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660. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Les voyez-vous faire la guerre aux mots grecs ou latins qui hérissent les poèmes de Ronsard et la prose de Rabelais, chasser honteusement les vocables habillés à l’ancienne mode ? […] Inspirée de l’antiquité, ressuscitant de parti pris des Grecs et des Romains, elle s’adressait nécessairement à une élite de gens instruits, seuls capables de s’intéresser à l’évocation d’un passé lointain ; elle était un spectacle élégant et noble ; et si elle a brillé surtout au milieu du xviie  siècle, c’est qu’elle a rencontré là des mœurs et un état d’esprit avec lesquels elle était, par son origine même, en secrète harmonie. […] Faut-il rappeler ces traductions qu’on appelait « les belles infidèles » ; la Bible pomponnée, attifée, presque enrubannée ; les formules superbes prêtées aux orateurs des républiques antiques : Messieurs les Athéniens, j’ai l’honneur de vous proposer telle mesure. ; les hommes des siècles passés, qu’ils s’appelassent Achille ou Pharamond, dotés de cette majesté dont Louis XIV ne se départait pas, « même en jouant au billard » ; tel poète d’autrefois, à commencer par Homère, honni par les uns, parce qu’il a manqué aux convenances, en mettant aux prises des héros qui se traitent de cœur de cerf et d’œil de chien, défendu par les autres, au nombre desquels est Boileau, sous prétexte que le mot âne, trivial en français, est parfaitement noble en grec.

661. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Ces figures que nous nommons Lettres, les Grecs les appelloient Gramma. […] Il est certain qu’elle est remplie d’idées chimériques, sur-tout lorsqu’un savant chargé de Grec, d’Hébreu, de Syriaque, d’Arabe, &c. […] Nous avions celles de Nicot, de l’Abbé Perion, de Sylvius, de Picart, & de Trippault, qui par l’entêtement & la passion qu’ils avoient pour le Grec, prétendoient y réduire tout.

662. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

A ces raisons j’en ajouterai beaucoup d’autres non moins péremptoires pour renvoyer la connaissance du grec et du latin presque à la fin du cours des études d’une université. […] Le grec et le latin. […] Le grec et le latin.

663. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Au contraire l’habillement des orientaux, des asiatiques, des grecs, des romains dévelope le talent du peintre habile et augmente celui du peintre médiocre. à la place de cette figure de tartare qui est à la droite dans le tableau de la bonne aventure, et qui est si richement, si noblement vêtue, imaginez un de nos cent-suisses, et vous sentirez tout le plat, tout le ridicule de ce dernier personnage. […] Mettez à César, Alexandre, Caton, notre chapeau et notre perruque, et vous vous tiendrez les côtes de rire ; si vous donnez au contraire l’habit grec ou romain à Louis XV, vous ne rirez pas. […] Les grecs si uniment vêtus ne pouvaient même souffrir leurs vêtemens dans les arts.

664. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Ce n’est point par conjecture que nous sçavons que les grecs en ont usé ainsi. […] Or quoique la langue latine soit elle-même une langue dérivée du grec et du toscan, néanmoins elle est une langue mere à l’égard du françois. […] Quant à la difference qui est entre la cadence des vers élégiaques de ces auteurs ; elle vient de l’affectation de Properce, à imiter la cadence des vers pentametres grecs, et il ne faut pas la confondre avec la difference qui est entre l’harmonie de ces deux poëtes.

665. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Il y a ici du grec, de l’anglais, de l’allemand. […] Au lieu de cela, il est descendu sur le coteau modéré, non de la poésie, qui n’a, elle, qu’un sommet de la pointe duquel, disaient les Grecs, un cheval ailé s’élance dans l’azur, mais de la littérature savante, éloquente et prudente. […] Critique, érudit, anecdotier, professeur de professeurs, sachant du grec autant qu’homme de France, il a fait jusque de l’André Chénier qui déjà imitait les autres !

666. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

On nous dit : « Sur la surface entière du globe étendez la cité grecque et vous avez l’humanité24. » Mais d’abord l’extension n’est pas ici de médiocre importance, et, comme elle a produit les conséquences les plus profondes, elle ne s’est pas produite sans les causes les plus puissantes. […] « La valeur de la détermination qui résulte d’une conviction personnelle, comme l’idée des droits et des devoirs de l’homme en général ne sont, suivant Zeller 26, des principes généralement reconnus que dans la période de transition qui coïncide avec la disparition de l’ancien point de vue grec. » La fameuse distinction de la « liberté à l’antique » et de la « liberté à la moderne » 27 repose sur cette observation que le véritable prix de l’individu était inconnu à la cité antique. […] La Philosophie des Grecs, trad.

667. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Quand la civilisation égyptienne dépasse les forces de l’intelligence égyptienne, l’intelligence grecque vient, qui produit l’effort nécessaire ; quand c’est la civilisation grecque, qui déborde l’intelligence grecque, voici surgir l’intelligence romaine ; quand c’est la civilisation romaine qui échappe à ses créateurs, voici l’intelligence celto-germanique. […] Le temple grec n’est pas autre chose qu’un dolmen élégant. […] Un autre totem des Grecs était le Homard. Jamais les Grecs ne péchaient de homards et quand on en prenait un par hasard, on le remettait à l’eau. […] L’Aude et l’Orb devraient leur appellation aux colons phéniciens ; encore ce dernier nom est-il peut-être grec.

668. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Maurice de (1810-1839) »

Pour nous, elles ont un caractère plus sacré encore, car c’est le secret d’une tristesse naïve sans draperie, sans spectateurs et sans art ; et il y a là une poésie naturelle, une grandeur instinctive, une élévation de style et d’idées, auxquelles n’arrivent pas les œuvres écrites en vue du public et retouchées sur les épreuves d’imprimerie… Il a été panthéiste à la manière de Goethe sans le savoir, et peut-être s’est-il assez peu soucié des Grecs, peut-être n’a-t-il vu en eux que les dépositaires des mythes sacrés de Cybèle, sans trop se demander si leurs poètes avaient le don de la chanter mieux que lui.

669. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 465-468

Cette seconde partie sera encore suivie d’une troisieme, où l’Auteur se propose de débrouiller le chaosimmense des Mythologies, telles que celles des Egyptiens, des Phéniciens, des Grecs, & de quelques autres Peuples.

670. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 100-103

On s’est persuadé qu’il n’y avoit d’autre parti à prendre, à l’égard des Auteurs Grecs & Latins, que de traduire, & l’on n’a pas fait attention que la diversité du génie des Peuples, celle des Langues, étoient des obstacles insurmontables pour une bonne Traduction.

671. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VI. Architecture. — Hôtel des Invalides. »

Au moyen du dôme, inconnu des anciens, la religion a fait un heureux mélange de ce que l’ordre gothique a de hardi, et de ce que les ordres grecs ont de simple et de gracieux.

672. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Restout le fils » pp. 284-285

Jusqu’à présent on ignorait que les pompons, les étoffes de Lyon à fleurs d’argent, les sirsaccas, fussent en usage chez les grecs : où est le costume et la sévérité de l’art ?

673. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Est-ce un Grec pur que Méléagre ? […] Es-tu Grec ? […] Dans le désespoir même, l’Élégie grecque reste belle. […] La vénusté grecque sourit dans Méléagre pour la dernière fois. […] Astorre avait seize ans ; il était beau comme un éphèbe grec.

674. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Il y a même dans la netteté lumineuse de son style quelque chose qui n’est pas français, qui donne l’impression de la grâce grecque : tel conte des gendarmes venant arrêter des paysans fait songer à Lysias676. […] Dès son arrivée en Italie, les bibliothèques, les musées, les ruines, les marbres, l’ont enivré ; les pillages des soldats, les mutilations d’œuvres d’art lui percent l’âme : c’est un Grec parmi les barbares. Dès qu’il a quitté le service, il s’enferme à la bibliothèque de Florence678 pour copier un passage inédit d’un roman grec, de ce Daphnis et Chloé, dont il a fait une traduction en français archaïque d’une naïveté un peu laborieuse. […] Du polythéisme romain considéré dans ses rapports avec la philosophie grecque et la religion chrétienne, 1833, 2 vol. in-8.

675. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Enfin, si l’on n’eut pas en France la poésie du Dante, de l’Arioste et du Tasse, ni surtout la poésie de Shakespeare, l’on eut Racine, et, pour la première fois, la perfection de Virgile fut égalée. » À l’exception donc de cet admirable Cid, sur lequel nous reviendrons tout à l’heure, les premiers et les plus beaux chefs-d’œuvre de notre théâtre sont romains, grecs ou juifs. […] Ses personnages turcs, chinois, arabes ou américains, sont bien plus des Français, que les Grecs et les Romains de Racine et de Corneille, et comme ce sont des Français du siècle de Louis XV, au lieu d’être des Français du siècle de Louis XIV, leur langage est moins grand, moins pur et moins idéal Ce n’était plus devant madame de la Vallière, mais devant madame de Pompadour qu’ils parlaient. […] Lebrun, c’est-à-dire deux imitations du grec, admirablement bien appropriées à notre scène ; et une habile traduction de l’allemand, qui émeut et attache par cette poésie naturelle et colorée qu’on a retrouvée depuis avec tant de charme dans le Voyage en Grèce du même auteur. […] Mais, nous dira-t-on, Phèdre, Iphigénie, Œdipe, etc. etc., n’étaient que des imitations des anciens, habilement appropriées à notre système et à nos mœurs dramatiques, et vous voulez imposer au public la représentation de traductions fidèles de Shakespeare. — Sans doute ; et en voici les raisons : la disposition des cirques antiques, l’intervention du chœur, les grandes robes et les masques des acteurs, les rôles de femmes joués par des hommes, enfin l’extrême simplicité de l’action et l’ordre tout païen des idées et des sentiments, eussent formé de trop choquantes disparates avec nos habitudes sociales et notre civilisation chrétienne, pour que la tragédie grecque pût être posée toute droite sur notre théâtre, comme une statue qui change de piédestal.

676. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Ainsi, pour ces trois mots qui viennent du grec et qui en restent tout hérissés en français : ophthalmie, phthisie, rhythme, quel mal y aurait-il d’en rabattre un peu et de permettre d’écrire, non pas oftalmie, ftisie, ritme, ce serait trop demander en une seule fois, mais au moins et par manière de compromis, ophtalmie, phtisie, rythme ? […] Firmin Didot, qui n’est pas un utopiste et qui sait le grec, aurait fort envie d’imprimer ces mots plus simplement dans une nouvelle édition revue et corrigée du dictionnaire de l’usage, telle qu’on l’attend et qu’on l’espère bientôt de l’Académie française après un quart de siècle d’intervalle.

677. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

., avec la belle Henriette, avec ces divinités sans nombre qu’il a aimées et qu’il déclare toutes suaves, c’est la facilité, l’insouciance mêlée de tendresse, le plaisir dominant, le bonheur, l’amour à l’antique, nu, comme les Grecs ioniens, comme Horace l’entendaient, comme Courier de nos jours et Béranger, un amour vif, tendre, jouissant, successif et oublieux, l’âme n’y étant que pour orner les sens, les délasser et leur sourire, non pour les torturer de ses jalousies ou de ses remords. […] On croirait lire quelque idylle d’un érotique grec.

678. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Son roman est une pastorale de courtisans modernes habillés à la grecque, occupés à disserter longuement, à rire froidement et à sourire mignardement, Psyché était trop déesse pour être à sa place entre les mains de La Fontaine ; il n’ose être familier avec elle ; quant à être grave et respectueux, c’est ce qu’on ne lui demandera jamais. […] Le génie enflammé de la Renaissance, la nudité, la sérénité héroïque de l’antiquité grecque, sont hors de sa portée et de ses prises.

679. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Par quel prodige, au milieu de ce siècle de critique et tout en subissant comme un autre les misères de ce siècle, dans ce pays de censure et d’académie, un homme de ce temps et de ce lieu a-t-il pu se ressouvenir de la vraie, pure, originelle et joyeuse nature humaine se dresser contre le flot de la routine implacable et non pas écrire ou parler, mais « chanter » comme un de ces bardes qui accompagnèrent au siège de Troie l’armée grecque pour l’exciter avant le combat et ensuite la reposer, — toutefois, en chantant, ne point sembler (pour ne blesser personne) faire autre chose qu’écrire ou parler comme tout le monde, et, avec une langue composée de vocables caducs, usés comme de vieilles médailles, sous des doigts immobiles depuis deux siècles, donner l’illusion bienfaisante d’un intarissable fleuve de pierreries nouvelles ? […] Théodore de Banville a été ébloui et séduit par la splendeur de la ligne dans l’art grec, dans la statuaire comme dans la pensée.

680. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Car n’oubliez pas que Ctésiphon est l’architecte grec du temple d’Éphèse. […] N’y a-t-il pas communauté d’âme, et, à leur insu, communication entre le législateur grec et le législateur hébreu, créant au même moment, sans se connaître et sans que l’un soupçonne l’existence de l’autre, le premier l’aréopage, le second le sanhédrin ?

681. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Il y a un endroit remarquable pour le sublime dans l’Iliade : c’est celui où Achille, après la mort de Patrocle, paraît désarmé sur le retranchement des Grecs, et épouvante les bataillons troyens par ses cris100. […] Ulysse est assis au festin du roi Alcinoüs, Démodocus chante la guerre de Troie et les malheurs des Grecs : Αὐτὰρ Οδυσσεὺς, etc.

682. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Exiger du critique qu’il sache le latin et le grec, c’est peut-être un pédantisme ; passons-lui ce point, s’il peut, sans posséder leur langue, assez connaître les anciens pour les respecter et les aimer. […] Les lettres grecques et romaines, le moyen âge et les temps modernes, la France et les pays étrangers, ont comparu, à leur tour devant cet infatigable tribunal qui commence aujourd’hui à se juger lui-même.

683. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Voyez encore quel fut le respect dont on entoura la royauté chez les premiers Grecs. […] Chez ces mêmes Grecs, le respect pour les lois prit ensuite le caractère du respect pour la royauté qui n’était plus.

684. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

C’est donc du haut de leurs idées et de leur orgueil que les ennemis de l’Église ont fait tomber l’éloge sur le front épanoui de M. l’abbé Mitraud et qu’ils ont tendu leur main de Grec ( Timeo Danaos et dona ferentes ! […] Cette absence de théorie, — nous ne disons pas absolument : d’idées, — ce renvoi aux calendes grecques d’un second volume, cette discrétion d’un homme qui sait gouverner sa philosophie intérieure, car, s’il y avait un prix Montyon de la réticence, il serait gagné par M. l’abbé Mitraud, tout cela, qui aurait perdu un autre homme devant la Critique, ne s’est pas retourné contre lui.

685. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Œil épanoui, Je peins, ébloui Ou triste, Le ciel radieux, Et, mélodieux Artiste, Près du fleuve grec Murmurant avec Les cygnes Fiers de leur candeur, Je dis la splendeur Des lignes. […] , les meubles rocaille, les tapis et les châles turcs, le cigare, la mythologie païenne prise à la Renaissance, les Callipyges, comme dit le poète, et toutes les Vénus avec leurs noms grecs ; ôtez, enfin, l’univers de papier peint du théâtre de Pierrot, et c’est fini !

686. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Il ne s’ensuit nullement qu’un palais de Ninive, un temple grec, une cathédrale du Moyen-âge ou un palais de la Renaissance, doivent à nos yeux, perdre leur caractère de beauté ; pas plus qu’Eschyle n’est effacé par Shakespeare ou Shakespeare par Wagner. […] Réduite à la copie des styles traditionnels, à la plate virtuosité, au style neutre, aux recommencements stériles, on a pu croire que son unique destin consistait à détailler les gloires du grec, du gothique, du roman, du renaissant.

687. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

La grande déclamation de Gnaton, le parasite, est un de ces morceaux à effet qui plaisaient aux oreilles romaines, presque autant qu’aux oreilles des Grecs. […] Par l’esclavage, ou, ce qui revient au même, par le vice, vous pouvez rattacher les personnages de la comédie grecque ou latine aux personnages de la comédie moderne. […] Elle ne rappelle en rien l’art des Grecs, cet art contenu dans les justes bornes, dans les strictes limites. […] Jourdain ressemble quelque peu au Socrate d’Aristophane, et voilà pourquoi il ne faut pas être si furieux contre le poète grec. […] La comédie grecque, autant pour le moins que la tragédie, était la fille des yeux et des sens, de l’imagination et de l’esprit.

688. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

La capitale de l’empire grec d’Égypte était un bazar cosmopolite, le rendez-vous de toutes les langues et de toutes les races. […] Le prêtre Manéthon suppliait les banquiers grecs de faire repasser la mer Rouge aux tribus d’Israël. Le conférencier Apion interrompait ses doctes leçons sur Homère pour dire que les Juifs adoraient une tête d’âne et que, tous les ans, à Pâques, ils mangeaient un Grec bien engraissé. […] La prédication des Apôtres eût été moins efficace si le Pentateuque, bien avant la venue du Christ, n’eût été traduit en grec par les Septante. […] Lafaye a pénétré dans l’étrange Panthéon où les nobles formes des dieux grecs voisinèrent avec les figures bestiales des dieux d’Égypte.

689. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Houssaye, Arsène (1815-1896) »

Houssaye revint l’un des premiers aux bois et aux sources du Parnasse, au naturalisme des Grecs, immense et pur comme le lever d’une aurore.

690. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 507-511

On a encore de cet Auteur plusieurs Ouvrages de Géométrie, de Philosophie, de Morale, de Politique, d’Histoire, de Critique, de Grammaire, de Poésie Grecque & Latine, dont la plupart sont estimés.

691. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IX. Du vague des passions. »

Enfin, les Grecs et les Romains, n’étendant guère leurs regards au-delà de la vie, et ne soupçonnant point des plaisirs plus parfaits que ceux de ce monde, n’étaient point portés, comme nous, aux méditations et aux désirs par le caractère de leur culte.

692. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

Fils aînés de l’antiquité, les Français, Romains par le génie, sont Grecs par le caractère.

693. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Est-ce que Téniers lui-même, dans ses grotesques pochades de tabagies, ne vous fait pas penser aux caricatures du comique grec Aristophane ? […] David, qui vient de mourir, génie plus romain que grec, n’a pas emporté son marteau ; de jeunes émules rêvent le beau moderne sur sa tombe, et le rêve dans l’art précède toujours le réveil. […] Mais elle n’entra en possession de tout son génie, de toute sa popularité, de toute sa gloire, qu’à l’époque où cette papauté elle-même, devenue puissance politique en Italie, régna avec toutes les pompes du trône universel des intelligences sur la catholicité, et, chose remarquable, la naissance de la peinture moderne à Rome coïncida avec la renaissance des lettres, de la philosophie et de la mythologie grecques à la cour des papes. […] La fille aînée était une de ces figures qu’on ne voit pas deux fois dans le cours d’une vie et qu’on ne peut pas voir ailleurs que dans les chalets d’un peuple pastoral ; les traits étaient d’une pureté grecque, les yeux d’une limpidité de fontaine sous la roche, le teint d’une blancheur de marbre transpercé par un rayon du matin, les formes d’une élévation, d’une perfection, d’une élégance, d’une souplesse, et cependant d’une dignité naturelle que les statues attiques, trop peu chastes d’expression, n’ont jamais, mais que les statues virginales des sculpteurs allemands du moyen âge ont seuls rêvée et reproduite dans leurs niches de cathédrales. […] Tout près d’eux est une femme d’Ischia, adossée au rocher, assise sur ses talons repliés à la manière des femmes grecques, les deux bras pendants le long du corps ; elle regarde en sens opposé de l’improvisateur et ne semble participer à la scène que par ses oreilles.

694. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Un vrai poète homérique en ce temps-ci ; un poète né, comme les hommes de Deucalion, d’un caillou de la Crau ; un poète primitif dans notre âge de décadence ; un poète grec à Avignon ; un poète qui crée une langue d’un idiome comme Pétrarque a créé l’italien ; un poète qui d’un patois vulgaire fait un langage classique d’images et d’harmonie ravissant l’imagination et l’oreille ; un poète qui joue sur la guimbarde de son village des symphonies de Mozart et de Beethoven ; un poète de vingt-cinq ans qui, du premier jet, laisse couler de sa veine, à flots purs et mélodieux, une épopée agreste où les scènes descriptives de l’Odyssée d’Homère et les scènes innocemment passionnées du Daphnis et Chloé de Longus, mêlées aux saintetés et aux tristesses du christianisme, sont chantées avec la grâce de Longus et avec la majestueuse simplicité de l’aveugle de Chio, est-ce là un miracle ? […] Cette vallée est d’un aspect à la fois grec et romain ; c’est un cirque comme celui d’Arles, dont les monticules dégradés des Alpines sont les gradins. […] C’était une idée fausse, quoique paternelle ; heureusement la Providence la trompa : le jeune homme étudiait le grec, le latin, le grimoire de jurisprudence par obéissance ; mais la veste de velours du paysan provençal et ses guêtres de cuir tanné lui paraissaient aussi nobles que la toge râpée du trafiquant de paroles, et, de plus, le souvenir mordant de sa jeune mère, qui l’adorait et qui pleurait son absence, le rappelait sans cesse à ses oliviers de Maillane. […] … Au cou du vannier la jeune fille effrayée, avec un cri perçant, se précipite et enlace ses bras ; et du grand arbre qui se déchire, en une rapide virevolte, ils tombent, serrés comme deux jumeaux sur la souple ivraie… « Frais zéphirs (vent), largue et (vent) grec, qui des bois remuez le dais, sur le jeune couple que votre murmure un petit moment mollisse et se taise ! […] Oui, ton poème épique est un chef-d’œuvre ; je dirai plus, il n’est pas de l’Occident, il est de l’Orient ; on dirait que, pendant la nuit, une île de l’Archipel, une flottante Délos s’est détachée de son groupe d’îles grecques ou ioniennes, et qu’elle est venue sans bruit s’annexer au continent de la Provence embaumée, apportant avec elle un de ces chantres divins de la famille des Mélésigènes.

695. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Le pape Léon X lui-même, ce restaurateur si platonique et si tendre des vestiges de l’esprit humain échappés à ce sac du monde, dit « qu’il a recueilli dans son enfance, de la bouche de Chalcondyle, homme très instruit dans tout ce qui concerne la Grèce, que les prêtres avaient eu assez d’influence sur les empereurs d’Orient pour les engager à brûler les ouvrages de plusieurs anciens poètes grecs, et c’est ainsi qu’ont été anéanties les comédies de Ménandre, les poésies lyriques de Sapho, de Corinne, d’Alcée. » « Ces prêtres, ajoute Léon X, montrèrent ainsi une honteuse animadversion contre les anciens, mais ils rendirent témoignage de la sincérité et de l’intégrité de leur foi. » À l’exception des études théologiques et morales, à l’exception de l’éloquence sacrée, qui débattait les questions d’orthodoxie ou de schisme entre les différentes sectes nées du christianisme, qui s’emparaient peu à peu d’une partie de l’Orient et de tout l’Occident, l’intelligence humaine, pendant ces siècles de chaos et d’élaboration, parut enfermée dans l’enceinte des temples ou des monastères. […] Homère avait fait l’épopée des Grecs, Virgile avait fait celle des Latins ; les places étaient prises. […] Dante lui-même était ce qu’on était déjà à Florence à cette époque, et ce qu’on fut bien davantage, quelques années après, à l’époque des Médicis et de Léon X : croyant et platonicien tout à la fois, associant dans son esprit la foi moderne à la philosophie grecque et romaine ; les pieds dans l’Église, la tête dans l’Olympe, l’âme dans les cieux, dans les épreuves ou dans les abîmes du monde chrétien. […] La philosophie grecque avait eu son Homère en la personne de Platon. » (Ne pourrait-on pas dire que la philosophie spiritualiste avait commencé à Platon ?) […] Aussi, dès le paganisme, les grandes compositions orientales, comme le Mahabarata ; les cycles grecs, comme ceux d’Hercule, de Thésée, d’Orphée, d’Ulysse, de Psyché ; les épopées latines de Virgile, de Lucain, de Stace, de Silius Italicus ; et enfin ces ouvrages qu’on peut nommer des poèmes philosophiques, la République de Platon et celle de Cicéron, eurent leurs voyages aux cieux, leurs descentes aux enfers, leurs nécromancies, leurs morts ressuscités ou apparus pour raconter les mystères de la vie future.

696. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Le peuple juif a produit la religion, et le peuple grec la science. […] « La lumière est belle, disait un Grec du temps d’Homère. […] Le Grec et le Scandinave répètent le raisonnement de M.  […] Ils savaient le grec ». […] Les plus grands écrivains sont réduits à s’autoriser d’Aristote et des Grecs.

697. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Les Grecs de Racine ne sont guère Grecs que par la date à laquelle on les place, et qui reste trop souvent une simple étiquette, un simple chiffre, sans nous faire voir la Grèce d’alors. […] On pourrait pourtant invoquer en faveur de l’étude de l’hébreu une partie des arguments littéraires dont on se sert pour défendre l’étude du grec et du latin. […] Le génie chrétien est un produit hybride où se sont mêlés et mariés intimement l’esprit hébraïque et l’esprit grec, mais où domine souvent le platonisme grec : les plus hautes idées de la philosophie chrétienne viennent de Grèce et d’Orient. Ce qui est né le plus incontestablement sur le sol de la Judée, c’est cette littérature beaucoup plus colorée et plus simple tout ensemble que les œuvres grecques, beaucoup plus sobre que la littérature hindoue, incomparable modèle de ce qu’on pourrait appeler le lyrisme réaliste, et qui nous offre probablement, avec quelques psaumes hindous, les exemples de la plus haute poésie à laquelle ait atteint l’humanité.

698. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXII » pp. 328-331

On pourrait, je crois, en dire presque autant de la belle langue attique chez les Grecs, laquelle était certainement quelque chose d’un peu artificiel, bien que se rapportant de préférence au ton et au goût du peuple d’Athènes, tout comme en Italie la belle langue aime à se réclamer du peuple de Florence.

699. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Falconet » pp. 250-251

Si ce groupe enfoui sous la terre pendant quelques milliers d’années, venait d’en être tiré, avec le nom de Phidias en grec, brisé, mutilé, dans les pieds, dans les bras, je le regarderais en admiration et en silence.

700. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Elle cite Swinburne, mais ne paraît pas moins familière avec le latin de Catulle et le grec de Sapho, qu’elle traduit et paraphrase à tout instant. » Sa poésie, où elle a mêlé l’intuition des poètes du nord, leur inquiétude, à la volupté et à la sérénité orientale, me semble comme une tentative d’équilibrer ces diverses tendances et hérédités qui luttaient en elle. […] Ses poèmes sont asiatiques par la violence de la passion, et grecs par la ciselure rare et le charme sobre de la strophe. » Cette double qualité, la violence de la passion et la sobriété du style, se retrouve dans l’œuvre de Renée Vivien. Nouvelle Sapho, elle a chanté les mêmes amours que l’aède de Lesbos, mais elle a comme christianisé l’émotion de Sapho, en substituant à la sérénité de la poétesse grecque une sorte de perversité romantique. […] Qu’on me laisse rire, dit-elle, « rire indéfiniment ainsi qu’un masque grec… ». […] Le vice, n’est-ce pas le plus bel apport du christianisme, ce qui distingue la femme actuelle des Grecques et des Romaines, le vice qui donne à la beauté sa valeur métaphysique ?

701. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

« Une insurrection des Grecs contre les Turcs qui les oppriment est un événement très-probable, si on vous laisse faire, et si Aubert-Dubayet125 vous seconde. […] C’est comme une figure grecque, à lignes extrêmement simples, une virginale esquisse de la Vénusté ou de la Pudeur, à peine tracée dans l’agate par la main de Pyrgotèle. […] Ce parfum de simplicité grecque, cet extrait de grâce, antique, qu’on respire dans quelques petites odes de Fontanes, le rapproche-t-il d’André Chénier ? […] Il croyait cela vrai des grands États modernes, même des États anciens et de ces républiques grecques qui n’avaient acquis, selon lui, une grande gloire que dans les moments où elles avaient été gouvernées comme monarchiquement sous un seul chef, Miltiade, Cimon, Thémistocle, Périclès. […] M. de Fontanes représente exactement le type du goût et du talent poétique français dans leur pureté et leur atticisme, sans mélange de rien d’étranger, goût racinien, fénelonien, grec par instants, toutefois bien plus latin que grec d’habitude, grec par Horace, latin du temps d’Auguste, voltairien du siècle de Louis XIV.

702. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Elles n’en ont pas moins été acceptées par les Grecs, qui savaient pourtant les circonstances et presque la date de leur naissance. […] Telle était la fonction primitivement dévolue à l’Adonis des Grecs. […] Les Grecs partagent le monde entre Zeus, dieu du ciel et de la terre, Poséidon, dieu des mers, et Hadès, auquel appartient le royaume infernal. […] L’antiquité classique nous offre un exemple de cette opposition : la mythologie romaine est pauvre, celle des Grecs est surabondante. […] Tel fut l’effet de l’introduction de la littérature et plus généralement des idées grecques à Rome.

703. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Les traductions du grec et du latin abondent, s’opposent à celles de Shakespeare et d’Ossian. […] Et on conclut que sans doute « il ne faut pas imiter les Grecs en tout, mais dès qu’il s’agit de l’expression des sentiments naturels, rien n’est plus pur que le modèle qu’ils nous offrent dans leurs bons ouvrages » [Cf.  […] Les hommes de la Révolution, après cela, feront un pas de plus en arrière, et on le sait, ce n’est pas les Romains de Balzac ou de Corneille qu’ils croiront ressusciter dans la vie publique, ce seront les Grecs et les Romains de Plutarque, — ou d’Amyot. […] Au moins pouvons-nous dire que, comme Ronsard, il a été tout latin et tout grec ; et comme Ronsard, mais avec une conscience plus claire des raisons de son choix, c’est aux érotiques latins, c’est aux poètes d’Alexandrie que son industrieuse imitation est allée. […] Et c’est pourquoi, si le classicisme eût pu être sauvé, il l’eût sans doute été par le fils de la Grecque.

704. (1893) Thème à variations. Notes sur un art futur (L’Académie française) pp. 10-13

Les Hottentots mésestiment évidemment la Vénus grecque.

705. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre II. Causes générales qui ont empêché les écrivains modernes de réussir dans l’histoire. — Première cause : beautés des sujets antiques. »

Les Grecs ont surtout été remarquables par la grandeur des hommes ; les Romains, par la grandeur des choses.

706. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

D’ailleurs, les humanistes qui traduisent Shakespeare en vers grecs sont loin de représenter le goût des salons. […] Quels que soient les changements imposés au génie grec par la France et l’Italie, au génie anglais par l’Allemagne, nous avons la certitude de juger les enfants en jugeant le père. […] Étant donnés les héros et les fables créés par le poète anglais, le dialogue de ses pièces ne pourrait sans absurdité se proposer l’unité grecque. […] Le langage de ce poète, qui appartient à toutes les générations, sans rappeler en rien le langage du tragique grec, n’est cependant ni moins puissant, ni moins logique. […] S’il a écrit des odes, il laisse bien loin derrière lui Pindare et David ; il concilie, par un privilège inattendu, la pureté grecque et la hardiesse hébraïque.

707. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Saluons ici un des plus beaux poèmes que l’on ait jamais fait en français, et en grec, et en européen. […] Et ainsi à être enfin aussi ensemble littéralement la seule prophétie païenne que nous ayons ; la seule vraie, la seule réelle prophétie païenne que nous ayons ; non plus, non pas seulement une prophétie juive, ce qui est l’état, l’habitus des prophéties, leur place ; mais une prophétie antique, latine et grecque et antique de la centrale opération chrétienne. […] Il y a infiniment plus de religion, je dis grecque, païenne, dans Phèdre, plus d’antique et de culte et de rite et de piété, grecque, antique, païenne, que dans les subtilités, dans les malices, dans les perpétuels procès d’Euripide. […] On voit de reste combien il y auroit à dire sur ce rapprochement généralement mal fondé de la tragédie française avec la tragédie grecque. […] Des hommes que nous payons quinze mille francs par an pour enseigner, c’est-à-dire, je pense, pour maintenir le grec, le latin, le français, ont trahi le grec, ont trahi le latin, ont trahi le français ; et ces trois grandes cultures ne sont plus défendues que par des pauvres et des misérables ; comme nous ; elles ne sont plus maintenues que par des gueux ; comme nous ; par des individualités sans mandat.

708. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Par des contes et des légendes naquit la littérature des Grecs. […] Admirable soin des notions et des raisonnements : l’âme première des Grecs y paraît. […] L’imitation grecque, ensuite, fit la comédie sans art et sans vie de Térence et de Plaute. […] Aux Grecs encore la musique doit ses instruments. […] Comme avaient fait les Grecs, il voulut fixer les sons qui convenaient le mieux aux diverses liturgies.

709. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVIII » pp. 113-116

Ici, Ingres dévot à l’antique et à Raphaël, et qui trépigne à ce seul nom ; là, Fokelberg, le sculpteur suédois, tout Grec, dont l’œil se mouillait de larmes en nous montrant l’Apollon au Vatican et les contours lointains des paysages d’Albano.

710. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Sarah Bernhardt » pp. 14-18

Un statuaire grec, disait Banville, voulant symboliser l’Ode, l’eût choisie pour modèle.

711. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Patru fit revenir les esprits sur un pareil choix : Un ancien Grec avoit une lyre admirable à laquelle se rompit une corde ; au lieu d’en remettre une de boyau, il en voulut une d’argent, & la lyre n’eut plus d’harmonie.

712. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Nisard »

Mais à part ce mérite, partagé par tant de savants d’alors, de déterreurs d’une société finie et de langues mortes, quoi donc pourrait recommander, à l’attention et même à la curiosité, l’existence imperceptiblement domestique ou publique d’hommes perdus dans des études effrayantes sur des vocables latins ou grecs, et dont les travaux, utiles comme le mortier et les pierres qui ont servi à bâtir un monument, ne sont pas plus regardés que ce mortier et ces pierres, quand le monument est debout ?

713. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Depuis dix ans qu’il était à Florence, il avait appris le grec tout seul. Il a traduit en vers une tragédie de chaque auteur grec, les Perses d’Eschyle, Philoctète de Sophocle, Alceste d’Euripide, et il a fait une Alceste à son imitation, ainsi qu’une tragi-mélodie d’Abel, qui est moitié tragédie et moitié pour chanter, afin de donner aux Italiens le goût de la tragédie : ce seront les premières choses que je ferai imprimer pour finir son théâtre. […] Je sais que vous enseignez le grec moderne à l’Institut. […] “Je t’aimerai toujours, s’écrie l’ardent poète, s’appropriant les vers de l’Anthologie grecque, — je t’aimerai toujours ; mais toi, chez les morts, ne bois pas, je t’en prie, à cette coupe qui te ferait oublier tes anciens amis.” »

714. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Son profil, que son voile rejeté en arrière me laissait entrevoir, avait la pureté de lignes des plus belles têtes du Parthénon, mais en même temps la mollesse, la suavité et la gracieuse langueur des femmes de l’Asie, beauté bien plus féminine, bien plus amoureuse, bien plus fascinante pour le cœur que la beauté sévère et mâle des statues grecques. […]   C’était un dimanche ; à deux cents pas de moi, derrière les murailles épaisses et hautes de Jérusalem, j’entendais sortir par bouffées de la noire coupole du couvent grec les échos éloignés et affaiblis de l’office des vêpres. […] Les soldats et les mukres arabes, récitant des fragments belliqueux amoureux et merveilleux d’Antar, la poésie épique et guerrière des peuples nomades ou conquérants ; les moines grecs chantant les psaumes sur leurs terrasses solitaires, la poésie sacrée et lyrique des âges d’enthousiasme et de rénovation religieuse. […] C’était le palais épiscopal de l’évêque arabe de Balbek qui surveille dans ce désert un petit troupeau de douze ou quinze familles chrétiennes de la communion grecque, perdues au milieu de ces déserts et de la tribu féroce des Arabes indépendants de Békàa.

715. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Il fut, d’abord, la première sculpture polychrome des Égyptiens9, puis la sculpture monochrome, ou plutôt achrome, des Grecs, non moins soucieuse, en ses rares chefs-d’œuvre, de la sincérité et de la vie. […] Elles entourent la Déesse étendue sur sa couche, vêtue de la tunique grecque qui flotte en drapant sa taille, comme si son léger tissu n’était qu’un encens plus rose, que le reste de l’atmosphère. […] Si la Déesse, couronnant de roses sa noire chevelure retenue par une résille grecque sur une nuque que penche la volupté, croisant sur ses pieds d’albâtre les bandelettes purpurines de ses sandales, exerçant tous les pouvoirs et déployant tous les charmes renfermés sous ses paupières demi-closes et dans cette ceinture qui tantôt reluit, tantôt échappe aux yeux, avait pu sembler au Poète enivré la beauté même, la beauté absolue, inégalée et inégalable, la princesse Elisabeth devait ravir son âme par une beauté suprême et surprenante, qu’on eût dit descendre du haut de l’Empyrée, pour le disputer à celle qui, de l’insondable profondeur des îlots amers, était montée au séjour des hommes. […] La peinture grecque, ignorée, fut certes postérieure à la sculpture.

716. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Il n’avait publié encore que ces Lettres persanes qu’il n’avait pas signées pour cause, et aussi le Temple de Gnide, également anonyme, dont Marais disait (avril 1725) : « Temple de Gnide, petit livret à demi grec, où les allusions couvrent des obscénités à demi nues. […] Et puisque j’en suis moi-même à aller ainsi à la picorée dans les auteurs, voici une assez belle pensée de lui sur les Grecs ; elle lui est échappée en parlant du Dialogue sur la Musique des Anciens, de l’abbé de Chateauneuf : « Nous ne sommes pas si vifs ni si chauds que les Grecs ; je m’imagine qu’ils avaient l’âme d’une âme au lieu d’un corps. » Ce n’est pas mal pour un Gaulois.

717. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Il savait la littérature latine, peu ou point de grec ; il avait du goût pour les lettres, de la curiosité pour la philosophie, et aimait la conversation des gens d’esprit et de pensée. […] On raconte qu’Alexandre, dans ses conquêtes, en arrivant à Persépolis, y rencontra des captifs grecs, précédemment mutilés par ordre des rois persans, et qui vivaient là depuis des années. […] Il ne faut pas demander aux hommes de ce temps-là une critique historique bien profonde en ce qui concerne l’Antiquité : il y a bien loin, comme l’on peut penser, de Saint-Évremond à Niebuhr et à Monvnsen ; mais, au sortir des doctes élucubrations du xvie  siècle, et en se débarrassant du matériel de l’érudition et des questions de grammaire, il y eut alors quelques hommes de sens qui raisonnèrent à merveille sur les données générales qu’on avait à sa portée et sous la main : on dissertait volontiers sur le caractère des Romains et des Grecs, sur le génie de César et d’Alexandre.

718. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Il donnait à l’âge de douze ans (1639) une édition d’Anacréonavec des scolies et commentaires grecs de sa façon, et une dédicace à son parrain le cardinal de Richelieu, toute grecque également. […] À la suite de la dédicace à Richelieu se trouvent, dans l’Anacréon de Rancé, quelques petites pièces grecques anonymes à la louange de l’éditeur.

719. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Nous ne signalerons, entre les productions dernières de sa prolixité, que l’Histoire d’une Grecque moderne, joli roman dont l’idée est aussi délicate qu’indéterminée. Une jeune Grecque d’abord vouée au sérail, puis rachetée par un seigneur français qui en voulait faire sa maîtresse, résistant à l’amour de son libérateur, et n’étant peut-être pas aussi insensible pour d’autres que pour lui ; ce peut-être surtout, adroitement ménagé, que rien ne tranche, que la démonstration environne, effleure à tout moment et ne parvient jamais à saisir ; il y avait là matière à une œuvre charmante et subtile dans le goût de Crébillon fils : celle de Prévost, quoique gracieuse, est un peu trop exécutée au hasard101. […] On lit dans les lettres de l’aimable madame de Staal (De Launay) à M. d’Héricourt : « J’ai commencé la Grecque à cause de ce que vous m’en dites : on croit en effet que mademoiselle Aïssé en a donné l’idée ; mais cela est bien brodé, car elle n’avait que trois ou quatre ans quand on l’amena en France. » Mademoiselle Aïssé, mademoiselle De Launay, l’abbé Prévost, trois modèles contemporains des sentiments les plus naturels dans la plus agréable diction !

720. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Leur architecture dite cyclopéenne, où la main de l’homme conserve dans ses ouvrages l’empreinte monumentale et divine de la force des temps et de la rusticité de la nature, l’élégance dorienne de leurs ruines de temples, le dessin inexpliqué de leurs vases, plus grecs que la Grèce elle-même, et aussi naïfs que l’âge primitif de l’homme, tout cela atteste qu’une science inconnue de l’humanité civilisée a coulé aux bords de l’Arno des rochers de la Toscane. […] Il rentra dans sa patrie, avec un grand nombre de savants ou de poëtes, fanatiques partisans des lettres grecques, et entre autres de Platon, le grand spiritualiste de l’antiquité. […] On ne peut pas dire qu’il mourut en chrétien ; Platon était son Christ et la philosophie grecque était sa foi ; il confondait dans cette foi la divinité de l’Évangile avec ces révélations de la sagesse humaine, émanées des inspirés de Dieu, dont il avait propagé le culte en Italie ; fidèle aux formes du catholicisme, plus fidèle à l’esprit dont il les animait.

721. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) I La découverte d’un beau buste grec de Platon fut un événement pour l’âme platonique de Laurent. […] … Etc. » On calomnia jusqu’à sa douleur, en attribuant ces strophes, dont Politien mourut, aux regrets amoureux que lui inspira la mort d’un jeune Grec, son élève. […] Un Platon, un savant grec, un livre étaient une victoire sur la nuit.

722. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Il ne doit rien à la mythologie grecque, ni à l’histoire ancienne ou moderne, ni à Boileau, ni aux noms propres de M.  […] L’Iliade et l’Odyssée (œuvre commune d’aèdes anonymes et quasi inconscients, je le sais, mais retranscrite et unifiée ensuite par l’art) sont un répertoire du folklore grec que vient encore compléter Hésiode. […] On a parlé des héros grecs avec le langage de la France, c’était une âme française qui se pliait à imaginer Thésée, Brutus ou Cinna.

723. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Il étoit avec raison, charmé de la beauté des ouvrages du Poëte grec, & cependant sa grande faute est de l’avoir imité ; car l’imitation demande plus de gêne & plus d’art qu’on ne croit communément. […] On sent dans cette Tragédie le goût d’un Écrivain qui s’est formé sur la majestueuse simplicité des Grecs. […] Cet ouvrage fait sur le modèle du Théâtre des Grecs du P.

724. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Louis XIV n’aimait pas le gaulois ; ses poètes et ses architectes ne tirent que du grec. Notre Denis à nous, hommes du xixe  siècle, aime les mathématiques ; mais il goûte fort les romans : notre Louis XIV affectionne l’art grec ; mais il est grand partisan du gothique. […] Vico était professeur public ; Fichte donnait chaque jour une leçon de grec, pour ne pas rester sans cesse face à face avec sa pensée.

725. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Nombre d’aventures et de détails évoquent en outre des souvenirs de l’histoire grecque ou romaine : Le dévouement de Yamadou Hâvé rappelle celui du Romain Décius, du Grec Codrus ou du Suisse Arnold de Winkelried. […] Légende d’Apollon et de Daphné et autres légendes mythologiques grecques.

726. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

L’insensé doctrinaire du Beau déraisonnerait, sans doute ; enfermé dans l’aveuglante forteresse de son système, il blasphémerait la vie et la nature, et son fanatisme grec, italien ou parisien, lui persuaderait de défendre à ce peuple insolent de jouir, de rêver ou de penser par d’autres procédés que les siens propres ; — science barbouillée d’encre, goût bâtard, plus barbare que les barbares, qui a oublié la couleur du ciel, la forme du végétal, le mouvement et l’odeur de l’animalité, et dont les doigts crispés, paralysés par la plume, ne peuvent plus courir avec agilité sur l’immense clavier des correspondances ! […] Cette contemplation perpétuelle de l’histoire grecque et romaine ne pouvait, après tout, qu’avoir une influence stoïcienne salutaire ; mais ils ne furent pas toujours aussi Grecs et Romains qu’ils voulurent le paraître.

727. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Jeune Grec exilé dans la laideur des âges, Tu te ressouvenais, cil pleurant, les retards De la beauté qui fait se lever les vieux sages ! […] Ce magicien-roi qui sait tout, à qui toutes les époques et tous les personnages de l’histoire sont familiers, et qui ressuscite les Égyptiennes du temps de Moïse, aussi bien que la lydienne Omphale, a trop souvent caché, derrière son manteau de pourpre, le ferme et délicat rimeur, d’une pureté antique et d’une idéale délicatesse, qui, pareil à un statuaire grec, ne livre pas son Âme, et pudiquement la laisse deviner à peine sous les blancheurs du marbre sacré.

728. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

C’était une salle rectangulaire, assez petite, avec un portique, que l’on décorait des ordres grecs. […] Celle de Kasyoun porte une inscription grecque du temps de Septime Sévère.

729. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Cet éloge, où un particulier loue un prince avec lequel il a quelque temps vécu dans l’obscurité, pouvait être précieux ; le souvenir des études de leur jeunesse et cette heureuse époque où l’âme, encore neuve et presque sans passions, commence à s’ouvrir au plaisir de sentir et de connaître, devait répandre un intérêt doux sur cet ouvrage ; mais nous ne l’avons plus, et nous n’en pouvons juger ; nous savons seulement qu’il était écrit en grec. […] Passionné pour les Grecs, nourri jour et nuit de la lecture de leurs écrivains, enthousiaste d’Homère, fanatique de Platon, avide et insatiable de connaissances ; né avec ce genre d’imagination qui s’enflamme pour tout ce qui est extraordinaire ; ayant de plus une âme ardente, et cette force qui sait plus se précipiter en avant que s’arrêter ; d’ailleurs, accoutumé dès son enfance à voir dans un empereur chrétien le meurtrier de sa famille, et, dans le fond de son cœur, rendant peut-être la religion complice des crimes qu’elle condamne ; placé entre l’ambition et la crainte, inquiet sur le présent, incertain sur l’avenir ; ses goûts, son imagination, son âme, les malheurs de sa famille, les siens, tout semblait le préparer d’avance à ce changement qui éclata dans la suite.

730. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

L’Orient grec (1893). — Les Siècles morts.

731. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

Charles Maurras Roumanille était né au pied de ces deux purs chefs-d’œuvre de l’art grec que le peuple et les savants appellent les Antiques.

732. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhède (Raymond de la) = La Tailhède, Raymond de (1867-1938) »

Lorsque Boileau ou Fénelon regrettaient que nous n’eussions, ni chez Malherbe, ni même chez Ronsard, des odes pindariques avec la promptitude d’images et d’inversions, avec le mouvement et la flamme du modèle grec, ce n’était pas un Hugo ni un Lamartine qu’appelaient leurs souhaits, c’était M. 

733. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre III. Les questions que l’historien doit se poser. » pp. 16-17

. — « Tout passe, tout s’écoule », disait déjà un philosophe grec. — « Tout est un flux perpétuel, répète Diderot.

734. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

Traduire avec autant de force que d’exactitude les Auteurs Grecs & Latins, analyser avec clarté & précision les Peres de l’Eglise, présenter avec une simplicité éloquente la substance des décisions des Conciles, raconter les événemens, ou plutôt les peindre de manière que le Lecteur croit en être témoin ; tel est le résultat du travail de M. l’Abbé Fleury.

735. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 192-197

Sa Poésie consistoit moins à dire de grandes choses, qu’à en exprimer de petites par de grands mots moitié Grecs, moitié François ; il donnoit, par cet appareil, un air merveilleux à son style, que l’ignorance seule pouvoit goûter.

736. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

Ainsi il y aurait, entre les esprits, des liens électifs plus libres et plus vivaces que cette longue communauté du sang, du sol, de l’idiome, de l’histoire, des mœurs qui paraît former et départager les peuples ; ceux-ci ne seraient pas divisés par d’irréductibles particularités comme l’école historique moderne s’est appliquée à le faire admettre ; la France, l’Allemagne plus encore, dont la littérature est grecque et cosmopolite, aurait conservé intacte une sorte d’humanité générale et large, toute à tous, sensible à l’ensemble des manifestations spirituelles de l’espèce, payant cet excès de réceptivité par quelque défaut de production originale, le compensant en universelle intelligibilité, réduite à emprunter souvent et à ouvrer pour ainsi dire à façon, mais travaillait pour le monde, plutôt foyer de réflexion, de convergence et de rayonnement que flambeau proprement et solitairement éclatant.

737. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

Bouchet, Grec d’origine, fut le premier architecte, Nicolas le premier sculpteur, et Cimabou le premier peintre, qui tirèrent le goût antique des ruines de Rome et de la Grèce.

738. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre V. Moralistes. — La Bruyère. »

On reconnaît ceux du bel âge de la France à la fermeté de leur style, au peu de recherche de leurs expressions, à la simplicité de leurs tours, et pourtant à une certaine construction de phrase grecque et latine qui, sans nuire au génie de la langue française, annonce les modèles dont ces hommes s’étaient nourris.

739. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre premier. Du Christianisme dans l’éloquence. »

Ce qui distingue l’éloquence chrétienne de l’éloquence des Grecs et des Romains, c’est cette tristesse évangélique qui en est l’âme, selon La Bruyère, cette majestueuse mélancolie dont elle se nourrit.

740. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Vien » pp. 131-133

La Jeune Grecque qui orne un vase de bronze, avec une guirlande [de] fleurs.

741. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 15, des personnages de scelerats qu’on peut introduire dans les tragedies » pp. 115-119

Ainsi mon sentiment est qu’on ne doit point, par exemple, introduire jamais sur le théatre un romain encore païen qui se moqueroit du feu de Vesta, non plus qu’un grec qui traiteroit avec insolence l’oracle de Delphes de fourberie inventée par les prêtres d’Apollon.

742. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

Après un long détour, d’ailleurs nécessaire, nous en revenons à la sagesse des philosophes grecs ; l’analyse minutieuse n’a vu longtemps dans la diversité les choses qu’un vaste désordre et s’est divertie à étiqueter ces contradictions apparentes ; la synthèse retrouvera peu à peu l’ordre et le rythme, plus beaux encore dans l’effort humain que dans la marche des étoiles.

743. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

Lorsqu’il eut par des voies surnaturelles éclairé et affermi la vérité du christianisme, contre la puissance romaine par la vertu des martyrs, contre la vaine sagesse des Grecs par la doctrine des Pères et par les miracles des Saints, alors s’élevèrent des nations armées, au nord les barbares Ariens, au midi les Sarrasins mahométans, qui attaquaient de toutes parts la divinité de Jésus-Christ.

744. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Son horreur du christianisme lui venait de ce qu’il savait trop bien le grec et peut-être même trop bien le latin. […] Le Latin amoureux des Grecs est déjà beaucoup plus humaniste. […] Que nous veut ce Grec, que nous veut ce Gréco-Latin ? […]  » — Ce qui était faible chez Sarcey en cette première année, j’ai regret à le dire, c’était le thème grec. […] Lebas le disait avec autant de douleur que moi : « Classé 22e et dernier en thème grec.

745. (1925) Dissociations

C’est ainsi qu’il faut se représenter les athlètes grecs. […] Nous n’avons emprunté aux Grecs que leurs exercices musculaires : cela ne suffit pas au point de vue esthétique : un homme en caleçon et qui saute n’est pas nécessairement un bel animal. […] C’est ainsi que procédaient les Grecs et leurs fils byzantins. […] Si tous les noms anciens en a sont féminins, bon nombre de noms en us le sont aussi et, par la suite, le grec fournit au latin beaucoup de noms en a qui furent qualifiés de neutres. […] Les Romains n’avaient point de bâtiments industriels, ni les Grecs, ni les Assyriens ; donc une chose appelée imprimerie, même nationale, ne mérite aucun souci.

746. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

La simplicité de l’action, chez les Grecs, ne permettait pas qu’ils fussent parmi eux si fréquents que sur nos théâtres : la reconnaissance est un de ceux qu’ils employaient le plus ordinairement. Le coup de théâtre le plus frappant de la scène grecque, était le moment où un vieillard venait, dans le Cresphonte d’Euripide, arrêter Mérope prête à immoler son fils, qu’elle prenait pour l’assassin de ce fils même. […] Les tragiques grecs paraissent n’avoir fait qu’ébaucher cette partie de leur art. […] C’est que les tragiques grecs, contents de dessiner d’après Homère, et de ne point démentir l’idée qu’on s’était faite de leurs personnages, ne songeaient point à y ajouter. […] Racine semble avoir, à l’exemple des Grecs négligé d’exciter le sentiment de l’admiration excepté dans Alexandre, où il imitait encore Corneille.

747. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Cela prouve tout simplement qu’il n’aimait pas Virgile, et qu’il ne savait point le grec. […] N’ajouterai-je pas à ce propos que, de cent cinquante ou soixante Odes que nous avons de Ronsard, il n’y en a pas plus d’une quinzaine où le poète ait affecté de reproduire le dessin de l’ode grecque ? […] Oui, qui donc a dit qu’il n’y avait au monde que « trois histoires de premier intérêt » : celle des Grecs, celle des Romains, celle des Juifs ? […] C’est comme encore quand on lui reproche de n’avoir pas fait dans la formation du dogme chrétien une part assez large de l’influence du génie grec. […] Les Grecs et les Romains, qui tenaient la pauvreté pour honteuse, n’auraient jamais eu l’idée d’y réduire les « huit béatitudes ».

748. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 2. Caractère de la race. »

Car il s’en faut que, dans la latinité de l’époque impériale, les écrivains gaulois fassent un groupe aussi tranché, aussi caractérisé que les Espagnols et surtout les Africains ; et l’on ne trouverait rien chez eux qui ne se rencontre fréquemment chez des Italiens ou chez des Grecs : tout ce qu’il est permis d’inférer de la littérature gallo-romaine, c’est l’aptitude et le goût de la race pour l’exercice littéraire.

749. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Personne ne possédoit mieux les Auteurs Grecs & Latins ; & ne s’est plus appliqué à les commenter, à les éclaircir, & à les faire paroître sur la Scène avec tout le cortége d’une Edition travaillée avec soin.

750. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 532-537

Ce qui acheve de prouver qu’il est un de nos meilleurs Littérateurs, est l’érudition qu’il joint au mérite du style & de la Poésie ; érudition qui n’est point fantastique & mendiée, comme celle de tant d’Ecrivains dont le fond consiste dans quelques Extraits lus sans réflexion, & insétés uniquement pour faire étalage, mais une érudition solide, étendue, choisie, dirigée par le goût, appuyée sur la connoissance de l’Hébreu, du Grec, du Latin, & de plusieurs Langues vivantes.

751. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

La Langue Italienne étoit néanmoins pour Ménage une Langue aussi morte que la Grecque & la Latine, dans lesquelles il écrivit également.

752. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XII. Suite du Guerrier. »

Ulysse frappe Thersite de son sceptre (σκήπτρω δὲ μετάφρενον, ἠδὲ καῖ ὤμω πλἦξεν), et arrête les Grecs prêts à rentrer dans leurs vaisseaux : ces mœurs sont naïves et pittoresques.

753. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre premier. Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. »

Amis, frères, époux, se quittaient aux portes de la mort, et sentaient que leur séparation était éternelle ; le comble de la félicité pour les Grecs et pour les Romains se réduisait à mêler leurs cendres ensemble : mais combien elle devait être douloureuse, une urne qui ne renfermait que des souvenirs !

754. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VII. Des Saints. »

« Ces héros pleins de bonté et de lumière pensent toujours à leur Créateur, et sont tout éclatants de la lumière qui rejaillit de la félicité dont ils jouissent en lui. » — Et plus loin, « héros vient d’un mot grec qui signifie amour, pour marquer que, pleins d’amour pour Dieu, les héros ne cherchent qu’à nous aider à passer de cette vie terrestre à une vie divine et à devenir citoyens du ciel69. » Les Pères de l’Église appellent à leur tour les saints des héros : c’est ainsi qu’ils disent que le baptême est le sacerdoce des laïques, et qu’il fait de tous les chrétiens des rois et des prêtres de Dieu 70.

755. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

Cet ouvrage embrasse les Belles-Lettres françoises, latines & grecques ; & pour former plus sûrement le goût des jeunes gens, l’auteur fait la comparaison des piéces de même genre dans les trois langues.

756. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Y a-t-il un peuple, Hindous, Persans, Grecs ou Gaulois, qui se soit formé de la vie une conception aussi tragique ? […] Voici les récits que les thanes, assis sur leurs escabeaux, à la clarté des torches, écoutaient en buvant la bière de leur prince : l’on y voit leurs mœurs, leurs sentiments, comme les sentiments et les mœurs des Grecs dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère. […] Il n’a point trop de tous les détails d’une peinture complète ; il aime à voir les objets, il s’attarde autour d’eux, il jouit de leur beauté, il les pare de surnoms splendides ; il ressemble à ces filles grecques qui se trouveraient laides si elles ne faisaient ruisseler sur leurs bras et sur leurs épaules toutes les pièces d’or de leur bourse et tous les trésors de leur écrin ; ses larges vers cadencés ondoient et se déploient comme une robe de pourpre aux rayons du soleil ionien. […] En effet, c’est un scalde qui latinise, et transporte dans son nouveau langage les ornements de la poésie scandinave, entre autres la répétition de la même lettre, tellement que, dans une de ses épîtres, il y a quinze mots de suite qui commencent de même, et que, pour compléter ce nombre de quinze, il met un barbarisme grec parmi les mots latins73. […] Telle est cette race, la dernière venue, qui, dans la décadence de ses sœurs, la grecque et la latine, apporte dans le monde une civilisation nouvelle avec un caractère et un esprit nouveaux.

757. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Trois poèmes, Hélène, Niobé et Khiron, sont ici spécialement consacrés à l’antiquité grecque et indiquent trois époques distinctes. […] On m’avertissait qu’en haine de mon temps je me plaisais à repeupler de fantômes les nécropoles du passé, et que dans mon amour exclusif de la poésie grecque, j’en étais arrivé à nier tout l’art postérieur. […] C’est donc dans ses créations intellectuelles et morales qu’il faut constater la puissance de la poésie grecque. […] Seuls, au dix-septième siècle, Alceste, Tartufe et Harpagon se rattachent plus étroitement à la grande famille des créations morales de l’antiquité grecque, car ils en possèdent la généralité et la précision. […] À l’exception des deux poèmes qu’il contient, de quelques pièces grecques et d’un certain nombre d’études d’art, il n’est cette fois que trop personnel.

758. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

* * * — Pourquoi une porte japonaise me charme-t-elle et m’amuse-t-elle l’œil, tandis que toutes les lignes architecturales grecques l’ennuient, mon œil ! […] Un des caractères de la beauté de l’œil dans les statues grecques — caractère que je n’ai vu indiquer nulle part — c’est la retraite de la paupière inférieure, en sorte que si on regarde un œil de profil, il se dessine en une ligne complètement fuyante, tandis que dans les bustes romains, et cela est très marqué dans la sculpture médiocre, la paupière supérieure est sur la même ligne que l’inférieure. Une beauté, dans la beauté grecque, une beauté que les poètes nous montrent appréciée, c’est la forme et la délicatesse des joues, le masque osseux de la figure devait être singulièrement resserré, amenuisé aux pommettes. […] Singulière et rare union de la beauté de la sculpture grecque avec le réalisme de la sculpture romaine. […] Ici je le reconnais et je le proclame, — ce que j’ai toujours reconnu du reste dans mes discussions avec Saint-Victor : — la supériorité écrasante de la sculpture grecque.

759. (1911) Nos directions

car dans le domaine des lettres, les Grecs n’ont rien reçu en héritage — et ils se sont enrichis cependant. […] Remarquez que Racine, de nos classiques le plus grec, n’a « imité » les Grecs (si j’ose dire) que trois fois dans la maturité de sa carrière : Andromaque, Phèdre et Iphigénie. […] D’une part la concrète et lyrique trilogie grecque, couronnée légèrement de son drame satyrique. […] Il lit les Grecs : qu’en retient-il ? […] J’imagine qu’on dut renoncer assez vite à assimiler notre prosodie aux prosodies latine et grecque.

760. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

On travailla d’après l’idée d’une jeune Grecque, qui, frappée de voir la figure de son amant tracée sur le mur par l’ombre que faisoit une lampe, en suivit exactement les contours. […] Des hommes de beaucoup de mérite expliquoient gratis les auteurs originaux, Hébreux, Grecs & Latins. […] Ce collège qui, dans son origine, n’avoit que deux professeurs, en compte aujourd’hui dix-neuf : deux pour l’Hébreu ; deux pour le Grec ; deux pour les mathématiques ; deux pour la philosophie Grecque & Latine ; deux pour l’éloquence Latine ; quatre pour la médecine, la chirurgie, la pharmacie & la botanique ; deux pour la langue Arabe ; deux pour le droit canon ; un pour la langue Syriaque. […] Ils attestèrent les patriarches, les prophètes, les philosophes Grecs, les prêtres des Gaulois, & généralement tous les célèbres personnages qu’ils prétendoient avoir été carmes. […] Les jeunes gens en sortoient pleins de grands principes pour la conduite de la vie, & nourris de la lecture des auteurs Grecs & Latins.

761. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Erreur caduque, et pourtant très moderne : je ne crois pas que jamais, au temps où florissait la poésie grecque, on ait demandé à Théocrite ce qu’il voulait prouver avec ses Idylles, ni à Bion quel est le sens social et moralisateur du Tombeau d’Adonis. Il n’y a pas de place pour Berquin dans la poésie grecque. […] Alors florirent les mythes immenses des poèmes hindous, persans et grecs, mythes qui se répercutèrent avec des variantes dans toutes les littératures. […] Les grands sculpteurs grecs, pour accomplir leurs œuvres admirables, devaient disposer de suffisants éléments d’éducation artistique, et, si le nombre des modèles pouvait élever le degré de l’idéal, il faudrait croire que nos musées ne sont pas plus abondants que ceux des Grecs, puisque, certes, nous ne faisons pas mieux qu’eux.

762. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Seuls les Grecs ont connu l’art véritable, interprète scrupuleux de la conscience publique ; aussi l’art grec était il conservateur. […] « Je me mis à chercher ce qui caractérise cette dissolution si regrettée du grand art grec, et cet examen me tint plus longtemps. […] Il provient des mythes populaires et du vieux roman ; puis naît la tragédie classique française, traduction à contre-sens de théories grecques. Comme Weber, pour l’opéra, Goethe, pour la tragédie, revient aux vraies sources : les traditions populaires, dans Goetz, et l’art grec, dans Iphigénie ; et, de nouveau, avec Faust, comme avec le drame de Schiller, le romantisme historique envahit le théâtre.

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