. — Quelle valeur il attribue aux écrivains. — Quelle classe d’écrivains il exalte. — Quelle classe d’écrivains il déprécie. — Son esthétique. — Son jugement sur Voltaire. […] Le simple écrivain, prosateur et raisonneur, peut toujours raisonner et rester dans la prose ; son inspiration n’a pas d’intermittences et n’exige pas d’efforts. […] Il a composé sur les écrivains allemands une longue série d’articles critiques. […] Il considère le poète, l’écrivain, l’artiste « comme un interprète de l’idée divine qui est au fond de toute apparence, comme un révélateur de l’infini », comme un représentant de son siècle, de sa nation, de son âge ; vous reconnaissez ici toutes les formules germaniques. […] Tout entier aux écrivains, il néglige les artistes ; en effet, la source des arts est le sentiment de la forme, et les plus grands artistes, les Italiens, les Grecs, n’ont connu, comme leurs prêtres et leurs poëtes, que la beauté de la volupté et de la force.
Sainte-Beuve est un des écrivains de notre temps qui ont le plus combattu, le plus déprécié la tradition ; mais j’ai montré par les réflexions qui précèdent que je n’ai point de parti pris contre lui ; que tout au contraire j’admets la légitimité de l’école de style à laquelle il a longtemps appartenu, enfin que je suis un des plus sincères admirateurs du grand écrivain qui l’a fondée. […] Aucun d’eux n’a eu la pensée de bouleverser la langue et de s’élever sur ses ruines ; aucun d’eux (je parle des grands écrivains) n’a essayé d’en briser le moule. […] S’il m’en coûte de livrer ainsi, toutes vivantes, au jugement sévère du lecteur, des pages d’un si consciencieux travail, je me serais reproché bien davantage, à l’égard d’un écrivain de si grand renom, une censure dépourvue de preuves. […] Nos grands écrivains se comportaient tout autrement avec cette noble langue. […] Sainte-Beuve aux écrivains du dix-septième siècle qui ont eu plus spécialement le mérite qui lui manque ; il a cité Fénelon, madame de Sévigné, les solitaires de Port-Royal !
Cette forme régnante de pensée s’impose à tous les écrivains, depuis Waller jusqu’à Johnson, depuis Hobbes et Temple jusqu’à Robertson et Hume ; il y a un art auquel ils aspirent tous ; le travail de cent cinquante années, pratique et théorie, inventions et imitations, exemples et critique, s’emploie à l’atteindre. […] Je viens de lire sa correspondance, il n’y a pas peut-être dix lettres vraies ; il est écrivain jusque dans ses épanchements ; ses confidences sont de la rhétorique compassée, et quand il cause avec un ami, il songe toujours à l’imprimeur qui mettra ses effusions sous les yeux du public. […] J’ouvre au hasard, et je tombe sur le début du second livre ; un orateur, un écrivain de l’école de Buffon serait ravi d’admiration en voyant tant de trésors littéraires amassés dans un si petit espace. […] Un grand écrivain est un homme qui, ayant des passions, sait le dictionnaire et la grammaire ; celui-ci sait à fond le dictionnaire et la grammaire, mais s’en tient là. […] Une femme de chambre sous Louis XIV, dit Courier, écrivait mieux que le plus grand écrivain d’aujourd’hui.
Leur renom, moins bruyant que celui des écrivains et des penseurs catholiques, était toutefois basé sur une science plus scrupuleuse, plus solide et plus sincère. […] Oublierez-vous qu’il fut un philosophe, un politique, un historien, un polémiste, un savant, un écrivain et un orateur de premier ordre ? […] Bossuet philosophe, politique, historien, polémiste, savant, écrivain, orateur… Je demande la permission d’examiner en détail ces faces différentes de son génie. […] L’écrivain… C’est ici que les avis sont presque unanimes. « Bossuet est l’un des plus grands écrivains en prose qui ait existé, l’un des maîtres incontestables de la langue française », a-t-on répété partout. […] Philosophe aboli, historien puéril, polémiste sans arguments, homme de culture remplaçant la science par l’érudition, écrivain de cour et d’académie, tel est en somme Bossuet ; et nous sommes en droit de nous étonner d’un tel retentissement de sa personnalité à travers les siècles.
C’est ainsi qu’en parlent tous les écrivains du temps. […] Admirez seulement avec quel art d’écrivain Cicéron embellit l’aridité de son sujet par les charmants péristyles du premier et du second discours sur les Lois : Atticus. […] » Qu’on s’étonne et qu’on se scandalise après cela de ce que les écrivains modernes mêlent le souvenir de leur pays aux plus graves matières de leurs écrits ! […] Le père et le sage n’y sont-ils pas au niveau de l’écrivain ? […] Quel écrivain lui comparerez-vous dans les temps modernes ?
Masqué par une esthétique qui consiste à montrer de la vie une image et non pas une impression, l’écrivain garde en lui ses opinions et ses haines, ne fournissant qu’à l’analyse de légers mais suffisants indices. […] Dans les deux premiers des Trois Contes, dont l’un, Un cœur simple, décrit l’humble vie de sacrifices d’une servante, et l’autre, la Légende de saint Julien l’hospitalier raconte la dure destinée d’un innocent parricide, l’écrivain paraît compatir aux maux qu’il montre, et peut-être est-il juste de croire qu’aux abords de la veillesse, Flaubert a senti qu’il ne convenait pas de séparer la cause des grands de celle des petits, qui, victimes autant que bourreaux, prennent sans doute leur part des souffrances qu’ils contribuent à aigrir. […] Dans ce livre, dans Bouvard et Pécuchet qui en est l’analogue, plus ironique et moins profond, Flaubert tente par une synthèse générale, en dehors de toute intrigue et de toute psychologie, de représenter l’histoire du développement de l’esprit humain, de son insatiable inquiétude, sans cesse assaillie de solutions, de systèmes, de révélations qu’il adopte, qu’il subit et qu’il abandonne en une révolution que le scepticisme de l’écrivain le portait à concevoir circulaire. […] Quand l’œil de Flaubert était braqué sur la réalité, les détails importants des choses et des hommes fidèlement enregistrés trouvaient dans le vocabulaire de l’écrivain une série de mots exactement adaptés, qui les rendaient d’une façon précise et du premier coup, en phrases telles que chacune enveloppant l’idée à exprimer, entière, il ne fût nul besoin d’y revenir. […] Généralisation sur les causes : L’on remarquera que cette altération du langage qui produisit chez Flaubert de si belles et maladives fleurs, est analogue si l’on abstrait de ses développements ultimes, à celle qui cause chez tout un groupe d’écrivains nommés par excellence les « artistes », ce qu’on appelle encore par excellence, le « style ».
Le je ne sais quoi dont Retz cherchait l’explication en M. de La Rochefoucauld se réduit à ceci, autant que j’ose le préciser : c’est que sa vocation propre consistait à être observateur et écrivain. […] Saint-Évremond, Bussy, qu’on a comparés à La Rochefoucauld pour l’esprit, la bravoure et les disgrâces, sont aussi des écrivains de qualité et de société ; ils ont de l’agrément parfois, mais je ne sais quoi de corrompu ; ils sentent leur Régence. […] La simple comparaison fait mieux comprendre à quel point (ce à quoi autrement on ne songe guère) La Rochefoucauld est un écrivain. […] Le poëte, l’artiste, l’écrivain, n’est trop souvent que celui qui sait rendre : il ne garde rien. […] Même comme écrivain, quand il dit : « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement. » 135.
