bon à prendre dans chaque, et ce qu’il fallait inventer pour transfigurer le tout et le rendre acceptable au sentiment moderne. […] La découverte d’un nouveau langage », dit Wagner. « était une nécessité métaphysique de notre époque… le développement moderne de la musique a répondu à an besoin profondément senti de l’humanité… (VII, 149).

1578. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Elle quitte notre terre empoisonnée de civilisation, et le temps est peut-être proche, où le décor naturel sera contrefaçonné par l’industrie, et où les capitales modernes, les monstrueuses accumulations d’humanités, n’auront plus pour ombre et pour verdure, que le fer-blanc découpé et peint des palmiers de la Samaritaine. […] Puis il nous parle de la difficulté de faire du roman moderne, à cause du peu de changement des milieux, et sans faire semblant d’entendre nos objections, il va à Paméla, dont le grand intérêt pour lui est dans le changement des mœurs d’alors : la transformation du vieux puritanisme anglais en méthodisme, en accommodement avec les intérêts humains et la pratique de la vie, arrivé le jour, où Wesley a dit que « les Saints devaient avoir des places ». « Paméla, ajoute-t-il en soulignant son mot final d’un sourire, Paméla, un type à la fois de jeune fille et de magister !  […] …………………………………………………………………………………………… Ce soir nous nous traînons péniblement à Saint-Gratien, où le salon de la princesse a le contrecoup des inquiétudes politiques du moment… Le docteur Philips se met à parler de certaines maladies toutes modernes, de maladies nerveuses comme celles qui naissent de certains travaux mécaniques, des mêmes mouvements répétés, de seconde en seconde, pendant sept heures, ainsi que dans la machine à coudre, puis d’une maladie particulière de la moelle épinière, produite chez les chauffeurs, par le tremblement perpétuel de la machine, enfin des nécroses venant à la mâchoire inférieure des jeunes filles, fabriquant des allumettes.

1579. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

On parle des Troglodytes ; de fragments générateurs de métaux, rapportés du Groënland, et qu’expérimente dans le moment Berthelot ; de statues égyptiennes du troisième siècle, découvertes dans une pyramide, et démontrant, comme moderne, l’introduction du hiératisme dans l’art égyptien. […] C’est pendant la période de la Jeunesse, de la Force, de l’Amour, qu’il faut faire des vers. » Mercredi 17 juillet La force prime le droit, cette formule prussienne du droit moderne, proclamée, en pleine civilisation, par le peuple qui se prétend le civilisé par excellence, cette formule me revient souvent à l’esprit. […] Rien là, ne me parlait d’un mort moderne.

1580. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Que l’on considère qu’en l’un de ces livres, vingt ans de l’histoire de l’Europe figurent, vingt années qui sont tout le sanglant accouchement du monde moderne, que pour ce temps rendu par ses événements et ses personnages marquants, l’auteur entreprend de décrire toute l’existence sociale de sa nation, des paysans au czar, des enfants aux vieilles femmes, des jeunes filles aux soldats, qu’on y trouve le bivouac, le champ de bataille, la cour, le club, la famille, la hutte, le palais, les masses, les armées, les conseils, les sommités pensantes et isolées, les mariages, les adultères, les naissances, la vie surtout, la lente évolution de tous ces corps mous de jeunesse, s’endurcissant en l’âge mur, faiblissant de décrépitude, de toutes ces âmes légères, puis sérieuses, puis ternies et vacillantes, jusqu’à ce que vienne, tôt ou à son heure, sur la terre nue ou sur la douceur d’une couche, le terme suprême, la mort, ce mystérieux moment où, en dépit de l’horreur distraite des vivants, certains êtres existants comme ceux qui les contemplent, cessent étrangement d’être, problème et spectacle sur lequel aucun romancier n’a fixé un plus ferme et pénétrant regard que le comte Tolstoï. […] Dans le roman où se dessine cette héroïne d’une si chaude vie, on peut suivre le même travail minutieux de représentation par un grand nombre d’incidents sur tous les personnages de premier plan ; toute une période de leur vie nous est donnée en d’innombrables instants pour Wronsky l’homme moderne du bel air, élégant, un peu lourd d’esprit ; mais noble, constant, délicat, digne d’être aimé, et se haussant parfois à de grandes idées humaines étrangères à sa caste, comme pour Lévine plus fruste, plus simple et plus profond et dépeint de ses occupations de gentilhomme campagnard à ses angoissantes préoccupations sur le but et le sens de la vie. […] Quand ils ont vaincu cette surprise qui les inquiète, c’est l’énigme même de cette âme maîtresse du réel, devine des âmes, égale au vaste domaine du monde moderne chargée d’énergies créatrices, et que n’enthousiasment ni ces dons, ni les objets sur lesquels ils s’exercent, ni le spectacle de leur œuvre, ni le spectacle du réel auquel elle équivaut, ni cette humanité qu’il aime pourtant, dont il ressent les affections, les crises, les deuils et toutes les joies.