Mais il convient de remarquer que leur célébrité involontaire n’a été que le resplendissement involontaire aussi de leur nature féminine, et nullement une prétention ambitieuse à la gloire de l’écrivain ; elles n’ont été écrivains que parce qu’elles étaient épouses et mères, elles n’écrivaient pas pour le public ou pour la postérité, elles écrivaient l’une pour son mari, l’autre pour sa fille. […] Necker les condensait tous ; mais, par une politique personnelle qui s’appliquait à recruter des partisans dans tous les partis de la pensée, monsieur et madame Necker gardaient une certaine neutralité caressante entre tous ces philosophes et tous ces écrivains, promulguant les principes, ajournant les applications, ménageant les rivalités, vénérant le passé, saluant l’avenir, se réfugiant dans la tolérance pour n’avoir pas à se prononcer entre la philosophie et le christianisme, entre l’aristocratie et le peuple, entre la monarchie et la république. […] XXV Tous les hommes d’État, tous les écrivains, tous les orateurs sortis de la proscription, de l’ombre ou du silence après la terreur, se pressaient dans ses salons comme sous l’égide de la liberté retrouvée dans les ruines ; elle contenait l’impatience des uns, elle modérait la réaction des autres, elle relevait le découragement, elle fortifiait la constance, elle réconciliait dans un patriotisme commun ceux que les factions avaient séparés pour le malheur de tous. […] Son livre, sur l’Influence des passions, qu’elle publia alors, ajoute à sa renommée d’écrivain le caractère de moraliste.
On y voit au vrai les dispositions de Bernardin au moment où il quitte la Russie, ses préoccupations bien moins romanesques qu’on ne l’a supposé ; les premiers symptômes de l’écrivain encore inexpérimenté et qui veut poindre ; l’utopiste et l’homme à systèmes qui se trahit çà et là ; l’amoureux, assez peu enthousiaste d’ailleurs ; l’ami reconnaissant et fidèle ; le bonhomme qui rêve en tout temps une chaumière et le bonheur de la famille ; le délicat blessé et le misanthrope qui va s’ouvrir aux aigreurs ; puis, à la fin, l’écrivain tout d’un coup célèbre, mais qui garde de ses susceptibilités, et qui porte jusque dans ses scrupules de probité et dans le paiement de ses dettes d’honneur une application et une affectation minutieuses, un coin de maladie. […] [NdA] Bernardin de Saint-Pierre écrit des chaisnes : je me permets en quelques endroits de rectifier son orthographe, qui n’est pas plus mauvaise, d’ailleurs, que celle de beaucoup d’écrivains distingués et d’académiciens à sa date. […] [NdA] Voilà l’écrivain sensible qui commence à paraître et à se dessiner. […] [NdA] L’écrivain, qui l’était d’abord sans le savoir, commence à s’apercevoir qu’il l’est en effet.
Baudelaire est depuis longtemps familiarisé avec tous les secrets de la métrique et toutes les délicatesses du langage ; esprit ouvert et écrivain laborieusement distingué, il nous paraît avoir condensé dans le morceau suivant quelques-unes de ses meilleures qualités. […] Tout le monde écrit bien parce que tout le monde sait lire, et que, depuis trois cents ans que l’on imprime, bon nombre de sentiments et de nuances de sentiments ont été exprimés par de grands écrivains. […] Il faut donc chercher un autre mot, et, quel qu’il puisse être, il finira par avoir le sort de tous les autres. » Voilà le danger signalé par un pur classique, par un écrivain qui traitait Shakspeare et Schiller de sauvages, et leurs traducteurs, MM. […] n’y a-t-il pas des écrivains qui se dévouent par vocation ou par nécessité à composer de petites historiettes sans dard et sans venin ? […] N’avons-nous pas vu récemment un écrivain religieux d’un grand zèle tenter « s’il ne serait pas possible de composer un roman avec des personnages, des sentiments et un langage chrétiens3 » ?
Quant à moi, en laissant à chacun la liberté d’apprécier à son point de vue le livre de cet écrivain, je proteste formellement contre les doctrines qui y sont émises, et je suis persuadé que ma voix aura ici beaucoup d’échos. […] Ici, ma conscience d’écrivain et d’homme qui se croit le droit d’examen et de libre opinion se révolte, et prenant votre liste même, monsieur et respectable confrère, monsieur Suin, je la relève et je dis : Dans cette suite de livres que vous confondez sous une même dénomination infamante, je trouve Voltaire tout d’abord, le premier (et il est bien juste qu’il soit le premier) ; je le trouve pour son Dictionnaire philosophique, qui n’a le tort que de dire bien souvent trop haut et trop nettement ce que chacun pense tout bas, ce que l’hypocrisie incrédule de notre époque essaye de se dissimuler encore. […] J’aimerais à le voir quelquefois, à l’entendre établir et revendiquer ici quelques-uns des principes de la société nouvelle, dût-on l’écouter en frémissant… Mais ce n’est point de cela qu’il s’agit en ce moment ; j’aimerais, dis-je, que le prince Napoléon fût présent, car ce serait à lui plus qu’à personne qu’il appartiendrait de venger le grand écrivain, le grand peintre, la femme cordiale et bienfaisante dont il est l’ami. […] cet écrivain, pour ses livres mêmes, est agréé du peuple ; il est à Paris !
Revenons au groupe des grands écrivains, aux disciples et adorateurs des anciens : chez les dernier-venus, nous trouvons une complexité, une incohérence parfois qui annoncent des temps nouveaux ; il y a quelque chose dans La Bruyère et dans Fénelon, qui n’est pas du xviie siècle, et où nous pouvons reconnaître aujourd’hui une transition vers le xviiie . […] Les raffinements et les exubérances de sa technique d’écrivain ont permis de dire que parfois la forme chez lui trompait sur le fond. […] Fénelon se trouve ainsi être presque le premier de nos écrivains qui ait mis en communication la littérature et les arts458. […] Servois, Coll. des Grands Écrivains, Hachette, 3 vol. in-8, 1865-68. — A consulter : Taine, Nouveaux Essais de critique et d’histoire.
Dans tous les cas, si l’on a des ennemis au-dehors, si l’on en a aussi au-dedans, il faut de l’union pour les combattre et en triompher, et ce qui s’oppose le plus à cette union, c’est ce malheureux penchant aux soupçons, au tumulte, aux insurrections, qui est fomenté en France, et qui l’est surtout par une foule d’orateurs et d’écrivains : « Tout ce qui s’est fait de bien et de mal dans cette révolution est dû à des écrits », dit André Chénier ; et il s’en prend hardiment à ceux qui sont les auteurs du mal, à « ces hommes qui fatiguent sans cesse l’esprit public, qui le font flotter d’opinions vagues en opinions vagues, d’excès en excès, sans lui donner le temps de s’affermir ; qui usent et épuisent l’enthousiasme national contre des fantômes, au point qu’il n’aura peut-être plus de force s’il se présente un véritable combat ». […] C’est l’écrivain homme de goût qui s’irrite d’abord et qui s’indigne de cette violation inouïe de la raison et de la pudeur dans la langue. […] Tout à l’heure, c’était l’écrivain et l’homme de goût, dans Chénier, qui se révoltait contre Manuel ; ici, c’est le militaire qui prend feu contre Collot d’Herbois, c’est le gentilhomme qui a porté l’épée et qui sait ce que c’est que la religion du drapeau. […] C’est à cette Société des Jacobins qu’il pensait encore, quand il disait : « Aux talents et à la capacité près, ils ressemblent à la Société des Jésuites. » Il fait sentir la distinction profonde qu’il y a entre le vrai peuple, dont, suivant lui, la bourgeoisie laborieuse est le noyau, et ces sociétés, « où un infiniment petit nombre de Français paraissent un grand nombre, parce qu’ils sont réunis et qu’ils crient : Quelques centaines d’oisifs réunis dans un jardin ou dans un spectacle, ou quelques troupes de bandits qui pillent des boutiques, sont effrontément appelés le Peuple ; et les plus insolents despotes n’ont jamais reçu des courtisans les plus avides un encens plus vil et plus fastidieux que l’adulation impure dont deux ou trois mille usurpateurs de la souveraineté nationale sont enivrés chaque jour par les écrivains et les orateurs de ces sociétés qui agitent la France.