1581. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Le phénomène du trépied antique et de la table moderne a droit comme un autre à l’observation. […] Le monstre bâillant que les anciens appelaient Livor et que les modernes appellent Spleen nous donne à deviner cette énigme : Néron. […] § XIII L’autre, Cervantes, est, lui aussi, une forme de la moquerie épique ; car, ainsi que le disait en 18272 celui qui écrit ces lignes, il y a, entre le moyen âge et l’époque moderne, après la barbarie féodale, et comme placés là pour conclure, « deux Homères bouffons, Rabelais et Cervantes. » Résumer l’horreur par le rire, ce n’est pas la manière la moins terrible.

1582. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

C’est aussi ce que se sont répondu Bossuet, La Harpe, le révérend docteur Lowth, auteur du cours moderne le plus érudit de la poésie sacrée, enfin M.  […] D’abord on sait, par plusieurs passages de ces entretiens, que nous différons complétement d’idée avec les philosophes modernes du progrès indéfini et continu de l’esprit humain. […] XXI Nous l’écrivions, il y a peu de jours, à propos d’un poète moderne qui a eu à la bouche les blasphèmes sublimes de Job, mais qui n’a pas eu sa plus sublime humilité ; nous le répétons aujourd’hui.

1583. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

À l’intérieur des terres, tout le long du rivage septentrional de la Plata, je n’ai vu, en outre des couches tertiaires modernes, qu’une étroite bande de rochers légèrement métamorphiques, qui seuls pouvaient avoir appartenu au revêtement originel de la série granitique. […] Il s’ensuivait très positivement que des Cirripèdes sessiles avaient existé pendant la période secondaire ; et il se pouvait dès lors que ces anciennes espèces eussent été les ancêtres de nos nombreuses espèces tertiaires et modernes. […] Je reconnais combien il est téméraire à moi de m’opposer à de semblables témoins, surtout quand je songe que c’est à eux et à quelques autres encore que notre science moderne doit la plupart de ses progrès.

1584. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Les verbes auxiliaires qui alongent & qui énervent les phrases dans les langues modernes, rendent encore la langue françoise peu propre pour le style lapidaire. […] Ces gazettes parurent vers l’an 1723 à Paris sous plusieurs noms differens, nouvelliste du Parnasse, observations sur les écrits modernes, &c. […] Quand on lit l’histoire moderne, la victoire de Lépante fait souvenir de celle de Salamine, & on compare dom Juan d’Autriche & Colone, à Thémistocle & à Euribiades. […] Enfin la grande utilité de l’histoire moderne, & l’avantage qu’elle a sur l’ancienne, est d’apprendre à tous les potentats, que depuis le xv. siecle on s’est toujours réuni contre une puissance trop prépondérante. […] On exige des historiens modernes plus de détails, des faits plus constatés, des dates précises, des autorités, plus d’attention aux usages, aux lois, aux moeurs, au commerce, à la finance, à l’agriculture, à la population.