Si les plus grands philosophes des temps modernes, comme Kant et Maine de Biran, sont de si maladroits écrivains, s’ils sont morts avant d’avoir trouvé l’expression limpide où chacun aurait pu lire sans équivoque leur vraie pensée, c’est que la grandeur même de l’œuvre entreprise imposait à leurs facultés d’expression une tâche qu’ils n’ont pas eu le loisir ou le courage ou la générosité d’entreprendre ; la plupart ont laissé à leurs disciples le soin de les vulgariser, moins par dédain de la postérité que par suite de cette loi de la nature humaine qui veut que l’on perde en souplesse ce que l’on gagne en profondeur et que la spécialité soit la rançon du génie. […] Les auteurs dont les manuscrits ne sont souillés d’aucune rature, dont le premier jet est définitif, sont toujours ou des écrivains négligés, à la fois obscurs et incorrects, ou des esprits vagues, ou des esprits faciles et superficiels. […] Plus une pensée est banale, plus facilement elle s’exprime ; plus elle est neuve, moins de chances elle a d’être énoncée vite et bien ; dire cela, c’est formuler une loi psychologique indiscutable ; mais dire que les penseurs le plus originaux sont des écrivains barbares, tandis que les maîtres du style sont les apôtres du sens commun, et qu’en général les qualités du style sont en raison inverse de la pénétration de la pensée, c’est formuler une loi d’éthologie ; or les lois de cet ordre ne sont jamais vraies qu’entre certaines limites et souffrent toujours un certain nombre d’exceptions ; il y a des esprits médiocres qui cherchent leurs mots et ne trouvent pas ceux qu’il faudrait ; il y a des esprits inventifs qui les trouvent promptement et chez lesquels ils se combinent heureusement du premier coup. De Bonald semble avoir été de ces privilégiés ; du moins, en le lisant, on le suppose volontiers ; un esprit étroit et absolu, qui n’a jamais eu qu’un petit nombre d’idées, qui, une fois trouvée la formule concise de chacune d’elles, s’est désormais cité lui-même comme un credo, et qui, ayant, en quelque sorte, emprisonné sa pensée dans ses propres sentences, n’a jamais rencontré sous sa plume le commentaire varié, abondant, persuasif, par lequel il eût éclairé ses lecteurs sur la part de vérité contenue dans ses aphorismes, un tel esprit devait croire à la simultanéité du signe et de l’idée, et même à une harmonie préétablie entre eux de toute éternité ; il constitue donc parmi les écrivains une de ces exceptions qui confirment la règle.
Fauriel, renferme des articles de ces divers auteurs sur des écrivains français du xiiie siècle. […] Mais, du milieu des bornes que certaines doctrines imposaient à sa vue, et du fond de sa solitude, cet homme de labeur et de vérité fut saisi d’une noble ardeur, du désir de faire quelque chose « pour l’utilité de l’Église et de l’État », et d’unir le devoir d’un chrétien et celui d’un bon citoyen : Nous nous proposons, disait-il, de ménager aux Français l’agrément d’avoir un recueil complet des écrivains qu’eux et les Gaulois leurs prédécesseurs, avec qui ils n’ont fait dans la suite qu’un même peuple, ont donnés à la république des lettres. […] Dès les premiers volumes, il prêta aux critiques et aux objections, l’abbé Prévost, qui avait été bénédictin et qui faisait alors un journal, parla de l’ouvrage et substitua un autre plan à celui qu’on avait adopté : il aurait voulu un choix dans les auteurs et dans les matières ; qu’on mît à l’écart les écrivains ecclésiastiques, les controversistes ; qu’on ne dît pas tout sur chacun.
Ce qui peut intéresser avec plus de nouveauté dans Bailly, c’est l’écrivain, l’historien élégant et noble de l’astronomie, l’ingénieux auteur de systèmes défendus avec grâce, avec goût, et où lui-même il mêle un sourire. […] Tout ceci est d’ailleurs très bien dit, et avec une délicatesse que les astronomes écrivains n’ont pas toujours eue. […] Le premier volume de l’Histoire de l’astronomie, traitant de l’astronomie ancienne depuis son origine jusqu’à l’établissement de l’école d’Alexandrie, parut en 1775 ; Bailly s’y montre pour la première fois dans toute sa maturité comme écrivain.
Cette réflexion est la première qui s’offre quand il s’agit de l’écrivain dont je voudrais aujourd’hui donner une juste idée ; Ramond, mort le 14 mai 1827, membre de l’Académie des sciences, objet d’un éloge historique de Cuvier, apprécié de tous les savants comme historien et géographe des montagnes, mais non assez estimé et prisé des littérateurs comme peintre et comme ayant heureusement marié les couleurs de Buffon et de Rousseau aux descriptions précises des De Luc et des Saussure. […] » Ces pensées nous ouvrent un jour sur ce qu’il est, en général, si important de connaître lorsqu’on veut juger d’un écrivain, sur la religion philosophique et morale de Ramond. […] C’est après avoir lu ces belles pages des Notes sur la Suisse que Buffon, accueillant l’auteur, lui disait magnifiquement : « Monsieur, vous écrivez comme Rousseau. » Et en effet, ces parties du premier Voyage de Ramond rappellent notablement les formes et le ton du maître ; et, parmi les écrivains célèbres que nous avons vus depuis, Lamennais, George Sand, ces grands élèves de Rousseau, n’ont rien écrit de mieux, de plus plein, de plus nombreux et de plus correct dans leurs descriptions de nature.
Cet écrivain laborieux et instruit, ayant été ministre de France à Turin sous le Directoire, y apprit à fond la littérature italienne et y amassa les matériaux du cours qu’il professa, et de l’ouvrage qu’il écrivit ensuite, sur ce sujet alors très nouveau. […] Dante chercha à lui donner des accents nouveaux, plus énergiques, plus en rapport avec la précision du latin, à l’élever au-dessus des patois et des idiomes particuliers en en faisant une sorte de langue composite qui fût universelle par toute l’Italie ; et en même temps il la chargea d’exprimer des vérités, des raisonnements ou spéculations si abstruses et si hardies qu’il obligea les savants eux-mêmes à respecter ce nouvel écrivain aussi érudit et aussi scientifique que pas un d’eux. […] Mesnard a traduit : « Par moi l’on entre dans la cité des douleurs ; par moi, dans la plainte éternelle ; par moi, au milieu des races perdues. » Le si va a disparu ; le tintement du glas est abrégé ; l’écrivain français a craint d’être trop monotone. — On m’assure que M.
Ici je ne puis m’empêcher de remarquer combien l’influence d’Homère, de ce grand poète naturel, fut petite dans notre littérature, ou, pour parler plus exactement, combien elle en fut absente ; et, afin de rendre le fait plus net et plus sensible, je me pose une question : Quels sont les grands écrivains français qui auraient pu s’aller promener aux champs en emportant un Homère, rien que le texte, ou qui, s’enfermant comme Ronsard en des heures de sainte orgie, auraient pu avoir raison en trois jours de L’Iliade ou de L’Odyssée ? […] Avant Ronsard, il n’est chez nous qu’un seul écrivain célèbre, un seul qui soit capable de cette lecture largement prise à la source : c’est Rabelais, également lecteur de Platon, d’Hippocrate ou d’Homère ; et au milieu de ses bruyantes facéties, — à l’ampleur, au naturel et à la richesse aisée de sa forme, — il s’en ressent. Depuis Ronsard, je cherche en vain un poète, un écrivain de renom dans son siècle, qui soit comme lui, je ne dirai pas de la religion, mais de la familiarité et de la fréquentation homérique.
Je ne marchanderai pas : socialement il est étrange, et de la part d’un écrivain qui avait tous les dehors et les prétentions d’un homme de bonne compagnie, il est impardonnable. […] Le prix extrême que j’attache à votre suffrage vous prouvera mieux que toutes les phrases ce que je pense de vous, etc. » Mais apparemment, le spirituel écrivain qu’on caressait de la sorte et qu’on espérait amadouer, ne répondit pas à l’appel ou n’y répondit que par quelques coups de plume sincères : inde iræ. […] J’ai cherché à m’expliquer une pareille erreur chez un écrivain auparavant réputé de bonne compagnie ; tout ce que j’ai dit jusqu’ici ne suffirait pas encore.
Delécluze, qui a beaucoup écrit, n’est pourtant pas, à proprement parler, un écrivain ; mais c’est un des originaux de ce temps-ci. […] Delécluze, connu des gens de lettres et des artistes ne l’est guère du public ; car, bien qu’il écrive depuis tant d’années, il n’est pas, je le répète, un de ces écrivains qu’il suffit de nommer ; il n’a jamais eu de ces rencontres brillantes de plume qui éclatent aux yeux de tous sous forme de talent. […] Je ne sais si quelques autres écrivains distingués, bien que très inférieurs aux précédents, n’ajoutèrent pas aussi leurs observations timides
Il viendra un jour où le seul amour de la vérité animera des écrivains impartiaux. […] Thiers me fit l’honneur de m’écrire pour me remercier de l’avoir défendu contre les écrivains à effet ; mais il trouva, sans peine à ajouter à ce que j’avais dit, et il le fit si bien, d’une telle abondance de cœur et d’une telle verve, qu’il me semble que je ne saurais choisir aujourd’hui d’autre avocat pour lui que lui-même : « Il y a entre ces messieurs et moi, disait-il, un malentendu irréparable. […] Si l’écrivain paraît une fois, il ennuie ou fait sourire de pitié les lecteurs sérieux.
Mortimer-Ternaux, était, en fait d’histoire politique et diplomatique contemporaine, un des écrivains les plus remarquables et les plus autorisés de ce temps-ci ; il a fait un livre que les diplomates des divers pays de l’Europe ont lu le crayon à la main, et qui restera. […] Je souscris à tout ce que la relation me fait dire ; je réclame cependant pour un mot ; je voudrais circonspects au lieu de judicieux. » Les Français, en effet, quelque complaisance qu’on mette à les juger, sont évidemment très-rétifs à la nouveauté en littérature, et, du temps de Gœthe surtout, il était difficile de trouver judicieuse la disposition d’esprit où se tenaient la plupart des écrivains de l’Empire : évidemment circonspect était le mot le plus doux, le mot poli. […] Qu’on se figure en effet quelle dut être la situation morale d’un écrivain modeste, mais consciencieux et savant autant que ferme et convaincu, qui était avec prudence de l’école de Montesquieu, qui méditait longtemps ses matières avant d’en offrir un tableau suivi, concentré, définitif, quel dut être son désappointement cruel et son mécompte, lorsque la grande Histoire du Consulat et de l’Empire de M.
Le livre élaboré par le médiocre écrivain que fut Murger n’est point drôle. […] De gras rédacteurs dûment appointés, ayant tout juste produit deux mille chroniques dans leur existence, s’attendrirent ou devinrent lyriques devant la force de la belle jeunesse qui sait rester joyeuse au milieu de la misère, et qui, et que… La Vie de Bohème est, malgré tout, un livre rebutant et désolant, et je ne crois pas qu’il y ait un écrivain vrai, un homme de talent et de cœur qui n’ait la nausée devant ces plaisanteries vieillies alternant avec ces crachats de phtisique et ce dépenaillement. […] Il est juste de dire que les trois quarts des jeunes peintres et écrivains se sont rangés à cette conception, et seuls les vieux romantiques survivants songent à s’en plaindre.
Stéphane Mallarmé et sur Jules Laforgue datent d’une dizaine d’années et ne bénéficient pas du recul avec lequel nous pouvons voir aujourd’hui ces charmants écrivains ; cependant ils sont pour le détail à peu près définitifs. […] Je ne suis pas sûr que jadis il ait lu nos écrivains d’autrefois. […] Et je voudrais qu’on n’eût pas abusé de l’expression pour dire, avec quelque saveur encore, que l’écrivain de telle phrase du Narcisse est nécessairement un grand esprit.
Sous ce titre, un écrivain peu connu encore, et que je crois jeune d’après la nature de quelques-unes de ses idées, vient de publier un petit travail assez agréable sur Rabelais, qu’il range dans une espèce de galerie de Légendes françaises. Le titre de légende indique assez que le jeune écrivain n’a pas prétendu tracer de Rabelais une biographie exacte, rigoureuse et critique, et qu’il ne s’est pas fait faute d’accueillir le Rabelais de la tradition, tel que l’a transformé à plaisir l’imagination populaire. […] Je ne compte pas ici une foule d’écrivains secondaires, dignes, à côté d’eux, d’être mentionnés et salués.
Bornées à l’essentiel et négligeant tout ce par où l’écrivain russe est le disciple de nos réalistes, de Stendhal et d’autres, il sera essayé de dire ici ce qu’inaugurent des œuvres, moins que toutes, pures choses d’art, et excellant désormais entre les modèles à méditer par les écrivains futurs. […] Masloboïef, dans Humilies, reconnaît sans impudence sa coquinerie, et avec une sorte de tristesse matoise offre ses services au pauvre écrivain dont il tâche, malgré son métier, de rester l’ami.
Je n’ignore pas, Monsieur, ce que cette alliance avec le Réalisme peut avoir de pénible et de douloureux pour un écrivain d’un style pur, pour un ancien élève de l’École normale. […] La langue, comme le Romantisme l’a faite ou l’a refaite, — d’après les maîtres du seizième siècle, — bien étudiée et bien comprise, n’est-ce pas là pour l’écrivain un outil aussi solide et aussi merveilleux que la langue de Voltaire ? […] Nul concours de sergents de ville ne se pressait sur nos pas. — J’ose même espérer que, si mes jambes me permettent un jour de faire le tour de France de l’écrivain, c’est-à-dire le tour de la presse parisienne, on ne me fermera pas au nez la porte des gazettes en criant à la garde !
Ier, page 280) presque dans le sens mystique et apocalyptique qui avait cours parmi les écrivains de droite, et que ne saurait accepter une plume aussi ferme et aussi historique que la sienne. […] Comme style et talent d’écrivain, il y aurait à signaler plus d’un beau passage.
J’aime qu’il en soit de la langue, du style de tout grand écrivain, comme du cheval de tout grand capitaine : que nul ne le monte après lui. […] Toujours le style te démange, a dit spirituellement Du Bellay, traduisant l’Adieu aux Muses de Buchanan : il s’agit du poëte, de l’écrivain qui se plaint de sa maladie.
L’écrivain allemand, qui résidait presque officiellement chez nous durant la Restauration (car à toutes les époques nous avons eu en France un écrivain allemand qui a résidé), M. le baron d’Eckstein, homme de grand savoir et d’une véritable étendue d’esprit, tenait tout à fait par ses études et ses liaisons au parti des Stolberg, des Frédéric Schlegel, des artistes et philosophes catholiques de son pays.
Il n’est point écrivain à idées, et ne se soucie guère du monde intelligible. […] Nul scrupule de grammairien et de puriste, nulle préoccupation technique d’écrivain ne dirige ou n’arrête la plume de Saint-Simon : ce duc et pair n’est pas homme de lettres ; et les traditions, les règles, qui emmaillotent l’inspiration des pauvres diables faiseurs de livres, ne sont pas pour lui.
Halevy on a des études satiriques, des nouvelles et des romans qui sont d’un écrivain délicat ; de M. […] Doumie, Portraits d’écrivains, in-18 ; De Scribe à Ibsen, in-18.