1585. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Ce n’est pas là perfectionner Sophocle, comme le prétend La Harpe, c’est le gâter ; c’est mettre à la place d’une tragédie grecque un roman moderne. […] Quelques-uns regardent cette pièce comme son meilleur ouvrage ; aussi n’est-il pas de son invention : il ne s’égare pas là dans les espaces imaginaires ; il marche appuyé, escorté des anciens et des modernes. […] Personne n’a moins connu que Voltaire le goût des anciens : ce poète est éminemment moderne et français. […] Ce chef-d’œuvre se reposa encore pendant vingt ans, et dans cet intervalle l’opinion se forma, la philosophie travailla les esprits, et prépara les voies aux Brutus modernes. […] Nous nous moquons nous autres de cette manière de gouverner le monde, et nous sommes fondés à croire que les dieux du paganisme n’étaient pas plus savants en administration que nos modernes anarchistes.

1586. (1898) La cité antique

On s’est fait illusion sur la liberté chez les anciens et pour cela seul la liberté chez les modernes a été mise en péril. […] Rien dans les temps modernes ne leur ressemble. […] Ils le seraient d’après nos idées modernes ; ils ne l’étaient pas tous dans l’opinion des Romains. […] Rien, dans notre société moderne, ne peut nous donner une idée de cette puissance paternelle. […] Mais cette famille des anciens âges n’est pas réduite aux proportions de la famille moderne.

1587. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Sur cette terre de l’art où il n’avait qu’à choisir entre le beau moderne, la grâce grecque et la sévérité latine, il se livra au culte de la forme, à la recherche patiente et laborieuse de la correction. […] « Et puis ce Valmajour n’était pas un tambourinaire comme les autres, un de ces vulgaires ménétriers qui ramassent des bouts de quadrilles, des refrains de cafés-chantants dans les fêtes du pays, encanaillant leur instrument en voulant l’accorder au goût moderne. […] Et par style, chez nos écrivains modernes, il ne faut pas entendre seulement le tour de la période, ni même le nombre de la phrase comme aux temps classiques et romantiques : le style est aujourd’hui, aussi bien cela que la langue que s’est faite l’écrivain, — à coups de dictionnaire ou par mille torsions de la pensée et de l’idiome parlé qu’il écrit, peu importe ! […] Nos langues modernes s’usent et se modifient sans cesse dans le grand creuset de la vie sociale : qu’importe ? […] « L’admirable Pain du Péché, d’Aubanel, un chef-d’œuvre à qui on ne saurait peut-être reprocher qu’une chose, l’absence du personnage sympathique que le spectateur moderne semble exiger » dit de son côté M. 

1588. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Voilà le fruit de nos utopies outrancières et le bienfait des aspirations modernes à lire ! […] Bossuet est autant dans le mouvement que M. de Goncourt, et Homère aussi moderne que M.  […] C’est la haine de Paris et de la civilisation moderne qui a créé le talent de Flaubert. […] Il n’a pas compris qu’Homère, dépouillé de l’adoucissement des traductions, a dans le texte la même virulence, la même brutalité que Flaubert, et que si Salammbô est de l’antique habillé à la moderne, l’Iliade peut aussi justement nous sembler une œuvre moderne habillée à l’antique. […] Il avait un sentiment juste des anciens, bien qu’il ait été dérouté par la transposition moderne de leurs procédés.

1589. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

L’Académie actuelle a des origines plus simples, toutes modernes, qu’elle s’est efforcée plus d’une fois de reculer et de recouvrir, comme si elle avait besoin d’une plus ancienne noblesse et plus vraie que celle du talent et du mérite ! […] Ce n’est pas à dire qu’elle ne puisse de plus en plus, à l’avenir, avoir l’œil à l’état présent des Lettres, aux variations incessantes du goût, au déclin, à la naissance et au développement des genres, à tout ce qu’il lui importe de discerner en pleine connaissance de cause, sans engouement comme sans dédain, dans le champ de plus en plus remué et sillonné de l’activité moderne.

1590. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Toute l’école moderne émane plus ou moins directement de lui. […] Sauf quelques mots, quelques écarts dus à la tourmente des temps et aux engagements de parti, on le voit constamment viser à une conciliation entre la liberté moderne et la légitimité royale.