Henri de Régnier Je dirai donc tout uniment qu’Émile Verhaeren est une des plus fortes imaginations de notre temps et un savant et un inventif écrivain. […] Comment se peut-il que d’aucuns aient même osé nier — ou renier — le maître écrivain dont nous parlons et se soient si peu respectés qu’ils oublièrent qu’une telle œuvre et un tel homme imposent tout au moins le respect ?
« Il ne se fera, quoi qu’on en ait dit, l’organe d’aucune coterie, d’aucune secte : il n’a pas de couleur littéraire ; il est et restera ouvert à toute tentative originale, il prêtera son concours le plus entier à tous ceux qui luttent pour arriver au jour, à une époque où il devient de plus en plus difficile de percer la couche épaisse de sottise qui sépare les jeunes écrivains du grand public. ». […] Au milieu de l’an 1884, Léo d’Orfer avait eu l’idée de demander à « bon nombre d’écrivains et de poètes » une définition de la poésie.
Les poètes maudits Oui, il y avait de bons écrivains au Décadent. […] J’en pourrais citer d’autres, et aussi des proses du même écrivain et de divers, mais la plupart de ces choses ont été reprises en volumes par leurs auteurs, et les curieux pourront retrouver ce qui reste à la source.
Platon après avoir dit que les poëtes qui vouloient composer des tragedies et des comedies n’y réussissoient pas également, ajoute : que le genre tragique et le genre comique demandent chacun un tour d’esprit particulier, et il allegue même : que les acteurs qui déclament les tragedies ne sont pas les mêmes que ceux qui recitent les comedies. on voit par plusieurs autres passages des écrivains de l’antiquité, que la profession de joüer des tragedies et celle de joüer des comedies, étoient deux professions distinctes, et qu’il étoit rare que le même homme se mêlât de toutes les deux. […] Je me contenterai donc d’ajoûter à ce que j’ai déja dit, que les acteurs qui joüoient la comedie n’avoient d’autre chaussure qu’une espece de sandale qu’ils appelloient socque, au lieu que ceux qui déclamoient la tragedie montoient sur le cothurne, espece de brodequin dont la semele étoit de bois, ce qui les faisoit paroître d’une taille fort élevée au-dessus de celle des hommes ordinaires au rapport de Lucien, de Philostrate et de plusieurs autres écrivains qui les voïoient tous les jours.
cet homme qui eut, comme écrivain, une énergie si nerveuse et si souple, le coup de griffe gracieux et mortel du jeune tigre des cirques romains, quand il touchait à la Rome corrompue et à ses abominables maîtres, cet écrivain qui s’est nourri toute sa vie de la plus pure moelle de Tacite, n’est plus qu’un talent spirituel encore, mais énervé.
Esprit petit, vif, mais étroit, antithétique et pointu, qui passe sa vie à faire des oppositions et des parallèles, cette vieille rubrique des orateurs vides du xviiie siècle, ce n’est toujours que l’homme du contentieux, comme on l’avait appelé spirituellement sous Louis-Philippe, et il a, comme écrivain, — je ne m’en doutais pas, je l’avoue, — l’imagination la plus commune, la plus faite à coups de mémoire et de livres. […] Et je pourrais multiplier, si je le voulais, les exemples de ce style lâché qui est le style de Cormenin et des Orateurs ; mais j’en ai dit assez pour qu’on en ait l’idée et pour qu’on perde celle qu’on avait jusqu’ici gardée de lui, comme écrivain.
Charrière, — c’est de ne jamais laisser paraître sa personnalité d’écrivain », comme si l’humour que M. Charrière accorde avec raison à notre écrivain russe pouvait jamais s’effacer, comme si les humouristes n’étaient pas tous, de constitution physiologique ou cérébrale, essentiellement personnels, et si enfin, dans ce livre, Tourgueneff ne se mouvait pas toujours sur le premier plan, dans sa piquante et fringante personnalité !
Romancier, critique, écrivain de théâtre, il a éparpillé quelquefois magnifiquement un talent poétique, fait essentiellement pour le vers, ce despote heureux de sa pensée ; puis, dans un effort suprême, lui, le poète de l’effort, il s’est ramassé en un volume, d’une condensation souveraine, qui résume son genre de talent avec une incroyable énergie, mais qui n’en est pas peut-être l’expression dernière et l’infranchissable limite. […] Vous y revoyez particulièrement le fini d’expression auquel devait nécessairement atteindre un écrivain qui travaille la langue avec la lampe de l’émailleur, et qui, tout matérialiste qu’il pût être, rentrait, par la perfection même de sa forme, dans cette sphère de l’Infini, auquel il ne croit pas et qu’on retrouverait dans ses vers encore, — ne fût-il pas panthéiste comme il l’est devenu, — par la raison unique et suffisante qu’ils sont de beaux vers !
Elle a régné chez les nations plus de mille ans avant qu’elles eussent des écrivains ; ces écrivains n’ont donc pu en avoir aucune connaissance.
Ainsi s’explique, en dehors de votre talent d’écrivain, la grande influence que quelques lignes de vous ont sur le succès des livres nouveaux. […] Né libre, il a toujours dit ce qui lui passait par la tête, dans la forme qui lui plaisait, et, comme il était né écrivain, personne n’a eu à s’en plaindre, ni lui ni les lecteurs. […] C’était un brave libéral, aujourd’hui préfet moral de Moulins ; le mieux intentionné, le plus héroïque peut-être et le plus bête des écrivains libéraux. […] L’écrivain, qui ne cherche qu’à se distraire, évoque tout ce qu’il peut retrouver dans sa mémoire, et c’est du plus lointain qu’il y va chercher. […] Voici un morceau où le talent d’écrivain de M.
Et maintenant nous prendrons congé de cet ingénieux et brillant écrivain. […] Octave Feuillet est un de ces écrivains de plus en plus rares dont chaque production nouvelle mérite l’attention de la critique. […] Le jeune écrivain, dédaignant ce moyen comme trop facile, ne s’est attaqué qu’à un seul détail. […] Nous croyons qu’il doit ce mérite peu commun à l’absence d’un défaut trop ordinaire aujourd’hui à nos jeunes écrivains. […] Personne parmi les écrivains dramatiques contemporains n’a mieux démêlé que M.
Rozier, [N.ABCD] Abbé, Docteur en Théologie, Chevalier de l'Eglise de Lyon, né dans cette ville en 1734 ; Auteur de plusieurs Ouvrages de Physique & d'Histoire Naturelle qui le placent parmi les Ecrivains utiles de ce Siecle.
Mézières C’est le recueil posthume du noble écrivain disparu… Ces vers, si pleins, si forts, font penser à la poésie, toute virile, de Mme Ackermann.
On trouve dans ses Œuvres mêlées, plusieurs petits Ouvrages qui annoncent un homme éclairé, un Observateur judicieux, un sage Moraliste, un Ecrivain qui, sans être de la premiere ni de la seconde classe, ne laisse pas d’avoir du mérite.
Le ridicule que lui donna Boileau, n’empêche pas que nous n’ayons encore des Peletier toujours prêts à faire des Sonnets en Prose, pour fêter dans leur légende les Ecrivains qui leur ressemblent.
Mais j’ai vite senti que cette méthode usuelle, et qui convient à presque tous les écrivains, ne convient peut-être pas à Rousseau, parce que Rousseau n’est pas un écrivain comme un autre. […] J’en dis autant des écrivains du xviiie siècle et des encyclopédistes eux-mêmes. […] Ce qui est sûr, c’est qu’un écrivain de ce temps-là, qui voulait arriver, était condamné aux relations aristocratiques. […] A la vérité, il ne dit pas un mot de la beauté de Venise, tant célébrée depuis un siècle par les écrivains, et avec des mots si pâmés ! […] Et c’est pour cela, — et aussi parce qu’il avait un don, — que, lorsqu’il se met à écrire en prose, il retrouve la phrase et le ton des écrivains du xviie siècle.
On y trouve quelques détails curieux ; mais tant d’autres Ecrivains ont parlé des mêmes faits, que les Mémoires de Joly pourroient être supprimés sans conséquence.
— Laissez votre adresse, on vous servira la revue, dit le directeur à l’écrivain. […] Une amie de madame de G… lui demandait des nouvelles de ses amours avec l’écrivain. […] L’année suivante, l’écrivain, qui n’avait jamais revu le ministre, avait un service à lui demander pour un ami. […] Le Monsieur qui s’occupe de littérature aime à traiter les écrivains. […] À l’époque où il parut au théâtre, il se présentait— par modestie, sans doute— à la suite d’un écrivain dont les tendances dramatiques avaient un but rétrograde.
Tel sera toujours le sort des mauvais Ecrivains.
FAILLE, [Germain de la] Secrétaire perpétuel de l’Académie des Jeux Floraux, né à Castelnaudari en 1616, mort en 1711, Ecrivain laborieux, à qui la ville de Toulouse doit ses Annales, Ouvrage plein de recherches très-bien digérées.
Visé, [Jean Donneau, sieur de] né à Paris en 1640, mort dans la même ville en 1710 ; pauvre Ecrivain dont le nom n’est connu à présent que parce qu’il a long-temps travaillé au Recueil intitulé d’abord Mercure galant, & aujourd’hui Mercure de France.
Bellegarde, [Jean-Baptiste Morvan de] Abbé, né dans le Diocese de Nantes en 1648, mort en 1734, Ecrivain sécond en Théologie, en Morale, en Politique & en Littérature.
Ses Ouvrages peuvent être regardés comme une école de bon goût : ils offrent par-tout un Auteur nourri de la bonne Littérature des siecles de Périclès, d’ Auguste & de Léon X ; un Ecrivain exact, poli, correct, mais quelquefois trop scrupuleux.
Ses autres Ouvrages annoncent, comme celui-là, un homme d’esprit, un Ecrivain facile, mais caustique.
» Il me laissa voir ensuite qu’il avait une connaissance approfondie de nos principaux écrivains. […] Egerton Castle a non seulement le mérite d’être un traducteur fidèle, c’est aussi un écrivain très apprécié en Angleterre. […] Avec son rare talent d’écrivain, le don d’évocation qu’il possède, la poésie dont il enveloppe toutes choses, M. […] Laissant de côté, à mon grand regret, ses appréciations sur des écrivains comme MM. […] Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que les grandes éducations d’artistes, comme d’écrivains, ne sont pas faites par l’étude des contemporains.
Bérenger, que je voudrais étudier l’œuvre si curieuse de cet écrivain subtil. […] Il faut, à mon point de vue, se placer dans l’intention même de l’écrivain. Que se propose l’écrivain, prosateur ou poète ? […] L’écrivain veut fixer cette réalité avec des symboles de beauté. […] La plupart de nos grands écrivains ont eu l’intuition qu’il y avait là comme une richesse en réserve.
On ne peut pas dire que ce Traité soit complet & exempt de défauts ; mais un Ecrivain habile, qui sauroit en conserver les matériaux, les employer avec plus de discernement & de critique, auroit peu de chose à faire, pour en tiret un grand parti & rendre des services précieux à cette partie essentielle de tout Gouvernement éclairé.
Tu agis sur les âmes de plus haut que nous, vulgaires écrivains… Voilà pourquoi je te dédie ce livre sur les philosophes et les philosophies de ce temps.
Son Voyage d’Italie, celui de Londres, sont les plus estimées de ses Productions, où, malgré de petites inexactitudes, on réconnoît l’Observateur judicieux & l’Ecrivain capable de communiquer ses observations d’une maniere aussi agréable qu’instructive.
Celui qui a rapport à l’Ecriture-Sainte, donne sur-tout l’idée d’un Ecrivain laborieux, attentif, éclairé, qui sait relever à propos les falsifications que les Ministres Protestans se sont si souvent permises, pour ajuster les textes aux principes de leur doctrine.
C’est à cet Auteur qu’on doit un Dictionnaire philosophique, qui n’a rien de commun avec ce Recueil d’impiétés qu’un célebre Ecrivain publia, quelques années avant sa mort, sous le même titre.
Quand on a abordé quelque écrivain, on s’est attaché parfois à le peindre plutôt qu’à critiquer ses ouvrages. […] Pour mieux m’expliquer là-dessus, je n’ai qu’à transcrire les lignes suivantes que je trouve dans un volume inédit de Pensées : « Quand on critique aujourd’hui un auteur, un poëte, un romancier, il semble qu’on lui retire le pain, qu’on l’empêche de vivre de son industrie honnête, et l’on est près de s’attendrir alors, de ménager un écrivain qui ne produit que pour le vivre et non pour la gloire.
Une idée fausse qu’ont sur George Sand quelques personnes prévenues, et qui perçait de leur part à la première représentation de Cosima, c’est de croire à je ne sais quelles situations et quelles images dont cet éloquent écrivain caresserait le tableau. […] Il y a dans le travail de cette pensée ardente, au moment de la production, une sorte de candeur conservée ; je ne sais pas d’autre mot, et je le livre aux habiles railleurs, aux écrivains de toutes sortes, incorruptibles champions de la morale sociale.
« Dans les portraits littéraires que j’esquisse, dit un critique contemporain3, je ne cherche qu’à reproduire l’image que je me forme involontairement de chaque écrivain, en négligeant ce qui dans son œuvre ne se rapporte pas à cette vision. » Voilà précisément comme vous devez faire. […] Un écrivain dramatique de notre temps, qui certes a su donner à ses caractères une rectitude et une consistance merveilleuse à travers les surprises de l’intrigue et les incohérences de la passion, nous a fait quelque part la confidence qu’il se faisait la biographie de chaque personnage qu’il voulait introduire dans une pièce, qu’il le dotait d’une existence antérieure, d’un long passé, où son tempérament et ses habitudes étaient minutieusement décrits.
Et quiconque est familier avec ces deux écrivains ne me démentira pas. […] Sayous, Études littéraires sur les écrivains français de la Réformation.
Émile Zola Musset a continué la grande race des écrivains français. […] Et si l’on constate enfin qu’il a été l’un des hommes les plus impressionnables de ce temps et un des plus spirituels ; qu’il a été le plus sincère des écrivains, et le plus gracieux ; — qu’il nous prend à la fois par le charmé aisé d’un esprit de pure lignée française et par la profondeur et la vérité du sentiment et de la passion… ; il me semble qu’il ne restera plus rien à faire qu’à le relire.
Petrone, le moins austere des écrivains, exige d’un jeune homme qui veut reussir dans ses études, d’être sobre. […] Si, comme le dit Perse, qui nomme le ventre le pere de l’industrie, ingenü largitor venter, les entrailles à jeûn font croître l’esprit, ce n’est pas aux écrivains, Horace a bû son saoul quand il voit les menades.
D’ailleurs, elle est, de sa nature, quelque chose d’inférieur, et les choses inférieures ne méritent pas d’histoire… Certainement, si le diplomate est un observateur ou un écrivain de génie, il verra les choses et les dira comme le génie ; mais, alors, sa spécialité de diplomate sera débordée… La diplomatie ne sera pour rien dans sa supériorité d’aperçu et de style. […] Le plus brillant par le talent des deux, — celui-là qui n’avait pas été, comme l’autre, dans sa vie publique, qu’un diplomate, — l’orateur tout-puissant et l’écrivain, s’adressait, quand il mourut, le mot d’Hamlet : « Va dans un couvent !
… C’est un écrivain de verte allure, qui a des idées et des aperçus et qui les risque, et qui, dans ce temps de badauderie suprême et de bourdes infinies où l’on va du progrès universel aux tables tournantes, est de ces esprits à qui les paysans, qui rédigent leur phrase à la Montaigne, appliqueraient leur litote, comique et familière : « Il est de ceux-là qui ne culottent pas un niais. » Pour moi, un grand éloge ! […] j’ai toujours cru qu’on ferait un fameux écrivain avec seulement quatre styles, qu’on mêlerait adroitement : le style d’Alceste, de Philinte, des deux Marquis et de Célimène.