1591. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

On voyait avec une curiosité très vive ces nuances qui paraissaient l’enrichir, ces mots qui en grossissaient à vue d‘œil le vocabulaire ; on assistait, comme à un tournoi, à cette lutte entre notre langue et les langues anciennes et modernes, à qui aurait l’avantage des détails et du nombre des mots dans une description. […] Joignez à cela les illusions de l’analogie, et ces conquêtes téméraires sur les langues anciennes et modernes, où l’on ne distinguait pas ce qui pouvait s’incorporer à la nôtre de ce qu’elle devait rejeter.

1592. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Il accorde de prime abord à la société tout ce que Rousseau lui refuse ; il l’accorde, non pas à la société telle qu’on l’avait alors sous les yeux, et qu’on la subissait dans tous les développements de la vie, mais à une société vraiment moderne qu’il concevait, et où l’art du réformateur eût présidé. […] Sieyès, cet ennemi de tout privilège et de toute aristocratie, n’avait pas moins d’éloignement pour la démocratie pure, et il croyait que l’art consistait précisément à rendre la force populaire raisonnablement applicable aux nations modernes, moyennant un système de représentation qu’il combine avec une ingéniosité infinie.

1593. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Il lisoit les Auteurs ecclésiastiques & profanes, anciens & modernes, & il recueilloit dans leurs livres tout ce qui concernoit les personnes & les faits. […] L’importance de ces premiers âges du Christianisme demande, dit l’Abbé Lenglet, que des Ecrivains modernes qui ont traité l’Histoire Ecclésiastique, on passe aux auteurs originaux.

1594. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Que si on est en compagnie trop moderne pour s’attendre à quelque chose comme les mil e tre de don Juan et les quatre mille du prince de Conti, on se cogne un peu, de surprise, il faut l’avouer, à ces trois maigres amours de Philippe (qui n’est pas Alexandre), en comptant même celui qui le prend, à la fin du livre, pour la cousine dont il ne voulait pas au commencement. […] Mais il faut se rappeler qu’Octave Feuillet est le peintre de la bourgeoisie, même quand il peint la noblesse, et qu’il ne peint l’excès moderne que comme il le voit dans son monde et comme il le comprend.

1595. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Et d’abord, si j’ouvre Un été dans le Sahara, Une année dans le Sahel, je reconnais en Fromentin une qualité éminente, nécessaire désormais à tout romancier, moderne au moins dans le degré où nous l’avons poussée, qualité à la fois physique et mentale, à moitié naturelle et à moitié acquise, et que, faute d’autre nom, j’appellerai l’œil. […] En somme, ce qu’on peut dire des deux volumes de voyages de Fromentin, c’est qu’ils sont d’une exacte vision ; modernes par le procédé de style ; qu’ils renferment quelques belles pages, mais aussi beaucoup de passages et de chapitres même où la distinction de la forme cache mal l’absence de mouvement, de vie et de large humanité.

1596. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Cependant ils ont été utiles à notre scene lyrique par le parti ingénieux qu’a su en tirer un de nos plus agréables Poetes modernes*. […] Un de ses Ecrivains les plus versés dans la littérature ancienne & moderne, Giraldi, avoue que l’Italie est redevable aux François & de sa poésie & de l’invention des Romans.

1597. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

C’est seulement dans l’autre partie, signée de son nom, publiée d’abord dans la Revue moderne avant d’être recueillie en volume, qu’il a mis ses opinions plus sérieuses sur les choses et sur les hommes politiques.

1598. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

A propos de Juvénal effrayant la vertu dans ses invectives contre le vice, on a dit dans un vers latin moderne qui rappelle heureusement celui de Boileau : Dum furit in vitium, pavet ipsa innoxia virtus.

1599. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

En Poésie comme en Prose, l'enflure, la froideur, la sécheresse, le ton dogmatique, sont les principaux traits qui lui donnent droit d'être cité, avec distinction, parmi nos Lycophrons modernes.

1600. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Aucune des langues modernes n’est favorable à la versification.