I C’est l’écrivain religieux, bien entendu, qu’on cherchera ici et qu’on va y trouver sous le nom de Silvio Pellico ; car, de volonté ou de nature, Silvio Pellico est un écrivain religieux, et même, à tort ou à raison, une influence pour certaines âmes.
Silvio Pellico29 [Le Pays, 6 août 1857] I C’est l’écrivain religieux, bien entendu, qu’on cherchera ici et qu’on va y trouver sous le nom de Silvio Pellico, car de volonté ou de nature, Silvio Pellico est un écrivain religieux et même, à tort ou à raison, une influence pour certaines âmes.
Et cependant voici un écrivain impersonnel comme la Raison et comme la Science, que je lis comme si j’avais affaire à une forte ou à une ardente personnalité ! […] … C’est que Barthélemy Saint-Hilaire, sous l’écrivain d’Académie et à travers son caparaçon, montre un homme qui n’a pas que les opinions d’une Compagnie, mais des convictions à lui, faites de longue main par la réflexion indépendante et solitaire.
On n’a peut-être pas assez loué l’écrivain, mais, sûrement, on a trop vanté l’homme. Écrivain, Fénelon est de ceux qu’il faut appeler uniques. […] Pour l’art délicat et difficile des transitions, je ne connais guère d’écrivain qui s’en soucie moins que Massillon. […] Nous n’avions pour notre part à parler que de l’écrivain et du prédicateur. […] On peut donc être un écrivain très discutable comme écrivain, et cependant un observateur.
Pierre Louÿs, n’était qu’écrite en prose, la Tragédie de la Mort eût échappé à une critique et que je n’aurais pas eu le très vif plaisir de saluer le nouveau venu qui promet d’être un bon écrivain.
Le grand nombre qu’il en publia, annonce un Ecrivain plus jaloux de la multitude des volumes, que de leur perfection.
Dans l’un & l’autre genre, il est naturel, précis, noble, & souvent élégant, qualités qui se rencontrent rarement aujourd’hui dans un même Ecrivain.
Écrivain fécond et soigneux, en même temps romancier, auteur dramatique, poète, M. des Essarts a touché à tous les genres avec une remarquable souplesse de talent.
S’il n’eût écrit que sur l’Histoire sacrée & profane, dont il a publié un Cours, & sur l’Histoire des Insectes, dont il a donné un Abrégé, on ne l’auroit regardé que comme un Ecrivain médiocre, & c’étoit bien assez.
Cet Ouvrage, aussi heureusement conçu, qu’habilement exécuté, place M. l’Abbé Gérard parmi des Ecrivains qui ont le plus contribué à diminuer l’espece d’autorité que les prétendus Sages de nos jours se sont acquise sur l’opinion publique, & lui donne des droits sur l’estime & la reconnoissance de tous ceux qui intéressent au maintien des mœurs & à la gloire de la Religion.
Si le style répondoit au mérite de ses travaux, il seroit digne d’occuper une des premieres places parmi les Ecrivains ; mais sa diction très-négligée, & souvent barbare, ne permet pas de le tirer de la classe des Erudits, où il a des droits assurés aux premiers rangs.
Rollin, où il prétend prouver que cet Ecrivain célebre n’entendoit pas assez bien les Auteurs Grecs, d’après lesquels il a composé une partie de son Histoire ancienne.
Camus, [Antoine le] Médecin, Associé des Académies d’Amiens, de la Rochelle, & de Châlons, né à Paris en 1722, mort dans la même ville en 1772 ; Auteur de plusieurs Ouvrages qui annoncent également l’homme d’esprit & l’Ecrivain élégant.
L’Ecrivain a su se rendre maître des faits, les lier avec discernement dans sa narration, & les appuyer sur des preuves aussi solides que bien discutées.
Tout le monde convient à présent que son Ouvrage intitulé l’Apologie d’Hérodote, n’est qu’un Recueil de grossiéretés, d’Anecdotes indécentes, d’Historiettes scandaleuses contre les Prêtres & les Moines, dont les trois quarts sont des mensonges que plusieurs Ecrivains n’ont pas craint de répéter.
La cause de cet oubli vient naturellement de ce que les sujets qu’ils traitent ont été remaniés depuis par des Ecrivains plus habiles.
On chercheroit vainement dans ses Mémoires, tels qu'il les a écrits lui-même [en dépit de ce que M. de Voltaire a pu dire pour prouver qu'il n'en étoit pas l'Auteur], de l'ordre, de la suite, de la précision ; mais on y reconnoît un génie supérieur, qui, lors même qu'il néglige les devoirs de l'Ecrivain, annonce le Grand Homme.
Il est par moments bon écrivain en vers ; il n’est jamais poète. […] Devenu plus juste avec plus de talent, Regnard se rapprocha de celui de tous les critiques qui a eu le plus de souci de la gloire des écrivains. […] Le travail qui ne ramène pas l’écrivain au naturel l’en éloigne presque autant que l’imitation des choses à la mode. […] Le premier, c’est Diderot, qui a écrit tant de pages sans laisser un livre, et parlé de tant de choses sans rien dire de décisif sur quoi que ce soit ; écrivain auquel on peut d’ailleurs pardonner bien des torts pour le travers, si rare, d’avoir toujours été trop jeune. […] Il se fait à notre insu, entre la prose de l’écrivain et les chants des deux artistes, une confusion de souvenirs qui profite à l’écrivain.
* * * — L’artiste peut prendre la nature au posé, l’écrivain est obligé de la saisir au vol et comme un voleur. […] Et voilà son français, à cet écrivain, un français que M. […] Comment ose-t-il, en plein Institut, jeter l’injure à la conscience de l’art, à l’amour unique et désintéressé des lettres, aux derniers écrivains qui méprisent l’à-propos, le savoir-faire, tous les succès qu’un talent, comme le sien, a ramassés dans la flatterie des passions et du public d’un jour ! […] il possède l’épithète du grand écrivain et la vie du style ; il a fait deux ou trois chefs-d’œuvre d’articles. […] — Les premiers nous avons été les écrivains des nerfs.
Elle s’indigne de l’accusation portée par l’écrivain, contre Mme Laetitia, d’avoir été une femme malpropre, et s’écrie : « Eh bien je ferai cela… j’ai une visite à rendre à Mme Taine… je lui mettrai ma carte avec P. […] Au fond, dans le roman, la grande difficulté pour les écrivains amoureux de leur art, c’est le dosage juste de la littérature et de la vie, — que la recherche excessive du style, il faut bien le reconnaître, fait moins vivante. […] Tourguéneff — c’est incontestable — un causeur hors ligne, mais un écrivain au-dessous de sa réputation. […] Une presse comme je n’en ai jamais eu, jusqu’à Delpit qui nous traite, mon frère et moi, de grands écrivains ! […] Et Rodin est plaisant à entendre conter les batailles, qu’il a eu à livrer, pour le faire tel qu’il le voyait, les difficultés qu’il a rencontrées, à se faire permettre par la famille, de ne pas adopter l’idéal conventionnel, qu’elle se faisait de l’écrivain sublime, de son front à trois étages, etc., etc., enfin à rendre et à modeler le masque qui était le sien, et non celui qui avait été inventé par la littérature.