1601. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Homère résume tout et suffit à tout, Il n’est ni un auteur classique ni un auteur ancien, il est le poète de tous les temps ; c’est un moderne.‌

1602. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Tout se tient dans le système social, tout marche en même temps : gardons-nous donc, je ne saurais assez le répéter, gardons-nous de porter un jugement quelconque sur une législation ancienne ou moderne, ayant d’avoir examiné l’ensemble de cette législation.

1603. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

II Et encore, un Gros-Jean, c’est bien gros ; c’est Jean-Jean peut-être qu’il faudrait dire, car il y a quelque chose de mince, de naïf, — de conscrit, enfin, — dans l’idée, vieillotte à force d’être jeune, après tant et tant d’expériences, que le juste milieu gouvernemental et parlementaire, le juste milieu des choses et des hommes exactement pratiqué, est pour notre pays l’idéal du gouvernement moderne.

1604. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Taine a incarné le positivisme anglais (l’épithète ne fait rien à la chose), n’est rien de plus qu’un soldat de la compagnie du centre dans le régiment philosophique pour l’heure en marche, et quelque jour nous nous chargerons, ses livres en main, de le démontrer… C’est un esprit d’une certaine force d’observation et de déduction, on ne le nie pas, mais qui ne fait guère que mettre en langage moderne l’expérience de Bacon et la sensation de Locke, — ayant pour grands amis, comme dit M. 

1605. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Né dans les ruisseaux de Paris, que Madame de Staël aimait seulement rue du Bac, François Villon (qu’on me permette ce mot moderne), le voyou du xve  siècle, l’escholier qui ne fut jamais maître, si ce n’est en poésie, est resté toujours un peu vautré dans la bouc noire de son origine et masqué comme un marmouset par cette fange, quoiqu’à plusieurs reprises un rayon d’or soit tombé sur lui.

1606. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

Quoique Corne mette, avec l’insolence moderne, pour laquelle il n’est pas fait, le nom de Platon avant le nom de Jésus-Christ, quand il en parle, cependant rien ne nous fait croire qu’il soit l’ennemi raisonné du Christianisme.

1607. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

M. de Rémusat publiait aussi de son côté deux gros volumes qu’il intitulait pompeusement : Abailard, sa vie, sa philosophie, sa théologie, — et comme si ce n’était pas assez que ces deux hommages du Rationalisme moderne offerts à l’un de ses précurseurs, l’éditeur de M. de Rémusat a publié un volume encore dont Abailard est le sujet et même le héros.

1608. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

M. de Rémusat publiait aussi de son côté deux gros volumes qu’il intitulait pompeusement : Abailard, sa vie, sa philosophie, sa théologie, — et comme si ce n’était pas assez que ces deux hommages du Rationalisme moderne, offerts à l’un de ses précurseurs, l’éditeur de M. 

1609. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

Pour les âmes circoncises qui habitent la thébaïde des monastères, ce qui est dit dans l’Imitation de l’amour et des autres passions humaines peut sembler des découvertes terribles et le cœur humain montré jusque dans ses fondements, mais qui a passé par les vieilles civilisations, qui a lu les moralistes modernes n’est ni révolté ni surpris de cette balbutie.

1610. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Seulement dans la littérature moderne la plus rapprochée de nous, rappelez-vous le vieil Edie Ochiltrie de Walter Scott, le vieux pauvre de Cumberland de Wordsworth, et jusqu’au vieux vagabond de Béranger, qui, lui, le bourgeois et le voltairien, le grand poète des épiciers, n’a été réellement poète que quand il a chanté les Bohémiens, les Gueux, enfin les pauvres, exécrés par Voltaire !

1611. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

De tempérament, il est un merveilleux moderne, je dirais presque un tempérament romantique, si le mot n’avait bien vieilli pour exprimer une chose si jeune et si vivante que son talent.

1612. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

Tout mettre à pied comme un postillon, — tout descendre, — tout incliner au niveau de tout, telle est la consigne donnée par les plus ignobles passions de nos cœurs ; telle la tendance des temps modernes dans la Critique et dans l’Histoire.

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