Nous l’avons longtemps confondu, dans notre ignorance, avec ces orateurs et avec ces écrivains ecclésiastiques des siècles barbares, qu’on a, selon nous, élevés bien au-dessus de leur stature, dans ces derniers temps, en les comparant aux poètes, aux orateurs, aux historiens, aux philosophes d’Athènes et de Rome. […] Sa petite épigramme imméritée (car nous ne nous sommes jamais mis, comme poète, au niveau seulement d’un vers du Dante) ne nous empêchera pas de remercier cet écrivain de son excellente interprétation. […] M. de Chateaubriand avait consacré ainsi ses dernières veilles d’écrivain à une traduction de Milton. […] Ce chef-d’œuvre de vigueur et d’adresse dans le jeune écrivain est tout à la fois un chef-d’œuvre d’intelligence de son modèle. […] M. de Lamennais, écrivain plus consommé dans le maniement de la langue, avait dans l’esprit l’énergique âpreté du Dante, Ozanam en avait l’onction : le rocher est imposant, mais il n’est beau que quand il ruisselle pour désaltérer un peuple ; sous la main d’Ozanam il aurait ruisselé des larmes épiques des abondances du cœur.
Il y a eu des peintres excellents écrivains ; sans remonter plus haut, sir Josué Reynolds et M. Eugène Delacroix, ces brillants coloristes par le pinceau, sont d’ingénieux et d’habiles écrivains avec la plume ; mais ils savent ce qu’ils font. Léopold Robert, en ses épanchements naïfs et suivis avec ses amis, ne se doutait pas qu’il serait un jour pris pour un écrivain.
Un célèbre écrivain de nos jours, qui s’est récemment déclaré le partisan et le chevalier de Mme de Longueville, M. […] C’est le même écrivain qui dira de Mme de Sévigné qu’elle est « une incomparable épistolière », appliquant à ce charmant et libre esprit un mot de métier, qui ne convient qu’à Balzac, épistolier de profession en effet, et qui en avait patente. […] , non seulement un homme de grand savoir (ce qu’il était), mais d’un savoir bien digéré et élaboré (ce qu’il n’était guère), d’une critique saine et sûre et scrupuleuse (ce qu’il était encore moins) ; on en a fait même un homme de goût (il était précisément le contraire), et presque un écrivain léger et élégant ; et ce que je n’admire pas moins, c’est qu’à ce prompt travail de métamorphose ont tous concouru à l’envi, par indifférence, par entraînement, par complaisance, par égard pour une veuve éplorée et attentive, pour un fils qui avait sa carrière à faire, ceux-là précisément qui savaient le mieux comme quoi tout cela n’était pas. — Je n’ai aucune raison aujourd’hui pour ne pas mettre le nom ; Pancirole, c’est M.
Vauvenargues, mort trop tôt et incomplet comme écrivain, rouvre un ordre d’idées et de sentiments qui est plein de fécondité et d’avenir. […] Que serait-ce si, au nombre des moralistes français du xviiie siècle, on rangeait, comme on en a le droit, le grand Frédéric, notre compatriote littéraire, le plus sensé, le plus éclairé (quand il ne goguenarde pas trop), le plus ami de la raison et, pour tout dire, le plus cousin de Montaigne et de Bayle, parmi les écrivains porte-couronne ! […] Il en est résulté pour quelques-uns de ses écrivains, pour un petit nombre, plus d’expérience pratique de l’homme.
Un de ces érudits, et des plus regrettables, qu’on vient de perdre et qui était à la fois un écrivain élégant, M. […] L’Église, en autorisant ces variantes et ce luxe de la liturgie, recommençait, ai-je dit, le théâtre : il est donc tout naturel que de savants religieux de notre temps, tels que le Père Cahour et aussi l’un des Bénédictins de Solesmes, Dom Piolin, se soient occupés presque en critiques littéraires, et avec prédilection, de cette branche dramatique sacrée : quand tout se passe et se joue devant l’autel et que rien ne dépasse le jubé, les La Harpe, les Duviquet peuvent être très convenablement des clercs et des religieux ayant stalle au chœur. — Un autre écrivain très-versé en ces matières du moyen âge, et qui a même porté dans ses travaux sur les chants d’Église une sagacité originale et une investigation de première main, M. […] Voir, dans le volume qu’il vient de publier, et qui a pour titre : la Littérature indépendante et les écrivains oubliés (Paris, libraires Didier, 1862), le premier chapitre sur les origines du drame en France.
Jocelyn d’une part, de l’autre les Paroles d’un Croyant et les Affaires de Rome, sont, à ne voir que l’écrivain même, d’admirables et riches preuves de puissance et de fertilité. […] Des phases nombreuses se sont déjà succédé ou plutôt croisées dans ce talent d’écrivain de plus en plus élargi. […] Cet article, qui avait pour but de rallier à la Revue des Deux Mondes un groupe d’écrivains et de critiques, présente sur la plupart des personnages littéraires une suite d’aperçus qui tiennent au courant et qui sont comme des appoints aux précédents portraits.
Le premier acte d’écrivain et de penseur que fit Mme de Staël fut un hommage à Rousseau (1788). […] Nous avons un témoin de cette prodigieuse pénétration de Rousseau jusqu’aux dernières limites de la bourgeoisie : la fille d’un maître graveur pour bijoux, Mlle Phlipon, celle qui sera Mme Roland575, s’en va rue Plâtrière avec sa bonne pour essayer de voir l’écrivain éloquent qu’elle adore, et se fait éconduire rudement par Thérèse Levasseur. […] Elle restera comme un patron, sur lequel les écrivains postérieurs tailleront leurs conceptions.
Les écrivains qui se sont senti le don de l’observation morale ont émigré en masse vers le roman et le théâtre, pour mettre en action et en drame leur expérience. […] Toute sa vie de savant, d’écrivain, d’homme de cabinet, est le résultat d’un acte, d’un acte volontaire et libre qui représente une belle dépense d’énergie. […] Pour les lettres, des écrivains comme Constant d’abord, et Sand ou Mérimée, des artistes comme Delacroix et Regnault, en ont laissé d’intéressantes.
Savant médecin et anatomiste, Vicq d’Azyr possédait, de plus, un riche et flexible talent d’écrivain et de peintre, qu’il appliquait non seulement aux sujets à proprement parler littéraires et académiques, mais même aux descriptions purement scientifiques ; c’est dire que, de sa part, il y avait quelque abus. […] Je ne dirai point que Cabanis était le maître de cette école ; Cabanis était trop consciencieux, trop réellement savant pour mériter d’être classé ainsi, et il ne saurait figurer en tête de ce groupe que par son talent d’écrivain et de peintre physiologiste. Le médecin Roussel, qui a écrit sur la Femme, serait plutôt le type de cette classe d’écrivains mixtes.
Quant au cardinal de Retz pourtant, il faut bien s’entendre ; c’est un trop grand écrivain, un trop incomparable auteur de mémoires, pour qu’on l’abandonne ainsi sans faire ses réserves et, en quelque sorte, ses conditions. […] Ces hommes qui ont le génie d’écrivain ont toujours, sans bien s’en rendre compte, une arrière-pensée secrète et une ressource dernière, qui est d’écrire leur histoire et de se dédommager par là de tout ce qu’ils ont perdu du côté du réel. Ceux qui ont entendu Retz dans les années de sa retraite ont remarqué qu’il aimait à raconter les aventures de sa jeunesse, qu’il les exagérait et les ornait un peu de merveilleux : « Et dans le vrai, dit l’abbé de Choisy, le cardinal de Retz avait un petit grain dans la tête. » Ce petit grain, c’est précisément ce qui fait l’homme d’imagination, l’écrivain et le peintre de génie, l’homme de pratique incomplet, celui qui échouera devant le bon sens et la froide patience de Mazarin, mais qui lui revaudra cela et prendra sa revanche de lui, plume en main, devant la postérité.
Comment aurais-je confiance en un pareil portrait, quand je vois à ce point percer le rhéteur, l’écrivain amoureux de la métaphore et du redoublement ? […] Il y a un moment sensible où l’écrivain les poétise et les romance, je ne sais pas un autre mot. […] À d’autres endroits, je vois Marie-Joseph Chénier, mort en 1811, et Mme Cottin, morte en 1807, placés au rang des écrivains de la Restauration.